La gauche radicale espagnole, le Maroc et la question du bout de Sahara un laps de temps espagnol...
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J’avoue ici que ce sont les écrits de Si Lahcen Hadad qui m’ont poussé à m’intéresser de plus près à cette gauche espagnole, qui campe à l’opposé de la position du gouvernement de Sánchez, pourtant lui aussi de gauche. Ne lisant pas l’espagnol, je suis donc un peu moins enclin à prêter attention aux ignominies pourtant répétées de cette gauche, malade de ne pas pouvoir accéder au pouvoir, malade de son histoire avortée, malade de ce qu’elle est en fait. Alors, pour exister, elle s’est inventée une cause. Tant pis si elle n’y comprend rien, tant pis si cela nuit aux intérêts de l’Espagne, tant pis si elle dénature l’histoire, fait fi de la géographie et de la démographie, tant pis si son raisonnement, s’il en est un, est loin de toute logique, tant pis si elle ment outrageusement. L’important, c’est d’exister et de passer aux yeux du public espagnol comme la défenseuse des causes des plus démunis… Peu importe si ceux-là ont nui au peuple espagnol ; peu importe s’ils ont du sang espagnol sur les mains. Une mauvaise foi manifeste.
En Espagne, donc, une partie importante de la gauche radicale, principalement représentée par des formations telles qu’Unidas Podemos, une alliance entre Podemos, Izquierda Unida et d’autres groupes minoritaires, entretient une posture, disons critique, pour ne pas dire belliqueuse, à l’égard du Royaume du Maroc.
Ce positionnement antinomique se nourrit d’un prisme historique marqué par la mémoire coloniale, les luttes « anti-impérialistes », mais aussi par la question du Sahara appelé "Sahara espagnol" jusqu'en 1975, car ancien territoire sous domination espagnole jusqu’à la Marche Verte en 1975.
Cette gauche radicale considère le Maroc comme un acteur belliqueux et menaçant. Le débat ne se réduit pas à des différends territoriaux : il s’inscrit dans une vision idéologique où l’État marocain est souvent présenté comme un régime autoritaire et répressif, décrit comme une puissance néocoloniale. Voilà donc sur quoi repose le soutien répété à l’artificielle cause sahraouie, présenté comme un combat anti-colonial et anti-impérialiste. Le soutien au Front Polisario semble ainsi inscrit dans l’ADN de ces gauchos peu importe les évolutions.
Historiquement, plusieurs composantes de la gauche espagnole ont exprimé un soutien clair au Front Polisario, fondé en 1973, qui a pourtant été soutenu par Kadhafi, puis hébergé, nourri et armé par le régime algérien dans le but de nuire aux intérêts du Maroc. Ce soutien se manifeste sous diverses formes :
- Dépôt de motions parlementaires en défense du droit à l’autodétermination de cette seule petite partie du Sahara ;
- Participation à des forums internationaux pro-Polisario et à des réseaux associatifs le soutenant aveuglément, peu importe les rapports sur les détournements d'aides, les viols et outrance aux droits de l'homme à Tindouf ;
- Pression sur le gouvernement espagnol et sur les institutions européennes pour qu’elles reconnaissent le statut politique du Sahara, qu’ils oublient de dire anciennement occupé par leur pays, comme territoire à décoloniser, en opposition à la souveraineté pourtant historique du Maroc. Même la proposition d’autonomie, bien connue en Espagne, ne semble pas leur convenir.
Il faut cependant savoir que ce soutien s’inscrit dans un contexte de forte contestation interne en Espagne. Depuis que le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, en 2022, a exprimé son soutien au plan d’autonomie marocain, cette position radicale s’est quelque peu fracturée. Ce changement reflète une adaptation pragmatique de certains aux réalités géopolitiques, économiques et migratoires qui lient étroitement les deux pays.
Face aux défis liés à la gestion des flux migratoires à travers les enclaves occupées de Ceuta et Melilla, ainsi qu’à la coopération sécuritaire et économique avec le Royaume Marocain, le gouvernement espagnol a recentré sa diplomatie. Cela a conduit à un éloignement progressif de la gauche, mais pas de la gauche radicale, vis-à-vis du Polisario, marginalisant ainsi son influence sur la politique officielle.
Dans ce contexte, certaines voix au sein de la gauche radicale tentent encore de persuader les institutions européennes de maintenir la pression contre le Maroc, réclamant que le Sahara dit occidental reste au cœur des priorités pour régler un « conflit colonial » non résolu. Des groupes parlementaires et des ONG "pro-sahraouis" continuent de dénoncer les accords bilatéraux entre Madrid et Rabat, refusant que la question soit délaissée au profit d’une diplomatie plus «pragmatique».
Les institutions espagnoles et européennes, théâtre de ces tensions idéologiques, voient ainsi les forces radicales de gauche chercher à faire reconnaître la question du Sahara dit occidental comme une « affaire d’État ». Elles dénoncent la mainmise marocaine sur ce dossier et contestent vivement les politiques de normalisation diplomatique menées par Madrid.
Cette ligne traduit une fracture politique profonde, où l’idéalisme post-colonial et les revendications autodéterministes d’un autre temps s’opposent frontalement à un réalisme politique marqué par la recherche d’équilibres stratégiques régionaux.
Le soutien à la cause dite sahraouie n’est pas sans controverse. Des militants, commentateurs et victimes ont rappelé que le Front Polisario a, par le passé, été impliqué dans des opérations violentes dans les eaux territoriales espagnoles, causant la mort de pêcheurs espagnols.
Ces épisodes douloureux résonnent dans l’opinion publique espagnole et nourrissent une critique virulente des positions radicales qui soutiennent un mouvement au passé mêlant lutte politique et actions violentes. Cette mémoire pèse fortement dans le débat contemporain et est exploitée par des forces politiques opposées à ces positions de gauchos radicaux, notamment la droite espagnole.
La question du Sahara, territoire espagnol pendant un temps, reste un point important dans les relations entre l’Espagne et le Maroc. Cependant, les réalités politiques, économiques et sécuritaires actuelles poussent une diplomatie espagnole pragmatique, favorable à une coopération renforcée avec Rabat, marginalisant ainsi cette posture radicale sur la scène gouvernementale et internationale.
L'héritage historique est ici parfaitement exploité pour les nécessités contemporaines dans la gestion des relations ibéro-marocaines.
Aujourd’hui, après avoir consulté de nombreux articles et écrits relatant les positions de cette gauche d’un autre temps, je comprends un peu mieux le combat de Si Lahcen Hadad sur le sujet, et encore plus ses réponses cinglantes aux propos d’un certain Ignacio Cembrero, que je ne perçois plus que comme un névrosé sans relief. Merci, Si Lahcen.
Une question tout de même : pourquoi la gauche marocaine n’est-elle pas plus encline à prendre position et à dénoncer avec force la posture aliénée de leurs homologues espagnols ?
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Opération "Rising Lion" : au-delà des missiles, le choc des récits
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Une frappe... et un message codé
La récente opération militaire israélienne baptisée “Rising Lion” n’est pas une frappe comme les autres. Il s’agit bien sûr d’une offensive chirurgicale contre des infrastructures militaires et/ou nucléaires iraniennes sensibles, mais son nom et son timing en disent bien plus que ce que les communiqués officiels laissent paraître.
Ce n’était pas seulement une démonstration de force tactique : c’était un message géopolitique à haute charge symbolique. Un message adressé à l’Iran, au monde arabe, mais aussi à l’opinion internationale : Israël ne se contentera plus de contenir – il veut humilier, déconstruire, réécrire les narratifs et pourquoi pas provoquer une fracture intérieure suffisamment profonde au sein du régime iranien qu’elle mènerait au soulèvement du peuple et peut etre à la restauration du « candidat » occidental.
Un nom à double tranchant : “Rising Lion” — le lion qui se lève « ou se relève »
Pourquoi ce nom ? Rising Lion, littéralement le lion qui se lève, évoque une symbolique profonde dans l’histoire iranienne. Le lion est, depuis l’époque impériale, l’un des emblèmes les plus puissants de la Perse pré-islamique. Il figurait notamment sur le drapeau de l’Iran jusqu’à la révolution de 1979, associé au soleil et à la monarchie.
En choisissant ce nom, Israël manipule une icône nationale iranienne pour envoyer un message psychologique : le régime des mollahs n’est pas l’Iran éternel — il n’est qu’un accident de l’histoire, destiné à être effacé pour laisser place au “véritable Iran”, plus ancien, plus légitime, et selon certains calculs occidentaux… plus pro-occidental.
C’est un coup de maître sémantique : détourner le mythe national iranien pour en faire un slogan de frappe militaire. Israël ne se contente pas de frapper un site stratégique, il réécrit l’imaginaire iranien à sa manière.
Nous sommes en plein dans la guerre cognitive
L’opération “Rising Lion” s’inscrit dans une évolution profonde du conflit israélo-iranien : la guerre ne se limite plus aux missiles et aux drones — elle se joue dans les symboles, les récits et la mémoire nationale.
Le nom même de l’opération est destiné à saper la cohésion interne iranienne, en réveillant, dans les esprits des Iraniens, le souvenir d’une grandeur impériale aujourd’hui étouffée par le régime actuel. Un certain Iran – monarchique, laïc, occidentaliste – refait surface, même si c’est par la bouche de ses ennemis.
Israël, en cela, tente une stratégie subtile : séparer le peuple iranien de son régime en réveillant une nostalgie enfouie, celle de l’ancien lion perse, internationalement respecté, économiquement puissant, stratégiquement aligné avec l’Occident.
Un pari risqué mais structuré
Ce n’est pas la première fois qu’Israël nomme ses opérations de manière hautement symbolique. Mais avec Rising Lion, Tel-Aviv pousse plus loin l’ingénierie narrative. Il ne s’agit plus seulement de répondre militairement à une menace, mais de réécrire l’identité ennemie, de court-circuiter sa légitimité historique, et d’agiter une division entre le passé glorieux et le présent chaotique.
Pour Téhéran, cette attaque dépasse donc le simple enjeu militaire. Elle est une insulte calculée, un acte de guerre psychologique. Et pour la population iranienne, déjà fragilisée par la crise économique, l’isolement et la répression, ce genre de provocation peut produire des effets ambigus : soit renforcer la posture victimaire du régime, soit faire naître des doutes sur la direction actuelle du pays.
Le retour de l’Iran impérial : un fantasme occidental ?
En filigrane de cette opération, se dessine un vieux rêve partagé par certains stratèges occidentaux : le retour d’un “vieil Iran” débarrassé des mollahs, tourné vers l’Occident, connecté aux marchés mondiaux, et capable d’équilibrer la Turquie et l’Arabie saoudite.
Ce fantasme repose sur une lecture idéaliste (voire naïve) d’un Iran monarchique mythifié, mais il reste un ressort puissant dans la manière dont les capitales occidentales — et désormais Israël — conçoivent leur politique de long terme dans la région.
“Rising Lion” n’est donc pas seulement un nom de code militaire. C’est une projection de désir géopolitique. Et c’est ce qui la rend si dangereuse. Car si ce message est reçu comme une provocation existentielle, il pourrait pousser l’Iran à répondre non pas dans l’ombre… mais en pleine lumière.
Le lion rugit — mais de quel côté ?
Dans cette guerre d’images et de perceptions, chacun tente de s’approprier la figure du lion. Israël, en nommant ainsi son opération, veut faire croire qu’il agit pour réveiller un Iran plus ancien, plus légitime. Téhéran, de son côté, cherchera à démontrer que le seul lion debout dans la région, c’est lui — et qu’il rugira en réponse.
Le combat n’est plus seulement territorial. Il est mythique, culturel et existentiel. Et dans ce type de confrontation, les missiles comptent — mais les récits dominent.
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Et le mot devint paix
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Avant même que l’écriture existe, il y avait la parole, et cette parole créait des mondes.
Parler, ce n’est pas juste dire des choses. C’est transmettre, toucher, guérir, réveiller. Les mots soignent ou détruisent.
Les mots ne sont pas de simples outils de communication. Ils portent une énergie, une vibration. Ce que l’on dit, surtout quand ça vient du cœur, a un impact profond sur notre réalité.
Depuis toujours, les sages, les maîtres spirituels, même les grands leaders, ont compris que les mots sont vivants. Ils façonnent notre regard, nos émotions, nos décisions. Un mot peut ouvrir un cœur ou fermer une porte. Il peut changer un jour, ou toute une vie.
D’ailleurs, l’art de la parole a été une force motrice puissante, capable de mobiliser des masses, de changer des destins et d’inspirer des générations entières. Martin Luther King, avec son fameux « I have a dream », ou encore Winston Churchill, au cœur de la Seconde Guerre mondiale, ont galvanisé un peuple à travers des discours pleins de courage et de détermination.
« Nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains de débarquement, nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les collines, nous ne nous rendrons jamais. »
Mais derrière cette puissance qu’a la parole, ce sont les mots qui en sont les véritables vecteurs. Ce sont eux qui portent la force, l’émotion, la conviction, ou à l’inverse, la peur et la division.
Les Stoïciens disaient que nos paroles influencent notre vision, nos émotions, nos actes, et donc notre vie. Que les mots doivent être choisis comme un scalpel, précis, justes, alignés.
Dans beaucoup de traditions, on répète certains mots sacrés comme des mantras. Un mantra, ce n’est pas une phrase magique. C’est un mot qu’on choisit avec soin, qu’on répète avec intention. Plus il est simple et précis, plus il agit profondément.
Chacun peut trouver des mots qui résonnent en lui. Certains mots nous recentrent. D’autres nous calment, ou nous élèvent.
“Ce qu’on répète devient une vérité intérieure. Ce qu’on entend souvent devient une croyance. Et parfois, un simple mot change tout.”
Dire un mot sacré, c’est nourrir une paix intérieure qui finit par se voir à l’extérieur. C’est comme si les mots nous rappelaient qui l’on veut être. Ils deviennent un miroir, un écho de ce qu’on cultive en soi.
Il y a cette phrase que j’aime beaucoup : “Soigne tes mots pour guérir tes maux.”
Alhamdoulilah, pour moi, est plus qu’un mot, c’est mon mantra, mon ancrage.
Quand j’étais plus jeune, j’entendais souvent “Alhamdoulilah”. Ça veut dire “Louange à Dieu”, ou “Merci mon Dieu”. Mais moi, je ne comprenais pas toujours pourquoi il fallait remercier. Surtout quand tout allait mal. Ça me semblait abstrait, trop religieux, trop lointain.
Et puis, avec le temps, j’ai compris.
Dire ce mot, ce n’est pas nier la douleur.
C’est dire merci même dans l’épreuve. C’est reconnaître que la vie a du sens, même quand je ne le vois pas encore.
C’est faire confiance à Dieu même quand rien ne va. Ce mot m’a appris à garder foi. Il m’a aidée à tenir, à accepter, à lâcher prise, à reconnaître ce que j’ai. À m’estimer heureuse même quand je n’ai pas.
Aujourd’hui, ce mot ne me quitte plus, dans la joie, l’échec, la réussite, le bonheur. Parce qu’il me rappelle que Dieu voit au-delà de ce que je comprends. Que tout a un sens, même ce que je n’explique pas encore.
Ce mot, c’est ma force tranquille. Mon ancrage. Mon souffle quand je suffoque. Mon calme dans le bonheur absolu.
“Les mots peuvent réveiller les âmes.”
Et moi, ce mot-là… il me réveille à chaque fois.
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