Pensez le Futur.

Slaouinabil2

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Achraf the Go(l)dFather 76

1) Un infidèle au poste Hakimi, est un latéral droit pas comme les autres. Ces autres qu’il a pris la bonne habitude de doubler, voire de dédoubler, pour les reléguer en seconde position - afin de garder la priorité, à droite. Doté d’une vitesse qui n’attend personne, il embarque ses adversaires à bord d’un Orient(al)-Express. Un voyage aux rythmes des percussions - précises, cadencées, répétitives - qui finissent par imposer un tempo infernal à ceux qui empruntent son couloir : celui de leur « mort ». Mais Achraf avait trop de talent et de tempérament pour qu’on le (Eric) Cantonnât à une base arrière ou, pire, qu’on le mette de côté. Armé pour tirer son poste vers le haut, il va le faire entrer dans une nouvelle ère, donnant naissance à l’arrière-droit post-moderne. De Madrid à Paris, en passant par Milan, Hakimi va profiter de ce parcours de Fashion Week pour dessiner les contours de sa mutation. Un défonceur, cassant les codes – et surtout les lignes - pour avancer vers son destin, à coups de reins. La révolution est en marche : celle d’un infidèle au poste. 2) Un numéro 2 qui ne fait qu’un avec son pays Ses velléités sur le terrain contrastent avec son attachement à ses racines, un lien viscéral avec la Terre qui ne l’a pas vu naître, mais qui le verra grandir. Un cordon (h)om(e)bilical avec sa mère-Patrie dont il sera le fils conducteur. Inlassablement guidé par cette boussole intérieure pointée vers l’Atlas, ce stakhanoviste met tout son cœur à l’ouvrage pour en porter haut les couleurs et les valeurs. C’est donc sans surprise qu’en cette soirée du 6 décembre 2022, c’est lui, dernier tireur d’élite, qui s’avancera pour parapher l’une des plus belles pages du sport marocain. Il y ajoutera le sceau du Maestro. Une inspiration salvatrice, à ne toutefois pas reproduire chez soi, car elle a été réalisée par un professionnel. Une panenka mêlant technique, sang-froid et malice, qui nous emmènera au pays des merveilles. Le Maroc venait de gravir l’Everest espagnol. Achraf, lui, ne s’arrêtera pas en si bon chemin, menant l’expédition qui s’attaquera aux cimes de l’Olympe. Lors du tournoi, l’équipe du Maroc déploya un jeu flamboyant – ô cette ogive sur coup franc du capitaine -, dont ils ont gravé l’empreinte dans le bronze. Achraf montra la voie du succès à des jeunes joueurs en leur apprenant à garder leur Cap’. Répondant toujours à l’appel, il deviendra, en toute logique, égérie d’un opérateur téléphonique national. 3) Le Lion d’Or Si les épopées sont collectives, l’Histoire, elle, garde en mémoire des visages, des figures de proue-sse. Celle d’Hakimi s’est arrogé la part du Lion dans notre lobe (in)temporal, saturé par ses statistiques et performances mémorables. Une dernière saison parachevée avec 16 passes décisives et 11 buts inscrits, pour la plupart, lors de matchs au sommet - altitudes réservées aux joueurs de haut-vol. En Ligue des Champions, il ira jusqu’à dominer le classement des occasions créées (36) et du sprint le plus rapide : flashé à 36.9 km/h, il fait (ff)fi de la limite de vitesse autorisée pour un parisien. Mais le phénomène Achraf va bien au-delà des chiffres, qui ne sauraient à eux seuls saisir l’aura de celui qui se confond avec son époque. Il incarne, pour toute une génération, le rêver plus grand et la fin du c’est déjà bien, ce faux-plafond de verre nourri de complexes. Nés de l’importation des modèles à suivre, ils ont eu tendance à dés-Orienter, à nous éloigner de nous-mêmes. Hakimi a réduit la distance parcourue par nos rêves. Véritable icône, il est devenu la promesse de marques, attirées par son sens de la conquête de territoires - que ce com’battant réalise Under A(r)mour. Derrière l’icône, se cache un autre rêve — un rêve de gosse. La quête du métal précieux, l’apothéose de l’al-kimie. Et 24/25 fut l’exercice le plus abouti vers cette transmutation. Chef-d’œuvre de régularité et de dépassement, il aurait mérité d’être couronné d’un Ballon d’Or pour être intéGraal. Son seul tort : avoir été fidèle au poste.