Pensez le Futur.

2024, Palme d'or au Kenya pour les records du monde. 1960

2024 a sans doute été l’année des jeux Olympiques par excellence avec des moments palpitants, des compétitions inoubliables, de grandes performances et une ambiance des grands jours. Paris ne pouvait rêver mieux surtout avec l’adhésion remarquablement exceptionnelle des spectateurs. Le nombre y était et l’enthousiasme aussi. Le score record de 198 350 points dans le classement des compétitions de l’année de World Athletics est le meillféminineur résultat de tous les temps pour les compétitions de type Championnat. Les Américan Trials sont relégués à la seconde place et les championnats d'Europe d'athlétisme à la troisième. Mais l’année 2024 a été aussi celle des records du monde par excellence. On pensait 2023 une année exceptionnelle, pas du tout 2024 a été meilleure avec une part de lion pour les athlètes du Kenya; ce qui est tout à l’honneur du continent Africain en plein essor. A tout seigneur tout honneur et c'est au suédois Mondo Duplantis et ses trois records au saut à la perche que revient la palme d'or ainsi qu'à la galactique américaine Sydney McLaughlin-Levrone par deux fois recodwomen aux 400m haies cette année. Les deux Mega stars se sont distingués aussi parce qu'ayant amélioré des records pendant les compétitions des Jeux Olympiques. Au marathon féminin Ruth Chepngetich va pulvériser le record du monde dans une course mixte et Perez Jepchirchir, dans une course exclusivement féminine. Il y eu aux 1500m Faith Kipyegon et aux 10 000m la tonitruante Beatrice Chebet. L’un des records les plus inattendus de l’année fut réalisé au saut en hauteur féminin avec l’ukrainienne de 1m80, Yoroslava Mahuchikh, suivi au disque hommes avec Mykolas Alekna qui nous vient de Lituanie. Plus confidentiels mais non moins importants sont les records obtenus à la marche sur 35 km par le japonais Masatora Kawano chez les hommes et au relais mixte 4x400m par l’équipe des USA. Trois records du monde ont également été établis sur 2000 m féminin avec l’australiene Jessica Hull et aux 3000 m masculin avec le survolté norvégien Jacob Ingebrigtsen qui n'arrive pas à s'y prendre corectement pour le record des 1500m toujours en possession du légendaire Hicham El Guerrouj. D’autres records ont été battus dans les épreuves sur route, dans les 5 km et les 10 km par Agnes Ngetich encore une kenyane dans une course mixte. Dans le mile sur route le record masculin a été amélioré à deux reprises par un autre Kenyan Emanuel Wanyonyi et par le britanique Elliot Giles. Celui du semi-marathon a lui été battu par l’ethiopien Yomif Kejelcha. D'autres records du monde ont été établis dans les épreuves en salle également avec aux 60m haies féminin par deux fois la bahaméenne Devynne Charlton, record qui sera égalé par l’américaine Tia Jones. La hollandaise Femke Bol a amélioré le record du monde en salle des 400m par deux fois également, avant d’alller plus tard porter haut son pays aux jeux olympiques. Sur 60m haies masculin l’américain Grant Holloway va pulvériser le record en cette année 2024. Il y a eu également trois records du monde, sur des distance moins conventionnelles comme les 600m par la kenyane Mary Moraa, les 300m avec la révélation mondiale, le botswanais LetsileTebogo, élu par ailleurs meilleur athlète de l’année. Le record du double mile en salle fut également amélioré par celui qui est entrain de redorer le blason britanique au demi fond Joshua Kerr. A cela s'ajoutent 14 records du monde chez les U20 et six dans la catégorie des U18. Ces réalisations montrent parfaitement le caractère universel de l’athlétisme. La quasi totalité des continents est représentée sur la liste des nouveaux records du monde avec une domination certes africaine grâce notamment aux athlètes du Kenya.
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Entre deux vérités 27

La vérité est une, mais les érudits l’appellent par différents noms. Dans mes textes précédents, j’évoque souvent cette idée, celle de l’unité avec Dieu. C’est une pensée qu’on retrouve dans le soufisme, à travers des figures comme Ibn Arabi. Mais cette idée d’unité n’est pas née avec l’islam. Des philosophes comme Plotin, bien avant, parlaient déjà d’un principe unique. Chez lui, "L’Un", c’est l’origine de tout ce qui existe. Tout en découle. Tout y retourne. Rien n’existe sans lui. En simplifiant beaucoup, ce concept signifie que Dieu, la création, les humains, la terre, les anges, l’enfer, le paradis… tout cela ne serait qu’une seule et même réalité, une manifestation de Dieu, une expression de Lui. Je l’ai parfois formulé ainsi : "En se connaissant soi-même, on rencontre Dieu." Ibn Arabi était parfois appelé "le plus grand maître" (Cheikh al-Akbar). D’autres, plus critiques, l’ont surnommé "Cheikh al-Akfar" le maître des impies". C’est dire à quel point sa pensée divise. Il affirme que tout est en Dieu. Qu’il n’y a rien en dehors de Lui. Il parle d’une réalité unique, divine, qui se manifeste sous mille formes, les nôtres, celles du monde, du visible comme de l’invisible. Il écrit en poésie : Mon coeur est devenu capable d'accueillir toute forme. Il est le pâturage pour gazelle et abbaye pour moine ! Il est un temple pour idoles et la Kaaba pour qui en fait le tour. Il est les tables de la Thora et aussi les feuilles du Coran ! La religion que je professe est celle de l'Amour. L'Amour est ma religion et ma foi. Mais certains prennent ces paroles au pied de la lettre, comme s’il disait "l’homme est Dieu". Et forcément, ça choque. Pourtant, je pense qu’il ne s’agit pas d’une confusion mais d’une tentative de dire que tout ce qui existe est enraciné en Dieu. Que notre perception, voilée, morcelée, nous donne l’illusion d’être séparés. Il dit d'ailleurs: "Dieu est le miroir dans lequel l’homme se contemple, et l’homme est le miroir dans lequel Dieu contemple Sa création." Ce n’est pas de l’arrogance. Ce n’est pas non plus de l’égarement. C’est une manière poétique, mystique, de parler d’un lien invisible, subtil, entre ce que nous croyons être et ce que Dieu reflète à travers nous. Mais en parallèle de cette vision, j’ai aussi grandi avec l’idée de la séparation. On m’a transmis une vision plus classique, plus sobre. Une vision dualiste. Dieu est au-dessus de tout. Il est distinct de sa création. Il n’a pas de forme, pas de besoin. Il est le Créateur, nous sommes les créatures. Il n’y a pas de confusion possible. Le Coran nous dit : "Il n’y a rien qui lui ressemble." (42:11) Dans cette vision, Dieu reste unique, parfait, au-delà de tout. Et l’humain, même dans sa beauté (ou pas), reste limité, séparé, humble face à Lui. Et moi, je me tiens entre ces deux mondes. Je les ressens tous les deux. L’un me parle de proximité, de mystère, d’amour. L’autre me parle de majesté, de transcendance, de distance. Ils semblent opposés, mais en moi, ils coexistent. Et pour ne pas me simplifier la tâche, il y a le Coran. Ce livre sacré que je prends moi pour la parole de Dieu. Mais aussi pour une parole dense, profonde, mystérieuse. Une parole qu’on ne peut jamais enfermer dans une seule explication. Quelqu’un a dit un jour que le Coran est comme un océan, plus on plonge, plus on découvre des couches, des sens, des profondeurs qu’on ne soupçonnait pas. Il se lit mille fois. Il se comprend mille fois autrement. Tout dépend de l’état du cœur de celui qui lit. Je crois que c’est voulu. Si la vérité était évidente à la première lecture, la quête serait terminée avant même d’avoir commencé. Au final, j’ai remarqué quelque chose, je crois en tout, et en même temps, je ne crois en rien. Je crois à plusieurs réalités, mais je ne sais pas si l’une d’elles est la vraie. Mon cerveau est en lui-même un paradoxe. Ce n’est pas un mal, ni une faiblesse. C’est juste une grande ouverture d’esprit, une façon d’accueillir le mystère sans vouloir tout enfermer dans une seule vérité. Ce qui compte au fond, c’est que je crois en Dieu. Que je marche avec Dieu, même si je ne comprends pas tout. C’est cette foi, cette relation intime, qui guide mes pas. Et croire en Dieu, c’est accepter qu’il y ait du mystère Alors je cherche. Avec l’intellect, parce que j’aime comprendre. Mais surtout avec le cœur, parce que lui seul sait parfois ce que la tête ne peut pas expliquer. Et quand je parle de cœur, j’évoque en ce sens le cœur de l’âme. Il ne s'agit pas là d’un organe physique, mais du centre de la perception mystique et de l’intuition profonde. Alors que les créatures fassent partie de Dieu, ou que Dieu soit totalement séparé de sa créature, Dieu reste Dieu. Plus grand que les mots. Plus vaste que les pensées. Plus profond que les écoles de pensée. Parfois, l’essentiel n’est pas de choisir un camp. Mais de rester humble. De marcher entre les mondes. De chercher la lumière, sans jamais prétendre l’avoir saisie. Et au fond, la lumière est partout. Même quand on ne comprend pas.