Think Forward.

La lettre de la GenZ212 : une quête de reconnaissance et de protection royale. 995

Loin de moi l'idée de donner écho à la soi-disant lettre adressée par un collectif se disant représenter la GenZ212, mais il est nécessaire de reconnaître que celle-ci mérite une lecture critique et une analyse permettant d’en comprendre le contenu, tant explicite qu’implicite. **Au plan psychologique**, le recours à "l’expression d’un besoin de reconnaissance" est manifeste : le fait même d’écrire directement à Sa Majesté le Roi traduit une recherche de validation symbolique. Les auteurs cherchent en effet à se sentir entendus et à exister dans l’espace public. Le recours à un **langage de frustration** dans leurs doléances exprime une charge émotionnelle, mêlant désillusion face aux difficultés économiques, sociales et identitaires, et aspiration à un avenir meilleur. La lettre révèle une **tension entre idéal et réalité**, illustrant un clivage psychologique typique de cette génération : un haut niveau d’ambition et d’exigence, mais aussi une fragilité et un sentiment d’impuissance face aux blocages structurels. On peut y voir une *projection sur la figure paternelle* : Sa Majesté le Roi est perçu comme l’arbitre ultime, le recours suprême, témoignant d’une demande implicite de protection et de réparation, que les institutions intermédiaires n’ont pas su apporter. **Au plan sociologique**, il s’agit d’une génération en quête d’**identité collective** : le nom même *GENZ212* (212, code téléphonique du Maroc) traduit une revendication d’identification en tant que groupe, et non plus seulement comme individus isolés. Cela illustre une conscience générationnelle émergente dans un contexte de **défiance envers les structures établies**. La lettre laisse transparaître une critique de l’État, des partis politiques, des syndicats et des institutions traditionnelles, jugés déconnectés des réalités de la jeunesse. Cette jeunesse évolue dans un monde différent de celui des générations précédentes, recourant à *l’usage du numérique comme levier*. La préférence pour les canaux directs (réseaux sociaux, pétitions, lettres publiques) plutôt que la médiation classique, révèle une transformation sociologique des modes d’action collective, avec en toile de fond les **inégalités sociales et territoriales**. Le contenu des doléances met probablement en lumière les fractures en matière d’éducation, d’emploi, de logement, de mobilité sociale, d’accès à la culture et à la santé. Ces thèmes témoignent d’une société où la jeunesse ressent un blocage de l’ascenseur social. En cela elle rejoint le sentiment général et malheureusement la non perception de tous les progrès réalisés. **Au plan politique**, la lettre constitue un *acte de contestation symbolique*. L’adresser directement à Sa Majesté le Roi peut être perçu comme une critique implicite de la gouvernance et des corps intermédiaires, contournant ainsi les canaux politiques classiques. Il s’agit d’un *dilemme de la légitimité* : la GENZ212 ne parle pas au nom de l’ensemble de la jeunesse marocaine, mais se proclame représentative, soulevant la question de la représentativité et d’une possible récupération politique. C’est probablement un *signal pour les décideurs* : si les canaux de dialogue institutionnel restent fermés, la jeunesse risque de se détourner durablement des institutions et de radicaliser son discours. Le point positif est un véritable *pari sur l’avenir*. En se tournant vers Sa Majesté le Roi, elle place sa confiance dans l’autorité royale pour impulser une réforme structurelle, signe à la fois de loyauté et de constat d’échec des médiations démocratiques. La lettre suscite par ailleurs une lecture *critique du style et du ton*. Le *style est direct mais parfois naïf*. La lettre adopte un ton franc, souvent sans filtre, caractéristique des jeunes générations habituées à l’expression spontanée sur les réseaux sociaux, blogs ou vidéos. Cela confère une certaine authenticité, mais parfois au détriment de la rigueur argumentative et de la crédibilité. Le *ton revendicatif oscille entre respect et défiance*. Le texte s’adresse à Sa Majesté le Roi avec des marques de déférence, tout en exposant des critiques franches à l’encontre de la société et de l’État. Ce double registre traduit une tension et un espoir : vouloir interpeller les responsables politiques tout en restant dans le cadre de la loyauté monarchique. L’usage d’un vocabulaire collectif (« nous, les jeunes », « notre génération », « avenir du pays ») révèle une volonté de parler au nom d’une communauté. Cependant, l’excès d’emphase donne parfois l’impression d’un discours plus émotionnel que programmatique. Le langage est symbolique et identitaire, avec une *absence de hiérarchisation des doléances*. Les revendications sont listées comme un ensemble de frustrations, sans structuration claire en priorités ni propositions concrètes. Il s’agit donc davantage d’un ton plaintif que d’une démarche stratégique. Le *style est hybride mêlant militantisme et plaidoyer*, révélant une hésitation entre le ton d’un manifeste militant contestataire et celui d’une pétition adressée à l'autorité suprême de manière solennelle et respectueuse. C'est parfaitement révélateur d'une génération qui cherche encore son registre discursif, convaincue comme ses ainés que toute amélioration ne peut advenir que dans le cadre choisi et défendu par l'ensemble de la nation . Le **style et le ton** renforcent le caractère **cri du cœur** de la lettre : sincère, émotif et collectif. Toutefois, ils souffrent d’un manque de **maturité rhétorique** (structure faible, redondances, slogans plutôt que solutions). Politiquement, les propos cherchent à toucher sur le plan symbolique et à susciter le débat public. La lettre de la **GENZ212** est donc un *acte hybride*, combinant cri de détresse psychologique, revendication sociologique et geste politique. Elle met en lumière : - un **sentiment d’exclusion et de marginalisation** chez les jeunes, - un **besoin de reconnaissance et d’écoute** directe, - une **remise en cause des corps intermédiaires**, - une **attente forte vis-à-vis de la monarchie** comme garante de justice et d’un avenir rayonnant. La lettre de la GenZ212 n'est finalement qu'une quête de reconnaissance et de recherche de protection royale. Reste à dire que le phénomène n'est pas marocain et qu'il est arrivé au Maroc par **osmose** puisque présent dans plus d'une région du monde. Ces mouvements étant souvent amplifiés par l’usage des plateformes numériques, qui transforment des frustrations isolées en mobilisations collectives, malgré des différences géographiques ou culturelles, les écarts en développement et en démocratie. Il ne faut également pas omettre de relever que la manipulation et l'impact de propos nihilistes ne sont jamais très loin.
Aziz Daouda Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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FIFA World Cup 2026: risk of a tournament reserved for the wealthiest? An unprecedented inflation... 210

The 2026 World Cup, jointly organized by the **États-Unis, le Canada et le Mexique**, promises to be an extraordinary event: an expanded format with 48 teams, 104 matches, state-of-the-art facilities, and what is expected to be the most massive media coverage in sports history. However, as initial details about ticketing and logistical costs emerge, growing concern is palpable among fans: **the North American World Cup could become the most expensive World Cup ever organized**, to the point of calling into question the very accessibility of the event. At the heart of this concern is the American model of *dynamic pricing*, a system where prices are never fixed. They fluctuate according to demand, the volume of online requests, the status of the match, and even algorithmic parameters beyond the consumer’s control. For example, a hotel room normally priced around 200 USD might not be offered for less than 500 or even 600 USD, probably more for late bookers. This mechanism, common in American professional sports, could turn World Cup ticket purchases into a frenzied and even unfair race. Some final tickets are already priced between $5,000 and $20,000, a completely unprecedented level. Group stage tickets could see daily price swings, making financial planning nearly impossible for foreign fans. American supporters, already used to high prices in the NBA, NFL, or MLB, seem better equipped to navigate this system. Conversely, for Moroccan, Brazilian, Senegalese, Egyptian, or Indonesian fans, this model represents an almost insurmountable barrier. Adding to this cloudy scenario is the question of the official resale platform: **FIFA Official Ticket Resale Platform**. Ideally, it prevents black-market sales and secures transactions. But in a market dominated by speculative logic, it could become a playground for actors seeking to maximize profits, especially since FIFA takes a commission. FIFA has not yet communicated safeguards it plans to implement. Without strict regulation, resale could amplify price volatility, particularly for highly sought-after matches: final rounds, games involving teams with strong diasporas, as well as the opening match and final. One of the most puzzling aspects of this World Cup is the early sale of tickets without specific match assignments. In the USA, out of the **6 millions de billets prévus**, nearly **2 millions ont déjà trouvé preneur**, while buyers do not yet know which matches they paid for. This reflects several dynamics: - Total confidence from the American public in the event's organization; - The high purchasing power of an audience willing to invest heavily in sports experiences; - A structural asymmetry between American supporters and international fans, the latter compelled to wait for match assignments to plan trips and budgets. This situation fuels fears that stadiums will be largely filled with local spectators, to the detriment of fans supporting their teams from abroad. The USA ranks among the world’s most expensive hotel markets, and the selected cities are no exception: **New York, Los Angeles, Miami, Seattle, Dallas ou encore San Francisco** regularly top lists of the priciest destinations. A genuine inflation is expected across the hotel sector. During major sporting events, room prices can double or triple. For a month-long World Cup, projections are even more alarming: some operators are already talking about "prices never seen before." Fans should expect: - Massive hikes in hotel prices; - Predictable saturation of alternative accommodations; - Very high internal transport costs, since distances between host cities often require air travel. All these factors raise a central question: who will the 2026 World Cup really serve? The 250 million registered football players worldwide may feel somewhat frustrated. Their sport is slipping away. The North American model, dominated by commercial logic and speculative mechanisms, seems incompatible with football’s tradition as a popular sport. We might witness the emergence of a two-speed World Cup: - A premium World Cup, largely attended by North American audiences and wealthier supporters; - A remote World Cup for millions of international fans who must content themselves with televised broadcasts due to insufficient means to attend. For supporters from countries where median income is far lower than in the United States, be they African, Latin American, Asian, or even European nations, the experience could become inaccessible. FIFA clearly faces a strategic dilemma. Sooner or later, it will have to address this issue. Certainly, the choice of the United States guarantees top-level infrastructure, record revenues, a colossal advertising market, and a logistics organization of rare reliability. But this financial logic could directly contradict football’s social and symbolic mission: to bring people together, unite, and include. If the 2026 World Cup turns into an elitist event, it risks leaving a lasting negative impression in public opinion. Modern football, already criticized for its commercial drift, could face increased pushback from fans—the very fans who keep the sport alive—especially as FIFA’s revenues rise from $7.5 billion to $13 billion. The World Cup is thus under tension. In 2026, it will likely be spectacular both sportingly and organizationally. But it could also mark a turning point in World Cup history: when the event stops being a popular and accessible gathering and turns into a premium product for a privileged audience. Between ticket inflation, skyrocketing hotel prices, logistical distances, and the American economic model, the real risk exists that this edition will go down as the most exclusive, most expensive, and least accessible. FIFA, the organizers, and host cities will have to find ways to mitigate this dynamic to preserve football’s very essence: a universal sport that belongs to everyone. Could the proximity between Gianni Infantino and Donald Trump, even their friendship, help in any way?