Pensez le Futur.

Bardella en Israël, le déshonneur réciproque d’un rapprochement contre nature 1491

Cet article est de mon ami Larbi Bargach. Il est d'une grande pertinence et d'une profondeur d'analyse historique et politique balancée et équilibrée par la logique de l'approche et l'objectivité du prisme. Je le livre ici à votre appréciation. Il a été publié sur ODJ. Vous en trouverez le lien ici bas. L’extrême droite européenne en général, et française en particulier, a opéré un rapprochement spectaculaire avec le gouvernement d’extrême droite au pouvoir en Israël. Ce qui semblait impensable il y a encore quelques années est aujourd’hui une réalité. Une situation qui fait du Rassemblement National le plus fidèle allié du gouvernement israélien. Cette alliance, à priori contre-nature, ne l’est pas du tout si l’on se réfère aux contenus de leurs histoires et actualités croisées. En effet, l’idéologie de ces deux mouvements d’extrême droite est basée sur le racisme et l’exclusion. Et si l’extrême droite française se dit débarrassée (ce qui reste à prouver) d’une facette de son racisme historique, l’antisémitisme, son avatar israélien semble être contaminé par une espèce de « syndrome de Stockholm » hérité du nazisme allemand. Aucun juif ou israélien digne de ce nom ne peut accepter les horreurs commises par Tsahal au service des pseudo-nazis au pouvoir en Israël, qui se revendiquent israéliens. Ils sont nombreux en Israël et ailleurs, bien que pour l’instant minoritaires, à s’indigner des massacres en cours. Comble du ridicule : ils sont accusés d’antisémitisme par les autres alors qu’ils sont juifs et, pour certains d’entre eux pratiquants. Leur nombre va grandir si l’on se réfère à l’histoire juive qui a donné tant d’hommes de bien à l’humanité. Les deux extrêmes droites se retrouvent en réalité dans une haine commune du monde musulman, caricaturé et sous-estimé. Personne ne peut imaginer que ce rapprochement est sincère : il relève de l’opportunisme politique de Netanyahou, qui ne recule devant rien pour éviter la case prison, et de celui de Marine Le Pen, qui cherche à effacer la partie sombre de son histoire personnelle liée au passé antisémite de son défunt père. Pour que ce rapprochement prenne corps, il a fallu un contexte : les attaques du 7 octobre, des attaques d’une grande sauvagerie que le droit qualifie de « terroristes », car elles ont concerné des civils et se sont traduites par des prises d’otages. Ces attaques ont servi la cause du Hamas, plus populaire que jamais dans la bande de Gaza et dans le monde arabo-musulman, mais certainement pas la cause palestinienne. Gaza est plus que jamais sous embargo, dépendante de l’aide internationale, meurtrie et sans horizon viable. Ce n’est pas l’avis du Hamas, qui considère à juste titre que le 7 octobre a obligé Israël à montrer un visage beaucoup moins séduisant : celui d’un État colon occupant illégalement des terres que l’ONU attribue à la Palestine ; celui d’un État violent, inscrit dans la vengeance et le non-droit. Paradoxalement, cette violence de l’armée israélienne, très largement soutenue par les États-Unis, s’est avérée inefficace. Aujourd’hui, à part quelques illuminés religieux des deux côtés, personne ne croit en la solution militaire. Israël bombarde Gaza depuis un an et demi sans résultat tangible ; bien au contraire. Les otages n’ont pu être libérés que par la négociation et le Hamas s’est renforcé politiquement en interne : c’est la seule entité en mesure de faire régner la sécurité à Gaza. À l’international, même les États-Unis prennent langue avec ses dirigeants. La politique israélienne détruit la cohésion interne du pays avec une mobilisation sans précédent de la population contre ses dirigeants. Beaucoup d’Israéliens quittent Israël ; les chiffres sont effarants. Le pays est devenu un paria un peu partout dans le monde et l’antisémitisme croît chaque jour davantage. Les voix de la sagesse en Israël sont muselées : Haaretz, l’Université de Jérusalem et bien d’autres organes militants de la paix sont privés de financement et menacés dans leur existence. Cet ostracisme concerne aussi les médias français proches des idées de l’extrême droite française. Le journaliste israélien Charles Enderlin, un humaniste authentique, jadis correspondant d’Antenne 2 ( ex-France 2) en Israël, ne passe plus à la télévision française. Les images des massacres en cours à Gaza non plus. Il est vrai que l’arrivée de Trump a relégué l’Europe en division inférieure. L’Europe se retrouve dans une posture inédite depuis le Moyen Âge : une époque où la civilisation musulmane était dominante et portée par les lumières de ses philosophes et hommes de sciences. L’alliance de circonstance qui vient de rapprocher les mouvements racistes israéliens et européens ne peut pas occulter l’histoire récente de la Shoah. Que l’extrême droite française notamment se mette du côté des extrémistes israéliens pour tenter de déporter le peuple palestinien relève presque d’une logique génétique ; mais c’est une honte absolue pour les juifs — un peuple qui a subi les outrages de la déportation. La question du Moyen-Orient n’est pas simple ; elle est même très compliquée. Elle mérite plus d’explications. Deux concepts s’opposent lorsqu’il s’agit de traiter un sujet délicat : celui de la vérité — en principe multiple — et celui de la réalité supposée unique. Chacun a sa vérité et toutes méritent d’être entendues. Celle du Hamas repose sur plusieurs logiques : • L’échec des accords d’Oslo torpillés par l’extrême droite actuellement au pouvoir. Rabin, un des parrains des accords et grand général israélien, voyait dans ces accords une ambition tardive pour la paix ; Netanyahou s’y est opposé farouchement. • La frustration liée au fait d’être privé des résultats des élections palestiniennes remportées par le Hamas face à Mahmoud Abbas. Cette logique n’excuse en rien les attaques terroristes mais peut les expliquer. Le musée de l’holocauste de Miami explique — sans les justifier — les horreurs nazies par l’humiliation subie après le traité de Versailles (1919). De même on peut expliquer celles du 7 octobre par le blocus sur Gaza ou les humiliations infligées aux Palestiniens aux checkpoints. Cette cause palestinienne est souvent instrumentalisée par certains régimes arabes comme repoussoir face aux revendications internes. Elle revient pourtant au centre d’une géopolitique mondiale plus compliquée qu’avant 1993 et plus urgente que jamais. Contrairement au récit que cherchent à imposer Bardella ou Netanyahou, Juifs et Musulmans ont cohabité longtemps : expulsés ensemble d’Espagne (1492-1610), aucun juif n’a été déporté d’Afrique du Nord durant la Seconde Guerre mondiale ; les pogroms appartiennent à une histoire européenne plutôt qu’arabo-musulmane. L’Homo sapiens — « homme sage » — pourrait-il enfin se souvenir qu’il porte ce nom avant qu’il ne soit trop tard ? >> **Bargach Larbi** >>
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Rentrée scolaire : fardeau économique pour les familles et incertitudes multiples... 41

À l’aube d’une nouvelle rentrée scolaire, une réalité immuable revient hanter les très nombreuses familles concernées: le coût exorbitant des fournitures et services liés à l’éducation. Elles s’apprêtent à dépenser des sommes parfois déraisonnables avant même que leurs enfants ne franchissent le seuil de l’école, à tous les niveaux. le gonflement du prix de la rentrée ne se limite pas aux seuls cahiers et manuels: il s’étend à un ensemble d’éléments indispensables ou superflus qui alourdissent la facture de manière significative. L’unanimité est faite autour du poids financier du cartable, un véritable casse-tête. Le budget moyen alloué par famille pour les fournitures scolaires dépasse souvent les 1500 dirhams. Ce chiffre augmente encore quand on intègre l’uniforme, lorsque il est exigé, les frais de transport, les droits d’inscription et les mensualités des établissements privés. Dans certaines grandes villes, le coût total peut dépasser les 3000 dirhams par enfant, soit un poids économique considérable pour de nombreuses familles. Mais le problème ne réside pas uniquement dans ce coût élevé. La lourdeur du cartable, souvent citée, illustre une inflation non seulement financière, mais aussi matérielle. Le dos des enfants et leur musculature en devenir sont mis à rude épreuve, suscitant beaucoup d'inquiétudes en matière de santé. Au-delà des indispensables: cahiers, stylos, calculatrices, etc., les listes de fournitures incluent trop fréquemment des articles superflus, souvent imposés par les écoles pour des raisons inexpliquées. Ces demandes excessives alourdissent le cartable et complexifient le quotidien des élèves, sans réelle justification pédagogique. Nous sommes en réalité aussi devant un système en décalage avec les attentes des parents et, par extension, du pays. Certains contenus scolaires sont obsolètes et problématiques. Les manuels scolaires, autre élément majeur de la dépense, sont loin d’évoluer au rythme des besoins actuels de la modernité à laquelle aspirent les parents et les enfants eux-mêmes. La modernisation que le pays ambitionne est également mise à mal. De nombreuses familles dénoncent la persistance d’erreurs, de fautes et de contenus peu adaptés à la modernité et à leurs aspirations. Les réformes annoncées, généralement mal inspirées, sont sans impact et ont toujours été inefficaces. Les critiques fusent tant sur le plan didactique que sur le fond : les supports pédagogiques peinent à engager les élèves dans un apprentissage stimulant et innovant. C’est l’une des raisons majeures de la grande déperdition des effectifs observée chaque année, et ce depuis longtemps déjà. L’autre tare qui se répète est que, encore une fois, la rentrée sera inégale: luxe pour certains, sacrifice pour d’autres. Officiellement la rentrée scolaire ressemble bien souvent à un album photo idyllique où tout semble parfait. Pourtant, pour une majorité, elle est loin d’être un moment d’enthousiasme, comme elle devrait l’être. Face à un budget éducatif trop important, des choix cornéliens s’imposent: payer le loyer ou la scolarité, acheter des manuels ou assurer la subsistance de la famille. Ces contradictions traduisent une fracture sociale profonde. En somme, le Maroc à deux vitesses, dénoncé par Sa Majesté le Roi dans le 26e discours du Trône. Pour nombre de parents, l’école reste un droit théorique, parfois sans intérêt, notamment en milieu rural. En réalité, elle commence par un endettement qui pèse lourd sur le quotidien et compromet parfois l’avenir même des enfants. Ce paradoxe, loin de se résorber, se répète chaque année, sans mesures significatives de la part des pouvoirs publics pour alléger la charge, si ce n’est par des mesures telles que la distribution de cartables d'une durée de vie anecdotique et une aide financière bien maigre. Le niveau des enseignants suscite aussi depuis plusieurs années une inquiétude croissante, notamment depuis qu’a été "inventé" le recrutement par contrat parmi des diplômés licenciés, souvent en difficulté pour trouver un autre emploi stable. Cette situation a mené à une dégradation qualitative de l’enseignement, où de nombreux enseignants se retrouvent davantage préoccupés par des revendications syndicales et sociales que par leur mission première: instruire et transmettre le savoir. Le nombre de jours de grève est hallucinant. Cette dynamique contractuelle, loin d’améliorer le système éducatif, semble parfois favoriser une forme d’instabilité et de démotivation. Par ailleurs, il est regrettable de constater une politisation accrue dans certains milieux enseignants, avec une infiltration d’idéologies qui dépassent le cadre pédagogique. Ces tendances, souvent orientées vers la contestation systématique de l’ordre établi, nuisent à un climat scolaire serein et compromettent l’exigence de neutralité nécessaire à tout enseignement. Les enfants en paient le prix. Ainsi, plus qu’un simple problème de formation ou de compétences, le défi posé par la qualité des enseignants au Maroc souligne la nécessité d’une réforme globale et courageuse, mêlant amélioration des conditions de recrutement, formation académique et continue sérieuse, ainsi que la garantie d’une séparation claire entre politique et éducation. Sans cela, l’école marocaine risque de perdre encore davantage en efficacité et en crédibilité, au détriment des élèves et de l’avenir du pays. L’éducation ne devrait pas reposer sur l’endurance financière, la patience ou l’indifférence des familles, mais sur une politique éducative et sociale cohérente. Une politique issue d’une projection claire de ce que devra être le citoyen marocain à horizon précis. Il est indispensable que l’État et les acteurs du secteur collaborent pour limiter les coûts imposés aux familles: revoir la liste des fournitures en éliminant le superflu, améliorer la qualité et la pertinence des manuels, développer davantage le soutien aux familles à faibles revenus, défalquer les charges scolaires des impôts, sans pour autant éluder la question des contenus et des compétences des enseignants. Le « prix » de cette rentrée scolaire ne se mesure pas seulement en dirhams, mais dans la fracture sociale qu’il creuse, dans les inégalités qu’il maintient. Le véritable obstacle à l’éducation se trouve dans la compétence de l’enseignant, dans les programmes, et à la caisse du libraire où les familles doivent payer pour que leurs enfants aient ne serait-ce qu’une chance de réussir. La rentrée scolaire est une affaire grave qui nécessite une prise de conscience collective et des actions concrètes pour garantir que chaque enfant, indépendamment des revenus de sa famille, puisse accéder à une éducation digne de ce nom. L’heure est à la réforme dans les faits, pas seulement dans les discours et les postures. L’école est le seul outil pour réduire les différences, garantir l’ascension sociale et assurer un avenir radieux au pays tout entier, à une seule vitesse.