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Une fois n'est pas coutume, proposition d'un Conseil National du Sport par le PJD... 1697

Une fois n'est pas coutume, le billet de ce dimanche 6 avril 2025 traite du sport. Je n'aime pas trop en parler. C'est paradoxal mais c'est ainsi. Plus d'un sont persuadés qu'il est très difficile de faire bouger les choses, tant la médiocrité est enracinée, les bonnes volontés chahutées, les compétences indésirables, le dévouement n'ayant pas droit de cité et l'honnêteté perçue comme douteuse. L'occasion ici m'est donnée par deux partis politiques, car une fois n'est pas coutume, en l'espace d'une semaine, les deux partis – le PJD et le FFD – se sont intéressés au sport. J'ai trouvé cela très intéressant, car habituellement les partis ne traitent du sujet qu'à la suite de résultats jugés inacceptables. Alors, succombant à l'émotion, ils en profitent pour interpeller le gouvernement et, pendant quelque temps, montent au créneau, malmenant le ministre responsable et incriminant les fédérations. Ce fut le cas tout dernièrement suite aux résultats décevants aux JO de Paris. Ensuite, silence radio. Lors de la préparation des programmes de campagnes électorales, certains, plutôt rares, vont mentionner le sport dans de simples narratifs généralement vides de sens ; histoire de dire que c'est important, sans préciser ni pourquoi ni comment ils comptent l'aborder une fois au parlement ou au gouvernement. Cela se traduit très vite par un manque de vision dans les déclarations d'investiture des premiers ministres, puis maintenant des chefs de gouvernement. On se contente de quelques phrases puisées çà ou là pour dire que le sport n'est pas oublié. De mémoire, je puis citer tout de même quelques exceptions qui confirment la règle. L'Ittihad Addoustouri, dans son programme à sa création, avait réservé un bon chapitre au sport. J'avais amplement contribué à cela. L'USFP, à l'aune des dernières élections, m'avait aussi convié à une réflexion ayant servi de base au programme du parti. Je me rappelle aussi avoir participé à un travail similaire, il y a longtemps, avec l'Istiqlal sous l'impulsion de Si Belmahi, vaillant président de la FRM de cyclisme. Cette fois-ci, c'est le PJD qui monte au créneau en déposant, selon la presse, un projet de loi portant sur la création d'un Conseil National des sports en lieu et place du département responsable aujourd'hui, à savoir la minuscule direction des sports en queue de responsabilité du Ministère de l'éducation nationale, du préscolaire et du sport. L'architecture du Gouvernement de Si Akhanouch et sa version revisitée continue d'étonner, réduisant le sport à une simple direction sans relief parmi les prérogatives d'un ministère enlisé dans des réformes à n'en plus finir, sans pour autant que l'on perçoive le bout du tunnel. Depuis l'indépendance, l'éducation nationale est en perpétuelle réforme. La dernière en date remonte tout fraîchement à la semaine dernière. Gageons que ce n'est pas la dernière. Depuis ce rattachement, les deux derniers ministres en responsabilité paraissent ne pas avoir eu de temps pour le sport. Le PJD donc est venu audacieusement avec ce projet, qui en fait n'est pas nouveau. Les premières assises du sport au début des années soixante l'avaient déjà évoqué. Depuis, le sport a connu au moins 14 ou 15 soubresauts, passant de département indépendant au rattachement à la jeunesse, à l'éducation nationale, en passant par un secrétariat rattaché au premier ministre. Il fut même rattaché au travail, du temps de feu Arsalane El Jadidi. Vaille que vaille, le sport fera son petit bonhomme de chemin avec plus ou moins de réussites, mais surtout des échecs répétitifs. La seule fois où il a connu un peu de stabilité fut du temps de feu Abdellatif Semlali, qui détient toujours le record de longévité comme responsable du sport. Son mandat comme secrétaire d'État puis comme ministre dura onze bonnes années. On parlait alors de décollage sportif. Ce fut une période relativement heureuse qui vit une restructuration du champ sportif avec notamment le parrainage, le second tour en Coupe du monde, la création de l'école nationale d'athlétisme, les premières médailles olympiques et un regain de jouvence dans plus d'une discipline sportive. Le PJD, qui a dirigé le gouvernement, ne s'est-il pas rendu compte du malaise que vit le sport pendant ses dix années de gloire ? Tant mieux qu'il le fasse maintenant. Passer à une administration de mission et une gestion qui échappe au temps politique est une nécessité. C'est une revendication évidente portée par de nombreux spécialistes depuis très longtemps, sans que le monde politique ne lui donne suite. Le temps sportif est plus long que le temps politique. Préparer des sportifs de haut niveau demande 7 à 8 années de travail continu et linéaire. La performance sportive nécessite du temps et de la stabilité. Le nombre de ministres en charge du sport, qui se sont succédés en un laps de temps réduit, montre combien nous avons besoin ici de durabilité et que c'est là l'une des tares, mais pas la seule. Par ignorance de cet historique, certains disent déjà que le projet s'inspire de ce qui s'est passé en France avec la création d'une agence pour s'occuper du sport. C'est donc archi faux. La revendication au Maroc est bien plus ancienne. Voilà une quarantaine d'années qu'il en est question. Déjà du temps du gouvernement Driss Jettou, cela était sur la table mais n'a pas abouti pour moult raisons, notamment à cause d'une certaine résistance qui ne veut pas, à aujourd'hui, que ce secteur extrêmement porteur sorte de la sphère politique. Le sport national ne peut que remercier le PJD pour cette audace, même si elle n'a pas beaucoup de chance d'aboutir, vu comment se passent les choses au parlement actuel. Le PJD étant largement minoritaire et sans réel appui de ses coéquipiers dans l'opposition. Il aura quand même réussi à poser le débat dans le bon sens. Les partisans de Si Benkirane font référence à juste titre à la lettre royale de 2008. Ils citent cependant la loi 30.09 sans dire pour autant que celle-ci a été catastrophique pour le sport national. Cela pourrait faire l'objet d'un prochain billet. Le second parti ayant soulevé la question du sport l'a fait tout fraîchement hier. Il s'agit du Front des Forces Démocratiques. Le parti, sous la houlette de Si Mustapha Benali, a remis au goût du jour la discussion des politiques publiques en sport, avec un panel extrêmement large et varié de spécialistes et de dirigeants et en présence de représentants de partis politiques de la même mouvance. Les débats ont été d'une très bonne facture avec un consensus très large autour de solutions qui paraissent évidentes et l'étonnement de ne pas les voir prises en compte. Ce genre de débats est autant nécessaire qu'urgent. Le Maroc, qui fait du sport et du football tout particulièrement un accélérateur de développement, ne peut plus attendre, sinon au prix de voir ses efforts colossaux gaspillés et donc dangereux pour son futur proche et lointain.
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Moroccan Policy in Africa: An Engaged and Unifying Dynamic 335

Under the reign of His Majesty King Mohammed VI, Morocco pursues a proactive and inclusive African policy aimed at strengthening its economic, political, social, and cultural ties with the continent. This strategy favors pragmatic bilateralism, promoting African economic integration, south-south cooperation, and strategic partnerships. Agreements have been signed with over 40 African countries. Morocco’s return to the African Union in 2017 marked a major turning point in this strategy and became a true accelerator. The Kingdom is also interested in the African Continental Free Trade Area (AfCFTA) as a growth driver. Among key projects in this perspective is the Nigeria-Morocco gas pipeline, stretching 5,600 km. It will connect West Africa to North Africa and transport around 30 billion cubic meters of natural gas per year. It will improve energy access for no less than 400 million people across 13 countries. This project fits within Morocco's energy transition strategy. Estimated at more than 25 billion dollars, it heralds major benefits for energy security and regional development through complementarity. Morocco is also strongly committed to education and skills training, offering nearly 15,000 scholarships annually to students from 49 countries. About 20,000 African students are welcomed each year in fields such as engineering, medicine, finance, and social sciences, thanks to the Moroccan Agency for International Cooperation (AMCI). This ambitious program aims to train a new generation of leaders and strengthens scientific and cultural exchanges. The Moroccan economy is well established in Africa, with over 1,000 companies active in banking, real estate, telecommunications, agriculture, and infrastructure sectors. Attijariwafa Bank, BMCE Bank of Africa, and Groupe Banque Populaire operate in more than 26 countries, generating hundreds of millions of dirhams in Sub-Saharan Africa. These institutions, with 45 subsidiaries and 4 branches, realize about 23% of their turnover on the continent, facilitating project financing and regional financial integration. Wafa Assurance and the Saham Group also strengthen this presence in numerous countries. The Moroccan health system, known for its modern infrastructure and skilled personnel, attracts thousands of Africans annually for various treatments, reinforcing human ties. Morocco also develops projects in sustainable agriculture, renewable energy, vocational training, and infrastructure, supported by the Mohammed VI Foundation for Sustainable Development. More than 60% of Moroccan foreign direct investment (FDI) targets Africa. Morocco’s trade with Africa remains modest compared to its total foreign trade: around 7 to 8%. However, this margin for growth is very large and promising. Trade volumes have significantly increased. In 2023, total trade volume between Morocco and African countries reached 52.7 billion dirhams, representing a 45% rise compared to 36 billion dirhams in 2013, with an average annual growth of about 10%. Maroc Telecom, active in 10 countries, serves approximately 54 million customers, contributing to digital integration. Groups such as Ynna Holding, Alliances, and Addoha lead major projects in several countries, notably housing and hospital construction. In agriculture, OCP Africa operates in 18 countries, training over 1.5 million farmers and providing fertilizers tailored to local soils and farming types. Its Agribooster program facilitates access to inputs, financing, and markets, boosting productivity and food security. OCP also invests in fertilizer blending and storage units across several countries and collaborates on innovative projects with USAID and the World Bank, including green ammonia production. SOMAGEC, a major Moroccan port operator, carries out projects in Equatorial Guinea, Senegal, Mauritania, Benin, and Djibouti, employing thousands. Africa Motors, a subsidiary of Auto Hall, develops automotive production and distribution in partnership with Dongfeng for several African markets. Sport is also a cooperation lever: the Royal Moroccan Football Federation has signed more than 43 partnerships with African federations. Through its companies and projects, Morocco consolidates its key role in African development, based on solidarity, economic integration, and shared prosperity, eliciting both jealousy and recognition. Moroccan cooperation in Africa is a strategic pillar built on sharing expertise, economic development, and strengthening cultural ties. Thanks to its geographic and historic positioning, Morocco plays a major role in regional integration, supporting infrastructure, training, and innovation projects. This cooperation is characterized by a lasting commitment to promote peace, security, and sustainable development across Africa. The proposed opening-up of the Sahel countries through the future port of Dakhla will undoubtedly accelerate this integration for the benefit of hundreds of millions of Africans. The idea to build ports like Dakhla relies heavily on Morocco’s strategic geography. This is evident on the map: Morocco has a coastline of over 3,500 km, facing Europe, West Africa, and the Americas. Dakhla, in particular, lies halfway between Europe and Sub-Saharan Africa, making it a natural maritime waypoint. Morocco’s Atlantic coast is on the route linking the Mediterranean (via Gibraltar) to West Africa and the Americas, capturing a portion of global logistic flows. Morocco is less than 15 km from Europe at Gibraltar and simultaneously connected to West Africa. The port of Dakhla fits this logic: serving as a logistical and industrial hub between the two continents. The Dakhla area offers favorable natural conditions: deep waters and low swell, allowing the construction of a port capable of accommodating large ships, a rarity on the West African coast. With the Continental Free Trade Area, a port like Dakhla will allow Morocco to be an entry point for commercial flows to West Africa and beyond to Mali, Niger, Senegal, Côte d’Ivoire, and more. Morocco has understood this, as have its African partners. The future will be bright, hand in hand.