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La richesse archéologique incommensurable du Maroc et la réécriture de l'histoire... 1742

Le Maroc vient de décider de se doter d’un nouveau musée de l’archéologie et il voit grand ; Ce sera le plus grand du genre en Afrique, d'une superficie de 25000m2. C’est à la fois énorme et flatteur. Certains vont parler de démesure ou n’en verront pas simplement l’utilité. A cela il faut vite rétorquer: détrompez-vous. Si le Maroc a toujours été considéré comme très intéressant au plan archéologique, cet intérêt n’a jamais été aussi grand sinon depuis les dernières trouvailles: celle du plus ancien fossile d’homo sapiens à Jbel Ighoud, non loin de Safi; celles des plus anciens actes et soins chirurgicaux à Tafoghalt, proche de Berkane; celles des vestiges de l’âge du bronze tout récemment mise à l’évidence du côté de Wad Laou, sur le site préhistorique dit KachKouch, pas loin de Tétouan ; celles de la nécropole au sud de Tagounite du côté de Zagora ; celles des parures datées entre 142 et 150 mille ans, mises à nues dans la grotte Bizmoune du côté d’Essaouira ; Celles de l’exploitation agricole de 12 ha du côté de Oued Beht, une dimension jamais connue en Afrique du nord, datant de la fin du Néolithique, témoignant d'une grande richesse et d'un savoir-faire très évolué. La liste est extrêmement longue. Penser maladroitement que les recherches et les fouilles archéologiques soient un luxe ou l’affaire de quelques experts pour leur plaisir est absolument erroné. L'importance de la recherche archéologique pour l'écriture de l'histoire n’est point discutable. Elle est fondamentale. Les vestiges et traces du passé permettent de compléter, de corriger et ou de confirmer les récits historiques. Les fossiles, les structures, les artefacts découverts sur les sites archéologiques sont autant de témoignages tangibles, offrant une vision objective et nuancée des civilisations disparues notamment quand elles n’ont pas laissé de traces écrites. L’archéologie renseignent sur les modes de vies, sur la culture, sur les croyances et les interactions humaines, sur les techniques utilisées et le degré d’évolution des civilisations disparues. Elle est essentielle pour préserver et s'approprier le patrimoine national et partant celui de l’humanité. Elle permet de jalonner l’évolution humaine et permet d’expliquer ce que nous sommes aujourd’hui. La transmission des connaissances étant capitale, la recherche archéologique permet de mettre à la disposition des générations que nous sommes et celles futures, des indices indiscutables de fierté et d’identité. Elle est ainsi incontournable pour l’écriture et la réécriture de l’histoire, qu’elle nettoie des biais que certains historiens peuvent y avoir insérés çà et là par méconnaissance ou manque d’évidence et ceux que des idéologues pour des raisons plus ou moins louables, peuvent y avoir volontairement introduits comme orientations ou aspects fallacieux. Les trouvailles au Maroc remettent justement en cause ce que des générations successives ont appris de leur histoire et de leur origine. S’il est prouvé que Le rôle des populations locales dans les échanges et dans la construction de la civilisation méditerranéenne était fort important, on continu hélas à colporter une histoire biaisée ignorant justement ces apports et évidences archéologiques, aujourd’hui prouvés sans ambiguïté. Depuis 1985, le Maroc s’est doté d’un Institut National des Sciences de l’archéologie et du Patrimoine (INSAP). Et ce n’est ni pour rien ni par hasard que la recherche archéologique est ici étroitement liée au patrimoine. Qui dit patrimoine dit preuves tangibles quand il s’agit de patrimoine matériel et preuves transmissibles, s'il s’agit de patrimoine immatériel. Il se trouve que le Maroc est immensément riche des deux. Ce ne sont pas les chercheurs de l'INSAP qui vont contredire les propos ici développés ou encore Ibn Khaldoun que nous vénérons sans pour autant en respecter la doctrine. Il est aujourd’hui fondamental de revisiter le narratif qui lie l’origine des populations marocaines à une quelconque migration venue d’ailleurs et encore moins de l’est du pays ; comme il est temps de mettre l’accent sur l’évolution de ces populations et leurs apports indéniables à la civilisation méditerranéenne et donc du monde. Les populations d’ici n’ont pas subi les civilisations de la région, ils y ont contribué amplement et largement et cela doit être enseigné dans nos écoles. Faire fi de cette vérité crée des carences notamment de perception identitaire. Les nations ont besoin de référentiel historique pour s'épanouir. Certains se le construisent à partir de rien, alors qu’au Maroc il est là et s’impose à l'évidence. Ce sont des vérités on ne peut plus limpides. Elles doivent constituer la base de notre référentiel identitaire. Les problèmes dont souffre une certaine frange de la population notamment les jeunes en quête d’identité et qui hélas aujourd’hui sont happés par des idéologies importées pouvant embrasser un extrémisme dangereux; ne peuvent trouver de solutions que par la mise en œuvre d’un travail de réécriture de l’histoire de façon objective, basée sur les faits et les preuves historiques, des plus lointaines au plus proches. Les jeunes, à l’adolescence et au début de l’âge adulte notamment, se posent des questions profondes sur ce qui ils sont, ce qu’ils veulent devenir et quelle place ils occupent dans le monde. Ce questionnement, s’il est influencé par nombreux facteurs dont bien évidemment la famille, la culture, les amis, les expériences personnelles et l’environnement social, il est aussi impacté de façon incontournable par l’histoire du pays. Plus cette histoire est lointaine dans le temps, plus elle est motif de fierté et de sérénité. Dans ce monde en constante évolution, où les réseaux sociaux et les pressions de tous genres jouent un rôle conséquent, cette quête d’identité peut être complexe et parfois source d’angoisse. Le désarroi peut aiguillonner vers un réconfort d'ailleurs. Certains peuvent aller jusqu’à penser remonter un temps imaginaire et se construire un monde romanesque, édulcoré par des idéologues servant des causes évidemment invraisemblables. L’investissement dans un musée d’archéologie aussi important est donc venu à temps combler un déficit culturel extrêmement sérieux, réunissant en un lieu accueillant, de dimension respectable, des tas de preuves de la richesse de l’histoire du Maroc. Les historiens eux, devraient se saisir de la question identitaire pour justement pallier les insuffisances et éliminer les biais; Certains s’y sont déjà mis ardemment de façon individuelle et militante. Il faut cependant impérativement que les institutions se saisissent vigoureusement de la question. L’Education Nationale en premier, se doit de prendre la mesure de l’importance de la révision des cursus et contenus des cours d’histoire enseignés dans nos écoles; sans omettre de former un nombre conséquent de spécialistes pour améliorer la recherche dans un domaine aussi cardinal.
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Ahmed Faras: The Eternal Legend of Moroccan Football 199

I have been fortunate enough to know Ahmed Faras. It is unbearable for me to speak of him in the past tense, someone who has been part of my life for so long. It had been ages since he last touched a ball. Few are still alive who saw him play, those who, match after match, would await his dribble, his runs down the wing, his shot, his goal. Faras was an outstanding man, with an incredible shyness and reserve. Even when present somewhere, he was always on the sidelines: discreet, courteous, kind, with deep sensitivity, affection, and great touchiness. But Faras will always be part of the present. He is a true legend of Moroccan and African football; legends never die. Fedala saw him born in the cold of December 1947. Mohammedia would be his city and Chabab his eternal club. At the time, there was no such thing as a transfer market, no migrations, no football mercenary spirit. You were born in a club, learned to play there, and you stayed. His temperament was not that of a typical striker: there was no aggressiveness, no cunning. He compensated with his genius and never needed to dive or roll on the ground to sway a referee or create confusion. His genius spared him all that. He was an exceptional striker who marked the history of Moroccan and continental football. The turf at El Bachir football stadium helped him, at that time, it was the best in Morocco. Ahmed Faras was the product of a generation shaped by the structured environment of the youth sports schools run by the Ministry of Youth and Sports, a system supposedly dismantled by so-called administrative and political reforms. Yet, it was there that Morocco's champions were formed, across all sports. His early path was marked by the guidance of renowned trainers such as Lakhmiri, who helped shape numerous Moroccan talents. This solid foundation allowed him to develop technical skills and a sense of teamwork very early on, which would become hallmarks of his play. Ahmed Faras spent his entire career at Chabab Mohammedia, from 1965 to 1982, never having a professional contract—such things didn’t exist in Morocco then. There’s no need to mention signing bonuses or performance awards, even with the national team. His loyalty to Chabab is remarkable. He would lead the club to a Moroccan championship and become its top scorer. He would bring along with him his playing friends—Acila, Glaoua, Haddadi, and many more. Faras was a pillar of the Moroccan national team. With 36 goals in 94 caps, what a historic scorer for the Atlas Lions! He captained the national team for eight years, playing in the 1970 World Cup in Mexico and the 1972 Munich Olympic Games. In 1975, Ahmed Faras entered the legend by becoming the first Moroccan to win the African Ballon d’Or, an award that underlined the quality and consistency of his play. This distinction placed him among the greatest players on the continent, competing with the top African stars of his era. There was talk of a transfer to Real Madrid...but at the time Moroccan league players were barred from moving abroad under penalty of losing their place in the national team. The idea was, thus, to strengthen the domestic league... The peak of his career was surely the 1976 Africa Cup of Nations (CAN), won by Morocco in Ethiopia. Faras was the leader on the pitch, the tournament’s top scorer, and his influence was decisive for this historic triumph—the only major African title that Morocco has ever won. He scored crucial goals against Nigeria and Egypt in that tournament, perfectly embodying the role of playmaker and team leader on the field. To this day, he remains the only Moroccan captain ever to lift the coveted African trophy. I have been a few times to that ground in Addis Ababa where he lifted the trophy, and every time, his image dominates my thoughts. An indelible black-and-white, forever etched in the history of the Kingdom and in the memory of Moroccans who followed the match at the time through the voice of one Ahmed Elgharbi...no live broadcasts back then. He was a respected and heeded captain, guided by great coaches: Abdelkader Lakhmiri, Blagoe Vidinic, Abdellah Settati, Jabrane, and especially Gheorghe Mardarescu during that epic campaign in the land of Emperor Haile Selassie. His charisma and vision of the game were crucial in unifying the team and leading them to the summit of African football. Faras embodied the spirit of conquest and national pride throughout the tournament. The squad was selected and led by an outstanding manager as well Colonel Mehdi Belmejdoub. His name is forever bound to that legendary achievement, a symbol of the potential of Moroccan football when guided by exemplary leadership, committed and knowledgeable managers, and players who were true warriors for their jersey’s colors. Ahmed Faras was not just a talented player. After his retirement, he continued to share his passion, getting involved in youth training, passing on his knowledge and love for the game to the new generation. He has been a source of inspiration for so many generations of players. Knowing Lhaj Ahmed Faras meant knowing a symbol of loyalty, talent, and unique leadership in Moroccan sports. His name will forever remain inscribed in collective memory as that of a football giant, whose legacy goes beyond sport to inspire entire generations. Rest in peace, my friend. One day, a great football stadium in this country will bear your name, and it will be fitting, if the players follow your example, honor your career, and if the public rises to your greatness, paying tribute to your distinguished name. So Lhaj Ahmed Faras, if you ever meet Acila up there, ask him to give you another nice pass, and tell Glaoua to defend well... Know that your star shines and will always shine above us in the sky of the beautiful country you cherished so much. ---