Think Forward.

Le style c'est l'homme. 3153

Voilà quelques années, je signais l'article ici-bas dans la revue marocaine VH. C'était à l'occasion d'une édition spéciale consacrée au Roi Mohammed VI, Roi du Maroc. L'accueil réservé cette semaine à "Qasr Al Watan" à Abou Dhabi, à Sa Majesté le Roi Mohammed VI par Son Altesse Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, Président de l’État des Émirats Arabes Unis : l’entrée du palais par le portail "Zayed", l'escorte des cavaliers, la marche jusqu'au portail "Al Hisn", la revue des troupes folkloriques, l'équipe nationale de voltige "Al Fursan" dans le ciel, les 21 coups de canon en signe de bienvenue, l'arrivée au portail "Al Hisn" et l'accolade chaleureuse ont encore une fois souligné la classe, l'élégance et l'aisance de Sa Majesté le Roi dans les grands moments protocolaires et les décorum fantastiques, exactement comme dans une grande surface, habillé d'un jean et d'un tee-shirt, un bonnet sur la tête ou encore au volant d'une voiture au milieu des foules. Sa personnalité forte, son naturel, son pas déterminé et rythmé sont tant d'indices de traits de caractère particuliers et donc de style. Ces images fortes et attachantes, venues à nous des Émirats Arabes Unis, relevées et vécues avec fierté par les Marocains et bien d’autres encore, m'ont rappelé cet article, alors je le partage ici avec vous. Il est plus que jamais d'actualité. **** Aussi loin que l’on remonte dans le temps, l’empreinte particulière d’humains exceptionnels a jalonné l’histoire, pour ne pas dire fait l’histoire. Plus tard, au 17ᵉ siècle, Blaise Pascal évoquera la question et l’expliquera par le respect. Il dira que le respect de la personne se fonde sur son caractère. Il résumera ses traits de caractère dans le style : « Le style, c’est l’homme ». Le comte de Buffon, sans doute marqué par la rigueur des sciences exactes, martèlera dans un discours resté célèbre à l’Académie française : « Le style est l’homme lui-même ». Même si Buffon ne parlait alors que de littérature et de sciences, le style devient ainsi une constante objective de chacun de ceux qui marquent l’histoire par un legs particulier. Évoquant la projection de ce qu’allait être le prince héritier une fois roi, feu Sa Majesté Hassan II reprendra la notion de style, citant justement Blaise Pascal. Il dira dans une interview restée culte : « Le style, c’est l’homme ». Sans doute voulait-il annoncer que le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI allait être différent du sien, quoique dans la continuité logique de l’histoire. Aujourd’hui, la tendance est de confondre le style avec une notion plus moderne, empreinte d’éphémère : le look. Si le look, que va résumer une tenue vestimentaire, une coupe de cheveux, des couleurs, est circonstancié et obéit donc au code de la circonstance et du moment, le style lui est une constante de la personne et l’accompagne tout au long de sa vie. Le style connaîtra sans doute une évolution, mais dans un continuum logique. Si le style force l’histoire par l’objectivité qui finit par l’imposer, le look n’est pas forcément en symbiose avec le style, car il est entaché de subjectivité. Il dépend de la perception de chacun, de l’image et de l’imaginaire. Il est marqué par l’appréciation que l’on se fait de la personne rencontrée dans une circonstance particulière, un environnement particulier. Le look est une composition subjective qui peut se modeler simplement à travers une photographie qui vous tombe entre les mains, une vidéo visionnée dans un train ou dans un avion, des images qui s’invitent dans l’intimité de soi en forçant l’écran d’un téléphone ou d’une tablette, à travers les réseaux sociaux. Le look peut aller jusqu’à contraster avec le style. Il est l’appréciation subjective que l’on fait de la personne scrutée et sera encore plus biaisé si elle est accompagnée d’un commentaire, même s’il est à l’antipode de l’objectivité. Un acteur de cinéma peut ainsi se faire coller, par son look et son jeu, les traits de caractère d’un personnage, alors qu’il n’aura fait que réussir à nous les restituer le temps d’un film. Le look est apprécié dès lors qu’il coïncide avec l’image que l’on se fait de la personne à l’instant même de la rencontre. Il dépend de la réussite de l’approche et de la réaction de la personne rencontrée. Il est conditionné par les circonstances de cette rencontre, le degré de surprise et le niveau émotionnel qu’elle suscite. Le premier coup d’œil va être ici déterminant. Le look suscite l’admiration : chacun se fera une idée de la personne rencontrée en fonction de sa propre appréciation, de son affectif et de son état d’âme sur le moment. Le degré de sympathie dégagée ou partagée peut ainsi pousser à l’idolâtrie. Le style, lui, force le respect et suscite l’amour. C’est une constante qui évolue lentement, sûrement, et devient marquante. Il est apprécié sur des critères plutôt objectifs et vérifiés. Le style est indélébile et est lié à l’action par l’art et la manière. Il grave à jamais une empreinte. C’est cette empreinte qui permet d’en juger et d’en définir les contours. Le juge ici, c’est l’histoire. Aziz Daouda
Aziz Daouda Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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FIFA World Cup 2026: risk of a tournament reserved for the wealthiest? An unprecedented inflation... 84

The 2026 World Cup, jointly organized by the **États-Unis, le Canada et le Mexique**, promises to be an extraordinary event: an expanded format with 48 teams, 104 matches, state-of-the-art facilities, and what is expected to be the most massive media coverage in sports history. However, as initial details about ticketing and logistical costs emerge, growing concern is palpable among fans: **the North American World Cup could become the most expensive World Cup ever organized**, to the point of calling into question the very accessibility of the event. At the heart of this concern is the American model of *dynamic pricing*, a system where prices are never fixed. They fluctuate according to demand, the volume of online requests, the status of the match, and even algorithmic parameters beyond the consumer’s control. For example, a hotel room normally priced around 200 USD might not be offered for less than 500 or even 600 USD, probably more for late bookers. This mechanism, common in American professional sports, could turn World Cup ticket purchases into a frenzied and even unfair race. Some final tickets are already priced between $5,000 and $20,000, a completely unprecedented level. Group stage tickets could see daily price swings, making financial planning nearly impossible for foreign fans. American supporters, already used to high prices in the NBA, NFL, or MLB, seem better equipped to navigate this system. Conversely, for Moroccan, Brazilian, Senegalese, Egyptian, or Indonesian fans, this model represents an almost insurmountable barrier. Adding to this cloudy scenario is the question of the official resale platform: **FIFA Official Ticket Resale Platform**. Ideally, it prevents black-market sales and secures transactions. But in a market dominated by speculative logic, it could become a playground for actors seeking to maximize profits, especially since FIFA takes a commission. FIFA has not yet communicated safeguards it plans to implement. Without strict regulation, resale could amplify price volatility, particularly for highly sought-after matches: final rounds, games involving teams with strong diasporas, as well as the opening match and final. One of the most puzzling aspects of this World Cup is the early sale of tickets without specific match assignments. In the USA, out of the **6 millions de billets prévus**, nearly **2 millions ont déjà trouvé preneur**, while buyers do not yet know which matches they paid for. This reflects several dynamics: - Total confidence from the American public in the event's organization; - The high purchasing power of an audience willing to invest heavily in sports experiences; - A structural asymmetry between American supporters and international fans, the latter compelled to wait for match assignments to plan trips and budgets. This situation fuels fears that stadiums will be largely filled with local spectators, to the detriment of fans supporting their teams from abroad. The USA ranks among the world’s most expensive hotel markets, and the selected cities are no exception: **New York, Los Angeles, Miami, Seattle, Dallas ou encore San Francisco** regularly top lists of the priciest destinations. A genuine inflation is expected across the hotel sector. During major sporting events, room prices can double or triple. For a month-long World Cup, projections are even more alarming: some operators are already talking about "prices never seen before." Fans should expect: - Massive hikes in hotel prices; - Predictable saturation of alternative accommodations; - Very high internal transport costs, since distances between host cities often require air travel. All these factors raise a central question: who will the 2026 World Cup really serve? The 250 million registered football players worldwide may feel somewhat frustrated. Their sport is slipping away. The North American model, dominated by commercial logic and speculative mechanisms, seems incompatible with football’s tradition as a popular sport. We might witness the emergence of a two-speed World Cup: - A premium World Cup, largely attended by North American audiences and wealthier supporters; - A remote World Cup for millions of international fans who must content themselves with televised broadcasts due to insufficient means to attend. For supporters from countries where median income is far lower than in the United States, be they African, Latin American, Asian, or even European nations, the experience could become inaccessible. FIFA clearly faces a strategic dilemma. Sooner or later, it will have to address this issue. Certainly, the choice of the United States guarantees top-level infrastructure, record revenues, a colossal advertising market, and a logistics organization of rare reliability. But this financial logic could directly contradict football’s social and symbolic mission: to bring people together, unite, and include. If the 2026 World Cup turns into an elitist event, it risks leaving a lasting negative impression in public opinion. Modern football, already criticized for its commercial drift, could face increased pushback from fans—the very fans who keep the sport alive—especially as FIFA’s revenues rise from $7.5 billion to $13 billion. The World Cup is thus under tension. In 2026, it will likely be spectacular both sportingly and organizationally. But it could also mark a turning point in World Cup history: when the event stops being a popular and accessible gathering and turns into a premium product for a privileged audience. Between ticket inflation, skyrocketing hotel prices, logistical distances, and the American economic model, the real risk exists that this edition will go down as the most exclusive, most expensive, and least accessible. FIFA, the organizers, and host cities will have to find ways to mitigate this dynamic to preserve football’s very essence: a universal sport that belongs to everyone. Could the proximity between Gianni Infantino and Donald Trump, even their friendship, help in any way?