Pensez le Futur.

Un athlétisme mondiale plus riche mais pas pour tous... 1500

L'athlétisme mondiale est il subitement devenu plus riche ou seulement tente t il d'être plus juste dans la répartition des rentrées financières, notamment dans la part qu'il accorde aux athlètes. En tous cas les nouvelles pour les prochaines années semblent confirmer un important flux d'argent vers l'athlétisme avec pour premiers bénéficiaires, les athlètes. Il semble aussi que les projets récemment mis en place et formules nouvelles de compétitions soient très attractifs et intéressent beaucoup les promoteurs et annonceurs. Historiquement, il en a toujours été ainsi depuis les années 80 où sous le contrôle du président vénéré Primo Nebiolo, l'homme qui révolutionna l'athlétisme, l'IAAF à l'époque, avait été pionnière en décidant d'octroyer des primes aux athlètes lors des championnats du monde. Elle commença aussi à verser des aides aux fédérations nationales pour la préparation de leurs athlètes. En fait elle faisait une répartition aussi juste que possible des revenus générés par les compétitions mondiales. World Athletics (nouvelle appellation de IAAF) dans la même lancée, quarante ans plus tard a, elle, annoncé des primes aux athlètes lors des derniers jeux olympique à Paris. Ceci avait fait grincer les dents de plus d'une fédération internationale et bien évidemment du CIO...Un jour celui devrait revoir sa politique financière et venir à l'évidence qu'à la base de l'argent qu'il engrange, il y a un spectacle dont les acteurs sont les sportifs et que toute prestation qui génère des bénéfices doit bénéficier à ses acteurs en premiers. Je suis de ceux qui pensent que le CIO et au plus vite, devrait commencer à verser des primes aux vainqueurs. Il semble aujourd'hui que du fait d'une augmentation importante de ses ressources, la compétition annuelle la plus importante en athlétisme , la "Wanda Diamond League" va augmenter les primes aux athlètes en 2025. Les montants ainsi prévus seront élevés par rapport aux saisons précédentes. La valorisation promise concernera tant les compétitions individuelles que les prix globaux versés lors de la finale annuelle. De son côté World Athletics qui avait déjà augmenté en 2022, la dotation réservée aux athlètes aux championnats du monde, propose maintenant une nouvelle formule de compétition annuelle qu'elle appelle désormais "Ultimate Championships". Cette compétition débuterait en 2026 avec une dotation de 10 millions USD. Les vainqueurs des différentes épreuves devraient recevoir 150 000 USD. Par ailleurs arrive la nouvelle ligue mondiale, Grand Slam Track (GST), fondée par le légendaire sprinter américain Michael Johnson, ancien recordman du monde des notamment. Cette compétition fera ses débuts en avril 2025. Le GST, qui verra s'affronter les meilleurs coureurs masculins et féminins du monde, offre 262 500 USD de prix à chacune de ses quatre rencontres, chaque vainqueur recevant 100 000 USD. Récemment aussi, on a vu surgir The Athlos, un événement organisée à New York par Alexis Ohanian (le mari de Serena Williams). Cette compétition réservé aux femmes est doté d'un prix de 110 500 USD par course dont 60 000 USD pour chacune des vainqueurs. L'athlétisme européen n'est pas du reste et a connu également un véritable bouleversement en lançant cette année aux Championnats d'Europe de Rome les couronnes d'or d'une valeur de 50 000 EUR, octroyés au meilleur résultat par groupe d'épreuves. Ces primes ont été remportées par 10 athlètes de renom: Warholm, Ingebrigtsen, Duplantis, Fabbri, Erm - Bol, Battocletti, Elkasevic, Mihambo et Thiam. En outre, pour 2025, les compétitions en plein air organisées sous l'égide de l'European Athletics seront dotées de prix encore plus élevés : 75 000 EUR pour l'argent, 30 000 EUR pour le bronze et 12 000 EUR pour le challenge. Ainsi l'athlétisme semble s'être remis d'aplomb financièrement et ceci est sans doute conséquence de la bonne santé des performances des athlètes toujours en progrès et de compétitions de plus en plus spectaculaires. Ce pendant ces nouvelles formules risquent de creuser encore plus l'écart entre les différentes régions du monde, notamment quand il s'agit des compétitions continentales. Si l'Asie et l'Amérique du nord ont la capacité de suivre le pas, un peu moins l'Océanie et l'Amérique du Sud, l'Afrique quant à elle semble loin de pouvoir générer des flux financiers à même de lui permettre d'organiser de grands championnats en versant des primes aux athlètes. Ce n'est ni une question de volonté ni encore moins de compétence en la matière. C'est plutôt le contexte économique qui est ici déterminant. Lors des championnats continentaux à Assaba au Nigéria en 2018, l'Afrique avait devancé l'Europe en tentant justement de verser des primes aux vainqueurs des différentes épreuves, d'un montant de 3000 USD. Le projet n'avait hélas pas abouti. La Confédération Africaine d'Athlétisme risque d'avoir du mal à attirer les meilleurs athlètes africains à ces compétitions si elle ne s'alignait pas avec ce qui se passe ailleurs. Pour ce qui est des meetings, là aussi l'écart risque encore de se creuser davantage. Les formules en Europe et en Amérique du Nord vont lourdement handicaper l'attractivité des compétitions ailleurs et notamment en Afrique, encore une fois. Seul donc l'avenir nous dira ce qu'il en sera vraiment...très bientôt d'ailleurs. Au finale se sont les athlètes qui seront plus justement récompensés pour leurs efforts et sacrifices. Et ça c'est incontestablement un grand progrès mondial.
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Un philosophe, de l’acide, et une pierre 35

Un ami m’a demandé un jour d’écrire sur la pierre philosophale. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il insiste souvent avec cette phrase étrange : « Entre à l’intérieur de la Terre, et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. » En général quand il me sort ça, je le regarde comme s’il parlait une langue morte et dans un sens, c’est presque le cas. Alors aujourd’hui, je prends un peu de temps pour essayer de comprendre ce que ce charabia veut dire. Apparemment, ce fameux message est un acronyme ancien qu’utilisaient les alchimistes : V.I.T.R.I.O.L. Ça veut dire : Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem, en français : « Visite l’intérieur de la Terre, et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. » Ok… ça a toujours l’air bizarre, mais on commence à voir où ça veut aller. En gros, on te dit : « Descends dans la profondeur des choses, cherche à comprendre, à purifier… et tu trouveras quelque chose de précieux. » Mais quoi ? Cette fameuse pierre philosophale. Alors, petite pause : c’est quoi exactement la pierre philosophale ? Dans les livres d’alchimie, c’est cette substance légendaire qui permettrait de transformer le plomb en or, et de fabriquer l’élixir de vie. Elle représente l’ultime but de l’alchimiste, le graal absolu. Mais soyons honnêtes, personne n’a jamais mis la main dessus, en tout cas pas physiquement. Et c’est là que le truc devient intéressant, la pierre n’est pas qu’une matière, c’est surtout un symbole. Elle incarne la transformation totale de la matière brute vers un état pur, de l’homme ordinaire vers l’homme éveillé. Bref, c’est un aboutissement, un accomplissement autant intérieur qu’extérieur. Mais quel est le rapport avec le Vitriol ? Parce que, quand on tape ce mot sur Internet, on tombe sur des trucs pas très spirituels : un acide corrosif, puissant, dangereux. En chimie, le Vitriol, c’est un liquide capable de dissoudre presque tout. Et là, je me demande : Comment on passe d’un acide qui ronge tout à un symbole de lumière intérieure ? Eh bien… c’est justement ça, le génie de l’alchimie. Le Vitriol chimique représente la phase de destruction nécessaire dans tout processus de transformation. Il dissout, il nettoie, il casse ce qui est trop solide, trop figé. En langage symbolique, c’est la descente dans nos ombres, dans nos blocages, dans nos failles. Le Vitriol devient le symbole de la purification. On enlève les couches mortes, les masques, les illusions… pour révéler quelque chose de plus vrai. Donc oui, l’alchimiste "utilise" le Vitriol pour faire la pierre philosophale. Mais pas comme on utilise un ingrédient dans une recette. C’est plus profond. Le Vitriol, c’est l’étape du feu intérieur, celle où on affronte, on traverse, on se transforme. Et ce n’est qu’en passant par cette phase-là, la plus inconfortable, la plus obscure qu’on peut espérer atteindre la fameuse pierre. Et pour rendre tout ça un peu plus pop culture : Harry Potter en parle aussi. Dans le premier tome, Harry Potter à l’école des sorciers, toute l’histoire tourne autour de la pierre philosophale. Elle donne l’immortalité, transforme le métal en or, sauf qu’à la fin Nicolas Flamel accepte de la détruire. Pourquoi ? Parce qu’il comprend que la vraie sagesse, c’est de vivre, pas de fuir la mort. C’est une très belle image en fait, la pierre est là, mais elle ne sert pas à devenir invincible, elle sert à comprendre que ce qui compte. C’est la transformation intérieure, pas le pouvoir brut. En vrai, on est tous un peu alchimistes. On cherche à transformer nos galères en force, nos erreurs en leçons, nos ombres en lumière. Le Vitriol, ce n’est peut-être pas un liquide qu’on garde dans un flacon mais plutôt une épreuve qu’on traverse. Et la pierre philosophale, ce n’est peut-être pas un objet mais ce qu’on devient à la fin du chemin. Et je conclus cette réflexion par une petite histoire que j’ai trouvée sur ma route. Une vieille légende hindoue que je vous livre telle quelle, parce qu’elle parle mieux que moi de cette quête de transformation intérieure : « Il y eut un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma, le maître des dieux, décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette. Lorsque les dieux mineurs furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci : « Enterrons la divinité de l'homme dans la terre ». Mais Brahma répondit : « Non, cela ne suffit pas, car l'homme creusera et la trouvera ». Alors les dieux répliquèrent : « Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans ». Mais Brahama répondit à nouveau : « Non, tôt ou tard, l'homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu'un jour il la trouvera et la remontera à la surface ». Alors les dieux mineurs conclurent : « Nous ne savons pas où la cacher, car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d'endroit que l'homme ne puisse jamais atteindre un jour ». Alors Brahma dit : « Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher ». Depuis ce temps-là, conclut la légende, l'homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui ».