Pensez le Futur.

Si Ahmed Attaf et la valse à mille temps... 538

La dernière sortie du vaillant Ahmed Attaf est étonnamment différente de celles à quoi il nous avait habituée. Toujours derrière son flegme machinal, cette fois-ci il laisse néanmoins transpirer un certain désarroi. L'homme est embarrassé. Il est à la fois jongleur, équilibriste, acrobate, valseur et pompier de service. Il cherche ses mots, et ses phrases lui coupent la respiration. Il étouffe des fois. Ses propos sont bourrés de contradictions et truffés de contorsions difficiles; l'archétype du diplomate à bout de souffle mais habile tout de même. Dans sa quête de soldat du feu, il cherche à rassurer en interne, voire à crier timidement, mais à crier tout de même, à la grande victoire. L'Algérie aurait fait plier le monde entier, USA en tête. En jongleur, il a avec une modestie trompeuse, voulu rassurer les grandes puissances que son pays ne leur en voulait pas, évitant ainsi de heurter leur sensibilité. Un exercice ô combien périlleux, puisque bientôt il sera convoqué à la table des négociations en tant que partie prenante. Là, il devra faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour échapper au diktat de la paix voulu par la communauté internationale et qu'il devra construire avec le Maroc. L'homme a parfaitement bien compris qu'aujourd'hui il ne peut plus naviguer qu'à visage découvert. Son pays est bien l’autre partie directement concernée. Derrière son ton mesuré et son vocabulaire feutré, sa sortie médiatique répond à une logique précise, articulée autour de trois objectifs : apaiser le front intérieur, préparer l’opinion à un retour aux négociations sur le Sahara, et préserver la ligne rouge d’Alger: pas de normalisation avec Rabat. Tel un équilibriste, il fanfaronne subtilement que la divergence avec Washington et Bruxelles est maîtrisée. Effectivement, les USA peuvent très bien comprendre la logique des deux premiers volets : apaisement interne et préparation des négociations, mais ils divergent fondamentalement d’Alger sur la question du rapprochement avec le Maroc. Pour Washington, cette normalisation est une pièce maîtresse de sa stratégie atlantique-africaine autour des métaux critiques, un enjeu clé face à la Chine. L’Union européenne partage cette vision: elle voit dans la réconciliation maroco-algérienne un préalable au redémarrage du projet euro-méditerranéen, paralysé depuis des années par la rivalité entre les deux voisins. Bruxelles comme Washington peuvent bien penser que ce désaccord stratégique reste gérable à court terme, car l’urgence commune demeure la relance des négociations sur le Sahara, perçue comme une priorité stabilisatrice pour la région. Mais tout le monde comprend que le régime militaire algérien a dépêché Attaf pour absorber le choc du *séisme de New York*. Sa première mission consistait donc à calmer les esprits après le coup dur infligé par la dernière résolution du Conseil de sécurité, qui réaffirme le plan d’autonomie marocain comme base sérieuse et crédible, et qui en fait l'aboutissement des négociations. Le succès diplomatique de Rabat a provoqué un véritable électrochoc à Alger, où le pouvoir redouterait que la défaite diplomatique ne se transforme en crise interne entre les différents cercles du régime, en particulier entre la hiérarchie militaire et la façade politique. Pour éviter une telle implosion, Attaf a tenté de réécrire la narration officielle: la résolution, a-t-il affirmé, ne serait pas un triomphe marocain mais une victoire algérienne, Alger aurait «empêché l’imposition de l’agenda marocain». Une interprétation en totale contradiction avec les déclarations du représentant algérien à l’ONU, qui avait justifié le non vote de son pays par la place centrale accordée au plan d’autonomie. Mais sur le plan médiatique, la manœuvre a porté ses fruits. Le discours d’Attaf a trouvé un écho favorable jusque dans certains cercles critiques du pouvoir. En réalité, cette opération d’apaisement arrange aussi Washington et Rabat: elle garantit la stabilité du régime algérien et maintient le calme intérieur, conditions nécessaires pour ouvrir la voie à de futures discussions sans interférences internes. Tous sont attelés à préparer le terrain des négociations. Le deuxième objectif d’Attaf était de préparer l’opinion publique, nationale et internationale, à l’idée d’un retour à la table des négociations, conformément à la pression exercée par les USA pour relancer un processus politique concret. Le ministre s’est ainsi efforcé de présenter la résolution onusienne sous un jour positif, allant jusqu’à la qualifier de «victoire pour les principes de la cause sahraouie», tout en expliquant que l’Algérie aurait voté pour, si une phrase n’avait pas mentionné «la souveraineté marocaine». Un jeu d’équilibriste ingénieux, destiné à réduire l’écart entre le discours officiel et la réalité diplomatique, et à justifier une éventuelle participation d’Alger à de nouveaux pourparlers sans apparaître en position de faiblesse. Ce repositionnement tactique reste fragile. Si la pression américaine venait à diminuer, Alger pourrait de nouveau recourir à des manœuvres dilatoires pour ralentir ou vider le processus de son contenu. Mais les américains ne sont pas dupes et ils sont pressés. Du point de vue marocain, cette évolution est loin d’être défavorable: Rabat privilégie un règlement négocié, sans vainqueur ni vaincu, tant que le principe de l’autonomie reste la finalité des discussions. Alger elle, cherche à préserver sa ligne rouge: pas de normalisation avec Rabat. Le troisième axe de la communication est qu'Attaf a cherché à éviter un danger existentiel pour le régime en place: être perçu comme cédant à une normalisation avec Rabat sous la pression de Washington. Dans un scénario de contrainte accrue, l’Algérie pourrait accepter une solution politique sur le dossier du Sahara, mais sans franchir le pas d’un rapprochement diplomatique. Pour consolider cette position, Attaf a volontairement réécrit le lexique du texte onusien. Là où la résolution parle de *parties*, de *règlement politique* et *d’autonomie*, il a préféré employer les termes de *décolonisation*, de *référendum* et de *peuple sahraoui*. Ce glissement sémantique délibéré vise à entretenir l’idée que l’Algérie reste fidèle à la logique doctrinaire, alors même que le scénario du référendum a été abandonné par les Nations unies depuis près de deux décennies. La sortie médiatique n’était donc pas une simple réaction diplomatique à une résolution onusienne, mais une opération de communication orchestrée avec soin. Elle poursuivait trois objectifs : apaiser le front intérieur, préparer l’opinion à de futures discussions et réaffirmer le refus de toute normalisation avec Rabat. Ironie du sort, ces trois axes, en cherchant à défendre la position algérienne, finissent par consolider le cadre onusien du règlement, celui-là même qui consacre le plan d’autonomie marocain comme référence principale et redessine les équilibres régionaux au bénéfice du Maroc et de ses alliés occidentaux.
Aziz Daouda Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Mondial 2026 : risque d’un tournoi réservé aux plus riches ? Une inflation sans précédent. 34

La Coupe du monde 2026, organisée conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique, s’annonce comme un événement hors normes : un format élargi à 48 équipes, 104 matchs, des installations de pointe et une couverture médiatique estimée comme la plus massive de l’histoire du sport. Mais à mesure que les premières informations sur la billetterie et les coûts logistiques se dévoilent, une inquiétude grandit parmi les passionnés : **le Mondial nord-américain pourrait devenir la Coupe du monde la plus chère jamais organisée**, au point de remettre en cause l’accessibilité même de l’événement. Au cœur de cette inquiétude figure le modèle américain du *dynamic pricing*, un système où les prix ne sont jamais fixes. Ils évoluent en fonction de la demande, du volume de requêtes en ligne, de la réputation de l'affiche, et même de paramètres algorithmiques sur lesquels le consommateur n’a aucune prise. Ainsi, une chambre d'hôtel vendue normalement à environ 200 USD ne sera pas proposée à moins de 500, voire 600 USD, et probablement davantage pour les retardataires. Ce mécanisme, courant dans le sport professionnel américain, pourrait transformer l’achat de billets pour le Mondial en une course effrénée, voire injuste. Certains tickets pour la finale sont déjà annoncés entre 5 000 et 20 000 dollars, un niveau totalement inédit. Les billets des matchs de poules pourraient connaître des fluctuations quotidiennes, rendant quasi impossible toute projection financière pour les fans étrangers. Les supporters américains, déjà habitués à des prix très élevés en NBA, NFL ou MLB, semblent mieux armés pour naviguer dans ce système. En revanche, pour le fan marocain, brésilien, sénégalais, égyptien ou indonésien, ce modèle représente un obstacle presque infranchissable. À ce tableau déjà ombragé s’ajoute la question de la plateforme officielle de revente.**FIFA Official Ticket Resale Platform**. Dans l’idéal, elle permet d’éviter le marché noir et de sécuriser les transactions. Mais dans un marché dominé par la logique spéculative, elle pourrait devenir le nouveau terrain de jeu d’acteurs cherchant à maximiser leurs profits, d'autant plus que FIFA prend une commission au passage. FIFA n’a pas encore communiqué sur les garde-fous qu’elle compte mettre en place. Sans régulation stricte, la revente pourrait amplifier la volatilité des prix, surtout pour les matchs les plus prisés : phases finales, rencontres impliquant des équipes à forte diaspora, ainsi que le match d’ouverture et la finale. L’un des éléments les plus déconcertants de ce Mondial est la vente anticipée de billets sans affectation précise. Aux USA, sur les **6 millions de billets prévus**, près de **2 millions ont déjà trouvé preneur**, alors que leurs détenteurs ne savent pas encore pour quels matchs ils ont payé. Cela reflète plusieurs dynamiques : - Une confiance totale du public américain dans l’organisation de l’événement ; - Le pouvoir d’achat élevé d’un public prêt à investir massivement dans des expériences sportives ; - Une asymétrie structurelle entre supporters américains et fans internationaux, ces derniers étant contraints d’attendre les affectations pour planifier voyages et budgets. Cette situation alimente la crainte que les stades soient massivement occupés par des spectateurs locaux, au détriment des supporters venant soutenir leurs équipes depuis l’étranger. Les USA comptent parmi les marchés hôteliers les plus chers du monde, et les villes retenues ne dérogent pas à la règle : **New York, Los Angeles, Miami, Seattle, Dallas** ou encore **San Francisco** figurent régulièrement en tête des classements des destinations les plus coûteuses. Une véritable inflation est attendue dans tout le secteur hôtelier. Lors d’événements sportifs d’envergure, les prix des chambres peuvent doubler ou tripler. Pour une Coupe du monde étalée sur plus d’un mois, les projections sont encore plus alarmantes : certains opérateurs évoquent déjà des tarifs « jamais vus ». Les fans devront anticiper : - des hausses massives des prix des hôtels ; - une saturation prévisible des logements alternatifs ; - des coûts de transport interne très élevés, puisque les distances entre villes hôtes exigent souvent le recours à l’avion. L’ensemble de ces paramètres pose une question centrale : **à qui s’adressera réellement la Coupe du monde 2026 ?** Les 250 millions de licenciés du football dans le monde se sentiront quelque peu frustrés. Leur sport leur échappe. Le modèle nord-américain, dominé par les logiques commerciales et les mécanismes spéculatifs, semble incompatible avec la tradition du football en tant que sport populaire. On pourrait assister à l’émergence d’un Mondial à deux vitesses : - **Une Coupe du monde premium**, largement fréquentée par le public nord-américain et les supporters les plus aisés ; - **Une Coupe du monde à distance** pour des millions de fans internationaux qui devront se contenter des retransmissions télévisées, faute de moyens suffisants pour se rendre sur place. Pour les supporters venant de pays où le revenu médian est largement inférieur à celui des États-Unis, qu’il s’agisse de nations africaines, latino-américaines, asiatiques ou même européennes, l’expérience pourrait devenir inaccessible. La FIFA est visiblement face à un dilemme stratégique. Elle devra tôt ou tard répondre à cette problématique. Certes, le choix des États-Unis garantit des infrastructures de haut niveau, des recettes record, un marché publicitaire colossal et une organisation logistique d’une fiabilité rare. Mais cette logique financière pourrait entrer en contradiction directe avec la mission sociale et symbolique du football : **rassembler, fédérer, inclure**. Si le Mondial 2026 se transforme en événement élitiste, il risque de laisser une trace négative durable dans l’opinion publique. Le football moderne, déjà critiqué pour sa dérive commerciale, pourrait faire face à une contestation accrue venant des fans, ces mêmes fans qui font vivre ce sport, d'autant plus que les revenus de la FIFA vont passer de 7,5 à 13 milliards USD. Le Mondial est ainsi sous tension. En 2026, il sera sans doute spectaculaire sur le plan sportif et organisationnel. Mais il pourrait aussi devenir un tournant dans l'histoire de la Coupe du monde : celui où l’événement cesse d’être un rendez-vous populaire et accessible pour se transformer en produit premium destiné à un public privilégié. Entre inflation des billets, explosion des prix hôteliers, distances logistiques et modèle économique américain, **le risque est réel de voir cette édition entrer dans l’histoire comme la plus exclusive, la plus chère et la moins accessible**. La FIFA, les organisateurs et les villes hôtes devront trouver les moyens d’atténuer cette dynamique pour ne pas sacrifier l’essence même du football : un sport universel, qui appartient à tous. La proximité de Gianni Infantino avec Donald Trump, voire l'amitié qui lie les deux hommes, pourra-t-elle aider en quelque chose ?

CAN 2025 au Maroc : reflet d’une transformation migratoire et sociale majeure probable... 156

À trois semaines de la Coupe d'Afrique des Nations au Maroc, il me semble opportun de revenir sur quelques enseignements du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2024 (RGPH 2024). Cet événement aura sans doute un impact puissant sur la perception du pays, par les images positives qu'il commence déjà à diffuser et partant sur quelques données démographiques futures Le recensement montre que, sur 36,8 millions d’habitants recensés, 148 152 personnes sont de nationalité étrangère, soit près de 0,4% de la population totale, en hausse de plus de 76% par rapport à 2014. Derrière ce poids relatif modeste se dessine une transformation structurelle : montée en puissance des migrants d’Afrique subsaharienne, féminisation partielle des flux, forte concentration urbaine et profils de plus en plus qualifiés. La situation géographique et l'évolution économique du Maroc l'ont fait passer, en relativement peu de temps, de pays d’émigration à un espace d’installation et de transit pour des migrants aux profils variés. La Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA), adoptée en 2013, ainsi que les campagnes de régularisation de 2014 et 2017, ont installé au Maroc une approche plus inclusive et une meilleure connaissance statistique des populations concernées. Les ressortissants d’Afrique subsaharienne représentent désormais près de 60% des migrants, contre environ 27% en 2014. La part des Européens recule à un peu plus de 20%. Celle des ressortissants de la région MENA n’est que de 7%. L’ancrage continental du Maroc est ainsi confirmé. Au niveau des nationalités, le Sénégal et la Côte d’Ivoire totalisent plus d’un tiers des étrangers, devant la France, qui demeure la principale nationalité européenne avec près de 14% des résidents étrangers. D’autres pays comme la Guinée, le Mali, le Congo-Brazzaville, le Cameroun ou la Syrie complètent ce panorama. Les résidents étrangers au Maroc sont, pour l’essentiel, des arrivants récents : plus de la moitié déclarent être arrivés depuis 2021, et plus d’un tiers entre 2011 et 2020, ce qui témoigne d’une accélération très récente des arrivées. Une majorité de cette population ira garnir les tribunes lors de la CAN. Les motifs économiques dominent largement : plus de 53% des migrants évoquent le travail comme raison principale, confirmant le rôle du Maroc comme pôle d’attraction régional dans les secteurs du bâtiment, des services, de l’agriculture et de l’économie informelle. Viennent ensuite les raisons familiales (un peu plus de 20%), traduisant le poids croissant du regroupement familial et des projets d’installation à moyen ou long terme, puis les études et la fin d’études (environ 14%), signe de l’attractivité académique du pays auprès des étudiants subsahariens. Les motifs humanitaires, fuite de conflits, insécurité, racisme ou effets des changements climatiques, restent numériquement minoritaires. Le Maroc apparaît ainsi comme un espace hybride où coexistent migrations de travail, mobilités étudiantes, regroupements familiaux et besoins de protection internationale. L’immense majorité des résidents étrangers vit en ville : près de 95% sont installés en milieu urbain, ce qui confirme le rôle des grandes agglomérations comme portes d’entrée et espaces d’intégration. Deux régions dominent nettement : Casablanca–Settat, qui accueille plus de 43% des étrangers, et Rabat–Salé–Kénitra avec un peu plus de 19%, même si cette dernière voit sa part reculer par rapport à 2014 au profit de Casablanca. Près de 56% de cette population sont des hommes, mais la féminisation progresse, notamment chez certaines nationalités comme les Ivoiriennes et les Philippins, très présentes dans les services à la personne et le travail domestique. Plus de 80% des résidents étrangers ont entre 15 et 64 ans, ce qui en fait un groupe essentiellement en âge d’activité, avec une présence non négligeable d’enfants et une minorité de personnes âgées. Près de la moitié des personnes de 15 ans et plus sont célibataires, tandis qu’un peu plus de 45% sont mariées, ce qui montre la coexistence de trajectoires individuelles de mobilité et de projets familiaux stabilisés. Le niveau d’instruction apparaît globalement élevé : près de 39% disposent d’un diplôme supérieur et 28% ont atteint le secondaire. Les actifs occupés sont majoritairement salariés du secteur privé, tandis qu’une minorité exerce comme indépendants, employeurs ou salariés du secteur public, ce qui souligne la diversité des modes d’insertion professionnelle. La part relativement limitée des chômeurs peut masquer des formes de sous-emploi ou de précarité dans l’informel. En 2024, plus de 71 000 ménages comptent au moins un résident étranger. Environ 31% sont exclusivement composés d’étrangers, tandis qu’environ 69% sont des ménages mixtes associant Marocains et étrangers, une proportion en forte hausse par rapport à 2014. Cette montée des ménages mixtes traduit un approfondissement de l’intégration résidentielle et sociale, via les mariages mixtes, l’accueil de proches ou des cohabitations partagées liées au travail et aux études. Sur le plan résidentiel, la majorité des ménages étrangers vit en appartement, suivie par les maisons marocaines modernes, ce qui reflète une intégration dans le tissu urbain ordinaire plutôt que dans des formes d’habitat ségrégué. Les ménages exclusivement étrangers sont massivement locataires, alors que les ménages mixtes sont plus souvent propriétaires ou copropriétaires, ce qui met en évidence des trajectoires d’installation différenciées selon la composition du ménage. Les résultats du RGPH 2024 confirment que la présence étrangère au Maroc, bien que numériquement limitée, constitue désormais un fait structurel et durable de la société. La jeunesse, la forte proportion d’actifs, la montée des ménages familiaux et mixtes ainsi que la diversification des profils scolaires appellent à une articulation plus poussée entre politiques migratoires, politiques urbaines, sociales et éducatives. Les enjeux majeurs concernent la valorisation du potentiel économique et démographique de cette population, l’accès à l'éducation, la santé, le logement et un travail décent et la lutte contre les discriminations dans un contexte de pluralisation culturelle. Les dispositifs de la SNIA pour répondre aux engagements régionaux et internationaux du Maroc en matière de gouvernance des migrations doivent aussi évoluer. Cependant, ces chiffres et données vont probablement connaître une véritable évolution dans les années à venir : le focus médiatique africain sur la CAN, puis plus tard sur la Coupe du monde au Maroc, va faire découvrir les atouts du pays et augmenter son attractivité. Ces deux événements, par leur poids médiatique conjugué aux impressions rapportées par les milliers de spectateurs attendus, devraient jouer un rôle de promotion pour le pays. L’Afrique profonde va découvrir le Maroc et les multiples opportunités qu'il offre, tant sur le plan économique que pour les études.