Pensez le Futur.

L’ombre du nihilisme dans le discours politique marocain 1063

Suite à mon article précédent paru dans l’ODJ, sur le nihilisme ambiant au Maroc et ses conséquences désastreuses, un ami m’a fait remarquer que je n’avais pas suffisamment illustré comment le langage politique pouvait nourrir et entretenir une ambiance délétère, une ambiance de malaise, voire de mal être. Je viens donc ici m’exercer à combler cette lacune en proposant un exemple concret et risquer une analyse plus approfondie. Le langage politique nihiliste a une véritable histoire au Maroc. Dans les années 1960 et 1970, une gauche marocaine subversive exploitait un vocabulaire puissant pour dénoncer ce qu’elle appelait : la « corruption », la « dictature » et l'« istibdad » (الاستبداد, « tyrannie »). Ces mots cristallisaient une profonde rupture entre l’État et une partie de la population, instaurant un climat de méfiance et de rejet. L’enrichissement personnel et l’entrepreneuriat étaient alors perçus négativement, associés à l’exploitation des travailleurs. L’enrichissement était systématiquement assimilé au vol et au détournement de fonds publics devant revenir à tous. Dans les années 1990, ce discours a été remplacé sur le terrain par celui de l’islam politique. Les islamistes ont introduit une morale religieuse « stricte » qu’ils présentent habilement comme salutaire, comme nouveau standard, dénonçant la corruption et les maux sociaux par le terme générique « alfassad » (الفساد). Ce vocable vague, mais lourd de connotations négatives, est utilisé pour condamner sans nuance toute manifestation jugée déviante au sens de la morale islamiste, installant un climat général de suspicion et de peur. Ils n’hésitent pas à convoquer des mythes invérifiables sur les comportements d’ancêtres, auxquels ils accordent toutes les vertus. En réalité, ils cherchent à se positionner comme leur réincarnation. Nombreux sont les exemples contemporains de langage nihiliste dans le discours politique marocain utilisant des expressions vagues mais à très fort impact politique et social. Le regard décrypté sur le langage politique marocain contemporain montre comment certains termes et expressions contribuent à ancrer un nihilisme destructeur. Dans le débat public actuel, ce vocabulaire persiste, alimentant le fatalisme. Par exemple, certains responsables politiques insistent sur une hypothétique faiblesse structurelle du pays en utilisant un discours centré sur la « faillite » économique, la « corruption envahissante » et un « système bloqué ». Ces expressions, sans nuance, réduisent le Maroc à un échec chronique, occultant les progrès réels et les avancées plus que palpables. On retrouve ce style dans les critiques répétées concernant les services publics de santé ou l’éducation notamment, perçus comme des «catastrophes » ou des « terrains d’échec systémique », alors que les données montrent une amélioration significative malgré les faiblesses. En fait, il n’y a pas un seul exemple dans le monde où les gens sont à 100% satisfaits d’un quelconque système de santé. Un exemple est le discours populiste islamiste des années 2010-2020, qui s’est souvent présenté comme le « sauveur » moral face à la « corruption » généralisée, utilisant la peur et la stigmatisation pour mobiliser. C'est ou "nous" ou la débâcle. Ce discours, bien qu’émotionnellement fort, a fini par exacerber la crise politique en alimentant la défiance généralisée, envers toutes les institutions politiques. Le terme « alfassad » (الفساد) était omniprésent dans ce lexique, utilisé pour qualifier tout opposant ou acteur social dans des termes négatifs non spécifiques, renforçant un sentiment d’impuissance collective. En filigrane, il allait jusqu'à désigner les institutions pour responsables. Ce langage n’est pas sans conséquences. Ce type d’usage du langage politique produit un cercle vicieux. En stigmatisant sans proposer de solutions concrètes, en calant les oppositions dans des catégories morales polarisantes, il mine la confiance des citoyens dans leurs institutions. La jeunesse se désengage désemparée, tandis que l’entrepreneuriat et l’investissement pâtissent d’un climat méfiant. Est alors arrivée la Constitution de 2011 comme point de rupture avec une époque révolue. On pouvait penser et surtout espérer que le langage allait évoluer et qu’enfin on allait aussi changer de lexique. Le parti arrivé en tête des élections en 2011 a eu dix ans de gouvernement mais n’a pu se détacher de ses réflexes anciens. Le chef de gouvernement lui-même n’est pas parvenu à se dégager d’un certain langage d’opposant. L’approche radicale consistant à réduire le Maroc à un État « en faillite », à un système « corrompu jusqu’à la moelle » ou à une société « désabusée » détourne l’attention des marges de progrès et d’innovations réelles. Cela favorise la résignation et la paralysie collectives, caractéristique majeure d’un nihilisme politique qui avance masqué, derrière un vocabulaire anxiogène. Un tel langage séduit et cristallise facilement les esprits. La sortie de la génération Z est là pour responsabiliser les hommes politiques marocains. Plutôt que d’exploiter la grogne et jouer aux héros, comme tentent de le faire certains, il convient de se comporter en hommes et femmes responsables. L’urgence est d’aller vers un autre langage politique véritablement responsable et constructif. Seule une évolution vers un discours lucide mais positif peut espérer inverser cette tendance lourde. Pour dépasser ce nihilisme, il est crucial que les élites politiques abandonnent le vocabulaire de la stigmatisation et adoptent un discours plus équilibré. Ils se doivent de reconnaître les difficultés sans annihiler l’espoir, valoriser les avancées et proposer des solutions concrètes aux insuffisances, voilà le chemin pour rétablir la confiance. Le Maroc a besoin d’un langage politique responsable, constructif et mobilisateur, capable de réconcilier la population avec l’État et de stimuler l’engagement citoyen dans le cadre constitutionnel et dans le respect des institutions. C’est cela aussi l’État de droit où chacun s’acquitte de ses responsabilités, les citoyens en tête, car finalement les institutions et les partis politiques sont aussi constitués de citoyens.
Aziz Daouda Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


8000

33.0

Mondial 2026 : risque d’un tournoi réservé aux plus riches ? Une inflation sans précédent. 21

La Coupe du monde 2026, organisée conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique, s’annonce comme un événement hors normes : un format élargi à 48 équipes, 104 matchs, des installations de pointe et une couverture médiatique estimée comme la plus massive de l’histoire du sport. Mais à mesure que les premières informations sur la billetterie et les coûts logistiques se dévoilent, une inquiétude grandit parmi les passionnés : **le Mondial nord-américain pourrait devenir la Coupe du monde la plus chère jamais organisée**, au point de remettre en cause l’accessibilité même de l’événement. Au cœur de cette inquiétude figure le modèle américain du *dynamic pricing*, un système où les prix ne sont jamais fixes. Ils évoluent en fonction de la demande, du volume de requêtes en ligne, de la réputation de l'affiche, et même de paramètres algorithmiques sur lesquels le consommateur n’a aucune prise. Ainsi, une chambre d'hôtel vendue normalement à environ 200 USD ne sera pas proposée à moins de 500, voire 600 USD, et probablement davantage pour les retardataires. Ce mécanisme, courant dans le sport professionnel américain, pourrait transformer l’achat de billets pour le Mondial en une course effrénée, voire injuste. Certains tickets pour la finale sont déjà annoncés entre 5 000 et 20 000 dollars, un niveau totalement inédit. Les billets des matchs de poules pourraient connaître des fluctuations quotidiennes, rendant quasi impossible toute projection financière pour les fans étrangers. Les supporters américains, déjà habitués à des prix très élevés en NBA, NFL ou MLB, semblent mieux armés pour naviguer dans ce système. En revanche, pour le fan marocain, brésilien, sénégalais, égyptien ou indonésien, ce modèle représente un obstacle presque infranchissable. À ce tableau déjà ombragé s’ajoute la question de la plateforme officielle de revente.**FIFA Official Ticket Resale Platform**. Dans l’idéal, elle permet d’éviter le marché noir et de sécuriser les transactions. Mais dans un marché dominé par la logique spéculative, elle pourrait devenir le nouveau terrain de jeu d’acteurs cherchant à maximiser leurs profits, d'autant plus que FIFA prend une commission au passage. FIFA n’a pas encore communiqué sur les garde-fous qu’elle compte mettre en place. Sans régulation stricte, la revente pourrait amplifier la volatilité des prix, surtout pour les matchs les plus prisés : phases finales, rencontres impliquant des équipes à forte diaspora, ainsi que le match d’ouverture et la finale. L’un des éléments les plus déconcertants de ce Mondial est la vente anticipée de billets sans affectation précise. Aux USA, sur les **6 millions de billets prévus**, près de **2 millions ont déjà trouvé preneur**, alors que leurs détenteurs ne savent pas encore pour quels matchs ils ont payé. Cela reflète plusieurs dynamiques : - Une confiance totale du public américain dans l’organisation de l’événement ; - Le pouvoir d’achat élevé d’un public prêt à investir massivement dans des expériences sportives ; - Une asymétrie structurelle entre supporters américains et fans internationaux, ces derniers étant contraints d’attendre les affectations pour planifier voyages et budgets. Cette situation alimente la crainte que les stades soient massivement occupés par des spectateurs locaux, au détriment des supporters venant soutenir leurs équipes depuis l’étranger. Les USA comptent parmi les marchés hôteliers les plus chers du monde, et les villes retenues ne dérogent pas à la règle : **New York, Los Angeles, Miami, Seattle, Dallas** ou encore **San Francisco** figurent régulièrement en tête des classements des destinations les plus coûteuses. Une véritable inflation est attendue dans tout le secteur hôtelier. Lors d’événements sportifs d’envergure, les prix des chambres peuvent doubler ou tripler. Pour une Coupe du monde étalée sur plus d’un mois, les projections sont encore plus alarmantes : certains opérateurs évoquent déjà des tarifs « jamais vus ». Les fans devront anticiper : - des hausses massives des prix des hôtels ; - une saturation prévisible des logements alternatifs ; - des coûts de transport interne très élevés, puisque les distances entre villes hôtes exigent souvent le recours à l’avion. L’ensemble de ces paramètres pose une question centrale : **à qui s’adressera réellement la Coupe du monde 2026 ?** Les 250 millions de licenciés du football dans le monde se sentiront quelque peu frustrés. Leur sport leur échappe. Le modèle nord-américain, dominé par les logiques commerciales et les mécanismes spéculatifs, semble incompatible avec la tradition du football en tant que sport populaire. On pourrait assister à l’émergence d’un Mondial à deux vitesses : - **Une Coupe du monde premium**, largement fréquentée par le public nord-américain et les supporters les plus aisés ; - **Une Coupe du monde à distance** pour des millions de fans internationaux qui devront se contenter des retransmissions télévisées, faute de moyens suffisants pour se rendre sur place. Pour les supporters venant de pays où le revenu médian est largement inférieur à celui des États-Unis, qu’il s’agisse de nations africaines, latino-américaines, asiatiques ou même européennes, l’expérience pourrait devenir inaccessible. La FIFA est visiblement face à un dilemme stratégique. Elle devra tôt ou tard répondre à cette problématique. Certes, le choix des États-Unis garantit des infrastructures de haut niveau, des recettes record, un marché publicitaire colossal et une organisation logistique d’une fiabilité rare. Mais cette logique financière pourrait entrer en contradiction directe avec la mission sociale et symbolique du football : **rassembler, fédérer, inclure**. Si le Mondial 2026 se transforme en événement élitiste, il risque de laisser une trace négative durable dans l’opinion publique. Le football moderne, déjà critiqué pour sa dérive commerciale, pourrait faire face à une contestation accrue venant des fans, ces mêmes fans qui font vivre ce sport, d'autant plus que les revenus de la FIFA vont passer de 7,5 à 13 milliards USD. Le Mondial est ainsi sous tension. En 2026, il sera sans doute spectaculaire sur le plan sportif et organisationnel. Mais il pourrait aussi devenir un tournant dans l'histoire de la Coupe du monde : celui où l’événement cesse d’être un rendez-vous populaire et accessible pour se transformer en produit premium destiné à un public privilégié. Entre inflation des billets, explosion des prix hôteliers, distances logistiques et modèle économique américain, **le risque est réel de voir cette édition entrer dans l’histoire comme la plus exclusive, la plus chère et la moins accessible**. La FIFA, les organisateurs et les villes hôtes devront trouver les moyens d’atténuer cette dynamique pour ne pas sacrifier l’essence même du football : un sport universel, qui appartient à tous. La proximité de Gianni Infantino avec Donald Trump, voire l'amitié qui lie les deux hommes, pourra-t-elle aider en quelque chose ?

CAN 2025 au Maroc : reflet d’une transformation migratoire et sociale majeure probable... 148

À trois semaines de la Coupe d'Afrique des Nations au Maroc, il me semble opportun de revenir sur quelques enseignements du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2024 (RGPH 2024). Cet événement aura sans doute un impact puissant sur la perception du pays, par les images positives qu'il commence déjà à diffuser et partant sur quelques données démographiques futures Le recensement montre que, sur 36,8 millions d’habitants recensés, 148 152 personnes sont de nationalité étrangère, soit près de 0,4% de la population totale, en hausse de plus de 76% par rapport à 2014. Derrière ce poids relatif modeste se dessine une transformation structurelle : montée en puissance des migrants d’Afrique subsaharienne, féminisation partielle des flux, forte concentration urbaine et profils de plus en plus qualifiés. La situation géographique et l'évolution économique du Maroc l'ont fait passer, en relativement peu de temps, de pays d’émigration à un espace d’installation et de transit pour des migrants aux profils variés. La Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA), adoptée en 2013, ainsi que les campagnes de régularisation de 2014 et 2017, ont installé au Maroc une approche plus inclusive et une meilleure connaissance statistique des populations concernées. Les ressortissants d’Afrique subsaharienne représentent désormais près de 60% des migrants, contre environ 27% en 2014. La part des Européens recule à un peu plus de 20%. Celle des ressortissants de la région MENA n’est que de 7%. L’ancrage continental du Maroc est ainsi confirmé. Au niveau des nationalités, le Sénégal et la Côte d’Ivoire totalisent plus d’un tiers des étrangers, devant la France, qui demeure la principale nationalité européenne avec près de 14% des résidents étrangers. D’autres pays comme la Guinée, le Mali, le Congo-Brazzaville, le Cameroun ou la Syrie complètent ce panorama. Les résidents étrangers au Maroc sont, pour l’essentiel, des arrivants récents : plus de la moitié déclarent être arrivés depuis 2021, et plus d’un tiers entre 2011 et 2020, ce qui témoigne d’une accélération très récente des arrivées. Une majorité de cette population ira garnir les tribunes lors de la CAN. Les motifs économiques dominent largement : plus de 53% des migrants évoquent le travail comme raison principale, confirmant le rôle du Maroc comme pôle d’attraction régional dans les secteurs du bâtiment, des services, de l’agriculture et de l’économie informelle. Viennent ensuite les raisons familiales (un peu plus de 20%), traduisant le poids croissant du regroupement familial et des projets d’installation à moyen ou long terme, puis les études et la fin d’études (environ 14%), signe de l’attractivité académique du pays auprès des étudiants subsahariens. Les motifs humanitaires — fuite de conflits, insécurité, racisme ou effets des changements climatiques — restent numériquement minoritaires. Le Maroc apparaît ainsi comme un espace hybride où coexistent migrations de travail, mobilités étudiantes, regroupements familiaux et besoins de protection internationale. L’immense majorité des résidents étrangers vit en ville : près de 95% sont installés en milieu urbain, ce qui confirme le rôle des grandes agglomérations comme portes d’entrée et espaces d’intégration. Deux régions dominent nettement : Casablanca–Settat, qui accueille plus de 43% des étrangers, et Rabat–Salé–Kénitra avec un peu plus de 19%, même si cette dernière voit sa part reculer par rapport à 2014 au profit de Casablanca. Près de 56% de cette population sont des hommes, mais la féminisation progresse, notamment chez certaines nationalités comme les Ivoiriennes et les Philippins, très présentes dans les services à la personne et le travail domestique. Plus de 80% des résidents étrangers ont entre 15 et 64 ans, ce qui en fait un groupe essentiellement en âge d’activité, avec une présence non négligeable d’enfants et une minorité de personnes âgées. Près de la moitié des personnes de 15 ans et plus sont célibataires, tandis qu’un peu plus de 45% sont mariées, ce qui montre la coexistence de trajectoires individuelles de mobilité et de projets familiaux stabilisés. Le niveau d’instruction apparaît globalement élevé : près de 39% disposent d’un diplôme supérieur et 28% ont atteint le secondaire. Les actifs occupés sont majoritairement salariés du secteur privé, tandis qu’une minorité exerce comme indépendants, employeurs ou salariés du secteur public, ce qui souligne la diversité des modes d’insertion professionnelle. La part relativement limitée des chômeurs peut masquer des formes de sous-emploi ou de précarité dans l’informel. En 2024, plus de 71 000 ménages comptent au moins un résident étranger. Environ 31% sont exclusivement composés d’étrangers, tandis qu’environ 69% sont des ménages mixtes associant Marocains et étrangers, une proportion en forte hausse par rapport à 2014. Cette montée des ménages mixtes traduit un approfondissement de l’intégration résidentielle et sociale, via les mariages mixtes, l’accueil de proches ou des cohabitations partagées liées au travail et aux études. Sur le plan résidentiel, la majorité des ménages étrangers vit en appartement, suivie par les maisons marocaines modernes, ce qui reflète une intégration dans le tissu urbain ordinaire plutôt que dans des formes d’habitat ségrégué. Les ménages exclusivement étrangers sont massivement locataires, alors que les ménages mixtes sont plus souvent propriétaires ou copropriétaires, ce qui met en évidence des trajectoires d’installation différenciées selon la composition du ménage. Les résultats du RGPH 2024 confirment que la présence étrangère au Maroc, bien que numériquement limitée, constitue désormais un fait structurel et durable de la société. La jeunesse, la forte proportion d’actifs, la montée des ménages familiaux et mixtes ainsi que la diversification des profils scolaires appellent à une articulation plus poussée entre politiques migratoires, politiques urbaines, sociales et éducatives. Les enjeux majeurs concernent la valorisation du potentiel économique et démographique de cette population, l’accès à l'éducation, la santé, le logement et un travail décent et la lutte contre les discriminations dans un contexte de pluralisation culturelle. Les dispositifs de la SNIA pour répondre aux engagements régionaux et internationaux du Maroc en matière de gouvernance des migrations doivent aussi évoluer. Cependant, ces chiffres et données vont probablement connaître une véritable évolution dans les années à venir : le focus médiatique africain sur la CAN, puis plus tard sur la Coupe du monde au Maroc, va faire découvrir les atouts du pays et augmenter son attractivité. Ces deux événements, par leur poids médiatique conjugué aux impressions rapportées par les milliers de spectateurs attendus, devraient jouer un rôle de promotion pour le pays. L’Afrique profonde va découvrir le Maroc et les multiples opportunités qu'il offre, tant sur le plan économique que pour les études.

Guterres snobe Attaf à Luanda : l’ONU rompt avec l’impolitesse algérienne sur le Sahara 201

Lors du sommet Afrique-Europe tenu à Luanda, un incident filmé et diffusé, avec en scène, António Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, et Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, a mis en lumière de manière spectaculaire une tension diplomatique profonde. Une vidéo montrant ce moment est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, suscitant un vif débat et plein de moqueries. Le geste brusque de Guterres, qui a adressé un salut formel et froid avant de tourner précipitamment le dos à Attaf, alors que ce dernier tentait désespérément d’échanger avec lui, dépasse la simple maladresse protocolaire. Le geste est parfaitement volontaire. Il symbolise de façon frappante une relation conflictuelle, chargée d'agacement entre l’ONU et l’Algérie, le Secrétaire Général affichant ainsi une posture claire de l’institution; on ne peut plus officielle. À un niveau diplomatique aussi élevé, les gestes ne sont jamais anodins ni improvisés. Guterres, en fin de mandat, n’a plus de temps ni de patience pour tolérer certains comportements, y compris ceux d’un ministre des Affaires étrangères d'un pays à l'insistance harcelante, éreintante, assommante. Politiquement, ce refus de l’échange public ne peut s’interpréter comme un simple accident ou hasard. Il s’agit d’une manifestation explicite d’exaspération face à la posture adoptée par l’Algérie. Il montre aussi que le Ministre n'a sans doute pas réussi à avoir une entrevue avec le Secrétaire Général. Le contexte est lourd : la question du Sahara marocain anime une dynamique tendue par une Algérie poursuivant une stratégie offensive et systématique de contestation des rapports et résolutions onusiens, accusant l’ONU de partialité. Alger adopte un discours de soi-disant neutralité, qui masque maladroitement la réalité. C'est elle qui entretient le conflit et l'alimente depuis qu'elle l'a engendré avec la Libye de Kadhafi voilà un demi-siècle déjà. Et ça tout le monde le sait... Le pouvoir algérien ne cesse de critiquer l’ONU dans ses médias officiels, usant fréquemment d’invectives parfois surprenantes en diplomatie. Aucun des pays, ayant reconnu la marocanité du Sahara ex espagnol, ni leurs dirigeants, de Donald Trump à Pedro Sánchez, en passant par Emmanuel Macron jusqu’au Cheikh Mohammed ben Zayed, n’a échappé à ces attaques acerbes et aux insultes des médias officiels et acolytes d'Alger. Israël et le sionisme aussi y sont mêlés, comme par magie. Tout est bon pour faire bomber le torse au vaillant peuple algérien, auquel on fait croire à son rôle de gardien du temple de la liberté et de la démocratie, en attendant qu'arrivent sur les étals: huile, semoule, lentilles et haricots. Une telle débauche d’impolitesse politique est inédite au niveau international. Le discours de Amar Bendjama, représentant de l'Algérie, après le vote de la résolution 2797 était dans ce texte, particulièrement révélateur, mêlant mimique dédaigneuse et propos irrespectueux envers le Conseil de Sécurité de l’ONU. Ce climat de tensions répétitives a engendré un véritable blocage diplomatique pour Alger, cherchant désespérément à influencer les mécanismes des Nations Unies par des pressions publiques répétées, en rupture avec les usages traditionnels de la diplomatie. Alger s'est faite avoir à son propre jeu. Le geste de Guterres peut être lu comme un signal politique fort, un rejet tacite d’une posture jugée déstabilisante et contre-productive, d'Alger. Par ce geste, le Secrétaire Général envoie un message clair au ministre algérien : « ça suffit ». Gageons qu'il n'en tiendra pas compte. L'entêtement est génétique en Algérie. Mais jusqu'à quand peut on se questionner. Cet épisode s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large, où les divisions autour de questions clés affaiblissent la capacité de l’ONU à jouer son rôle d’arbitre crédible. Pour une fois que le Conseil de Sécurité arrive à voter à la quasi unanimité un texte sur un conflit qui n'a que trop durer, il est difficile d'accepter encore les tribulations d'un pays dont les agissements coutent cher à toute une région depuis trop longtemps. L’Algérie, quasi-exclusive défenseure internationale de ce qu’elle appelle « le peuple sahraoui », entité contestée hors de son propre lexique, se retrouve de plus en plus isolée sur la scène mondiale. L’image d’un ministre algérien ignoré dans un sommet d’une telle envergure illustre bien l’affaiblissement du poids politique d’Alger dans ces enceintes multilatérales. Pendant ce temps, le Maroc renforce son influence diplomatique à la fois régionale et globale. Enfin, ce geste dépasse la seule dimension individuelle : il traduit une rupture symbolique dans les relations entre Alger et l’ONU, exacerbée par la récente résolution onusienne mentionnant clairement les quatre parties au différend du Sahara marocain. Après un effort d’Alger pour minimiser et déformer cette résolution, sa réaction souvent véhémente ainsi que ses critiques publiques ont fini par irriter certains hauts responsables onusiens, ce qui explique en partie la brusquerie de Guterres. Alger n'a plus aucun choix sinon que celui de s'assoir à la table des négociations. Son nom est explicitement cité aux cotés de son rejeton le polisario, de la Mauritanie et du Maroc. A l'ordre du jour une seule solution, celle de l'autonomie sous souveraineté marocaine. Difficile à digérer pour Alger qui même à l'occasion du sommet du G20, n'est point arrivé à piper mot sur le Sahara Marocain. Pourtant le sommet se tenait en Afrique du Sud, véritable soutien d'Alger pour encore quelques temps. Au-delà de ce seul incident, cet épisode rappelle les limites de la diplomatie informelle dans les grands forums internationaux, où l’insistance hors protocole d’un acteur jugé agressif se heurte à la nécessité d’équilibre et de rigueur des interactions. Par ce geste, Guterres lance non seulement un avertissement diplomatique, mais également un rejet politique clair, témoignant de l’irritation croissante autour du dossier du Sahara Marocain, d’autant plus que les grandes puissances ont décidé publiquement de mettre fin à ce qu’elles considèrent comme un caprice algérien. Pendant longtemps elles ont tolérés les agissements hors sol des gouvernants algériens sans doute dans l'attente d'une prise de conscience de ces derniers, de leur bêtise. Ils se sont montrés incapables de raison malgré les appels répétés à la réconciliation du Souverain Marocain. Les enjeux géopolitiques en Méditerranée et en Afrique sont trop importants pour que la communauté internationale continue à tolérer les agissements d’un pays qui a fait de la déstabilisation régionale sa doctrine. L'Algérie n’aura réussi, au final, qu’une terminologie nouvelle: celle de «Sahara occidental». C’est justement, aujourd'hui, ce qui a ravivé la question du «Sahara oriental». De plus en plus, les jeunes puisent dans l’histoire et publient les preuves de la marocanité de ces territoires rattachés par la France à sa colonie d’alors...