Think Forward.

Halte à « l’overdose » médicamenteuse chez les personnes âgées ! 1223

Des prescriptions de médicaments trop souvent inadéquates et potentiellement dangereuses pour les personnes âgées ! Plus on vieillit, plus on risque de souffrir de maladies chroniques, notamment auto-immunes, nécessitant des traitements au long cours. Il est alors important de bénéficier d’un usage optimum des médicaments. Ce qui est loin d’être le cas si l’on se réfère à de nombreuses études internationales, en Europe comme en Amérique, qui montrent que : plus de 25 % des prescriptions médicales des personnes de plus de 65 ans sont potentiellement inappropriées (contenant au moins un médicament inadéquat), 40 % des prescriptions des plus de 75 ans sont inappropriées, et que la majorité de ces derniers sont soumis à une polymédication (plus de 5 médicaments) parfois délétère. Pire encore, l’enquête EPI-PHARE publiée en 2023 en France a dévoilé que la prévalence de ces prescriptions préjudiciables était de 33% supérieure chez les résidents en EHPAD par rapport aux personnes âgées vivant à domicile ! QU’EST-CE QU’UN MEDICAMENT POTENTIELLEMENT INAPPROPRIE ? Se définit comme médicament potentiellement inapproprié (MPI) celui pour lequel les risques sont supérieurs aux bénéfices. Ce phénomène a plusieurs raisons : la tendance du malade à attendre une solution thérapeutique à tout trouble et à être mécontent de sortir du médecin sans ordonnance ; la fragmentation des soins sans bonne coordination, quand le patient reçoit des médicaments de différents médecins ; le désir des médecins de bien guérir tous les troubles par la prescription la plus complète, trop même car créatrice d'autres déséquilibres… Résultat de tout cela : un tiers des hospitalisations des séniors dans les pays développés est lié directement ou indirectement à un mauvais usage thérapeutique ! Ce constat global est également valable au Maroc. UNE MOINDRE TOLÉRANCE AUX MÉDICAMENTS AVEC L’ÂGE Avec le vieillissement, des changements se produisent dans le corps rendant la personne âgée (PA) plus sujette aux effets secondaires des médicaments. La quantité totale d’eau de l’organisme diminue alors que la quantité de tissu adipeux augmente. Ainsi, les médicaments solubles dans l’eau deviennent plus concentrés et ceux solubles dans la graisse s’accumulent davantage dans cette dernière. De plus, les reins sont moins capables d’excréter les médicaments dans l’urine et le foie est moins capable de décomposer de nombreux médicaments. De ce fait, les médicaments restent en plus grande quantité et plus longtemps dans l’organisme que chez un adulte de 30/40 ans et leur passage est plus agressif dans le cerveau. Ainsi, le paracétamol, un antalgique utilisé contre la douleur et/ou la fièvre, s’élimine deux fois plus lentement, le diazepam (valium), un tranquillisant, quatre fois plus lentement : il faut 80 heures - 3 jours ! - pour éliminer la moitié de la dose donnée de ce dernier. Avec une prise quotidienne, une thérapeutique peut alors s’accumuler jusqu’à l’intoxication. DES EFFETS SECONDAIRES AUX CONSEQUENCES PARFOIS DESASTREUSES ! Fatigue excessive, diminution de l’appétit, perte de poids, vertiges, malaise... Les signes d’un accident médicamenteux sont assez banals en général. Plusieurs catégories de médicaments sont plus susceptibles d'entraîner des effets indésirables, en particulier certains antalgiques, anticoagulants, antihypertenseurs, antiparkinsoniens, diurétiques, hypoglycémiants et psychotropes. La sur-médication (plus de 5 médicaments) est souvent nocive car on ne maîtrise pas bien les interactions entre les différentes molécules. Mal employés, certains médicaments sont responsables de véritables pathologies comme la dépression, la dénutrition (par baisse de l'appétit et du goût), les chutes, l’état de somnolence, la confusion aigüe ou encore les neuropathies. Un usage inconsidéré d’antihypertenseurs peut aussi provoquer des baisses trop importantes de la tension, source alors d’étourdissements, de vertige et des chutes, aux conséquences lourdes : la fracture du col du fémur est ainsi souvent à l’origine de la perte d'autonomie et même de la mort. L’ABSENCE D’UN MEDECIN « REFERENT » AU MAROC DOMMAGEABLE A LA COHERENCE THERAPEUTIQUE La situation au Maroc est complexe. Jusqu’à présent, beaucoup de personnes ne bénéficiaient pas des traitements nécessaires faute de moyens financiers. La généralisation de l’assurance maladie a beaucoup amélioré l’accès aux soins. Pour ceux qui ont déjà des assurances, la problématique est souvent identique à celle décrite dans les pays les plus développés, sinon parfois pire ! Les séniors pratiquent encore trop un nomadisme médical, les amenant à se faire soigner à la fois ou successivement par plusieurs médecins en fonction de leurs pathologies. D’où une tendance à la sur-médication, alors que, comme en Europe, ils devraient avoir un seul médecin référent, le médecin de « famille », qui les prend en charge globalement en coordonnant l’ensemble des soins et en décidant des thérapeutiques. Cela peut être le médecin généraliste, le spécialiste d’une pathologie, le gériatre ou le spécialiste en médecine interne. Ce dernier est d’ailleurs reconnu comme le plus apte à prendre en charge les situations les plus complexes et polypathologiques, de par sa compétence transversale et donc globale. La règle d’or en gériatrie est de se concentrer sur la ou les 2 ou 3 pathologies principales mais de ne pas chercher à tout prix à médicamenter les autres écarts à la normalité. Le dernier point à souligner est enfin la bonne observance des traitements par les malades car c’est souvent leur défaillance qui pose problèmes : donc, respectez les prescriptions médicales, les recommandations des notices d’emploi et ne vous livrez pas à l’automédication ! Dr Moussayer Khadija الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie POUR EN SAVOIR PLUS ; – Halte à l’overdose pour les personnes âgées ! Que Choisir Santé 28/01/2015 https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-medicaments-halte-a-l-overdose-pour-les-personnes-agees-n14033/ – 30% des hospitalisations chez les personnes âgées liées à une médication inappropriée, Communiqué Université catholique de Louvain (UCL) 30 septembre 2016 https://cdn.uclouvain.be/public/Exports%20reddot/ac-arec/documents/30-09-2016_cp_A_Spinewine_medication_inappropriee_pers_agees.pdf - Catégories de médicaments qui méritent une vigilance chez le patient âgé – Manuel MSD https://www.msdmanuals.com/fr/professional/g%C3%A9riatrie/traitement-m%C3%A9dicamenteux-chez-les-personnes-%C3%A2g%C3%A9es/cat%C3%A9gories-de-m%C3%A9dicaments-qui-m%C3%A9ritent-une-vigilance-chez-le-patient-%C3%A2g% C3%A9 - Solène Drusch , Mahmoud Zureik , Marie Herr Potentially inappropriate medications and polypharmacy in the older population : A nationwide cross-sectional study in France in 2019 , Elsevier Therapies September–October 2023, Pages https://doi.org/10.1016/j.therap.2023.02.001
Dr Moussayer khadija

Dr Moussayer khadija

Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)


5100

0

Algeria Faces Strategic Imperative to Disarm Polisario Amid Geopolitical Shifts 192

*The disarmament of the Polisario now appears as the *ultimate option* Algeria might face in light of recent geopolitical and diplomatic developments. Several factors converge toward this perspective, which is no longer merely hypothetical but a strategic and political necessity. For several years, the international community, notably driven by the United States, has clearly positioned Morocco’s autonomy proposal as the only credible basis for resolving the so-called Western Sahara conflict. This shift has fundamentally changed the dynamics, marginalizing the Polisario and weakening its traditional support, especially from Algeria. Algeria, which has long provided military and political backing to the Polisario, now finds itself in a delicate position, under international pressure and confronted with realities on the ground. The movement of Polisario militias out of Algerian territory perfectly reflects Algeria’s impotence, even debacle, as separatists openly use it as a logistical rear base. Separatist incursions into the buffer zone—part of Moroccan territory, a restricted area under tight Moroccan military surveillance—significantly weaken the Polisario, which emerges defeated each time. **In an already tense regional context, the recent terrorist attack in Mali illustrates the worsening security threats. Several Malian cities have been seized by a genuine terrorist army, an unprecedented coalition of all extremist factions in the region, including about 300 fighters armed and coming from the Polisario. This alliance complicates the security landscape in West and North Africa, blurring lines between armed groups and political movements, increasing pressure on neighboring states, particularly Algeria with its porous borders. For the first time, terrorists approached the Senegalese border, a significant development. Are we on the verge of the birth of another Islamic state?** In the United States, bipartisan calls to designate the Polisario as a terrorist organization implicitly target Algeria, which could be labeled a “state sponsor of terrorism.” Facing these pressures, the Algerian military junta has few options. The most likely is a calibrated backtrack: accepting Morocco’s autonomy proposal as a negotiation basis. Reluctantly, it is forced to reduce its military support for the Polisario, which will also lose backing from Iran and its proxies. In this context, disarming the Polisario is not only a military option but a political and security imperative. Maintaining armed militias, fed illusions and weapons for decades, has become a burden for Algeria, which must now consider their dissolution, halt their funding, and isolate the most belligerent elements. This implicit approach aligns with the political settlement logic based on Morocco’s autonomy proposal. It would pave the way for the return of Sahrawis held in camps to their Moroccan homeland. The political end of the Polisario renders its armed existence obsolete. Disarmament thus appears as Algeria’s last card to exit the Western Sahara conflict deadlock without losing face or risking international sanctions. This choice, imposed by circumstances, could mark the end of an armed confrontation era and open the path to a painful but peaceful resolution for separatists and Algerian military leaders, who would suffer yet another defeat against Morocco. On the other hand, Algeria must finally allow a precise census of the Tindouf camp inhabitants and clearly determine their origins. It is known that Sahrawis from Moroccan Sahara are a minority, about one-third of the population. This census, repeatedly requested by the United Nations and the UNHCR, is essential to ensure transparency and the future of all. Morocco would likely not allow non-Moroccans to settle on its territory. Algeria’s persistent refusal to permit this census raises serious questions about its motives, given contradictions over the real number and origins of the camp populations, who are not only displaced from Western Sahara but also include Sahrawis from Algeria, Mauritania, and elsewhere. This opacity contributes to militarization and a situation contrary to the 1951 Refugee Convention principles, as populations are effectively detained and armed, incompatible with refugee status. Moreover, a refugee cannot be armed. Disarming the Polisario is thus a major strategic and political necessity for Algeria, facing increased international, especially American, pressure demanding not only militia disarmament but also dismantling of the Tindouf camps. Maintaining armed militias in these camps is a real burden for Algiers and an obstacle to peaceful regional relations. Population census is therefore an essential step to clearly distinguish civilian refugees from armed fighters, a prerequisite for disarmament and militia dissolution. Without this clarification, the international community cannot control the situation, prevent fraud, or guarantee regional security. In sum, Algeria must stop evading its responsibilities by finally allowing an internationally supervised census, which would open the way to more transparent and humane conflict management while facilitating Polisario disarmament, indispensable for a lasting political solution based on Morocco’s autonomy proposal. This difficult but unavoidable choice is crucial to avoid diplomatic isolation, sanctions risk, and regional security deterioration. However, this option remains delicate and fraught with consequences for Algiers, which must first convince its population of the paradigm shift and find solutions for separatists whose hands are stained with blood. Disarming the Polisario, far from a mere military operation, will be a major turning point in regional dynamics and a decisive test for Algerian diplomacy. This will require great courage and perhaps new leadership.*