L'éducation par les valeurs
L’éducation par les valeurs
Par Mustapha GUILIZ, enseignant, écrivain
Nos valeurs font notre différence par rapport aux autres cultures qui nous entourent. C’est cela qui détermine notre ancrage dans l’espace et dans le temps. Avec la mondialisation, nous étions appelés à revoir les constantes morales qui faisaient notre fierté pour adopter, même timidement, d’autres valeurs qu’on considérait naguère comme des menaces à notre mode de vie. Des raccourcis que nous commettons inconsciemment, il y a l’idée qui nous faisait croire que le sens de la modernisation signifiait occidentalisation. C’est un glissement de sens qui occasionne bien des malentendus. Sur le plan du droit de l’homme, refuser d’en admettre les principes sous prétexte de notre particularisme est une incurie des plus regrettables. Ce retard observé dans le rythme de la modernisation affecte le domaine des réalisations. Les chantres de cette option se font des ventricules d’une classe sociale héritière des richesses du pays et qui lutte mordicus afin de garder l’exclusivité des privilèges. C’est la raison pour laquelle toute voix libre qui s’élève est durement punie par une machine aux pouvoirs labiles. Pire encore, on concède à la masse populaire les changements de comportements qui ne sont que des simulacres de son émancipation, non des progrès qui découlent de l’idée d’une perfectibilité de l’homme telle qu’elle est conçue par Rousseau et Condorcet. La foi dans le progrès et la modernisation par le progrès est étrangement sélective. Elle est le résultat d’un vain changement qui se réduit au paraître : les habits, la nourriture et d’autres modes de consommations. D’où le commerce étrangement limitatif des new fashion pour lesquels une bourgeoisie typiquement consumériste constitue une piètre caricature. On omet de penser que ce genre de folklore ne fait que souligner une uniformisation qui se satisfait des apparences. Mais les signes de notre manque à gagner sur le plan culturel sont si visibles qu’ils ne trompent pas. Ce phénomène que nous vivons depuis peu de générations est dû à une gestion politique qui, en même temps qu’ils gouvernent, les responsables aux manettes du pouvoir poursuivent des plans de développement d’une efficacité faillible et douteuse. La part d’effort pour la promotion de l’homme et la dignité du citoyen ne sert pas de base à l’expression collective des idéaux à réaliser. Cette promotion des valeurs positives à l’image du goût de l’effort, de l’honnêteté intellectuelle, du civisme sont rendus à la portion congrue. Le passé nous instruit ; l’avenir se construit.
Les politiques culturelles ainsi conçues attestent d’une méconnaissance totale des bases de la culture ancienne et même moderne. C’est la raison pour laquelle une médiocrité tenace domine les pratiques culturelles. Médiocrité des programmes scolaires, médiocrité des formateurs, médiocrité de l’administration, médiocrité des politiciens, médiocrité des politiques. On nage dans une mer d’images fallacieuses, de mirages déroutants. La réalité se dérobe à nos yeux, ne laissant que simulacres, erreurs et subterfuges. On croit être ce que l’on n’est pas ou ce que l’on n’est plus.
La pédagogie par l’immoralisme est un jeu dangereux. Le citoyen dont le niveau d’attachement à son socle culturel va se dissipant à cause des comportements scandaleusement individualistes d’une classe qui reste toujours presque impunie, ce citoyen risque de ne plus compter dans un avenir hypothéqué. Mais curieusement, les dépassements avérés sont révélés par une presse de plus en plus nerveuse à l’endroit de ces abus de pouvoir. Cette presse ne cesse de payer un lourd tribu dans des parodies de procès d’un âge révolu. Les dénonciations portent toutes les marques de détournement et de recel d’un héritage qui a plus de valeurs que le bien matériel : ce sont les valeurs. On oppose à cette morale de la dérive une impunité qui désespère le citoyen dans ses convictions les plus profondes. La pédagogie qui rate parfois sa cible, en fait parfois un homme qui ne trouve pas sa place dans la société : il devient un monstre.
Les valeurs, les principes culturels n’ont de dignité que lorsqu’ils sont vécus comme les dogmes d’une croyance. Avec la différence qu’ils sont plus que cela. On n’est jamais dispensé de faire le bien en faisant abstraction des attaches qui nous définissent. Peut-être parce que les valeurs, qui ne dépendent pas du religieux, sont l’illustration de notre appartenance à la religion civique. Les vertus sont d’abord et avant tout humaines.
C’est que le retard au niveau culturel se manifeste d’abord dans le respect de l’autre, de sa différence. Dans un ordre social qui ne souffre pas la liberté, l’individu se limite à une méconnaissance totale de cet autre. Sa connaissance manque de base. Même ceux qui ont les manettes du pouvoir font montre d’un goût médiocre à tous les niveaux, en particulier de la connaissance de soi a travers l’autre. Paradoxalement, le rayonnement du passé domine un présent sacrifié sur l’autel d’un sensationnalisme de mauvais aloi. Le savoir passé, et ce qui en découle comme valeurs, portait un souci pour la culture d’une grande valeur. C’était là que prospéraient la philologie, la grammaire, l’astronomie, la philosophie et les sciences de la nature. Ceci montre combien est mince le socle les éléments fondamentaux de la culture moderne. Les sciences humaines, et grâce à leur rôle utilitaire, la psychologie-la psychanalyse et la sociologie se portent bien dans une société qui privilégie le didactisme purgé de toute idéologie, ainsi que des affirmations pleines de préjugés. La culture, les responsables des programmes culturels doivent se fixer des performances rudimentaires dans un premier temps. Les valeurs qui soutiennent les hommes dans leurs luttes pour la vie, et qui assurent une continuité d’abord de l’homme, demeurent nécessaires pour amorcer un élan sûr dans la voie du progrès via la connaissance. On peut à titre indicatif citer la nécessité de l’éveil des facultés de l’esprit, du degré de conscience. Cet homme/ cette femme, qu’on appelle de nos vœux, s’engagera à promouvoir la culture avec une fréquentation longue de l’école. Il s’agit d’agir sur les causes profondes pour entamer par des procédés efficients et tenant leur crédibilité du politique. L’éducation est un projet sociétal qui se doit d’associer toutes les énergies pour assurer la création-recréation des valeurs et leur transmission qui ne peut s’effectuer sans l’alphabétisation de toute la société d’abord, de toute la société encore et de toute la société enfin. La volonté seule y suffit.
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Nos valeurs font notre différence par rapport aux autres cultures qui nous entourent. C’est cela qui détermine notre ancrage dans l’espace et dans le temps. Avec la mondialisation, nous étions appelés à revoir les constantes morales qui faisaient notre fierté pour adopter, même timidement, d’autres valeurs qu’on considérait naguère comme des menaces à notre mode de vie. Des raccourcis que nous commettons inconsciemment, il y a l’idée qui nous faisait croire que le sens de la modernisation signifiait occidentalisation. C’est un glissement de sens qui occasionne bien des malentendus. Sur le plan du droit de l’homme, refuser d’en admettre les principes sous prétexte de notre particularisme est une incurie des plus regrettables. Ce retard observé dans le rythme de la modernisation affecte le domaine des réalisations. Les chantres de cette option se font des ventricules d’une classe sociale héritière des richesses du pays et qui lutte mordicus afin de garder l’exclusivité des privilèges. C’est la raison pour laquelle toute voix libre qui s’élève est durement punie par une machine aux pouvoirs labiles. Pire encore, on concède à la masse populaire les changements de comportements qui ne sont que des simulacres de son émancipation, non des progrès qui découlent de l’idée d’une perfectibilité de l’homme telle qu’elle est conçue par Rousseau et Condorcet. La foi dans le progrès et la modernisation par le progrès est étrangement sélective. Elle est le résultat d’un vain changement qui se réduit au paraître : les habits, la nourriture et d’autres modes de consommations. D’où le commerce étrangement limitatif des new fashion pour lesquels une bourgeoisie typiquement consumériste constitue une piètre caricature. On omet de penser que ce genre de folklore ne fait que souligner une uniformisation qui se satisfait des apparences. Mais les signes de notre manque à gagner sur le plan culturel sont si visibles qu’ils ne trompent pas. Ce phénomène que nous vivons depuis peu de générations est dû à une gestion politique qui, en même temps qu’ils gouvernent, les responsables aux manettes du pouvoir poursuivent des plans de développement d’une efficacité faillible et douteuse. La part d’effort pour la promotion de l’homme et la dignité du citoyen ne sert pas de base à l’expression collective des idéaux à réaliser. Cette promotion des valeurs positives à l’image du goût de l’effort, de l’honnêteté intellectuelle, du civisme sont rendus à la portion congrue. Le passé nous instruit ; l’avenir se construit.
Les politiques culturelles ainsi conçues attestent d’une méconnaissance totale des bases de la culture ancienne et même moderne. C’est la raison pour laquelle une médiocrité tenace domine les pratiques culturelles. Médiocrité des programmes scolaires, médiocrité des formateurs, médiocrité de l’administration, médiocrité des politiciens, médiocrité des politiques. On nage dans une mer d’images fallacieuses, de mirages déroutants. La réalité se dérobe à nos yeux, ne laissant que simulacres, erreurs et subterfuges. On croit être ce que l’on n’est pas ou ce que l’on n’est plus.
La pédagogie par l’immoralisme est un jeu dangereux. Le citoyen dont le niveau d’attachement à son socle culturel va se dissipant à cause des comportements scandaleusement individualistes d’une classe qui reste toujours presque impunie, ce citoyen risque de ne plus compter dans un avenir hypothéqué. Mais curieusement, les dépassements avérés sont révélés par une presse de plus en plus nerveuse à l’endroit de ces abus de pouvoir. Cette presse ne cesse de payer un lourd tribu dans des parodies de procès d’un âge révolu. Les dénonciations portent toutes les marques de détournement et de recel d’un héritage qui a plus de valeurs que le bien matériel : ce sont les valeurs. On oppose à cette morale de la dérive une impunité qui désespère le citoyen dans ses convictions les plus profondes. La pédagogie qui rate parfois sa cible, en fait parfois un homme qui ne trouve pas sa place dans la société : il devient un montre.
Les valeurs, les principes culturels n’ont de dignité que lorsqu’ils sont vécus comme les dogmes d’une croyance. Avec la différence qu’ils sont plus que cela. On n’est jamais dispensé de faire le bien en faisant abstraction des attaches qui nous définissent. Peut-être parce que les valeurs, qui ne dépendent pas du religieux, sont l’illustration de notre appartenance à la religion civique. Les vertus sont d’abord et avant tout humaines.
C’est que le retard au niveau culturel se manifeste d’abord dans le respect de l’autre, de sa différence. Dans un ordre social qui ne souffre pas la liberté, l’individu se limite à une méconnaissance totale de cet autre. Sa connaissance manque de base. Même ceux qui ont les manettes du pouvoir font montre d’un goût médiocre à tous les niveaux, en particulier de la connaissance de soi a travers l’autre. Paradoxalement, le rayonnement du passé domine un présent sacrifié sur l’autel d’un sensationnalisme de mauvais alois. Le savoir passé, et ce qui en découle comme valeurs, portait un souci pour la culture d’une grande valeur. C’était là que prospéraient la philologie, la grammaire, l’astronomie, la philosophie et les sciences de la nature. Ceci montre combien est mince le socle les éléments fondamentaux de la culture moderne. Les sciences humaines, et grâce à leur rôle utilitaire, la psychologie-la psychanalyse et la sociologie se portent bien dans une société qui privilégie le didactisme purgé de toute idéologie, ainsi que des affirmations pleines de préjugés. La culture, les responsables des programmes culturels doivent se fixer des performances rudimentaires dans un premier temps. Les valeurs qui soutiennent les hommes dans leurs luttes pour la vie, et qui assurent une continuité d’abord de l’homme, demeurent nécessaires pour amorcer un élan sûr dans la voie du progrès via la connaissance. On peut à titre indicatif citer la nécessité de l’éveil des facultés de l’esprit, du degré de conscience. Cet homme/ cette femme, qu’on appelle de nos vœux, s’engagera à promouvoir la culture avec une fréquentation longue de l’école. Il s’agit d’agir sur les causes profondes pour entamer par des procédés efficients et tenant leur crédibilité du politique. L’éducation est un projet sociétal qui se doit d’associer toutes les énergies pour assurer la création-recréation des valeurs et leur transmission qui ne peut s’effectuer sans l’alphabétisation de toute la société d’abord, de toute la société encore et de toute la société enfin. La volonté seule y suffit.
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