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Gériatrie : dénutrition et conséquences chez une personne âgée - PARTIE 4


Gériatrie : dénutrition et conséquences chez une personne âgée - PARTIE 4

La dénutrition, fréquente chez la Personne Agée (PA), doit être suspectée devant une perte de poids de plus de 10%, une fatigue physique avec diminution de l’activité physique ou de troubles cognitifs ou psychologiques. L’évaluation nutritionnelle comporte, outre le poids, la mesure de la circonférence du mollet, du bras (des valeurs inférieures à 25 cm chez l’homme et 23 chez la femme sont en faveur d’une diminution de la masse musculaire) et l’épaisseur du pli cutané tricipital (des valeurs inférieures à 6 mm chez l’homme et 10 chez la femme sont en faveur d’une baisse des réserves de graisses). Le clinicien dispose de plusieurs modules de pesée adaptés à la PA (balance-chaise et lève-malade), et des équerres mesurent la taille à partir de la hauteur talon-genou. Les normes de l’indice de masse corporelle - IMC (poids/taille2) chez la PA- sont décalées de celles de l’adulte du fait de la diminution de la taille et de l’augmentation du poids (21 à 27 contre 18 à 25). Une dénutrition est suspectée si l’IMC 36g/l) a également une valeur pronostique. La dénutrition est particulière chez la PA : elle peut provenir d’un hypercatabolisme lié à une infection ou à une maladie chronique, d’un régime sévère ou de médicaments perturbant le goût. L’hypercatabolisme est déclenché lors de tout accident de santé (AVC, fracture, infection…), il y a alors stimulation des monocytes-macrophages et augmentation des cytokines dans le sang (interleukine notamment). Ces cytokines stimulent des cellules effectrices en les aidant à se procurer les nutriments dont elles ont besoin. Ceux-ci sont alors directement prélevés sur les réserves de l’organisme en cas d’insuffisance des apports. Les conséquences de la dénutrition sont souvent dramatiques. En augmentant par 5 le risque infectieux, elle peut entraîner la PA dans une spirale infernale, compromettant son autonomie (affaissement des contrôles moteurs et sphinctériens) et son pronostic vital. En outre, comme nombre de médicaments ont une forte affinité pour l’albumine qui leur sert de molécule de transport, l’hypoalbuminémie peut générer une intoxication par augmentation de leur fraction libre. La dénutrition est la 1ère cause de déficit immunitaire acquis qui se traduit par une défaillance de l’immunité à médiation cellulaire (lymphocytes T immatures, baisse de la capacité proliférative des lymphocytes, de la production de cytokines), de l’immunité humorale (non-réponse des anticorps à une vaccination) et des fonctions phagocytaires. La renutrition doit être progressive : apporter trop de nutriments, alors que les enzymes sont hypofonctionnelles, constitue un réel danger d’intoxication. Une insuffisance rénale ou hépatique peut en découler et le décès survenir dans un tableau d’anasarque (oedèmes généralisés). Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM) Ancienne interne à l'Hôpital Gériatrique Georges Foix --APHP -GROUPE PITIE SALPETRI7RE POUR EN SAVOIR PLUS : LES FEMMES, NOTAMMENT ÂGEES, PRINCIPALES CIBLES DES MALADIES AUTO-IMMUNES Ces affections n’épargnent pas l’homme ni malheureusement l’enfant mais c’est la femme qui porte très majoritairement ce fardeau dans plus de 75 % des cas. La proportion de femmes atteintes pour un seul homme est ainsi dans la maladie de Basedow (Hyperthyroïdie) de 7 femmes pour 1 homme, le lupus de 9f/1h, le Gougerot de 9f/1h, la polyarthrite de 2,5 f/1h, la sclérose en plaques de 2f/1h… Plusieurs explications sont données à ce phénomène, impliquant le rôle : - Des hormones sexuelles féminines, les œstrogènes : elles stimuleraient trop, dans certains cas, le système immunitaire, alors que les hormones masculines, les androgènes, ont plutôt un effet protecteur ; - Du chromosome sexuel féminin X : Les femmes possèdent dans leurs cellules deux chromosomes X, (l’un hérité du père et l’autre de la mère). Normalement, un seul reste actif tandis que l’autre est qualifié de « dormant ». Si ces deux restent fonctionnels, une hyperactivation anormale du système immunitaire en découle ; - La grossesse : un échange de cellules se produit entre la mère et le fœtus et donc un passage de cellules fœtales à la mère (le microchimérisme fœtal). Elles se retrouvent dans le sang de la mère jusqu’à 30 ans après l’accouchement et jusqu’à 50 ans dans la moelle osseuse ! Elles peuvent être considérées comme des éléments étrangers par le système immunitaire qui va alors s’attaquer par erreur à certains organes. La femme est en plus beaucoup plus surexposée que l’homme qui n’est confronté qu’à un seul type d’échange de cellules entre lui et sa mère alors qu’elle en reçoit de sa propre mère et de ses enfants. Signalons qu’il existe cependant quelques maladies auto-immunes que les hommes sont tout aussi ou plus susceptibles de développer que les femmes comme la spondylarthrite ankylosante, le diabète de type 1, le granulomatose de Wegener et le psoriasis. De ce fait, la femme est à la fois au cœur des maladies auto-immunes et des maladies rares (beaucoup étant peu fréquentes ou rares) ! Alors que ce phénomène « féminin » est connu de la communauté médicale, il reste largement ignoré du grand public marocain, faute d’être suffisamment médiatisé. A l’exemple d’autres pays comme les Etats-Unis où des campagnes sont menées de la part de la puissante American Autoimmune Related Diseases Association - AARDA), il mériterait pourtant de faire l’objet de larges campagnes de sensibilisation, autour du concept global d’auto-immunité, en direction des femmes, comme c’est le cas pour le cancer. La journée de la femme ou la journée internationale de la santé serait tout indiquée pour ces actions ! DES THERAPEUTIQUES DE PLUS EN PLUS EFFICACES Le traitement des maladies auto-immunes repose sur la cortisone, les immunosupresseurs et depuis quelques années sur les thérapies biologiques Ces affections ne sont pas curables définitivement mais sont maîtrisables maintenant. Les traitements sont destinés à ralentir ou à supprimer la réponse immunitaire pathologique. Ils s’appuient sur : les corticoïdes par voie orale ou en bolus (injection intraveineuse d’une dose importante), les immunosuppresseurs : (cyclophosphamide, azathioprine, méthotrexate, Mycophénolate Mofétil…), les échanges plasmatiques ainsi que les immunoglobulines et enfin les biothérapies. La prise en charge de ces maladies est assurée par différents spécialistes en fonction des organes touchés (rhumatologue, gastroentérologue, cardiologue…) et / ou un spécialiste en médecine interne, encore appelé interniste , une spécialité méconnue : il soigne notamment les patients qui présentent plusieurs organes malades, ou sont atteints simultanément de plusieurs maladies. Les maladies auto-immunes sont au cœur de ses compétences.

Gériatrie : dénutrition et conséquences chez une personne âgée - PARTIE 4

La dénutrition, fréquente chez la Personne Agée (PA), doit être suspectée devant une perte de poids de plus de 10%, une fatigue physique avec diminution de l’activité physique ou de troubles cognitifs ou psychologiques. L’évaluation nutritionnelle comporte, outre le poids, la mesure de la circonférence du mollet, du bras (des valeurs inférieures à 25 cm chez l’homme et 23 chez la femme sont en faveur d’une diminution de la masse musculaire) et l’épaisseur du pli cutané tricipital (des valeurs inférieures à 6 mm chez l’homme et 10 chez la femme sont en faveur d’une baisse des réserves de graisses). Le clinicien dispose de plusieurs modules de pesée adaptés à la PA (balance-chaise et lève-malade), et des équerres mesurent la taille à partir de la hauteur talon-genou. Les normes de l’indice de masse corporelle - IMC (poids/taille2) chez la PA- sont décalées de celles de l’adulte du fait de la diminution de la taille et de l’augmentation du poids (21 à 27 contre 18 à 25). Une dénutrition est suspectée si l’IMC 36g/l) a également une valeur pronostique. La dénutrition est particulière chez la PA : elle peut provenir d’un hypercatabolisme lié à une infection ou à une maladie chronique, d’un régime sévère ou de médicaments perturbant le goût. L’hypercatabolisme est déclenché lors de tout accident de santé (AVC, fracture, infection…), il y a alors stimulation des monocytes-macrophages et augmentation des cytokines dans le sang (interleukine notamment). Ces cytokines stimulent des cellules effectrices en les aidant à se procurer les nutriments dont elles ont besoin. Ceux-ci sont alors directement prélevés sur les réserves de l’organisme en cas d’insuffisance des apports. Les conséquences de la dénutrition sont souvent dramatiques. En augmentant par 5 le risque infectieux, elle peut entraîner la PA dans une spirale infernale, compromettant son autonomie (affaissement des contrôles moteurs et sphinctériens) et son pronostic vital. En outre, comme nombre de médicaments ont une forte affinité pour l’albumine qui leur sert de molécule de transport, l’hypoalbuminémie peut générer une intoxication par augmentation de leur fraction libre. La dénutrition est la 1ère cause de déficit immunitaire acquis qui se traduit par une défaillance de l’immunité à médiation cellulaire (lymphocytes T immatures, baisse de la capacité proliférative des lymphocytes, de la production de cytokines), de l’immunité humorale (non-réponse des anticorps à une vaccination) et des fonctions phagocytaires. La renutrition doit être progressive : apporter trop de nutriments, alors que les enzymes sont hypofonctionnelles, constitue un réel danger d’intoxication. Une insuffisance rénale ou hépatique peut en découler et le décès survenir dans un tableau d’anasarque (oedèmes généralisés). Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM) Ancienne interne à l'Hôpital Gériatrique Georges Foix --APHP -GROUPE PITIE SALPETRI7RE

Gériatrie : dénutrition et conséquences chez une personne âgée

La dénutrition, fréquente chez la Personne Agée (PA), doit être suspectée devant une perte de poids de plus de 10%, une fatigue physique avec diminution de l’activité physique ou de troubles cognitifs ou psychologiques. L’évaluation nutritionnelle comporte, outre le poids, la mesure de la circonférence du mollet, du bras (des valeurs inférieures à 25 cm chez l’homme et 23 chez la femme sont en faveur d’une diminution de la masse musculaire) et l’épaisseur du pli cutané tricipital (des valeurs inférieures à 6 mm chez l’homme et 10 chez la femme sont en faveur d’une baisse des réserves de graisses). Le clinicien dispose de plusieurs modules de pesée adaptés à la PA (balance-chaise et lève-malade), et des équerres mesurent la taille à partir de la hauteur talon-genou. Les normes de l’indice de masse corporelle - IMC (poids/taille2) chez la PA- sont décalées de celles de l’adulte du fait de la diminution de la taille et de l’augmentation du poids (21 à 27 contre 18 à 25). Une dénutrition est suspectée si l’IMC 36g/l) a également une valeur pronostique. La dénutrition est particulière chez la PA : elle peut provenir d’un hypercatabolisme lié à une infection ou à une maladie chronique, d’un régime sévère ou de médicaments perturbant le goût. L’hypercatabolisme est déclenché lors de tout accident de santé (AVC, fracture, infection…), il y a alors stimulation des monocytes-macrophages et augmentation des cytokines dans le sang (interleukine notamment). Ces cytokines stimulent des cellules effectrices en les aidant à se procurer les nutriments dont elles ont besoin. Ceux-ci sont alors directement prélevés sur les réserves de l’organisme en cas d’insuffisance des apports. Les conséquences de la dénutrition sont souvent dramatiques. En augmentant par 5 le risque infectieux, elle peut entraîner la PA dans une spirale infernale, compromettant son autonomie (affaissement des contrôles moteurs et sphinctériens) et son pronostic vital. En outre, comme nombre de médicaments ont une forte affinité pour l’albumine qui leur sert de molécule de transport, l’hypoalbuminémie peut générer une intoxication par augmentation de leur fraction libre. La dénutrition est la 1ère cause de déficit immunitaire acquis qui se traduit par une défaillance de l’immunité à médiation cellulaire (lymphocytes T immatures, baisse de la capacité proliférative des lymphocytes, de la production de cytokines), de l’immunité humorale (non-réponse des anticorps à une vaccination) et des fonctions phagocytaires. La renutrition doit être progressive : apporter trop de nutriments, alors que les enzymes sont hypofonctionnelles, constitue un réel danger d’intoxication. Une insuffisance rénale ou hépatique peut en découler et le décès survenir dans un tableau d’anasarque (oedèmes généralisés). Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM) Ancienne interne à l'Hôpital Gériatrique Georges Foix --APHP -GROUPE PITIE SALPETRI7RE