Le Maroc, pivot incontournable de la nouvelle stratégie américaine en Afrique et Atlantique
Dans un mini-sommet, premier du genre, le président Trump a reçu cinq chefs d’État ouest-africains, une nouvelle donne géopolitique dans la région. Les USA adoptent désormais une approche pragmatique et transactionnelle, centrée sur des partenariats économiques, la sécurité et la valorisation des ressources stratégiques. En filigrane, il s’agit bien entendu de contrer l’influence grandissante de la Chine et de la Russie dans la région.
La nouvelle orientation se traduit dans la sélection ciblée des partenaires africains. Washington privilégie des pays perçus ouverts aux investissements et riches en ressources critiques, possiblement au détriment de certains poids lourds régionaux, comme le Nigeria. L’accent est mis sur des accords commerciaux et d’investisse en remplacement de la fameuse aide publique au développement traditionnelle, abandonnée au profit d’accords bilatéraux axés sur le commerce, l’accès aux minerais stratégiques: manganèse, uranium, pétrole, cobalt et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement.
L’un des piliers de cette nouvelle approche est le renforcement de la dimension sécuritaire, dont la région a grand besoin. Les discussions ont porté sur la lutte contre le terrorisme, la régulation des flux migratoires et la coopération militaire, avec la volonté de s’appuyer sur des partenaires fiables pour projeter la puissance américaine.
Passons sur le comportement des uns et des autres et la gêne qui a glacé l'atmosphère. Finalement chacun était simplement à sa place et selon sa dimension véritable.
Tour à tour, devant le président, chacun des chefs d’État s’est présenté, dans une sorte de « nom, prénom, profession ». Dommage que La Mauritanie, le Gabon, la Guinée-Bissau, le Libéria et le Sénégal aient séparément exprimé leurs priorités économiques, sécuritaires et politiques.
- **Brice Clotaire Oligui Nguema, homme fort du Gabon**, a insisté sur la nécessité d’un soutien accru pour la transformation locale des ressources minières, évoquant sa décision d’interdire l’exportation du manganèse brut d’ici 2029 afin de favoriser la création de valeur ajoutée sur place, à l’image du modèle botswanais. Il s’est dit ouvert à des partenariats industriels pour développer les capacités de raffinage et de production locale.
- **Umaro Sissoco Embaló, de Guinée-Bissau**, a souligné l’importance stratégique de son port et la richesse en bauxite de son pays, demandant un appui pour moderniser les infrastructures portuaires et logistiques, condition essentielle à l’attraction des investissements et à l’intégration économique régionale.
- **Joseph Boakai, du Libéria**, dans un anglais parfait selon Trump, a réclamé un cadre plus favorable aux investissements américains, notamment en matière de sécurité juridique et de lutte contre la corruption. Il a également demandé un renforcement de la coopération dans la lutte contre le trafic de drogue et la régulation des flux migratoires, facteurs clés de la stabilité régionale.
- **Mohamed Ould Ghazouani, président de Mauritanie**, souhaite valoriser les ressources en manganèse et uranium, appelant à des accords pour développer des filières industrielles locales. Il a aussi proposé un partenariat renforcé dans la sécurité maritime pour lutter contre la piraterie et le trafic illicite dans l’Atlantique.
- **Bassirou Diomaye Faye, le sénégalais**, a évoqué la problématique de la dette cachée de son pays et sollicité un appui auprès des institutions financières internationales comme le FMI et le renforcement de la coopération économique et commerciale, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et des technologies de l’information.
Tous veulent établir des partenariats durables avec les USA, centrés sur la transformation locale des ressources, la modernisation des infrastructures, la sécurité et la gouvernance économique. Voulaient ils avertir que, sans investissements américains, d’autres puissances, prendraient leur place?
Bien que le Maroc n’ait pas été invité à ce mini-sommet, il occupe une place centrale dans la nouvelle architecture géopolitique africaine et atlantique grâce à plusieurs leviers notamment la modernisation de l’accord de libre-échange Maroc–États. Rabat cherche à élargir cet accord pour intégrer des secteurs émergents tels que l’intelligence artificielle, l’industrie de défense, l’énergie propre et l’hydrogène vert, au-delà des exportations textiles et agricoles traditionnelles. Les États-Unis souhaitant sécuriser certains approvisionnements pour réduire leur dépendance à la Chine, le Maroc se trouve être un bon partenaire dans les minerais stratégiques avec ses réserves de phosphates et de cobalt, ressources essentielles à la transition énergétique mondiale. Le Maroc est aussi un partenaire sécuritaire majeur. Il accueille les exercices African Lion et est entrain de moderniser ses forces armées avec des équipements américains de pointe, notamment HIMARS, drones, missiles. Il mène également des discussions sur l’acquisition de F-35.
En matière d'Énergie, Le Maroc ambitionne de devenir un fournisseur clé d’hydrogène vert pour l’Europe et les États-Unis, avec des projets d’intégration dans les futures chaînes d’approvisionnement énergétiques transatlantiques.
Dans le contexte de la nouvelle politique américaine, le Maroc peut ambitionner un meilleur profit de la situation en premier lieu par le soutien américain réaffirmé à la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud ce qui consolide sa position. Le Polisario est ainsi davantage isolé et et l’Algérie déboussolée.
Le Royaume s'est aussi consacré comme hub régional grâce à son ancrage atlantique, ses infrastructures ses projets de port de Dakhla, du gazoduc Nigeria-Maroc et sa stabilité politique. Il se présente comme la porte d’entrée idéale pour les entreprises américaines et européennes souhaitant accéder au marché africain. C'est là un atout majeur pour une attractivité accrue des investissements. La rivalité géopolitique favorise un afflux de capitaux et de projets structurants, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, des technologies et des industries de défense.
Il faut ajouter à cela le leadership diplomatique africain.
Fort de ses succès diplomatiques et économiques, le Maroc consolide son rôle de médiateur et de leader dans les initiatives de coopération Sud-Sud et d’intégration régionale. C'est l'état pivot parfait pour la région. Reste à ce que, au plus vite, la Mauritanie rejoigne les USA et les quatre autres pays et exprime clairement sa position sur la question du Sahara.
La recomposition géopolitique actuelle offre bien des marges de manœuvre inédites pour renforcer les partenariats stratégiques, valoriser les ressources, assurer la sécurité et la prospérité des peuples. Ces opportunités exigent cependant une diplomatie agile et une capacité d’anticipation face aux évolutions rapides des alliances et priorités internationales. Les Cinq l'ont ils saisit...Ils ont tous de bonnes relations avec le Royaume...
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Le Maroc, pivot incontournable de la nouvelle stratégie américaine en Afrique et Atlantique
Dans un mini-sommet, premier du genre, le président Trump a reçu cinq chefs d’État ouest-africains. Il s’agit d’une nouvelle donne géopolitique dans la région. Les USA adoptent désormais une approche pragmatique et transactionnelle, centrée sur des partenariats économiques, la sécurité et la valorisation des ressources stratégiques. En filigrane, il s’agit bien entendu de contrer l’influence grandissante de la Chine et de la Russie dans la région.
La nouvelle orientation se traduit dans la sélection ciblée des partenaires africains. Washington privilégie des pays perçus ouverts aux investissements et riches en ressources critiques, possiblement au détriment de certains poids lourds régionaux, comme le Nigeria. L’accent est mis sur des accords commerciaux et d’investissement. C’est ce qui remplace la fameuse aide publique au développement traditionnelle, abandonnée au profit d’accords bilatéraux axés sur le commerce, l’accès aux minerais stratégiques: manganèse, uranium, pétrole, cobalt et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement.
L’un des piliers de cette nouvelle approche est le renforcement de la dimension sécuritaire, dont la région a grand besoin. Les discussions ont porté sur la lutte contre le terrorisme, la régulation des flux migratoires et la coopération militaire, avec la volonté de s’appuyer sur des partenaires fiables pour projeter la puissance américaine.
Passons sur le comportement des uns et des autres et la gêne qui a glacé l'atmosphère. Finalement chacun était simplement à sa place et selon sa dimension véritable.
Tour à tour, devant le président, chacun des chefs d’État s’est présenté, dans une sorte de « nom, prénom, profession ». Dommage que La Mauritanie, le Gabon, la Guinée-Bissau, le Libéria et le Sénégal aient séparément exprimé leurs priorités économiques, sécuritaires et politiques.
- **Brice Clotaire Oligui Nguema, homme fort du Gabon**, a insisté sur la nécessité d’un soutien accru pour la transformation locale des ressources minières, évoquant sa décision d’interdire l’exportation du manganèse brut d’ici 2029 afin de favoriser la création de valeur ajoutée sur place, à l’image du modèle botswanais. Il s’est dit ouvert à des partenariats industriels pour développer les capacités de raffinage et de production locale.
- **Umaro Sissoco Embaló, de Guinée-Bissau**, a souligné l’importance stratégique de son port et la richesse en bauxite de son pays, demandant un appui pour moderniser les infrastructures portuaires et logistiques, condition essentielle à l’attraction des investissements et à l’intégration économique régionale.
- **Joseph Boakai, du Libéria**, dans un anglais parfait selon Trump, a réclamé un cadre plus favorable aux investissements américains, notamment en matière de sécurité juridique et de lutte contre la corruption. Il a également demandé un renforcement de la coopération dans la lutte contre le trafic de drogue et la régulation des flux migratoires, facteurs clés de la stabilité régionale.
- **Mohamed Ould Ghazouani, président de Mauritanie**, souhaite valoriser les ressources en manganèse et uranium, appelant à des accords pour développer des filières industrielles locales. Il a aussi proposé un partenariat renforcé dans la sécurité maritime pour lutter contre la piraterie et le trafic illicite dans l’Atlantique.
- **Bassirou Diomaye Faye, le sénégalais**, a évoqué la problématique de la dette cachée de son pays et sollicité un appui auprès des institutions financières internationales comme le FMI et le renforcement de la coopération économique et commerciale, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et des technologies de l’information.
Tous veulent établir des partenariats durables avec les USA, centrés sur la transformation locale des ressources, la modernisation des infrastructures, la sécurité et la gouvernance économique. Voulaient ils avertir que, sans investissements américains, d’autres puissances, prendraient leur place?
Bien que le Maroc n’ait pas été invité à ce mini-sommet, il occupe une place centrale dans la nouvelle architecture géopolitique africaine et atlantique grâce à plusieurs leviers notamment la modernisation de l’accord de libre-échange Maroc–États. Rabat cherche à élargir cet accord pour intégrer des secteurs émergents tels que l’intelligence artificielle, l’industrie de défense, l’énergie propre et l’hydrogène vert, au-delà des exportations textiles et agricoles traditionnelles. Les États-Unis souhaitant sécuriser certains approvisionnements pour réduire leur dépendance à la Chine, le Maroc se trouve être un bon partenaire dans les minerais stratégiques avec ses réserves de phosphates et de cobalt, ressources essentielles à la transition énergétique mondiale. Le Maroc est aussi un partenaire sécuritaire majeur. Il accueille les exercices African Lion et est entrain de moderniser ses forces armées avec des équipements américains de pointe, notamment HIMARS, drones, missiles. Il mène également des discussions sur l’acquisition de F-35.
En matière d'Énergie, Le Maroc ambitionne de devenir un fournisseur clé d’hydrogène vert pour l’Europe et les États-Unis, avec des projets d’intégration dans les futures chaînes d’approvisionnement énergétiques transatlantiques.
Dans le contexte de la nouvelle politique américaine, le Maroc peut ambitionner un meilleur profit de la situation en premier lieu par le soutien américain réaffirmé à la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud ce qui consolide sa position. Le Polisario est ainsi davantage isolé et et l’Algérie déboussolée.
Le Royaume s'est aussi consacré comme hub régional grâce à son ancrage atlantique, ses infrastructures ses projets de port de Dakhla, du gazoduc Nigeria-Maroc et sa stabilité politique. Il se présente comme la porte d’entrée idéale pour les entreprises américaines et européennes souhaitant accéder au marché africain. C'est là un atout majeur pour une attractivité accrue des investissements. La rivalité géopolitique favorise un afflux de capitaux et de projets structurants, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, des technologies et des industries de défense.
Il faut ajouter à cela le leadership diplomatique africain.
Fort de ses succès diplomatiques et économiques, le Maroc consolide son rôle de médiateur et de leader dans les initiatives de coopération Sud-Sud et d’intégration régionale. C'est l'état pivot parfait pour la région. Reste à ce que, au plus vite, la Mauritanie rejoigne les USA et les quatre autres pays et exprime clairement sa position sur les provinces du Sud du Maroc.
La recomposition géopolitique actuelle offre bien des marges de manœuvre inédites pour renforcer les partenariats stratégiques, valoriser les ressources, assurer la sécurité et la prospérité des peuples. Ces opportunités exigent cependant une diplomatie agile et une capacité d’anticipation face aux évolutions rapides des alliances et priorités internationales. Les Cinq l'ont ils saisit.
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