Pensez le Futur.

GERIATRIE : COMMENT PRÉVENIR LES ESCARRES CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES ? 1907

DES ESCARRES MAL SOIGNEES PEUVENT PRECIPITER LA PERSONNE ÂGEE DANS LA DEPRESSION ET MÊME LA MORT L’escarre est une plaie ouverte, qui se forme à l’endroit où la chair est prise en étau entre l’os et le support (matelas, fauteuil) pendant plusieurs heures chez une personne obligée de garder le lit ou ayant perdue son autonomie. Sa fréquence n’est pas toujours bien appréciée mais on peut estimer néanmoins qu’au moins une personne âgée sur deux en sera touchée plus ou moins gravement. Outre les souffrances physiques, elle est en effet dévalorisante. Elle provoque souvent la survenue ou l’accentuation d’un phénomène dépressif. QU'EST CE EXACTEMENT QU'UNE ESCARRE Quand une personne alitée repose plusieurs heures sur les mêmes points d’appui, la chair est alors compressée à ces endroits, freinant ainsi la bonne circulation du sang et l’oxygénation du sang. Une fois en état d’hypoxie (terme médical pour désigner un manque d’apport en oxygène au niveau des tissus de l’organisme), les tissus vont se dégrader très vite. Le passage du stade d’érythème (rougeur cutanée) à celui d’ulcère (plaie ouverte) peut prendre seulement quelques heures. Selon la classification la plus utilisée, le processus se décline en plusieurs phases de développement : - stade 0, rougeur apparaissant mais disparaissant quand on appuie dessus ; - stade 1, rougeur ne blanchissant pas sous la pression du doigt ; - stade 2, désépidermisation : arrachement cutané touchant l’épiderme et éventuellement le derme, dont une variante au niveau du pied est la phlyctène (ou ampoule) hémorragique ou séreuse, selon qu’elle contient ou non du sang ; - stade 3, nécrose : plaie profonde avec plaque de nécrose recouvrant en général des tissus sous-jacents dévitalisés ; - stade 4, ulcère : plaie ouverte profonde, résultant le plus souvent d’une escarre de stade 3 après élimination des tissus nécrotiques ; les muscles sont touchés, au point que l’on peut voir tendons et articulations à nu. Une autre classification utilisée repose sur une cartographie des couleurs et un raisonnement en termes de pourcentage des couleurs QUELS ENDROIT DU CORPS DOIVENT ÊTRE SURVEILLES ? 40 % des escarres siègent au sacrum (le sacrum, au bas du dos, est formé de la soudure des 5 vertèbres sacrées) et 40% aux talons. Les autres localisations les plus fréquentes sont les ischions (l’ischion est l‘ un des trois os qui sont soudés chez l’adulte pour former le bassin : il supporte le poids du corps en position assise) et le trochanter (les protubérances de la partie supérieure du fémur) ainsi que, par ailleurs, l’occiput en pédiatrie. Pour le malade en fauteuil, roulant ou non, on surveillera : la nuque, les omoplates, les fesses et les talons. Pour le malade couché sur le côté, on surveillera : les trochanters, la face interne des genoux et les faces internes/externes des pieds. Pour le malade sur le dos, on surveillera : l’occiput, la nuque, les omoplates, les coudes, les crêtes iliaques, le sacrum, les fesses, la face interne des genoux et les talons. QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUES ? Ils sont multiples. Quelqu’un qui ne gère pas bien son capital santé, ne se nourrit pas et/ou ne s’hydrate pas correctement présente plus de risque. L’escarre guette également, tout particulièrement les sujets atteints : - de troubles de la conscience et de neuropathie ; - d’artérite, de problèmes vasculaires, d’hypertension ou d’insuffisance cardiaque ; - des conséquences physiques de maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, lupus, scléroses en plaques…) - d’anémie et, de façon générale, de tout problème nécessitant une hospitalisation. QUELS GESTES PRÉVENTIFS ? - Observation régulière de l’état cutané à chaque changement de position et lors des soins d’hygiène. Une rougeur qui subsiste à la pression d’une palpation doit immédiatement alerter. - Corps étrangers : les sondes urinaires ou les lunettes à oxygène sont à surveiller car sources d’escarres. - Nutrition : l’entourage (famille, personnel soignant) doit surveiller l’appétit de la personne âgée, une perte de poids rapide favorisant en effet l’escarre. Au besoin, il faut enrichir ses plats et veiller à ce qu’il reçoive, notamment, une ration protéinique identique à une personne plus jeune et active car la personne âgée synthétise moins bien les protéines et va avoir besoin d’en consommer plus en cas d’escarre. Il faut également veiller à une bonne hydratation, variée si possible (eau, tisanes, jus de fruits…). La capacité à se nourrir correctement est centrale dans le processus de cicatrisation. - Sensibilité : la sensibilité cutanée de la personne est diminuée si on s’aperçoit qu’elle ne change pas de position spontanément en l’espace d’une demi-heure. Il faut alors planifier des changements de position environ toutes les 2 heures pour solliciter d’autres points d’appui. - Hygiène : Il est important de maintenir la personne au sec en évitant les risques de macération QUELS SONT LES PREMIERS SOINS ? – Nettoyage de la plaie et de son pourtour : employer l’eau et le savon ou du sérum physiologique. L’intérêt des antiseptiques ou des antibiotiques n’est pas démontré en l’absence d’infection. La plaie ne doit pas être asséchée mais, après les soins, on peut tamponner légèrement avec une serviette douce. – Traitement de l’escarre constituée : La détersion est nécessaire sur les plaies nécrotiques et/ou fibrineuses, soit mécaniquement soit à l’aide de pansements. Les matières mortes et le sang issu des capillaires sanguins endommagés produisent en effet une masse au fond de la plaie. Cette masse, souvent dure et sèche, s’oppose au processus de reconstruction cellulaire et donc à la cicatrisation. La colonisation bactérienne est, par ailleurs, constante dans les plaies chroniques : différente de l’infection, elle est utile à la cicatrisation et doit être simplement contrôlée par un nettoyage et une détersion soigneuses des tissus morts. QUELS SONT LES GESTES A PROSCRIRE – Pas d’utilisation de produits agressifs (éosine, alcool, antiseptique), de glace sur la plaie, de chaleur (sèche-cheveux par exemple) pour sécher la plaie. Ces gestes détruisent la flore cutanée alors qu’elle est une barrière aux infections. – Pas d’utilisation d’huile essentielle. – Pas de massage des rougeurs – Pas de gestes brusques pour lever le malade ou lui tirer les draps, sous peine de provoquer des coupures de la peau. Dr MOUSSAYER KHADIJA Spécialiste en Gériatrie EN SAVOIR PLUS 1/Liens utiles : - Société Française et Francophone des Plaies et Cicatrisations, rubrique Escarres http://www.sffpc.org/index.php?pg=connaiss&rubrique=escarre - Conférence de consensus publiée par la Haute Autorité de Santé http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_271996/prevention-et-traitement-des-escarres-de-ladulte-et-du-sujet-age - Claire Dubois, Prévenir et soigner les escarres : nouvelles recommandations, 2013 http://www.actusoins.com/13601/prevenir-et-soigner-les-escarres-nouvelles-recommandations.html
Dr Moussayer khadija

Dr Moussayer khadija

Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)


5100

0

Quand Christopher Nolan illumine Dakhla, Dakhla sublime son film... 44

Christopher Nolan vient d’achever à Dakhla, joyau du sud marocain, le tournage d’une partie de son prochain film, "The Odyssey". C'est une adaptation cinématographique de l’épopée d’Ulysse. Parmi les lieux de tournage choisis, la spectaculaire Dune Blanche, située à une trentaine de kilomètres de Dakhla, un décor naturel exceptionnel mêlant sable blanc et lagune turquoise, qui a largement contribué à la richesse visuelle du film. Cette superproduction hollywoodienne réunit un casting prestigieux : Matt Damon y incarne Ulysse, aux côtés de Zendaya, Charlize Theron, Tom Holland, Robert Pattinson, Anne Hathaway et Lupita Nyong’o. La sortie mondiale du film est prévue pour le 15 juillet 2026. Avant de poser leurs caméras à Dakhla, l’équipe de Nolan avait filmé des séquences à Ouarzazate, notamment au Ksar Aït Ben Haddou, ainsi qu’en Italie. Initialement, Nolan envisageait des lieux comme les Bermudes ou l’Australie pour certaines scènes maritimes, mais le choix s’est finalement porté sur le sud du Royaume, reconnu pour la diversité et la qualité de ses paysages naturels. Le tournage à Dakhla est largement perçu comme une formidable opportunité pour la ville et pour le Maroc, renforçant leur visibilité sur la scène cinématographique internationale tout en valorisant l’industrie locale du film. Mais qui est Christopher Nolan dans le monde du cinéma ? En 2024, il a remporté deux Oscars majeurs : celui du meilleur réalisateur et du meilleur film pour Oppenheimer (2023). Il a également reçu le César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, le BAFTA du meilleur réalisateur, ainsi que plusieurs autres distinctions prestigieuses telles que les Golden Globes et les Directors Guild of America Awards toujours pour Oppenheimer. Ce bref aperçu atteste que Nolan n’est pas une figure ordinaire dans l'industrie du cinéma? C'est l'un des plus grands cinéastes au monde. Cependant, cette production a suscité étonnement des controverses, infondées et dénuées de rigueur. Le média Middle East Eye lui a consacrée un article condamnant le tournage à Dakhla, adoptant un ton sélectif et victimisant, s’appuyant sur une rhétorique de « décolonisation » et de prétendues « voix autochtones ». Cette critique, truffée d’inexactitudes historiques et d’un parti pris évident, révèle soit une ignorance profonde de l'histoire de ces contrées et de leur géographie physique et humaine, soit une volonté délibérée de déformer la réalité pour une quelconque contrepartie… Le tournage s’est déroulé dans une ville paisible et stable, dotée d’infrastructures modernes, où règne une souveraineté marocaine incontestable. Et c'est probablement cette stabilité qui dérange certains, notamment parce qu’elle met en lumière les succès du Royaume dans cette région de son territoire, contrastant avec la situation difficile générée par le Front Polisario qui avec sa tutelle, n’a apporté aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf que désespoir et absence de dignité, depuis près de 50 ans. Alors que Middle East Eye accuse le Maroc de « normalisation culturelle », l'article omet de mentionner que l’Algérie exerce une véritable occupation sur les Sahraouis séquestrés dans les camps de la honte, où ces derniers, minoritaires par rapport aux sahraouis au Maroc, ne disposent ni de liberté de circulation, ni de nationalité, ni d’une presse indépendante. Ils ne bénéficient même pas du statut de réfugiés, les Nations unis étant empêchées par le pays hôte de les recenser . La vraie question demeure donc : qui est le véritable colonisateur dans ce contexte ? Les Sahraouis, majoritaires, vivant dans le Sahara marocain bénéficient d’un niveau de vie significativement supérieur à celui des populations des camps de Tindouf, voire du pays hôte toute région confondues. Ils participent aux processus démocratiques, dirigent leurs communes, villes et régions, participent à la vie politique du Royaume, occupent des postes de responsabilités à tous les niveaux de l'état, créent des entreprises, animent des associations, voyagent librement et produisent des œuvres culturelles enrichissante pour leur pays. Leurs enfants vont dans des écoles et des universités de qualité. Ils se soignent dans des hôpitaux haut de gamme et n’ont nul besoin qu’un média prétende parler à leur place. En réalité, cet article n’a rien à voir avec un journalisme sérieux, mais traduit une nostalgie d’un colonialisme inversé et une vision néo-orientaliste dépassée. Il s’agit d’une mise en scène idéologique orchestrée par un groupe d’activistes européens, utilisant les Sahraouis comme instruments d’une propagande déjà vue pour ne pas dire ridicule. L'objectif ici n’est ni la paix, ni l’autonomie réelle, mais la perpétuation d’un ressentiment artificiel, au service de leur chimère d’un État sahraoui indépendant. Un état qui n’existera jamais. Entre temps, l'équipe de tournage de "The Odyssey" , satisfaite de la qualité de l'accueil, de l'assistance et du soutien des autorités marocaines et du travail réalisé, est bel et bien rentrée aux USA à bord d'un avion Royal Air Maroc affrété pour l'occasion. Gageons que Christopher Nolan ne fera pas longtemps avant de revenir avec un autre projet et que la beauté des images de son film, pousseront d'autres grands du cinéma mondial à venir à Dakhla pour sublimer leurs œuvres prochaines.