Pensez le Futur.

Journal de voyage #3: Road Trip à Madagascar 2098

Pour des raisons de sécurité et de conditions de routes/pistes nous avons loué un 4x4 avec chauffeur pour notre séjour à Madagascar et quelle bonne idée! Vous comprendrez pourquoi dans le récit qui suit. Reprenons au début. Nous avons logés deux nuits dans le centre d’Antananarivo pour visiter un peu et nous reposer. Cette ville est située à une altitude de 1200m environ et les rues sont loin d’être planes. Après plusieurs semaines de safaris en voiture nos corps avaient grandement besoin de se décrasser. Nous avons visité la ville à pied. le matin du départ nous rencontrons le responsable de l’agence de location le matin du départ qui nous indique que la transmission de la voiture que nous devions avoir est cassée. Nous aurons donc une voiture et un chauffeur pour la journée et notre guide nous retrouvera le lendemain. En route pour Antsirabe. A midi, a notre grande surprise, nous faisons un arrêt dans la ville spécialisée dans… le foie gras, absolument délicieux! Le lendemain nous rencontrons notre chauffeur, Georges. Mon fils ayant quelques soucis de digestion, une chance que l’ingrédient principal des 3 repas journalier malgaches soit le riz. Georges nous propose de passer la nuit chez sa tante à Miandrivazo avec pour repas une soupe de poulet malgache. C’est un poulet élevé en plein air, vadrouillant dans les rues des villages librement. Il est préparé dans un bouillon avec un peu de gingembre et du riz. Le lendemain, mon fils est complètement guérit. Nous roulons jusqu’à Morondava avant de partir le lendemain en direction de Bekopaka. Malheureusement la voiture commence à cracher de la fumée blanche après environ 1h de route. Nous attendons une nouvelle voiture et nouveau chauffeur. Georges fera les réparations. Le turbo de la voiture est cassé. Avec notre nouveau chauffeur, direction la forêt de Kirindy qui se trouve sur le chemin, impossible d’arriver à Bekopaka avant la nuit. Le soir même nous faisons une visite guidée de la forêt pour observer plusieurs espèces de lémuriens nocturnes. Le lendemain matin, après un tour pour observer les lémuriens diurnes, direction Bekopaka. La traversée des 2 rivières se fait avec des bacs. Ce sont des passerelles en bois motorisées où stationnent côte à côte 5 véhicules. Le lendemain, visite des Tsingys de Bremaha, inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces blocs de calcaire noir (oxydé) pointus s’élèvent jusqu’à 700m. La randonnée dure 4h environ et contient des portions de via ferrata. La randonnée est difficile, mais le spectacle est époustouflant. Nour retournons ensuite à Morondava, cette fois les 10h de route en une journée. Nous retrouvons ensuite Georges le jour suivant pour continuer notre route vers Belo sur mer. Nous en profitons pour faire une sortie en mer avec une pirogue à voile. Il y a deux personnes naviguant la pirogue. La première à la gestion de la tension de la voile et d’une pagaie servant de safran et la seconde a l’avant pour la gestion de la voilure. La personne en avant a pour siège une planche de bois reliant la pirogue à un contre-poids mesurant environ 10cm de large. Il semble confortablement installé pendant les 3h nécessaires à rejoindre une petite île perdue dans les eaux turquoises où nous pique-niquons. Pour descendre encore le long de la côte ouest de Madagascar, il faut faire un petit détour par l’intérieur des terres dans la ville de Manja. Sur le chemin de terre, une petite rivière à passer en 4x4 a surpris notre chauffeur par sa profondeur. Le lendemain en repartant c’est confirmé: il y a de l’eau dans le réservoir. En faisant demi-tour, l’axe de direction casse. Nous rejoignons le letit restaurant que l’on venait de passer quelques minutes au paravant. La méthode est plutôt cocasse sans axe de direction. Le chauffeur au volant, je marche à côté de la voiture en faisant tourner les roues du 4x4 à la main pour leur donner la bonne direction. Arrivés au restaurant, le chauffeur tente une réparation. Par chance, nous rencontrons sur place un chauffeur qui nous conduira directement à la ville d’Ifaty. Nous annulons les villes côtière plus au nord nécessitant un 4x4 fonctionnel puisque ce sont des pistes de terre. La route est en asphalte mais pour traverser la rivière il manque tout de même un pont. Des piroguiers ont pris l’initiative donc de s’organiser pour offrir un service de traversée. Six pirogues jointes par des planchers de branches clouées ensembles accueillent une voiture à la fois. Les piroguiers, ayant pied dans la rivière en cette saison sèche, poussent le tout jusqu’à l’autre rive. Quelques jours à Ifaty le temps de trouver une nouvelle voiture nous permettent de nous reposer un peu et faire une sortie de plongée masque et tuba. Les coraux et poissons sont magnifiques. Après ce repos nous récupérons une nouvelle voiture et un nouveau chauffeur pour aller visiter le parc national d’Isalo. C’est un parc constitué de massifs montagneux en plein désert entre lesquels un canyon verdoyant se dessine. Nous faisons une randonnée de 8km mais que nous parcourons en 6h environ, le temps de nous baigner dans deux cascades. Nous rencontrons de nombreuses espèces d’insectes et animaux en tout genre dont les fameux maki cata. Un insecte particulièrement surprenant dont nous faisons la connaissance: le phasme. On le distingue à peine d’une branche d’arbuste. Sans notre guide impossible d’en voir. La journée suivante est une longue journée de route pour rejoindre le parc de Ranomafana également inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous y faisons une randonnée de 8km durant 3h30 dans la forêt tropicale. Nous observons 5 espèces différentes de lémuriens dont le hapalémur doré identifié pour la première fois en 1986 par la primatologue Patricia Wright. Sur la fin de la randonnées nous la rencontrons justement accompagnée d’une de ses étudiantes, quelle coïncidence! Pour la dernière étape, nous repassons par Antsirabe. Cette fois nous prenons le temps de visiter un peu les alentours. Nous allons au lac Tritriva. Lac sacré pour les malgaches. Nous pouvons néanmoins en faire le tour et s’y baigner. Ce lac est dans le cratère d’un volcan et a une profondeur d’environ 140m. Une légende raconte que Rabeniomby and Ravolahanta (les Roméo et Juliette malgaches) s’y sont suicidés. Le lendemain, retour à Antananarivo. Durant les longues heures de routes avec les différents chauffeurs, mais aussi avec d’autres personnes, nous avons eu l’occasion de discuter de beaucoup d’aspects de la vie malgache. Nous en avons appris beaucoup sur la culture mais aussi la vie politique beaucoup moins rose que ce qui est raconté dans les médias. Malgré les conditions de vie et la corruption, les personnes que nous avons rencontré avaient le plus souvent le sourire et n’étaient jamais découragées. Au delà des paysages variés, d’une faune unique et une flore époustouflante, nous avons donc vécu une très belle aventure humaine. Un long trajet nous attend maintenant pour la prochaine destination…
Antoine

Antoine

I am the CTO and co-founder of Bluwr. I love designing and writing scalable code and infrastructure.


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Lutte contre la violence dans les stades marocains : Le rôle oublié de l’école, de l’EPS et du sport scolaire .partie 3/3 118

B. Former les enseignants et encadrants au rôle éducatif du sport La mise en œuvre d’une telle approche repose sur des enseignants formés et outillés. Il est donc essentiel d’intégrer, dans la formation initiale et continue des enseignants d’EPS, des modules sur la gestion des comportements, la prévention de la violence, l’éducation à la citoyenneté par le sport. De même, les encadrants des associations sportives scolaires ou des clubs doivent être sensibilisés à leur rôle éducatif, au-delà de la simple performance. Le développement d’outils pédagogiques (guides, grilles d’observation, fiches pratiques) faciliterait cette transition vers un sport plus formateur que compétitif. C. Créer des passerelles entre école, clubs et collectivités Enfin, pour que l’action éducative soit cohérente et efficace, elle doit s’inscrire dans un partenariat local élargi. Les clubs sportifs, les collectivités territoriales, les associations de parents et les services de jeunesse peuvent être mobilisés autour de projets communs : tournois citoyens, rencontres inter-établissements, campagnes de sensibilisation dans les stades. L’objectif est de construire une communauté éducative élargie, où les jeunes retrouvent les mêmes valeurs dans l’école, sur le terrain, dans les gradins et dans la rue. Ce maillage social et éducatif est la condition pour espérer une transformation en profondeur de la culture sportive au Maroc. Une collaboration étroite entre les établissements scolaires, les clubs sportifs, et les collectivités locales peut favoriser la mise en place de projets communs visant à promouvoir les valeurs du sport et à prévenir la violence. Des initiatives telles que des tournois inter-écoles, des ateliers de sensibilisation, et des campagnes de communication peuvent renforcer cette synergie. Conclusion Face à la persistance des actes de violence dans les stades marocains, il devient évident que les réponses purement sécuritaires ou répressives, bien que nécessaires, demeurent insuffisantes. Ce phénomène, profondément enraciné dans des logiques sociales, identitaires et émotionnelles, appelle une approche plus globale, centrée sur la formation du citoyen dès le plus jeune âge. L’Éducation Physique et Sportive (EPS), ainsi que le sport scolaire à travers l’Association Sportive Scolaire (ASS), apparaissent comme des leviers puissants mais sous-exploités dans cette lutte. En transmettant des valeurs de respect, de coopération, de maîtrise de soi et de vivre-ensemble, ils peuvent jouer un rôle structurant dans la construction d’une culture sportive pacifique. Encore faut-il que cette dimension éducative soit pleinement assumée, valorisée et intégrée dans les politiques publiques. Ce travail appelle ainsi à une mobilisation conjointe de l’école, des acteurs sportifs, des collectivités et des familles, dans une logique de prévention durable. Plutôt que de sanctionner après coup, il s’agit de former en amont, d’éduquer à la citoyenneté sportive, et de réconcilier les jeunes avec une pratique du sport porteuse de sens, de lien et de paix sociale. En somme, la violence dans les stades marocains est un symptôme de dysfonctionnements sociaux et éducatifs. L'éducation physique scolaire, en tant que discipline formative, peut jouer un rôle central dans la promotion du civisme et la prévention de la violence sportive. Une stratégie éducative intégrée, impliquant les institutions publiques, les clubs sportifs, les associations et les médias, est essentielle pour construire une société plus pacifique et respectueuse des valeurs du sport. Résumé La violence dans les stades marocains constitue un enjeu social majeur, souvent abordé sous l’angle sécuritaire et répressif. Cet article propose de déplacer le regard vers la dimension éducative, en interrogeant le rôle de l’Éducation Physique et Sportive (EPS) et du sport scolaire dans la prévention de ces comportements violents. À partir d’une analyse sociologique du phénomène, il met en lumière le potentiel de l’EPS et de l’Association Sportive Scolaire (ASS) comme espaces d’apprentissage des valeurs civiques, du respect des règles et du vivre-ensemble. Enfin, il propose une stratégie intégrée reposant sur une formation renforcée des enseignants, l’intégration explicite de la prévention dans les curricula, et la coopération entre école, clubs et collectivités. Cette approche éducative vise à construire une culture sportive pacifique et durable au Maroc. « La passion peut unir… ou diviser » 1. Fnh: fnh.ma/article/actualite-economique/la-violence-dans-les-stades-revele-les-maux-de-notre-societe? 2.revuechercheur.com:www.revuechercheur.com/index.php/home/article/view/1179?utm_ 3. Médias24: medias24.com/2023/05/16/une-etude-marocaine-revele-les-facteurs-influencant-les-comportements-violents-dans-les-stades/?

Lutte contre la violence dans les stades marocains : Le rôle oublié de l’école, de l’EPS et du sport scolaire .partie 2/3 112

II. L’éducation physique scolaire : un levier éducatif sous-estimé Dans le contexte de la lutte contre la violence sportive, l’Éducation Physique et Sportive (EPS) constitue un champ d’action encore trop peu mobilisé, malgré son fort potentiel en matière de formation citoyenne. Elle ne se limite pas à l’enseignement des habiletés motrices, mais représente un espace éducatif complet, dans lequel les jeunes peuvent expérimenter des valeurs fondamentales du vivre-ensemble. L'EPS au Maroc est définie par les orientations pédagogiques de 2007 et 2009 comme une discipline visant à développer les capacités sensori-motrices, les connaissances relatives à la santé et les attitudes liées à l'esprit sportif, à la compétition loyale, à l'autonomie et à la responsabilité [2]. Cependant, l'EPS est souvent reléguée au second plan dans le système éducatif, malgré son potentiel pour inculquer des valeurs de respect des règles, de coopération et de gestion des conflits. Les caractéristiques des adolescents du cycle secondaire collégial (12 à 15 ans), telles que la recherche d'appartenance au groupe et le désir d'indépendance, rendent cette tranche d'âge particulièrement réceptive à une éducation civique par le sport [2]. A. L’EPS : un espace d’apprentissage du respect et des règles L'Éducation Physique et Sportive (EPS) offre un cadre structuré où les élèves peuvent apprendre des valeurs essentielles telles que le respect des règles, la coopération et la gestion des conflits. Ces compétences sont transférables à d'autres contextes sociaux, y compris les environnements sportifs en dehors de l'école. L’EPS est par essence une discipline de la règle : règles du jeu, respect des consignes, gestion des conflits dans des situations de coopération ou d’opposition. Ces apprentissages, souvent implicites, peuvent être mobilisés explicitement pour développer chez l’élève des compétences sociales et émotionnelles durables. Le respect des règles n’y est pas imposé, mais expérimenté, compris et intériorisé à travers la pratique. En développant une posture éducative basée sur l’écoute, la régulation non violente et la valorisation du respect mutuel, l’enseignant devient un acteur-clé dans la prévention des conduites violentes. B. Le rôle des enseignants d’EPS comme éducateurs sociaux Les enseignants d'EPS jouent un rôle crucial dans la transmission de valeurs civiques. En adoptant une posture éducative axée sur la médiation et la gestion des émotions, ils peuvent aider les élèves à développer des comportements prosociaux et à comprendre les conséquences de la violence. Malheureusement, cette fonction éducative est souvent secondaire dans la formation initiale des enseignants d’EPS au Maroc, ce qui limite leur capacité à agir pleinement dans ce sens. Des formations continues pour les enseignants et les encadrants sportifs sont nécessaires pour renforcer leurs compétences en matière de prévention de la violence. Ces formations devraient inclure des techniques de médiation, de communication non violente, et de gestion de groupe. L’enseignant d’EPS n’est pas seulement un transmetteur de savoirs techniques ; il est aussi un médiateur social. À travers la manière dont il gère la classe, organise les groupes, arbitre les conflits, il transmet un modèle de relation respectueuse et équitable. Ce rôle est essentiel dans un contexte où de nombreux jeunes n’ont que peu de repères stables en dehors de l’école. C. Le sport scolaire (ASS) comme école de la citoyenneté active L’Association Sportive Scolaire (ASS), souvent reléguée au second plan dans les établissements, représente pourtant un cadre idéal pour prolonger le travail éducatif entamé en EPS. Elle permet à l’élève de s’impliquer volontairement, de s’identifier positivement à un groupe, de vivre la compétition dans un cadre régulé et bienveillant. Contrairement aux tribunes, où la passion sportive peut être instrumentalisée à des fins d’exclusion ou de violence, l’ASS repose sur des valeurs d’engagement, d’effort, de solidarité et de respect de l’autre. C’est dans ce cadre que peut se construire une "culture sportive citoyenne", alternative à celle qui glorifie l’opposition, la provocation ou la domination. Les Associations Sportives Scolaires (ASS) permettent aux élèves de s'engager dans des activités sportives encadrées, favorisant l'esprit d'équipe, la responsabilité, et le respect des autres. Ces expériences peuvent renforcer le sentiment d'appartenance à une communauté et réduire les comportements violents en offrant des alternatives positives à l'expression de la frustration III. Pour une stratégie éducative intégrée de lutte contre la violence sportive La prévention durable de la violence dans les stades marocains ne peut se limiter aux interventions policières ou aux campagnes de sensibilisation ponctuelles. Elle nécessite une stratégie éducative transversale, ancrée dans les institutions scolaires, sportives et locales. L’école, et notamment l’EPS et le sport scolaire, doit être pensée comme le socle d’une culture sportive pacifique, construite dès le plus jeune âge. Une approche globale est nécessaire pour prévenir la violence dans les stades, impliquant : • Le ministère de l'Éducation nationale : renforcer l'EPS en tant que vecteur de valeurs civiques, former les enseignants à la gestion des conflits et à l'éducation à la citoyenneté. • Les clubs sportifs et les associations : organiser des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes et de leurs familles, promouvoir des valeurs de respect, de tolérance et de fair-play. • Les collectivités locales : développer des infrastructures sportives accessibles, en particulier dans les quartiers défavorisés, pour offrir des alternatives aux jeunes. • Les médias : diffuser des messages positifs sur le sport et le civisme, éviter la glorification de la violence. A. Intégrer la prévention de la violence dans les curricula scolaires L’EPS peut devenir un terrain privilégié d’apprentissage de la non-violence, à condition que cette finalité soit intégrée de manière explicite dans les programmes, les objectifs pédagogiques et les pratiques d’enseignement. Des séquences d’apprentissage peuvent être construites autour de thèmes comme : gérer un conflit en jeu, accepter la défaite, écouter et respecter un arbitre, coopérer dans un groupe hétérogène, etc. Au lieu de se limiter à la performance ou à la technique, l’approche pédagogique pourrait mettre l’accent sur les compétences sociales et civiques. Ces contenus doivent également être évalués et valorisés, pour éviter qu’ils soient perçus comme secondaires. Il est essentiel d'inclure des modules spécifiques sur la prévention de la violence dans les programmes scolaires, notamment en EPS. Ces modules devraient aborder des thématiques telles que la gestion des émotions, la résolution de conflits, et la promotion de la tolérance

Lutte contre la violence dans les stades marocains : Le rôle oublié de l’école, de l’EPS et du sport scolaire .partie 1/3 120

La violence dans les stades marocains est devenue, ces dernières années, un phénomène social préoccupant, affectant aussi bien les clubs amateurs que les rencontres de haut niveau. Cette violence se manifeste sous diverses formes : affrontements entre supporters, dégradations matérielles, slogans haineux, et agressions physiques. En dépit des dispositifs juridiques et sécuritaires mis en place par l'État marocain (renforcement de la législation, interdictions de stade, caméras de surveillance, interventions policières), les résultats demeurent limités. Ce constat interroge l'efficacité d'une approche strictement répressive et souligne la nécessité d'un traitement plus profond, notamment sur le plan éducatif. Dans ce contexte, l'école — et plus spécifiquement l'Éducation Physique et Sportive (EPS) ainsi que l'Association Sportive Scolaire (ASS) — émerge comme un levier stratégique encore sous-exploité. En tant que discipline axée sur le corps, le respect des règles, le vivre-ensemble et la gestion de soi, l'EPS peut jouer un rôle central dans la prévention des comportements violents. Elle permet d'inculquer dès le plus jeune âge des valeurs telles que le respect, la tolérance, la coopération et la maîtrise des émotions, indispensables à une culture sportive saine. Dès lors, une question centrale se pose : comment l'EPS et le sport scolaire peuvent-ils participer concrètement à la lutte contre la violence dans les stades marocains ? Autrement dit, l'école peut-elle être envisagée non seulement comme un espace d'instruction, mais aussi comme un acteur actif dans la formation du citoyen sportif ? Cette réflexion s'inscrit dans une approche sociologique et éducative, visant à analyser les liens entre les pratiques sportives scolaires et les comportements sociaux, dans une perspective de prévention. Problématique et Hypothèses La recrudescence de la violence dans les stades marocains soulève des inquiétudes quant à la cohésion sociale et à l'image du pays, notamment en perspective de l'organisation de la Coupe du Monde 2030. Face à ce phénomène persistant malgré les efforts sécuritaires et juridiques, cet article interroge le rôle du système éducatif, notamment à travers l'Éducation Physique et Sportive (EPS) et le sport scolaire, comme levier de prévention. Problématiques: • Comment l'éducation physique scolaire peut-elle être mobilisée pour promouvoir le civisme et prévenir la violence sportive ? • Comment le système éducatif, à travers l’EPS et le sport scolaire, peut-il contribuer à la prévention de ce phénomène en agissant sur les comportements, les valeurs et les représentations des jeunes dès l’école ? Hypotheses: 1. La violence dans les stades est le reflet de tensions sociales profondes, exacerbées par des facteurs socio-économiques et éducatifs. 2. L'éducation physique scolaire, bien que sous-estimée, possède un potentiel significatif pour inculquer des valeurs de respect, de tolérance et de vivre-ensemble. 3. Une stratégie éducative intégrée, impliquant les différents acteurs institutionnels (intégration explicite de valeurs civiques, coopératives et émotionnelles dans les apprentissages de l’EPS et dans les projets de l’Association Sportive Scolaire), constitue une stratégie éducative efficace pour prévenir la violence chez les jeunes et promouvoir une culture sportive pacifique. I. La violence dans les stades marocains : un phénomène sociétal complexe A. Formes et manifestations de la violence sportive Au Maroc, la violence dans les stades se manifeste de diverses manières : affrontements physiques entre supporters, dégradations de biens publics, insultes, et comportements agressifs envers les forces de l'ordre. Ces actes sont souvent perpétrés par de jeunes individus en quête de reconnaissance sociale, utilisant le stade comme un espace d'expression de frustrations accumulées [1]. Les formes de violence varient : comportements agressifs sans violence physique (plus de 50 % des cas), actes de vandalisme (21 %), affrontements entre supporters (15 %), agressions contre les forces de l’ordre (9 %) et intrusions sur le terrain (4 %) [1]. B. Facteurs sociologiques sous-jacents Plusieurs études ont identifié des facteurs contribuant à cette violence : • Appartenance à des groupes ultras : Ces groupes offrent un sentiment d'identité et de solidarité, mais peuvent également encourager des comportements violents pour défendre leur territoire ou leur réputation [2]. • Conditions socio-économiques : Le chômage, la pauvreté et l'exclusion sociale sont des facteurs majeurs. Les jeunes issus de milieux défavorisés peuvent voir dans la violence un moyen d'exprimer leur mécontentement [3]. • Influence des drogues : La consommation de substances psychoactives est également liée à une augmentation des comportements violents dans les stades [3]. Une étude menée entre 2019 et 2023 révèle que 686 mineurs ont été poursuivis pour des actes liés au hooliganisme, dont 113 placés en détention provisoire. Ces jeunes, majoritairement âgés de 10 à 20 ans, sont souvent issus de milieux socio-économiques modestes et présentent un faible niveau d'éducation [1]. Les causes identifiées incluent la mauvaise gestion des clubs, le manque d’infrastructures sportives adaptées, le chômage, l’absence d’activités de loisirs accessibles et la consommation de drogues [1]. C. Dispositifs juridiques et sécuritaires déployés au Maroc Le Maroc a mis en place plusieurs mesures pour lutter contre la violence dans les stades : • Renforcement de la législation : Des lois spécifiques ont été adoptées pour sanctionner les actes de violence liés au sport. • Mesures sécuritaires : Installation de caméras de surveillance, augmentation de la présence policière et interdictions de stade pour les individus violents. Cependant, ces approches répressives ont montré leurs limites. Elles ne s'attaquent pas aux causes profondes du problème et peuvent parfois exacerber le sentiment d'exclusion chez les jeunes [1]