Think Forward.

GERIATRIE : COMMENT PRÉVENIR LES ESCARRES CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES ? 1765

DES ESCARRES MAL SOIGNEES PEUVENT PRECIPITER LA PERSONNE ÂGEE DANS LA DEPRESSION ET MÊME LA MORT L’escarre est une plaie ouverte, qui se forme à l’endroit où la chair est prise en étau entre l’os et le support (matelas, fauteuil) pendant plusieurs heures chez une personne obligée de garder le lit ou ayant perdue son autonomie. Sa fréquence n’est pas toujours bien appréciée mais on peut estimer néanmoins qu’au moins une personne âgée sur deux en sera touchée plus ou moins gravement. Outre les souffrances physiques, elle est en effet dévalorisante. Elle provoque souvent la survenue ou l’accentuation d’un phénomène dépressif. QU'EST CE EXACTEMENT QU'UNE ESCARRE Quand une personne alitée repose plusieurs heures sur les mêmes points d’appui, la chair est alors compressée à ces endroits, freinant ainsi la bonne circulation du sang et l’oxygénation du sang. Une fois en état d’hypoxie (terme médical pour désigner un manque d’apport en oxygène au niveau des tissus de l’organisme), les tissus vont se dégrader très vite. Le passage du stade d’érythème (rougeur cutanée) à celui d’ulcère (plaie ouverte) peut prendre seulement quelques heures. Selon la classification la plus utilisée, le processus se décline en plusieurs phases de développement : - stade 0, rougeur apparaissant mais disparaissant quand on appuie dessus ; - stade 1, rougeur ne blanchissant pas sous la pression du doigt ; - stade 2, désépidermisation : arrachement cutané touchant l’épiderme et éventuellement le derme, dont une variante au niveau du pied est la phlyctène (ou ampoule) hémorragique ou séreuse, selon qu’elle contient ou non du sang ; - stade 3, nécrose : plaie profonde avec plaque de nécrose recouvrant en général des tissus sous-jacents dévitalisés ; - stade 4, ulcère : plaie ouverte profonde, résultant le plus souvent d’une escarre de stade 3 après élimination des tissus nécrotiques ; les muscles sont touchés, au point que l’on peut voir tendons et articulations à nu. Une autre classification utilisée repose sur une cartographie des couleurs et un raisonnement en termes de pourcentage des couleurs QUELS ENDROIT DU CORPS DOIVENT ÊTRE SURVEILLES ? 40 % des escarres siègent au sacrum (le sacrum, au bas du dos, est formé de la soudure des 5 vertèbres sacrées) et 40% aux talons. Les autres localisations les plus fréquentes sont les ischions (l’ischion est l‘ un des trois os qui sont soudés chez l’adulte pour former le bassin : il supporte le poids du corps en position assise) et le trochanter (les protubérances de la partie supérieure du fémur) ainsi que, par ailleurs, l’occiput en pédiatrie. Pour le malade en fauteuil, roulant ou non, on surveillera : la nuque, les omoplates, les fesses et les talons. Pour le malade couché sur le côté, on surveillera : les trochanters, la face interne des genoux et les faces internes/externes des pieds. Pour le malade sur le dos, on surveillera : l’occiput, la nuque, les omoplates, les coudes, les crêtes iliaques, le sacrum, les fesses, la face interne des genoux et les talons. QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUES ? Ils sont multiples. Quelqu’un qui ne gère pas bien son capital santé, ne se nourrit pas et/ou ne s’hydrate pas correctement présente plus de risque. L’escarre guette également, tout particulièrement les sujets atteints : - de troubles de la conscience et de neuropathie ; - d’artérite, de problèmes vasculaires, d’hypertension ou d’insuffisance cardiaque ; - des conséquences physiques de maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, lupus, scléroses en plaques…) - d’anémie et, de façon générale, de tout problème nécessitant une hospitalisation. QUELS GESTES PRÉVENTIFS ? - Observation régulière de l’état cutané à chaque changement de position et lors des soins d’hygiène. Une rougeur qui subsiste à la pression d’une palpation doit immédiatement alerter. - Corps étrangers : les sondes urinaires ou les lunettes à oxygène sont à surveiller car sources d’escarres. - Nutrition : l’entourage (famille, personnel soignant) doit surveiller l’appétit de la personne âgée, une perte de poids rapide favorisant en effet l’escarre. Au besoin, il faut enrichir ses plats et veiller à ce qu’il reçoive, notamment, une ration protéinique identique à une personne plus jeune et active car la personne âgée synthétise moins bien les protéines et va avoir besoin d’en consommer plus en cas d’escarre. Il faut également veiller à une bonne hydratation, variée si possible (eau, tisanes, jus de fruits…). La capacité à se nourrir correctement est centrale dans le processus de cicatrisation. - Sensibilité : la sensibilité cutanée de la personne est diminuée si on s’aperçoit qu’elle ne change pas de position spontanément en l’espace d’une demi-heure. Il faut alors planifier des changements de position environ toutes les 2 heures pour solliciter d’autres points d’appui. - Hygiène : Il est important de maintenir la personne au sec en évitant les risques de macération QUELS SONT LES PREMIERS SOINS ? – Nettoyage de la plaie et de son pourtour : employer l’eau et le savon ou du sérum physiologique. L’intérêt des antiseptiques ou des antibiotiques n’est pas démontré en l’absence d’infection. La plaie ne doit pas être asséchée mais, après les soins, on peut tamponner légèrement avec une serviette douce. – Traitement de l’escarre constituée : La détersion est nécessaire sur les plaies nécrotiques et/ou fibrineuses, soit mécaniquement soit à l’aide de pansements. Les matières mortes et le sang issu des capillaires sanguins endommagés produisent en effet une masse au fond de la plaie. Cette masse, souvent dure et sèche, s’oppose au processus de reconstruction cellulaire et donc à la cicatrisation. La colonisation bactérienne est, par ailleurs, constante dans les plaies chroniques : différente de l’infection, elle est utile à la cicatrisation et doit être simplement contrôlée par un nettoyage et une détersion soigneuses des tissus morts. QUELS SONT LES GESTES A PROSCRIRE – Pas d’utilisation de produits agressifs (éosine, alcool, antiseptique), de glace sur la plaie, de chaleur (sèche-cheveux par exemple) pour sécher la plaie. Ces gestes détruisent la flore cutanée alors qu’elle est une barrière aux infections. – Pas d’utilisation d’huile essentielle. – Pas de massage des rougeurs – Pas de gestes brusques pour lever le malade ou lui tirer les draps, sous peine de provoquer des coupures de la peau. Dr MOUSSAYER KHADIJA Spécialiste en Gériatrie EN SAVOIR PLUS 1/Liens utiles : - Société Française et Francophone des Plaies et Cicatrisations, rubrique Escarres http://www.sffpc.org/index.php?pg=connaiss&rubrique=escarre - Conférence de consensus publiée par la Haute Autorité de Santé http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_271996/prevention-et-traitement-des-escarres-de-ladulte-et-du-sujet-age - Claire Dubois, Prévenir et soigner les escarres : nouvelles recommandations, 2013 http://www.actusoins.com/13601/prevenir-et-soigner-les-escarres-nouvelles-recommandations.html
Dr Moussayer khadija

Dr Moussayer khadija

Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)


5100

0

Moroccan Higher Education Under Fire: The Crisis of Diploma Sales and Scientific Integrity... 209

The recent scandal involving the sale of diplomas at Ibn Zohr University in Agadir is not just an isolated incident but a symptom of a systemic crisis undermining the credibility of Moroccan higher education and, more broadly, public trust in institutions. The arrest of a law professor suspected of issuing diplomas in exchange for payment exposed a structured network of academic fraud, revealing serious flaws in control and evaluation mechanisms. Even if isolated, this phenomenon deeply impacts the quality and reputation of Moroccan diplomas. It undermines the quality of university education, calls into question the integrity of evaluation procedures, weakens the pedagogical authority of teachers, and discredits Moroccan diplomas both nationally and internationally. The consequences are multiple, ranging from employers losing trust in the value of diplomas, to reduced international mobility of Moroccan students, and, of course, to the weakening of Moroccan universities' reputations in global rankings. **In response, reactions have been strong given the gravity of the case. The National Authority for Integrity, Prevention, and the Fight against Corruption (INPPLC) intervened, initiating civil action to defend the public interest despite the opening of a judicial investigation. The scandal was also raised in Parliament, highlighting the crisis's magnitude and the need for a strong response to restore citizens' confidence in academic and judicial institutions.** This scandal confirms what had already been rumored among students about registrations and diplomas obtained for money or even in exchange for sexual favors. The situation is further aggravated by a recently revealed structural problem in scientific research. This scandal is neither isolated nor unprecedented. It fits into a broader context of a crisis of scientific integrity, as revealed by the 2025 Scientific Research Integrity Index. This index, focused on the quality and ethics of publications, sounded the alarm for ten Moroccan universities, flagged for publications tainted by methodological errors or plagiarism, and removed from international databases. The 2025 Scientific Integrity Ranking presents an alarming state of affairs: - Ibn Tofail University in Kenitra is on the red list: out of 2,154 publications, 165 were withdrawn. - Ibn Zohr University in Agadir is on the orange list: 96 of 1,912 publications withdrawn. - Hassan II University in Casablanca is also on the orange list with 202 publications withdrawn out of 3,668. - Mohammed V University in Rabat is on the orange list with 253 articles withdrawn out of 4,544. - Sidi Mohammed Ben Abdellah University in Fez is also on the orange list with 191 titles withdrawn. - Abdelmalek Essaadi, Sultan Moulay Slimane, Moulay Ismail, Mohammed VI Polytechnic, and Cadi Ayyad universities are on the yellow list, meaning under surveillance. This ranking highlights a high or very high risk of non-compliance with academic integrity standards in several Moroccan public institutions, damaging the country's reputation in the MENA region. Morocco ranks third in terms of the number of universities concerned, behind Saudi Arabia and Egypt. It is important to emphasize that it is not the walls of these institutions that are at fault or cause such scandalous harm, but humans—and not just any humans. These are the ones supposed to train the national elites, advance the country, and secure its future. *Quickly said: not all of them, because there are also very great, competent, and honest teachers and researchers in our universities who are the first to suffer from this situation.* This means that even at this level, where probity should be decisive and where only competence should prevail, unacceptable practices likely exist in researcher recruitment, in peer review of their work, or by the institutions that employ them. This crisis, which tarnishes the country's image, demands urgent and structural measures. Without calling for immediate sanctions, demotions, or dismissals of the teachers involved, it is imperative to prioritize strengthening internal controls, guarantee the autonomy of scientific integrity units in each university, and train teacher-researchers and students in research ethics and fraud detection, reminding them that they are monitored internationally and that plagiarism or data manipulation cannot escape the vigilance of competent authorities. Finally, it is imperative and urgent to establish an independent national observatory to ensure transparent and sustainable monitoring of academic practices. Our academics must understand that valuing integrity in rankings and university recognition is an absolute necessity. To this end, they have the duty to prioritize quality over quantity in publications. The multiplication of scandals in the university environment is only the visible part of a deeper malaise in management, curricula, and the very foundation of university education in Morocco. This is what generates so many dysfunctions that must be tackled head-on and without concession. Meeting the challenge of academic integrity is today a sine qua non condition to guarantee the credibility, attractiveness, and competitiveness of Moroccan universities on a global scale, with all the impact this can have on the country's future. This is the true mission of Si Azzedine El Midaoui, Minister of Higher Education, Scientific Research, and Innovation, who knows the intricacies of Moroccan universities well, having worked at all levels within them.