Pensez le Futur.

La richesse archéologique incommensurable du Maroc et la réécriture de l'histoire... 2550

Le Maroc vient de décider de se doter d’un nouveau musée de l’archéologie et il voit grand ; Ce sera le plus grand du genre en Afrique, d'une superficie de 25000m2. C’est à la fois énorme et flatteur. Certains vont parler de démesure ou n’en verront pas simplement l’utilité. A cela il faut vite rétorquer: détrompez-vous. Si le Maroc a toujours été considéré comme très intéressant au plan archéologique, cet intérêt n’a jamais été aussi grand sinon depuis les dernières trouvailles: celle du plus ancien fossile d’homo sapiens à Jbel Ighoud, non loin de Safi; celles des plus anciens actes et soins chirurgicaux à Tafoghalt, proche de Berkane; celles des vestiges de l’âge du bronze tout récemment mise à l’évidence du côté de Wad Laou, sur le site préhistorique dit KachKouch, pas loin de Tétouan ; celles de la nécropole au sud de Tagounite du côté de Zagora ; celles des parures datées entre 142 et 150 mille ans, mises à nues dans la grotte Bizmoune du côté d’Essaouira ; Celles de l’exploitation agricole de 12 ha du côté de Oued Beht, une dimension jamais connue en Afrique du nord, datant de la fin du Néolithique, témoignant d'une grande richesse et d'un savoir-faire très évolué. La liste est extrêmement longue. Penser maladroitement que les recherches et les fouilles archéologiques soient un luxe ou l’affaire de quelques experts pour leur plaisir est absolument erroné. L'importance de la recherche archéologique pour l'écriture de l'histoire n’est point discutable. Elle est fondamentale. Les vestiges et traces du passé permettent de compléter, de corriger et ou de confirmer les récits historiques. Les fossiles, les structures, les artefacts découverts sur les sites archéologiques sont autant de témoignages tangibles, offrant une vision objective et nuancée des civilisations disparues notamment quand elles n’ont pas laissé de traces écrites. L’archéologie renseignent sur les modes de vies, sur la culture, sur les croyances et les interactions humaines, sur les techniques utilisées et le degré d’évolution des civilisations disparues. Elle est essentielle pour préserver et s'approprier le patrimoine national et partant celui de l’humanité. Elle permet de jalonner l’évolution humaine et permet d’expliquer ce que nous sommes aujourd’hui. La transmission des connaissances étant capitale, la recherche archéologique permet de mettre à la disposition des générations que nous sommes et celles futures, des indices indiscutables de fierté et d’identité. Elle est ainsi incontournable pour l’écriture et la réécriture de l’histoire, qu’elle nettoie des biais que certains historiens peuvent y avoir insérés çà et là par méconnaissance ou manque d’évidence et ceux que des idéologues pour des raisons plus ou moins louables, peuvent y avoir volontairement introduits comme orientations ou aspects fallacieux. Les trouvailles au Maroc remettent justement en cause ce que des générations successives ont appris de leur histoire et de leur origine. S’il est prouvé que Le rôle des populations locales dans les échanges et dans la construction de la civilisation méditerranéenne était fort important, on continu hélas à colporter une histoire biaisée ignorant justement ces apports et évidences archéologiques, aujourd’hui prouvés sans ambiguïté. Depuis 1985, le Maroc s’est doté d’un Institut National des Sciences de l’archéologie et du Patrimoine (INSAP). Et ce n’est ni pour rien ni par hasard que la recherche archéologique est ici étroitement liée au patrimoine. Qui dit patrimoine dit preuves tangibles quand il s’agit de patrimoine matériel et preuves transmissibles, s'il s’agit de patrimoine immatériel. Il se trouve que le Maroc est immensément riche des deux. Ce ne sont pas les chercheurs de l'INSAP qui vont contredire les propos ici développés ou encore Ibn Khaldoun que nous vénérons sans pour autant en respecter la doctrine. Il est aujourd’hui fondamental de revisiter le narratif qui lie l’origine des populations marocaines à une quelconque migration venue d’ailleurs et encore moins de l’est du pays ; comme il est temps de mettre l’accent sur l’évolution de ces populations et leurs apports indéniables à la civilisation méditerranéenne et donc du monde. Les populations d’ici n’ont pas subi les civilisations de la région, ils y ont contribué amplement et largement et cela doit être enseigné dans nos écoles. Faire fi de cette vérité crée des carences notamment de perception identitaire. Les nations ont besoin de référentiel historique pour s'épanouir. Certains se le construisent à partir de rien, alors qu’au Maroc il est là et s’impose à l'évidence. Ce sont des vérités on ne peut plus limpides. Elles doivent constituer la base de notre référentiel identitaire. Les problèmes dont souffre une certaine frange de la population notamment les jeunes en quête d’identité et qui hélas aujourd’hui sont happés par des idéologies importées pouvant embrasser un extrémisme dangereux; ne peuvent trouver de solutions que par la mise en œuvre d’un travail de réécriture de l’histoire de façon objective, basée sur les faits et les preuves historiques, des plus lointaines au plus proches. Les jeunes, à l’adolescence et au début de l’âge adulte notamment, se posent des questions profondes sur ce qui ils sont, ce qu’ils veulent devenir et quelle place ils occupent dans le monde. Ce questionnement, s’il est influencé par nombreux facteurs dont bien évidemment la famille, la culture, les amis, les expériences personnelles et l’environnement social, il est aussi impacté de façon incontournable par l’histoire du pays. Plus cette histoire est lointaine dans le temps, plus elle est motif de fierté et de sérénité. Dans ce monde en constante évolution, où les réseaux sociaux et les pressions de tous genres jouent un rôle conséquent, cette quête d’identité peut être complexe et parfois source d’angoisse. Le désarroi peut aiguillonner vers un réconfort d'ailleurs. Certains peuvent aller jusqu’à penser remonter un temps imaginaire et se construire un monde romanesque, édulcoré par des idéologues servant des causes évidemment invraisemblables. L’investissement dans un musée d’archéologie aussi important est donc venu à temps combler un déficit culturel extrêmement sérieux, réunissant en un lieu accueillant, de dimension respectable, des tas de preuves de la richesse de l’histoire du Maroc. Les historiens eux, devraient se saisir de la question identitaire pour justement pallier les insuffisances et éliminer les biais; Certains s’y sont déjà mis ardemment de façon individuelle et militante. Il faut cependant impérativement que les institutions se saisissent vigoureusement de la question. L’Education Nationale en premier, se doit de prendre la mesure de l’importance de la révision des cursus et contenus des cours d’histoire enseignés dans nos écoles; sans omettre de former un nombre conséquent de spécialistes pour améliorer la recherche dans un domaine aussi cardinal.
Aziz Daouda

Aziz Daouda

Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .


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Leïla Slimani: quand une parole pour plaire trahit, la réalité de tout un pays... 56

Les récentes déclarations de l’écrivaine Leila Slimani, marocaine pour nous, Franco-marocaine pour les plateaux de télévision, ne sont pas du tout passées comme une lettre à la poste. Leïla Slimani a eu un propos tout particulièrement au sujet des femmes et des mères marocaines qui a suscité une vive controverse dépassant la simple divergence d’opinion. Leila était parmi les invités de l'émission "Tout le monde en parle". Une émission qui a survécu à son concepteur Thiery Ardisson, au Québec et pas en France. Les propos en question, perçus comme condescendants, déconnectés des réalités sociales et culturels du Maroc, ont profondément heurté de très nombreuses Marocaines. Notamment et en premier celles qui, comme elle, écrivent en français et s'abreuvent d'émissions culturelles en français. Elles ne lui ont pas passé les propos, loin de là. Beaucoup lui ont répondu. Certaines plus sèchement que d’autres. Elle en a reçu sur la gueule comme jamais dans sa vie. Les réactions sont posées, argumentées et sans ménagements même si gentiment débitées. Certaines sont de véritables leçons à l'adresse de quelqu'un qui a bien mérité un rappel à l'ordre et des plus puissants. Toutes lui rappellent que souvent bon nombre de mamans, contraintes par des conditions difficiles, ont élevé leurs enfants avec courage, dignité et un sens aigu des valeurs, et elles refusent aujourd’hui que leur engagement soit réduit à des clichés simplistes ou à des jugements à sens unique dont le seul but est de faire le buzz sur les plateaux de télévision. Sur les réseaux sociaux et dans les espaces publics, la réaction a été unanime et passionnée. Les femmes marocaines, du moins celles qui se sont exprimées, ont rejeté fermement la vision stéréotypée dont elles ont été victimes, dénonçant une posture parfois moralisatrice et occidentalisée qui ignore la complexité et la richesse de leur vécu. Leur rôle ne peut ni se réduire ni se caricaturer, car il est fondamental dans la construction de la société marocaine, elle-même en mutation mais profondément enracinée dans ses traditions, sa résilience et son identité propre. La phrase où Leila Slimani parle de la vengeance comme une valeur que les mamans enseigneraient à leurs enfants, les filles en particulier, ne passe pas et ne passera pas. Elle a avancé en exemple sa propre grand mère, absente pour la contredire... Cette expression est tout authentiquement inappropriée que fallacieuse. C'est plutôt le contraire qui est vrai : l'une des valeurs fondamentales de la société marocaine est justement le pardon. Le pardon est ici enseigné et vécu au quotidien dans le relationnel sociétal. La vie tourne autour du pardon. Le mot pardon en darija est prononcé des dizaines de fois par jour par tous ici. Lalla Leila, faut-il vraiment vous rappeler que la culture marocaine ne se nourrit pas de rancune et encre moins de vengeance, mais d’exigence : une exigence de respect et de nuance. Aujourd'hui, la société marocaine progresse, mais elle rejette fermement les jugements extérieurs imposés sans une connaissance approfondie du contexte local, qu'il soit cultuel ou culturel. En tant que figure publique représentant le Maroc sur la scène internationale, si vous le voulez bien, vous devriez faire preuve d’une plus grande prudence et d’empathie dans vos propos. Dire une vérité est une chose, l'inventer en est une autre, d'autant plus que la circonstance n'était point une fiction mais bien une émission grand public. Cette polémique met en lumière une fracture symbolique persistante entre une certaine élite installée à l’étranger et le Maroc réel, celui qui vit, lutte et avance à son rythme certes mais avance très bien. Critiquer est légitime, remettre en cause est salutaire mais cela doit toujours se faire avec rigueur, responsabilité et surtout dans le respect. La parole publique ne doit jamais humilier ni infantiliser les femmes marocaines et encore moins dans leur rôle essentiel et vital : celui d'élever les nouvelles générations. Le Maroc ne se fige pas dans des stéréotypes. Les femmes marocaines, qu’elles soient avocates, entrepreneures, enseignantes, artistes, ouvrières, artisanes ou mères au foyer, mènent chaque jour, dans l’ombre des combats essentiels, fondés sur une force tranquille digne d’admiration. Leur modernité est un processus intérieur, patient et authentique, qui n’a rien à envier aux discours importés. Leur devenir est entre leurs mains et ne se fera pas au gré de paroles prononcées ici ou là dans le seul but d'épater une assistance avide d'orientalisme primaire. Au-delà, cette affaire révèle plus largement la difficulté que rencontrent certains Marocains et Marocaines de la diaspora à concilier distance et sensibilité vis-à-vis de leur pays d’origine. C’est d’un pont qu’avait besoin ce dialogue, fondé sur une écoute sincère et un partage respectueux des expériences. À travers cette maladresse, Leïla Slimani a montré combien une parole déconnectée peut blesser profondément, surtout lorsqu’elle émane de l’une des nôtres. Et si l'expression prononcée par Leïla Slimani ne faisait que traduire son ressenti personnel et peut être un désir de vengeance refoulé en relation avec son passé familial. Son papa, le défunt Othmane Slimani, éminent économiste, après avoir été ministre et patron de banque, avait connu une véritable descente aux enfers, accusé de malversations. Il succombera à un cancer des poumons avant la fin du processus judiciaire, ayant fait appel suite à un premier jugement le condamnant en première instance. Il faut reconnaître cependant au défunt que c'est sous sa présidence de la Fédération Royale Marocaine de Football que l'Équipe Nationale du Maroc de Football avait remporté l'unique titre africain qu'elle détient à ce jour. C'était en 1976. Les marocains n'ont jamais oublié cette épopée et en remercie toujours Si Slimani, le sélectionneur Mehdi Belmejdoub, l'entraineur Mardarescu et les joueurs de l'époque avec à leur tête Ahmed Faras. Madame Slimani, qui mérite le respect pour ce qu'elle est, doit simplement intégrer que le Maroc ne réclame pas de leçons, mais une compréhension véritable et un dialogue respectueux pour accompagner sa transformation et les grands progrès engrangés. Le fait de colporter des inepties et des idées qui ne collent ni à son histoire, ni aux valeurs de ses citoyens et encore moins à celles de ses femmes, n'honore pas une écrivaine qui aspire à marquer l'histoire. Beaucoup avant elle ont tenté le même cheminement dans leur quête de vouloir être plus royalistes que le roi; jamais personne n'a réussi. Le Maroc, on peut le quitter, mais lui ne nous quitte jamais, et c'est pour cela qu'il faut le respecter. le Maroc c'est surement bien manger, bien boire mais pas se venger. C'est là ma réponse à Leila Slimani au nom de ma mère, de ma grand-mère et de toutes les mères et grands-mères, si elles me le permettaient...

Le Maroc, cette conviction tranquille qui doit encore se partager... 198

La maxime "One who believes in himself has no need to convince others" est communément traduite ainsi en français :«Celui qui croit en lui-même n’a pas besoin de convaincre les autres». Elle évoque *la confiance tranquille*, la force intérieure et la stabilité de celui qui avance sans démonstration ostentatoire. Cette idée trouve un écho particulier dans la réalité marocaine actuelle: un pays sûr du cap qu'il s'est fixé, fier de ses avancées multiples et diverses, convaincu de sa légitimité diplomatique, fort de ses alliances et de son enracinement international. Il est cependant confronté à un défi intérieur majeur, celui de persuader sa propre jeunesse, voire une bonne frange de sa population, du sens et de la portée de ses progrès et des avancées engrangées. Un véritable chantier que de gagner la confiance de la jeunesse et que celle ci, par ricochet gagne en confiance en elle même et en un avenir commun rayonnant et prospère. La diplomatie marocaine, un exemple de confiance affirmée, témoigne d’une résolution affichée sans complexe devant toute épreuve. Elle se caractérise par une détermination sans faille, à la fois décidée et pragmatique. A l'internationale, le Maroc affiche une sérénité stratégique reconnue. Sous l’impulsion Royale, sa diplomatie fondée sur le dialogue et la continuité, s’impose comme un modèle d’équilibre entre coopération, fermeté et confiance en soi. À l’ONU, par exemple, la proposition marocaine d’autonomie dans le dossier du Sahara est devenue une référence normative, acceptée par la quasi-totalité des partenaires internationaux. Ce succès diplomatique illustre parfaitement la maxime. Convaincu de sa justesse, le Maroc n’a pas eu besoin de recourir à des démonstrations excessives pour imposer sa position. Le pragmatisme, la patience, l'endurance et la détermination sont les maîtres mots dans ce dossier. Aujourd’hui, le ministre Bourita ou encore Omar Hilal, ambassadeur du Royaume auprès de l'ONU, sont même perçus comme des stars et sont sollicités en tant que tels à chaque apparition publique, tellement ils sont convaincants et crédibles. Mais est-ce le cas pour tous les domaines et secteurs ? Au-delà de la question du Sahara Marocain, le Royaume déploie une diplomatie économique et parlementaire active, tissant un réseau d’alliances solides en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, et progressivement en Amérique latine et en Asie. Cette stratégie fondée sur le partenariat illustre cette *conviction tranquille* qui cherche moins à convaincre qu’à consolider les acquis. Les accords renouvelés avec l’Union Européenne ou les coopérations renforcées avec la Chine, l'Inde, le Brésil, les pays africains et autres, démontrent la solidité de l'approche. Mais au-delà, le Maroc endure un paradoxe étonnant. Son défi intérieur le plus urgent est de reconquérir, peut-être même de construire, la confiance de sa jeunesse. Une confiance en elle même avant tout et celle en le pays aussi. Cette confiance affichée à l’extérieur et perçue positivement en interne, contraste avec l’impatience et le scepticisme d’une partie de la jeunesse marocaine vis-à-vis d'autres aspects de la vie. Face aux défis socio-économiques tels que le chômage, la précarité et la lenteur des réformes, telles qu’elles sont perçues, de nombreux jeunes expriment un profond doute quant à leur avenir. A côté de la faiblesse endémique de la communication, de la pauvreté de l'argumentaire, de l'apathie des médias officiels, du superflu de bons nombre parmi les autres, les jeunes subissent souvent aussi un discours nihiliste relayé par certaines voix médiatiques ou réseaux sociaux, qui mine leur confiance et alimente leur désengagement et leur fatalisme. Ce paradoxe d'un État sûr de lui-même sur la scène mondiale mais qui doit sans cesse convaincre en interne est au cœur de la situation. Malgré les efforts gouvernementaux pour améliorer l’emploi et les services publics, des manifestations individuelles ou collectives récurrentes reflètent ce malaise. le déficit en confiance civique et chronique. Comment le Maroc peut-il alors raviver la foi commune et faire évoluer ce paradigme? Il semble essentiel d’investir dans un dialogue authentique avec la jeunesse pour qu’elle ressente pleinement la portée et les bénéfices des progrès réalisés. Des initiatives comme les programmes d’éducation civique renouvelés, le soutien à l’entrepreneuriat jeune, notamment dans les zones rurales, la révision en profondeur du cursus scolaire et la participation accrue des jeunes aux instances décisionnelles sont autant d’exemples en cours ou à développer. L'allégement de certaines règlementations en matière de fiscalité, de change, de commerce électronique, de fonctionnement des entreprises et de monnaies numériques ouvriraient sans doute quelques horizons pour cette jeunesse connectée, avide de réussite. Cela augmenterait sans doute aucun ce capital confiance tant recherché, aujourd'hui crucial. Pourquoi ne pas prendre de suite les mesures que l'on va fatalement prendre dans dix ans? Alors, il sera trop tard. Les jeunes marocains veulent entreprendre et vivre au rythme du monde. La maxime *Celui qui croit en lui-même n’a pas besoin de convaincre les autres* deviendrait ainsi un appel à réinventer le lien entre l’État et la jeunesse: créer une énergie collective de confiance, non seulement manifestée à l’extérieur, mais aussi vécue et ressentie à l’intérieur, afin de bâtir un avenir partagé. C'est ce qui semble aujourd'hui entamé. Les décisions prises en conseil des ministres tout récemment pour inciter les jeunes à rejoindre les institutions, par la révision de la loi organique de la chambre des représentants en témoignent. Le rabaissement de l'âge plafond de la jeunesse de 40 à 35 ans est une grande avancée. La possibilité pour les jeunes de se présenter aux élections sans appartenance à un parti, ainsi que le soutien financier promis aux jeunes non partisans, sont autant de coups de fouet à la léthargie qui s'était durablement installée dans la vie politique marocaine. La messe est dite: ou les partis politiques s’ouvrent à la jeunesse, ou ils sont condamnés à n’occuper que des strapontins. Si les jeunes s'engagent, alors ils participeront aux changement dont ils rêvent et l'imposeront. Leur niveau de confiance ne s'en trouvera qu'augmenté. Maintenant, attendons les débats au parlement qui fixera tout cela. C’est un critère important: pour une fois, on aura une loi adoptée avec environ neuf mois d’avance avant les élections. Pourvu que personne ne mette de bâton dans la roue. Ce n’est qu’ainsi que la confiance sera construite, comme un socle transparent, inclusif, participatif, et pérenne. Une précision tout de même, la phrase "One who believes in himself has no need to convince others" est généralement attribuée à Lao Tzu (ou Laozi), le sage chinois fondateur du taoïsme. Cependant, elle n’est pas authentifiée comme un extrait du Tao Te Ching. Peu importe, la maxime prend de toute façon ici tout son sens.

La Maturité Politique Émergente de la Jeunesse Marocaine : Un Héritage de GENZ212... 158

L’essoufflement du mouvement GENZ212 ne signe pas la fin d’une génération en quête de sens. Il devrait marquer le début de la maturité politique d'une jeunesse jusqu'ici considérée hors jeu ou pas du tout intéressée. Entre frustrations légitimes, réponses institutionnelles et possibilités manifestes d'une manipulation dont elle peut ne pas être consciente, la jeunesse marocaine amorce un tournant décisif : passer de la contestation à la construction. Les récentes décisions en Conseil des ministres afin de l'inclure dans la vie politique par des encouragements, on ne peut plus substantiels, expliquent fort bien un mouvement qui s’estompe et une génération qui aujourd'hui s’interroge. La balle est bien dans son camp maintenant. Elle sait que le Maroc ne se fera pas sans elle et qu'il se fait pour elle. Né dans la sphère numérique, GENZ212 a embrasé les réseaux sociaux et mobilisé une jeunesse avide de changements. Son énergie, d’abord spontanée, naïve et sincère, bute aujourd’hui sur la réalité : absence de vision commune et claire, leadership flou et tentatives de récupération par des extrêmes opportunistes, ayant un laps de temps flairé le filon d'or et cru en l'occasion à ne pas rater. L’élan s’est vite affaibli comme dans toute contestation fondée sur des slogans creux, sans contours ou contenu précis, mais la question demeure : que reste-t-il de cette colère ? Le pays a répondu avec promptitude et sérieux. La réponse institutionnelle s’est rapidement manifestée. Le calme et la fermeté du discours royal lors de l’ouverture de la dernière législation du Parlement actuel et le projet de loi de finances 2026 quelques jours plus tard, ont redéfini les priorités autour de la santé, de l’éducation et de la cohésion sociale. Des records absolus sont battus pour l'enseignement et la santé. En intégrant ainsi les attentes de la jeunesse dans l’action publique, la crise est désamorcée. Le Maroc, comme à chaque fois, a choisi l’écoute et la réforme plutôt que la confrontation. Le piège de la manipulation s'est ainsi vite refermé sur ces promoteurs... Sur d’autres terrains, certains ont tenté de ranimer la flamme. L’appel au boycott de la Coupe d’Afrique des Nations, par exemple, en est l’illustration : présenté comme un geste de protestation, il révèle vite ses ambiguïtés et aussi une certaine frustration de non-réussite des extrémistes. La réaction de la majorité des citoyens a vite mis à l'index les promoteurs du boycott, les tournant au ridicule. De nombreux observateurs ont conclu à une tentative de récupération politique voire géopolitique. L'excès de zèle des médias algériens dans leur tentative de chauffer la scène, confirme cette suspicion et la justifie. Certains vont jusqu'à affirmer que les dernières manifestations ne sont plus un cri du cœur, mais un écho d’agendas extérieurs. C'est ainsi que plusieurs jeunes, anciens soutiens du mouvement, ont pris leurs distances. « Nous voulions le changement, pas devenir un outil entre des mains invisibles », affirment dans les réseaux sociaux des militants de la première heure. Les dernières innovations en faveur de la jeunesse pour les inciter à franchir le pas politique comme chemin vers les institutions, conjuguées avec l'importance historique des budgets alloués à la santé et ceux projetés pour l'enseignement, ont fait basculer le mindset de la majorité des jeunes de la contestation à la construction. Comme à ses habitudes, ancrées dans l'histoire, face à la dérive, l’État marocain a toujours privilégié la stabilité et le dialogue. Cette approche pragmatique est donc dans le continuum d'une tradition bien ancrée: répondre à la fronde par des politiques concrètes, non par des discours vides de sens et des promesses mielleuses. À travers son histoire moderne, le Royaume a toujours su que le véritable pouvoir de la jeunesse, c’est de construire, pas de boycotter. Le Maroc ne se défait pas par dépit, il se bâtit par engagement. GENZ212 a servi de révélateur, exprimant les aspirations d’une jeunesse qui voulait être entendue sans être manipulée, actrice sans être instrumentalisée, une jeunesse qui s'est mise en avant au nom de leurs parents et de la société dans sa globalité. Aujourd'hui, par son calme, elle révèle une conscience politique en gestation à laquelle l'État veut contribuer en l'encourageant à franchir le pas vers les institutions représentatives. Ainsi, la colère et les revendications de cette génération ne seront plus exprimées dans les rues ou sous cape, ou vite récupérées par ceux qui confondent liberté d’expression et déstabilisation. Ceci, bien entendu, en attendant que leurs enfants viennent un jour les bousculer et les sortir de leur zone de confort, à leur tour. Dans un contexte régional fragile et incertain, la cohésion nationale demeure le rempart essentiel. La jeunesse marocaine semble l'avoir vite compris et intégré. Un véritable passage vers la maturité. Le Maroc progresse, parfois lentement, mais sûrement, en conjuguant réforme et stabilité, jeunesse et responsabilité. GENZ212 n’est pas un échec, mais une étape. Celle d’une génération qui comprend que le vrai changement ne s’improvise pas sur les réseaux, mais s’inscrit dans la durée, via l’action, l’écoute et la participation. Résister aujourd’hui, c’est refuser d’être manipulé. C’est construire avec lucidité son pays, pas contre lui. Le Maroc entre ainsi dans une phase nouvelle où la jeunesse devient conscience, non plus une force de rupture, mais un moteur d’équilibre. C'est cela, finalement, la révolution tranquille, une évolution marocaine tout au long de son histoire moderne. C'est là un particularisme que seules les Marocains et Marocaines arrivent à comprendre : protester, écouter, dialoguer, répondre, conjuguer, projeter et se projeter en sont les maîtres mots. Etre marocain est une croyance. Rester unis est ici une foi. Défendre le pays est une dévotion. C'est ainsi depuis des millénaires.

Les décès en compétitions sportives : entre l’extrême et le scolaire. part2 119

3. Spécificités du contexte marocain a. Faible documentation officielle Au Maroc, il n’existe pas à ce jour de base de données nationale transparente sur les décès en sport ou en EPS. Les cas médiatisés fournissent des indices, mais ne suffisent pas à quantifier le phénomène. b. Exemples médiatisés - Deux décès d’élèves en séance d’EPS ont fait la une dans les médias nationaux, à Agadir et Meknès. [5] - D’autres cas non confirmés circulent dans la presse locale, appelant à la prudence et à la nécessité d’enquête. c. Contraintes locales - Ressources médicales limitées dans les établissements scolaires (écoles rurales particulièrement vulnérables). - Absence d’équipements de secours (défibrillateurs, matériel de réanimation). - Manque de formation des enseignants en premiers secours. - Faible culture du dépistage médical périodique pour les élèves pratiquant le sport. 4. Recommandations pour prévention et sécurité a. Dépistage médical systématique - Imposer une visite médicale complète avant la participation à l’EPS ou à tout sport (antécédents familiaux, ECG, examen clinique). - Réplétion périodique tous les 2 à 3 ans ou en cas de symptômes (douleurs thoraciques, essoufflement, syncopes). b. Formation et équipements d’urgence - Former les enseignants, encadrants, surveillants aux gestes de premiers secours (RCP, usage du défibrillateur). - Installer des défibrillateurs externes automatiques (DEA) dans les écoles, particulièrement les établissements secondaires ou à fort effectif. - Assurer une couverture médicale lors des compétitions et événements scolaires. c. Protocoles de pratique sécurisée - Adapter l’intensité des activités selon l’âge, la condition physique et les conditions climatiques. - Prévoir des phases d’échauffement, de récupération, de pauses, de surveillance en cas de chaleur. - Interdire les séances intenses pendant les pics de chaleur ou par temps extrême. d. Surveillance et rapport, transparence - Instaurer un registre national des incidents sportifs (effondrements, malaises, décès). - Analyse systématique des cas dramatiques (autopsie, rapport médical) pour tirer des enseignements. - Publication et retour d’information pour améliorer les protocoles. e. Sensibilisation et culture de sécurité - Sensibiliser les élèves, les parents et les enseignants à la sécurité en sport (signes d’alerte, importance de la visite médicale). - Intégrer dans les curricula scolaires des modules sur la santé, le cœur, les capacités physiques et les dangers de l’effort extrême sans préparation. f. Priorité aux zones à risques - Renforcer les écoles en milieu rural, moins dotées en moyens, en équipements de secours et en formation. - Subventionner l’équipement des établissements scolaires en matériel de secours. Voici des stratégies proposées par la recherche et les organisations sportives pour limiter les risques : Domaines et recommandations - Dépistage médical : Examen médical pré-participation (histoire familiale, symptômes évocateurs, ECG) [6] - Formation & sensibilisation : formation des entraîneurs, du staff, des officiels aux signes « alerte » (syncope, douleurs thoraciques). - Infrastructure & équipements d’urgence : mise à disposition de défibrillateurs externes automatiques (DEA) sur les terrains avec protocole d’usage rapide (< 3 à 5 minutes) [6] - Surveillance durant l’effort : veiller aux conditions climatiques, à l'hydratation, aux pauses, à l'adaptation d’intensité. - Intervention rapide : Protocole clair : arrêt cardiaque supposé → RCP + défibrillation rapide. - Suivi post-incident et rapport : tous les incidents doivent être évalués, analysés (autopsies, imageries) pour améliorer les protocoles. - Réglementation et normes : imposer des minimas médicaux selon les niveaux de compétition (fédérations, ligues). - Promotion d’une culture de sécurité : prioriser la vie sur la performance, refuser de jouer en condition de risque. Conclusion Le décès sportif, bien que rare, constitue une tragédie qui met en lumière les failles du système de sécurité et de prévention. Dans les contextes professionnels, amateurs et scolaires, le facteur commun est souvent l’absence de détection, un encadrement inadéquat, ou un retard dans l’intervention d’urgence. Dans le cadre de l’EPS, ce risque, quoique faible, est réel, notamment dans des environnements moins bien équipés. Au Maroc, quelques cas médiatisés montrent que le danger ne peut être ignoré. Il est urgent de mettre en place une stratégie nationale de prévention : dépistage systématique, formation, équipement de secours, protocoles clairs, culture de sécurité, transparence sur les incidents. Ce n’est qu’en combinant ces mesures qu’on peut espérer préserver la santé et la vie des pratiquants scolaires comme sportifs. RÉFÉRENCES 1. AHA Journals : https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.108.804617? 2. dnaofsports.com: http://www.dnaofsports.com/football/how-many-deaths-in-football/ 3. Wikipedia: en.wikipedia.org/wiki/Gansu_ultramarathon_disaster?utm_source=chatgpt.com 4. dakaractu.com: http://www.dakaractu.com/Deces-d-une-eleve-en-classe-de-4e-des-suites-d-une-crise-cardiaque-lors-d-un-cours-d-EPS-a-Diass-les-exigences-du-SEEPSS_a200406.html 5. Le 360 Français: https://fr.le360.ma/societe/education-physique-la-seance-de-la-mort_CW56CCPVNZHGVLXDX6VTYSI6P4/ 6. PMC: https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3418121/?utm 7. Telquel.ma: telquel.ma/2021/04/15/la-mort-subite-sur-les-terrains-de-football-aumaroc- interpelle-sur-le-suivi-medical-des-joueurs_1718546?utm_source=chatgpt.com

Les décès en compétitions sportives : entre l’extrême et le scolaire. part1 116

Résumé de l’article Le décès sur les terrains de sport, bien que rare, constitue une réalité préoccupante. Il touche aussi bien des sportifs professionnels que des élèves lors de cours d’Éducation physique et sportive (EPS). Les causes les plus fréquentes sont d’origine cardiaque (anomalies congénitales, troubles du rythme, myocardite), aggravées par l’effort intense, l’environnement ou l’absence de prise en charge rapide. Dans les écoles, le risque est accru par le manque de dépistage médical préalable, l’insuffisance d’équipements de secours (comme les défibrillateurs), et une faible culture de la prévention. Des cas récents au Maroc, notamment à Agadir et Meknès, rappellent l’urgence d’agir. L’article recommande : - Un dépistage médical systématique avant toute activité physique, - La formation des enseignants aux gestes de premiers secours, - L’installation d’équipements d’urgence dans les établissements, - Des protocoles clairs pour adapter les séances d’EPS à l’état de santé des élèves, - Une meilleure transparence et un suivi des incidents. Dans le contexte marocain, à l’aube de la CAN 2025 et du Mondial 2030, faire du sport un espace sûr et inclusif est une priorité de santé publique. Introduction Le sport incarne la vitalité, l’effort, le dépassement de soi. Pourtant, dans des circonstances tragiques devenues parfois médiatisées, des sportifs — même de haut niveau — ou des élèves en séance d’EPS s’effondrent, victimes de crises cardiaques, de problèmes physiologiques ou d’accidents. Ces événements rappellent les limites biologiques, mais surtout les lacunes de prévention, de surveillance et d’encadrement. Dans les sociétés où le sport occupe une place importante — et plus encore au Maroc, porté par ses ambitions sportives (organisation de la CAN 2025, co‑organisation du Mondial 2030) — il importe de questionner les garanties offertes aux pratiquants, y compris les élèves. Cet article explore d’abord les décès dans les contextes sportifs professionnels ou amateurs, puis s’intéresse aux cas survenus dans l’EPS, avant de décliner ces problématiques dans le contexte marocain. Les questions centrales sont : quelles sont les causes les plus fréquentes de ces décès ? Dans quelle mesure le cadre scolaire est-il exposé à ces risques ? Et quelles mesures de prévention sont raisonnablement applicables, particulièrement au Maroc ? Problématique Dans quelle mesure le phénomène de décès subit en contexte sportif (compétition / entraînement) constitue-t-il une alerte pour la sécurité dans les cours d’EPS, et comment adapter les dispositifs préventifs à la réalité marocaine ? Hypothèses 1. La majorité des décès subits chez les sportifs est d’origine cardiaque (anomalies structurelles ou rythmiques non diagnostiquées). 2. Le contexte scolaire (moins de contrôle médical systématique, encadrement parfois limité) expose davantage les élèves aux risques lors des séances d’EPS. 3. Au Maroc, en l’absence d’un système systématique de dépistage, les décès dans les cours d’EPS sont sous-déclarés, mais des cas récents montrent que le risque est réel. 4. L’adoption de protocoles médicaux obligatoires, de formation des enseignants et de matériels de secours (défibrillateurs, etc.) peut réduire significativement ces incidents. 1. Décès en contexte sportif : état général a. Données et fréquence - Une revue clinique sur les « sudden deaths in young competitive athletes » recense des cas répartis selon les sports. [1] - En football, on recense en moyenne 12,2 décès par an, soit environ 1 pour 100 000 participants, combinant décès directs (traumatiques) et indirects (cardiaques) [2] . - Certains sports extrêmes (ultramarathon, conditions environnementales extrêmes) sont aussi liés à des accidents massifs, comme le drame de l’ultramarathon du Gansu en Chine où 21 participants sont morts en 2021 à cause d’hypothermie et d’une forte tempête soudaine. [3] b. Principales causes identifiées - Anomalies cardiaques structurelles ou congénitales, souvent non détectées (cardiomyopathie hypertrophique, anomalies coronariennes). - Troubles du rythme cardiaque, pouvant déclencher une fibrillation ventriculaire. - Myocardite, inflammation cardiaque, notamment après infections virales. - Coup direct thoracique (commotio cordis) dans certains sports de contact. - Hyperthermie / coup de chaleur, surtout dans des conditions de terrain chaud et d'humidité élevée. - Rhabdomyolyse sévère, déséquilibre électrolytique, usage de substances dopantes ou stimulantes. - Retard d’intervention, absence d’équipement de secours (défibrillateur, personnel formé). c. Cas célèbres et leçons - Le cas d’athlètes qui s’effondrent en match ou à l’entraînement souligne l’importance du dépistage. Quelques cas documentés : - Réda Saki : défenseur, s’est effondré sur un terrain lors d’un match du Championnat amateur. Il est décédé à l’hôpital après l’incident. [7] - Youssef Belkhouja : joueur du Wydad Casablanca, mort subitement pendant une demi-finale de la Coupe du Trône. [7 - D’autres noms cités dans la presse : Jaouad Akdar (Hassania Agadir), Adil Etakradi (Olympique Khouribga) lors d’entraînements ou matchs. - Dans le monde scolaire, bien que les cas soient plus rares, des décès d’élèves pendant une séance d’EPS ont été médiatisés dans plusieurs pays : au Sénégal, une élève de 4ᵉ est décédée suite à une crise cardiaque pendant un cours d’EPS. [4] - Au Maroc, récemment, deux élèves sont décédés après des malaises survenues pendant une séance d’EPS dans les provinces d’Agadir et Meknès. [5] 2. Décès dans les cours d’éducation physique : particularités et vulnérabilités a. Contexte scolaire : caractéristiques - Les cours d’EPS se déroulent souvent dans des conditions moins contrôlées que les compétitions : ressources limitées pour le suivi médical, absence de dispositifs de secours, gestion des classes, contraintes d’infrastructure. - La population scolaire est plus hétérogène (divers niveaux de condition physique, antécédents non détectés). b. Cas documentés - Les cas marocains mentionnés ci-dessus montrent que le drame peut survenir en milieu éducatif. L’absence de preuves systématiques suggère que certains incidents restent anonymes ou non médiatisés. - Dans d’autres pays africains ou francophones, des décès en cours d’EPS ont ravivé le débat sur la nécessité de la visite médicale obligatoire avant la pratique physique. c. Risques spécifiques - Effort inadapté à l’état physiologique de l’élève (mauvaise condition physique, pathologies non connues). - Absence de détection préalable des facteurs de risque (cardiopathies, antécédents familiaux). - Mauvaise gestion des conditions environnementales (chaleur, humidité, terrain). - Délai de secours trop long, manque de défibrillateurs, personnel non formé aux premiers secours.

Allah Alwatane Al Malik : La Victoire d’un Peuple, l’Épopée d’une Nation Unique... 216

Lorsque les joueurs marocains ont foulé la pelouse face à l’Argentine, ces fils de la terre d’Allah Alwatane Al Malik, portaient sur leurs épaules tout le poids d’un peuple millénaire, de ses espérances, de ses rêves les plus profonds, de ses ambitions. Cette victoire éclatante n’est pas qu’un triomphe sportif, elle est le chant sacré d’une identité forgée au creuset des âges, le souffle puissant d’une nation qui refuse de se laisser définir par d’autres, qui se distingue et le revendique sans complexe. Le Maroc, riche de son histoire unique, multiple et complexe, est plus qu’un pays : c’est une légende en marche, un passé conjugué au présent et au futur. De ses villes impériales aux oasis verdoyantes, de son désert magique à ses plaines nourricières, de son atlas à son atlantique et sa méditerranée, ce royaume millénaire a su garder vivantes des traditions ancestrales tout en embrassant les défis de la modernité. Les joueurs du haut de leur âge précoce, se sont transcendés en gardiens fiers et passionnés de cette mémoire. Ils ont incarné l’âme de leur patrie dans chaque sprint, dans chaque passe, dans chaque but et à chaque fois qu'un adversaire les a agressé. Jamais méchants, jamais malpolis, jamais tricheurs, ils ont séduit le monde. Leur attachement à leur monarchie, pilier de stabilité et symbole d’unité, est la force tranquille qui éclaire leur route, qui motive leur engagement et atténue leur souffrance. Feu Mohammed Abed Al Jabri, grand philosophe devant l'éternel, n'avait il pas dit que «Le Maroc est un pont entre les mondes, un équilibre entre tradition et avenir. » Ces mots résonnent aujourd’hui plus fort que jamais à travers ce triomphe collectif d'une jeunesse insatiable, infatigable, déterminée et conquérante. Allah Alwatane Al Malik : ces mots sacrés sont l’essence même de l’amour que nourrit tout Marocain pour sa terre, pour son histoire, pour son particularisme, pour ce qu'il est simplement. Le drapeau qui s’élève au vent, les chants de joie qui s’élancent à chaque fête, des villages aux grandes villes, traduisent cette ferveur d’un peuple souverain, fier de sa dimension unique, de ses attributs, de son originalité . Le Maroc ne s’incline devant aucune influence et ne l'a jamais fait, même aux moments les plus sombres de son existence. Il ne cherche pas à être l’ombre de quiconque et se contente de la sienne. Il avance d’un pas sûr, guidé par la sagesse des siècles et l’énergie vibrante de sa jeunesse. Comme l’avait prêché le Sultan Youssef Ben Tachfine, fondateur de l’Empire almoravide : « Celui qui n’aime pas sa patrie n’a pas de cœur. » Cette victoire est l’illustration vivante de cet attachement profond qui unit le peuple marocain par le cœur. Cette victoire, fruit d’un talent incommensurable et d’une volonté à toute épreuve, annonce le réveil d’une nation audacieuse. Le Maroc est à l’aube d’une épopée nouvelle, une ère où ses richesses culturelles et ses valeurs fondamentales se mêlent à un esprit d’innovation et de dépassement. Il ose rêver, il ose bâtir, il ose tracer un chemin qui lui est propre, celui d’un pays qui tient fermement la barre de son destin. Il fabrique à la fois des voiture et des babouches. Il équipe des avions et s'habille en Jellaba. Il n'a pas de complexes. Il est lui même et c'est tout. Face aux géants du football mondial, nos Lions de l’Atlas ont rugi avec la puissance d’un peuple uni, qui puise dans ses racines séculaires la force nécessaire pour gravir les sommets. Cette victoire illumine tout un continent, et plus encore : elle est un hymne vibrant à ce Maroc authentique, fier de son passé, confiant en son avenir. Aujourd’hui, le Maroc célèbre sa singularité, son courage, son identité. Il se réinvente. Il conquiert. Il brille. Ce triomphe est un hommage majestueux à une civilisation millénaire qui, loin de s’éteindre, resplendit à nouveau de toute sa splendeur, portée par des jeunes souriants mais fermes et déterminés. Tahar Ben Jelloun ne dit il pas que « Le Maroc est un livre aux mille pages, chacune racontant l’histoire d’un peuple debout, créatif et fier. » Aujourd’hui, ces pages s’enrichissent d’un nouveau chapitre glorieux. Allah Alwatane Al Malik est pour l’éternité dans nos cœurs et notre histoire n'est pas finie, elle continue de plus belle et s'enrichit chaque jour. Merci les lionceaux, vous avez contribué à faire de votre pays une Étoile Indomptable par Une Victoire Épique qui restera Gravée dans l’Histoire...

Le compagnonnage, une piste oubliée pour réinsérer les jeunes NEET... 226

S'il y a une situation à laquelle il faut répondre vite, très vite même, c'est celle des NEET. Ces jeunes ne vont pas s'évaporer. Au fur et à mesure qu'ils avancent en âge, leurs problèmes, et donc les nôtres, deviendront de plus en plus difficiles à apprivoiser et à contenir. Le gouvernement se doit de trouver des solutions durables pour réinsérer ces jeunes sans emploi ni formation, les fameux NEET: Not in Employment, Education or Training. Une voie ancienne pourrait s’avérer étonnamment moderne : le compagnonnage. Héritée des traditions artisanales, cette forme d’apprentissage direct, qui a fait ses preuves tout au long de notre histoire, n'a pas été abandonnée ailleurs. Dans de nombreux pays européens, l’apprentissage en atelier est un pilier de la formation professionnelle. L'idée devrait inspirer un nouveau modèle marocain d’insertion et de transmission des savoir-faire, en redonnant sens à l’apprentissage par le contact avec les métiers. Dans un passé pas si lointain cela a été le cas même pour certains métiers modernes : coiffure, mécanique et autres. Il est temps de repenser tous cela et également de regarder ce qui se passe ailleurs dans les pays où l'enfance et ses droits sont parfaitement protégés, mais où il n'est pas interdit d'apprendre un métier en atelier, bien au contraire. En Suisse ou en Allemagne, le système dit « dual » associe enseignement théorique et pratique en entreprise. Il permet aux jeunes d’acquérir une qualification reconnue tout en participant à la vie productive du pays. C'est par exemple le pilier incontournable de l'excellence suisse en horlogerie. Ce modèle d'apprentissage valorise la transmission et la rigueur du geste, et permet de maintenir vivantes des professions manuelles et artisanales, tout en réduisant le chômage des jeunes. Or, aujourd'hui, force est de constater que bon nombre de métiers traditionnels marocains sont en perte de vitesse et risquent la disparition faute de Maâlems. Le compagnonnage met au cœur de la formation la relation entre le maître et l’apprenti, la mobilité entre ateliers, ainsi que la réalisation de chefs-d’œuvres auxquels l'apprenti participe fièrement et voit se concrétiser ses efforts, dont l'appréciation du client est l'indice unique d'évaluation. Les écoles de formation professionnelle ne peuvent offrir une telle approche émotionnelle avec les métiers. Le compagnonnage valorise la patience, l’excellence et la fierté du métier : des valeurs qui résonnent avec la culture artisanale marocaine. Au Maroc, la situation est étonnamment paradoxale. Les politiques de lutte contre le travail des enfants ont permis des avancées spectaculaires certes : le nombre de mineurs travailleurs a chuté de près de 94% en vingt ans. Mais la législation, dans son zèle protecteur, ne distingue pas clairement le travail illégal de l’apprentissage encadré. Le résultat est sans équivoque, des ateliers où se transmettaient autrefois les savoirs du bois, du cuir ou du métal ferment les uns après les autres, faute de pouvoir accueillir des apprentis sans enfreindre la loi, alors que des centaines de milliers de jeunes sont abandonnés à la rue et ses risques. Cette confusion entre «exploitation» et « formation pratique » prive aujourd’hui des centaines de jeunes d’une voie d’apprentissage réelle, et fragilise un pan entier du patrimoine artisanal national. Afin de récupérer au plus vite cette force historique pour l'absorption des NEET, un cadre juridique revisité, adapté et souple est une urgence. La leçon peut encore une fois nous venir d’Europe. Les comparaisons internationales peuvent nous offrir un éclairage précieux. En Suisse, la formation professionnelle repose sur une véritable alliance entre écoles, entreprises et collectivités locales. L’apprentissage y est valorisé comme une voie d’excellence. Les jeunes ont la possibilité et la chance d'alterner cours et pratique en atelier. Ils acquièrent une solide expérience et obtiennent un certificat fédéral reconnu. Ce système assure une insertion rapide sur le marché du travail, tout en garantissant une protection claire des mineurs et une reconnaissance institutionnelle du statut d’apprenti. Le résultat de ce pragmatisme est que les métiers manuels et artisanaux y demeurent vivants et respectés. En Allemagne, le modèle dual associe également formation théorique et apprentissage en entreprise. Il permet aux jeunes d’intégrer très tôt le monde du travail avec un statut protégé et encadré. Le système est reconnu pour sa capacité à prévenir le chômage des jeunes et à maintenir un haut niveau de compétence technique, notamment dans les métiers industriels et artisanaux. Le Maroc, en revanche, peine encore à structurer cette articulation entre apprentissage et formation. L’apprentissage artisanal y reste largement informel, soumis à une législation restrictive qui tend à confondre accompagnement formatif et travail illégal. Si la protection des mineurs est globalement forte, elle demeure floue dès qu’il s’agit de formation pratique. Cela a pour conséquence une insertion inégale des jeunes selon les secteurs, alors que de nombreux métiers traditionnels pourtant créateurs de richesse, sont aujourd’hui menacés de disparition faute de relève. La philosophie directrice de la réforme nécessaire aujourd'hui, devrait être la réhabilitation du rôle du Maalem. Le Maroc dispose heureusement encre d’un atout inestimable : son réseau d’artisans maîtres, ou Maâlems, gardiens de traditions séculaires dans la ferronnerie, la bijouterie, la menuiserie ou la poterie. Redonner une place légale et formatrice à ces maîtres serait un premier pas vers la création d’un compagnonnage marocain, adapté aux réalités locales et tourné vers la modernité. Cela impliquerait de réformer la loi sur le travail des enfants pour distinguer l’apprentissage structurant, du travail précaire, et de créer des passerelles institutionnelles entre l’artisanat traditionnel et les programmes de formation professionnelle formelle. C'est une voie d’avenir pour les jeunes NEET et ces milliers de jeunes marocains déscolarisés. Le compagnonnage pourrait devenir une porte de sortie de la précarité, voire de la délinquance menaçante. L’apprentissage auprès d’un Maalem n’est pas un retour en arrière, mais une réinvention moderne du lien entre savoir, travail et dignité. Le Maâlems est un maitre est un éducateur, un transmetteur de valeurs fortes. Et puis n'oublions pas que c'est ainsi que Fès était une ville industrielle, que Marrakech a gardé une authenticité qui lui donne son cachet particulier, que Ouarzazate est Ouarzazate ou que Chefchaouen soit Chefchaouen. Encadré par l’État, reconnu par les institutions et soutenu par des incitations locales, ce modèle pourrait contribuer à redonner espoir à une jeunesse en quête de sens, tout en préservant les métiers patrimoniaux qui font la richesse culturelle du Maroc, ce qui le distingue et ce qui fait sa force. En chaque apprenti, germe un bon citoyen, en chaque apprenti dort une PME.

Réformer, oui. Imiter, non. Le Maroc face au leurre parlementaire... 323

Partout où il a été adopté, le modèle parlementaire montre ses limites. En Europe, les crises politiques répétées et les gouvernements éphémères se multiplient, nourrissant le désenchantement citoyen. En Israël, la succession d’élections en un laps de temps restreint illustre une instabilité chronique. En Grande-Bretagne, la saga du Brexit a révélé les failles d’un système tiraillé entre légitimité électorale et fragmentation politique. Partout, la logique des coalitions fragiles et des compromis de circonstance a transformé le parlementarisme en machine à divisions et en vecteur de populisme. Là où le parlement se fragmente, c'est la crise assurée: la France est entrain de l'expérimenter amèrement. Et pourtant c'est quand le parlementarisme s’essouffle que certains interrogent l'équilibre institutionnel du pays, l'évoquant de manière anachronique en tant que modèle adéquat ! Ce constat suscite un débat récurrent; Certains milieux, séduits par un idéal importé, proposent de « parlementariser » davantage le système politique, voire de réduire encore plus le rôle institutionnel du Souverain. Une proposition affriolente en apparence, mais dangereusement déconnectée des réalités nationales, historiques, sociologiques et profondément politiques; L'équilibre institutionnel au Maroc s'étant forgé par l’histoire en cohérence avec la géographie et les données démographiques. Le Maroc n'est pas un pays comme les autres et son peuple encore moins. C'est un Etat nation d'un particularisme qui se distingue beaucoup parmi d’autres particularismes dans la région et au-delà. Depuis la Constitution de 2011, le pays avance sur une trajectoire singulière : celle d’une monarchie constitutionnelle équilibrée, conjuguant stabilité de l’État et pluralisme politique réel. Cette articulation subtile entre la légitimité historique du Trône et la légitimité démocratique des autres institutions a permis au pays d’éviter les turbulences qui ont frappé plusieurs États de la région et dont les conséquences ont été désastreuses, faut il le mentionner. Le souverain, dans ce cadre, ne se présente pas comme un acteur partisan, mais comme un arbitre institutionnel garant de la cohésion nationale et de la continuité des réformes ambitieuses entreprises. Sans cette autorité morale et politique d'une grande subtilité, le pays risquerait de sombrer dans les mêmes blocages que connaissent d’autres régimes parlementaires fracturés par les querelles d’appareils et les ambitions personnelles. Déplacer le débat autour des insuffisances et imperfections vers se sujet là, c'est s'éloigner dangereusement du véritable enjeu : revitaliser et assainir la vie politique. Les appels à un transfert accru de prérogatives vers le Parlement passent souvent à côté du vrai problème : la faiblesse du corps partisan. Le mal du système politique marocain ne vient pas d’un excès d’autorité monarchique, mais d’un déficit de crédibilité des autres acteurs politiques. La monarchie n’a jamais empêché les partis de se montrer compétents, cohérents ou audacieux. Trop souvent, ceux-ci ont préféré la rhétorique à l’action, abandonnant le terrain et la responsabilité. Le défi réside donc moins dans l’affaiblissement du pouvoir royal que dans la moralisation de la vie publique, la valorisation du contrôle parlementaire et l’exigence de compétence chez les élus. La démocratie ne se mesure pas uniquement à la répartition formelle des pouvoirs, mais à la qualité de leur exercice et à l'impact sur la vie de tous les jours et sur le cours de l'histoire. Depuis l’indépendance, la force du Maroc tient à une constante immuable : réformer sans rupture, moderniser sans renier ses fondements. Ce modèle, parfois critiqué au nom d’un idéalisme importé et d'une idéologie aujourd'hui effondrée après avoir causé bien des malheurs, demeure l’un des rares à concilier stabilité, ouverture et ambition. Céder au mimétisme institutionnel serait une erreur stratégique dans un contexte mondial où même les grandes démocraties doutent de leurs propres mécanismes. Le peuple marocain dans sa majorité le sait. Il en est même profondément convaincu. Il va même jusqu'à réclamer que tous le pouvoir soit concentré entre les mains du Roi; une façon de dire haut et fort son ras le bol du fonctionnement des institutions qu'il a lui même élues. Quel paradoxe que de voter pour des gens et d'en appeler au Roi pour nous en débarrasser! Etonnant, non? C'est tous le particularisme de cette nation. Le Maroc n’a pas besoin d’un changement de régime, mais d’un sursaut politique et moral. La monarchie, garante de la continuité, n’est pas un frein à la démocratie marocaine : elle en est la colonne vertébrale. S'unir autour, est la singularité de ce pays qui a su traverser l'histoire, fidèle à lui même. Ce modèle est unique et fait des envieux de tout genre. Comme le rappelait Hassan II, la démocratie n’a pas une seule définition. Chaque peuple doit inventer la sienne. Cette leçon reste d’une actualité saisissante : le Maroc poursuivra sa voie propre, celle d’un équilibre réfléchi entre autorité et participation, tradition et modernité, un équilibre qui fait sa force et fonde sa stabilité. Le Maroc avance, et même à grands pas. Quant aux aventuriers et apprentis sorciers de la politique: prisonniers de leurs contradictions, de leurs illusions et de leurs échecs, ils finiront par s’échouer sur les rives de l’histoire. Ils avancent masqués derrière des slogans porteurs: le communiste devient soudain un ardent défenseur des droits humains et l'islamiste se découvre une vocation démocratique. Ils oublient simplement que l'histoire les a déjà jugé et que les modèles ne manquent pas et les marocains le savent. Ils ne sont pas dupes. Il n'est pas question ici de ceux qui ont déjà fait leur mea culpa et se sont repentis bien évidemment, mais de tous les autres.

Citoyens exigeants, citoyens oublieux : l’autre crise de notre société... 336

Le citoyen face à lui-même : entre exigences et oublis Dans beaucoup de sociétés contemporaines et sans doute aucun dans la notre aussi, une étrange tendance se renforce : celle du citoyen qui exige tout de l’État, mais oublie de se demander ce qu’il lui donne en retour. Cette posture de dédouanement collectif, où les responsabilités se dissolvent dans la critique, nourrit une citoyenneté passive, souvent indignée mais rarement engagée. On reproche beaucoup de choses aux gouvernants en oubliant que c'est nous même qui avons voté pour eux et que ne pas voter est en fait un vote pour les majorités qui se forgent. Quand quelque chose ne va pas: chômage, insécurité, éducation, santé, la première réaction est souvent d’accuser l’État. On réclame davantage de prestations, plus de justice, plus de transparence. C’est légitime. Mais dans cette revendication, il est rare que chacun s’interroge sur son propre rôle : payons-nous nos impôts correctement ? Respectons-nous les lois ? Participons-nous réellement à la vie civique ou préférons-nous laisser les « autres » faire ? Un pays ne se construit pas seulement par les décisions de ceux qui gouvernent, mais par la participation consciente de ses citoyens. Le discours public met souvent l’accent sur les droits : droit à la santé, à l’éducation, au travail, à la liberté d’expression. Mais les devoirs: civils, moraux et économiques sont fréquemment oubliés. Or, revendiquer un droit sans remplir un devoir, c’est fragiliser le contrat social. L’incivisme du quotidien par exemple jeter ses déchets n’importe où, tricher sur ses impôts, contourner les règles, mine autant une société que les grandes défaillances politiques qu’on dénonce. Les droits ne se gagnent pas sans accomplissement des devoirs. Beaucoup dénoncent la corruption comme si elle venait d’en haut, comme une pluie sale tombée sur des citoyens innocents. Mais la vérité est plus dérangeante : le corrupteur et le corrompu se confondent souvent dans la même personne. Le commerçant qui fraude, l’automobiliste qui glisse un billet pour éviter une amende, le parent qui cherche un passe-droit pour son enfant: tous participent à ce même mal. Accuser le « système » sans se reconnaître comme maillon de ce système, c’est refuser de grandir. La corruption est intériorisée et ne dérange que quand on en est la victime ou quand il faut manifester se délectant du goût du populisme et du nihilisme . On se laisse paisiblement, passivement séduire par les discours simplistes des populistes. Ces derniers jouent sur la colère, la frustration et la peur. Ils fournissent des coupables tout faits : les élites, les étrangers, les institutions. Mais très peu d’auditeurs prennent le temps d’analyser, de vérifier, de raisonner. Le populisme plaît parce qu’il soulage : il transforme la réflexion en émotion. Le nihilisme, quant à lui, propose un plaisir encore plus dangereux : celui de la désespérance. Croire que tout est perdu, que tout est mensonge, que rien n’a de sens, c’est refuser l’effort de penser le réel et de participer au changement. Beaucoup ont la mémoire courte et ne voient pas les progrès réalisés, souvent parce qu’ils ne prennent pas la peine de comparer. Les générations précédentes ont connu la misère, l’absence d’école, les soins rudimentaires, la précarité permanente. Aujourd’hui, malgré les difficultés, le confort matériel, les infrastructures et les libertés sont sans commune mesure. Regarder en arrière n’est pas de la complaisance : c’est un devoir de lucidité pour mesurer le chemin parcouru. L’ère est à la contestation sans information. Notre époque est marquée par une hyper-réactivité. On conteste avant de comprendre, on commente avant de savoir. Les réseaux sociaux amplifient cette impulsion : on s’indigne plus vite qu’on ne s’informe. Mais une opinion qui ne se fonde pas sur la connaissance devient un bruit, Une nuisance et non une contribution. La critique, pour être légitime, doit être éclairée, étayée, vérifiée. Un citoyen responsable ne se contente pas de réclamer. Il agit, s’informe, s’engage et reconnaît les progrès comme les erreurs. C’est seulement à cette condition qu’une nation peut évoluer sans sombrer dans la plainte stérile. John F. Kennedy n'avait il pas dit dans son discours d'investiture le 20 janvier 1961 sa phrase célèbre, devenue une signature autant personnelles que politique: « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Cette citation avait pour but d'inciter l'Américain à se demander avant tout ce qu'il peut apporter à son pays, et non l'inverse. La phrase souligne le devoir civique et la responsabilité personnelle dans le cadre de la nation et est parfaitement transposable chez nous par les temps qui courent. Il parait que John Kennedy c'était en fait inspiré d'une phrase plus ancienne exprimée par un principal d'école, dans son enfance, et qui aurait dit à propos d'une école qui s'appelait alma mater: « The youth who loves his alma mater will always ask not 'What can she do for me?' but 'What can I do for her?' » Kennedy aurait remplacé « alma mater » par « pays » pour en faire cette maxime patriotique. A ce demander combien de directeur d'école sont capables d'un tel niveau de réflexion et d'engagement pour inspirer notre jeunesse et lui faire prendre conscience de ses devoirs avant de leur parler de leur droits. Aujourd'hui si le besoin est de formuler un pacte social nouveau pour nous retrouver tous autour du même objectif d'aller de l'avant et de rendre encore plus fort notre pays, il convient aussi de nous atteler à reformuler un pacte patriotique comme cela avait été le cas à notre indépendance ou après la glorieuse marche verte, en nous remémorant à chaque instant, à chacun de souffles, notre devise Dieu, la Patrie, Le Roi. C'est ainsi que toutes nos revendications seront entendues, que nos droits vont se réaliser, que le corruption va disparaitre et que la paix sociale sera à jamais installée.

Et si la fiscalité devenait la clé de nos solutions face à la colère des jeunes au Maroc ? 353

Fin septembre 2025, de nombreux jeunes Marocains ont manifesté partout pour réclamer justice sociale, réformes éducatives, un meilleur accès aux soins, et la lutte contre la corruption. Ce mouvement inédit, porté par la Génération Z à travers le collectif GenZ 212, a exprimé un profond mal-être face à la précarité, au chômage élevé atteignant quelque 35% chez les 15-24 ans, et à un sentiment d’injustice sociale avec les millions de NEET. Cela était prévisible : les récents taux d'inflation, la dégradation du pouvoir d'achat quasi généralisé, la pression sur les marchands ambulants qu'on a décidé d'éradiquer du jour au lendemain, certains aménagements décidés à la va-vite et mis en lien avec la CAN et la Coupe du Monde ne pouvaient pas rester sans réaction de la population, et ce sont les jeunes qui l'ont portée. Des projets qui devaient nous réunir nous ont en fait divisé. Face à cette mobilisation, tous attendions attentivement le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI le vendredi 10 octobre à l'ouverture constitutionnelle de la session parlementaire. Ce fut le dernier discours devant ces parlementaires là. Le prochain devant le parlement sera prononcé devant d'autres parlementaires de notre choix aussi...Tous étions suspendus aux mots, au ton de la parole du Souverain, à sa gestuelle. La sérénité paternelle du souverain allait, dès les premiers instants de son apparition, nous rassurer. Dans un continuum parfait avec le discours du Trône, le souverain a insisté sur la responsabilité et le dialogue au sein des institutions. Il a souligné l’importance de l'Unité, de la stabilité, de la transparence et de la justice sociale, et rappelé la nécessité de réformes urgentes autant dans la perception que structurelles, pour bâtir un Maroc uni et prospère. La ligne est tracée et le cap précisé : le Maroc doit devenir émergent et atteindre les 300 milliards USD de PIB au plus vite, en en faisant profiter l'ensemble de la population et des régions du pays. La colère est perçue intelligemment avec sérénité, et une réponse claire : sur la base des grands acquis, le Maroc entreprend une nouvelle ère dans son développement, une ère plus inclusive qui s'appuie sur les spécificités et les atouts de chaque terroir. Le discours invite en fait à un pacte patriotique avec l'engagement de toutes et de tous. Un pacte ou les projets ne se télescopent pas mais se complètent au profit des populations. La session parlementaire est donc ainsi lancée et va s'attaquer au projet de loi de finances, et c'est la responsabilité des élus que d'en débattre. Dans le contexte actuel et pour répondre aux orientations royales, les députés comme le gouvernement devront sortir des sentiers battus et débattre dans un esprit constructif, certes partisan, mais dans l'intérêt de la nation entière. Dans ce contexte, la fiscalité peut devenir un outil plus efficace et mieux adapté à la période que nous traversons et à chacune des régions. Elle ne doit plus être perçue ou ressentie comme un fardeau ou un simple outil de prélèvement, mais comme un levier stratégique capable d'accompagner les solutions économiques et sociales. Trop souvent réduite à la collecte des impôts pour financer la dépense publique, elle peut et doit devenir un moteur de croissance, d’investissement et d’emploi, en particulier pour répondre aux attentes des jeunes. Elle doit devenir un levier de développement et d’équité. Il va falloir entre autres remettre en question la réforme fiscale progressive entre 2023 et 2026 qui fait débat d'ailleurs, notamment avec la montée du taux d’impôt sur les sociétés (IS) pour les petites et moyennes entreprises (PME). Pour les PME dont le bénéfice net fiscal est inférieur ou égal à 300 000 dirhams, le taux d’IS est passé de 12,5% en 2023 à 17,5% en 2025, et atteindra 20% en 2026. Cette réforme avait pour but d'ajuster la fiscalité tout en stimulant la croissance économique, mais elle soulève des interrogations sur l’impact réel pour les PME et leur capacité à investir et créer des emplois essentiels à la jeunesse marocaine. Force est d'insister sur le fait que ce sont les PME qui créent le plus d'emplois au Maroc, juste après le secteur informel. Le gouvernement qui voulait créer des emplois a bloqué cette dynamique, entre autres par cette réforme mal venue. Au contraire, les PME qui emploient le plus devraient bénéficier d'abattements fiscaux importants pour les aider à grandir. À l’international, plusieurs pays montrent qu’une fiscalité allégée favorise la compétitivité et attire les investissements, comme l’Irlande avec un taux d’IS généralisé à 12,5%. Le cadre fiscal marocain se doit d'être réadapté pour stimuler la croissance et renforcer la justice sociale, tout en assurant des recettes publiques suffisantes. Le défi au Maroc est d’adopter une fiscalité qui soutienne la relance économique tout en répondant aux aspirations de la jeunesse pour plus d’équité. Cela demande un engagement conjoint du gouvernement et du parlement, pour concevoir une politique fiscale transparente, juste et adaptée à la réalité des PME, des entrepreneurs informels et des jeunes travailleurs. Une fiscalité qui laisse le maximum de pouvoir d'achat aux citoyens stimulant ainsi le véritable moteur de la croissance: la demande intérieure. Une TVA à 20% ne le fait pas. Intégrer les activités informelles par une fiscalité adaptée à leur taille permettrait de valoriser ces acteurs comme de véritables entrepreneurs en devenir, contribuant ainsi à la formalisation de l’économie sans écraser leurs capacités. Un marchand ambulant est en fait un porteur de projet de PME. Combien de success stories se sont forgées à partir d'une activité précaire ? Certes, il faut organiser tout cela et mettre des normes, mais en quoi un jeune qui se lance dans un petit commerce nous dérange-t-il ? L'espace appartient à tous, y compris aux jeunes qui se lancent à leur compte sans embêter personne. Les interdire c'est en faire des revanchards aigris, prêts à tous, alors qu'on est incapable de leur proposer de palliatif. En cette période de tensions sociales et d’espoirs pour un Maroc meilleur, la fiscalité peut devenir un puissant levier de transformation économique. Elle doit être repensée non pas comme un frein, mais comme un outil d’émancipation collective. Les députés et les ministres devraient lire Ibn Khaldoun à ce sujet. Faire de la fiscalité un facteur de redistribution par la prospérité, au service des citoyens et notamment de la jeunesse, est une voie à explorer pour bâtir un Maroc plus juste, plus solide, et capable de relever les défis de demain. Par ailleurs, valoriser les réussites nationales dans tous les domaines, de l’entrepreneuriat au sport en passant par la culture, est essentiel pour nourrir la fierté et l’ambition des jeunes Marocains. Les réussites exemplaires de nos compatriotes devraient être obligatoirement enseignées à l'école pour susciter la curiosité, l'admiration et servir d'exemple par le travail et la novation.

Sa Majesté le Roi Mohammed VI: Un style ancré dans la responsabilité, la justice et le développement pour tous 379

Fidèle à la ligne et à la logique qu’il a instaurées depuis le premier jour de son règne, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a encore une fois confirmé son style. « Le style, c’est l’homme même », disait Buffon dans son célèbre discours à l’Académie française en 1753. Par cette formule, Buffon voulait dire que le style reflète la personnalité, la pensée et la sensibilité de celui qui écrit ou parle. Autrement dit, la manière d’exprimer les idées vaut autant que les idées elles-mêmes, car elle trahit, au sens noble, ce qu’est réellement l’homme : son caractère, sa rigueur, son goût, son intelligence. Cette réflexion m’est venue dès les premiers pas de Sa Majesté à sa descente de voiture. Le pas est ferme et la démarche sereine. Il se dirige vers ce qui représente un symbole fort du Maroc moderne : le Parlement. Là où se retrouvent une fois par an l'institution royale, les représentants élus par le peuple et le gouvernement. Une réunion annuelle comme un symbole fort du fonctionnement et de la solidité du pays, tel que le voulurent les Marocains en 2011. Toutes les forces vives du pays sont là. Sa Majesté salue les présents tout en blanc, symbole de pureté. Ils scrutent sa gestuelle et sont suspendus à ses lèvres, le souffle bas ou haletant. Le temps est grave. Les yeux se baissent. Les oreilles tentent de capter. Les esprits sont concentrés. Dès les premiers mots prononcés, la maxime de Buffon est inversée : « L’homme, c’est le style ». L’aphorisme ouvre un autre champ d’interprétation, plus moderne peut-être : le style façonne aussi l’homme par l’éducation, la culture, l’élégance du langage et de la tenue. C’est cela qui s’offrait ainsi à nous. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a une conviction cardinale : les institutions. Tout doit se passer dans les institutions et n’arriver que par les institutions. En ce 10 octobre, il a rappelé cela sans ambiguïté et sans tournure de phrase. Les mots sont finement choisis, mais la parole est directe. Cinq mots clés vont raisonner sous la belle coupole. Ils tourbillonneront autour des têtes de nos vaillants députés et ministres pendant toute une législature. : 1. Responsabilité : Sa Majesté le Roi a insisté sur le sérieux et le sens du devoir des parlementaires et du gouvernement dans la dernière année législative, soulignant la nécessité d’agir avec intégrité et efficacité au service de la patrie. 2. Justice sociale : Une priorité réaffirmée pour combattre les inégalités et garantir des conditions de vie équitables pour tous les Marocains, en cohérence avec les projets économiques nationaux. 3. Réformes : L’appel à achever et accélérer les réformes structurelles en cours afin de consolider les acquis démocratiques et socio-économiques du Royaume. C’est un message clé du discours. 4. Unité : Le Souverain a lancé un appel à l’unité et à la mobilisation de toutes les énergies pour défendre l’intérêt supérieur de la Nation et renforcer la cohésion sociale. 5. Transparence : La promotion de la transparence et de la communication citoyenne autour des initiatives publiques est mise en avant comme un facteur clé pour la confiance et la bonne gouvernance. Le discours royal du 10 octobre 2025, prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI devant le Parlement marocain, a marqué un tournant porteur d’espoir et d’engagement pour la dernière année législative. Le Souverain a rappelé avec force l'importance du « sérieux et du sens du devoir pour les représentants de la Nation », appelant à « achever les réformes en cours, à accélérer l’exécution des projets, et à rester vigilants dans la défense des causes citoyennes, tout en gardant comme priorité l’intérêt général ». L’un des éléments clés du discours est la mise en avant de la cohérence incontournable entre les ambitions économiques et les programmes sociaux. Le Souverain a souligné qu’il ne pouvait y avoir de contradiction entre ces deux dimensions fondamentales, qui doivent impérativement « converger pour améliorer les conditions de vie de tous les Marocains et garantir un développement territorial équilibré ». Cette vision souligne l’engagement royal à construire un Maroc où croissance économique rime avec justice sociale. Sa Majesté a également insisté sur la nécessité d’une justice territoriale accrue, en appelant à des politiques intégrées ciblant les régions les plus fragiles, telles que les zones montagneuses, les oasis, ou encore les centres ruraux en expansion. Cette approche vise à « faciliter l’accès aux services et dynamiser le développement local », tout en soulignant « l’importance de la gestion durable des littoraux », rappelant ici une dimension écologique et la probable menace des industries. Ces mesures traduisent une volonté forte d'équité et de solidarité territoriale. Dans un esprit d’unité, le Souverain a lancé un vibrant appel à la mobilisation de tous les acteurs, exhortant députés et institutions à « mobiliser toutes leurs énergies dans l’intérêt supérieur de la Nation » et à promouvoir « la transparence et la communication citoyenne autour des initiatives publiques ». Face aux défis, cette unité est présentée comme une force nécessaire pour accompagner les réformes et assurer le progrès durable du pays. Le discours s’inscrit dans une logique positive de continuité institutionnelle, de rigueur et d’ambition collective, faisant du Maroc un pays « plus équitable, moderne et solidaire ». Malgré un contexte national marqué par des mouvements sociaux, le message royal reste concentré sur le dialogue constructif, la lutte contre les inégalités et la confiance dans les institutions. Ce discours est ainsi une feuille de route claire pour un Maroc qui avance avec responsabilité et justice, animé par une vision ambitieuse pour un avenir partagé par tous. Il confirme le style d'un monarque adulé par un peuple conscient que tout doit se passer au sein des institutions, en conformité avec la constitution voulue par la volonté du peuple en 2011. Fidèle à ses convictions et à sa mission suprême de commandeur des croyants, il rappelle : « Quiconque fait le poids d’un atome de bien le verra, et quiconque fait le poids d’un atome de mal le verra. » (Sourate Az-Zalzala, versets 7 et 8). Az-Zalzala veut dire « le grand tremblement ». Ces versets expriment que rien n’échappe à la justice divine : chaque acte, même minuscule, sera pris en compte au Jour du Jugement. Le choix du Souverain n’est pas fortuit. La fermeté est là. Ne fait-il pas ici une extrapolation, au-delà de la circonstance, dans le cadre le plus solennel qui soit, pour rappeler à tous l'impérative reddition des comptes et la fermeté qui attend les corrompus et les déviants ? Ce furent là les derniers mots de Sa Majesté devant ce parlement, avant de conclure, et c’est lourd, très lourd de sens. Le Monarque parle peut mais dit tout clairement sereinement. C'est son style.

Marcher pieds nus : l’urgence d’un réveil politique au Maroc... 380

Le contexte marocain actuel est d’une intensité particulière, mais pas exceptionnelle. Le Maroc en a connu d'autres. Les manifestations qui secouent plusieurs villes du Royaume, portées notamment par le collectif **GenZ 212**, ne sont pas un simple mouvement d’humeur. Elles traduisent une **colère sociale profonde**, multiforme et longtemps contenue. Inspirées sans doute par les mobilisations de jeunesse observées ailleurs, ces protestations s’enracinent dans une réalité bien marocaine : celle d’un peuple jeune, connecté, éduqué, mais désenchanté face à un système qu'il pense ne répondre plus à ses attentes. Il exprime une colère multiple et légitime sans doute aucun, au nom de toutes les générations. Les revendications s’articulent autour de thèmes récurrents mais désormais explosifs: la **lutte contre la corruption**, la **dégradation de certains services publics du quotidien: école, santé**, la **crise du chômage des jeunes diplômés**, et les **inégalités sociales** qui se creusent dangereusement. À cela s’ajoute une critique frontale des **priorités économiques du gouvernement**. Cette jeunesse, qui ne se reconnaît plus dans les discours officiels, exprime une exigence nouvelle : celle d’un **État plus juste, plus transparent, plus proche**. Elle réclame de la cohérence entre la parole politique et l’action publique. Ce n’est pas une génération dépolitisée, comme certains voudraient le croire, mais une génération qui rejette les faux-semblants et les réponses technocratiques. Elle découvre la pratique de la politique par internet sans forcément y penser. Elle parle le langage du quotidien : celui du prix du poulet, des soins, du transport, et non celui des taux d’inflation ou des indices macroéconomiques. Elle s'exprime en click, en"avatars", "emojis" ou "stickers". Elle écrit Darija en lettres latines et chiffres. Elle s'informe vite, répond instantanément et succinctement. Elle n'aime pas les discours longs qu'elle trouve fastidieux. Elle vit dans un monde globalisé mais revendique sa spécificité marocaine et en est fière. Quand un citoyen se plaint du **prix des tomates**, ce n’est pas une courbe d’indicateur ou une note du FMI qui va le rassurer. Il parle en dirhams, pas en pourcentages. Alors que faut il sinon que les décideurs se mettent à marcher de temps en temps pieds nus. Marcher pieds nus c'est le retour à la réalité. C'est ressentir le pays. Dans ce climat de tension, la **métaphore de feu Hassan II** qui invitait les architectes à «marcher pieds nus pour ressentir le pays» prend une résonance saisissante. Jadis prononcée pour rappeler l’importance de comprendre l’âme du Maroc avant de construire, elle devient aujourd’hui un **impératif politique**. Marcher pieds nus, c’est **descendre de son piédestal**, quitter les bureaux climatisés, abandonner les powerpoints et les slogans pour **écouter le terrain**. C’est accepter de sentir la poussière des routes rurales, d’entendre les cris des hôpitaux saturés, de partager le désarroi des enseignants, ou la solitude des jeunes sans emploi. Ils doivent comprendre ce que veut dire le **Maroc à deux vitesses**, dénoncé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI lui-même. Une partie du pays vit dans la modernité, connectée, optimiste, visible dans les projets d’infrastructures et les forums internationaux. L’autre, majoritaire, se débat dans la précarité ou l'angoisse de la pauvreté, l’oubli, l’injustice. Entre les deux, le fossé se creuse. Et c’est précisément ce fossé que les manifestations actuelles mettent à nu. Voilà quelques années naissait l'espoir d'un nouveau modèle de développement, demandé par Sa Majesté le Roi lui même. Qu'en est il aujourd'hui. Il est où se modèle et ses recommandations? Le **Nouveau Modèle de Développement (NMD)**, tant vanté lors de son lancement, semble aujourd’hui s’être perdu dans les méandres de la bureaucratie et de la communication. Ses ambitions étaient grandes : réduire les inégalités, renforcer la cohésion sociale, encourager l’initiative. Mais sur le terrain, les Marocains n’en voient guère les fruits. Il a tout simplement été oublié. L’impression qui domine est celle d’un **décalage croissant entre les promesses et la réalité**, entre les discours triomphalistes et la vie quotidienne des citoyens. Ce désenchantement n’est pas qu’économique, il est aussi moral : c’est la confiance qui s’effrite, la parole publique qui perd son sens. La jeunesse a de tout temps été la boussole morale des peuples. Elle dit haut ce que les autres pensent tout bas. La **mobilisation de la jeunesse** agit comme un électrochoc salutaire. Le mouvement n’est pas monolithique : il réunit des étudiants, des chômeurs, des jeunes actifs, des artistes, des enseignants. Mais tous partagent un sentiment commun: celui d’avoir été **mis à l’écart** d’un système politique et économique qui ne leur offre plus de perspectives. Cette jeunesse n’attaque pas son pays, elle veut le sauver d’une dérive qui le menace. Elle réclame **justice sociale, dignité, et respect**. Elle ne veut pas seulement qu’on parle d’elle, mais qu’on parle avec elle. C’est un **appel à la refondation du lien social et politique**, à une écoute véritable et non feinte. La plus grande erreur que pourraient commettre les responsables serait de **sous-estimer cette colère**, ou pire, de la mépriser. Dans un monde où les frustrations s’expriment en ligne avant de descendre dans la rue, ignorer la voix des jeunes, c’est préparer les conditions d’une crise plus grave. L'urgence est de retrouver l’esprit de ce pays millénaire. Marcher pieds nus, aujourd’hui, c’est **revenir à l’essentiel** : * aller dans les écoles de villages où les enfants manquent de tout, * visiter les hôpitaux où certains médecins font des miracles avec rien mais où d'autres sont absents ou se reposent après avoir intervenu ailleurs, * écouter les mères qui nourrissent difficilement leurs familles, * comprendre les jeunes qui refusent de vivre dans l’attente d’un miracle administratif. Un pays ne se gouverne pas à coups de slides PowerPoint, de rapports commandés à des cabinets étrangers, ni de promesses formatées pour les réseaux sociaux. Il se dirige **avec la conscience du réel, le sens du peuple, et la volonté de corriger ce qui blesse**. Le Maroc a souvent prouvé sa capacité à surmonter les crises en se réinventant. Aujourd’hui encore, il a les ressources humaines, culturelles et institutionnelles pour le faire. Mais cela suppose un **changement de regard**, une **réconciliation avec la vérité du terrain**, et une **humilité politique retrouvée**. Marcher pieds nus, c’est renouer avec le Maroc profond, celui qui souffre, mais aussi celui qui espère. Marcher pieds nus c'est aussi dire aux citoyens ses quatre vérités quand il faute, quand il est lui même la cause de son malheur. Marcher pieds nus c'est pousser les jeunes au travail et à l'innovation. C’est à cette condition seulement que la paix sociale, la cohésion nationale et l’avenir du pays pourront être garantis.

La lettre de la GenZ212 : une quête de reconnaissance et de protection royale. 435

Loin de moi l'idée de donner écho à la soi-disant lettre adressée par un collectif se disant représenter la GenZ212, mais il est nécessaire de reconnaître que celle-ci mérite une lecture critique et une analyse permettant d’en comprendre le contenu, tant explicite qu’implicite. **Au plan psychologique**, le recours à "l’expression d’un besoin de reconnaissance" est manifeste : le fait même d’écrire directement à Sa Majesté le Roi traduit une recherche de validation symbolique. Les auteurs cherchent en effet à se sentir entendus et à exister dans l’espace public. Le recours à un **langage de frustration** dans leurs doléances exprime une charge émotionnelle, mêlant désillusion face aux difficultés économiques, sociales et identitaires, et aspiration à un avenir meilleur. La lettre révèle une **tension entre idéal et réalité**, illustrant un clivage psychologique typique de cette génération : un haut niveau d’ambition et d’exigence, mais aussi une fragilité et un sentiment d’impuissance face aux blocages structurels. On peut y voir une *projection sur la figure paternelle* : Sa Majesté le Roi est perçu comme l’arbitre ultime, le recours suprême, témoignant d’une demande implicite de protection et de réparation, que les institutions intermédiaires n’ont pas su apporter. **Au plan sociologique**, il s’agit d’une génération en quête d’**identité collective** : le nom même *GENZ212* (212, code téléphonique du Maroc) traduit une revendication d’identification en tant que groupe, et non plus seulement comme individus isolés. Cela illustre une conscience générationnelle émergente dans un contexte de **défiance envers les structures établies**. La lettre laisse transparaître une critique de l’État, des partis politiques, des syndicats et des institutions traditionnelles, jugés déconnectés des réalités de la jeunesse. Cette jeunesse évolue dans un monde différent de celui des générations précédentes, recourant à *l’usage du numérique comme levier*. La préférence pour les canaux directs (réseaux sociaux, pétitions, lettres publiques) plutôt que la médiation classique, révèle une transformation sociologique des modes d’action collective, avec en toile de fond les **inégalités sociales et territoriales**. Le contenu des doléances met probablement en lumière les fractures en matière d’éducation, d’emploi, de logement, de mobilité sociale, d’accès à la culture et à la santé. Ces thèmes témoignent d’une société où la jeunesse ressent un blocage de l’ascenseur social. En cela elle rejoint le sentiment général et malheureusement la non perception de tous les progrès réalisés. **Au plan politique**, la lettre constitue un *acte de contestation symbolique*. L’adresser directement à Sa Majesté le Roi peut être perçu comme une critique implicite de la gouvernance et des corps intermédiaires, contournant ainsi les canaux politiques classiques. Il s’agit d’un *dilemme de la légitimité* : la GENZ212 ne parle pas au nom de l’ensemble de la jeunesse marocaine, mais se proclame représentative, soulevant la question de la représentativité et d’une possible récupération politique. C’est probablement un *signal pour les décideurs* : si les canaux de dialogue institutionnel restent fermés, la jeunesse risque de se détourner durablement des institutions et de radicaliser son discours. Le point positif est un véritable *pari sur l’avenir*. En se tournant vers Sa Majesté le Roi, elle place sa confiance dans l’autorité royale pour impulser une réforme structurelle, signe à la fois de loyauté et de constat d’échec des médiations démocratiques. La lettre suscite par ailleurs une lecture *critique du style et du ton*. Le *style est direct mais parfois naïf*. La lettre adopte un ton franc, souvent sans filtre, caractéristique des jeunes générations habituées à l’expression spontanée sur les réseaux sociaux, blogs ou vidéos. Cela confère une certaine authenticité, mais parfois au détriment de la rigueur argumentative et de la crédibilité. Le *ton revendicatif oscille entre respect et défiance*. Le texte s’adresse à Sa Majesté le Roi avec des marques de déférence, tout en exposant des critiques franches à l’encontre de la société et de l’État. Ce double registre traduit une tension et un espoir : vouloir interpeller les responsables politiques tout en restant dans le cadre de la loyauté monarchique. L’usage d’un vocabulaire collectif (« nous, les jeunes », « notre génération », « avenir du pays ») révèle une volonté de parler au nom d’une communauté. Cependant, l’excès d’emphase donne parfois l’impression d’un discours plus émotionnel que programmatique. Le langage est symbolique et identitaire, avec une *absence de hiérarchisation des doléances*. Les revendications sont listées comme un ensemble de frustrations, sans structuration claire en priorités ni propositions concrètes. Il s’agit donc davantage d’un ton plaintif que d’une démarche stratégique. Le *style est hybride mêlant militantisme et plaidoyer*, révélant une hésitation entre le ton d’un manifeste militant contestataire et celui d’une pétition adressée à l'autorité suprême de manière solennelle et respectueuse. C'est parfaitement révélateur d'une génération qui cherche encore son registre discursif, convaincue comme ses ainés que toute amélioration ne peut advenir que dans le cadre choisi et défendu par l'ensemble de la nation . Le **style et le ton** renforcent le caractère **cri du cœur** de la lettre : sincère, émotif et collectif. Toutefois, ils souffrent d’un manque de **maturité rhétorique** (structure faible, redondances, slogans plutôt que solutions). Politiquement, les propos cherchent à toucher sur le plan symbolique et à susciter le débat public. La lettre de la **GENZ212** est donc un *acte hybride*, combinant cri de détresse psychologique, revendication sociologique et geste politique. Elle met en lumière : - un **sentiment d’exclusion et de marginalisation** chez les jeunes, - un **besoin de reconnaissance et d’écoute** directe, - une **remise en cause des corps intermédiaires**, - une **attente forte vis-à-vis de la monarchie** comme garante de justice et d’un avenir rayonnant. La lettre de la GenZ212 n'est finalement qu'une quête de reconnaissance et de recherche de protection royale. Reste à dire que le phénomène n'est pas marocain et qu'il est arrivé au Maroc par **osmose** puisque présent dans plus d'une région du monde. Ces mouvements étant souvent amplifiés par l’usage des plateformes numériques, qui transforment des frustrations isolées en mobilisations collectives, malgré des différences géographiques ou culturelles, les écarts en développement et en démocratie. Il ne faut également pas omettre de relever que la manipulation et l'impact de propos nihilistes ne sont jamais très loin.

GenZ 212 ou l'impératif nouveau pacte politique et social... 493

Dans ce Maroc qui vibre au rythme des changements, un souffle inédit traverse ses rues et ses places. Imaginons un instant le regard d’un jeune qui arpente les avenues de Rabat, le cœur gonflé d’une conviction inébranlable : celui d’un pays qui doit impérativement réécrire son destin, redéfinir sa gouvernance et surtout, offrir à sa jeunesse la place qui lui revient, celle de bâtisseurs à la hauteur de leurs rêves. Ce Maroc, jadis fier de sa Constitution de 2011, fruit d’un élan contestataire et porteur d’espoir, semble aujourd’hui enlisé dans des pratiques étouffantes, celles qui nourrissent frustration et blocages. Que de promesses inscrites dans ce texte n'ont pas été respectées, que de dispositions ont été sciemment oubliées. La jeunesse exigeante, assoiffée de justice et d’inclusion l'a ressenti et l'exprime aujourd'hui. Ils le vivent comme une fracture douloureuse. Le monde accélère d’un battement de cœur effréné, implacable, et cette fracture est partout palpable : alors que près de 30% des Marocains ont moins de 30 ans. Les décisions importantes naissent dans l’ombre, loin de leurs aspirations, entre les mains de vieilles élites qui s’accrochent au pouvoir. Une élite qui manquent d'humilité et qui vit mal que des leçons viennent des plus jeunes. La fracture est aussi au sein de la jeunesse même. Que de jeunes militants passionnés, empreints d’innovations, expriment sans détour leur rejet des récents débordements. « Nous ne voulons pas être représentés par des incapables, pas par des fauteurs de troubles ni par ceux qui salissent la cause », affirment-t-ils avec force. Mais le sentiment d’exclusion brûle dans leurs paroles : « Nous sommes l’avenir, le Maroc de demain, mais on nous relègue aux marges, nos voix restent inaudibles ». Le Parlement, les conseils régionaux, les partis politiques, autant de forteresses impénétrables, verrouillent les clés du changement. Comment alors espérer une réforme sincère ? Face à cette réalité, le rêve d’une révision profonde des choses s’élève, bien au-delà d’un simple réajustement formel. Il s’agit d’un véritable saut institutionnel, pensé pour inclure pleinement la jeunesse et les territoires délaissés. Parmi leurs propositions : la réintroduction de quotas générationnels au sein des assemblées pour garantir une représentativité tangible, l’abaissement des âges d’éligibilité pour faire souffler un vent neuf dans la sphère politique, la création d’instances consultatives où la voix des jeunes ne serait pas un simple bruit de fond, mais un levier d’action concret. Ironie du sort, le Conseil de la Jeunesse, prévu par la constitution, espace censé les fédérer, espace où il devait s'exprimer, demeure et est resté lettre morte sous trois gouvernements successifs. En fait les thèmes de la santé et de l'enseignement n'ont fait que servir de détonateur. La discussion s’est vite élargit à un autre combat : celui contre l’étouffement régional. La centralisation, vestige obstiné, asphyxie le potentiel des territoires. La régionalisation promise en 2011 n’a jamais offert l’autonomie politique et financière nécessaire pour que chaque région devienne un moteur autonome de développement. Il est probablement temps que les régions commencent véritablement à décider d'elles-mêmes de leurs chemins, gèrent leurs richesses, portent leurs projets. Que chacune s'occupe de sa santé et de son enseignement. Cela n'enlèvera rien à la grande nation marocaine au contraire. Au cœur de ces débats, la souveraineté nationale s’impose comme une exigence fondamentale. Dans ce monde fragile, traversé de crises économiques, climatiques et géopolitiques, le Maroc se doit de renforcer une légitimité forgée dans l’inclusion et la confiance. N’est-ce pas Mahdi Elmandjra qui affirmait que « un pays qui ignore le potentiel de sa jeunesse n’a pas d’avenir » ? Aujourd’hui, plus que jamais, c’est un nouveau pacte social qui doit naître : fondé sur la justice, la responsabilité partagée et une participation réelle. Cette jeunesse, animée d’une énergie inédite, a retrouvé le goût du courage. Ancrée dans son histoire, fidèle à sa monarchie, elle ose envisager un Maroc tourné vers demain. La démocratie n’y est plus un luxe abstrait, mais bien la condition sine qua non pour un développement durable et une société harmonieuse, la clé pour briser à jamais le mur d’un Maroc à deux vitesses. Ce Maroc qui s’éveille appelle une révision de ses mécanismes politiques, une opportunité cruciale pour bâtir un pays plus juste, inclusif, et surtout, un pays où les jeunes deviennent maîtres de leur destin. Ils ne se reconnaissent plus dans les modèles classiques. Ils ne vivent pas simplement sur internet, ils y fondent leurs métiers, leur monde, leur culture leur vie. Leur monde s'appelle Discord, Tiktok, Instagram. On ne fait pas qu'y rigoler, on y est exposé à tout vent. On y exprime ses joies, mais aussi ses frustrations. On y est largement exposé à toutes sortes de manipulations aussi. Il est temps pour tous d’en prendre conscience : ce mouvement est irréversible. Il est tourné vers un monde en perpétuelle mutation, à une vitesse exponentielle. Il faudra s'y faire et bien intégrer ce changement profond et comprendre que Gen Z212 est tout simplement une demande d'un nouveau pacte politique et social. Ce pendant cette même Gen Z212 ne doit pas ignorer qu'aujourd'hui on vit beaucoup mieux qu'ont vécu nos parents et encore moins nos grands parents et que tous les indices de développement du pays sont au vert, avec un repli spectaculaire de tous les indices de pauvreté. Le pays est en plein surproduction des élites et il faut des investissements, des réformes et de la dynamique économique pour les absorber. C'est ce qui se fait et c'est le rôle des politiques de l'expliquer.

Football marocain : entre passion et violence, l’heure du choix décisif... 479

La violence dans les stades marocains n'est plus un épiphénomène. Chaque saison, les affrontements entre supporters, les dégradations d’infrastructures et, parfois, des drames humains rappellent que les joutes de football, censées être une fête populaire, tournent trop souvent en champ de bataille. La violence est physique, mais pas seulement. Les chants des "supporters" peuvent également être d'une violence inouïe envers les supporters adverses et de plus en plus souvent aussi envers les institutions. Le phénomène est en constante aggravation. Les comportements dangereux, bien que trop peu nombreux, du KACM et ceux de Dkheira, récemment promus en Botola, ou encore les faits perpétrés à Mansouria l'an passé, pour ne citer que quelques exemples, montrent combien la tendance est à la généralisation, même là où l'enjeu n'est pas important. La préoccupation dépasse désormais la simple gestion ponctuelle d'incidents divers : elle exige une prise de position ferme, morale, institutionnelle et médiatique pour restaurer un climat sain et sécurisé. Les incidents relevés en marge des manifestations de ce qui est désormais appelé Génération Z, montrent combien la frontière entre la violence dans les stades et dans la rue est plus que poreuse. Il s'agit des mêmes comportements d'une jeunesse désemparée, sensible aux discours nihilistes ambiants et certainement parfaitement bien manipulable. La jonction est facile. Les adeptes de la violence n'ont aucun mal à passer à l'acte, munis de slogans creux, pensant porter la bonne parole. Les clubs et la Fédération ne sont aucunement responsables dans cette situation alarmante, mais leur silence est lourd et peut engendrer des conséquences fâcheuses pour l'ensemble du pays, hors football. Les clubs de football marocains, ainsi que la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), occupent une place centrale dans le système sportif, culturel et économique national, mais leur posture peut sembler ambiguë. Leur rôle n'est pas uniquement d'organiser des rencontres et des matchs; il s'étend bien au delà des enceintes sportives. Malgré les condamnations officielles des violences, une relation parfois tacite et passive persiste entre certains groupes radicaux de supporters et les clubs souvent impuissants, peut être inconscients de la profondeur de la problématique. Ils en deviennent souvent victimes. Leur rôle d'encadrements des fans étant loin de ce qu'il est supposé être. La ferveur spectaculaire qui remplit les stades et captive les médias certes, nourrit hélas également un engrenage de violence difficilement contrôlable. Des études montrent que les supporters violents sont souvent des jeunes issus de milieux socio-économiques modestes, principalement âgés de 18 à 34 ans. Beaucoup n'ont d'exutoire que le stade et d'identité que celle du club qu'ils supportent. Ils crée à chaque occasion une atmosphère où la passion se mêle dangereusement à la transgression. Pour une lutte crédible contre ce type de violence, une rupture claire est nécessaire : le football marocain doit se désolidariser totalement des groupes violents, en refusant tout chantage symbolique ou organisationnel. La persistance d’une complicité indirecte compromet les efforts déployés et retarde la mise en place d’une véritable politique contre Achaghab. Force est de relever aussi le rôle ambivalent des médias en particulier quand ils, jouent un rôle ambivalent. Ils couvrent abondamment les manifestations "spectaculaires" dans les tribunes: fumigènes, craquages, tifos gigantesques, chorégraphies pyrotechniques, souvent présentées comme des preuves de passion et de créativité, alors que certains de ces aspects sont interdits par les lois nationales et les règlements de la FIFA. Derrière des mises en scène festives peut se cacher une réalité beaucoup plus sombre, où violence et affrontements sont inhérents à ces pratiques. Cette glorification médiatique contribue involontairement à renforcer une "culture" devenue néfaste. Une couverture responsable devrait privilégier la valorisation du jeu, des initiatives éducatives, citoyennes, et des efforts des joueurs et entraîneurs plutôt que la mise en avant d’une spirale de violence. Ce changement d’angle médiatique est indispensable pour déconstruire le mythe que la violence appartient intrinsèquement au football, Ce n'est point vrai. Les exemples ne manquent pas. Il s'agit donc de déconstruire le mythe de la passion violente. Nombreux sont ceux qui justifient la violence dans les stades comme étant le revers inévitable de la ferveur populaire. Ce fatalisme est trompeur et dangereux. De grands championnats, à travers des politiques strictes et des investissements dans la sécurité et l’éducation sportive, ont réussi à encadrer et réduire drastiquement ces comportements. Le Maroc n’y échappera pas. Tôt ou tard il va falloir changer de cap. Mieux vaut tôt que tard. La violence est un problème social qu’il faut combattre avec détermination et non l'accepter comme une fatalité. Il ne s'agit pas de promulguer des lois, mais de les mettre en application, mais surtout de les accompagner de politiques et de programmes éducatifs et de dissuasion dans le cadre d'une responsabilité collective à assumer. La lutte contre la violence dans les stades ne peut être réduite à la seule action des forces de l’ordre. Plus on évitera de mettre face à face les jeunes et les forces de l'ordre mieux ca vaudra. Elle requiert une mobilisation collective et concertée : - Les clubs et la FRMF doivent clairement rompre avec les groupes violents et s'en désolidariser, mettant en place des sanctions strictes et des mesures pour protéger les stades. - Les médias doivent cesser la valorisation esthétique des actes violents et adopter un traitement plus sensible et éducatif du football. - L’État et les collectivités territoriales doivent investir dans l’éducation civique par le sport et offrir aux jeunes des espaces d’expression et de loisirs hors des tribunes, notamment dans les quartiers défavorisés où la frustration sociale est un facteur aggravant. - Les supporters responsables doivent être encouragés et protégés pour rééquilibrer l’image du public footballistique marocain, souvent déformée par une minorité violente. C'est là un choix sociétal déterminant. La problématique dépasse largement le cadre sportif pour toucher à la vision même de la société marocaine. Si le football est un miroir de la nation, il appartient à tous, institutions et citoyens, de décider si ce miroir doit refléter la passion, la créativité et l’unité, ou la haine, la destruction et la division. Il est grand temps que le football marocain choisisse clairement son camp, en mettant fin à toute complaisance vis-à-vis de la violence et en s’engageant résolument dans la construction d’une culture sportive et sociale pacifique, saine et constructive. Ce choix déterminera l’avenir et la grandeur de ce sport extrêmement populaire dans le Royaume. Aujourd'hui on est champion du monde.

L’ombre du nihilisme dans le discours politique marocain 570

Suite à mon article précédent paru dans l’ODJ, sur le nihilisme ambiant au Maroc et ses conséquences désastreuses, un ami m’a fait remarquer que je n’avais pas suffisamment illustré comment le langage politique pouvait nourrir et entretenir une ambiance délétère, une ambiance de malaise, voire de mal être. Je viens donc ici m’exercer à combler cette lacune en proposant un exemple concret et risquer une analyse plus approfondie. Le langage politique nihiliste a une véritable histoire au Maroc. Dans les années 1960 et 1970, une gauche marocaine subversive exploitait un vocabulaire puissant pour dénoncer ce qu’elle appelait : la « corruption », la « dictature » et l'« istibdad » (الاستبداد, « tyrannie »). Ces mots cristallisaient une profonde rupture entre l’État et une partie de la population, instaurant un climat de méfiance et de rejet. L’enrichissement personnel et l’entrepreneuriat étaient alors perçus négativement, associés à l’exploitation des travailleurs. L’enrichissement était systématiquement assimilé au vol et au détournement de fonds publics devant revenir à tous. Dans les années 1990, ce discours a été remplacé sur le terrain par celui de l’islam politique. Les islamistes ont introduit une morale religieuse « stricte » qu’ils présentent habilement comme salutaire, comme nouveau standard, dénonçant la corruption et les maux sociaux par le terme générique « alfassad » (الفساد). Ce vocable vague, mais lourd de connotations négatives, est utilisé pour condamner sans nuance toute manifestation jugée déviante au sens de la morale islamiste, installant un climat général de suspicion et de peur. Ils n’hésitent pas à convoquer des mythes invérifiables sur les comportements d’ancêtres, auxquels ils accordent toutes les vertus. En réalité, ils cherchent à se positionner comme leur réincarnation. Nombreux sont les exemples contemporains de langage nihiliste dans le discours politique marocain utilisant des expressions vagues mais à très fort impact politique et social. Le regard décrypté sur le langage politique marocain contemporain montre comment certains termes et expressions contribuent à ancrer un nihilisme destructeur. Dans le débat public actuel, ce vocabulaire persiste, alimentant le fatalisme. Par exemple, certains responsables politiques insistent sur une hypothétique faiblesse structurelle du pays en utilisant un discours centré sur la « faillite » économique, la « corruption envahissante » et un « système bloqué ». Ces expressions, sans nuance, réduisent le Maroc à un échec chronique, occultant les progrès réels et les avancées plus que palpables. On retrouve ce style dans les critiques répétées concernant les services publics de santé ou l’éducation notamment, perçus comme des «catastrophes » ou des « terrains d’échec systémique », alors que les données montrent une amélioration significative malgré les faiblesses. En fait, il n’y a pas un seul exemple dans le monde où les gens sont à 100% satisfaits d’un quelconque système de santé. Un exemple est le discours populiste islamiste des années 2010-2020, qui s’est souvent présenté comme le « sauveur » moral face à la « corruption » généralisée, utilisant la peur et la stigmatisation pour mobiliser. C'est ou "nous" ou la débâcle. Ce discours, bien qu’émotionnellement fort, a fini par exacerber la crise politique en alimentant la défiance généralisée, envers toutes les institutions politiques. Le terme « alfassad » (الفساد) était omniprésent dans ce lexique, utilisé pour qualifier tout opposant ou acteur social dans des termes négatifs non spécifiques, renforçant un sentiment d’impuissance collective. En filigrane, il allait jusqu'à désigner les institutions pour responsables. Ce langage n’est pas sans conséquences. Ce type d’usage du langage politique produit un cercle vicieux. En stigmatisant sans proposer de solutions concrètes, en calant les oppositions dans des catégories morales polarisantes, il mine la confiance des citoyens dans leurs institutions. La jeunesse se désengage désemparée, tandis que l’entrepreneuriat et l’investissement pâtissent d’un climat méfiant. Est alors arrivée la Constitution de 2011 comme point de rupture avec une époque révolue. On pouvait penser et surtout espérer que le langage allait évoluer et qu’enfin on allait aussi changer de lexique. Le parti arrivé en tête des élections en 2011 a eu dix ans de gouvernement mais n’a pu se détacher de ses réflexes anciens. Le chef de gouvernement lui-même n’est pas parvenu à se dégager d’un certain langage d’opposant. L’approche radicale consistant à réduire le Maroc à un État « en faillite », à un système « corrompu jusqu’à la moelle » ou à une société « désabusée » détourne l’attention des marges de progrès et d’innovations réelles. Cela favorise la résignation et la paralysie collectives, caractéristique majeure d’un nihilisme politique qui avance masqué, derrière un vocabulaire anxiogène. Un tel langage séduit et cristallise facilement les esprits. La sortie de la génération Z est là pour responsabiliser les hommes politiques marocains. Plutôt que d’exploiter la grogne et jouer aux héros, comme tentent de le faire certains, il convient de se comporter en hommes et femmes responsables. L’urgence est d’aller vers un autre langage politique véritablement responsable et constructif. Seule une évolution vers un discours lucide mais positif peut espérer inverser cette tendance lourde. Pour dépasser ce nihilisme, il est crucial que les élites politiques abandonnent le vocabulaire de la stigmatisation et adoptent un discours plus équilibré. Ils se doivent de reconnaître les difficultés sans annihiler l’espoir, valoriser les avancées et proposer des solutions concrètes aux insuffisances, voilà le chemin pour rétablir la confiance. Le Maroc a besoin d’un langage politique responsable, constructif et mobilisateur, capable de réconcilier la population avec l’État et de stimuler l’engagement citoyen dans le cadre constitutionnel et dans le respect des institutions. C’est cela aussi l’État de droit où chacun s’acquitte de ses responsabilités, les citoyens en tête, car finalement les institutions et les partis politiques sont aussi constitués de citoyens.