Think Forward.

Les Soupirs d'Azemmour 647

Allant vers Oualidia, histoire de profiter de sa belle lagune, de ses huitres et poissons, ma fille, mon épouse et moi-même décidâmes de faire une petite halte à Azemmour. Je m’étais promis d’y amener ma fille à la première occasion qui se présente. Nous sommes ici à une encablure de Casablanca, à une poignée de kilomètres d’El-Jadida et non loin de Jorf Lasfar, une fierté de l’industrialisation du Maroc moderne. J’ai personnellement un petit quelque chose pour cette ville. Rares sont les villes aussi envoutantes. Je ne puis m’expliquer pourquoi. Très vite vous y êtes tantôt berbère en Jellaba courte, tchamir et babouches à la tête arrondie ou pointue ; tantôt phénicien drapé de blanc un peu comme s’habillaient les grecs en leur temps de gloire ; tantôt portant la toge d’un citoyen romain fier ou le turban bleu d’un Berghouata rugueux. Vous y imaginez des portugais chantant leur triomphe à la prise de la ville. Vous y entendez, le bruit de vos pas sur un pavé vieilli, évoquant celui de l’armée Saadienne reprenant possession des remparts. Le bruit et vociférations des soldats y résonnent encore et toujours ; mais en silence. Au tournant d’une ruelle de la cité antique, vous entendez la voix lointaine et confuse de Sidi Abderahman El Mejdoub, criant sa douleur devant le mal, questionnant le monde et l’univers. Au tourant de l’autre vous interpelle la voix chuchotant, à peine perceptible, de Rabbi Abraham Moul Ness et ses prières à l’aube et au crépuscule. Sidi Brahim pour les musulmans…les deux religions peinent à se donner des frontières ici… D’ailleurs c’est une sorte de miracle qui révéla aux deux communautés qu’Abraham était bien un saint…Les citoyens venaient d’installer un moulin juste en face de la grotte où il passait son temps à méditer et prier…Les bêtes qui faisaient tourner le moulin tombaient vite malades et mourraient l’une après l’autre. On comprit alors qu’Abraham ne voulait pas être dérangé dans sa méditation…depuis il est Rabbi Abraham pour les juifs, Sidi Brahim pour les musulmans, saint pour les deux. Plus loin dans la ville, ce sont des jeunes plutôt silencieux, à l’air certainement soucieux, le regard cafardeux, qui vous font face au tournant d’une ruelle. Certains de ceux qui vous croisent ont le regard étonnamment hagard, comme pour exprimer une lassitude ou un dégout ; peut-être même une colère profonde et des blessures répétées. Au coin de la rue d’en face, sur une petite place difforme c’est le son saccadé d’un métier à tisser qui vous interpelle. L’un des rares Deraz encore en activité tisse comme chaque jour des écharpes et des foulards en laine ou en soie…Les touristes aiment ça mais ne viennent pas souvent… Il ne se lasse pas. Il travaille, aime beaucoup son métier et attend des jours meilleurs ou tout au moins que la guerre au moyen orient s’arrête… Au fond de lui, il doit souhaiter que ses amis israéliens reviennent à la raison et chassent vite du pouvoir leurs dirigeants actuels ; des névrosés assoiffés de sang plus qu’autre chose. Il attend le Moussem mais ne sait pas si les marocains juifs qui reviennent annuellement pour le pèlerinage seraient encore nombreux. La maison de l’artisan est silencieuse et attend aussi… Elle attend souvent qu’un petit groupe passe par là pour enfin s’animer un petit peu, pour une heure ou deux. Les maitres artisans qui y séjournent semblent plutôt regarder filer le temps. Leurs yeux sont nostalgiques d’un passé proche sans doute idéalisé et d’un passé plus lointain chargé de richesse et de puissance à jamais révolu. Une dame d’un âge certain, sans gêne aucune, vêtue d’un pyjama qui en a vu des vertes et des pas mûres, est là devant chez elle sur un tabouret, assise. La porte de sa modeste demeure peinte en bleu est grande ouverte. La dame déborde un peu la petite dimension de son tabouret. Son regard est vide. Elle ne remarque pas nos silhouettes et semble ne pas entendre nos pas involontairement légers, comme pour ne pas déranger l’histoire ou remuer la colère des murs abandonnés, des maisons aux portes murées, celles que le temps a abattues et celles qui attendent passivement le signal de la dégringolade de pierres millénaires fatiguées et qui ne tiennent plus à rien. Derrière des portes d’antan de quelques bâtisses encore debout - et il y en encore beaucoup Dieu merci - et quelques maisons non encore fermées aux cadenas ou tombées dans l’oubli des temps et des humains, on devine des jeunes filles s’affairer à la broderie. Elles ne sont plus très nombreuses à éprouver une passion pour cet art ancestral spécifique à la ville avec ses couleurs vives et ses dragons. Que font les dragons ici sinon rappeler un passé si lointain qu’on n’en perçoit pas le fond. Par oui dire certaines disent que c’est un marchand portugais qui introduisit cet art entre les murs de la ville. Au coin d’une petite place, comme il y en beaucoup dans la cité, devant une épicerie aussi petite que peu soignée, se tiennent des jeunes oisifs. L’un d’eux ressemble forcément à Mustapha Azemmouri, celui dit Esteban le Maure ou encore Estevanico. Peut être même qu’il en porte les gênes. Sans Estevanico, jamais l’Amérique du Nord n’aurait été ce qu’elle est aujourd’hui. Quelle destinée! Partir d’une telle contrée pour aller déterminer l’histoire d’une autre de l’autre côté de l’Atlantique. En sortant par l’une des portes de la cité ancienne vous avez une seule pensée : Azemmour se cherche un présent qui ne vient pas. Elle agonise et se meurt assurément. Peut-être même qu’elle est déjà morte. Voilà quelques temps Karim Boukhari, dans un article en disait : « J’ai visité Azemmour. Un ami, originaire de la ville, m’a prévenu : attention, m’a-t-il dit, c’est une ville morte. » Pour s’en apercevoir faites une balade au pied de la muraille coté oued. Une esplanade que mon ami Zaki Semlali a aménagé avec le peu de moyens dont il dispose pour redonner vie à cette relation particulière qu’a la ville avec Oum Rebi3. Aujourd’hui le plastique y est hélas plus abondant que les poissons. Finies l'alose et les belles ombrines charnues… Certains pans de la muraille et des habitations coulent vers l’oued comme des larmes de la peine subie. La nostalgique Azemmour lorgne l’Atlantique et regarde impuissante se fracasser les vagues au loin… J’implore le tout puissant pour que ce bout de notre histoire précieuse puisse enfin bénéficier de l’attention de nos gouvernants. Ma fille, mon épouse et moi-même sommes repartis tristes, blessés au plus profond de nos âmes mais la voix sublime de Sanaa Marahati chantant quelques poèmes écrits quelque part dans la cité nous fait croire à un avenir meilleur pour Azemmour.
youtu.be/T4BIRCsXQWs?si=BUG42ZIT...
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


4800

33.0

THE ENCHIRIDION - I 682

There are things which are within our power, and there are things which are beyond our power. Within our power are opinion, aim, desire, aversion, and, in one word, whatever affairs are our own. Beyond our power are body, property, reputation, office, and, in one word, whatever are not properly our own affairs. Now the things within our power are by nature free, unrestricted, unhindered; but those beyond our power are weak, dependent, restricted, alien. Remember, then, that if you attribute freedom to things by nature dependent and take what belongs to others for your own, you will be hindered, you will lament, you will be disturbed, you will find fault both with gods and men. But if you take for your own only that which is your own and view what belongs to others just as it really is, then no one will ever compel you, no one will restrict you; you will find fault with no one, you will accuse no one, you will do nothing against your will; no one will hurt you, you will not have an enemy, nor will you suffer any harm. Aiming, therefore, at such great things, remember that you must not allow yourself any inclination, however slight, toward the attainment of the others; but that you must entirely quit some of them, and for the present postpone the rest. But if you would have these, and possess power and wealth likewise, you may miss the latter in seeking the former; and you will certainly fail of that by which alone happiness and freedom are procured. Seek at once, therefore, to be able to say to every unpleasing semblance, “You are but a semblance and by no means the real thing.” And then examine it by those rules which you have; and first and chiefly by this: whether it concerns the things which are within our own power or those which are not; and if it concerns anything beyond our power, be prepared to say that it is nothing to you.

THE ADVENTURES OF TOM SAWYER - PREFACE 747

Most of the adventures recorded in this book really occurred; one or two were experiences of my own, the rest those of boys who were schoolmates of mine. Huck Finn is drawn from life; Tom Sawyer also, but not from an individual—he is a combination of the characteristics of three boys whom I knew, and therefore belongs to the composite order of architecture. The odd superstitions touched upon were all prevalent among children and slaves in the West at the period of this story—that is to say, thirty or forty years ago. Although my book is intended mainly for the entertainment of boys and girls, I hope it will not be shunned by men and women on that account, for part of my plan has been to try to pleasantly remind adults of what they once were themselves, and of how they felt and thought and talked, and what queer enterprises they sometimes engaged in. THE AUTHOR. HARTFORD, 1876.

THE MEDITATIONS - Book I.[1/3] 758

1. I learned from my grandfather, Verus, to use good manners, and to put restraint on anger. 2. In the famous memory of my father I had a pattern of modesty and manliness. 3. Of my mother I learned to be pious and generous; to keep myself not only from evil deeds, but even from evil thoughts; and to live with a simplicity which is far from customary among the rich. 4. I owe it to my great-grandfather that I did not attend public lectures and discussions, but had good and able teachers at home; and I owe him also the knowledge that for things of this nature a man should count no expense too great. 5. My tutor taught me not to favour either green or blue at the chariot races, nor, in the contests of gladiators, to be a supporter either of light or heavy armed. He taught me also to endure labour; not to need many things; to serve myself without troubling others; not to intermeddle in the affairs of others, and not easily to listen to slanders against them. 6. Of Diognetus I had the lesson not to busy myself about vain things; not to credit the great professions of such as pretend to work wonders, or of sorcerers about their charms, and their expelling of Demons and the like; not to keep quails (for fighting or divination), nor to run after such things; to suffer freedom of speech in others, and to apply myself heartily to philosophy. Him also I must thank for my hearing first Bacchius, then Tandasis and Marcianus; that I wrote dialogues in my youth, and took a liking to the philosopher’s pallet and skins, and to the other things which, by the Grecian discipline, belong to that profession. 7. To Rusticus I owe my first apprehensions that my nature needed reform and cure; and that I did not fall into the ambition of the common Sophists, either by composing speculative writings or by declaiming harangues of exhortation in public; further, that I never strove to be admired by ostentation of great patience in an ascetic life, or by display of activity and application; that I gave over the study of rhetoric, poetry, and the graces of language; and that I did not pace my house in my senatorial robes, or practise any similar affectation. I observed also the simplicity of style in his letters, particularly in that which he wrote to my mother from Sinuessa. I learned from him to be easily appeased, and to be readily reconciled with those who had displeased me or given cause of offence, so soon as they inclined to make their peace; to read with care; not to rest satisfied with a slight and superficial knowledge; nor quickly to assent to great talkers. I have him to thank that I met with the discourses of Epictetus, which he furnished me from his own library. 8. From Apollonius I learned true liberty, and tenacity of purpose; to regard nothing else, even in the smallest degree, but reason always; and always to remain unaltered in the agonies of pain, in the losses of children, or in long diseases. He afforded me a living example of how the same man can, upon occasion, be most yielding and most inflexible. He was patient in exposition; and, as might well be seen, esteemed his fine skill and ability in teaching others the principles of philosophy as the least of his endowments. It was from him that I learned how to receive from friends what are thought favours without seeming humbled by the giver or insensible to the gift. 9. Sextus was my pattern of a benign temper, and his family the model of a household governed by true paternal affection, and a steadfast purpose of living according to nature. Here I could learn to be grave without affectation, to observe sagaciously the several dispositions and inclinations of my friends, to tolerate the ignorant and those who follow current opinions without examination. His conversation showed how a man may accommodate himself to all men and to all companies; for though companionship with him was sweeter and more pleasing than any sort of flattery, yet he was at the same time highly respected and reverenced. No man was ever more happy than he in comprehending, finding out, and arranging in exact order the great maxims necessary for the conduct of life. His example taught me to suppress even the least appearance of anger or any other passion; but still, with all this perfect tranquillity, to possess the tenderest and most affectionate heart; to be apt to approve others yet without noise; to have much learning and little ostentation. 10. I learned from Alexander the Grammarian to avoid censuring others, to refrain from flouting them for a barbarism, solecism, or any false pronunciation. Rather was I dexterously to pronounce the words rightly in my answer, confining approval or objection to the matter itself, and avoiding discussion of the expression, or to use some other form of courteous suggestion. 11. Fronto made me sensible how much of envy, deceit and hypocrisy surrounds princes; and that generally those whom we account nobly born have somehow less natural affection. 12. I learned from Alexander the Platonist not often nor without great necessity to say, or write to any man in a letter, that I am not at leisure; nor thus, under pretext of urgent affairs, to make a practice of excusing myself from the duties which, according to our various ties, we owe to those with whom we live. 13. Of Catulus I learned not to condemn any friend’s expostulation even though it were unjust, but to try to recall him to his former disposition; to stint no praise in speaking of my masters, as is recounted of Domitius and Athenodorus; and to love my children with true affection. 14. Of Severus, my brother, I learned to love my kinsmen, to love truth, to love justice. Through him I came to know Thrasea, Helvidius, Cato, Dion, and Brutus. He gave me my first conception of a Commonwealth founded upon equitable laws and administered with equality of right; and of a Monarchy whose chief concern is the freedom of its subjects. Of him I learned likewise a constant and harmonious devotion to Philosophy; to be ready to do good, to be generous with all my heart. He taught me to be of good hope and trustful of the affection of my friends. I observed in him candour in declaring what he condemned in the conduct of others; and so frank and open was his behaviour, that his friends might easily see without the trouble of conjecture what he liked or disliked.