Pensez le Futur.

Jamal Berraoui has gone... to his resting place and the earth trembled. 2636

Si Jamal Berraoui, you are no longer with us in this world, and country that you loved so much and for which you fought all your life. You fought for justice, progress, fairness, dignity and so many other values to which you gave your own meaning. Sometimes a philosopher, sometimes a philanthropist, you navigated between common sense and loyalty to an ideology that seized you at a young age but which you managed to tame in your own way. Your loyalty to your party did not blind you, and your selflessness gave you freedom of tone and time. You managed to tame time. Sometimes a writer, sometimes a columnist, sometimes a journalist, but never silent. Disappointment, discouragement and nihilism never got the better of you. Life was hard for you, but you loved it with tenderness. You were a renowned journalist and an outstanding political analyst. Your significant contributions to Moroccan journalism and your incisive analyses of the country's political, economic, social and sporting issues made you an influential voice on behalf of the silent majority. Your critical and informed perspective on current events has been passed on to everyone in an ‘Ach Waqe3’ that you have shaped in your own way. In this way, you brought politics back to its rightful place, within everyone's reach. In your own darija, you gave many people a taste for debate, a willingness to think and a desire to participate in politics. On your own, you did more than all the parties put together, more than all the media, more than all of us. Your weekly appearances on the Décryptage programme, every Sunday morning in the studios, from your hospital bed or simply from your home by telephone, were key moments, sublime moments of intelligence and humanism. I'll confide in you, my dear: even though I won't be seeing you again because God has decided it's best, How proud I was each time you quoted my name, one of my words or one of my positions! Sidi Jamal, how many journalists have you educated and trained? How many citizens have you made happy with your words? In your own safiote way, you have contributed to the evolution of the Moroccan media landscape. Your public appearances have always been closely followed, tackling complex subjects with simplicity, clarity and rigor. The large audience that Moroccans have reserved for you speaks volumes is telling more about the great respect they have for you among your peers. They saw themselves in you. You have always defended press freedom and your desire to see independent and rigorous journalism develop. You made a major contribution to ‘tamaghrabiyt’ in your own way, subtly referring to your hometown, your neighborhood in Casablanca, your neighbors, music, history, , the Raja, everything that links us to our rich culture, our largely ignored or despoiled history, our roots, our continent and the world. Rest in peace, my friend, after so many years of winning battles, of self-sacrifice and courage. You have finally beaten the disease. Your doctors, your family, your friends, your readers and listeners know it very well. It wasn't the disease that finally got you, it was you who decided to put an end to the disease and to your mission. I know you let out a long sigh and a charming little smile as you left us, because it's in your nature to always smile. In the end you decided to rest. We miss you already, Sidi Jamal. Si Abdelaziz Erromani will never again have to ask at the start of a show ‘Qi Bqat Shiha Si Jamal? No more of the ‘ana matafeqch m3a si Hadad’ that punctuated your contributions to Décryptage from time to time. Mission accomplished! You were a real treasure. And what a coincidence, even the earth shook that day... (On this sad occasion, let's listen to the song linked below, which I'm sure will please Si Jamal)
youtu.be/fbH7VJz2F2o?si=9MErGVWO...
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


6600

33.0

Entre deux vérités 27

La vérité est une, mais les érudits l’appellent par différents noms. Dans mes textes précédents, j’évoque souvent cette idée, celle de l’unité avec Dieu. C’est une pensée qu’on retrouve dans le soufisme, à travers des figures comme Ibn Arabi. Mais cette idée d’unité n’est pas née avec l’islam. Des philosophes comme Plotin, bien avant, parlaient déjà d’un principe unique. Chez lui, "L’Un", c’est l’origine de tout ce qui existe. Tout en découle. Tout y retourne. Rien n’existe sans lui. En simplifiant beaucoup, ce concept signifie que Dieu, la création, les humains, la terre, les anges, l’enfer, le paradis… tout cela ne serait qu’une seule et même réalité, une manifestation de Dieu, une expression de Lui. Je l’ai parfois formulé ainsi : "En se connaissant soi-même, on rencontre Dieu." Ibn Arabi était parfois appelé "le plus grand maître" (Cheikh al-Akbar). D’autres, plus critiques, l’ont surnommé "Cheikh al-Akfar" le maître des impies". C’est dire à quel point sa pensée divise. Il affirme que tout est en Dieu. Qu’il n’y a rien en dehors de Lui. Il parle d’une réalité unique, divine, qui se manifeste sous mille formes, les nôtres, celles du monde, du visible comme de l’invisible. Il écrit en poésie : Mon coeur est devenu capable d'accueillir toute forme. Il est le pâturage pour gazelle et abbaye pour moine ! Il est un temple pour idoles et la Kaaba pour qui en fait le tour. Il est les tables de la Thora et aussi les feuilles du Coran ! La religion que je professe est celle de l'Amour. L'Amour est ma religion et ma foi. Mais certains prennent ces paroles au pied de la lettre, comme s’il disait "l’homme est Dieu". Et forcément, ça choque. Pourtant, je pense qu’il ne s’agit pas d’une confusion mais d’une tentative de dire que tout ce qui existe est enraciné en Dieu. Que notre perception, voilée, morcelée, nous donne l’illusion d’être séparés. Il dit d'ailleurs: "Dieu est le miroir dans lequel l’homme se contemple, et l’homme est le miroir dans lequel Dieu contemple Sa création." Ce n’est pas de l’arrogance. Ce n’est pas non plus de l’égarement. C’est une manière poétique, mystique, de parler d’un lien invisible, subtil, entre ce que nous croyons être et ce que Dieu reflète à travers nous. Mais en parallèle de cette vision, j’ai aussi grandi avec l’idée de la séparation. On m’a transmis une vision plus classique, plus sobre. Une vision dualiste. Dieu est au-dessus de tout. Il est distinct de sa création. Il n’a pas de forme, pas de besoin. Il est le Créateur, nous sommes les créatures. Il n’y a pas de confusion possible. Le Coran nous dit : "Il n’y a rien qui lui ressemble." (42:11) Dans cette vision, Dieu reste unique, parfait, au-delà de tout. Et l’humain, même dans sa beauté (ou pas), reste limité, séparé, humble face à Lui. Et moi, je me tiens entre ces deux mondes. Je les ressens tous les deux. L’un me parle de proximité, de mystère, d’amour. L’autre me parle de majesté, de transcendance, de distance. Ils semblent opposés, mais en moi, ils coexistent. Et pour ne pas me simplifier la tâche, il y a le Coran. Ce livre sacré que je prends moi pour la parole de Dieu. Mais aussi pour une parole dense, profonde, mystérieuse. Une parole qu’on ne peut jamais enfermer dans une seule explication. Quelqu’un a dit un jour que le Coran est comme un océan, plus on plonge, plus on découvre des couches, des sens, des profondeurs qu’on ne soupçonnait pas. Il se lit mille fois. Il se comprend mille fois autrement. Tout dépend de l’état du cœur de celui qui lit. Je crois que c’est voulu. Si la vérité était évidente à la première lecture, la quête serait terminée avant même d’avoir commencé. Au final, j’ai remarqué quelque chose, je crois en tout, et en même temps, je ne crois en rien. Je crois à plusieurs réalités, mais je ne sais pas si l’une d’elles est la vraie. Mon cerveau est en lui-même un paradoxe. Ce n’est pas un mal, ni une faiblesse. C’est juste une grande ouverture d’esprit, une façon d’accueillir le mystère sans vouloir tout enfermer dans une seule vérité. Ce qui compte au fond, c’est que je crois en Dieu. Que je marche avec Dieu, même si je ne comprends pas tout. C’est cette foi, cette relation intime, qui guide mes pas. Et croire en Dieu, c’est accepter qu’il y ait du mystère Alors je cherche. Avec l’intellect, parce que j’aime comprendre. Mais surtout avec le cœur, parce que lui seul sait parfois ce que la tête ne peut pas expliquer. Et quand je parle de cœur, j’évoque en ce sens le cœur de l’âme. Il ne s'agit pas là d’un organe physique, mais du centre de la perception mystique et de l’intuition profonde. Alors que les créatures fassent partie de Dieu, ou que Dieu soit totalement séparé de sa créature, Dieu reste Dieu. Plus grand que les mots. Plus vaste que les pensées. Plus profond que les écoles de pensée. Parfois, l’essentiel n’est pas de choisir un camp. Mais de rester humble. De marcher entre les mondes. De chercher la lumière, sans jamais prétendre l’avoir saisie. Et au fond, la lumière est partout. Même quand on ne comprend pas.