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L'éducation par les valeurs 1232

L’éducation par les valeurs Par Mustapha GUILIZ, enseignant, écrivain Nos valeurs font notre différence par rapport aux autres cultures qui nous entourent. C’est cela qui détermine notre ancrage dans l’espace et dans le temps. Avec la mondialisation, nous étions appelés à revoir les constantes morales qui faisaient notre fierté pour adopter, même timidement, d’autres valeurs qu’on considérait naguère comme des menaces à notre mode de vie. Des raccourcis que nous commettons inconsciemment, il y a l’idée qui nous faisait croire que le sens de la modernisation signifiait occidentalisation. C’est un glissement de sens qui occasionne bien des malentendus. Sur le plan du droit de l’homme, refuser d’en admettre les principes sous prétexte de notre particularisme est une incurie des plus regrettables. Ce retard observé dans le rythme de la modernisation affecte le domaine des réalisations. Les chantres de cette option se font des ventricules d’une classe sociale héritière des richesses du pays et qui lutte mordicus afin de garder l’exclusivité des privilèges. C’est la raison pour laquelle toute voix libre qui s’élève est durement punie par une machine aux pouvoirs labiles. Pire encore, on concède à la masse populaire les changements de comportements qui ne sont que des simulacres de son émancipation, non des progrès qui découlent de l’idée d’une perfectibilité de l’homme telle qu’elle est conçue par Rousseau et Condorcet. La foi dans le progrès et la modernisation par le progrès est étrangement sélective. Elle est le résultat d’un vain changement qui se réduit au paraître : les habits, la nourriture et d’autres modes de consommations. D’où le commerce étrangement limitatif des new fashion pour lesquels une bourgeoisie typiquement consumériste constitue une piètre caricature. On omet de penser que ce genre de folklore ne fait que souligner une uniformisation qui se satisfait des apparences. Mais les signes de notre manque à gagner sur le plan culturel sont si visibles qu’ils ne trompent pas. Ce phénomène que nous vivons depuis peu de générations est dû à une gestion politique qui, en même temps qu’ils gouvernent, les responsables aux manettes du pouvoir poursuivent des plans de développement d’une efficacité faillible et douteuse. La part d’effort pour la promotion de l’homme et la dignité du citoyen ne sert pas de base à l’expression collective des idéaux à réaliser. Cette promotion des valeurs positives à l’image du goût de l’effort, de l’honnêteté intellectuelle, du civisme sont rendus à la portion congrue. Le passé nous instruit ; l’avenir se construit. Les politiques culturelles ainsi conçues attestent d’une méconnaissance totale des bases de la culture ancienne et même moderne. C’est la raison pour laquelle une médiocrité tenace domine les pratiques culturelles. Médiocrité des programmes scolaires, médiocrité des formateurs, médiocrité de l’administration, médiocrité des politiciens, médiocrité des politiques. On nage dans une mer d’images fallacieuses, de mirages déroutants. La réalité se dérobe à nos yeux, ne laissant que simulacres, erreurs et subterfuges. On croit être ce que l’on n’est pas ou ce que l’on n’est plus. La pédagogie par l’immoralisme est un jeu dangereux. Le citoyen dont le niveau d’attachement à son socle culturel va se dissipant à cause des comportements scandaleusement individualistes d’une classe qui reste toujours presque impunie, ce citoyen risque de ne plus compter dans un avenir hypothéqué. Mais curieusement, les dépassements avérés sont révélés par une presse de plus en plus nerveuse à l’endroit de ces abus de pouvoir. Cette presse ne cesse de payer un lourd tribu dans des parodies de procès d’un âge révolu. Les dénonciations portent toutes les marques de détournement et de recel d’un héritage qui a plus de valeurs que le bien matériel : ce sont les valeurs. On oppose à cette morale de la dérive une impunité qui désespère le citoyen dans ses convictions les plus profondes. La pédagogie qui rate parfois sa cible, en fait parfois un homme qui ne trouve pas sa place dans la société : il devient un monstre. Les valeurs, les principes culturels n’ont de dignité que lorsqu’ils sont vécus comme les dogmes d’une croyance. Avec la différence qu’ils sont plus que cela. On n’est jamais dispensé de faire le bien en faisant abstraction des attaches qui nous définissent. Peut-être parce que les valeurs, qui ne dépendent pas du religieux, sont l’illustration de notre appartenance à la religion civique. Les vertus sont d’abord et avant tout humaines. C’est que le retard au niveau culturel se manifeste d’abord dans le respect de l’autre, de sa différence. Dans un ordre social qui ne souffre pas la liberté, l’individu se limite à une méconnaissance totale de cet autre. Sa connaissance manque de base. Même ceux qui ont les manettes du pouvoir font montre d’un goût médiocre à tous les niveaux, en particulier de la connaissance de soi a travers l’autre. Paradoxalement, le rayonnement du passé domine un présent sacrifié sur l’autel d’un sensationnalisme de mauvais aloi. Le savoir passé, et ce qui en découle comme valeurs, portait un souci pour la culture d’une grande valeur. C’était là que prospéraient la philologie, la grammaire, l’astronomie, la philosophie et les sciences de la nature. Ceci montre combien est mince le socle les éléments fondamentaux de la culture moderne. Les sciences humaines, et grâce à leur rôle utilitaire, la psychologie-la psychanalyse et la sociologie se portent bien dans une société qui privilégie le didactisme purgé de toute idéologie, ainsi que des affirmations pleines de préjugés. La culture, les responsables des programmes culturels doivent se fixer des performances rudimentaires dans un premier temps. Les valeurs qui soutiennent les hommes dans leurs luttes pour la vie, et qui assurent une continuité d’abord de l’homme, demeurent nécessaires pour amorcer un élan sûr dans la voie du progrès via la connaissance. On peut à titre indicatif citer la nécessité de l’éveil des facultés de l’esprit, du degré de conscience. Cet homme/ cette femme, qu’on appelle de nos vœux, s’engagera à promouvoir la culture avec une fréquentation longue de l’école. Il s’agit d’agir sur les causes profondes pour entamer par des procédés efficients et tenant leur crédibilité du politique. L’éducation est un projet sociétal qui se doit d’associer toutes les énergies pour assurer la création-recréation des valeurs et leur transmission qui ne peut s’effectuer sans l’alphabétisation de toute la société d’abord, de toute la société encore et de toute la société enfin. La volonté seule y suffit.
Guilizm

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Morocco, History, and Geography: The Foundations of Political Reality and Territorial Integrity... 260

Politics cannot be separated from history or geography. It consists of a set of actions and decisions aimed at organizing a society internally, as well as in its relations with the rest of the world. It is always situated within a context shaped by the two fundamental dimensions of history and geography, which are by no means mere backdrops but rather provide the framework within which political projects, conflicts, and developments unfold. Politics may be influenced by an ideology—born of a philosophy—or simply shaped by a given context, but such influence rarely lasts. History plays a fundamental role in understanding political phenomena. A country’s institutions, laws, and values are rooted in its collective memory, an inheritance made up of major events, breaks, or continuities with the past. Borders, for example, are often drawn following wars or treaties, the outcome of ancient or recent conflicts. They remain visible marks of past rivalries, defeats, victories, and compromises. Relations—whether of solidarity or rivalry—between nations, regions, or communities are explained in light of shared or divergent histories. The present Kingdom of Morocco cannot be understood without reference to its millennial origins, to the centuries-old Sharifian Empire, nor to the successive dynasties that shaped its relationship to religion, allegiance, and the centralization of power throughout different eras. Similarly, geography significantly influences the choices and constraints of public policies. The distribution of natural resources conditions economic development, territorial organization, and power relations. Relief, climate, and access to maritime routes determine possibilities for urbanization, agriculture, communication, and defense. Border situations impose specific diplomatic and security policies, while landlocked or insular areas require tailored strategies. Some authors even describe Morocco as an “island country” due to its geographical configuration. It is therefore inconceivable to conceive of effective or legitimate politics without taking history and geography into account. Every choice, reform, or political ambition must be based on a deep understanding of the territory and collective memory; ignoring one or the other exposes one to illusion, misunderstanding, or even failure. Regarding the Sahara, referred to as the “Western Sahara,” the geography of this region is undeniably contiguous to Morocco, physically, demographically, and historically: the Saharan populations have largely contributed to the country’s evolution. Its history was written through the successive allegiances of its tribes to the sultans of Morocco, and the Sharifian kingdom thus constitutes a nation-state established long before the contemporary era. Weakened by having missed the crucial turn of the industrial revolution, the Sharifian Empire was dissected from south to north, but also from the east. The so-called Western Sahara was annexed by Spain, which exercised colonial control there from 1884 to 1975. This situation facilitated France’s domination over territories grouped into French West Africa, part of which later became Mauritania. France also appropriated the eastern part of the Sharifian Empire, annexed de facto to its departments conquered from the Ottoman Empire and called French Algeria. The remainder was placed under French protectorate, while northern Morocco came under Spanish rule. Independence, achieved in 1956, and the gradual decolonization of Sidi Ifni and Tarfaya concerned other regions only later. On November 28, 1960, France authorized the proclamation of Mauritania’s independence—a region then claimed by Morocco, as were territories under Spanish control that Morocco considered its own. At that time, there was a Moroccan ministry called the “Ministry of Mauritanian and Saharan Affairs,” headed by Mohammed Fal Ould Oumeir, a representative of those territories. From 1963 onwards, the kingdom raised the issue of the Spanish Sahara before the Decolonization Commission. The situation became complicated when newly created Mauritania also claimed the territory, notably to pressure Morocco, which did not recognize Mauritanian independence until 1969—nine years after its proclamation. Morocco continued to claim the Spanish Sahara peacefully, preventing the Liberation Army from pursuing military actions in the region. In 1973, the creation of the Polisario Front (Popular Front for the Liberation of Saguia el-Hamra and Rio de Oro) marked a new stage. This movement initially aimed to unite the Saharan territory with the “motherland.” But in a context of regional rivalries and ideological tensions, the Saharan question was instrumentalized by various actors. Muammar Gaddafi’s Libya played a decisive role in the rise of the separatist Polisario, supporting and arming the movement in a "revolutionary" and pan-Arabist logic, while seeking to destabilize the Moroccan monarchy. Later, Gaddafi himself admitted having made a “strategic mistake” in backing this group, which remains a destabilizing factor in the region today. In 1975, a peaceful turning point occurred: bolstered by the International Court of Justice’s opinion recognizing ties of allegiance between Saharan tribes and Moroccan sultans, the late King Hassan II launched the Green March to general surprise. This mobilization pushed Spain to withdraw from Laâyoune in favor of Morocco, which immediately reclaimed the territory. Mauritania, although having occupied adjacent zones, ultimately withdrew, leaving Morocco alone against the Polisario Front, actively supported by Algeria, which hosted, armed, financed, and elevated the movement into a “republic.” Houari Boumédiène’s Algeria exploited the situation to weaken its Moroccan neighbor, even calling the Saharan issue a “thorn in Morocco’s side,” a way of exacting revenge for the crushing defeat in 1963. This dispute has often overshadowed the deep history of ties between Morocco and these territories under Sharifian authority well before the colonial era. For Morocco, territorial integrity rests firmly on the constants of history and geography—major arguments. The rest is merely a temporary construction without foundation, destined to fade into oblivion in the near future. Moroccans know this very well… Perhaps not everyone else…