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Mother tongue in education: a development imperative... 2463

I would like to extend my warmest thanks to the many people who have responded to my previous articles on the issue of language in Morocco. Opinions continue to differ on the use of the Moroccan mother tongue in education. Some, without the slightest argument, oppose it with immeasurable fervour. False debate, say others. In fact, almost all teachers already use Darija to explain the content of their lessons, particularly in science subjects. So much the better. What is perplexing, however, is the logic of opposition that some people are striving to impose between Arabic and Darija. In fact, scientifically, what is required in teaching, particularly in the early years, what is recommended by all the international bodies concerned, what is concluded by almost all the scientific research on the subject, is a linguistic continuum, in the complementarity between the language used at home and the other languages, Arabic first and foremost in the case of Morocco, since politically we have made it the language of the country. Darija and Arabic complement each other perfectly. The advantage of learning in the mother tongue during the first years of schooling is precisely that it allows a transfer to other languages without fractures or breaks, ensuring normal mental structuring. The child is not shocked and develops psychologically, normally, in the continuity of its linguistic, genetic, historical, civilisational and social baggage. Logically, as has proved to be the case in countries that have long opted for the use of the mother tongue in education, the salutary effect of this approach is that learners assimilate knowledge easily and confidently, adopt social values without difficulty and integrate civic values more easily. The school is here a component of life, perfectly integrated into its environment. Unfortunately, doing things the way we've been doing them up to now is the exact opposite of this logic. Our way of doing things encourages a split personality, to put it mildly. As soon as a child starts school, he will adopt a behaviour for school, a behaviour for his family and later another behaviour for the street and everyday life. They will develop a language for each of these spheres. This is conducive to many mental abnormalities and is the main cause of school drop-out rates, which in Morocco are reaching rather worrying figures, not to mention the colossal budgets spent for little return. The result is unfortunate public spending and unbelievable amounts of money that have been squandered shamelessly for a long time without question. Children who have not properly assimilated the language of learning imposed on them are simply discouraged and will eject themselves from the school system. Later on, young people who have not succeeded at school will find themselves to be a sub-human and see themselves as such. Whatever professional knowledge they acquire later on, as long as they are unable to express it in classical Arabic or French, they are considered ignorant. The citizen they are about to become is excluded, for example, from official information, which is only provided in the two languages mentioned above, if not in Amazigh and Spanish. Little by little, they become disconnected from "official life", drop out of cultural life, stop reading, stop writing and soon fall back into primary illiteracy. This abnormal situation creates a divorce between these citizens, who are unfortunately very numerous, and the public sphere, for example. They are no longer able or willing to take part in social life, let alone political life. This rejection is normal because these citizens no longer feel concerned and see themselves as living on the margins, the language or languages used being foreign to them. In the logic of things, the most embittered will go so far as to develop a rejection and then a hatred of public affairs. They are the breeding ground for nihilism and, why not, fundamentalism. Children begin by rejecting and hating their school, and will then transfer this attitude to their entire environment, and in particular to institutions. The violence that is developing in our society can find a plausible explanation here. That, in a nutshell, is the problem of mother tongue denial. It's not just a technical or linguistic issue, but an existential one for a society. It is intimately linked to human development and hence to the country's development as a whole. Any reflection here must be conducted with intelligence, far from any partisan ideologies or immutable convictions. The mother tongue is by its very nature a structuring factor, and nothing can replace its effectiveness or its richness.
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Entre deux vérités 23

La vérité est une, mais les érudits l’appellent par différents noms. Dans mes textes précédents, j’évoque souvent cette idée, celle de l’unité avec Dieu. C’est une pensée qu’on retrouve dans le soufisme, à travers des figures comme Ibn Arabi. Mais cette idée d’unité n’est pas née avec l’islam. Des philosophes comme Plotin, bien avant, parlaient déjà d’un principe unique. Chez lui, "L’Un", c’est l’origine de tout ce qui existe. Tout en découle. Tout y retourne. Rien n’existe sans lui. En simplifiant beaucoup, ce concept signifie que Dieu, la création, les humains, la terre, les anges, l’enfer, le paradis… tout cela ne serait qu’une seule et même réalité, une manifestation de Dieu, une expression de Lui. Je l’ai parfois formulé ainsi : "En se connaissant soi-même, on rencontre Dieu." Ibn Arabi était parfois appelé "le plus grand maître" (Cheikh al-Akbar). D’autres, plus critiques, l’ont surnommé "Cheikh al-Akfar" le maître des impies". C’est dire à quel point sa pensée divise. Il affirme que tout est en Dieu. Qu’il n’y a rien en dehors de Lui. Il parle d’une réalité unique, divine, qui se manifeste sous mille formes, les nôtres, celles du monde, du visible comme de l’invisible. Il écrit en poésie : Mon coeur est devenu capable d'accueillir toute forme. Il est le pâturage pour gazelle et abbaye pour moine ! Il est un temple pour idoles et la Kaaba pour qui en fait le tour. Il est les tables de la Thora et aussi les feuilles du Coran ! La religion que je professe est celle de l'Amour. L'Amour est ma religion et ma foi. Mais certains prennent ces paroles au pied de la lettre, comme s’il disait "l’homme est Dieu". Et forcément, ça choque. Pourtant, je pense qu’il ne s’agit pas d’une confusion mais d’une tentative de dire que tout ce qui existe est enraciné en Dieu. Que notre perception, voilée, morcelée, nous donne l’illusion d’être séparés. Il dit d'ailleurs: "Dieu est le miroir dans lequel l’homme se contemple, et l’homme est le miroir dans lequel Dieu contemple Sa création." Ce n’est pas de l’arrogance. Ce n’est pas non plus de l’égarement. C’est une manière poétique, mystique, de parler d’un lien invisible, subtil, entre ce que nous croyons être et ce que Dieu reflète à travers nous. Mais en parallèle de cette vision, j’ai aussi grandi avec l’idée de la séparation. On m’a transmis une vision plus classique, plus sobre. Une vision dualiste. Dieu est au-dessus de tout. Il est distinct de sa création. Il n’a pas de forme, pas de besoin. Il est le Créateur, nous sommes les créatures. Il n’y a pas de confusion possible. Le Coran nous dit : "Il n’y a rien qui lui ressemble." (42:11) Dans cette vision, Dieu reste unique, parfait, au-delà de tout. Et l’humain, même dans sa beauté (ou pas), reste limité, séparé, humble face à Lui. Et moi, je me tiens entre ces deux mondes. Je les ressens tous les deux. L’un me parle de proximité, de mystère, d’amour. L’autre me parle de majesté, de transcendance, de distance. Ils semblent opposés, mais en moi, ils coexistent. Et pour ne pas me simplifier la tâche, il y a le Coran. Ce livre sacré que je prends moi pour la parole de Dieu. Mais aussi pour une parole dense, profonde, mystérieuse. Une parole qu’on ne peut jamais enfermer dans une seule explication. Quelqu’un a dit un jour que le Coran est comme un océan, plus on plonge, plus on découvre des couches, des sens, des profondeurs qu’on ne soupçonnait pas. Il se lit mille fois. Il se comprend mille fois autrement. Tout dépend de l’état du cœur de celui qui lit. Je crois que c’est voulu. Si la vérité était évidente à la première lecture, la quête serait terminée avant même d’avoir commencé. Au final, j’ai remarqué quelque chose, je crois en tout, et en même temps, je ne crois en rien. Je crois à plusieurs réalités, mais je ne sais pas si l’une d’elles est la vraie. Mon cerveau est en lui-même un paradoxe. Ce n’est pas un mal, ni une faiblesse. C’est juste une grande ouverture d’esprit, une façon d’accueillir le mystère sans vouloir tout enfermer dans une seule vérité. Ce qui compte au fond, c’est que je crois en Dieu. Que je marche avec Dieu, même si je ne comprends pas tout. C’est cette foi, cette relation intime, qui guide mes pas. Et croire en Dieu, c’est accepter qu’il y ait du mystère Alors je cherche. Avec l’intellect, parce que j’aime comprendre. Mais surtout avec le cœur, parce que lui seul sait parfois ce que la tête ne peut pas expliquer. Et quand je parle de cœur, j’évoque en ce sens le cœur de l’âme. Il ne s'agit pas là d’un organe physique, mais du centre de la perception mystique et de l’intuition profonde. Alors que les créatures fassent partie de Dieu, ou que Dieu soit totalement séparé de sa créature, Dieu reste Dieu. Plus grand que les mots. Plus vaste que les pensées. Plus profond que les écoles de pensée. Parfois, l’essentiel n’est pas de choisir un camp. Mais de rester humble. De marcher entre les mondes. De chercher la lumière, sans jamais prétendre l’avoir saisie. Et au fond, la lumière est partout. Même quand on ne comprend pas.