Pensez le Futur.

Thoughts and co-creation 3618

There is an ancient knowledge that says - "all is mind, the universe is mental". This statement, if we think using a more theistic view, suggests that all things in the universe are a manifestation of a primordial thought, a primeval consciousness. To put it differently, there is a primary intelligence behind creation. As human beings we are part of this universe, this so-called creation. Given this premise, would it be wrong to assume that we could do the same? In other words, couldn't we be co-creators in this all? In my previous writing I discussed how we could use the principles of quantum physics to reshape our reality using our thoughts. Well, if all is mind, for sure we are co-creators! We already engage in co-creations every day. Through our thoughts we change the world when create art, to engineer new technologies, or express novel ideas. Could we take this further? Could we use our minds alone to modify the reality around us? I believe we can. Our minds don't think in words, these are mere abstractions created for communication. Instead, we think in images and mental pictures. For instance, when we feel thirsty, we don't simply think of the word "water" but envision a glass or a bottle. In other words, we use symbols to express our ideas. These symbols can be incredibly powerful in guiding and influencing us at every moment - just look at why companies invest so heavily in their logos and show them as much as they can. In summary, we think using symbols, and the most effective way to access them is through mental imagery or representations. Now, could we leverage these mental pictures and our concentrated will to alter the reality around us? Could our thought, when generated and guided with strong intention, be powerful enough to vibrate particles around us and initiate co-creations? We do that on a daily basis but, often unconsciously. "Know thyself" like some ancients advised, is the first step toward mastering our thoughts and consciously using them to our benefit.
Tupan

Tupan

I have several interests (too many to list here) and I would like to write about some experiences I've had and ideas about them.


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Football marocain : entre passion et violence, l’heure du choix décisif... 63

Depuis plusieurs années, la violence dans les stades marocains n'est plus un épiphénomène. Chaque saison, les affrontements entre supporters, les dégradations d’infrastructures et, parfois, des drames humains rappellent que les joutes de football, censées être une fête populaire, tournent trop souvent en champ de bataille. La violence est physique, mais pas seulement. Les chants des "supporters" peuvent également être d'une violence inouïe envers les supporters adverses et souvent aussi envers les institutions notamment. Le phénomène est en constante aggravation. Les comportements dangereux du public, bien que trop peu nombreux, du KACM et ceux de Dkheira, récemment promus en Botola, ou encore les faits perpétrés à Mansouria l'an passé, pour ne citer que quelques exemples, montrent combien la tendance est à la généralisation, même là où l'enjeu n'est pas important. La préoccupation dépasse désormais la simple gestion ponctuelle des incidents : elle exige une prise de position ferme, morale, institutionnelle et médiatique pour restaurer un climat sain et sécurisé. Les incidents relevés en marge des manifestations de ce qui est désormais appelé Génération Z, montrent combien la frontière entre la violence dans les stades et dans la rue est plus que poreuse. Il s'agit des mêmes comportements d'une jeunesse désemparée, sensible aux discours nihilistes ambiants et certainement parfaitement bien manipulable. La jonction est facile. Les adeptes de la violence n'ont aucun mal à passer à l'acte. Les clubs et la Fédération ne sont aucunement responsables dans cette situation alarmante, mais leur silence est lourd et peut engendrer des conséquences fâcheuses pour l'ensemble du pays, hors football. Les clubs de football marocains, ainsi que la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), occupent une place centrale dans le système sportif et économique national, mais leur posture peut sembler ambiguë. Leur rôle n'est pas uniquement d'organiser des rencontres des matchs mais bien au delà des enceintes sportives. Malgré les condamnations officielles des violences, une relation parfois tacite et passive persiste entre certains groupes radicaux de supporters et les clubs souvent impuissants, peut être inconscients de la profondeur de la problématique. Leur rôle d'encadrements des fans étant loin de ce qu'il est supposé être. Cette proximité alimente une ferveur spectaculaire qui remplit les stades et captive les médias certes, mais elle nourrit également un engrenage de violence difficilement contrôlable. Des études montrent que les supporters violents sont souvent des jeunes issus de milieux socio-économiques modestes, principalement âgés de 18 à 34 ans. Beaucoup n'ont d'exutoire que le stade et d'identité que celle du club qu'ils supportent. Ils crée à chaque occasion une atmosphère où la passion se mêle dangereusement à la transgression. Pour une lutte crédible, une rupture claire est nécessaire : le football marocain doit se désolidariser totalement des groupes violents, en refusant tout chantage symbolique ou organisationnel. La persistance d’une complicité indirecte compromet les efforts déployés et retarde la mise en place d’une véritable politique contre Achaghab. Force est de relever aussi le rôle ambivalent des médias. Les médias, en particulier la télévision, jouent un rôle ambivalent : ils couvrent abondamment les manifestations spectaculaires dans les tribunes: fumigènes, craquages, tifos gigantesques, chorégraphies pyrotechniques, souvent présentées comme des preuves de passion et de créativité alors que certains de ces aspects sont interdits par les lois nationales et les règlements de la FIFA. Derrière des mises en scène festives peut se cacher une réalité beaucoup plus sombre, où violence et affrontements sont inhérents à ces pratiques. Cette glorification médiatique contribue involontairement à renforcer une "culture" devenue néfaste. Une couverture responsable devrait privilégier la valorisation du jeu, des initiatives éducatives, citoyennes, et des efforts des joueurs et entraîneurs plutôt que la mise en avant d’une spirale de violence. Ce changement d’angle médiatique est indispensable pour déconstruire le mythe que la violence appartient intrinsèquement au football, ce qui n'est point vrai. Il s'agit donc de déconstruire le mythe de la passion violente. Nombreux sont ceux qui justifient la violence dans les stades comme étant le revers inévitable de la ferveur populaire. Ce fatalisme est trompeur et dangereux. De grands championnats européens, à travers des politiques strictes et des investissements dans la sécurité et l’éducation sportive, ont réussi à encadrer et réduire drastiquement ces comportements. Le Maroc n’y échappera pas. Tôt ou tard il va falloir changer de cap. Mieux vaut tôt que tard. La violence est un problème social qu’il faut combattre avec détermination et non accepter comme une fatalité. Il ne s'agit pas de promulguer des lois, mais de les mettre en application, mais surtout de les accompagner de politiques et de programmes éducatifs et de dissuasion dans le cadre d'une responsabilité collective à assumer. La lutte contre la violence dans les stades ne peut être réduite à la seule action des forces de l’ordre. Plus on évitera de mettre face à face les jeunes et les forces de l'ordre mieux ca vaudra. Elle requiert une mobilisation collective et concertée : - Les clubs et la FRMF doivent clairement rompre avec les groupes violents et s'en désolidariser, mettant en place des sanctions strictes et des mesures pour protéger les stades. - Les médias doivent cesser la valorisation esthétique des actes violents et adopter un traitement plus sensible et éducatif du football. - L’État et les collectivités territoriales doivent investir dans l’éducation civique par le sport et offrir aux jeunes des espaces d’expression et de loisirs hors des tribunes, notamment dans les quartiers défavorisés où la frustration sociale est un facteur aggravant. - Les supporters responsables doivent être encouragés et protégés pour rééquilibrer l’image du public footballistique marocain, souvent déformée par une minorité violente. C'est là un choix sociétal déterminant. La problématique dépasse largement le cadre sportif pour toucher à la vision même de la société marocaine. Si le football est un miroir de la nation, il appartient à tous, institutions et citoyens, de décider si ce miroir doit refléter la passion, la créativité et l’unité, ou la haine, la destruction et la division. Il est grand temps que le football marocain choisisse clairement son camp, en mettant fin à toute complaisance vis-à-vis de la violence et en s’engageant résolument dans la construction d’une culture sportive et sociale pacifique, saine et constructive. Ce choix déterminera l’avenir et la grandeur de ce sport extrêmement populaire dans le Royaume.

L’ombre du nihilisme dans le discours politique marocain 145

Suite à mon article précédent paru dans l’ODJ, sur le nihilisme ambiant au Maroc et ses conséquences désastreuses, un ami m’a fait remarquer que je n’avais pas suffisamment illustré comment le langage politique pouvait nourrir et entretenir une ambiance délétère, une ambiance de malaise, voire de mal être. Je viens donc ici m’exercer à combler cette lacune en proposant un exemple concret et risquer une analyse plus approfondie. Le langage politique nihiliste a une véritable histoire au Maroc. Dans les années 1960 et 1970, une gauche marocaine subversive exploitait un vocabulaire puissant pour dénoncer ce qu’elle appelait : la « corruption », la « dictature » et l'« istibdad » (الاستبداد, « tyrannie »). Ces mots cristallisaient une profonde rupture entre l’État et une partie de la population, instaurant un climat de méfiance et de rejet. L’enrichissement personnel et l’entrepreneuriat étaient alors perçus négativement, associés à l’exploitation des travailleurs. L’enrichissement était systématiquement assimilé au vol et au détournement de fonds publics devant revenir à tous. Dans les années 1990, ce discours a été remplacé sur le terrain par celui de l’islam politique. Les islamistes ont introduit une morale religieuse « stricte » qu’ils présentent habilement comme salutaire, comme nouveau standard, dénonçant la corruption et les maux sociaux par le terme générique « alfassad » (الفساد). Ce vocable vague, mais lourd de connotations négatives, est utilisé pour condamner sans nuance toute manifestation jugée déviante au sens de la morale islamiste, installant un climat général de suspicion et de peur. Ils n’hésitent pas à convoquer des mythes invérifiables sur les comportements d’ancêtres, auxquels ils accordent toutes les vertus. En réalité, ils cherchent à se positionner comme leur réincarnation. Nombreux sont les exemples contemporains de langage nihiliste dans le discours politique marocain utilisant des expressions vagues mais à très fort impact politique et social. Le regard décrypté sur le langage politique marocain contemporain montre comment certains termes et expressions contribuent à ancrer un nihilisme destructeur. Dans le débat public actuel, ce vocabulaire persiste, alimentant le fatalisme. Par exemple, certains responsables politiques insistent sur une hypothétique faiblesse structurelle du pays en utilisant un discours centré sur la « faillite » économique, la « corruption envahissante » et un « système bloqué ». Ces expressions, sans nuance, réduisent le Maroc à un échec chronique, occultant les progrès réels et les avancées plus que palpables. On retrouve ce style dans les critiques répétées concernant les services publics de santé ou l’éducation notamment, perçus comme des «catastrophes » ou des « terrains d’échec systémique », alors que les données montrent une amélioration significative malgré les faiblesses. En fait, il n’y a pas un seul exemple dans le monde où les gens sont à 100% satisfaits d’un quelconque système de santé. Un exemple est le discours populiste islamiste des années 2010-2020, qui s’est souvent présenté comme le « sauveur » moral face à la « corruption » généralisée, utilisant la peur et la stigmatisation pour mobiliser. C'est ou "nous" ou la débâcle. Ce discours, bien qu’émotionnellement fort, a fini par exacerber la crise politique en alimentant la défiance généralisée, envers toutes les institutions politiques. Le terme « alfassad » (الفساد) était omniprésent dans ce lexique, utilisé pour qualifier tout opposant ou acteur social dans des termes négatifs non spécifiques, renforçant un sentiment d’impuissance collective. En filigrane, il allait jusqu'à désigner les institutions pour responsables. Ce langage n’est pas sans conséquences. Ce type d’usage du langage politique produit un cercle vicieux. En stigmatisant sans proposer de solutions concrètes, en calant les oppositions dans des catégories morales polarisantes, il mine la confiance des citoyens dans leurs institutions. La jeunesse se désengage désemparée, tandis que l’entrepreneuriat et l’investissement pâtissent d’un climat méfiant. Est alors arrivée la Constitution de 2011 comme point de rupture avec une époque révolue. On pouvait penser et surtout espérer que le langage allait évoluer et qu’enfin on allait aussi changer de lexique. Le parti arrivé en tête des élections en 2011 a eu dix ans de gouvernement mais n’a pu se détacher de ses réflexes anciens. Le chef de gouvernement lui-même n’est pas parvenu à se dégager d’un certain langage d’opposant. L’approche radicale consistant à réduire le Maroc à un État « en faillite », à un système « corrompu jusqu’à la moelle » ou à une société « désabusée » détourne l’attention des marges de progrès et d’innovations réelles. Cela favorise la résignation et la paralysie collectives, caractéristique majeure d’un nihilisme politique qui avance masqué, derrière un vocabulaire anxiogène. Un tel langage séduit et cristallise facilement les esprits. La sortie de la génération Z est là pour responsabiliser les hommes politiques marocains. Plutôt que d’exploiter la grogne et jouer aux héros, comme tentent de le faire certains, il convient de se comporter en hommes et femmes responsables. L’urgence est d’aller vers un autre langage politique véritablement responsable et constructif. Seule une évolution vers un discours lucide mais positif peut espérer inverser cette tendance lourde. Pour dépasser ce nihilisme, il est crucial que les élites politiques abandonnent le vocabulaire de la stigmatisation et adoptent un discours plus équilibré. Ils se doivent de reconnaître les difficultés sans annihiler l’espoir, valoriser les avancées et proposer des solutions concrètes aux insuffisances, voilà le chemin pour rétablir la confiance. Le Maroc a besoin d’un langage politique responsable, constructif et mobilisateur, capable de réconcilier la population avec l’État et de stimuler l’engagement citoyen dans le cadre constitutionnel et dans le respect des institutions. C’est cela aussi l’État de droit où chacun s’acquitte de ses responsabilités, les citoyens en tête, car finalement les institutions et les partis politiques sont aussi constitués de citoyens.

Reconnaissance de l'Etat de Palestine : un geste historique… ou trop tardif... 119

La décision, cette semaine, de plusieurs puissances occidentales de reconnaître l’État palestinien aurait pu être saluée comme un moment fondateur de l’histoire contemporaine. Coordonnée, annoncée presque à l’unisson, elle semble vouloir marquer un jalon décisif dans un conflit qui déchire le Moyen-Orient depuis plus de sept décennies. Pourtant, entre portée symbolique et impuissance concrète, ce geste soulève un dilemme : s’agit-il d’un acte qui marque l’Histoire, ou d’une occasion manquée par son caractère tardif ? Une reconnaissance longtemps attendue et surtout différée pour moult motifs plus ou moins compréhensibles. Depuis la proclamation de l’État de Palestine par l’OLP en 1988 sur instance des pays arabes les plus avertis avec en tête le Maroc, marquant le passage d'une lutte armée au bord du terrorisme à une entité fiable, un interlocuteur et partenaire politique, plus de 140 pays, essentiellement du Sud global, ont franchi le pas de la reconnaissance. Ce sont les puissances occidentales, et en particulier européennes, qui ont tardé à s’aligner. Or, leur poids politique, diplomatique et financier aurait pu, dans les années 1990 ou 2000, peser sur les négociations alors menées tambour battant et donner corps à la solution à deux États, portée par les Accords d’Oslo. En choisissant d’agir aujourd’hui, dans un contexte où la perspective d’un État palestinien viable paraît plus lointaine que jamais, beaucoup de données ayant bougé sur le terrain, les puissances occidentales semblent reconnaître davantage la cause légitime d'un peuple qu’elles ne la rendent effective. Les accords d'Oslo ont été contournés et ne valent aujourd'hui plus rien. Alors reste le Le poids du symbole de la reconnaissance. Il serait toutefois réducteur de minimiser la portée de ce geste. Dans l’arène diplomatique, la reconnaissance officielle pourrait être une arme symbolique majeure : elle confèrerait une légitimité supplémentaire à la Palestine, renforcerait ses positions dans les instances internationales et créerait un précédent politique. Pour Israël, c’est un message clair : la patience de ses alliés traditionnels s’est peut être érodée face à l’impasse du statu quo et à la poursuite des implantations des colonies notamment. Mais hélas force est de constater qu'il s'agit aussi d'une action qui révèle l’impuissance occidentale. Au-delà du symbole, la réalité demeure crue : la reconnaissance ne change rien à la situation sur le terrain. Gaza reste assiégée, la Cisjordanie morcelée, et Jérusalem-Est sous tension permanente. Sans mécanismes coercitifs, sans pressions économiques ou diplomatiques, ces annonces risquent de demeurer un signal moral plus qu’un instrument de transformation. En d’autres termes, l’Occident écrit une déclaration dans l’Histoire, mais sans véritable prise sur son cours alors que ce sont les décisions de ce même occident qui sont à l'origine de la situation plus que dramatique dans la région. Alors de quoi parleront nous après que le temps aura fait ses effets. L'occident aurait il Marquer ou manquer l’Histoire ? La reconnaissance de l’État palestinien par ces puissances occidentales restera tout de même une étape diplomatique importante, mais également révélatrice d’un paradoxe : elle arrive au moment où la solution qu’elle devait consacrer semble plus éloignée que jamais. Marquer l’Histoire, c’est agir quand l’action peut changer le destin des peuples. La manquer, c’est se contenter de constater, trop tard, ce que l’Histoire a déjà décidé. L’ambiguïté est là il s'agit d'un geste lourd de symboles mais faible en effets concrets, et surtout, un rendez-vous probablement trop tardif pour avoir la portée historique qu’il aurait eue deux ou trois décennies plus tôt. Reste alors de s'adresser aux palestiniens eux mêmes: Les 36 milles factions guerrières acquises à des causes et des idéologies peu recommandables devraient cesser leur jeu néfaste et tous et toutes devraient s'aligner autour d'une ligne intelligente et réalisable. Les palestiniens devraient saisir l'occasion avec pragmatisme et surtout indépendance dans leur façon de comprendre, de voir et d'agir. C'est peut être là la condition pour que ces reconnaissances puissent peser sur le cours de l'histoire.

Spécialisation sportive précoce chez les enfants : Opportunités, risques et voies d’encadrement (part 3) 112

9. Spécificités du contexte marocain 9.1 Contexte de la CAN 2025 / Mondial 2030 Le Maroc, en visant la tenue de grands événements sportifs (football), renforce son ambition de rayonnement. Cela favorise une culture de la performance, et peut inciter certains à miser sur la précocité. Mais le défi est de transformer cette ambition en politique éducative équilibrée pour que le sport devienne vecteur de développement et non facteur de risque. 9.2 Atouts et défis locaux - Atouts : climat favorable, motivation des jeunes, recentrage sur le sport national, possibilités de financements publics ou privés dans le cadre des grands événements. 9.3 Implications pour le Maroc - Sans cadre réglementaire et contrôle, la spécialisation précoce pourrait accentuer les abandons dans les zones sous‑équipées. - Il serait judicieux d’intégrer des stratégies nationales de formation initiale et continue des entraîneurs, de médecine sportive, de contrôle des charges, et de sensibilisation parentale. - Le Maroc pourrait promouvoir un modèle « à base de diversification jusqu’à un certain âge » pour maximiser les chances de durabilité et de réussite sportive. 10. Recommandations et encadrement Pour maximiser les bénéfices et diminuer les risques dans le cadre marocain, les actions suivantes pourraient être envisagées : • Fixer des âges repères pour spécialisation Par exemple, ne pas encourager une spécialisation exclusive avant 12-13 ans, sauf dans des sports vraiment spécialisés. • Limiter la durée d’entraînement et la charge Veiller à ce que le volume hebdomadaire ne dépasse pas l’âge de l’enfant en heures (ou une proportion raisonnable), prévoir des périodes de repos, des saisons de repos, etc. • Encourager la pratique multi sportive pendant l’enfance Pour développer les compétences motrices fondamentales, la coordination, la diversité d’expériences, la flexibilité mentale et physique. • Formation des entraîneurs et des parents Sensibiliser aux risques de la surspécialisation : blessures, burnout, effets sur l’éducation. Offrir des modules de formation, des guides pratiques. • Suivi médical et psychologique Intégrer des examens réguliers, un suivi de la croissance, de la charge de travail, de la fatigue, du stress. Prévoir aussi un support psychologique pour les enfants/jeunes. • Politiques publiques & fédérales Le Ministère du Sport, les fédérations nationales, les ligues régionales pourraient émettre des directives, des chartes de “développement durable des jeunes sportifs”, incluant normes de charge, protection des mineurs, encouragement à la diversification, etc. • Equilibre études sport Assurer que l'engagement sportif n’empêche pas la scolarité ; prévoir des horaires compatibles, soutien scolaire, prioriser le bien être global de l’enfant. 11. Conclusion La spécialisation sportive précoce comporte des bénéfices réels, notamment en termes de développement technique, de visibilité et d’opportunités, particulièrement dans un pays ambitieux comme le Maroc, en pleine effervescence avec les échéances sportives internationales. Toutefois, les recherches indiquent que ces bénéfices ne sont pas garantis, et que les risques — blessures, performance pas toujours améliorée, burnout, effet négatif social ou éducatif — sont importants lorsqu’il n’existe pas de cadre adéquat. Pour le Maroc, il semble préférable de promouvoir un modèle de “spécialisation tardive” : encourager la diversification des sports chez les plus jeunes, retarder la spécialisation exclusive, tout en mettant en place des normes, une formation des acteurs, un suivi multidimensionnel (physique, psychologique, éducatif). De cette façon, la nation peut profiter du potentiel généré par le contexte actuel (CAN, Mondial) sans exposer ses jeunes à des dommages évitables. Références principales • Luo, E. J., Reed, J., Mitchell, J. K., Dorrestein, E., Kiwinda, L. V., Hendren, S., Hinton, Z. W., Lau, B. C. « Early Sport Specialization in a Pediatric Population: A Rapid Review of Injury, Function, Performance, and Psychological Outcomes ». Clin. Pract., 2025. https://www.mdpi.com/2039-7283/15/5/88 • Jayanthi, Neeru; LaBella, C. et al. « Sports specialization in young athletes: evidence based recommendations ». Médecine / entraînement sportif. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24427397/ • Étude japonaise : « Early sports specialization in Japanese young soccer players and related factors ». https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39208310/ • Étude américaine sur les jeunes athlètes de soccer : « Sport Participation and Specialization Characteristics Among Pediatric Soccer Athletes ». https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30944839/ 1. Jayanthi N, Pinkham C, Dugas L, Patrick B, LaBella C. “Sports Specialization in Young Athletes: Evidence-Based Recommendations” — PMC. [8] “ https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3658407/ 2. Health Consequences of Youth Sport Specialization “ https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31633420/ — PMC. [1] 3. Revisiting Early Sport Specialization: What’s the Problem? https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34651518/ — PMC. [9] 4. Pitfalls of Pediatric and Adolescent Sports Specialization https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2768276524008332 — ScienceDirect. [7] 5. Sports specialization and overuse injuries in young athletes — Scottish Rite for Children. https://scottishriteforchildren.org/sports-specialization-and-overuse-injuries-in-young-athletes/ [3] 6. Youth Sport Specialization and Its Effect on Professional, Elite, and Amateur Outcomes — SAGE. https://scispace.com/papers/youth-sports-specialization-and-its-effect-on-professional-3a6fb6kc [4] 7. Early Sport Specialization: Roots, Effectiveness, Risks — Malina, ACSM. [10] 8. The Association Between Parents’ Beliefs About Youth Sport Specialization — Journal of Sport Behavior. https://journals.lww.com/acsm-csmr/abstract/2010/11000/early_sport_specialization__roots,_effectiveness,.14.aspx [5] 9. Youth Sport Specialization: Pros, Cons and Age Guidelines — Hopkins Medicine. https://www.hopkinsmedicine.org/health/conditions-and-diseases/sports-injuries/youth-sport-specialization [6]

Spécialisation sportive précoce chez les enfants : Opportunités, risques et voies d'encadrement (partie 2) 112

4. Définition de la spécialisation sportive précoce (Early Sports Specialization, ESS) La spécialisation sportive précoce consiste à consacrer la majorité du temps d’entraînement d’un jeune à une discipline unique, souvent sur une grande partie de l’année, au détriment d’une diversification sportive. Ce modèle est souvent justifié par l’idée d’un entraînement précoce pour acquérir des compétences techniques supérieures. Spécialisation tardive / formation multi sportive : pratique de plusieurs sports pendant l’enfance, acquisition de compétences motrices diverses, diversification avant spécialisation. 5. Revue des bénéfices potentiels Développement technique précoce : répétition des gestes spécifiques, familiarisation avec la tactique propre au sport, ce qui peut donner un avantage dans certaines disciplines très spécialisées (gymnastique, patinage artistique) où l’âge de pic de performance survient tôt. Opportunités compétitives et reconnaissance : visibilité accrue, possible accès à des structures de haut niveau, sponsoring, bourses, etc. Motivation et engagement : pour certains enfants passionnés, se focaliser sur un sport peut renforcer la discipline, la concentration, la constance à l’entraînement. 6. Principaux risques documentés - Blessures liées à la surutilisation : des études montrent que les athlètes spécialisés précocement présentent un risque accru de blessures chroniques (tendinopathies, fractures de stress, etc.). [1] - Burnout, fatigue mentale et désengagement : le fait de s’investir intensivement dans une seule activité peut provoquer une usure psychologique, voire un abandon prématuré du sport. [2] - Développement moteur limité : la pratique exclusive d’une discipline peut restreindre la diversification des compétences motrices de l’enfant (équilibre, coordination, agilité). [3] - Moindre rendement à long terme : certaines recherches indiquent que la spécialisation précoce n’est pas corrélée à une plus grande réussite à l’âge adulte, et que beaucoup d’athlètes d’élite ont pratiqué une diversité sportive dans leur jeunesse. [4] - Pression parentale et croyances erronées : beaucoup de parents considèrent la spécialisation comme la voie la plus sûre vers un succès futur, souvent sans être conscients des risques associés. Une étude a montré que la plupart des parents croient que la spécialisation augmente les chances de réussite sportive, mais ignorent ou minimisent les risques de blessures. [5] 7. Ce que montrent les recherches quantitatives L’étude japonaise sur de jeunes footballeurs montre que la majorité entraînent > 8 mois par an, beaucoup abandonnent les autres sports. L’étude sur le soccer pédiatrique (États-Unis) indique qu’un pourcentage non négligeable d’enfants à partir de grades assez jeunes se spécialise fortement et dépasse les recommandations de temps de pratique. La revue « Early Sport Specialization in a Pediatric Population … » (2025) utilisant plus de 90 études et plus de 62 000 athlètes, montre que l’âge moyen de spécialisation est autour de 11-12 ans, et retrouve des associations négatives avec les blessures, la performance fonctionnelle et outcomes psychologiques. 8. Recommandations générales dans la littérature - Défis : disparité des infrastructures sportives (entre villes et zones rurales), inégalités d’accès au matériel, manque de formateurs spécialisés et de suivi médical sportif généralisé. - Retarder la spécialisation jusqu’à l’adolescence (autour de 15-16 ans) pour la majorité des disciplines, sauf exceptions (gymnastique, natation artistique) où le pic de performance survient plus tôt. [6] - Encourager la pratique multisports chez les enfants pour développer un « réservoir moteur » diversifié et équilibré. [7] - Limiter la charge d’entraînement (volume, intensité, fréquence) et prévoir des périodes de repos suffisantes. [7] - Mettre en place un encadrement formé et un suivi médical adapté (kinésithérapie, nutrition, psychologie). [8]

Spécialisation sportive précoce chez les enfants: Opportunités, risques et voies d’encadrement (part1) 113

Résumé Cet article explore la spécialisation sportive précoce chez les enfants, dans le contexte marocain influencé par le succès international du football et les événements majeurs à venir (CAN 2025, Mondial 2030). Il pose la problématique des bénéfices vs risques, avance des hypothèses concernant les blessures, la performance, le burnout et l'encadrement. Après revue de la littérature, il ressort que bien que certains avantages soient possibles, les risques physiques, psychologiques et sociaux sont non négligeables. Des recommandations spécifiques sont proposées : limite d'âge de spécialisation, diversification des sports, formation des entraîneurs/parents, suivi médical et psychologique, politiques publiques de protection, et équilibre avec la scolarité. L’objectif est de maximiser les chances de succès sportif tout en garantissant le bien-être global des enfants. 1. Introduction Depuis la brillante performance de l’équipe nationale marocaine de football au Mondial de 2022 et les succès ultérieurs, l’engouement pour le sport dans le Royaume du Maroc est à son comble. Avec l’organisation prochaine de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2025 et l’ambitieux projet du Mondial 2030 Co-organisé, le sport, et en particulier le football, est perçu non seulement comme un vecteur de fierté nationale, mais aussi comme une fenêtre d’opportunité économique pour les jeunes talents. Beaucoup de parents, encouragés par les gains substantiels de certains footballeurs professionnels (salaires, contrats, sponsoring) souhaitent investir dans la carrière sportive de leurs enfants le plus tôt possible, espérant former la “star de demain”., le projet sportif national est sous les feux de la rampe, à la fois comme enjeu d’image, de développement territorial et de diplomatie sportive Dans ce contexte euphorique, la spécialisation sportive précoce — c’est-à-dire le fait pour un enfant de se consacrer très tôt et intensivement à un sport unique, souvent de façon quasi exclusive — revient au cœur des débats. Si certains y voient le chemin rapide vers l’excellence, d’autres s’inquiètent des conséquences possibles pour la santé physique, psychologique, sociale, voire pour la carrière à long terme des jeunes. L’objet de cet article est d’examiner, à la lumière des recherches existantes, les bénéfices et les risques associés à la spécialisation sportive précoce chez les enfants, particulièrement dans le contexte marocain, et de proposer des pistes de recommandations institutionnelles et familiales. 2. Problématique Dans quelle mesure la spécialisation sportive précoce chez les enfants au Maroc favorise-t-elle les performances sportives à haut niveau sans compromettre leur bien-être physique, psychologique et social ? Et quelles conditions pourraient maximiser ses bénéfices tout en réduisant ses risques ? 3. Hypothèses H1 : La spécialisation sportive précoce est associée à un risque accru de blessures liées à la surutilisation (overuse) chez les enfants. H2 : La spécialisation précoce ne garantit pas une supériorité en performance sportive à l’âge adulte par rapport à une formation multisportive précoce suivie d’une spécialisation plus tardive. H3 : La spécialisation précoce accroît les risques de burnout, de stress psychologique, et peut nuire au développement social et éducatif des enfants. H4 : Sous certaines conditions d’encadrement (modération du volume d’entraînement, périodes de repos, soutien psycho-éducatif), les effets négatifs de la spécialisation précoce peuvent être atténués, et ses effets bénéfiques (technique, tactique, opportunités) optimisés.