Et le mot devint paix
165
Avant même que l’écriture existe, il y avait la parole, et cette parole créait des mondes.
Parler, ce n’est pas juste dire des choses. C’est transmettre, toucher, guérir, réveiller. Les mots soignent ou détruisent.
Les mots ne sont pas de simples outils de communication. Ils portent une énergie, une vibration. Ce que l’on dit, surtout quand ça vient du cœur, a un impact profond sur notre réalité.
Depuis toujours, les sages, les maîtres spirituels, même les grands leaders, ont compris que les mots sont vivants. Ils façonnent notre regard, nos émotions, nos décisions. Un mot peut ouvrir un cœur ou fermer une porte. Il peut changer un jour, ou toute une vie.
D’ailleurs, l’art de la parole a été une force motrice puissante, capable de mobiliser des masses, de changer des destins et d’inspirer des générations entières. Martin Luther King, avec son fameux « I have a dream », ou encore Winston Churchill, au cœur de la Seconde Guerre mondiale, ont galvanisé un peuple à travers des discours pleins de courage et de détermination.
« Nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains de débarquement, nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les collines, nous ne nous rendrons jamais. »
Mais derrière cette puissance qu’a la parole, ce sont les mots qui en sont les véritables vecteurs. Ce sont eux qui portent la force, l’émotion, la conviction, ou à l’inverse, la peur et la division.
Les Stoïciens disaient que nos paroles influencent notre vision, nos émotions, nos actes, et donc notre vie. Que les mots doivent être choisis comme un scalpel, précis, justes, alignés.
Dans beaucoup de traditions, on répète certains mots sacrés comme des mantras. Un mantra, ce n’est pas une phrase magique. C’est un mot qu’on choisit avec soin, qu’on répète avec intention. Plus il est simple et précis, plus il agit profondément.
Chacun peut trouver des mots qui résonnent en lui. Certains mots nous recentrent. D’autres nous calment, ou nous élèvent.
“Ce qu’on répète devient une vérité intérieure. Ce qu’on entend souvent devient une croyance. Et parfois, un simple mot change tout.”
Dire un mot sacré, c’est nourrir une paix intérieure qui finit par se voir à l’extérieur. C’est comme si les mots nous rappelaient qui l’on veut être. Ils deviennent un miroir, un écho de ce qu’on cultive en soi.
Il y a cette phrase que j’aime beaucoup : “Soigne tes mots pour guérir tes maux.”
Alhamdoulilah, pour moi, est plus qu’un mot, c’est mon mantra, mon ancrage.
Quand j’étais plus jeune, j’entendais souvent “Alhamdoulilah”. Ça veut dire “Louange à Dieu”, ou “Merci mon Dieu”. Mais moi, je ne comprenais pas toujours pourquoi il fallait remercier. Surtout quand tout allait mal. Ça me semblait abstrait, trop religieux, trop lointain.
Et puis, avec le temps, j’ai compris.
Dire ce mot, ce n’est pas nier la douleur.
C’est dire merci même dans l’épreuve. C’est reconnaître que la vie a du sens, même quand je ne le vois pas encore.
C’est faire confiance à Dieu même quand rien ne va. Ce mot m’a appris à garder foi. Il m’a aidée à tenir, à accepter, à lâcher prise, à reconnaître ce que j’ai. À m’estimer heureuse même quand je n’ai pas.
Aujourd’hui, ce mot ne me quitte plus, dans la joie, l’échec, la réussite, le bonheur. Parce qu’il me rappelle que Dieu voit au-delà de ce que je comprends. Que tout a un sens, même ce que je n’explique pas encore.
Ce mot, c’est ma force tranquille. Mon ancrage. Mon souffle quand je suffoque. Mon calme dans le bonheur absolu.
“Les mots peuvent réveiller les âmes.”
Et moi, ce mot-là… il me réveille à chaque fois.
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Et le mot devint paix
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Entre deux vérités
243
La vérité est une, mais les érudits l’appellent par différents noms.
Dans mes textes précédents, j’évoque souvent cette idée, celle de l’unité avec Dieu. C’est une pensée qu’on retrouve dans le soufisme, à travers des figures comme Ibn Arabi.
Mais cette idée d’unité n’est pas née avec l’islam. Des philosophes comme Plotin, bien avant, parlaient déjà d’un principe unique. Chez lui, "L’Un", c’est l’origine de tout ce qui existe. Tout en découle. Tout y retourne. Rien n’existe sans lui.
En simplifiant beaucoup, ce concept signifie que Dieu, la création, les humains, la terre, les anges, l’enfer, le paradis… tout cela ne serait qu’une seule et même réalité, une manifestation de Dieu, une expression de Lui. Je l’ai parfois formulé ainsi : "En se connaissant soi-même, on rencontre Dieu."
Ibn Arabi était parfois appelé "le plus grand maître" (Cheikh al-Akbar). D’autres, plus critiques, l’ont surnommé "Cheikh al-Akfar" le maître des impies". C’est dire à quel point sa pensée divise. Il affirme que tout est en Dieu. Qu’il n’y a rien en dehors de Lui. Il parle d’une réalité unique, divine, qui se manifeste sous mille formes, les nôtres, celles du monde, du visible comme de l’invisible.
Il écrit en poésie :
Mon coeur est devenu capable d'accueillir toute forme.
Il est le pâturage pour gazelle et abbaye pour moine !
Il est un temple pour idoles et la Kaaba pour qui en fait le tour.
Il est les tables de la Thora et aussi les feuilles du Coran !
La religion que je professe est celle de l'Amour.
L'Amour est ma religion et ma foi.
Mais certains prennent ces paroles au pied de la lettre, comme s’il disait "l’homme est Dieu". Et forcément, ça choque. Pourtant, je pense qu’il ne s’agit pas d’une confusion mais d’une tentative de dire que tout ce qui existe est enraciné en Dieu. Que notre perception, voilée, morcelée, nous donne l’illusion d’être séparés.
Il dit d'ailleurs: "Dieu est le miroir dans lequel l’homme se contemple, et l’homme est le miroir dans lequel Dieu contemple Sa création."
Ce n’est pas de l’arrogance. Ce n’est pas non plus de l’égarement. C’est une manière poétique, mystique, de parler d’un lien invisible, subtil, entre ce que nous croyons être et ce que Dieu reflète à travers nous.
Mais en parallèle de cette vision, j’ai aussi grandi avec l’idée de la séparation. On m’a transmis une vision plus classique, plus sobre. Une vision dualiste. Dieu est au-dessus de tout. Il est distinct de sa création. Il n’a pas de forme, pas de besoin. Il est le Créateur, nous sommes les créatures. Il n’y a pas de confusion possible.
Le Coran nous dit :
"Il n’y a rien qui lui ressemble." (42:11)
Dans cette vision, Dieu reste unique, parfait, au-delà de tout. Et l’humain, même dans sa beauté (ou pas), reste limité, séparé, humble face à Lui.
Et moi, je me tiens entre ces deux mondes. Je les ressens tous les deux. L’un me parle de proximité, de mystère, d’amour. L’autre me parle de majesté, de transcendance, de distance. Ils semblent opposés, mais en moi, ils coexistent.
Et pour ne pas me simplifier la tâche, il y a le Coran. Ce livre sacré que je prends moi pour la parole de Dieu. Mais aussi pour une parole dense, profonde, mystérieuse. Une parole qu’on ne peut jamais enfermer dans une seule explication.
Quelqu’un a dit un jour que le Coran est comme un océan, plus on plonge, plus on découvre des couches, des sens, des profondeurs qu’on ne soupçonnait pas. Il se lit mille fois. Il se comprend mille fois autrement. Tout dépend de l’état du cœur de celui qui lit.
Je crois que c’est voulu. Si la vérité était évidente à la première lecture, la quête serait terminée avant même d’avoir commencé.
Au final, j’ai remarqué quelque chose, je crois en tout, et en même temps, je ne crois en rien. Je crois à plusieurs réalités, mais je ne sais pas si l’une d’elles est la vraie. Mon cerveau est en lui-même un paradoxe. Ce n’est pas un mal, ni une faiblesse. C’est juste une grande ouverture d’esprit, une façon d’accueillir le mystère sans vouloir tout enfermer dans une seule vérité.
Ce qui compte au fond, c’est que je crois en Dieu. Que je marche avec Dieu, même si je ne comprends pas tout. C’est cette foi, cette relation intime, qui guide mes pas.
Et croire en Dieu, c’est accepter qu’il y ait du mystère
Alors je cherche. Avec l’intellect, parce que j’aime comprendre. Mais surtout avec le cœur, parce que lui seul sait parfois ce que la tête ne peut pas expliquer. Et quand je parle de cœur, j’évoque en ce sens le cœur de l’âme. Il ne s'agit pas là d’un organe physique, mais du centre de la perception mystique et de l’intuition profonde.
Alors que les créatures fassent partie de Dieu, ou que Dieu soit totalement séparé de sa créature, Dieu reste Dieu. Plus grand que les mots. Plus vaste que les pensées. Plus profond que les écoles de pensée.
Parfois, l’essentiel n’est pas de choisir un camp. Mais de rester humble. De marcher entre les mondes. De chercher la lumière, sans jamais prétendre l’avoir saisie.
Et au fond, la lumière est partout. Même quand on ne comprend pas.
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Un yogi parlant d’unité
315
Rey est un personnage amusant.
Ce n’est pas un maître spirituel, ni un philosophe connu. Il n’a pas toutes les réponses, mais ce qu’il dit fait réfléchir. Ses idées ouvrent des portes.
Alors voilà, j’en résume ici quelques-unes.
1) L'Éternel existe au-delà du temps.
Cette idée affirme que Dieu ou la conscience suprême (l’Éternel) n’est pas limité par le temps. Ce que nous voyons comme immense 14 milliards d’années d’histoire de l’univers n’est en réalité qu’un instant insignifiant à l’échelle de l’éternité. Cela pousse à relativiser notre conception du temps et de l’importance humaine.
2) Les manifestants créent leur réalité, les éveillés se soumettent à la vie.
Ici, deux voies spirituelles sont évoquées. La manifestation qui est l’usage de la pensée pour créer sa réalité (loi d’attraction, intention). Et L’éveil qui est la soumission au flux naturel de la vie, dans une confiance totale envers le divin. L'équilibre est difficile car trop de contrôle mental peut bloquer la sagesse divine, mais l’esprit bien dirigé reste un outil utile. L’équilibre consiste à manifester avec foi tout en s’abandonnant au courant de la vie.
3) Focaliser l’esprit sur Dieu plutôt que sur les plaisirs.
Il s'agit d’un rappel classique des traditions religieuses, ce que l'on cultive dans l'esprit a des conséquences. Chercher Dieu et la vérité mène à la paix intérieure (car quand on cherche Dieu, on cherche en réalité l’ultime, l’infini), alors que la recherche des plaisirs éphémères entretient l’insatisfaction.
4) Le cerveau fonctionne comme des fils téléphoniques.
Le cerveau envoie des signaux électriques appelés ondes cérébrales, qui vont de lentes à rapides (entre 0,1 et 40 Hz). Quand ces ondes deviennent plus fines et subtiles, l’esprit devient plus puissant et s’ouvre à des formes de conscience plus élevées, bien au-delà de notre intelligence habituelle. Le silence intérieur (ou la mort), qui correspond à un état très calme des ondes, n’est pas un vide mort, mais une ouverture vers l’infini.
5) Le royaume de Dieu est en vous.
Inspirée des paroles du Christ, cette idée rappelle que le divin n’est pas extérieur mais intérieur. L’esprit humain crée l’illusion de la séparation. Il compare également l'humain à un vase dont la pureté détermine la lumière qu’il laisse passer, notre état intérieur conditionne notre capacité à recevoir la lumière divine. Purifier son cœur revient à devenir un canal limpide pour cette présence.
6) Il faut abandonner le sens de soi.
Pour incarner un véritable vaisseau pour Dieu, il faut renoncer au sens de soi, car le chemin du Christ par exemple, souligne l'amour pur et l'unité avec tous les êtres. L'esprit interfère souvent avec cette union en créant une séparation.
7) Tout vient de l’unité énergie + conscience.
Tout vient d’une seule chose, une énergie vivante, une conscience qu’on peut appeler Dieu. Même si tout semble séparé, en réalité, tout est relié. Ce qu’on prend pour des différences n’est qu’une illusion.
8) Embrasser le vide mène à la lumière.
Inspiré du bouddhisme et d'autres traditions, le vide intérieur est présenté comme un état de paix profonde. C’est en lâchant nos pensées, nos attachements et nos attentes que l’on devient un réceptacle de la lumière divine, incarnant ainsi le « ciel sur terre ».
9) La joie vient de l’intérieur, pas du monde extérieur.
La conclusion générale, toutes les traditions spirituelles, malgré leurs différences, visent à ramener l’attention vers l’intérieur. C’est là que se trouve notre essence divine. L’extérieur ne peut jamais satisfaire durablement. Le but est de réaliser (faire l’expérience directe) que nous sommes déjà un avec Dieu.
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Kundalini ? Pas encore, merci !
346
Kundalini par-ci, Kundalini par-là… Ce mot s’impose à moi.
Depuis quelque temps, ce terme revient sans cesse dans ma vie. Je le vois partout, je l’entends, parfois même sans vraiment le chercher. C’est comme si l’univers voulait attirer mon attention. Alors je me suis dit : pourquoi ne pas effectuer quelques recherches pour comprendre ce qui se cache derrière ce mot ?
La Kundalini est une énergie spirituelle puissante, souvent décrite comme un serpent enroulé à la base de la colonne vertébrale, dans le chakra racine, appelé Mooladhara. Moi qui n’aime pas les serpents, ça commence mal ! Ce terme signifie en gros « enroulé ».
Cette énergie est parfois associée à l’énergie sexuelle, non pas dans son aspect purement physique ou reproductif, mais comme une force vitale, une puissance créatrice fondamentale. Dans plusieurs traditions, la sexualité est vue comme une manifestation physique de cette énergie profonde.
Lorsque la Kundalini est éveillée, cette énergie monte le long du canal central, traverse les sept chakras, jusqu’au sommet de la tête, provoquant une transformation spirituelle profonde.
Dans la tradition hindoue, la Kundalini est associée à l’énergie divine féminine, représentant le potentiel spirituel inné de chaque individu. Cela me rappelle ce que dit Le Kybalion sur l’énergie féminine et masculine : « Le genre est en tout : tout contient les principes masculin et féminin, le genre se manifeste dans tous les plans de la création »
Son réveil est recherché à travers des pratiques telles que le yoga, la méditation, le pranayama, et la récitation de mantras. Pour ma part, je pratique la méditation, le yoga et le pranayama. Peut-être est-ce pour cela que ce mot revient si souvent vers moi.
L’éveil de la Kundalini est considéré comme un chemin vers l’illumination et la réalisation de soi, une quête d’union avec le divin.
Cependant, il est important de souligner que cette énergie doit être abordée avec précaution, une activation non maîtrisée peut entraîner des perturbations émotionnelles et psychologiques.
En poursuivant mes recherches, je suis tombée sur le témoignage d’une personne qui expliquait avoir pratiqué la Kundalini sans même savoir ce que c’était. Elle a vécu des bouleversements profonds, elle a perdu pied, son mariage a échoué, son travail est devenu un chaos, et elle est tombée dans une grosse crise intérieure. Elle s’était perdue elle-même. Mais en apprenant ce qu’est vraiment la Kundalini et en comprenant comment la maîtriser, cette personne a pu reprendre le pouvoir sur sa vie.
Je crois parfois que c’est en touchant le fond que l’on trouve la force de remonter. Moi-même, dans ma pratique de la méditation, j’utilise l’énergie de mes chakras, sans vraiment de guidance ni d’expérience formelle, simplement en suivant mon instinct. Ce n’est pas un jeu, mais une exploration parfois intuitive, parfois maladroite, de cette force intérieure.
Ce qui est à la fois poétique et effrayant, c’est que j’ai l’impression d’avoir réveillé cette énergie en moi sans même m’en rendre compte. Et soudain, dans ma vie, tout a basculé. Ce que je cachais, ce que je refusais de voir, mes peurs les plus profondes, mes insécurités les plus enfouies, tout s’est dévoilé brutalement.
J’ai vécu une véritable tempête intérieure, une destruction nécessaire.
Mais j’ai compris que ce processus fait partie du chemin vers la connaissance de soi. On ne peut vraiment avancer sans tout détruire derrière soi, sans affronter ce mal enfoui, pour enfin apprendre à s’accepter pleinement, se regarder en face, et renaître.
Sadhguru explique que lorsque l’on active cette dimension d’énergie, d’autres dimensions de la vie s’ouvrent à nous.
Toutefois, il insiste sur le fait que la Kundalini Yoga est la forme de yoga la plus puissante, mais aussi la plus dangereuse. C’est une énergie immense qui, mal maîtrisée, peut causer plus de dégâts que de bienfaits. Pour illustrer, il la compare à la puissance nucléaire, très efficace, mais potentiellement destructrice si on ne sait pas la contrôler.
Selon lui, avant même d’atteindre la Kundalini, il faut déjà avoir une maîtrise importante d’autres formes de spiritualité, de yoga et de connaissance de soi. Il souligne que pour vivre pleinement, nous activons seulement une petite partie de notre énergie (environ 21 chakras sur 114), suffisante pour une vie matérielle et intellectuelle complète. Mais la Kundalini ouvre des dimensions supérieures, bien au-delà.
Et c’est là que la préparation entre en jeu, sans discipline, sans guidance experte et sans réelle préparation, s’aventurer dans l’éveil de la Kundalini peut faire s’effondrer notre vie extérieure, car les transformations sont rapides et profondes.
Maintenant que ce mot revient si souvent vers moi, je me pose sincèrement la question : suis-je prête ? La réponse est non.
Alors j’écoute la sagesse de mon cher Sadhguru et sa mise en garde. Je ne risque pas de m’aventurer sur ce chemin, pas pour l’instant. J’ai encore beaucoup de démons intérieurs à combattre, beaucoup de travail sur moi-même à faire.
Je sais que ce n’est que lorsque je serai véritablement prête que la Kundalini viendra à moi, de manière réelle et maîtrisée. En attendant, je continue mon chemin, humblement, en apprenant à mieux me connaître, à calmer mes tempêtes intérieures, à construire cette base solide sans laquelle on ne peut pas sauter dans l’abîme.
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Ce texte, c’est ce qu’il me reste à lui dire
454
J’avais un ami.
Je l’ai connu trop tôt.
Ou peut-être juste à temps.
J’étais jeune, bien trop jeune.
L’âge où l’on croit encore que les gens sont immuables, solides et éternels.
L’âge où l’on pense que ceux qu’on aime vont durer toujours.
Lui, c’était un électron libre.
Un curieux, un matheux, un voyageur.
Un peu fou, non, beaucoup fou.
Plus fou que moi.
Et pourtant, j’étais déjà une tempête à moi toute seule.
Il faisait partie de ces êtres rares, brûlants, qu’on ne rencontre qu’une seule fois dans une vie.
Pas plus.
Et peut-être que cette vie, il ne l’avait pas vraiment choisie.
Mais sa folie, oui.
Et cette folie là me traverse encore.
Ce je-m’en-foutisme tranquille,
cette excentricité douce,
cette furieuse envie de ne rentrer dans aucune case,
de marcher de travers quand tout le monde file droit.
Comme une empreinte qu’il aurait laissée dans ma façon d’être,
un éclat de lui encore vivant
dans mes regards qui en disent long
et dans mes sourires un peu tordus.
Lui, il était entier.
Il était unique.
Il était impossible.
Il était brut.
Il était vrai.
Rien ni personne ne pouvait le plier.
Il brillait, dans cette lumière étrange, suspendue entre la joie et les ténèbres.
En grandissant, il y a eu les nuits.
Les longues nuits sans fin.
À parler, à délirer, à imaginer des futurs fous.
À inventer un monde nouveau,
À détruire l’ancien à coups de théories bancales et de rires qui faisaient mal au ventre.
On avait notre langage, nos éclats,
Notre galaxie rien qu’à nous.
Et puis, encore un peu plus tard
On s’est lancés dans nos premières expéditions.
Les premières colonnes vers la liberté.
Les files d’attente devant les bars,
où les portiers hésitaient parfois à nous laisser entrer,
quand ils voyaient nos visages encore trop innocents,
et nos yeux plus innocents encore.
Mais souvent, on n’en avait rien à faire.
On restait cloîtrés, lui et moi, enfermés dans le chaos de sa chambre
À regarder le plafond
À parler aux murs
À refaire le monde.
Un jour, avec cette audace qui le caractérisait,
il a dit non.
Non à ce que les autres attendaient de lui.
Non à l’ingénierie, non à la médecine.
Il a choisi d’être artiste.
Pas un artiste du dimanche,
mais un vrai,
qui voulait faire de l’art sa vie.
Même s’il créait sans vraiment créer,
même s’il doutait à chaque coup de pinceau.
Et puis, il m’a tendu un gros pinceau et de la peinture.
Moi, je ne connaissais rien à l’art.
Il m’a dit : « Peins. »
Alors j’ai peint.
Sur les murs de sa chambre,
En grand, en large, en travers.
Ses œuvres, il les appelait “abstraites”.
Entre nous, il ne savait juste pas dessiner.
Mais il le savait.
Et c’est ça qui les rendait belles.
Elles étaient vraies, injustifiables, libres.
Comme lui.
Il était bon photographe.
Bon designer.
Bon vivant.
Il avait tout devant lui.
Une autoroute de possibles.
Et pourtant…
Un jour, il m’a dit :
« Je crois que je ne vais pas vivre longtemps. »
Et moi, pleine de lumière, pleine d’optimisme naïf,
J’ai répondu :
« La vie est belle, tu sais. La vie est très belle. »
Mais comment j’ai pas vu ?
Comment j’ai pas compris son mal ?
Son vide.
Son désespoir.
Quelques temps plus tard,
Il est parti.
Décidé.
Silencieux.
J’ai gardé ses messages très longtemps.
Et puis j’ai décidé de les supprimer.
De supprimer son contact.
Mais son numéro, je le connais encore par cœur.
Alors, je l’ai appelé.
Même après.
En espérant, au fond,
Qu’un jour, il décrocherait.
Qu’il me parlerait encore.
Qu’il me donnerait une réponse.
Mais ce qui me hante, ce n’est pas seulement son départ.
C’est ce qu’il a pensé, juste avant.
À qui a-t-il pensé ?
À quoi a-t-il pensé ?
A-t-il pensé à moi ?
En bien, en mal ?
Qu’est-ce que j’en sais ?
A-t-il aperçu une dernière lueur,
Une ultime étincelle dans ce chaos ?
A-t-il douté ?
Était ce de la joie ou de la haine qui l’a emporté ?
J’ai des questions qui resteront éternellement sans réponse.
Des questions sur cet amour flou entre nous.
Cet amour étrange.
Sur ce qui était vrai
Et ce qui ne l’était pas.
Et des fois, je me demande juste :
Pourquoi il ne m’a pas appelé ?
J’ai rêvé longtemps du son de sa voix.
Je le voyais partout.
Avant de lui pardonner.
Avant de me pardonner.
Avant de comprendre que je n’aurais pas pu le sauver.
Que personne n’aurait pu.
Qu’il est parti chercher la paix.
Et que parfois, la paix est ailleurs.
Et puis, même si aujourd’hui je ne crois qu’à moitié en la réincarnation,
j’espère qu’un jour, quelque part, dans une autre vie,
il croisera ce texte.
Qu’il le lira,
qu’il s’y reconnaîtra,
ou que ce personnage merveilleux
lui parlera,
le touchera.
Parce que j’ai envie de lui dire que,
même dans la nuit la plus noire,
même quand l’ombre s’installe au creux de l’âme,
même quand les ténèbres semblent prendre le dessus,
il faut continuer.
Il faut se battre.
Il faut survivre.
Ou vivre.
Mais surtout,
il ne faut jamais oublier :
La nuit a beau être longue…
le soleil finit toujours par se lever.
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Ce texte, c’est ce qu’il me reste à lui dire
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Emportée par le souffle
492
Ô Toi l’Univers
qui donnes quand je demande
et bien plus encore quand je ne dis rien
Toi qui entends les soupirs avant les mots
et lis les prières écrites dans mes silences
Ô Toi mon Amour
source profonde de ma foi
tu es ce feu doux qui brûle en mon âme
sans jamais me consumer
Je viens à Toi mains ouvertes
et même quand elles restent vides
mon cœur sait qu’elles sont pleines
de ce que je ne saisis pas encore
Ô Toi Espoir qui habites mes rêves
fil invisible entre mes désirs et leur heure
je ne cesse de te parler
et tant que je vis je te parlerai encore
Je te demande non par manque
mais par confiance
car j’ai vu ta générosité
même dans les détours
Car même tes silences
ont la saveur de la lumière
et le souffle de la sagesse
Ô Toi mon Refuge sacré
je marche avec Toi
les yeux parfois pleins de larmes
mais le cœur toujours en quête de clarté
Ô Toi le Seul et l’Unique
guide-moi dans mes pas
sur le sentier de la paix
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Emportée par le souffle
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La faille sacrée
534
Si je suis ici, vivante et tangible sur cette Terre, c’est bien parce que je suis une créature, un être humain.
C’est ainsi que j’ai été façonnée, avec toute la complexité, la fragilité et la grandeur que cela implique. Comprendre ce qu’est l’être humain c’est en réalité tenter de me comprendre moi-même au plus profond. Car en chacun de nous résonne cette même nature humaine, un mélange de chair, d’âme et de conscience.
Selon les traditions religieuses, Dieu aurait créé l’homme à son image lui insufflant une essence divine. Dans le Coran, la sourate Sâd (38), versets 71-72, relate : « Je vais créer d’argile un être humain. Quand Je l’aurai bien formé et lui aurai insufflé de mon esprit, jetez-vous devant lui prosternés. »
La Bible, dans le livre de la Genèse (1:26-27), évoque aussi cette création : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. »
Et pourtant, paradoxalement, cette créature porteuse de lumière est aussi capable d’ombres terribles. Sans détailler les horreurs que l’homme peut commettre, nous savons qu’il est capable du pire. Comment un être doté de conscience, d’un souffle divin même peut-il devenir l’ombre de ce qu’il est ?
Je me tourne alors vers un verset qui me passionne. Tiré du Coran, sourate Al-Baqara (30). Avant même de créer Adam, Dieu annonce son projet aux anges, qui s’étonnent : « Vas-Tu mettre sur terre celui qui sèmera le désordre et répandra le sang alors que nous, nous te sanctifions et te glorifions ».
Les anges, créatures de lumière et d’obéissance, ne saisissent pas cette contradiction. Et pourtant, Dieu créa l’homme.
Pourquoi Dieu choisit-Il de créer un être à la fois si parfait dans son origine et si imparfait dans ses actes ? Est-ce un acte de confiance divine en sa capacité à évoluer, à apprendre, à réparer ?
Ce paradoxe, certains y voient une faille. Si Dieu est parfait, pourquoi le mal existe-t-il ? Le philosophe Épicure, déjà au IIIe siècle av. J.-C., posait la question : « Dieu veut-il empêcher le mal, mais ne le peut pas ? Alors il est impuissant. Dieu le peut-il, mais ne le veut pas ? Alors il est méchant. Dieu le peut-il et le veut-il ? Alors d’où vient le mal ? »
Mais des voix spirituelles comme celle de Rûmî nous offrent une autre lecture. Pour lui, Dieu est un artiste. Le mal tout comme le bien participe à son œuvre. « Le mal aussi vient de lui… Ce don du mal est en soi une preuve de sa perfection… Les peintures laides comme les belles témoignent de sa maîtrise. » Rûmî affirme que dans la création, il n’y a ni mal ni bien absolu. Tout participe à la révélation divine. Dieu seul en tant qu’unité transcende les opposés. Il est la coïncidence des contraires.
« Les opposés qui semblent en lutte sont en réalité unis et agissent en harmonie. »(Mathnawi)
Un autre maître spirituel, Frithjof Schuon, explique que même le mal manifeste l’infinitude du possible. Il appelle cela « la possibilité de l’impossible ». Dans cette vision, Dieu n’est pas absent du mal mais il l’encadre. Il en fait un révélateur, un contraste qui fait ressortir la lumière. Une parole mystique dit : « J’étais un trésor caché, et j’ai désiré être connu. J’ai donc créé la création afin d’être connu. »
Cela signifie que Dieu, invisible et mystérieux a voulu se révéler. L’univers, les êtres, la vie ne sont pas là pour lui, mais pour que nous puissions le découvrir, le reconnaître. À travers tout ce qui existe, Dieu se donne à voir, non pour sa propre gloire, mais pour que nous puissions grandir en connaissance de lui.
Chaque être, conscient ou non est une manifestation de Dieu. « Tous les hommes, jour et nuit, manifestent Dieu, certains en sont conscients d’autres non. » (Fîhi mâ fîhi)
Et pourtant, nombreux sont ceux qui diront le mal vient de Satan.
Le Coran décrit cet instant-clé. Dieu crée Adam d’argile, ordonne aux anges de se prosterner. Tous obéissent, sauf Iblis. Il refuse, méprise cette création : « Je suis meilleur que lui, tu m’as créé de feu, et tu l’as créé d’argile. » (Sourate Sâd)
Ce refus n’est pas qu’un acte de désobéissance. C’est un rejet de la nature humaine. Un déni de sa valeur. Satan devenu l’adversaire et se jure de prouver que l’homme ne mérite pas cet honneur. Il le tente, le détourne espérant le faire chuter.
Mais peut-être faut-il aller plus loin.
Et si l’adversaire n’était pas toujours extérieur ?
Ibn Arabi l’exprimait ainsi : « Celui qui se connaît lui-même connaît son Seigneur. »
L’homme est un miroir du divin, voilé par son ego, son nafs, cette part basse de l’âme qui l’éloigne de sa propre lumière. Rûmî, encore lui, disait que le vrai combat se joue à l’intérieur. Iblis, aveuglé par l’orgueil, n’a vu que l’argile. Il a méprisé le souffle divin. Il n’a pas cru en cette lumière capable de transcender l’instinct.
Et peut-être que le véritable piège, c’est ça : accuser Satan… alors que bien souvent, c’est notre propre cœur qui nous égare.
Il y a en nous une force capable d’un amour immense, mais aussi d’un déni glacial. Une lumière mais aussi une ombre. Il faut parfois craindre sa propre âme plus que n’importe quel démon.
Et si je me pose toutes ces questions, sans toujours trouver de réponse, c’est parce qu’au fil de ma vie bien que courte, j’ai vu des choses. J’ai croisé une humanité lumineuse, rayonnante, aimante, mais aussi sa face sombre, violence, cruauté, indifférence. Parfois, j’ai vu les deux dans un même regard, un même geste.
Je ne prétends pas toujours comprendre, ni avoir toutes les réponses. Parfois c’est dans l’acceptation du mystère que naît la paix. Mais je me demande, qu’est-ce qu’être humain au fond ?
Peut-être que c’est justement cette tension entre lumière et obscurité. Cette imperfection, ce déséquilibre constant et ces forces contraires qui cohabitent en nous. Ce paradoxe vivant.
Le combat du bien contre le mal, n’est-ce pas avant tout un combat intérieur ? Un théâtre invisible où se rejouent sans cesse les mêmes choix ?
L’homme est à la fois son propre ennemi et sa propre raison d’espérer.
C’est dans cette lutte intime cette confrontation avec soi-même, que réside peut-être la vraie nature humaine.
Alors, je m’adresse à l’univers
À cette force mystérieuse qui a tout façonné
Je lui murmure combien l’être humain m’apparaît
à la fois parfait et imparfait
un paradoxe vibrant, une faille sacrée
Je lui confie mon émerveillement
ma confusion
Et peu à peu
je comprends un peu mieux
ce que veut dire ce souffle divin
qui anime toute chose.
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La faille sacrée
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Vanité des vanités et tout est vanité
534
La nuit a beau être longue, le soleil finit toujours par se lever.
Il était une fois, Salomon, roi des sages. Roi de la droiture, de la justice, et de la richesse. Un prophète parmi les prophètes, serviteur de Dieu, fils du prophète Daoud. Il occupe une place de choix dans l’histoire des trois religions monothéistes.
Il avait des dons impressionnants, dont celui de dompter les animaux, de comprendre leur langage, et de leur parler. Il commandait sur les êtres humains, les esprits, et même le vent lui obéissait.Sa sagesse était telle que toute la nature semblait vibrer à l’unisson de sa voix.
On dit d’ailleurs, que sa sagesse pesait plus lourd que l’or.
L’histoire que je m’apprête à raconter a été associée à Salomon dans la culture hébraïque.
Pourquoi ? Parce qu’elle est empreinte d’une telle sagesse qu’il semblait naturel qu’on la rattache à l’homme de la sagesse par excellence. Elle est devenue un mythe, un récit que l’on transmet plus pour sa leçon que pour son origine réelle.
Dans l’histoire, le roi Salomon voulait donner une leçon d’humilité à son serviteur, Benaïa Ben Yehoyada. Il lui confia une mission, celle de trouver une bague qui une fois portée rendrait l’homme heureux triste, et l’homme triste heureux. Le roi était convaincu que Benaïa échouerait car à ses yeux une telle bague n’existait pas.
Benaïa chercha la bague partout, sans jamais la trouver. Une fois découragé, il s’arrêta et demanda à un marchand s’il connaissait une bague qui pourrait rendre un homme heureux triste, et un homme triste heureux.
Le marchand entra dans son échoppe et grava une inscription sur une bague en or puis la donna à Benaïa.
À la grande surprise et déception du roi Salomon, Benaïa lui présenta la bague. On y lisait l'inscription suivante: "Gam Zeh Ya’avor" ce qui signifie en français "Cela aussi passera".
Le roi en fut profondément bouleversé. Lui qui avait voulu donner une leçon d’humilité à son serviteur, se retrouva, sans l’avoir prévu, à en recevoir une. Il comprit alors que toute sa richesse, sa sagesse et son pouvoir n’étaient que temporaires.
Il dit alors : « Ce que la sagesse peine à exprimer, la simplicité l’a révélé. Que cette bague ne me quitte jamais. »
Depuis ce jour, il la porta discrètement sous son manteau, la touchant souvent quand le pouvoir ou la douleur menaçaient de l’emporter. Comme un rappel silencieux au cœur du tumulte.
Et c’est là que réside le vrai génie de cette histoire.
Salomon qui voulait offrir une leçon d’humilité à son serviteur, se retrouve lui-même bouleversé par une vérité simple gravée sur une bague.
Une simple phrase, quelques lettres, et tout un monde intérieur qui s’ouvre.
Cela aussi passera, trois mots minuscules, pour dire l’immensité du changement. Pour nous rappeler que tout est passage. Que rien ne dure, ni les douleurs les plus lourdes ni les bonheurs les plus intenses.
Ces mots sont un appel. Un appel à vivre, pas à fuir. Pas à s’accrocher non plus. Juste à vivre.
À être là, dans ce qui est. Dans le souffle, dans l’instant.
Parce que tout ce qui naît, dit Ibn Arabi, est destiné à disparaître. Et que la paix ne se trouve pas dans ce qui change, mais dans la contemplation de ce qui est. Dans l’acceptation lucide de l’impermanence. C’est peut-être ça au fond le cœur de la sagesse. Ne pas confondre le provisoire avec l’absolu et ne pas chercher à retenir ce qui s’efface.
Et moi, avec ça en tête, je n’ai plus envie de chercher à tout maîtriser. J’ai juste envie de faire de chaque jour le meilleur jusqu’à présent. Pas le plus parfait. Pas le plus productif. Juste… le plus vrai.
Parce que ça aussi, un jour, passera.
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L’homme impossible
532
Quand la vie en silence dépose sur ma route une âme
Qui fait vibrer chaque cellule de mon être, je sais au fond de moi que je l'ai appelé, je l'ai rêvé, je l’ai manifesté.
Et je l’ai trouvé
Mais cet homme, je ne peux le posséder
Et si la douleur d’aimer ce qu’on ne peut avoir était en vérité un signal ?
Un murmure de la vie pour m’inviter à déverrouiller ce que je cache à moi-même
Rien dans nos désirs n’est dû au hasard
Et si cette rencontre m’avait été envoyée
non pour l’aimer, mais pour cesser de me fuir ?
Pour plonger au cœur de moi, là où l’écho de mon feu intérieur résonne encore
Et si ce que je vois en lui c’est la lumière d’une part de moi que j’avais oubliée ?
Alors je ne le perds pas, je me retrouve
Peut-être n’est-il que l’ombre de moi-même
l’ombre de mes projections
le reflet incarné de mes désirs les plus vastes
Et si en l’aimant lui, c’était mon âme que j’apprenais enfin à aimer
Alors je comprends, cette rencontre n’était pas un hasard
Il est un miroir, un passage
Il m’a poussé à me regarder enfin
au-delà des voiles, au-delà des peurs
à toucher cette conscience vive de ce que je suis
ici, maintenant.
Et si ce que j’aimais tant en lui
ce feu, cette lumière, cette intensité
n’était que le reflet d’un feu plus ancien, plus profond
celui qui dormait en moi depuis toujours ?
L’autre, m’a tendu un miroir
Il a réveillé ce que j’avais enfoui, oublié, nié
Mon propre désir
Ma force
Ma vérité
Il n’était pas le but
Mais le seuil
Le seuil d’un chemin que Jung appelle individuation
la quête vers soi-même
le retour à la totalité intérieure que j’avais éparpillée
à force de vouloir plaire, appartenir, me dissoudre
Et moi, à cet instant
j’en suis seulement à la première étape.
Je me réveille
Je vois
Je sens le manque, la brûlure
mais je comprends, ce n’est pas lui qui me manque
C’est moi.
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La vie, ce rêve éveillé
509
« Et cette vie d'ici-bas n'est qu'amusement et jeu. La demeure de l'au-delà est assurément la vraie vie, s'ils savaient ! » Coran, Sourate 29, verset 64
Je voulais commencer avec ce verset du coran qui résonne dans ma tête depuis toute petite. Cette phrase, je ne l’ai jamais oubliée. Elle revient souvent, comme un rappel doux et puissant.
La vie n’est qu’un amusement, un jeu.
Mais alors… pourquoi est-ce qu’on la prend autant au sérieux ?
Pourquoi s’y attacher à ce point, s’en faire une prison ?
Pourquoi toutes ces angoisses, ces attentes, ces luttes incessantes ?
À chaque fois que je me retrouve face à ces questions, les mots de Rumi apparaissent comme une évidence : "Try not to resist the changes that come your way. Instead, let life live through you."
Et si c’était ça, la vraie sagesse ?
Ne plus résister. Ne plus s’accrocher.
Juste laisser la vie passer à travers nous, comme un souffle sacré.
Ibn Arabi qui revient souvent en écho à Rumi tant leurs visions se complètent, dit que la réalité est un rêve, un rêve que Dieu rêve à travers nous.
Que tout ce qu’on croit sérieux, stable et solide n’est qu’un reflet passager, une projection des attributs divins et rien de plus.
"Le monde est un théâtre où l’Acteur unique prend mille formes."
Alors, si tout est jeu, rêve, théâtre.
Et si la vraie vie ce n’était pas de gagner, ni de prouver quoi que ce soit.
Mais d’aimer.
De lâcher prise.
D’habiter pleinement l’instant, sans peur de perdre.
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Un philosophe, de l’acide, et une pierre
444
Un ami m’a demandé un jour d’écrire sur la pierre philosophale. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il insiste souvent avec cette phrase étrange : « Entre à l’intérieur de la Terre, et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. »
En général quand il me sort ça, je le regarde comme s’il parlait une langue morte et dans un sens, c’est presque le cas. Alors aujourd’hui, je prends un peu de temps pour essayer de comprendre ce que ce charabia veut dire.
Apparemment, ce fameux message est un acronyme ancien qu’utilisaient les alchimistes : V.I.T.R.I.O.L.
Ça veut dire : Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem, en français : « Visite l’intérieur de la Terre, et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. »
Ok… ça a toujours l’air bizarre, mais on commence à voir où ça veut aller. En gros, on te dit : « Descends dans la profondeur des choses, cherche à comprendre, à purifier… et tu trouveras quelque chose de précieux. »
Mais quoi ? Cette fameuse pierre philosophale.
Alors, petite pause : c’est quoi exactement la pierre philosophale ?
Dans les livres d’alchimie, c’est cette substance légendaire qui permettrait de transformer le plomb en or, et de fabriquer l’élixir de vie. Elle représente l’ultime but de l’alchimiste, le graal absolu. Mais soyons honnêtes, personne n’a jamais mis la main dessus, en tout cas pas physiquement. Et c’est là que le truc devient intéressant, la pierre n’est pas qu’une matière, c’est surtout un symbole.
Elle incarne la transformation totale de la matière brute vers un état pur, de l’homme ordinaire vers l’homme éveillé. Bref, c’est un aboutissement, un accomplissement autant intérieur qu’extérieur.
Mais quel est le rapport avec le Vitriol ? Parce que, quand on tape ce mot sur Internet, on tombe sur des trucs pas très spirituels : un acide corrosif, puissant, dangereux. En chimie, le Vitriol, c’est un liquide capable de dissoudre presque tout. Et là, je me demande :
Comment on passe d’un acide qui ronge tout à un symbole de lumière intérieure ?
Eh bien… c’est justement ça, le génie de l’alchimie.
Le Vitriol chimique représente la phase de destruction nécessaire dans tout processus de transformation. Il dissout, il nettoie, il casse ce qui est trop solide, trop figé. En langage symbolique, c’est la descente dans nos ombres, dans nos blocages, dans nos failles. Le Vitriol devient le symbole de la purification. On enlève les couches mortes, les masques, les illusions… pour révéler quelque chose de plus vrai.
Donc oui, l’alchimiste "utilise" le Vitriol pour faire la pierre philosophale. Mais pas comme on utilise un ingrédient dans une recette. C’est plus profond. Le Vitriol, c’est l’étape du feu intérieur, celle où on affronte, on traverse, on se transforme. Et ce n’est qu’en passant par cette phase-là, la plus inconfortable, la plus obscure qu’on peut espérer atteindre la fameuse pierre.
Et pour rendre tout ça un peu plus pop culture : Harry Potter en parle aussi. Dans le premier tome, Harry Potter à l’école des sorciers, toute l’histoire tourne autour de la pierre philosophale. Elle donne l’immortalité, transforme le métal en or, sauf qu’à la fin Nicolas Flamel accepte de la détruire. Pourquoi ?
Parce qu’il comprend que la vraie sagesse, c’est de vivre, pas de fuir la mort. C’est une très belle image en fait, la pierre est là, mais elle ne sert pas à devenir invincible, elle sert à comprendre que ce qui compte. C’est la transformation intérieure, pas le pouvoir brut.
En vrai, on est tous un peu alchimistes. On cherche à transformer nos galères en force, nos erreurs en leçons, nos ombres en lumière. Le Vitriol, ce n’est peut-être pas un liquide qu’on garde dans un flacon mais plutôt une épreuve qu’on traverse. Et la pierre philosophale, ce n’est peut-être pas un objet mais ce qu’on devient à la fin du chemin.
Et je conclus cette réflexion par une petite histoire que j’ai trouvée sur ma route. Une vieille légende hindoue que je vous livre telle quelle, parce qu’elle parle mieux que moi de cette quête de transformation intérieure :
« Il y eut un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma, le maître des dieux, décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette.
Lorsque les dieux mineurs furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci : « Enterrons la divinité de l'homme dans la terre ». Mais Brahma répondit : « Non, cela ne suffit pas, car l'homme creusera et la trouvera ».
Alors les dieux répliquèrent : « Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans ».
Mais Brahama répondit à nouveau : « Non, tôt ou tard, l'homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu'un jour il la trouvera et la remontera à la surface ».
Alors les dieux mineurs conclurent : « Nous ne savons pas où la cacher, car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d'endroit que l'homme ne puisse jamais atteindre un jour ».
Alors Brahma dit : « Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher ».
Depuis ce temps-là, conclut la légende, l'homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui ».
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Voyage au cœur de la conscience
436
« Le monde est le miroir dans lequel l’être humain se contemple, mais ce miroir est une image imaginaire ; ce n’est que par la lumière intérieure que le reflet devient réalité. »
Cette parole d’Ibn Arabī illustre parfaitement sa pensée, selon laquelle la réalité extérieure n’a pas d’existence indépendante sans la conscience qui la perçoit. Pour lui, le monde extérieur n’est pas une réalité objective, brute et autonome. La réalité que chacun perçoit est plutôt une forme d’imagination divine, une projection que nous construisons à partir de nos pensées, de nos croyances et de notre manière d’être.
Ainsi, même si nous ne contrôlons pas le monde en lui-même, nous en maîtrisons le sens, c’est-à-dire la façon dont il nous apparaît et la signification que nous lui donnons lors de notre rencontre avec lui.
Les neurosciences contemporaines confirment cette idée. Ce que nous appelons « réalité » n’est jamais un état brut et objectif. Le cerveau humain agit comme un filtre puissant qui trie, interprète et colore les informations sensorielles en fonction de nos états émotionnels, de nos expériences passées et de nos attentes.
Une étude clé dans ce domaine, Emotion and Perception: The Role of Affective States in the Modulation of Visual Processing, montre comment les émotions influencent directement la perception. La peur, l’anxiété ou d’autres sentiments modifient l’activité dans les régions visuelles du cerveau, accentuant la détection de stimuli perçus comme menaçants ou porteurs d’une charge émotionnelle intense.
Ainsi, loin d’être un simple récepteur passif, le cerveau reconstruit activement la réalité en intégrant ces émotions et expériences. Cela explique comment deux individus, confrontés simultanément à la même situation, peuvent pourtant la percevoir différemment selon leur état émotionnel ou cognitif.
Dans ce contexte, la célèbre phrase d’Ibn Arabī, « The world is imagination and you are its meaning », prend tout son sens. Le monde est une projection imaginale, et nous en sommes le sens, la signification vécue.
Rûmî, grand maître soufi, enrichit cette réflexion par sa célèbre parole : « Vous êtes l’océan, tout le reste n’est que vague, vous êtes la source, tout le reste n’est que ruisseau. » Cette métaphore signifie que la source de toute réalité, cette force créatrice ultime, réside en nous-mêmes, dans notre essence divine.
Rûmî insiste souvent sur la puissance créatrice de l’être humain, qu’il voit comme porteur d’une étincelle divine en son fond intérieur. Cette étincelle lui permet de manifester ce qui est en lui vers l’extérieur, participant ainsi à la création du monde.
Pour lui, la conscience humaine n’est pas isolée, elle est en union profonde avec Dieu, et c’est précisément cette union qui constitue le moteur fondamental de toute création.
Dans le Coran, il est dit : « Ô toi, âme apaisée ! Retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée. Entre donc parmi Mes serviteurs et entre dans Mon paradis » (Sourate Al-Fajr, 89:27-30).
Cette parole s’adresse à l’être humain qui a, au cours de sa vie, atteint un état de paix intérieure et de certitude profonde dans sa foi et son essence. L’âme apaisée n’est plus agitée par les doutes, les peurs ou les troubles du monde, elle est en harmonie avec elle-même et avec le Divin.
Atteindre ce stade de sérénité spirituelle signifie non seulement une connexion intime et sincère avec Dieu, mais aussi l’accès à un état de béatitude qui transcende le simple au-delà. Ce « paradis » évoqué ici peut être compris comme une réalité intérieure transformée, un lieu de paix et de lumière qui irradie dans la vie présente.
De nombreux commentateurs et soufis, comme Ibn Arabi ou Rûmî, interprètent cette paix de l’âme comme une victoire sur l’illusion et les tumultes du monde. Elle n’est pas seulement un repos passif, mais une force active qui modèle la perception et la réalité. L’âme apaisée transforme ainsi son rapport au monde.
En ce sens, cette étape spirituelle est un véritable pouvoir créateur, l’intérieur apaisé façonne l’extérieur, influençant la manière dont la réalité se présente et se vit.
Bouddha, qui a renoncé à sa vie royale pour chercher à comprendre les mystères de la souffrance, de la vie et de la mort, nous enseigne : « La paix vient de l’intérieur, ne la cherchez pas à l’extérieur. »
Ainsi, la véritable transformation ne peut naître que de notre monde intérieur, d’un esprit apaisé, et non des circonstances extérieures.
Combien d’entre nous s’efforcent de changer le monde, de transformer la réalité qui nous entoure ? Pourtant, le véritable changement ne commence pas à l’extérieur, mais au plus profond de soi. C’est là que réside la source essentielle de toute transformation durable.
Mais il est bien plus ardu d’oser plonger dans notre fort intérieur, d’explorer nos pensées, nos émotions, nos croyances, que de se lancer dans la course effrénée pour modifier ce qui est à l’extérieur.
Pourtant, c’est ce travail intérieur, souvent invisible et exigeant, qui façonne véritablement notre perception du monde et, par conséquent, la manière dont nous le vivons.
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Voyage au cœur de la conscience
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