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Marcher pieds nus : l’urgence d’un réveil politique au Maroc... 743


Marcher pieds nus : l’urgence d’un réveil politique au Maroc...

Le contexte marocain actuel est d’une intensité particulière, mais pas exceptionnelle. Le Maroc en a connu d'autres. Les manifestations qui secouent plusieurs villes du Royaume, portées notamment par le collectif **GenZ 212**, ne sont pas un simple mouvement d’humeur. Elles traduisent une **colère sociale profonde**, multiforme et longtemps contenue. Inspirées sans doute par les mobilisations de jeunesse observées ailleurs, ces protestations s’enracinent dans une réalité bien marocaine : celle d’un peuple jeune, connecté, éduqué, mais désenchanté face à un système qu'il pense ne répondre plus à ses attentes. Il exprime une colère multiple et légitime sans doute aucun, au nom de toutes les générations. Les revendications s’articulent autour de thèmes récurrents mais désormais explosifs: la **lutte contre la corruption**, la **dégradation de certains services publics du quotidien: école, santé**, la **crise du chômage des jeunes diplômés**, et les **inégalités sociales** qui se creusent dangereusement. À cela s’ajoute une critique frontale des **priorités économiques du gouvernement**. Cette jeunesse, qui ne se reconnaît plus dans les discours officiels, exprime une exigence nouvelle : celle d’un **État plus juste, plus transparent, plus proche**. Elle réclame de la cohérence entre la parole politique et l’action publique. Ce n’est pas une génération dépolitisée, comme certains voudraient le croire, mais une génération qui rejette les faux-semblants et les réponses technocratiques. Elle découvre la pratique de la politique par internet sans forcément y penser. Elle parle le langage du quotidien : celui du prix du poulet, des soins, du transport, et non celui des taux d’inflation ou des indices macroéconomiques. Elle s'exprime en click, en"avatars", "emojis" ou "stickers". Elle écrit Darija en lettres latines et chiffres. Elle s'informe vite, répond instantanément et succinctement. Elle n'aime pas les discours longs qu'elle trouve fastidieux. Elle vit dans un monde globalisé mais revendique sa spécificité marocaine et en est fière. Quand un citoyen se plaint du **prix des tomates**, ce n’est pas une courbe d’indicateur ou une note du FMI qui va le rassurer. Il parle en dirhams, pas en pourcentages. Alors que faut il sinon que les décideurs se mettent à marcher de temps en temps pieds nus. Marcher pieds nus c'est le retour à la réalité. C'est ressentir le pays. Dans ce climat de tension, la **métaphore de feu Hassan II** qui invitait les architectes à «marcher pieds nus pour ressentir le pays» prend une résonance saisissante. Jadis prononcée pour rappeler l’importance de comprendre l’âme du Maroc avant de construire, elle devient aujourd’hui un **impératif politique**. Marcher pieds nus, c’est **descendre de son piédestal**, quitter les bureaux climatisés, abandonner les powerpoints et les slogans pour **écouter le terrain**. C’est accepter de sentir la poussière des routes rurales, d’entendre les cris des hôpitaux saturés, de partager le désarroi des enseignants, ou la solitude des jeunes sans emploi. Ils doivent comprendre ce que veut dire le **Maroc à deux vitesses**, dénoncé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI lui-même. Une partie du pays vit dans la modernité, connectée, optimiste, visible dans les projets d’infrastructures et les forums internationaux. L’autre, majoritaire, se débat dans la précarité ou l'angoisse de la pauvreté, l’oubli, l’injustice. Entre les deux, le fossé se creuse. Et c’est précisément ce fossé que les manifestations actuelles mettent à nu. Voilà quelques années naissait l'espoir d'un nouveau modèle de développement, demandé par Sa Majesté le Roi lui même. Qu'en est il aujourd'hui. Il est où se modèle et ses recommandations? Le **Nouveau Modèle de Développement (NMD)**, tant vanté lors de son lancement, semble aujourd’hui s’être perdu dans les méandres de la bureaucratie et de la communication. Ses ambitions étaient grandes : réduire les inégalités, renforcer la cohésion sociale, encourager l’initiative. Mais sur le terrain, les Marocains n’en voient guère les fruits. Il a tout simplement été oublié. L’impression qui domine est celle d’un **décalage croissant entre les promesses et la réalité**, entre les discours triomphalistes et la vie quotidienne des citoyens. Ce désenchantement n’est pas qu’économique, il est aussi moral : c’est la confiance qui s’effrite, la parole publique qui perd son sens. La jeunesse a de tout temps été la boussole morale des peuples. Elle dit haut ce que les autres pensent tout bas. La **mobilisation de la jeunesse** agit comme un électrochoc salutaire. Le mouvement n’est pas monolithique : il réunit des étudiants, des chômeurs, des jeunes actifs, des artistes, des enseignants. Mais tous partagent un sentiment commun: celui d’avoir été **mis à l’écart** d’un système politique et économique qui ne leur offre plus de perspectives. Cette jeunesse n’attaque pas son pays, elle veut le sauver d’une dérive qui le menace. Elle réclame **justice sociale, dignité, et respect**. Elle ne veut pas seulement qu’on parle d’elle, mais qu’on parle avec elle. C’est un **appel à la refondation du lien social et politique**, à une écoute véritable et non feinte. La plus grande erreur que pourraient commettre les responsables serait de **sous-estimer cette colère**, ou pire, de la mépriser. Dans un monde où les frustrations s’expriment en ligne avant de descendre dans la rue, ignorer la voix des jeunes, c’est préparer les conditions d’une crise plus grave. L'urgence est de retrouver l’esprit de ce pays millénaire. Marcher pieds nus, aujourd’hui, c’est **revenir à l’essentiel** : * aller dans les écoles de villages où les enfants manquent de tout, * visiter les hôpitaux où certains médecins font des miracles avec rien mais où d'autres sont absents ou se reposent après avoir intervenu ailleurs, * écouter les mères qui nourrissent difficilement leurs familles, * comprendre les jeunes qui refusent de vivre dans l’attente d’un miracle administratif. Un pays ne se gouverne pas à coups de slides PowerPoint, de rapports commandés à des cabinets étrangers, ni de promesses formatées pour les réseaux sociaux. Il se dirige **avec la conscience du réel, le sens du peuple, et la volonté de corriger ce qui blesse**. Le Maroc a souvent prouvé sa capacité à surmonter les crises en se réinventant. Aujourd’hui encore, il a les ressources humaines, culturelles et institutionnelles pour le faire. Mais cela suppose un **changement de regard**, une **réconciliation avec la vérité du terrain**, et une **humilité politique retrouvée**. Marcher pieds nus, c’est renouer avec le Maroc profond, celui qui souffre, mais aussi celui qui espère. Marcher pieds nus c'est aussi dire aux citoyens ses quatre vérités quand il faute, quand il est lui même la cause de son malheur. Marcher pieds nus c'est pousser les jeunes au travail et à l'innovation. C’est à cette condition seulement que la paix sociale, la cohésion nationale et l’avenir du pays pourront être garantis.

Marcher pieds nus : l’urgence d’un réveil politique au Maroc...

Le contexte marocain actuel est d’une intensité particulière. Les manifestations qui secouent plusieurs villes du Royaume, portées notamment par le collectif **GenZ 212**, ne sont pas un simple mouvement d’humeur. Elles traduisent une **colère sociale profonde**, multiforme et longtemps contenue. Inspirées sans doute par les mobilisations de jeunesse observées ailleurs, ces protestations s’enracinent dans une réalité bien marocaine : celle d’un peuple jeune, connecté, éduqué, mais désenchanté face à un système qui ne répond plus à ses attentes. Il exprime une colère multiple et légitime sans doute aucun, au nom de toutes les générations. Les revendications s’articulent autour de thèmes récurrents mais désormais explosifs : la **lutte contre la corruption**, la **dégradation de certains services publics du quotidien: école, santé**, la **crise du chômage des jeunes diplômés**, et les **inégalités sociales** qui se creusent dangereusement. À cela s’ajoute une critique frontale des **priorités économiques du gouvernement**. Cette jeunesse, qui ne se reconnaît plus dans les discours officiels, exprime une exigence nouvelle : celle d’un **État plus juste, plus transparent, plus proche**. Elle réclame de la cohérence entre la parole politique et l’action publique. Ce n’est pas une génération dépolitisée, comme certains voudraient le croire, mais une génération qui rejette les faux-semblants et les réponses technocratiques. Elle parle le langage du quotidien : celui du prix du poulet, des soins, du transport, et non celui des taux d’inflation ou des indices macroéconomiques. Quand un citoyen se plaint du **prix des tomates**, ce n’est pas une courbe d’indicateur ou une note du FMI qui va le rassurer. Il parle en dirhams, pas en pourcentages. Alors que faut il sinon que les décideurs se mettent à marcher de temps en temps pieds nus. Marcher pieds nus c'est le retour à la réalité. Dans ce climat de tension, la **métaphore de feu Hassan II** qui invitait les architectes à « marcher pieds nus pour ressentir le pays » prend une résonance saisissante. Jadis prononcée pour rappeler l’importance de comprendre l’âme du Maroc avant de construire, elle devient aujourd’hui un **impératif politique**. Marcher pieds nus, c’est **descendre de son piédestal**, quitter les bureaux climatisés, abandonner les powerpoints et les slogans pour **écouter le terrain**. C’est accepter de sentir la poussière des routes rurales, d’entendre les cris des hôpitaux saturés, de partager le désarroi des enseignants, ou la solitude des jeunes sans emploi. Ils doivent comprendre ce que veut dire le **Maroc à deux vitesses**, comme l’a dénoncé Sa Majesté le Roi Mohammed VI lui-même. Une partie du pays vit dans la modernité, connectée, optimiste, visible dans les projets d’infrastructures et les forums internationaux. L’autre, majoritaire, se débat dans la précarité et l'angoisse de la pauvreté, l’oubli, l’injustice. Entre les deux, le fossé se creuse. Et c’est précisément ce fossé que les manifestations actuelles mettent à nu. Voilà quelques années naissait l'espoir d'un nouveau modèle de développement, demandé par Sa Majesté le Roi lui même. Qu'en est il aujourd'hui. Il est où se modèle et ses recommandations? Le **Nouveau Modèle de Développement (NMD)**, tant vanté lors de son lancement, semble aujourd’hui s’être perdu dans les méandres de la bureaucratie et de la communication. Ses ambitions étaient grandes : réduire les inégalités, renforcer la cohésion sociale, encourager l’initiative. Mais sur le terrain, les Marocains n’en voient guère les fruits. Il a tout simplement été oublié. L’impression qui domine est celle d’un **décalage croissant entre les promesses et la réalité**, entre les discours triomphalistes et la vie quotidienne des citoyens. Ce désenchantement n’est pas qu’économique, il est aussi moral : c’est la confiance qui s’effrite, la parole publique qui perd son sens. La jeunesse a de tout temps été la boussole morale des peuples. Elle dit haut ce que les autres pensent tout bas. La **mobilisation de la jeunesse** agit comme un électrochoc salutaire. Le mouvement n’est pas monolithique : il réunit des étudiants, des chômeurs, des jeunes actifs, des artistes, des enseignants. Mais tous partagent un sentiment commun : celui d’avoir été **mis à l’écart** d’un système politique et économique qui ne leur offre plus de perspectives. Cette jeunesse n’attaque pas son pays, elle veut le sauver d’une dérive qui le menace. Elle réclame **justice sociale, dignité, et respect**. Elle ne veut pas seulement qu’on parle d’elle, mais qu’on parle avec elle. C’est un **appel à la refondation du lien social et politique**, à une écoute véritable et non feinte. Car la plus grande erreur que pourraient commettre les responsables serait de **sous-estimer cette colère**, ou pire, de la mépriser. Dans un monde où les frustrations s’expriment en ligne avant de descendre dans la rue, ignorer la voix des jeunes, c’est préparer les conditions d’une crise plus grave. L'urgence est de retrouver l’esprit de ce pays millénaire. Marcher pieds nus, aujourd’hui, c’est **revenir à l’essentiel** : * aller dans les écoles de villages où les enfants manquent de tout, * visiter les hôpitaux où certains médecins font des miracles avec rien mais où d'autres sont absents ou se reposent après avoir intervenu ailleurs, * écouter les mères qui nourrissent difficilement leurs familles, * comprendre les jeunes qui refusent de vivre dans l’attente d’un miracle administratif. Un pays ne se gouverne pas à coups de slides PowerPoint, de rapports commandés à des cabinets étrangers, ni de promesses formatées pour les réseaux sociaux. Il se dirige **avec la conscience du réel, le sens du peuple, et la volonté de corriger ce qui blesse**. Le Maroc a souvent prouvé sa capacité à surmonter les crises en se réinventant. Aujourd’hui encore, il a les ressources humaines, culturelles et institutionnelles pour le faire. Mais cela suppose un **changement de regard**, une **réconciliation avec la vérité du terrain**, et une **humilité politique retrouvée**. Marcher pieds nus, c’est renouer avec le Maroc profond, celui qui souffre, mais aussi celui qui espère. Marcher pieds nus c'est aussi dire aux citoyens ses quatre vérités quand il faute, quand il est lui même la cause de son malheur. Marcher pieds nus c'est pousser les jeunes au travail et à l'innovation. C’est à cette condition seulement que la paix sociale, la cohésion nationale et l’avenir du pays pourront être garantis.