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Orthodontie précoce 1200

L'orthopédie dento-faciale est une spécialité qui permet de corriger les malpositions dentaires afin de retrouver une denture fonctionnelle et esthétique. L'omnipraticien est souvent la première personne à recevoir le jeune enfant en consultation dans son cabinet et peut jouer un rôle clé dans la prévention voire dans le traitement de certaines malocclusions. Prévention et interception sont les deux fondements du traitement précoce. Le traitement précoce regroupe différentes techniques permettant de limiter l’installation d’une dysmorphose, en accompagnant la croissance de l’enfant. La période de croissance doit être exploitée le plus judicieusement possible. L'os maxillaire et la mandibule sont les structures osseuses intervenantes dans notre problématique et auxquelles nous allons nous intéresser. Le maxillaire est un os d'origine membraneuse. Sa croissance se produit dans les trois dimensions de l'espace. Les maxillaires droit et gauche sont reliés entre eux par la suture intermaxillaire, qui est active jusqu’à l’âge de 14 ans chez les filles et 16 ans chez les garçons. Son expansion dans le sens transversal est étroitement liée à la fonction linguale, qui favorise l'élargissement du maxillaire en stimulant la suture intermaxillaire lors des mouvements fonctionnels. Elle est également liée à la fonction ventilatoire, qui contribue à la croissance appropriée des fosses nasales et des sinus. La mandibule est un os impair et médian qui constitue le squelette de l’étage inférieur. Sa croissance est un phénomène complexe qui se produit en 3 dimensions Elle est mixte (enchondrale et membraneuse). Elle dépend de la génétique, mais elle est également soumise à la dynamique crânienne, aux systèmes neuromusculaires et alvéolo-dentaires et aux différentes fonctions. La croissance n’est pas un phénomène régulier, elle passe par des phases d'accélération et de ralentissement de la naissance jusqu'à l'âge adulte. Les malocclusions rencontrées chez l'enfant : Dans le sens sagittal Deux types de malocclusions sont rencontrées : La mésiocclusion de l'arcade mandibulaire qui peut évoluer vers une classe III , et la distocclusion de l'arcade mandibulaire qui peut évoluer vers une classe II Dans le sens vertical, il y'a deux principales malocclusions l'infraclusion ( antérieure ou latérale ) et la supraclusion. Dans le sens transversal Les anomalies les plus fréquentes sont : L'endoalvéolie maxillaire L’endognathie maxillaire et La latérodéviation fonctionnelle Pour ce qui est d'interception c’est un acte thérapeutique simple, court dans le temps, réalisé avec ou sans appareillages, en denture temporaire ou en denture mixte. L’interception permet : D’obtenir un environnement favorable, qui permettra à la croissance de s'exprimer sans contraintes. De diminuer le degré de difficulté du cas et d'éviter son aggravation . D’améliorer les fonctions orales, de favoriser la mise en place des dents permanentes et de retrouver précocement un bon équilibre facial. La prise en charge des anomalies dans le sens transversal peut être effectuée par meulage des prématurités occlusales ou par appareillages La prise en charge par appareillages s'effectue principalement au maxillaire. - Quant à la prise en charge des anomalies dans le sens vertical : La béance antérieure c'est la malocclusion la plus associée aux troubles fonctionnels. Son traitement consiste à éliminer son étiologie fonctionnelle. Dans la majorité des cas la béance se fermera spontanément après l'arrêt de la succion digitale et de la déglutition atypique, mais parfois certains appareils fonctionnels sont nécessaires pour permettre sa fermeture. Parmi les appareillages utilisés pour traiter la béance : L’enveloppe linguale nocturne : un appareil amovible, permettant le repositionnement de la langue dans sa position physiologique. Le froggy mouth : un dispositif amovible qui se porte 15 minutes par jour, Il empêche la création d'un joint d'étanchéité labial, indispensable lors de la déglutition atypique. Il faut savoir qu’une importante supraclusion incisive peut complètement verrouiller la mandibule et bloquer toute possibilité de mouvement de propulsion. Parmi les appareillages utilisés pour éviter ce problème: La plaque palatine de Hawley avec plan de surélévation rétro-incisif, qui va permettre aux molaires temporaires d'égresser et par la suite de lever la supraclusion. - Dans le sens antéro-postérieur, on distingue 2 types d'anomalies à traiter . La distoclusion mandibulaire et la mésiocclusion mandibulaire Parmi les appareillages utilisés pour corriger la distoclusion mandibulaire : Les activateurs de classe II qui ont une action squelettique par la stimulation de la croissance mandibulaire et le freinage de la croissance maxillaire. Le propulseur à butée impose une propulsion mandibulaire par un guidage strictement mécanique et permet des mouvements mandibulaires dans toutes les directions, excepté la rétrusion. La classe III est une indication majeure d'interception orthodontique en denture temporaire. Le port de la gouttière fonctionnelle pour classe III contribue au repositionnement lingual et favorise l'établissement de la clé incisive. Il existe différents types d'éducateurs fonctionnels choisis selon l’âge de l'enfant. L'EF classe III : est spécialement dédié au traitement des pathologies de classe III de 4 à 8 ans. Les mini-plaques à ancrage osseux sont de nouveaux moyens d'ancrage qui prennent appui directement sur l’os. Elles sont utilisées dans le traitement orthopédique des dysmorphoses de classe III, afin de maximiser les effets orthopédiques et minimiser les effets dento-alvéolaires. Elles peuvent être utilisées avec des élastiques de traction intermaxillaire ou avec un masque de Delaire. En fin La coopération entre plusieurs spécialités constitue un vrai bénéfice dans la prise en charge des enfants. L'orthophoniste a un rôle dans la rééducation active des fonctions oro-faciales. Un examen chez l’ORL est indispensable dans le cadre d'une ventilation buccale, ainsi qu'un bilan pour en détecter les étiologies. Le kiné et L'ostéopathe ont un rôle important dans la rééducation fonctionnelle musculaire et articulaire de la région maxillo-faciale et cervicale ainsi que le contrôle de l'équilibre postural du patient.
Salma Daouda

Salma Daouda

Médecin dentiste


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Un petit cri pour ceux qui n’en ont pas - Partie 2 32

Depuis 2019, ce qu’on voit encore trop souvent, ce sont des agents qui passent rue par rue pour capturer les chiens errants. Pas pour les soigner. Ni les stériliser. Mais pour les éliminer. Je vous épargne les détails. Je vous épargne les méthodes. Souvent atroces. Souvent indignes. Et avant 2019 ? Pareil. Les chiens étaient tués, sans pitié. Quant aux chats, plus discrets, plus difficiles à attraper, on les empoisonnait. Une violence silencieuse. Sourde. Cruelle. Qui continue encore aujourd’hui, dans certaines villes. Et pourtant… Dans un pays musulman comme le nôtre, ces pratiques devraient choquer. Parce que l’Islam enseigne la compassion envers tous les êtres vivants. Mon prophète a dit : « Le Miséricordieux fait miséricorde à ceux qui sont miséricordieux, faites miséricorde à ceux qui sont sur la terre alors celui qui est dans les cieux vous fera miséricorde » (Hadith rapporté par Tirmidhi ) Il a aussi interdit qu’on fasse souffrir un animal. L’Islam nous invite à prendre soin des animaux. À les respecter. Car ce sont, eux aussi, des créatures de Dieu. Alors pourquoi tant de violence envers eux, alors que la foi appelle à la miséricorde ? Trop souvent, la foi devient à géométrie variable. Invoquée quand ça arrange, oubliée quand ça dérange. Alors on ferme les yeux. On laisse faire. On détourne le regard. Comme si la souffrance animale ne comptait pas. Et pourtant… on aurait pu agir autrement. Dès le début. Lancer des campagnes de stérilisation. De vaccination. Si ça avait été fait sérieusement dès 2019, on n’en serait pas là aujourd’hui. Les politiques parlent d’un budget de 214 millions de dirhams depuis 2019 (pour une durée de 5 ans). Pour redonner leur dignité aux animaux errants. Alors moi, je pose la question : Pourquoi, chaque jour, je croise encore des dizaines de chiens errants ? Dans les rues, dans les terrains vagues, entre les voitures. Des chiens amaigris, fatigués, assoiffés, brûlés par le soleil. Et pour les chats… j’en passe. Ils sont tellement nombreux qu’on ne peut même plus les compter. Mon cœur ne supporte plus cette souffrance, visible sur leurs corps : des blessures jamais soignées, des os qui ressortent, des yeux tristes, résignés. Des corps qui racontent l’abandon, la faim, la peur, la solitude. Des chiens ni puces, ni vaccinés, qui sortent la nuit pour fouiller les poubelles, et qui agonisent sous les 45 degrés de l’été à Marrakech. Alors j’ai appris, comme tout le monde, à fermer les yeux. À les voir sans vraiment les regarder. Sauf que moi, je n’ai pas les 214 millions de dirhams pour agir. Je profite de ce texte pour remercier celles et ceux qui gardent en eux un peu de compassion. Ceux qui posent un bol d’eau devant leur immeuble. Ceux qui partagent un peu de nourriture avec un animal sans voix. Parce que ces animaux ne peuvent pas parler. Ne peuvent pas demander un verre d’eau. Même quand la soif les tue. Avec l’arrivée des grands événements dont, la Coupe du Monde, la question devient urgente. Le Maroc doit afficher une image propre, moderne, accueillante. Mais aucune image ne sera belle si elle se construit sur la souffrance des plus faibles. Car ce n’est pas qu’une question d’esthétique. C’est une question d’humanité. De valeurs. En 2023, une nouvelle campagne de tuerie a choqué le monde. L’annonce d’une possible élimination de trois millions de chiens errants a provoqué un tollé. La Coalition internationale pour la protection des animaux, qui regroupe plus de vingt ONG, a dénoncé un « génocide injustifié ». Sous la pression, le Maroc a confirmé que ces meurtres avaient cessé depuis août 2024. Le pays promet désormais des solutions alternatives, fondées sur le respect du bien-être animal. Et enfin, la question des animaux errants revient au cœur du débat législatif. Trois projets de loi sont en cours dont un concerne la protection des animaux errants et la prévention des risques qu’ils pourraient poser. Des signaux encourageants. Mais n’oublions pas, si ces questions émergent aujourd’hui, c’est sous la pression de la société civile. Pas spontanément. Alors, que peut-on faire ? Critiquer, oui. Mais proposer, aussi. Car il ne suffit pas de pointer ce qui ne va pas. Il faut aussi imaginer autre chose. Et ce n’est pas un rêve inaccessible. Des solutions existent. Des pistes concrètes, réalistes, applicables ici, au Maroc, maintenant. En Turquie, on stérilise, vaccine, relâche, et on marque les chiens errants avec une étiquette à l’oreille. Résultat, les rues sont plus sûres, les animaux moins agressifs, et les citoyens vivent mieux avec eux. En Inde, malgré les millions de chiens errants, certaines villes ont mis en place un système de prime par chien traité. Le vétérinaire capture, vaccine, stérilise, relâche, et il reçoit un petit montant pour chaque chien. Résultat, les vétérinaires participent activement, et ça leur fait un complément de revenu. C’est simple, c’est efficace. Pourquoi pas chez nous ? Au Maroc, une telle mesure pourrait fonctionner parfaitement en associant les vétérinaires locaux et les associations, souvent composées de jeunes passionnés, qui se battent sans moyens suffisants Il suffit aussi de soutenir les associations. Ces jeunes, ces bénévoles, qui ne se battent avec rien, par amour pour les animaux, sans moyen, sans reconnaissance. Ce sont eux qui nourrissent, soignent, prennent des risques. Ce sont eux les vrais piliers. Aidons-les. Finançons-les. Formons-les. Offrons-leur des subventions régulières, pas des miettes ou des promesses. Et puis il suffit d’instaurer des vraies lois. Interdire les tueries de masse. Imposer des normes aux communes. Exiger des comptes. Exiger de la transparence, des résultats, du respect. Il suffit de vouloir. Parce que ce n’est ni impossible, ni hors de prix. C’est juste une question de choix. Et d’humanité.

Un petit cri pour ceux qui n’en ont pas - Partie 1 30

Il était une fois, un chat… Aujourd’hui, je suis sortie simplement. Juste pour aller à la pharmacie. Une course banale, un jour banal. Et devant la porte, il y avait un chat. Un chat visiblement blessé. Il ne bougeait pas. Assis là, comme s’il attendait quelque chose. Ou quelqu’un. On m’a dit qu’il avait été percuté par une voiture. Il n’avait plus la force de fuir, ni même celle de manger ou boire, malgré les tentatives des voisins. Il restait là, dans un état qui ne laissait que peu d’espoir. Un état de douleur, et de résignation. Une femme est arrivée avec une poussette. Le chat ne voulait pas bouger. Il semblait dire : « Ici, c’est ma place. » Elle a compris. Elle l’a contourné, sans insister. J’ai demandé à la pharmacienne : Pourquoi il est là, ce chat ? Elle m’a expliqué qu’il traînait là depuis l’après-midi. Qu’il refusait toute nourriture. Qu’il avait l’air de vouloir se laisser partir. Et puis elle m’a dit qu’elle le connaissait. C’était un chat errant du quartier, encore jeune. Elle lui donnait à manger de temps en temps. Il avait disparu depuis quelques jours. Et là, il était revenu. Dans cet état. Devant sa porte. Comme s’il savait. Comme si cette pharmacie, c’était son repère. Un lieu où il s’était senti en sécurité. Un endroit où, un jour, quelqu’un lui avait offert un peu de douceur, dans une vie sans abri. Il savait qu’il allait mal. Et il est revenu là où on avait été bon avec lui. Pas forcément pour être soigné. Mais pour voir un visage familier. Il ne voulait pas mourir seul. Pas n’importe où. Et ça, c’est fort. Parce que dans un pays où les animaux errants sont souvent ignorés, maltraités, chassés ou éliminés, ce petit chat a fait un choix. Il a choisi de finir sa vie devant la porte d’une humaine qui, un jour, a été gentille avec lui. J’habite un beau pays. Un pays que j’aime profondément. Mais c’est un pays où la politique ne considère pas les animaux. Pas du tout. Et pourtant, il y en a partout. Chats, chiens… mules parfois. Dans les rues, entre les voitures, sur les trottoirs. Le Maroc en est rempli. Et c’est triste. En 2019, on nous a parlé d’une nouvelle politique. Une convention cadre signée entre le ministère de l’Intérieur, celui de la Santé, l’ONSSA et l’Ordre national des vétérinaires. Objectif, gérer les animaux errants autrement. Les stériliser. Les vacciner contre la rage. Agir avec respect, méthode, humanité. Une belle initiative… sur le papier. En vrai à Agadir, on a vu des choses. Des campagnes, des vétérinaires sur le terrain, des associations impliquées. On a vu de l’espoir. Mais dans tant d’autres villes, rien n’a changé.