Think Forward.

Aziz Daouda

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Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .
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« Paix et retour dans la dignité » : un collectif sahraoui appelle au retour volontaire vers le Maroc... 85

Fondé en juin 2025 à Nouadhibou par des Sahraouis établis en Mauritanie, en Europe et dans les camps de Tindouf en Algérie, un collectif baptisé *« Paix et retour dans la dignité »* vise à promouvoir le retour volontaire des "réfugiés" vers le Maroc. Sous la présidence d'un dénommé **Badi Abdelaziz**, se disant ancien cadre militaire séparatiste devenu opposant au Front Polisario, ce groupe a lancé en septembre 2025 un appel aux autorités marocaines afin de faciliter le rapatriement des Sahraouis, dans des conditions sûres et dignes. Cette initiative, relayée par la presse marocaine, reste discrète dans les médias du pays voisin et de son proxy pour des raisons évidentes. Le collectif dénonce les « conditions difficiles » et « inhumaines » que subissent les populations dans les camps de Tindouf, pointant une gestion oppressante du Front Polisario et appelant à des garanties de sécurité et de dignité pour ceux qui souhaitent rentrer. Cette démarche met en lumière à la fois des préoccupations humanitaires véhiculées par plusieurs ONG d'ailleurs et des voix sahraouies internes qui cherchent à s’affranchir des structures dominantes (Front Polisario et autorités militaires algériennes). L’enjeu est donc tant humanitaire que politique. Selon **Badi Abdelaziz**, l’initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilale, qui a rappelé voilà quelque temps que le retour des réfugiés nécessite un recensement officiel, point crucial exigé depuis des années par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et qui n’a jamais été fait, empêché par la junte militaire d’Alger. Le recensement est perçu comme une condition préalable pour identifier les prétendants au retour. Les séquestrés de Tindouf ne sont pas tous originaires de la région comme chacun le sait. Le collectif cherche donc à garantir un retour transparent et respectueux des droits, tout en remettant en question la tutelle politique du Polisario sur les camps. Il faut dire que la population est lasse des conditions difficiles et se rend chaque jour un peu plus compte des mensonges propagandistes. Elle prend de plus en plus conscience de son exploitation par les séparatistes du Polisario pour des contingences très loin du discours officiel. Les agences onusiennes, dans leur **Sahrawi Refugees Response Plan 2024-2025**, estiment à près de **104 millions USD** les besoins en financement pour l’aide aux séquestrés, soulignant une dépendance totale à l’assistance internationale. Ces chiffres illustrent la gravité de la situation, qui alimente les débats diplomatiques et humanitaires autour du Sahara dit occidental, surtout que bien des rapports insistent, preuves à l'appui, sur le détournement systématique de l'aide disponible. L'appel de ce groupe est aussi à mettre dans la perspective de l'évolution géopolitique d'un dossier aux multiples ramifications régionales et internationales. La communauté internationale et les grandes puissances, en premier, sont fatiguées de la situation que l'Algérie a fomentée et entretient à des coûts exorbitants au dépens du développement de son pays, du bien-être de sa propre population et de la sécurité dans la région. **Le rôle de la Mauritanie et de l’Algérie** devient fondamental dans ce contexte. La Mauritanie, quoique plus neutre, a abrité et toléré tout de même la naissance de ce collectif à Nouadhibou, signe d’un possible repositionnement ou d’une volonté d’ouvrir un dialogue plus pragmatique. En revanche, l’Algérie, dans son obstination chronique, demeure le soutien politique et militaire majeur du Front Polisario. L'évidence aujourd'hui est que la junte militaire en Algérie, utilise ce conflit dans l'espoir de renforcer son influence régionale, de contrebalancer le poids du Maroc et surtout d'exporter ses échecs et les énormes insuffisances dont souffre le pays et sa population, malgré une richesse inouïe. **La rivalité Maroc-Algérie**, entretenue par la seule Algérie, est exacerbée par ce dossier, entravant les avancées régionales comme la réunification du Maghreb et l'intégration économique de toute la région. Le conflit freine la coopération économique, sécuritaire et migratoire, alors que la région fait face à des défis communs comme le terrorisme, la migration irrégulière ou le changement climatique. **Les acteurs internationaux** jouent également un rôle pivot et semblent vouloir aller vite dans ce dossier. Les États-Unis, La France, l'Espagne, la Grande Bretagne et d'autres pays de l’Union européenne, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine, se sont franchement engagés dans la logique de régler le conflit au plus vite en reconnaissant la marocanité des territoires en question, sur la base de données et d'arguments objectifs. La visite toute récente du Ministre Bourita à Pékin semble aller aussi dans ce sens. Officiellement tout au moins, c’est le statu quo en attendant la prochaine réunion du Conseil de Sécurité consacrée à ce dossier. Le Maroc a réussi à étoffer son réseau de soutien grâce à sa proposition d’autonomie, argumentant qu’elle constitue la solution réaliste respectant l’intégrité territoriale et l’unité nationale. Ce ci séduit les partenaires face à la chimère d’indépendance promue par le proxy d'Alger. **La dimension sécuritaire** pèse aussi lourdement. Le Sahara est un corridor stratégique pour le trafic de drogue et d’armes, ce qui alerte les puissances occidentales. La stabilité de la zone est donc cruciale non seulement pour les populations locales mais aussi pour la sécurité régionale et internationale. Le collectif «Paix et retour dans la dignité» offre ainsi une nouvelle vision interne, où une partie importante des Sahraouis refuse la prolongation du conflit au prix de sa souffrance persistante. Son soutien à l’autonomie au sein du Royaume et l’appel clair au retour volontaire sont autant de signaux à prendre en compte dans le calcul diplomatique régional. Cependant, il est difficile d’évaluer la représentativité précise de ce collectif face à d’autres factions dont l’influence et l’indépendance sont souvent difficiles à vérifier. En outre, le contexte régional, marqué par des tensions diplomatiques comme celle entre le Mali et Alger, les intérêts contradictoires et les enjeux sécuritaires majeurs, compliquent à ce jour une avancée rapide. En attendant, les séquestrés de Tindouf continuent de vivre dans des conditions précaires, d'où l'urgence d’une intervention humanitaire renforcée. Seul le cadre politique proposé par le Royaume du Maroc garantit des droits et respecte la dignité des populations concernées. L’équilibre entre règlement politique, ambitions stratégiques et urgence humanitaire reste la clé pour débloquer ce dossier épineux, dont la résolution conditionnera grandement la stabilité future de toute l'Afrique du Nord. C'est dans ce contexte que devraient s'inscrire les débats lors du prochain Conseil de Sécurité consacré à ce conflit artificiel qui n'a que trop duré.

World Athletics Championships Tokyo 2025: American Domination and Morocco's Decline 449

The 2025 World Athletics Championships in Tokyo gathered a record participation, with medals won by athletes from 53 different countries, marking a notable increase compared to previous editions. This reflects the steady growth of athletics worldwide, which remains the most universal sport. Tokyo confirmed the historic dominance of the United States, which won 26 medals (16 gold, 5 silver, 5 bronze), followed by Kenya (7 gold, 2 silver, 2 bronze) and Canada. Representing Africa, Botswana ranked 5th (2 gold and 1 bronze), a position Morocco held in Seville 1999 (2 gold, 2 silver, 1 bronze). The United States maintained its supremacy, notably thanks to a highly effective team of sprinters and relay runners, including athletes like Jefferson-Wooden and Noah Lyles, the latter securing his 10th world championship medal, symbolizing longevity and consistency at the highest level. Kenya, bolstered by its long- and middle-distance runners, remained among the top nations, confirming Africa’s tradition of excellence in these disciplines. Canada, the Netherlands, Botswana, New Zealand, and Spain completed the list of the most medaled nations, illustrating a diverse rise in global athletics. Africa again demonstrated a significant presence, particularly in the middle-distance and 3000 m steeplechase events, key disciplines for the region. Among the titleholders were Kenyan Beatrice Chebet, winner of the 5000 m and 10,000 m, and Faith Kipyegon, victorious in the 1500 m and silver medalist in the 5000 m. Botswana’s victories in the men's 400 m and 4x400 m relay illustrate Africa's growing strength in events it is gradually mastering. Tanzania’s win in the men's marathon was also a highlight. El Bakkali, highly anticipated in the 3000 m steeplechase, stood out despite not defending his title. Maintaining such longevity in a demanding event is no easy feat. The competition also highlighted the strengthening of African mixed relays, with South Africa's team setting the only African continental record, in the mixed 4x400 m relay. This underscores the continent's tactical and collective development. African performances also emphasize the need for targeted investments in disciplines where the continent traditionally excels, alongside growing interest in mixed and team events, linking to a more strategic and inclusive approach to athletics. Although African participation remains strong both quantitatively and qualitatively, results call for strategic reflection ahead of future competitions to enhance competitiveness and sustainable success, especially considering the decline of male athletes in the 5000 m and 10,000 m events. In the country ranking, two major African disappointments stand out: Ethiopia’s drop from 6th place in 2023 to 22nd, and notably Morocco’s fall from 13th to 35th place. This edition confirmed Morocco’s decline, which for over 20 years has struggled to regain success except for the valiant Soufiane. The results are not even encouraging: among 18 athletes entered, only one female and one male finished the marathon, while others had to withdraw. Only one female athlete, Raziki in the 800 m with a personal best, advanced to the second round, and just two men reached the final: El Bakkali, of course, and the young Salaheddine Ben Yazide, who placed 5th in the 3000 m steeplechase. Once a significant player, Morocco now faces the challenge of renewal to remain competitive amid increasingly dense global competition. The mediocrity of the results raises serious questions and should prompt authorities to draw lessons from this decline, which Moroccan public opinion struggles to accept, as evidenced by numerous social media posts and discussions. The country lacks neither expertise, resources, infrastructure, competent staff, nor political will.

Political Participation in Morocco, Crisis of Representativity, and the Emergence of New Forms of Protest 454

As Morocco prepares for a major electoral milestone in 2026, announced by His Majesty the King who wishes it to be exemplary, the political landscape appears deeply shaken and even disconnected from reality. A recent report from the Moroccan Center for Conjuncture reveals that 91.5% of Moroccans do not identify with political parties and 94.8% do not trust them. They rate their performance poorly, a striking indicator of an unprecedented crisis of trust and representativity. Regarding Parliament, 89.5% of citizens evaluate it negatively. This dissatisfaction rate is close to that recorded for the government: 87.3% strongly criticize its performance, while only 1.1% express a positive opinion about it. Even more worrying, financial compensation tops the list as a motivation to vote for one candidate or another, while affiliation to a political current represents only 13.7%. This is a troubling finding. The turnout in previous elections already constituted a revealing index of a true political disengagement. The current situation is in fact nothing but a prolonged expression of distrust toward the political system. This distrust, which is not new, has probably intensified considerably. Rejection now goes beyond simple disinterest in voting. It is a "global rejection" of the partisan system, perceived as incapable of responding to the real expectations and needs of citizens. Having experienced various political trends without meaningful results, they increasingly trust only His Majesty the King and express this loudly. The rupture is fueled by structural problems: youth unemployment rate reaching 36.7% in 2024 according to some sources, growing social precariousness, and a feeling of abandonment in rural and remote areas. What is new today are the increasingly numerous voices rising outside the ballot box and the political calendar as provided by the Constitution. Disinterest in parties does not mean total disengagement. On the contrary, new forms of political participation are emerging locally. In Aït Bouguemaz, in the High Atlas, as in many villages and hamlets, inhabitants no longer hesitate to demand essential infrastructure and take over roads to make themselves heard. Everywhere, often driven by youth, people mobilize to denounce exclusion and lack of economic prospects. Some demand access to drinking water, others express a diffuse unease, a form of dissatisfaction not always clearly articulated. The urban environment is no exception. In Agadir, gatherings have raised alarms about the crisis in the health system and failures of a hospital that was once a flagship of public health. It has even been reported that demonstrations are banned in front of some other hospitals in various regions. When these actions, escaping traditional electoral frameworks, express a spontaneous will for citizen engagement, they are very welcome and legitimate. But when demands are tinged with ideological language, nihilistic expressions, or manipulated by populism fueled by some politicians or by improvised self-appointed pundits armed with a phone or microphone, the situation becomes more worrying. It should also be noted that disconnected appointments, the detachment of many officials from reality, and the inefficiency of often costly programming do not help. In response, the population expresses itself in its own ways: in public, on social media, during football matches or cultural events. Some even question the strategic choices of the State, denounce World Cup projects or the TGV, and draw critical parallels between their region and the more favored areas of the country. These claims are generally perceived as legitimate and receive strong popular echo. The general feeling is that the balance Morocco has always sought between freedom and equality no longer satisfies. The demands reflect a malaise and a disavowal of public policies, both among entrepreneurs who create wealth and those who claim more equality, often implicitly meaning taking more from those who have to redistribute. Those who contribute, rightly so, already feel they give a lot. As for civil servants, whose salary is guaranteed every month-end, they are also dissatisfied as their purchasing power deteriorates year after year. Official political discourse and reassuring information no longer suffice. Citizens demand concrete results, at home, in their regions, in their villages. The key word is "tahmiche": this feeling of exclusion often rightly experienced, although in some cases citizens are also responsible, whether through their vote for incompetent people or their lack of initiative. Welfare policies play a significant role here as well. Most concerning is that youth seem to oscillate between disillusionment due to frustration and innovation in their modes of expression. They project an image of themselves claiming rights but not always considering their duties. The rejection of the traditional system does not mean a total withdrawal from the political sphere. This new generation, connected and aware of national and global issues, favors more direct and creative forms of action. However, this marginalization of traditional institutions is a warning sign: if no concrete reform is undertaken, the gap between the governed and the governors is likely to widen further. The 2026 elections thus become a crucial milestone. They constitute a major test for Morocco. Faced with rising abstention and extra-institutional protest, they could either confirm the crisis of trust or initiate a renewed participation. For this, parties and institutions must go beyond speeches and establish genuine dialogue spaces. They must also respond to local demands with concrete measures, demonstrating that politics can change daily life. Without a strong and credible response, these elections risk being nothing more than a meaningless formality, further deepening popular disenchantment. Morocco finds itself at a delicate turning point where society politically reinvents itself outside traditional parties. The challenge of the coming elections is therefore much more than a simple vote: it is the reconquest of trust and authentic representation, to finally engage the country on the path of confidence, lasting stability, and cohesion.

Athlétisme mondial de Tokyo: domination américaine et déclin du Maroc 109

Les championnats du monde d’athlétisme de Tokyo 2025 ont rassemblé une participation record, avec des médailles attribuées à des athlètes issus de 53 pays différents, une progression notable par rapport aux éditions précédentes. Cela témoigne de la croissance constante de l’athlétisme au niveau mondial, qui reste ainsi le sport le plus universel. Tokyo a confirmé la domination historique des États-Unis, qui ont remporté 26 médailles (16 or, 5 argent, 5 bronze), suivis par le Kenya (7 or, 2 argent, 2 bronze) et le Canada. Le Botswana, pour le compte de l’Afrique, s’est classé 5e (2 or et 1 bronze), une place que le Maroc avait occupée à Séville en 1999 (2 or, 2 argent, 1 bronze). Les États-Unis ont donc conservé leur suprématie, notamment grâce à un collectif de sprinteurs et relayeurs particulièrement performant, avec des athlètes comme Jefferson-Wooden et Noah Lyles, ce dernier obtenant sa 10e médaille aux championnats du monde, un exploit symbolisant la longévité et la régularité au plus haut niveau. Le Kenya, fort de ses coureurs de fond et de demi-fond, s’est maintenu parmi les meilleures nations, confirmant la tradition africaine d’excellence dans ces disciplines. Le Canada, les Pays-Bas, le Botswana, la Nouvelle-Zélande et l’Espagne complètent le tableau des nations les plus médaillées, illustrant une montée en puissance diversifiée dans l’athlétisme mondial. L’Afrique a encore une fois démontré une présence significative, notamment grâce aux performances sur le demi-fond et le 3000 m steeple, épreuves phares de la région. Parmi les détenteurs de titres figurent la Kényane Beatrice Chebet: vainqueur des 5 000 m et 10 000 m, ainsi que Faith Kipyegon: victorieuse du 1500 m et médaillée d’argent au 5000 m. La victoire du Botswana au 400 m et au relais 4x400 m masculin illustre la montée en puissance du continent africain sur des épreuves dont il s'accapare petit à petit. La victoire de la Tanzanie au marathon masculin a également été l’un des moments forts de ces championnats. Très attendu sur 3000 m steeple, El Bakkali s’est distingué même s’il n’a pas conservé son titre. Assurer une telle longévité sur une épreuve aussi complexe et éprouvante n'est pas chose aisée. La compétition a aussi mis en lumière le renforcement des relais mixtes africains, avec l’équipe d’Afrique du Sud qui a réalisé le seul record continental africain, ce fut sur le 4x400 m mixte. Ce ci souligne un développement tactique et collectif intéressant sur le continent. Les performances africaines soulignent également la nécessité d’investissements ciblés dans les disciplines où le continent est traditionnellement puissant, avec un intérêt croissant pour les épreuves mixtes et collectives, gages d’une approche plus stratégique et inclusive de l’athlétisme. Ainsi, bien que la participation africaine soit solide, tant quantitativement que qualitativement, les résultats appellent à une réflexion stratégique pour les prochaines échéances afin d’accroître la compétitivité et la pérennité des succès dans un contexte mondial en constante évolution surtout tenant compte de la défaite des athlètes masculins sur 5 et 10 milles mètres. Au classement par pays, deux grandes déceptions africaines sont à signaler hélas: la chute de l’Éthiopie, qui passe de la 6e place en 2023 à la 22e, et, bien évidemment, celle du Maroc, qui descend de la 13e à la 35e place. Cette édition a donc confirmé le recul du Maroc qui, depuis plus de 20 ans, peine à renouer avec le succès hormis bien évidemment les réalisations du vaillant Soufiane. Les résultats ne peuvent même pas être considérés comme encourageants : sur les 18 athlètes engagés, seule une fille et un garçon ont pu terminer le marathon. les autres ont été contraints à l'abandon. Une seule fille, Raziki sur 800m avec un record personnel, est passée au second tour, et seulement deux garçons ont atteint la finale : El Bakkali bien sur et le jeune Salaheddine Ben Yazide, classé 5e sur 3000m sc aussi. Le Maroc, naguère acteur important, fait aujourd’hui face au défi du renouvellement pour rester compétitif face à une concurrence mondiale de plus en plus dense. La médiocrité des résultats interpelle donc à plus d’un titre et devrait inciter les responsables à tirer les conséquences de cette dégringolade, que l’opinion publique marocaine peine à digérer, comme en témoignent les nombreuses publications et échanges sur les réseaux sociaux. Le pays ne manque ni de savoir faire, ni de moyens, ni d'infrastructures, ni de cadres compétents et encore moins de volonté politique.

Participation politique au Maroc, crise de représentativité et émergence de nouvelles formes de contestations 108

Alors que le Maroc se prépare à une échéance électorale majeure en 2026, annoncée par Sa Majesté le Roi, qui la souhaite exemplaire, le paysage politique apparaît profondément bouleversé, voire déconnecté de la réalité. Un récent rapport du Centre Marocain de Conjoncture révèle que 91,5% des Marocains ne se reconnaissent pas dans les partis politiques et 94,8% ne leur font pas confiance. Ils jugent leurs performances faibles, un indicateur saisissant d’une crise de confiance et de représentativité sans précédent. S’agissant du Parlement, 89,5% des citoyens l’évaluent négativement. Ce taux d’insatisfaction est proche de celui enregistré pour le gouvernement: 87,3% en critiquent fortement le rendement, tandis que seulement 1,1% expriment une opinion positive à son égard. Plus inquiétant encore, c’est la compensation financière qui arrive en tête comme motivation pour voter pour tel ou tel, alors que l’appartenance à un courant politique ne représente que 13,7%. Constat préoccupant. Le taux de participation aux précédentes élections avait déjà constitué un indice révélateur d’un véritable décrochage politique. La situation actuelle n’est en fait qu’une expression prolongée de la défiance envers le système politique. Cette défiance, qui n’est pas nouvelle, s’est probablement considérablement accentuée. Le rejet dépasse désormais le simple désintérêt pour le vote. Il s’agit d’un "rejet global" du système partisan, perçu comme incapable de répondre aux attentes et aux besoins réels des citoyens. Ayant expérimenté diverses tendances politiques sans résultats probants, ceux-ci ont de plus en plus confiance uniquement en Sa Majesté le Roi et l'expriment haut et fort. La rupture est alimentée par des problèmes structurels : un taux de chômage des jeunes atteignant 36.7% en 2024 selon certaines sources, une précarité sociale croissante, et un sentiment d’abandon dans les zones rurales et enclavées. Ce qui est nouveau aujourd’hui, ce sont ces voix de plus en plus nombreuses qui s’élèvent hors des urnes et du calendrier politique tel que prévu par la Constitution. Le désintérêt pour les partis ne signifie pas un désengagement total. Bien au contraire, de nouvelles formes de participation politique émergent localement. À Aït Bouguemaz, dans le Haut-Atlas, comme dans de nombreux douars et hameaux, les habitants n’hésitent plus à réclamer des infrastructures essentielles et investissent la route pour se faire entendre. Partout, souvent poussée par la jeunesse, la population se mobilise pour dénoncer l’exclusion et le manque de perspectives économiques. Certains exigent le raccordement à l’eau potable, d’autres expriment un malaise diffus, une forme de ras-le-bol sans toujours lui donner une consistance claire. Le milieu urbain n’est pas en reste. À Agadir, des rassemblements ont alerté sur la crise du système de santé et les défaillances d’un hôpital qui fut naguère un fleuron de la santé publique. On rapporte même l’interdiction de manifestations devant certains autres hôpitaux dans d’autres régions. Lorsque ces actions, échappant aux cadres électoraux traditionnels, traduisent une volonté spontanée d’engagement citoyen, elles sont fort salutaires et légitimes. Mais lorsque les revendications sont teintées d’un langage idéologique, d’expressions nihilistes, voire manipulées par un populisme alimenté par quelques hommes politiques ou par des individus improvisés donneurs de leçons munis d’un téléphone ou d’un micro, la situation devient plus préoccupante. Il faut aussi souligner que les nominations hors-sol, la déconnexion d’un grand nombre de responsables avec la réalité, et l’inefficacité de programmations souvent coûteuses, n’aident guère. Face à cela, la population s’exprime à sa manière: en public, sur les réseaux sociaux, lors des rencontres de football ou de manifestations culturelles. Certains remettent même en question les choix stratégiques de l’État, dénoncent les projets de coupe du monde ou de TGV, et établissent des parallèles critiques entre leur région et les zones plus favorisées du pays. Ces revendications sont généralement perçues comme légitimes et recueillent un fort écho populaire. Le sentiment général est que l’équilibre que le Maroc a toujours cherché entre liberté et égalité ne satisfait plus. Les revendications traduisent un mal-être, un désaveu des politiques publiques, tant chez les entrepreneurs créateurs de richesse que chez ceux qui réclament davantage d’égalité, souvent dans l’idée implicite de prendre davantage à ceux qui ont pour redistribuer. Ceux qui contribuent, à juste titre d’ailleurs, estiment déjà donner beaucoup. Quant aux fonctionnaires, dont le salaire est assuré chaque fin de mois, ils sont eux aussi mécontents, leur pouvoir d’achat se dégradant année après année. Le discours politique officiel et les informations destinées à rassurer ne suffisent plus. Les citoyens demandent du concret, chez eux, dans leurs régions, dans leurs douars. Le maître mot est «tahmiche»: ce sentiment d’exclusion ressenti souvent à juste titre, bien que dans certains cas les citoyens en soient aussi responsables, que ce soit par leur vote envers des incompétents ou leur manque d’initiative. Les politiques d’assistanat jouent également ici un rôle non négligeable. Le plus préoccupant est que la jeunesse semble osciller entre désillusion devant la frustration et innovation dans ses modes d’expression. Elle projette une image d’elle-même revendiquant des droits, sans toujours envisager ses devoirs. Le rejet du système traditionnel ne signifie pas un abandon total de la sphère politique. Cette nouvelle génération, connectée et consciente des enjeux nationaux et mondiaux, privilégie des formes d’action plus directes et créatives. Cependant, cette marginalisation des institutions traditionnelles est un signal d’alerte: si aucune réforme concrète n’est engagée, le fossé entre gouvernés et gouvernants risque de se creuser davantage. Les élections de 2026 deviennent ainsi un rendez-vous crucial. Elles constituent un test majeur pour le Maroc. Face à la montée de l’abstention et de la contestation hors institutionnelle, elles pourraient soit confirmer la crise de confiance, soit amorcer un regain de participation. Pour cela, les partis et institutions doivent dépasser les discours et instaurer de véritables espaces de dialogue. Ils doivent aussi répondre aux revendications locales par des mesures concrètes, montrant que la politique peut changer le quotidien. Sans une réponse forte et crédible, ces élections risquent de n’être qu’une formalité dénuée de sens, accentuant encore le désenchantement populaire. Le Maroc se trouve à un tournant délicat où la société se réinvente politiquement en marge des partis traditionnels. L’enjeu des prochaines élections est donc bien plus qu’un simple scrutin: c’est celui de la reconquête d’une confiance et d’une représentation authentique, pour enfin engager le pays sur la voie de la confiance, de la stabilité pérenne et de la cohésion.

Moroccan Sahara: De Mistura's Statement, A Diplomatic Turning Point or a Headlong Rush 781

The UN Secretary-General's Personal Envoy for "Western" Sahara, Staffan de Mistura, made a statement in Italian, his most comfortable language for expressing emotions, that was remarkably frank. His tone, unusual for a diplomat, was direct and unambiguous. In essence, he said that the Moroccan Sahara conflict is not a "decolonization" issue but rather an indirect confrontation between Morocco and Algeria. He thus broke a diplomatic taboo and deconstructed a narrative sustained for fifty years with billions of dollars by a military regime from another era, which projects its frustrations and shortcomings onto this conflict. For the first time, a UN emissary publicly said what researchers, diplomats, and observers have been repeating behind closed doors for nearly half a century. Since the Green March in 1975, the Sahara question has been marked by two irreconcilable narratives. Morocco rightly considers this territory an integral part of its territorial integrity. History and geography prove this. This position is now supported by Washington, Paris, Madrid, London, most Arab countries, and nearly 110 other UN member states. Morocco, acting in good faith for decades, has spared no effort to find common ground with its eastern neighbor. Tired of Algeria's chronic and toxic animosity, Morocco proposed an autonomy plan for the region in 2007, within the framework of its sovereignty. Since then, nearly the entire international community views this proposal as the only feasible one. In reality, it is the only one on the table: the opposing party has never offered a credible solution apart from the partition of Morocco. Algeria, meanwhile, supports its proxy, the Polisario Front, militarily, diplomatically, and financially, while denying direct involvement in the conflict. Algeria continues to call for a self-determination referendum that has become unrealistic as demographic, political, and security balances have shifted. It is worth recalling that Algeria deliberately obstructed a referendum that King Hassan II himself had proposed. Until now, the UN had maintained a façade of neutrality, speaking of a "political process" under its aegis. But everyone knew that behind the polished phrases, this was a strategic power struggle between Rabat and Algiers. In this context, how should De Mistura’s comments be understood, if not as a calculated move ahead of a crucial Security Council meeting? This time, it came after several powers, notably the United States, France, and the United Kingdom, openly supported Morocco’s autonomy initiative. Two interpretations are possible: - Is it pressure on Algeria to publicly acknowledge its central role? De Mistura thus pushes Algeria to take responsibility and abandon its comfortable posture as a "mere observer." - Is it a recognition of impotence? The Italian diplomat implicitly acknowledges that the UN has failed to impose a solution, and that the outcome now depends on a political power balance within the Security Council. In either case, Algeria stands more contradictory than ever. For fifty years, Algiers has contributed to freezing the conflict, at great cost: - A lasting blockage of Maghreb integration, depriving North Africa of vital economic integration; - Eroding regional opportunities in energy, trade, and collective security; - A burden on the international community, with a UN mission (MINURSO) unable to fulfill its mandate, but whose funding and costs continue indefinitely. This policy has gradually isolated Algeria diplomatically, while Rabat gains increasing support, especially after the US recognized Morocco’s sovereignty over the territory in 2020. Are we finally moving toward a historical clarification? The central question now is whether the Security Council is ready to take a step forward. Two options present themselves: - Fully endorse the Moroccan approach, recognizing the autonomy plan as the only serious negotiation basis; - Or maintain the diplomatic fiction of a decolonization process, risking prolonging a conflict that undermines the UN’s credibility and regional stability. By confronting Algeria with its responsibilities, De Mistura has changed the tone of the debate. Even if his gesture can be read as a sign of frustration or a last warning, it has the merit of bringing political reality back to the forefront. The future of Western Sahara no longer depends on technical reports or ambiguous language: it requires clear political will. Sooner or later, that will must end a costly historical anomaly in the Maghreb, Africa, and the world, which also weakens the credibility of the multilateral system. Staffan de Mistura has gone further than his predecessors. At the very least, he deserves the medal of candor. The Security Council will no longer read the question the same way and must change course, the wind has definitively turned.

Athlétisme et sport au Maroc : entre déceptions et besoin de renouveau, La loi 30.09 : un cadre dépassé pour un sport en crise ... 165

Les championnats du monde d'athlétisme, qui se déroulent depuis quelques jours à Tokyo, constituent comme prévu une occasion pour l’opinion publique et la presse de souligner la faiblesse chronique et décevante d’une discipline qui, naguère, incarnait un élément de fierté nationale. Si ce n’était que le cas de l’athlétisme, on pourrait imputer ce constat uniquement à une mauvaise gestion. Mais le fait est là : y a-t-il une seule discipline sportive où les résultats soient à la hauteur des investissements et des budgets consentis ? Il n’y en a quasiment pas, à l’exception du football. Souvenons-nous des résultats et du niveau décevant de certains sportifs marocains aux Jeux olympiques de Paris, il n’y a pas si longtemps. Attention, ce constat ne cherche pas à trouver une excuse pour la médiocrité de nos résultats en athlétisme, ni à défendre les dirigeants dont la présence pèse depuis trop longtemps. Ces résultats révoltants tombent à point nommé avec la rentrée politique. Il ne serait pas inutile, dans ce contexte, de reparler du sport en général, et pourquoi pas de soulever la vraie question, celle sur laquelle peu s’attardent, celle qui détermine le cadre général de l’évolution du secteur. L’année dernière, une commission parlementaire a été créée pour examiner la question du sport, suite aux résultats de Paris. J’ai eu le privilège d’y participer et d’entendre aussi bien des députés que des acteurs du secteur, certains plus ou moins avertis. J'avais alors insisté sur la faiblesse et les incohérences du cadre juridique et réglementaire de notre sport. Mais, comme souvent avec ces commissions, rien de concret n’a suivi. Or, le sport n’est pas un simple divertissement ou une activité marginale sans impact. C’est un outil d’éducation, de cohésion sociale, de santé publique, et de rayonnement international, sans oublier ses retombées économiques certaines. Il mérite un cadre juridique à la hauteur de ces enjeux, un cadre incitatif et encourageant. Alors que bon nombre de spécialistes s’attardent sur des aspects de gestion et de gouvernance pour expliquer la dérive, rares sont ceux qui remontent plus loin, c’est-à-dire à la loi qui encadre l’activité. Promulguée en 2009, la loi 30.09 sur l’éducation physique et le sport devait incarner cette ambition pour un avenir meilleur. Il n’en fut rien. Présentée comme un tournant, elle s’est vite révélée un carcan, inadapté aux mutations démographiques rapides, aux besoins d’une jeunesse avide de reconnaissance, à ceux d’une société en métamorphose certaine, à l’évolution du sport mondial et à sa professionnalisation, aux nouvelles formes de gouvernance, à l’explosion des droits télévisés, et à la montée en puissance de l’économie sportive. À la nomination de Rachid Talbi Alami, il avait été question dès les premiers jours de réviser cette loi. Mais vite, il a été happé par la préparation et la gestion des Jeux Africains. Il n’en fut rien. À ce jour, la loi reste figée dans le temps, et le silence est total. Certains pseudo-spécialistes, éloignés des réalités du terrain sportif ou ne connaissant le sport que par le spectacle, diffusent que le problème n’est pas dans la loi, mais dans son application. Que dire de mieux, si ce n’est qu’ils sont déconnectés des réalités. Deux moments auraient dû entraîner la révision de cette fameuse loi : d’abord la lettre royale de 2008 adressée aux Assises nationales du sport. Il faut préciser que, bien que promulguée en 2009, le projet de loi lui, est antérieure aux assises qui appelaient à une refondation du sport national. Ensuite, l'occasion a été ratée à la promulgation de la Constitution de 2011 qui fait du sport un droit fondamental et une responsabilité de l’État. Aucune réforme n’a suivi. En conséquence, nous sommes en présence d’un texte dépassé, peu inspiré, peu incitatif, mal articulé avec les normes internationales; un texte qui n’a pas su définir clairement les concepts ni répartir distinctement les responsabilités entre ministères, fédérations, ligues, associations, comité olympique et paralympique. Cette immobilité arrange certains acteurs qui profitent du cadre flou, tout en laissant les autres dans l’ignorance de ses conséquences. Le texte n’encourage ni l'investissement, ni la transparence, ni la gouvernance démocratique, ni n'assure une gestion saine ou encore la protection des sportifs, notamment en matière de couverture sociale, de prévention des violences, ou encore de safeguarding. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et le résultat est accablant : à peine 350 000 licenciés toutes disciplines confondues, dans un pays de 36 millions d’habitants dont plus de la moitié a moins de 30 ans. Le potentiel est immense, mais malheureusement sous-exploité. Les performances internationales, malgré quelques réussites, restent fragiles au regard des moyens investis. Le sport marocain souffre d’un manque de structuration, freinant l’accès des jeunes et bloquant toute politique ambitieuse. C’est en fait une vision trop étroite du sport. Limiter le sport aux résultats du football professionnel ou à quelques médailles olympiques est une erreur stratégique. Le sport est aussi un enjeu de santé publique, de citoyenneté et de prévention sociale. En laissant les infrastructures se dégrader ou sous-utilisées, et en bloquant toute évolution législative, le Maroc prend le risque d’aggraver des fractures sociales et territoriales déjà profondes. Le courage politique est la seule voie si l’on souhaite sortir de cette ornière. Le Maroc ne peut plus se contenter d’une loi d’un autre âge, conçue sans inspiration ni compétences spécialisées. La réforme doit être profonde et porter sur plusieurs axes, avec une loi-cadre complète, aussi précise que possible et qui : - définit clairement les concepts de sport, de sportif, et d’activité physique, - clarifie les rôles des différents acteurs publics et privés, - renforce la gouvernance démocratique des fédérations, ligues, et clubs sportifs, - garantit une protection sociale et médicale véritable pour les sportifs, - élargit l’accès au sport, notamment pour la jeunesse et les zones rurales, - rétablit la formation des cadres de l’éducation physique avec des normes et cursus de qualité, - redonne à l’éducation physique sa véritable importance dans le milieu scolaire, y compris au primaire, - intègre les nouvelles pratiques sportives et les exigences environnementales. Seule une démarche audacieuse, inclusive et transparente permettra de libérer le potentiel sportif du Maroc et de respecter la promesse constitutionnelle : faire du sport un droit universel et un véritable levier de développement. C’est la condition sine qua non pour que, lors des prochains rendez-vous mondiaux, on ne vive plus de déconvenues, et que des millions de Marocains puissent pratiquer convenablement le sport. Quant aux résultats de l'athlétisme, pouvait-on espérer mieux ?

Moroccans’ Relationship to the Law: A Great Misunderstanding… 1015

The relationship between Moroccans and the law reveals a profound ambiguity, fueled by a build-up of paradoxes and historical, cultural, and political contradictions. It cannot be explained solely by a lack of communication or pedagogy, but by a deeply rooted perception in which the law is not seen as a collective framework to be respected out of conviction, but as an external constraint, often imposed and rarely internalized. First, one must highlight the ignorance—sometimes deliberate—of the very existence of many laws. In numerous cases, the Moroccan citizen only discovers a text when it is opposed to them in a conflictual situation. This reactive, rather than proactive, relationship with the law generates paradoxical behaviors: resigned acceptance when it imposes itself forcefully, but also recourse to excuses, justifications, or feigned ignorance whenever its application becomes restrictive. To this lack of knowledge is added an ambivalent attitude: the law is respected not out of moral adherence, but out of fear of sanction. Road traffic provides the clearest illustration: the presence of a police officer results in scrupulous respect for the code, while their absence unleashes anarchic behavior. In other words, authority substitutes for civic conviction. But the problem does not lie solely in individual behavior. The legal framework itself suffers from a lack of updating and adaptation. Many Moroccan laws are inherited from a bygone era, conceived in another social context, and struggle to address today’s realities. The legislative process, too slow and often opaque, widens the gap between texts and citizens’ aspirations. Public debates on bills are rare, if not nonexistent, and civil society finds only a marginal place in them. This democratic shortfall is compounded by the chronic passivity of political parties and the decline of union membership, depriving the public arena of genuine contradictory debate. The situation is also aggravated by the language issue: when debates do take place, laws are written, discussed, published, and applied in a language that is not the everyday language of Moroccans. Added to this is the perception of institutional inefficiency: a parliament marked by a lack of competence and seriousness, a political elite sometimes disconnected, and local authorities unable to translate citizens’ needs into effective texts and decisions. Thus, some laws appear disconnected—or even foreign—to social realities. They sometimes criminalize harmless behaviors that harm neither the individual nor the community, but instead reflect the imposition of a conservative morality at the expense of individual freedom. Religious morality is never far away. Hence the crucial question: where does law end and morality begin? And above all, what place should ethics have in the governance of a country in transition, a country aspiring to development and modernity and making colossal efforts in that direction? Faced with these gaps, citizens develop strategies of adaptation, sometimes of survival. The law becomes flexible, respected or not depending on the situation, depending on the eye of authority. Respect is no longer a conviction but a calculation. But can one demand respect for a law perceived as illegitimate, useless, or unjust? Can texts be maintained in force when the majority of citizens systematically bypass them, and even the agents charged with enforcing them transgress them individually? This ambiguous relationship is built from childhood, in the transmission of social norms. A child learns at school that alcohol is forbidden out of respect for religion and the law, but at home or nearby sees it consumed casually. They are taught respect for the traffic code, but their father runs red lights whenever the police are not around. This contradictory education creates lasting confusion between proclaimed values and lived practices, reinforcing the idea that the law is not a universal rule but a contextual constraint. Thus emerges a sense of fear rather than respect for laws, a belief that they are meant for others and not oneself; a perception that the law is imposed rather than serving to protect everyone’s rights. Social networks and certain public voices, as YouTuber Maysa recently did, contribute to exposing these inconsistencies. In a video, she highlighted the multiple Moroccan laws that, although still in force, are almost never applied. This illustrates an implicit permissiveness that undermines the credibility of the rule of law. A law that exists without being enforced becomes a mere symbol, even an instrument of arbitrary selectivity. It should at the very least be revised. Law is not meant to be a mere tool of control, much less an end in itself. It must enable social harmony, protect freedoms, and regulate collective life. It must evolve with its time, reflect society’s aspirations, and avoid imposing outdated modes of thought. Today, Moroccans have changed, their lifestyles have evolved, but the legal framework and collective mentality remain frozen in old representations. Many openly speak of “social hypocrisy,” denouncing the double language between words and deeds in public, between official discourse and actual practices. Breaking out of this ambiguity requires a twofold shift: on the one hand, a bold legal reform that adapts laws to social realities and contemporary values; on the other, an effort of awareness-raising and education to reconcile citizens with the law. This transformation can only succeed if Moroccans agree to break with the social ambivalence and split personality that corrode daily behaviors. Reflection on the relationship between Moroccan citizens and the law thus opens a broader field: that of ethics, social evolution, and modernization of the legal framework. A state of law cannot thrive without collective adherence, and a society cannot be built on rules that everyone strives to circumvent. Restoring the law’s legitimacy and credibility is to lay the foundations for a more coherent, just, and respected coexistence. Judging from the clashes around the *Moudawana* and other legislative projects—between the Minister of Justice and certain parliamentarians of a political current that sees itself as guardian of the temple—it seems difficult to move forward at the necessary speed in today’s world.

Sahara dit occidental : la déclaration de De Mistura, un tournant diplomatique ou une fuite en avant ? 186

L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara dit occidental, Staffan de Mistura, a commis, dans la langue qu’il maîtrise le mieux pour exprimer ses émotions, l’italien, une déclaration d’une rare franchise. Un ton peu habituel chez les diplomates. Le langage était direct et sans ambiguïté possible. Il a dit en substance que le conflit du Sahara dit occidental n’est pas une question de « décolonisation », mais bel et bien un affrontement indirect entre le Maroc et l’Algérie. Il a ainsi brisé un tabou diplomatique et déconstruit une version entretenue pendant cinquante ans à coups de milliards de dollars par un régime militaire d’un autre temps, qui y projette ses frustrations et ses insuffisances. Pour la première fois, un émissaire onusien ose dire publiquement ce que chercheurs, diplomates et observateurs répètent en coulisses depuis près d’un demi-siècle. Depuis la Marche Verte de 1975, la question du Sahara oppose deux récits irréconciliables. **Le Maroc** considère, à juste titre, ce territoire comme partie intégrante de son intégrité territoriale. L'histoire et la géographie sont là pour le prouver. C’est désormais la position de Washington, Paris, Madrid ou encore Londres, sans parler de la quasi-totalité des pays arabes et de près de 110 autres États membres de l’ONU. Le Maroc, de bonne foi durant des décennies, n’a ménagé aucun effort pour trouver un terrain d’entente avec son voisin de l’Est. Lassé de l’animosité chronique et toxique d’Alger, il ira jusqu’à proposer en 2007 un plan d’autonomie pour la région, dans le cadre de sa souveraineté. Depuis, la quasi-totalité de la communauté internationale juge cette proposition comme la seule applicable. En réalité, c’est la seule sur la table : jamais la partie adverse n’a formulé une solution crédible, sinon la partition du Maroc. **L’Algérie**, de son côté, soutient militairement, diplomatiquement et financièrement son proxy, le Front Polisario, tout en niant son rôle direct dans le conflit. Elle continue de plaider pour un référendum d’autodétermination devenu irréaliste à mesure que les équilibres démographiques, politiques et sécuritaires ont évolué. Faut-il le rappeler, c’est cette même Algérie qui, en manipulant son proxy, avait tout fait pour faire capoter le référendum que Hassan II avait lui-même proposé. Jusqu’ici, l’ONU avait choisi de se réfugier derrière une neutralité de façade, parlant d’un « processus politique » à mener sous son égide. Mais chacun savait que, derrière les formules feutrées, il s’agissait d’un bras de fer stratégique entre Rabat et Alger. Dans ce contexte, comment comprendre les propos de De Mistura, sinon comme une sortie calculée à la veille de la réunion cruciale du Conseil de sécurité ? Cette fois-ci, elle survient après que plusieurs puissances, notamment les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont soutenu ouvertement l’initiative marocaine d’autonomie. Deux lectures sont possibles : * S'agit il d'une **pression sur Alger** : en rappelant publiquement son rôle central ?De Mistura pousse ainsi l’Algérie à assumer ses responsabilités et à sortir de la posture commode du « simple observateur » qu’elle clame à qui veut bien l’entendre; * S'agit il d'un **constat d’impuissance** : le diplomate italien reconnaissant implicitement que l’ONU a échoué à imposer une solution et que l’issue dépend désormais d’un rapport de force politique au sein du Conseil de sécurité. Dans les deux cas de figure, l’Algérie est donc plus que jamais devant ses contradictions. Depuis cinquante ans, Alger a contribué à figer ce conflit, au prix de coûts considérables : * un **blocage durable de la construction maghrébine**, qui prive l’Afrique du Nord d’une intégration économique vitale, * une **érosion des opportunités régionales** dans les secteurs de l’énergie, du commerce et de la sécurité collective, * un **fardeau pour la communauté internationale**, avec une mission onusienne (MINURSO) incapable de remplir son mandat, mais dont le financement et le cout se poursuivent indéfiniment. Cette politique a progressivement isolé l’Algérie sur certains fronts diplomatiques, tandis que Rabat engrange des soutiens croissants, notamment après la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le territoire en 2020. Va-t-on enfin vers une clarification historique ? La question centrale est désormais la suivante : le Conseil de sécurité est-il prêt à franchir un cap ? Deux options s’offrent à lui : * **entériner définitivement l’approche marocaine**, en considérant le plan d’autonomie comme la seule base sérieuse de négociation, * ou **maintenir la fiction diplomatique** d’un processus de décolonisation, au risque de prolonger un conflit qui mine la crédibilité de l’ONU et handicape la stabilité régionale. En mettant Alger face à ses responsabilités, De Mistura a changé le ton du débat. Même si son geste peut être lu aussi comme un signe d’agacement ou un dernier avertissement, il a eu le mérite de ramener la réalité politique au centre de la scène. L’avenir du Sahara dit occidental ne dépend plus de rapports techniques ni de formulations ambiguës : il exige une volonté politique claire. Et tôt ou tard, cette volonté devra mettre fin à une anomalie historique qui coûte cher au Maghreb, à l’Afrique et au monde. Elle fragilise de surcroît la crédibilité du système multilatéral. Staffan de Mistura est allé plus loin que ses prédécesseurs. Il aura mérité, à défaut d’autre chose, la médaille de la franchise. Le Conseil de Sécurité n'aura plus la même lecture de la question. Il devra changer de cap; le vent a définitivement tourné.

Relation des marocains à la loi: un grand malentendu... 194

La relation entre les Marocains et la loi révèle une grande ambiguïté, nourrie par une accumulation de paradoxes et de contradictions historiques, culturelles et politiques. Elle ne s’explique pas seulement par un déficit de communication ou de pédagogie, mais par une perception profondément ancrée où la loi est vue non comme un cadre collectif à respecter par conviction, mais comme une contrainte extérieure, souvent imposée et rarement intériorisée. D’abord, il faut souligner l’ignorance, parfois volontaire, de l’existence même de nombreuses lois. Dans bien des cas, le citoyen marocain ne découvre un texte qu’au moment où celui-ci lui est opposé dans une situation conflictuelle. Ce rapport réactif, et non proactif, à la loi engendre des comportements paradoxaux : l’acceptation résignée lorsqu’elle s’impose avec force, mais aussi le recours aux excuses, aux justifications ou à l’ignorance feinte dès que son application devient contraignante. À ce déficit de connaissance s’ajoute un rapport ambivalent : la loi est respectée, non par adhésion morale, mais par crainte de la sanction. La circulation routière en est l’illustration la plus éloquente : la présence d’un agent entraîne le respect scrupuleux du code, tandis que son absence libère un comportement marqué par l’anarchie. Autrement dit, l’autorité supplée à la conviction citoyenne. Mais le problème ne réside pas seulement dans le comportement individuel. Le cadre légal lui-même souffre d’un manque d’actualisation et d’adaptation. Nombre de lois marocaines sont héritées d’une époque révolue, conçues dans un autre contexte social, et peinent à répondre aux réalités d’aujourd’hui. Le processus législatif, trop long et souvent opaque, accentue le décalage entre les textes et les aspirations citoyennes. Les débats publics sur les projets de loi sont rares, voire inexistants, et la société civile n’y trouve qu’un espace marginal. Cette carence démocratique est aggravée par la passivité chronique des partis politiques et le déclin de l’adhésion syndicale, ce qui prive la scène publique d’un véritable débat contradictoire. La situation est aussi conséquence de la langue utilisée quand débat il y a. Les projets de loi sont écrits, débattus, publiés et appliqués dans une langue qui n'est pas celle du quotidien des marocains. À cela s’ajoute le sentiment de l'inefficacité institutionnelle : un parlement marqué par un déficit de compétence et de sérieux, une élite politique parfois déconnectée, et des collectivités locales incapables de traduire les besoins des citoyens en textes et décisions efficaces. C'est ainsi que certaines lois apparaissent comme déconnectées, voire étrangères, aux réalités sociales. Elles criminalisent parfois des comportements anodins, qui ne nuisent ni à l’individu ni à la collectivité, mais qui traduisent l’imposition d’une morale conservatrice au détriment de la liberté individuelle. La morale religieuse n'est jamais trop loin. D’où la question cruciale : où s’arrête la loi et où commence la morale ? Et surtout, quelle place donner à l’éthique dans la gouvernance d’un pays en pleine mutation, un pays qui aspire au développement et à la modernité et qui fait des efforts colossaux dans ce sens. Face à ces décalages, les citoyens développent des stratégies d’adaptation, parfois de survie. La loi devient modulable, respectée ou non selon la situation, selon l’œil de l’autorité. Le respect n’est plus une conviction, mais un calcul. Mais peut-on exiger le respect d’une loi perçue comme illégitime, inutile ou injuste ? Peut-on maintenir en vigueur des textes que la majorité des citoyens contournent systématiquement, et que même les agents chargés de les appliquer transgressent à titre individuel ? Ce rapport ambigu se construit dès l’enfance, dans la transmission des normes sociales. L’enfant apprend à l’école l’interdiction de l’alcool en respect de la religion et de la loi, mais voit chez lui ou dans son entourage une consommation banalisée. On lui enseigne le respect du code de la route, mais son père brûle les feux rouges hors du regard de la police. Cette éducation contradictoire crée une confusion durable entre les valeurs proclamées et les pratiques vécues, renforçant l’idée que la loi n’est pas une règle universelle mais une contrainte contextuelle. Il y a donc ici un sentiment de peur et non de respect des lois, un sentiment qu'elles sont pour les autres et pas pour soi; une perception que la loi est imposée et n'est pas là pour la protection des droits de chacun et de tous. Les réseaux sociaux et certaines voix publiques, comme vient de le faire la youtubeuse Maysa, contribuent à révéler ces incohérences. Elle a montré dans une vidéo les multiples lois marocaines qui, bien qu’encore en vigueur, ne sont presque jamais appliquées. Ce constat illustre une permissivité implicite qui mine la crédibilité de l’État de droit. Une loi qui existe sans être appliquée devient un simple symbole, voire un instrument de sélectivité arbitraire. Elle doit être à la limité révisée. La loi n’a pas vocation à être un simple outil de contrôle, encore moins une fin en soi. Elle doit permettre l’harmonie sociale, protéger les libertés et réguler la vie collective. Elle doit évoluer avec son temps, refléter les aspirations de la société et éviter d’imposer des schémas de pensée dépassés. Aujourd’hui, les Marocains ont changé, leurs modes de vie ont évolué, mais le cadre légal et la mentalité collective restent figés dans des représentations anciennes. Beaucoup parlent ouvertement d’«hypocrisie sociale», dénonçant ce double langage entre parole et comportement en public, discours officiel et pratiques réelles. Sortir de cette ambiguïté exige une double révision des choses : d’un côté, une réforme juridique audacieuse, qui adapte les lois aux réalités sociales et aux valeurs contemporaines ; de l’autre, un travail de sensibilisation et d’éducation pour réconcilier le citoyen avec le droit. Cette transformation ne peut réussir que si les Marocains acceptent de rompre avec l’ambivalence sociale et le dédoublement de personnalité qui gangrènent les comportements quotidiens. La réflexion sur la relation entre le citoyen marocain et la loi ouvre ainsi un champ plus large : celui de l’éthique, de l’évolution sociale et de la modernisation du cadre légal. Un État de droit ne peut prospérer sans adhésion collective, et une société ne peut se construire sur des règles que tous s’emploient à contourner. Redonner à la loi sa légitimité et sa crédibilité, c’est poser les bases d’un vivre-ensemble plus cohérent, plus juste et plus respecté. A suivre les joutes autour de la moudawana et autres projets de lois, entre le ministre de la justice et certains parlementaires d'une certaine tendance politique qui se pense gardienne du temple, il s'avère difficile d'avancer à la vitesse nécessaire par les temps qui courent...