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Les particularités de la maladie cœliaque chez l’enfant 2776

La maladie cœliaque ou intolérance au gluten est une pathologie auto-immune chronique, qui touche les intestins, suite à l'ingestion de gluten. Il s'agit plus précisément d'une intolérance (et non d'une allergie) à un composant du gluten, la gliadine (ensemble de protéines constituant les farines de certaines céréales, dont le blé, le seigle, l'orge, l'avoine). Le diagnostic de ce trouble est souvent difficile et tardif. Il n'existe toujours pas de traitement curatif et sa seule résolution réside dans l'exclusion de tout gluten de l'alimentation générale. Chez les très jeunes enfants (moins de 3 ans), il y a plus souvent présence de diarrhée, de distension abdominale et de retard de croissance. Les enfants plus âgés et les adolescents seraient plus sujets à présenter d’autres symptômes gastro-intestinaux (douleurs abdominales récurrentes, constipation ou vomissements) ou des symptômes extra-intestinaux. LES SYPTOMES DE LA MALADIE COELIAQUE CHEZ L’ENFANT Elle se manifeste essentiellement de deux manières chez les enfants : - la maladie cœliaque avec des manifestations gastro-intestinales impliquant une croissance médiocre, un abdomen distendu, des diarrhées, des vomissements, des troubles de la croissance avec une cassure de la courbe staturo-pondérale. - la maladie cœliaque atypique avec des manifestations peu significatives, des troubles à des organes autres que l’intestin, une croissance médiocre et assez souvent une anémie en fer ou en acide folique . L’enfant peut aussi présenter des manifestations auto-immunes ou être diagnostiqué de ce type de pathologie. Sachant qu'elles peuvent être associées à la maladie cœliaque, il convient alors de faire des examens en procédant à une recherche d'anticorps, notamment chez les enfants atteints de diabète de type1, de thyroïdite ou d'alopécie areata. Cette recherche est nécessaire aussi pour les enfants atteints de maladies rares comme le syndrome de Down ou de Turner. LES TESTS SANGUINS DE DETECTION DE LA PATHOLOGIE Le diagnostic de la maladie cœliaque doit être réalisé avec rigueur selon des protocoles internationaux au moyen de tests sanguins spécifiques et éventuellement par gastroscopie avec prélèvements biopsiques si nécessaire. Le dosage des anticorps anti-transglutaminase spécifiques de la maladie cœliaque, lorsqu'il est détecté avec une valeur élevée, est le test sanguin le plus approprié à réaliser pour le diagnostic suspecté de la maladie cœliaque. Il doit être associé à la détermination des immunoglobulines IGA totales. UNE PREDISPOSITION GENETIQUE La maladie cœliaque est une maladie à forte prédisposition génétique. Elle est en relation avec notre carte d’identité biologique : le système HLA (Human leukocyte Antigen), un ensemble de molécules situées à la surface des cellules pour permettre au système immunitaire de les reconnaitre. La présence de gènes spécifiques HLA DQ2 et DQ8 chez presque tous les cœliaques est un élément nécessaire mais non suffisant pour développer la maladie, puisque qu’on les retrouve aussi en moyenne dans 35% de la population alors que la maladie n’en touche que 1%. LE TRAITEMENT : LE REGIME SANS GLUTEN Le régime sans gluten (RSG) ne doit être mis en place qu'après confirmation du diagnostic, car l'élimination du gluten de l'alimentation de l'enfant entraîne des tests négatifs et la résolution des symptômes, compromettant un diagnostic ultérieur de certitude. Pour le moment, le seul traitement consiste à suivre ce régime alimentaire sans gluten (RSG). Le gluten et les protéines apparentées sont présents dans la majorité des céréales (blé, orge et seigle). Le gluten est présent aussi dans de nombreux produits très divers et souvent insoupçonnés : médicaments, rouge à lèvres, rince-bouche, dentifrice, colle, bonbons, sauce à salade, plats cuisinés… Le patient doit alors se diriger vers des produits de substitution sans gluten comme le riz (blanc, semi-complet, complet), des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges…) ainsi que des céréales non toxiques et pseudo-céréales anciennes ou venues d’autres continents (sarrasin, millet, quinoa ou encore amarante originaire d’Amérique du sud). Au Maroc, la bonne observance du régime sans gluten est compliquée du fait qu’il n’existe pas d’étiquetage obligatoire sur ce sujet L’ASSOCIATION MAROCAINE DES INTOLERANTS ET ALLERGIQUES AU GLUTEN (AMIAG) Fondée en 2013, l’AMIAG a su s’imposer rapidement comme l’association nationale de référence pour la maladie cœliaque au Maroc et est reconnue comme telle par ses partenaires à l’étranger. Elle est présidée par Mme Jamila Cherif Idrissi. Comptant près de 1 000 adhérents, elle a mis en place ou organise : la journée nationale de la maladie cœliaque chaque année en mai ; des ateliers culinaires ; une grande fête annuelle pour les enfants cœliaques ; des conférences scientifiques avec des experts nationaux et internationaux, en particulier lors d’événements des professionnels de santé ; des aides alimentaires et des dons de moulins à céréales aux familles les plus pauvres… . Dr Moussayer khadija, spécialiste en médecine interne et en Gériatrie, vice - présidente de l’association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG) BIBLIOGRAPHIE - L’effiler D. Celiac disease diagnosis and management. JAMA. 2011;306(14):1582–92 - Ford AC and al. Yield of diagnostic tests for celiac disease in individuals with symp-toms suggestive of irritable bowel syndrome. Arch Intern Med. 2009;169(7):651–8. - Husby S. and al Guidelines for the Diagnosis of Coeliac Disease., for the ESPGHAN Working Group on Coeliac Disease Diagnosis, on behalf of the ESPGHAN Gastroenterology Committee European Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition. JPGN 2012; 54: 136–160. -Diagnostic de la maladie cœliaque chez l'enfant Diagnosis of celiac disease in children, Elsevier Perfectionnement en Pédiatrie Volume 5, Issue 2, Supplement 1, May 2022, Pages S2-S6 https://doi.org/10.1016/S2588-932X(22)00071- OVERVIEW Celiac disease, defined as permanent intolerance to gluten, is an autoimmune disease, where the immune system attacks, in genetically predisposed individuals, the intestinal villi. The resultant atrophy of the intestinal wall causes malnourishment of nutrients and many other complications. The auto-immune diseases are a broad range of related diseases in which a person’s immune system produces an inappropriate response against its own cells, tissues and/or organs, resulting in inflammation and damage. There are over 100 different autoimmune diseases, and these range from common to very rare diseases. Some of the over 100 autoimmune diseases are lupus, type 1 diabetes, scleroderma, multiple sclerosis, Crohn’s disease, autoimmune hepatitis, rheumatoid arthritis, Graves disease, myasthenia gravis, myositis, antiphospholipid syndrome (APS), Sjogren’s syndrome, uveitis, polymyositis, Raynaud’s phenomenon, and demyelinating neuropathies
Dr Moussayer khadija Dr Moussayer khadija

Dr Moussayer khadija

Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)


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Un Triptyque Historique : Comment le Maroc, l'Espagne et le Portugal Forgent le Succès de la Coupe du Monde 2030 67

L'attribution de l'organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2030 au trio inédit formé par le Maroc, le Portugal et l'Espagne marque l'ouverture d'un nouveau chapitre dans l'histoire des relations internationales et sportives. L'organisation conjointe de cet évènement consacre une dynamique sans pareil, engageant les trois nations dans une coopération triangulaire dont l'efficacité sera le marqueur décisif du succès de cet événement planétaire. Ce partenariat trilatéral transcende la simple collaboration logistique pour devenir un véritable levier de développement stratégique. La question n'est plus de savoir si les relations bilatérales sont prêtes, mais comment leur intégration en un cadre trilatéral renforcé garantira la réussite d'un méga-événement appelé à relier, pour la première fois, deux continents par le biais du sport. Les liens historiques et la proximité géographique confèrent aux relations entre ces trois partenaires un terreau propice à une intensification remarquable. L'annonce de leur candidature tripartite a, de fait, propulsé la nécessité d'une coordination harmonisée dans les domaines logistiques, économiques et sécuritaires au rang d'impératif stratégique I. Les Fondations Politiques et Économiques de la Coopération Renforcée L'alignement autour du projet 2030 n'est pas fortuit ; il s'ancre dans des considérations politiques et économiques profondes qui mutualisent les intérêts des trois pays. • L'Impératif de la Convergence ne souffre aucune ambivalence : l'Espagne et le Portugal, tout en s'inscrivant dans le cadre structurel de l'Union européenne, reconnaissent au Maroc le statut de partenaire stratégique incontournable, véritable porte d'entrée et pivot vers le continent africain. Cette dynamique n'est pas unilatérale ; le Royaume consolide, par cette même alliance, son ancrage eurafricain avec une netteté accrue. L'échéance du Mondial, loin d'être une simple contrainte calendaire, agit comme un puissant levier, forçant l'accélération — jugée souvent trop lente — des processus de convergence réglementaire, douanière et sécuritaire entre les trois capitales. Surtout, la volonté politique affichée au sommet — symbolisée par le suivi direct de Sa Majesté le Roi Mohammed VI des engagements marocains — s'érige en catalyseur décisif, garantissant l'établissement d'une ligne directrice unifiée et pérenne, même face aux contingences et aux fluctuations des majorités au sein des échiquiers politiques des États alliés. • La Mutualisation des Investissements et des Retombées : Sur le plan économique, le Mondial représente une opportunité sans précédent de dynamiser le commerce et l'investissement. Les accords trilatéraux influencent directement la planification des grands travaux : il ne s'agit plus de construire des infrastructures isolées, mais des réseaux intégrés (ports, liaisons aériennes, potentielles liaisons ferroviaires à grande vitesse) pensés pour l'interopérabilité. L'harmonisation des offres touristiques et des régimes fiscaux incitatifs pour les sponsors et les investisseurs est cruciale pour maximiser les retombées partagées. La réussite de la coordination dans les domaines logistiques, économiques et sécuritaires ne sera pas qu'un simple indicateur de performance ; elle sera le symbole d'une capacité collective à gérer un événement complexe à l'échelle transcontinentale. II. Gérer les Complexités : Les Défis du Codéveloppement Un événement de cette ampleur, opéré par trois États souverains, engendre naturellement des frictions et des défis de coordination qui nécessitent une gestion diplomatique et technique de premier ordre. • Le Défi de la Sécurité Globale et du Transport Intégré : Le premier obstacle est la création d'un espace sécuritaire unifié pour les millions de supporters en mouvement. Cela exige le partage d'informations en temps réel, la coordination des forces de l'ordre et l'harmonisation des protocoles d'urgence. Parallèlement, le système de transport doit être pensé comme un réseau unique. L'acheminement des équipes et des supporters entre l'Europe et l'Afrique doit être fluide, fiable et écologique, nécessitant des investissements ciblés dans les capacité d'accueil aéroportuaires et les dessertes maritimes. • Le Vecteur Culturel et Civilisationnel : Au-delà du sport, le Mondial est une plateforme diplomatique. Le défi secondaire, mais fondamental, est de dépasser la simple organisation technique pour présenter un modèle idéal de coexistence interculturelle. Le Maroc, l'Espagne et le Portugal doivent investir dans la promotion de leurs patrimoines croisés, consolidant les valeurs de paix et de respect mutuel. Cela implique la qualification des institutions nationales non seulement en logistique, mais aussi dans la gestion des publics et l'interaction médiatique mondiale, afin d'éviter les pièges d'une couverture fragmentée ou sensationnaliste. III. L'Influence Structurante des Accords Bilatéraux sur la Logistique L'influence des accords existants entre les trois pays est vitale pour le développement des infrastructures. L'étape actuelle est caractérisée par une forte attente des secteurs privés et des observateurs sportifs, qui guettent l'accélération concrète des chantiers. L'efficacité globale de l'opération, que l'on considère la phase pré-événementielle, l'exécution pendant le tournoi ou le legs post-réalisation, repose intégralement sur la solidité de l'engagement triangulaire. La transformation des infrastructures, des stades aux centres de formation et aux zones d'accueil, doit être menée dans un esprit d'alignement normatif. En conclusion, la Coupe du Monde 2030 n'est pas une simple somme de trois organisations nationales ; c'est un projet de co-développement stratégique. Les relations historiques et solides unissant le Royaume du Maroc, le Portugal et l'Espagne, amplifiées par une volonté politique constante et de haut niveau, constituent l'élément décisif pour transformer cette candidature en un succès retentissant, offrant au monde un précédent d'intégration réussie entre deux rives.

La Loi 30-09 : Un "Arbre aux Fruits Amers" qui Freine le Sport Marocain 159

Si l'éclatante performance du Maroc sur la scène internationale, notamment dans le domaine du football, témoigne d'un rayonnement grandissant, une législation à la traine pourrait bien devenir un fardeau majeur. La Loi 30-09, censée moderniser le secteur après la lettre royale de 2008, s'avère, quinze ans après son entrée en vigueur tardive, être un frein, marqué par des incohérences, une application défaillante et une ingérence étatique contestée. Des Exigences Inadaptées et des Sanctions Oubliées La Loi 30-09 est née en 2010 d'une volonté royale d'établir un cadre juridique pour corriger les problèmes du sport marocain et s'aligner sur les standards internationaux. Mais l'outil s'est rapidement révélé trop lourd et déconnecté de la réalité. L'une des mesures phares, et la plus controversée, était l'obligation pour certaines associations sportives de créer une société sportive. Si l'objectif affiché était d'encadrer le régime fiscal (en prélevant l'impôt sur les sociétés) et d'imposer une meilleure gouvernance et transparence (bilans annuels, contrôle par un commissaire aux comptes, responsabilité des dirigeants), la réalité est tout autre : • Contrainte Insupportable : Cette exigence de création est jugée trop contraignante pour la plupart des associations, qui peinent à la respecter. • Loi Mort-Née et Paradoxe Structurel : Un Texte à Trous. L'échec de cette mesure est double. Le législateur a prévu trois conditions (non cumulatives) pour déclencher l'obligation de créer la SA. Or, si la première condition d'application a été détaillée, les deux autres critères majeurs — liés au montant de la recette ou à la masse salariale — n'ont jamais été précisés par décret par le gouvernement, rendant de facto la règle boiteuse et largement inapplicable. De plus, les sanctions pour non-conformité demeurent systématiquement inappliquées, ce qui achève de neutraliser le texte. Enfin, pour les rares clubs ayant obtempéré, le club associatif originel est resté actionnaire ultra-majoritaire. Ce verrouillage capitalistique anéantit toute ambition réelle d'ouverture du capital aux investisseurs privés et perpétue le modèle associatif, entravant ainsi l'impulsion financière et professionnelle attendue. L'Ombre de l'État : Une Ingérence à Contre-Courant Le sport est un secteur qui prône l'indépendance, une philosophie ancrée dans la Constitution marocaine et dans les règlements d'instances comme la FIFA. Pourtant, la Loi 30-09 érige l'État en véritable tuteur du secteur. Le ministère de tutelle s'arroge un pouvoir absolu, exerçant un contrôle et une prédominance de multiples façons : • Droit de Regard : L'administration doit approuver les statuts, accorder l'agrément et habiliter les fédérations. • Contrôle Exacerbé : L'État est en droit d'établir des contrats-types imposés aux clubs et, plus grave, dispose d'un pouvoir de dissolution ou de retrait d'habilitation des fédérations en cas de violation grave. Cette ingérence étatique est perçue comme un recul dangereux. Elle est non seulement en profond décalage avec l'esprit général de la Constitution — qui attribue la prérogative de dissolution d'une association ou d'une fédération au pouvoir judiciaire, et non au pouvoir exécutif — mais elle met aussi la législation marocaine en contradiction flagrante avec les règlements sportifs internationaux, notamment dans le domaine du football, qui exigent l'autonomie. • Présence Obligatoire : Un représentant étatique est même imposé au sein des comités directeurs des fédérations et du Comité National Olympique Marocain (CNOM). Le Flou Statutaire des Sportifs : Grands Oubliés du Texte Au-delà des questions institutionnelles, la loi crée un vide juridique flagrant concernant les sportifs eux-mêmes. Le contrat du sportif professionnel est simplement assimilé à un contrat de travail de droit commun. Or, cette qualification est hautement incohérente : • Le législateur a été contraint de dresser une liste de dérogations au Code du Travail (CDD de 5 ans, clause d'exclusivité, condition de résiliation unilatérale), créant un régime sans cohérence. • Pire, le sportif, bien que considéré comme un "salarié", ne bénéficie pas de la protection sociale offerte à tous les employés, étant privé de droits sociaux et d'une retraite. • Quant aux sportifs amateurs, leur statut est tout simplement jamais abordé par la loi. De même, l'initiative louable d'assurer une formation professionnelle aux athlètes pour préparer leur après-carrière (qui est souvent très courte) s'avère inadaptée. Les formations ne sont ni obligatoires, ni appliquées par les fédérations, les centres d'enseignement sont rares, et le niveau académique de nombreux joueurs est insuffisant pour y prétendre. L'Urgence d'un Code du Sport Face à ces limites "insurmontables", le simple rapiéçage de la Loi 30-09 n'est plus suffisant. La codification du droit du sport est une nécessité impérieuse pour accompagner les ambitions mondiales du Maroc. Inspirée par l'exemple français, cette initiative permettrait de : 1. Réunir et Clarifier les Textes : Mettre fin à l'éparpillement des lois, règlements et jurisprudences pour faciliter la spécialisation des juristes. 2. Combler les Vides : Corriger les maladresses (comme l'attribution d'une compétence juridictionnelle à l'État) et, surtout, définir un statut juridique sui generis pour les sportifs professionnels et amateurs, adapté aux spécificités de leur carrière. 3. Moderniser l'Encadrement : Intégrer des régimes spécifiques omis, tels que le régime fiscal des sociétés sportives et les droits sociaux des athlètes. En conclusion, la Loi 30-09, malgré sa bonne intention initiale, est un "arbre aux fruits amers" qui nécessite une refonte complète. Sans un cadre plus rigoureux et adapté aux réalités du terrain, le Maroc risque de voir son développement sportif entravé.
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Puissance africaine naissante ou occasion perdue : Lomé 2025 entre pivot historique et naufrage stratégique... 115

À Lomé, du 8 au 12 décembre 2025, le 9ᵉ Congrès panafricain a transcendé les rituels commémoratifs habituels pour devenir un QG stratégique. Du moins il l'aura tenté. Gouvernements, intellectuels, patrons d’entreprises, diasporas et activistes ont martelé un diagnostic impitoyable: dans un monde fracturé par les guerres hybrides, les chaînes d’approvisionnement rompus et les empires en déclin ou en quête de repositionnement, l’Afrique ne peut plus se contenter de survivre. Elle doit imposer une doctrine de puissance collective, ou périr comme terrain de jeu des géants. Fini le panafricanisme de discours lyriques et les joutes idéologiques. On est passé du symbole au glaive avec un panafricanisme en arme géopolitique. À Lomé, Faure Gnassingbé, président togolais et hôte, a d'emblée planté le décor: l’unité africaine n’est plus une utopie morale, mais un bouclier contre les prédateurs. Face à la Chine qui verrouille les mines de cobalt, la Russie et les problèmes sahéliennes, les États-Unis qui dictent des normes plutôt floues, l’Afrique choisit la rupture. Gnassingbé l’a dit cash : sans coordination, le continent reste une proie ; avec elle, il devient un pivot. Les débats ont disséqué la fragmentation se penchant sur les crises au Sahel, les tensions au Soudan, la piraterie en Somalie. L’alternative est binaire: vassalisation ou souveraineté collective. Lomé pose donc les bases d’une alliance défensive, inspirée possiblement des BRICS, pour contrer les ingérences gourmandes. On ne s'est point gêné de statuer que le multilatéralisme s'effritait en lambeaux. l’Afrique, du moins dans le discours, part ainsi à l’assaut des forteresses. Les ministres ont sonné l’alarme: l’ONU, le FMI, l’OMC sous-représentent l’Afrique, véritable bastion démographique qui pèsera 2,5 milliards d’habitants en 2050 et sanctuaire énergétique incontournable avec son soleil, son lithium et son hydrogène vert. Le continent se pose la question fondamentale du pourquoi céder les rênes à des institutions figées dans l’après-1945 ? Ainsi à Lomé le Congrès s'est forcé à tracer une feuille de route offensive avec des idées on ne peut plus claires: - ** Une coordination diplomatique** et un front uni à l’ONU pour bloquer les résolutions biaisées. - **La nécessité de réformes institutionnelles** en exigeant deux sièges permanents au Conseil de sécurité et un droit de véto. - ** Une parole souveraine** par l'alignement des votes régionaux notamment à l'UA et à la CEDEAO, sur des intérêts communs et pas sur des caprices nationaux ou des visées idéologiques d'un autre temps. L’enjeu est donc de redéfinir les règles du jeu. L'Afrique ne se contente plus de strapontins. Elle veut peser sur le commerce mondial, les sanctions et les normes climatiques, où elle paie l’addition sans en tirer profit. **La diasporas arme secrète d’une géopolitique afro-globale**, de Bogotá à São Paulo, a volé la vedette à Lomé. Francia Márquez, vice-présidente colombienne, a rappelé les 200 millions d’Afro-descendants en Amérique : une profondeur stratégique ignorée. L'alliances Sud-Sud, les réparations comme arme diplomatique vis à vis de l’Europe post-coloniale, les flux de capitaux via la diaspora US sont autant d'atout et de pistes pour un changement radical de posture. Lomé élargit ainsi le panafricanisme à la diaspora comme lobby à Washington et Bruxelles, vecteur de tech (IA, fintech) et de soft power culturel. Face à la Belt and Road chinoise, c’est un contre-réseau transnational africain qui se dessine. Les précongrès régionaux avaient déjà proposé un plan d'action clair et concret : - **Indépendance technologique** : Maîtriser l'intelligence artificielle (IA) et l'informatique quantique pour mettre fin à la domination des pays occidentaux. - **Élites panafricaines** en réformer l'éducation pour former des leaders et des stratèges africains, et non des personnes qui fuient le continent. - **Migration contrôlée** : en mettant en place une politique commune à tout le continent pour transformer les mouvements de population en atout démographique, au lieu de subir les barrières imposées par l'Europe. - **Mémoire active** : en reliant l'esclavage et le colonialisme à des demandes économiques concrètes, comme l'annulation des dettes injustes et le paiement de redevances sur les ressources minières. - En fait des **Axes de puissance pour 2030 fondés sur la technologie, l'éducation, et la migration** L'Afrique passe de la réaction à la projection et anticipe un monde multipolaire où l’Afrique rivalise avec l’Inde ou l’ASEAN. Mais comme à chaque fois en Afrique, il reste légitime de se poser la question fondamentale: **Lomé, pivot ou mirage ?** L'espoir est que ce congrès ne soit pas un feu de paille mais plutôt une esquisse, une doctrine pour une puissance par l’unité, par l'influence et par la coordination. Le diable est dans l’exécution. Les rivalités internes et régionales, les tentations bellicistes continueront elles à diviser? Le Grand Maghreb pour ce qui nous concerne en connait un chapitre depuis 50 ans. Lomé 2025 impose un ultimatum : stratégie partagée ou irrelevance éternelle ?L’Afrique, pôle émergent ou pion sacrifié ? La réponse se joue maintenant et concerne davantage les générations africaines en devenir... Elles ne pardonneront jamais nos erreurs actuelles et nos divisions imbéciles...

Réveils dans le noir : pour des horaires scolaires adaptés à l’enfant du XXIᵉ siècle au Maroc... 91

Ce qui m'a inspiré ces lignes est une lettre publiée par un papa sur les réseaux sociaux et qui dit en substance:*Je vous écris en tant que parent inquiet, mais aussi en tant que citoyen épuisé par un choix gouvernemental qui, année après année, ignore le bon sens : celui de maintenir un horaire où nos enfants se réveillent alors qu’il fait encore nuit noire pour aller à l’école.* *Chaque matin, c’est le même scénario absurde : réveil à l’aube, enfants arrachés au sommeil, yeux encore fermés, corps fatigués, obligés de sortir dans l’obscurité, parfois dans le froid, pour rejoindre leur établissement scolaire.* *Des élèves somnolents en classe, une concentration affaiblie, une irritabilité croissante. Comment parler de qualité d’apprentissage dans ces conditions ?* *Au-delà de la fatigue, il y a le danger.**De nombreux parents n’ont pas les moyens d’accompagner leurs enfants.**Ces derniers marchent seuls dans des rues encore plongées dans la pénombre, exposés aux risques d’accidents de la circulation, d’agressions ou d’incivilités.* *Ce simple fait devrait suffire à interroger la pertinence de cet horaire.**Le gouvernement persiste pourtant à défendre ce choix au nom d’arguments économiques ou énergétiques, sans jamais mettre en balance le bien-être, la santé et la sécurité de nos enfants.* *Nous ne demandons pas l’impossible, seulement un retour à un rythme humain, adapté à la réalité de notre société.* *Par ce courrier, je souhaite que ce débat soit enfin ouvert sérieusement.* *Nos enfants ne sont pas des variables d’ajustement.* *Ils méritent un réveil normal, à la lumière du jour, et une école qui respecte leurs besoins fondamentaux.* *Elle met sur la table le calvaire vécu par enfants et parents et remet en cause le rythme scolaire imposé à nos enfants.* En fait, les rythmes scolaires actuels reposent sur une organisation largement héritée du début du XXᵉ siècle, conçue pour une société aux temporalités plus stables, pas du tout connectée et moins exposée à la stimulation permanente. Or, depuis quelques temps déjà, les travaux scientifiques convergent vers un même constat: il existe un décalage croissant entre ces cadres institutionnels et les besoins biologiques, cognitifs et psychosociaux de l’enfant contemporain. Mieux encore, L’enfant du XXIᵉ siècle évolue dans un environnement marqué par l’omniprésence des écrans, la multiplication des interactions numériques et la porosité entre temps scolaire, temps familial et temps de loisirs. Les recherches en chronobiologie établissent clairement que l’exposition à la lumière artificielle, en particulier celle bleue émise par les écrans, retarde la sécrétion de mélatonine, hormone clé de l’endormissement. Cette exposition tard dans la nuit perturbe durablement les cycles veille-sommeil chez l’enfant et l’adolescent, rendant le coucher précoce biologiquement difficile, indépendamment des règles éducatives posées par les familles. Dans ce contexte, maintenir des horaires scolaires très matinaux revient à instaurer une dette chronique de sommeil chez l'enfant. Or, le rôle du sommeil dans les apprentissages est aujourd’hui solidement documenté. Les neurosciences montrent que le sommeil est indispensable à la consolidation de la mémoire, à la régulation émotionnelle et au bon fonctionnement des fonctions exécutives d'attention, de planification et de contrôle cognitif. Le manque de sommeil régulier est associé à une diminution des performances scolaires, à une augmentation de l’irritabilité et à des troubles de l’attention pouvant aggraver des difficultés d’apprentissage. Des études nord-américaines apportent un éclairage particulièrement instructif: le report du début des cours associé à une amélioration du temps de sommeil induit des résultats scolaires meilleurs, de l’assiduité et de la santé mentale, ainsi qu’une baisse des accidents de la route impliquant des adolescents. L’American Academy of Pediatrics recommande elle explicitement des horaires scolaires plus tardifs pour les adolescents, en cohérence avec leur rythme circadien naturellement décalé. Faute d'études précises au Maroc, regardons ce qui se dit ailleurs. Les recherches montrent que, durant l’adolescence, l’horloge biologique se décale physiologiquement vers un endormissement plus tardif. Forcer un réveil très matinal revient donc à entrer en conflit direct avec un processus biologique normal. Ignorer cette donnée, largement établie, revient à fragiliser les conditions mêmes de l’apprentissage et du bien-être. À la fatigue cognitive s’ajoutent des enjeux de sécurité et d’inégalités sociales. Les horaires précoces toujours imposés au Maroc, exposent de nombreux enfants à des déplacements dans l’obscurité, augmentant les risques routiers et urbains. Les travaux de l’OCDE par exemple, soulignent que les conditions d’apprentissage ne se limitent pas à la salle de classe: le temps de transport, la fatigue accumulée et le contexte familial influencent fortement les trajectoires scolaires. Les familles les plus modestes disposent de moins de marges d’adaptation en accompagnement, en transport sécurisé et compensation éducative, ce qui transforme les rythmes scolaires en facteur indirect mais réel d’inégalités. Les impératifs économiques, organisationnels ou énergétiques ne peuvent justifier le statuquo. Plusieurs analyses internationales montrent les coûts exorbitants à long terme du manque de sommeil: en terme de décrochage scolaire, de troubles anxieux, de baisse de productivité, de problèmes de santé. Ces coûts cumulés dépassent largement les ajustements nécessaires à une réforme des rythmes. L’OCDE insiste régulièrement sur l’importance d’investir dans le bien-être des élèves comme condition de l’efficacité des systèmes éducatifs. Repenser les horaires scolaires ne relève donc ni du confort ni du laxisme ni d'un caprice. Il s’agit d’une démarche rationnelle, fondée sur des données scientifiques robustes. L’efficacité pédagogique ne se mesure pas au nombre d’heures passées à l’école ni à la précocité du réveil, mais à la qualité de l’attention, à la disponibilité cognitive des enfants et à l’engagement des élèves et des enseignants. Cette réflexion doit s’inscrire dans une approche globale. Les experts soulignent la nécessité d’articuler horaires scolaires, gestion du temps d’écran, charge de travail, équilibre entre vie familiale et vie éducative, et santé mentale. Un système éducatif performant est un système capable d’intégrer les apports de la science et d’évoluer avec la société qu’il sert. À l’ère de la connexion permanente, persister dans des schémas rigides revient à institutionnaliser la fatigue dès l’enfance. Tenir compte des besoins de l’enfant et non des contraintes du monde adulte, n’est pas une utopie pédagogique. C’est une exigence scientifique, sociale et en définitive, politique. Le Maroc dispose de tous les moyens pour engager une véritable réflexion sur la question et devrait l'entamer comme base d'une véritable réforme de l'enseignement.