Pensez le Futur.

Morocco-Nigeria: From Coldness to a Continental Strategic Partnership... 10541

I am currently in Abeokuta, Nigeria, for the organization of the African Athletics Championships for U18 and U20. It is only natural to reflect on the relations between Morocco and Nigeria, which have seen a remarkable evolution, moving from a period of distance and caution to a major strategic partnership for Africa. An eloquent indicator: the national airline now operates two daily flights to Lagos. From the 1960s to the 1980s, relations between Morocco and Nigeria remained formal but distant, due to deep ideological differences. Nigeria, an Anglophone heavyweight and close to the Non-Aligned Movement—a non-alignment that in reality meant alignment with the Eastern European models of the time. Morocco, on the other hand, closer to the West, adopted a cautious diplomacy in line with its longstanding position and its principles of non-interference and respect for peoples and their choices. The distancing between the two countries became more pronounced, especially after the Kingdom’s withdrawal from the Organization of African Unity (OAU) in 1984, in reaction to the admission of the so-called Sahrawi Arab Democratic Republic (SADR) to this organization. The issue of the so-called Western Sahara was a major point of friction, with Nigeria supporting the SADR, which hindered any significant rapprochement. Thus, relations during the 1980s and 1990s remained lukewarm, limited to basic diplomatic exchanges. The return of democracy to Nigeria in 1999, with the election of Olusegun Obasanjo, and Morocco’s growing influence on the African stage marked a turning point. The two countries began a discreet but concrete diplomatic rapprochement. Several areas were explored to strengthen cooperation: energy, with discussions on gas cooperation; trade, with modest but growing exchanges; agriculture, aiming to meet the growing needs of the Nigerian population; and the religious dimension, notably through Sufism and the moderate religious education promoted by Morocco. The real turning point came in December 2016, during the historic visit of King Mohammed VI to Abuja. This visit marked a break in bilateral relations, with the signing of numerous cooperation agreements in the agricultural, banking, industrial, religious, and energy sectors. One recalls here the fraternal embraces and warm words that marked the meetings between His Majesty King Mohammed VI and President Buhari. The flagship project in this dynamic is the Nigeria-Morocco Gas Pipeline (NMGP), announced in 2016. This ambitious project, over 5,600 km long and crossing 13 West African countries, aims to transport Nigerian gas to Morocco, and potentially to Europe. Its objectives are multiple: to ensure energy security, promote regional integration, and strengthen geopolitical stability. Between 2022 and 2023, several financing and technical study agreements were signed with ECOWAS, OPEC, and European partners. At the same time, cooperation has diversified: Moroccan banks have invested in Nigeria, while the partnership between the OCP (Office Chérifien des Phosphates) and the Dangote Group has strengthened fertilizer production in Nigeria. On the religious front, Morocco welcomes Nigerian imams to its training centers, thus consolidating cultural and religious ties. Since the election of President Bola Tinubu in 2023, active cooperation with Morocco seems to be continuing. The NMGP pipeline project is progressing with the support of key players such as the European Union and the Islamic Development Bank, despite a complicated global context marked by the war in Ukraine and regional instability. The issue of Western Sahara remains a moderate dividing line: Nigeria has not withdrawn its recognition of the SADR, but has not made any hostile statements towards Rabat for several years, indicating a certain diplomatic appeasement. The Morocco-Nigeria partnership is part of a complex geostrategic dynamic, notably in competition and complementarity with Algeria. The Morocco-Nigeria project is sometimes seen as a counterweight to the Trans-Saharan Algeria-Nigeria pipeline, which remains at the project stage, unlike the Moroccan project, which is advancing rapidly and according to the set schedule. At the regional level, this alliance could reshape North-South axes of African cooperation, linking West Africa to the Maghreb, thus moving beyond the traditional Francophone/Anglophone divide. Morocco’s application to join ECOWAS, although currently suspended, illustrates this desire for deeper economic integration with Abuja as a key partner. Relations between Morocco and Nigeria have evolved from diplomatic coldness to a structuring strategic alliance for the African continent. The gas pipeline project, banking establishment, agricultural and religious cooperation, as well as geoeconomic convergences, make this partnership a major pillar of Africa’s Global South. The next decade will be decisive in measuring the ability of these two countries to transform their cooperation into a driver of continental integration. This clear overview and chronology of the evolution of Morocco-Nigeria bilateral relations highlights the political, economic, and geostrategic stakes underlying them. Can we conclude without paying heartfelt tribute and praying for the soul of President Muhammadu Buhari, who passed away on Sunday, July 13, in London at the age of 82 after a long illness? It was during his presidency that relations between the two countries developed and moved from a latent conflictual routine to a win-win cooperation. May he rest in peace.
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Le Monde et le Maroc : déconstruire un regard biaisé sur une monarchie adulée... 35

Le journal Le Monde, fondé sur recommandation du Général De Gaulle dans le contexte de la seconde guerre mondiale en 1944, est-il besoin de le rappeler, est réputé internationalement pour son journalisme d’investigation et sa capacité d’analyse, affiche pourtant une approche souvent biaisée lorsqu’il s’attarde sur le Royaume du Maroc. L’article paru le 24 août 2025, intitulé « Au Maroc, une atmosphère de fin de règne pour Mohammed VI », illustre de manière symptomatique cette tendance, à laquelle il importe de répondre en rappelant aussi la relation conflictuelle entretenue par le quotidien avec le Royaume quasiment depuis toujours. L'impression est que c'est probablement le fait que le Maroc soit un Royaume qui gêne ou dérange le journal. La relation à la monarchie, notamment de la gauche française, n'est point étrangère à ce positionnement idéologique. Depuis longtemps, la couverture éditoriale de Le Monde à l’égard du Maroc évite la neutralité. Dès l’époque de Hassan II, le journal adoptait fréquemment un ton critique, parfois injustement sévère, proposant une grille de lecture européenne qui a souvent réduit la complexité politique marocaine à une caricature. Entre interprétations déconnectées du terrain et insinuations infondées, le traitement réservé au pays s’est souvent limité à une vision manichéenne, marginalisant les nuances concrètes de ses évolutions et l'histoire séculaire du pays. Faut-il encore rappeler que le Royaume, état nation, existe bien avant la construction appelée aujourd'hui France. Il a donc ses propres codes et sa propre évolution et vision des choses. La posture du journal, héritière d’une lecture postcoloniale marquée par un socialisme primaire et figé sur l’image d’un pouvoir autoritaire immuable et d’une société en ébullition prêt à basculer. Les journalistes se voient revivre par procuration les années avant 1789. Les amalgames et les interprétations romancées sont la règle. Pour en revenir à l'article, le Roi du Maroc, Serait-il un souverain mal compris ? Le Royaume, quant à lui, demeure-t-il si peu connu des journalistes du "Le Monde" ? Le peuple séculaire du Maroc serait-il une simple copie de celui de la France du moyen âge? ou est-ce simplement une posture idéologique qui aveugle le journal. L’évocation d’une « atmosphère de fin de règne » dans l’article récent trahit une profonde méconnaissance doublée d’une hypothèse douteuse. En réalité, aucun signe tangible de déclin n’émerge, bien au contraire. Le peuple marocain affiche un attachement notable à sa monarchie, perçue comme un pilier essentiel pour la stabilité, le développement et la cohésion nationale. Une simple observation des réseaux sociaux aurait évité aux auteurs de s’égarer ainsi, et pour cause, depuis 1999, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc a accompli d’importantes réformes. Des avancées qui avaient demandé deux siècles à la France. Comment peut-on oublier de parler des grandes réalisations du pays en un laps de temps si court : - Une croissance économique soutenue dans plusieurs secteurs stratégiques, génératrice d’emplois et de perspectives durables. - La modernisation du code de la famille (Moudawana), symbole d’avancées sociales majeures, notamment en faveur des droits des femmes. - L’adoption d’une politique de justice transitionnelle ayant favorisé réconciliation et apaisement des blessures historiques. - La mise en place d’une couverture médicale obligatoire, élargissant l’accès aux soins pour tous. - Une diplomatie affirmée, reconnue sur le continent africain et à l’échelle internationale, démontrant une stratégie réfléchie et tournée vers l’avenir. - Le Royaume s'apprête à recevoir la Coupe du Monde de Football signe d'une grande confiance de la communauté internationale. Ces succès, pourtant flagrants, sont délaissés par les auteurs, car ils contredisent une narration sensationnaliste de déclin monarchique qui séduit certains horizons français, pourtant, sous cape, nostalgiques de la Monarchie qu'ils ont tuée. L’article mêle sans précaution rumeurs, clichés dépassés et hypothèses sans fondement, peignant le pouvoir comme figé, vieillissant et oppressif. L'auteur ignore sciemment la réalité multiple d’un pays à la croisée de traditions séculaires et d’une modernisation soutenue. La présentation d’un règne « crépusculaire » relève d’un regard condescendant, réminiscent des stéréotypes dominants qui assignent souvent le monde arabe et africain à des récits d’instabilité et de déclin. Contrairement au tableau sombre que dépeint Le Monde, le Maroc contemporain sous Mohammed VI poursuit une trajectoire dynamique, faite de progrès concrets et d’enjeux réels, en phase avec les attentes populaires. Le rejet ne s’exprime pas à travers un éloignement de la monarchie, mais par une exigence de réformes réfléchies, graduelles, respectueuses des traditions et des institutions. Dans ce cadre, parler de « fin de règne » relève d’une lecture erronée qui dénature la fonction et le rôle réels de la monarchie aujourd’hui. Il est essentiel ici de revendiquer un journalisme rigoureux, fondé sur la recherche documentaire et le pluralisme, qui s’affranchisse enfin des réflexes postcoloniaux et d’un regard condescendant. Le Maroc ne saurait être réduit à un objet d’étude exotique ni à un terrain d’application pour des scénarios importés. Plus qu’un vestige, la monarchie incarne un levier central d’une nation en mouvement, portée par un leadership lucide et engagé. Le passé éditorial du Le Monde semble toujours peser sur son analyse des événements actuels au Maroc. En affirmant péremptoirement une « atmosphère de fin de règne », l’article déconnecte son diagnostic des réalités sociales, économiques et politiques qui façonnent le Royaume. Les avancées réalisées témoignent d’une volonté sincère d’articuler traditions et modernité, stabilité et aspirations populaires, dans un environnement régional difficile que le pays a su appréhender avec discernement. En occultant ces éléments, privilégiant des ragots infondés et des stéréotypes achevés, le texte favorise un récit alarmiste qui dessert tant la vérité que le dialogue constructif, alimentant des préjugés hérités d’une vision postcoloniale obsolète. Ainsi, loin d’un déclin annoncé, le Maroc trace un chemin fondé sur un leadership consciencieux, enraciné dans une histoire millénaire, et attentif aux défis actuels, tourné vers un destin porteur d’espoir. Il est temps que Le Monde renouvelle son regard avec honnêteté et respect, en dépassant les clichés et en intégrant la diversité de la voix marocaine. L’arrogance d’un regard extérieur ne doit jamais primer sur la réalité vécue. Les lecteurs de ce journal comme les autres, quand il s'agit du Maroc, méritent une information équilibrée, non partisane et ouverte, qui reflète la richesse et la profondeur d’une société et d'un Royaume en pleine transformation, fidèle à ses institutions et à son souverain.