Pensez le Futur.

Les particularités de la maladie cœliaque chez l’enfant 1961

La maladie cœliaque ou intolérance au gluten est une pathologie auto-immune chronique, qui touche les intestins, suite à l'ingestion de gluten. Il s'agit plus précisément d'une intolérance (et non d'une allergie) à un composant du gluten, la gliadine (ensemble de protéines constituant les farines de certaines céréales, dont le blé, le seigle, l'orge, l'avoine). Le diagnostic de ce trouble est souvent difficile et tardif. Il n'existe toujours pas de traitement curatif et sa seule résolution réside dans l'exclusion de tout gluten de l'alimentation générale. Chez les très jeunes enfants (moins de 3 ans), il y a plus souvent présence de diarrhée, de distension abdominale et de retard de croissance. Les enfants plus âgés et les adolescents seraient plus sujets à présenter d’autres symptômes gastro-intestinaux (douleurs abdominales récurrentes, constipation ou vomissements) ou des symptômes extra-intestinaux. LES SYPTOMES DE LA MALADIE COELIAQUE CHEZ L’ENFANT Elle se manifeste essentiellement de deux manières chez les enfants : - la maladie cœliaque avec des manifestations gastro-intestinales impliquant une croissance médiocre, un abdomen distendu, des diarrhées, des vomissements, des troubles de la croissance avec une cassure de la courbe staturo-pondérale. - la maladie cœliaque atypique avec des manifestations peu significatives, des troubles à des organes autres que l’intestin, une croissance médiocre et assez souvent une anémie en fer ou en acide folique . L’enfant peut aussi présenter des manifestations auto-immunes ou être diagnostiqué de ce type de pathologie. Sachant qu'elles peuvent être associées à la maladie cœliaque, il convient alors de faire des examens en procédant à une recherche d'anticorps, notamment chez les enfants atteints de diabète de type1, de thyroïdite ou d'alopécie areata. Cette recherche est nécessaire aussi pour les enfants atteints de maladies rares comme le syndrome de Down ou de Turner. LES TESTS SANGUINS DE DETECTION DE LA PATHOLOGIE Le diagnostic de la maladie cœliaque doit être réalisé avec rigueur selon des protocoles internationaux au moyen de tests sanguins spécifiques et éventuellement par gastroscopie avec prélèvements biopsiques si nécessaire. Le dosage des anticorps anti-transglutaminase spécifiques de la maladie cœliaque, lorsqu'il est détecté avec une valeur élevée, est le test sanguin le plus approprié à réaliser pour le diagnostic suspecté de la maladie cœliaque. Il doit être associé à la détermination des immunoglobulines IGA totales. UNE PREDISPOSITION GENETIQUE La maladie cœliaque est une maladie à forte prédisposition génétique. Elle est en relation avec notre carte d’identité biologique : le système HLA (Human leukocyte Antigen), un ensemble de molécules situées à la surface des cellules pour permettre au système immunitaire de les reconnaitre. La présence de gènes spécifiques HLA DQ2 et DQ8 chez presque tous les cœliaques est un élément nécessaire mais non suffisant pour développer la maladie, puisque qu’on les retrouve aussi en moyenne dans 35% de la population alors que la maladie n’en touche que 1%. LE TRAITEMENT : LE REGIME SANS GLUTEN Le régime sans gluten (RSG) ne doit être mis en place qu'après confirmation du diagnostic, car l'élimination du gluten de l'alimentation de l'enfant entraîne des tests négatifs et la résolution des symptômes, compromettant un diagnostic ultérieur de certitude. Pour le moment, le seul traitement consiste à suivre ce régime alimentaire sans gluten (RSG). Le gluten et les protéines apparentées sont présents dans la majorité des céréales (blé, orge et seigle). Le gluten est présent aussi dans de nombreux produits très divers et souvent insoupçonnés : médicaments, rouge à lèvres, rince-bouche, dentifrice, colle, bonbons, sauce à salade, plats cuisinés… Le patient doit alors se diriger vers des produits de substitution sans gluten comme le riz (blanc, semi-complet, complet), des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges…) ainsi que des céréales non toxiques et pseudo-céréales anciennes ou venues d’autres continents (sarrasin, millet, quinoa ou encore amarante originaire d’Amérique du sud). Au Maroc, la bonne observance du régime sans gluten est compliquée du fait qu’il n’existe pas d’étiquetage obligatoire sur ce sujet L’ASSOCIATION MAROCAINE DES INTOLERANTS ET ALLERGIQUES AU GLUTEN (AMIAG) Fondée en 2013, l’AMIAG a su s’imposer rapidement comme l’association nationale de référence pour la maladie cœliaque au Maroc et est reconnue comme telle par ses partenaires à l’étranger. Elle est présidée par Mme Jamila Cherif Idrissi. Comptant près de 1 000 adhérents, elle a mis en place ou organise : la journée nationale de la maladie cœliaque chaque année en mai ; des ateliers culinaires ; une grande fête annuelle pour les enfants cœliaques ; des conférences scientifiques avec des experts nationaux et internationaux, en particulier lors d’événements des professionnels de santé ; des aides alimentaires et des dons de moulins à céréales aux familles les plus pauvres… . Dr Moussayer khadija, spécialiste en médecine interne et en Gériatrie, vice - présidente de l’association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG) BIBLIOGRAPHIE - L’effiler D. Celiac disease diagnosis and management. JAMA. 2011;306(14):1582–92 - Ford AC and al. Yield of diagnostic tests for celiac disease in individuals with symp-toms suggestive of irritable bowel syndrome. Arch Intern Med. 2009;169(7):651–8. - Husby S. and al Guidelines for the Diagnosis of Coeliac Disease., for the ESPGHAN Working Group on Coeliac Disease Diagnosis, on behalf of the ESPGHAN Gastroenterology Committee European Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition. JPGN 2012; 54: 136–160. -Diagnostic de la maladie cœliaque chez l'enfant Diagnosis of celiac disease in children, Elsevier Perfectionnement en Pédiatrie Volume 5, Issue 2, Supplement 1, May 2022, Pages S2-S6 https://doi.org/10.1016/S2588-932X(22)00071- OVERVIEW Celiac disease, defined as permanent intolerance to gluten, is an autoimmune disease, where the immune system attacks, in genetically predisposed individuals, the intestinal villi. The resultant atrophy of the intestinal wall causes malnourishment of nutrients and many other complications. The auto-immune diseases are a broad range of related diseases in which a person’s immune system produces an inappropriate response against its own cells, tissues and/or organs, resulting in inflammation and damage. There are over 100 different autoimmune diseases, and these range from common to very rare diseases. Some of the over 100 autoimmune diseases are lupus, type 1 diabetes, scleroderma, multiple sclerosis, Crohn’s disease, autoimmune hepatitis, rheumatoid arthritis, Graves disease, myasthenia gravis, myositis, antiphospholipid syndrome (APS), Sjogren’s syndrome, uveitis, polymyositis, Raynaud’s phenomenon, and demyelinating neuropathies
Dr Moussayer khadija

Dr Moussayer khadija

Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca. Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), Vice-présidente du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)


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De l’atome au cosmos 21

Depuis l’aube de son existence, l’homme n’a jamais cessé de se transformer. L’humain, selon la théorie de l’évolution est en constante transformation depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui. Mais on parle souvent de cette évolution uniquement sur le plan biologique. Darwin par exemple, voulait montrer que l’homme est le résultat d’un processus continu descendant d’ancêtres communs avec le singe. Certes, cette idée a été très critiquée pour le côté “descendance du singe”, mais réduire sa théorie à ça c’est passer à côté de l’essentiel, l’homme est le produit d’un processus d’évolution permanent. Mais ici, ce qui nous intéresse vraiment, ce n’est pas le corps ou la biologie c’est la conscience, l’esprit, l’âme de l’humain. Est-ce que notre conscience évolue elle aussi ? Et si oui, jusqu’où peut-elle aller ? C’est là qu’Itzhak Bentov entre en scène. Il propose une vision fascinante. Pour lui, l’évolution de la conscience humaine est un continuum, un peu comme Darwin pour le corps mais appliqué à notre esprit. Selon lui, c’est le système nerveux qui sert de support à notre perception de la réalité. À mesure qu’il évolue, notre conscience s’élargit et nous découvrons des dimensions de la réalité que nous ne pouvions pas percevoir avant. Nos potentialités s’ouvrent et ce qui nous semblait impossible devient possible. Bentov décrit cette évolution avec une courbe en cloche, la majorité de l’humanité reste à un niveau “humain classique”, une petite partie n’a pas encore évolué et une minorité évolue vers des formes de conscience beaucoup plus élevées. Ces personnes sont comparables aux génies ou aux visionnaires, ceux qui ont toujours existé à travers l’histoire. Ils vivent souvent dans une réalité différente, incomprise par la société parfois rejetés ou considérés comme fous. Mais la courbe bouge avec le temps, ce qui est aujourd’hui exceptionnel deviendra demain la norme, et de nouveaux “génies” émergeront dans la minorité avancée. Et si l’on regarde du côté des religions, la même idée s’impose plus ou moins, l’homme est appelé à évoluer spirituellement. Dans l’hindouisme par exemple, l’évolution passe par plusieurs vies (samsara), jusqu’à atteindre le moksha, la libération ultime de l’âme. Des penseurs comme Teilhard de Chardin complètent cette vision avec le Point Oméga, un stade ultime où la conscience humaine converge vers une unité divine. Bentov, lui, va encore plus loin, l’évolution de la conscience pourrait nous amener à un stade quasi-divin, où le temps et l’espace se dissolvent, où la distinction entre soi et Dieu disparaît, et où la conscience devient unifiée et universelle. Autrement dit, l’humanité tendrait vers une forme d’accomplissement ultime, où elle ne ferait plus qu’un avec la totalité de l’existence. Bien sûr, ceci n’est qu’une perspective parmi d’autres. Et au final, même si l’on ne peut pas répondre exactement à la question « vers quoi évolue l’humain ? », il est facile de voir que l’humain depuis la nuit des temps, tend à comprendre sa propre nature.

Le Maroc, 18e puissance mondiale aux Championnats du Monde d’athlétisme grâce à une histoire riche en médailles... 55

La mémoire sportive nationale retient avec fierté le très riche palmarès du pays, cumulé depuis l’avènement des championnats du monde d’athlétisme en 1983. Cette idée est née d’un président de l’IAAF, visionnaire et novateur, l’Italien Primo Nebiolo. Le monde de l’athlétisme s’était alors réuni à Helsinki pour une expérience inédite. L’athlétisme commençait tout juste à organiser certains meetings de qualité et à peine à tolérer que les athlètes perçoivent un pécule pour leurs prestations. Jusqu’alors, au niveau mondial, les athlètes ne se retrouvaient que lors des Jeux Olympiques, sans droit à une rémunération ni à la conclusion de contrats commerciaux. Si le Maroc n’était pas présent lors des premiers Jeux Olympiques, il marquera cette édition inaugurale des championnats du monde en compagnie de deux autres pays africains : l’Éthiopie, qui remporta une médaille d’argent, et le Nigéria, qui, comme le Maroc, décrocha un bronze. Depuis, le Maroc a assuré une certaine continuité avec des résultats très honorables. Notamment une 5e place en 1999 à Séville, une édition marquée par une controverse : Nezha Bidouane fut privée, à tort, de la médaille d’or aux 400 m haies à cause d’une erreur de jugement. Malgré un recours auprès du jury et une preuve manifeste apportée par la photofinish de gauche, la décision ne fut pas révisée. Le président Nebiolo avait alors promis de réparer cette injustice à la première réunion du conseil de l’IAAF, hélas il décéda entre-temps. Il fut remplacé par le Sénégalais Lamine Diack, président du jury qui refusa la révision du résultat, probablement pour ne pas désavouer les officiels de la compétition. Lors de cette édition de Séville, le Maroc remporta cinq médailles, avec notamment l’or de Hicham El Guerrouj aux 1500 m et de Salxah Hissou aux 5000 m. Deux autres médailles d’argent furent décrochées par Nezha Bidouane aux 400 m haies et Zahra Ouaaziz aux 5000 m, tandis qu’Ali Ezzine obtenait le bronze aux 3000 m steeple. Ces exploits, réalisés sous une forte chaleur et dans une ambiance particulière, permirent au Maroc de se hisser à la cinquième place du classement mondial des médailles. Il convient de rappeler que ce succès s’est inscrit au tout début du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a entouré les athlètes de sa sollicitude royale généreuse. Malgré une baisse récente du nombre de médailles, le Maroc occupe aujourd’hui encore la 18e place mondiale au tableau des médailles des championnats du monde d’athlétisme. C’est Said Aouita qui avait ouvert le bal lors de la première édition à Helsinki en 1983, en remportant le bronze sur 1500 mètres. Avec un peu plus d'expérience, il aurait pu remporter la course, dominée par le Britannique Steve Cram en seulement 3 minutes 41 secondes 59, et l'Américain Steve Scott, deuxième. Le Maroc était alors vraiment nouveau à ce niveau de la compétition. Parmi les athlètes individuels, la légende Hicham El Guerrouj est aujourd’hui le marocain le plus titré aux championnats du monde d’athlétisme, avec six médailles : quatre en or aux 1500 mètres, et deux en argent aux 1500 m et 5000 m. L'autre légende, Nezha Bidouane domine le palmarès féminin avec trois médailles mondiales, dont deux en or et une en argent. Elle reste, comme Hicham El Guerrouj sur 1500 m, la plus titrée au monde sur 400 m haies. L’analyse des résultats montre que c’est sur 1500 m que le Maroc compte le plus de médailles, avec notamment les quatre or d’Hicham El Guerrouj, et l’argent d’Adil Kaouch, ancien champion du monde junior. S’ajoutent aussi Said Aouita et Abdelati Iguider, qui ont chacun une médaille de bronze sur cette distance. Chez les femmes, c’est aux 400 m haies que le pays compte le plus de médailles, grâce à Nezha Bidouane. Le bilan historique de l’athlétisme marocain aux championnats du monde est riche : douze athlètes masculins et quatre féminines ont porté le Maroc à ce niveau dans sept disciplines : 400 m haies, 800 m, 1500 m, 5000 m, 10 000 m, 3000 m steeple et marathon. On n'oublie pas non plus le saut en longueur avec la 4e place de Yahya Berrabah aux championnats du monde 2011 à Daegu. Pour la 20e édition, débutant le 13 septembre à Tokyo, le Maroc participe avec une trentaine d’athlètes. Les espoirs reposent notamment sur Soufiane El Bakkali, qui pourrait rejoindre Hicham El Guerrouj au nombre de médailles d’or en cas de victoire. Fatima Ezzahara Gardadi est également citée comme une potentielle médaillée, son exploit en 2025 à Budapest, où elle remporta le bronze au marathon, restant dans toutes les mémoires. Résumé du palmarès marocain aux championnats du monde d’athlétisme à travers son histoire : - 1ère édition, Helsinki 1983 : Said Aouita, bronze aux 1500 m; Classement du Maroc 21e - 2e édition, Rome 1987 : Said Aouita, or aux 5000 m; Classement du Maroc 9e - 3e édition, Tokyo 1991 : Moulay Brahim Boutayeb, bronze aux 5000 m; Khalid Sekkah, bronze aux 10 000 m; Classement du Maroc 28e - 4e édition, Stuttgart 1993 : aucune médaille - 5e édition, Göteborg 1995 : Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Khalid Sekkah, argent aux 10 000 m; Khalid Boulami, argent aux 5000 m; Zahra Ouaaziz, bronze aux 5000 m; Classement du Maroc 25e - 6e édition, Athènes 1997 : Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Nezha Bidouane, or aux 400 m haies; Khalid Boulami, argent aux 5000 m; Salah Hissou, bronze aux 10 000 m; Classement du Maroc 6e - 7e édition, Séville 1999 : Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Salah Hissou, or aux 5000 m; Nezha Bidouane, argent aux 400 m haies; Zahra Ouaaziz, argent aux 5000 m; Ali Ezzine, bronze aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 5e - 8e édition, Edmonton 2001 : Nezha Bidouane, or aux 400 m haies; Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Ali Ezzine, argent aux 3000 m steeple ; Classement du Maroc 10e - 9e édition, Paris 2003 : Jaouad Gharib, or au marathon; Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Hicham El Guerrouj, argent aux 5000 m; Classement du Maroc 9e - 10e édition, Helsinki 2005 : Jaouad Gharib, or au marathon; Hasna Benhassi, argent aux 800 m; Adil Kaouch, argent aux 1500 m; Classement du Maroc 10e - 11e édition, Osaka 2007 : Hasna Benhassi, argent aux 800 m; Classement du Maroc 28e - 12e à 14e éditions (Berlin 2009, Daegu 2011, Moscou 2013) : pas de médaille - 15e édition, Pékin 2015 : Abdelati Iguider, bronze aux 1500 m; Classement du Maroc 32e - 16e édition, Londres 2017 : Soufiane El Bakkali, argent aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 31e - 17e édition, Doha 2019 : Soufiane El Bakkali, bronze aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 31e - 18e édition, Eugène 2022 : Soufiane El Bakkali, or aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 22e - 19e édition, Budapest 2023 : Soufiane El Bakkali, or aux 3000 m steeple; Fatima Zahra Gardadi, bronze au marathon; Classement du Maroc 15e.

Tout est déjà là 36

Pour faire suite à ce qui a été dit sur la matrice et le désir, il est essentiel d’aller plus loin en parlant de la manifestation. Dans bien des enseignements modernes, elle est souvent présentée comme une sorte de technique magique permettant d’obtenir tout ce que l’ego désire. Mais lorsqu’on manifeste depuis le manque « je n’ai pas, donc je veux » on ne fait en réalité que renforcer la logique de la matrice. On reste prisonnier du cycle du désir et de la frustration. Cependant, quand nous nous élevons à un état de conscience supérieur, au-delà du désir de possession nous découvrons une vérité plus vaste, nous sommes déjà des êtres complets. En reconnaissant notre abondance intérieure, nous laissons émerger dans notre réalité ce qui résonne véritablement avec notre nature profonde. La vie se met alors à refléter notre état intérieur comme un miroir. Ce que nous attirons n’est plus ce que nous cherchons à combler, mais ce que nous vibrons réellement. À ce niveau de conscience, une évidence se révèle, tout est déjà là, rien ne manque. Manifester ne consiste plus à créer ce qui n’existe pas encore, mais à révéler ce qui est déjà présent et dont nous n’avions pas conscience. Ainsi, la manifestation cesse d’être une course à l’accumulation et devient un moyen d’exprimer notre essence naturelle. Elle se rapproche de la véritable mission de vie, ce pour quoi notre âme est venue sur Terre. Certains la découvrent intuitivement, comme une évidence. D’autres ne l’aperçoivent qu’après des années d’introspection et de cheminement intérieur. Mais dans tous les cas la voie est la même, sortir de la logique du désir pour entrer dans celle de l’écoute, faire taire l’ego pour entendre la voix de l’âme. Dans ce sens, la manifestation n’est pas une imposition volontaire de nos désirs personnels. Ce n’est pas une tentative de forcer la réalité à se plier à nos attentes. Elle est un mouvement fluide, une danse avec la vie. En laissant rayonner ce que nous sommes réellement, nous nous accordons naturellement avec la raison de notre présence ici. Les réponses aux grandes questions « qui suis-je ? » et « pourquoi suis-je là ? » existent déjà dans l’univers. Il nous suffit de nous mettre en résonance avec notre âme, de vibrer au rythme de l’âme et du souffle de la vie, et alors les choses nous conduiront naturellement vers l’accomplissement de notre mission et de notre vrai soi. Alors, les coïncidences, les rencontres, les opportunités se présentent d’elles-mêmes, non parce que nous les avons imposées mais parce que nous avons choisi d’être en harmonie avec ce qui est. C’est vibrer avec l’âme, plutôt que d’essayer de soumettre l’âme au rythme de l’ego. Et plus notre vision s’élargit, plus nous comprenons que chaque étape a un sens. Même les détours, les retards ou les épreuves participent à ce chemin. Parmi des millions de directions possibles, c’est celle qui résonne avec notre véritable essence qui devient naturellement la bonne. C’est ainsi que nous accomplissons notre mission terrestre, non en forçant, mais en permettant.

Le mécanisme du désir 50

« The wound is the place where the light enters you » Rumi Le désir est au cœur de notre expérience humaine. Platon le définissait comme un mouvement intérieur qui naît d’un manque, d’une absence. Désirer, c’est d’abord constater que quelque chose nous fait défaut. Le désir fonctionne donc comme une tension, il nous rappelle ce que nous n’avons pas, et tant que ce vide n’est pas comblé nous ressentons une forme de souffrance. Autrement dit, le mécanisme est simple : désir → besoin → constat d’un vide → souffrance. Mais ce cycle ne se limite pas à une expérience personnelle. Il s’inscrit dans une dimension plus vaste, celle de la « matrice ». Sur le plan spirituel, la matrice représente l’illusion dans laquelle nous vivons, un système invisible de conditionnements et de croyances qui gouverne nos pensées, nos désirs et nos comportements. C’est l’ensemble des structures sociales, culturelles et mentales qui nous poussent à chercher la satisfaction à l’extérieur, à nous identifier à nos possessions, nos rôles, nos statuts ou notre image. Ce monde de matrice est donc l’univers matériel, gouverné par les comparaisons, les illusions, les dualités. Et chaque événement que nous vivons dans cette dimension, qu’il s’agisse d’un échec, d’une perte ou d’une trahison n’arrive jamais par hasard. Il survient pour une raison précise, nous pousser à ouvrir les yeux, à briser l’illusion et à aller vers la connaissance de notre vrai soi. Cela change notre rapport à l’adversité. Une épreuve n’est plus seulement un obstacle qui cherche à nous détruire, mais une faille qui fissure le masque que nous portons. Ces fissures, comme le disait Rûmî, sont les lieux par où la lumière peut entrer. Pourtant, il est difficile de sortir de ce cercle éternel. Nous naissons dans la matrice, et nous sommes conditionnés par des injonctions sociales : « tu dois réussir pour exister », « tu dois posséder pour être reconnu », « tu dois plaire pour être aimé ». Peu à peu, nous nous construisons une identité fondée sur ces désirs imposés, une identité fragile qui dépend de l’extérieur. Alors, nous passons notre vie à courir derrière des objets de désir, croyant que c’est en les obtenant que nous allons enfin « être ». Mais une fois obtenus, ces objets ne suffisent jamais. Le manque revient, et le cycle recommence. C’est ce conditionnement qui nous garde prisonniers d’un bas niveau de conscience, esclaves de nos envies, de nos colères, de nos jalousies, de nos excès. Tant que nous restons dans cette logique, nous ne sommes pas vraiment nous-mêmes, nous jouons le rôle d’agents de la matrice, perpétuant une illusion qui nous dépasse. Alors vient la question essentielle : Qui suis-je, au-delà de mes désirs et de mes manques ? C’est en se posant cette question que commence l’éveil. Car derrière la matrice, il y a une réalité plus vaste, qui n’a rien à voir avec la possession ou l’ego. Cette réalité, c’est celle de l’être, qui n’a besoin de rien pour être complet. Ainsi, la vie pourrait être comprise comme un processus initiatique, naître dans la matrice, expérimenter le manque, être confronté à la souffrance, et enfin éveiller sa conscience. D’ailleurs, pour sortir de ce cercle infini du désir et de la souffrance, il est possible de s’appuyer sur une technique enseignée par Daryl Anka, appelée la formule triple A. Elle propose trois étapes : 1. Acknowledge what you have, not what you lack 2. Appreciate what you have, no matter how small 3. Allow what needs to happen to unfold naturally En pratiquant cette technique, chaque moment de la vie devient un moment pleinement présent et nous devenons en harmonie avec ce moment. Nous expérimentons une forme d’équilibre, de satisfaction et d’amour simplement parce que nous sommes connectés à ce qui est déjà là plutôt que de courir après ce qui nous manque. Et finalement la vie fait bien les choses. Si nous sommes là où nous sommes, c’est qu’elle nous a menés là où nous devions être.

Le Maroc et la Renaissance du Cannabis : Histoire, Régulation et Enjeux Économiques Actuels 87

Le Maroc a amorcé une phase majeure dans la structuration de son industrie du cannabis, avec l’autorisation de commercialisation de 67 produits dérivés: 26 cosmétiques et 41 compléments alimentaires, répondant aux normes et dûment enregistrés auprès de l’Agence Marocaine du Médicament et des Produits de Santé. L'étape est préalable à leur mise sur le marché national ou leur exportation. L’Agence Nationale de Régulation des Activités liées au Cannabis, par sa vigilance, quant à elle, reflète la volonté du pays de préserver sa crédibilité auprès des investisseurs et partenaires étrangers dans un marché mondial en expansion. Alors que bon nombre de citoyens, pensent que le kif avait été interdit parce que nocif pour la santé, un rappel historique permet de comprendre ce qui s’est réellement passé et pourquoi cette plante miraculeuse s’est retrouvée comme par magie dans le viseur de la lutte antidrogues. Le chanvre a connu multiples usages pendant des millénaires. Fibre textile robuste, il servait à confectionner les voiles et cordages des bateaux. Sans cela, l’humain n’aurait pu naviguer longtemps et loin. Les premiers papiers imprimés et les vêtements dans plus d'une région, étaient aussi à base de chanvre. Sa culture nécessitait peu de travail, peu d’eau, faisant d’elle une concurrente redoutable du coton. L’interdiction du cannabis doit être relue à l’aune de la révolution industrielle et de l’essor du coton à partir du XIXe siècle. Les machines à filer et tisser, conçues pour le coton, firent de celui-ci la fibre dominante, favorisant son essor massif. De plus, les empires coloniaux britannique et américain exploitaient de vastes plantations avec une main-d’œuvre servile, d’abord par l’esclavage puis par des travailleurs faiblement rémunérés. Ces puissants intérêts mirent le chanvre en difficulté. Le virage décisif remonte aux années 30 aux États-Unis, quand les industries du coton, du papier et l’industrie chimique émergente, notamment avec les fibres synthétiques, s’allient pour éliminer le chanvre. Un certain Harry Anslinger, alors chef du Bureau Fédéral Américain des Narcotiques, sans doute de connivence avec les intérêts des grands groupes industriels, mène une campagne combinant à dessein chanvre industriel et cannabis récréatif. En 1937, le Marihuana Tax Act interdit la culture du chanvre. Propagande et intérêts économiques aidant, cette politique s’exporte à travers le monde. Par une Convention unique sur les stupéfiants, en 1961, l’ONU classe le cannabis parmi les drogues à contrôle strict, marginalisant ainsi durablement le chanvre. Le coton devient alors la fibre dominante au profit des réseaux industriels. Au Maroc, le kif, forme traditionnelle de cannabis souvent mélangée au tabac et consommée dans le sebsi, est au cœur d’une histoire riche et complexe, marquée par des dynamiques sociales, politiques et économiques. Depuis des siècles, le kif est cultivé principalement au nord autour de Chefchaouen, Ketama ou Issaguen. Loin d’être seulement une plante illégale, il était historiquement toléré et perçu comme essentiel à la subsistance locale. Utilisé autant pour ses vertus sociales que médicinales, il s’inscrivait dans le quotidien des populations quasiment partout. Dès 1906, est crée une entreprise pour assurer le contrôle sur le kif. Sous le Protectorat, elle prend le nom de Régie du Kif et des Tabacs. Les motifs sont surtout fiscaux à partir de 1917. Les autorités espagnoles au nord appliquèrent des règles plus souples, par pragmatisme politique face aux tribus locales. A l’indépendance, le Maroc hérite d’un dilemme complexe: le kif est profondément enraciné dans la société mais fait face à des pressions internationales grandissantes. Sous Mohammed V puis Hassan II, le pays adopte des mesures progressives. Le monopole d’État est supprimé en 1957-1958, la culture devient illégale, même si dans certaines zones historiques du Rif une tolérance tacite a perduré. Les années 1970 marquent un durcissement sous la pression croissante des États-Unis et de l’Europe. La loi marocaine de 1974 sur les stupéfiants interdit strictement la culture, la consommation et la commercialisation du kif. Pourtant, malgré la répression accrue, la production clandestine explose, portée par une demande européenne vigoureuse. Le Rif s’affirme comme l’un des bassins mondiaux de résine de cannabis. Après des décennies de prohibition et de conflits socio-économiques liés au kif, et sous la pression de scientifiques et de la population au vu de l'évolution à travers le monde, le Maroc amorce un virage en 2021 avec une loi encadrant l’usage légal du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. La consommation récréative reste interdite. L’État s’efforce d’intégrer progressivement les cultivateurs dans une filière légale et contrôlée, réduisant l’informalité et améliorant les conditions économiques des régions concernées. L’histoire du kif au Maroc est une trajectoire jalonnée de tolérance millénaire, de régulations coloniales, d’interdictions décidées sous pression internationale, avant d’ouvrir la voie à une récente reconversion vers un usage intelligent, légal et encadré. Aujourd’hui, quasiment partout, le chanvre retrouve une nouvelle reconnaissance. Moins gourmand en eau, respectueux des sols, produisant graines, huile et matériaux isolants naturels, il s’affirme comme un pilier de la transition écologique. La plante interdite pour protéger des intérêts économiques puissants, cherche désormais à reprendre sa place historique et naturelle. Cette renaissance est particulièrement visible au Maroc. La surface cultivée en chanvre légal a plus que triplé en 2025 avec 4 400 hectares semés, principalement de la variété locale «baladiya», signe tangible d’un essor après des décennies d’informalité. C'est un levier de revitalisation économique pour les régions du Rif, traditionnellement dépendantes d’une économie souterraine. La légalisation adoptée en 2021 vise à canaliser une production historique vers un cadre réglementé, tout en créant une industrie à forte valeur ajoutée. Au-delà de la culture agricole, c’est toute une chaîne de transformation, de conditionnement, de certification et d’exportation qui se met en place, générant des recettes fiscales et améliorant l’attractivité du Maroc pour les investisseurs internationaux. Il ne s’agit plus seulement de cultiver du cannabis, mais de développer une industrie structurée, respectueuse de normes strictes, capable de s’imposer sur un marché mondial dynamique. Cette mutation économique est perçue comme une chance de réconcilier un secteur longtemps illégal avec les mécanismes d’une économie puissante. Les défis restent cependant nombreux, depuis la régulation stricte jusqu’à la lutte contre les détournements illicites, en passant par l’organisation des coopératives et l’adaptation fiscale. Mais le cap est clair: transformer un héritage agricole ancien en moteur de croissance inclusive et d’intégration économique durable.

Stade Moulay Abdallah prouesse architecturale et défi d’un stade moderne face aux réalités sociales 138

L’inauguration du stade du Complexe sportif Moulay Abdallah de Rabat, entièrement rénové, a marqué un moment fort d’émotion et de fierté nationale. Cadres, ingénieurs, ouvriers, artisans et techniciens ayant contribué à ce vaste chantier ont réservé un accueil chaleureux et empreint de reconnaissance à Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan. Par leurs applaudissements et leurs regards enthousiastes, ils célébraient à la fois l’aboutissement d’un projet d’envergure et leur attachement profond à une monarchie séculaire. Conçu et réalisé exclusivement par des compétences marocaines, le nouveau stade illustre une véritable prouesse en matière de modernisme, de technologie et de rapidité d’exécution, puisque sa reconstruction n’a nécessité que quelques mois. Avec son architecture audacieuse et ses équipements de pointe, l’enceinte a tout pour devenir bien plus qu’un simple lieu de football. La question de la rentabilisation d’infrastructures sportives d’une telle ampleur reste pourtant au cœur du débat. Certains redoutent qu’elles se transforment en « éléphants blancs », rappelant les critiques formulées à l’époque contre l’autoroute Rabat–Casablanca ou, plus récemment, le TGV Tanger–Casablanca. Des projets qui, après avoir été décriés, sont aujourd’hui plébiscités par la majorité de leurs anciens détracteurs. À l’international, de nombreux exemples démontrent qu’un stade peut être un moteur économique et culturel lorsqu’il est pensé comme une plateforme multifonctionnelle. Aux États-Unis, le MetLife Stadium (New Jersey) ou encore le Levi’s Stadium (Californie) accueillent aussi bien des matchs de NFL que des concerts, salons et événements d’entreprise. Le Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta, inauguré en 2017, est devenu une référence mondiale grâce à sa modularité et à son gigantesque écran circulaire. En Europe, le Tottenham Hotspur Stadium de Londres a intégré la NFL à son calendrier, en plus des concerts et manifestations diverses. Le Parc Olympique Lyonnais a été pensé comme un véritable village comprenant hôtels, commerces et espaces polyvalents. À Madrid, le Santiago Bernabéu rénové illustre la transformation d’un stade en hub économique et culturel, accueillant spectacles immersifs, expositions et événements d’envergure. Pour qu’un stade vive au quotidien, il doit s’ouvrir à des usages multiples : concerts et festivals, expositions et salons, événements d’entreprise, sports diversifiés, mais aussi tourisme grâce aux visites guidées ou aux musées. Le Complexe sportif Moulay Abdallah possède toutes les caractéristiques pour s’inscrire dans cette logique. Au-delà des grandes compétitions footballistiques prévues après 2030, cette enceinte pourrait devenir un centre névralgique de la capitale, accueillant spectacles, événements culturels et activités touristiques. Sa gestion devra être innovante, ouverte à la diversité des usages et inspirée des meilleures pratiques internationales. Ce défi n’est pas seulement celui d’un stade, mais celui de l’avenir des infrastructures sportives marocaines : les transformer en lieux de vie, génératrices de richesse et de culture, au service de la société. Le Complexe Sportif Prince Moulay Abdallah, joyau d’architecture et de savoir-faire national, a désormais entre ses murs toutes les clés pour prouver que les grands projets marocains ne sont pas des rêves coûteux, mais des leviers de modernité et de développement. Mais il y a plus urgent, et sans doute plus inquiétant. Le lendemain de l’inauguration historique, l’équipe nationale marocaine recevait au complexe son homologue du Niger. Et déjà, les premiers problèmes sont apparus. À l’issue du match, la pelouse a été envahie par une horde de spectateurs mal inspirés. L’incident, largement commenté sur les réseaux sociaux, a suscité l’indignation des citoyens. Beaucoup dénoncent ce comportement jugé irresponsable et exigent des sanctions exemplaires contre les fauteurs de trouble. Cet épisode soulève une question de fond : la conception des nouveaux stades, qui laisse un accès plus direct entre tribunes et pelouse, n’est-elle pas un pari risqué dans un contexte où la ferveur du public peut rapidement tourner à la violence ? Au Maroc, où chaque match mobilise déjà un dispositif policier conséquent, l’absence de barrières infranchissables pourrait s’avérer une erreur architecturale aux conséquences lourdes. Car si les supporters de l’équipe nationale sont généralement considérés comme dociles, qu’en sera-t-il lorsque ces enceintes accueilleront les grands clubs du Royaume, connus pour l’extrême passion souvent débordante de leurs publics ? À cela s’ajoutent des incivilités relevées et décriées en ligne : des spectateurs se ruant sur le buffet avant la mi-temps, d’autres se bousculant aux sorties mal organisées, sans compter les gradins laissés dans un état déplorable, jonchés de détritus. De quoi gâcher la fête par ceux-là mêmes qui devaient l’honorer. Ainsi, le défi à relever est double : il concerne à la fois l’excellence architecturale et technologique de l’infrastructure, mais aussi la gestion humaine et sociale qui doit l’accompagner pour que cet écrin devienne un véritable lieu de rassemblement convivial et sécurisé. La réussite du Complexe sportif Moulay Abdallah ne se mesurera pas uniquement à la qualité de ses gradins ou de sa pelouse, mais aussi à sa capacité à incarner une passion responsable, un exemple de civisme et un catalyseur d’unité nationale autour des valeurs du sport. En ce sens, ce stade ne peut être qu’un tremplin vers une nouvelle ère pour le sport marocain, une ère où modernité rime avec responsabilité, où infrastructure rime avec inclusion, et où la fête sportive toujours rester un moment de joie partagée et d’honneur collectif. **La réussite architecturale du stade Moulay Abdallah est indéniable. Mais son avenir se jouera moins dans la beauté de ses lignes que dans la discipline de ses publics et la rigueur de sa gestion. Un stade peut être un joyau national ; il ne doit jamais devenir un miroir de nos dérives collectives.** .

La politique marocaine en Afrique : une dynamique engagée et fédératrice... 137

Le Maroc, sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mène une politique africaine volontariste et inclusive, visant à renforcer ses liens économiques, politiques, sociaux et culturels avec le continent. Cette stratégie privilégie un bilatéralisme pragmatique, favorisant l’intégration économique africaine, la coopération sud-sud et des partenariats stratégiques. Des accords ont été signés avec plus de 40 pays africains. Le retour du Royaume à l’Union africaine en 2017 a quant à lui marqué un tournant majeur dans cette stratégie et devenu un véritable accélérateur. Le Maroc s’intéresse aussi à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) comme relais de croissance. Parmi les projets clés dans cette perspective, le gazoduc Nigeria-Maroc, long de 5 600 km. Il reliera l’Afrique de l’Ouest à celle du Nord, et transportera quelques 30 milliards de m³ de gaz naturel par an. Il améliorera l’accès à l’énergie pour pas moins de 400 millions de personnes dans 13 pays. Il s’inscrit dans la stratégie marocaine de transition énergétique. Estimé à plus de 25 milliards de dollars, ce projet apporte des retombées majeures pour la sécurité énergétique et le développement régional dans la complémentarité. Le Maroc s’engage aussi fortement dans l’éducation et la formation des compétences, offrant chaque année près de 15 000 bourses à des étudiants de 49 pays. Environ 20 000 étudiants africains sont accueillis annuellement, dans des domaines tels que ingénierie, médecine, finance ou sciences sociales, grâce à l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI). Ce programme ambitieux se veut former une nouvelle génération de cadres et renforce les échanges scientifiques et culturels. L’économie marocaine est pour sa part bien implantée en Afrique avec plus de 1 000 entreprises actives dans les secteurs bancaire, immobilier, télécom, agriculture et infrastructures. Attijariwafa Bank et BMCE Bank of Africa ou encore le Groupe Banque Populaire, sont présents dans plus de 26 pays, générant des centaines de millions de dirhams en Afrique subsaharienne. Ces institutions, avec 45 filiales et 4 succursales, réalisent environ 23% de leur chiffre d’affaires sur le continent, facilitant le financement des projets et l’intégration financière régionale. Wafa Assurance et le groupe Saham renforcent également cette présence dans de nombreux pays. Le système de santé marocain, reconnu pour ses infrastructures modernes et son personnel compétent, attire chaque année des milliers d’Africains pour des soins divers, renforçant les liens humains. Le Maroc développe aussi des projets dans l’agriculture durable, les énergies renouvelables, la formation professionnelle et les infrastructures, soutenus par la Fondation Mohammed VI pour le Développement Durable. Plus de 60 % des IDE marocains sont dirigés vers l’Afrique. Les échanges commerciaux du Maroc avec l’Afrique restent encore modestes par rapport à ses échanges totaux : environ 7 à 8 % du commerce extérieur marocain. La marge de progression est très grande et prometteuse. Ces échanges ont fortement progressé. En 2023, le volume total des échanges commerciaux entre le Maroc et les pays africains s’est élevé à 52,7 milliards de dirhams. Cela représente une croissance de 45 % par rapport à 2013, où ce volume était de 36 milliards de dirhams avec une croissance annuelle moyenne d’environ 10%. Maroc Telecom, présent dans 10 pays, dessert environ 54 millions de clients et contribue à l’intégration numérique. Des groupes comme Ynna Holding, Alliances ou Addoha mènent des projets majeurs dans plusieurs pays, notamment la construction de logements et de centres hospitaliers. En agriculture, OCP Africa opère dans 18 pays, formant plus d’1,5 million d’agriculteurs et fournissant des engrais adaptés aux terres et types d'agricultures locales. Son programme Agribooster facilite l’accès aux intrants, financements et marchés, stimulant la productivité et la sécurité alimentaire. OCP investit aussi dans des unités de mélange et de stockage d’engrais dans plusieurs pays et collabore à des projets innovants avec USAID et la Banque mondiale, notamment dans la production d’ammoniac vert. SOMAGEC, acteur portuaire marocain majeur, réalise des projets en Guinée équatoriale, au Sénégal, en Mauritanie, au Bénin et à Djibouti, employant des milliers de personnes. Africa Motors, filiale d’Auto Hall, développe la production et la distribution automobile en partenariat avec Dongfeng pour plusieurs marchés africains. Le sport est également un levier de coopération: la Fédération Royale Marocaine de Football a signé plus de 43 partenariats avec des fédérations africaines. À travers ses entreprises et projets, le Maroc consolide son rôle clé dans le développement africain, fondé sur la solidarité, l’intégration économique et la prospérité partagée, suscitant jalousie et reconnaissance. La coopération marocaine en Afrique est un pilier stratégique fondé sur le partage d’expertise, le développement économique et le renforcement des liens culturels. Grâce à son positionnement géographique et historique, le Maroc joue un rôle majeur dans l’intégration régionale, en soutenant des projets d’infrastructures, de formation, et d’innovation. Cette coopération se caractérise par un engagement durable visant à promouvoir la paix, la sécurité et le développement durable sur le continent africain. Le désenclavement proposé pour les pays du Sahel, par le recours au futur port de Dakhla va sans doute aucun davantage accélérer l'intégration recherchée à l'avantage des centaines de millions de pays africains. L’idée de construire des ports comme celui de Dakhla s’appuie beaucoup sur la géographie stratégique du Maroc. C’est un atout qui saute aux yeux quand on regarde la carte. Le Maroc dispose d’un littoral de plus de 3 500 km, tourné à la fois vers l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique. Dakhla, en particulier, se situe à mi-chemin entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne, ce qui en fait un point d’escale maritime naturel. La côte atlantique marocaine se trouve sur la voie qui relie la Méditerranée (via Gibraltar) à l’Afrique de l’Ouest et à l’Amérique. Cela permet de capter une partie des flux logistiques mondiaux. Le Maroc est à moins de 15 km de l’Europe à Gibraltar et en même temps relié à l’Afrique de l’Ouest. Le port de Dakhla s’inscrit dans cette logique : servir de hub logistique et industriel entre les deux continents. La zone de Dakhla offre des conditions naturelles favorables: eaux profondes et faible houle permettant de construire un port capable d’accueillir de grands navires, ce qui est rare sur la côte ouest-africaine. Avec la Zone de libre-échange continentale africaine, un port comme Dakhla permettra donc au Maroc d’être une porte d’entrée des flux commerciaux vers l’Afrique de l’Ouest et au-delà vers le Mali, le Niger, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et plus. Le Maroc a compris, les partenaires africains aussi. L'avenir sera radieux main dans la main.

Marche verte, complots algériens et diplomatie internationale : le Sahara au cœur de l’histoire contemporaine 145

Le Sahara marocain, devenu colonie espagnole en 1884, a été libéré suite à la Marche verte, une mobilisation pacifique inédite initiée par le Roi Hassan II. Le Royaume s'était lassé des démarches infructueuses entreprises à l’ONU devant la 4e Commission, depuis son indépendance. Une fois l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice obtenu, reconnaissant l’existence, au moment de la colonisation, de liens juridiques d’allégeance entre le Sultan du Maroc et les tribus vivant sur le territoire du Sahara, le Maroc passa à l’action. Du 6 au 9 novembre 1975, 350 000 volontaires, armés uniquement du Coran et du drapeau national, ont marché vers le Sahara, symbolisant la volonté populaire de réintégrer ce territoire historiquement partie intégrante de la souveraineté du Maroc, tout comme la partie rattachée par la France à l’Algérie postcoloniale. Plusieurs citoyens de diverses nations participèrent à cette épopée. Comme Kadhafi et Boumediene voyaient d’un mauvais œil cette libération qui renforçait l’aura de Hassan II en Afrique et dans le monde, ils sponsorisèrent le Polisario, un mouvement de soi-disant libération d’un prétendu peuple sahraoui. Très vite, le Polisario fut lourdement armé et soutenu par les régimes prosoviétiques et communistes de l’époque, au nom de la libération des peuples. On ne parla plus du Sahara espagnol encre moins de Sahara marocain. Par une habile propagande, le tandem imposa une nouvelle terminologie: le Sahara «occidental». En réalité, l’Algérie chercha ainsi à soustraire la partie du Sahara qu’elle occupe du problème frontalier avec le Royaume. Il faut rappeler que sous colonisation, certaines zones du Sahara furent administrativement rattachées à l’Algérie française. Ces territoires marocains à l'origine, appelés par la France «Territoires du Sud», ne faisaient pas partie des trois départements traditionnels d’Algérie: Alger, Oran et Constantine, mais dépendaient de l’administration militaire. Ils avaient été arrachés petit à petit au territoire de l’Empire chérifien. À partir de 1902, ces «Territoires du Sud» regroupaient plusieurs régions sahariennes sous contrôle militaire français. Cette organisation spéciale dura jusqu’en 1957, date à laquelle la départementalisation fut étendue, mais le Sahara resta sous gestion distincte. Ces zones administrées dans le cadre de l’Algérie française comprenaient toutes les régions aujourd’hui intégrées au Sahara algérien. Le Maroc, refusant de négocier la question des frontières avec la France, avait passé un accord avec le gouvernement algérien en exil pour une restitution des dites zones après l’indépendance. Ceux qui prirent le pouvoir à Alger à la libération rejetèrent l'accord d’un revers de main. Dès 1975 donc, une guerre, soutenue logistiquement par Kadhafi, Boumediene, Cuba et d’autres, fut menée contre un Maroc surpris par l’ampleur de l’armée ennemie. L’ONU intervint alors, prétextant maintenir la paix dans la région. Celle-ci ne fut véritablement obtenue qu'en 1991, lorsque le Maroc renversa le rapport de force et captura des milliers de soldats et officiers algériens, dont le bien connu Said Chengriha. Ils seront libérés grâce à la médiation de l’Égypte menée par Hosni Moubarak lui même ancien prisonnier de l'armée marocaine en 1963, dépêché par le président Anouar Sadate, et surtout à la générosité de Hassan II qui n’a jamais voulu humilier son voisin vaincu. L’ONU créa alors la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental, le Maroc mit à sa disposition une zone démilitarisée. Plusieurs envoyés du Secrétaire général vont se succéder avec pour mission de rapprocher les positions. Tous ont failli car dans cette affaire, il y a surtout mauvaise foi, jalousie, volonté de nuire et intérêts financiers. Bref un conflit artificiel. Tous ont démissionné et sont partis profiter d’une retraite paisible. Depuis que la France abandonna l’Algérie à son sort, l’Afrique du Nord n’a jamais été tranquille. Il y eut la guerre des Sables contre le Maroc, menée par l'Algérie et une coalition de régimes militaires arabes et il y eu aussi l’invasion militaire algérienne côté Est où une partie du Sahara tunisien fut prise. Hassan II disait alors à De Gaulle que l’Algérie allait devenir le cancer de l’Afrique. Ce pays s’est construit sur le sang de ses martyrs mais leur sacrifice fut spolié par une junte militaire qui perdure et se délecte à perpétuer des conflits, notamment celui autour des territoires marocains du sud et tout récemment avec le Mali. Le dernier médiateur des Nations unies, Staffan De Mistura, sans doute face à une impasse, aurait proposé une solution anachronique: la partition du territoire entre le Maroc et le Polisario. Une idée qui ignore la réalité politique, juridique et diplomatique, aujourd’hui largement consolidée en faveur du Maroc. On se demande sur quel pied s’est il levé ce jour-là. Il ne pouvait ignorer que le Maroc n’acceptera jamais la partition ni l’établissement d’un pays à la solde d’Alger sur son flanc sud. Déjà contraint de reconnaître la Mauritanie, il ne refera plus la même erreur. L’idée de Staffan De Mistura est en total décalage avec le consensus international. Trois membres permanents du Conseil de sécurité: États-Unis, France et Grande-Bretagne, l’Espagne ancienne puissance occupante, ainsi que près de 120 autres pays, ont reconnu officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara "occidental". Certains y ont même installé des consulats. Ce soutien n’est pas un hasard, mais le fruit d’une stratégie diplomatique cohérente, d’une reconnaissance du droit du Royaume à défendre son intégrité territoriale et des efforts réussis pour intégrer ces provinces dans une perspective de développement et de stabilité régionale. Boutros Massad conseillé spécial du président Trump vient rappeler à l'ordre sans ambiguïté sieur Staffan. Seule la solution marocaine est envisageable. Proposer une partition revient à contourner ce consensus en donnant crédit à un mouvement «mercenaire», composé largement d’étrangers et soutenu exclusivement par l’Algérie. Plutôt que de favoriser la paix, cette approche perpétue le statu quo et risque un conflit direct entre le Maroc et l’Algérie, affaiblissant la légitimité de l’ONU, garante du respect du droit international. Le Maroc a présenté une alternative crédible à ce conflit artificiel. Initié en 2007, ce projet offre aux habitants une large autonomie politique, administrative et économique sous souveraineté marocaine. C’est déjà le cas: la quasi-totalité des responsabilités, administratives ou représentatives, est entre leurs mains. Le Polisario se trouve aujourd’hui à un tournant décisif : accepter ce plan et espérer jouer un rôle, encore à préciser, ou refuser l’offre et risquer isolement et disparition sans gain politique. Quant à l'Algérie elle a déjà tout perdu: milliards de dollars et cause saugrenue. Ses dirigeants vont devoir en rendre compte au peuple algérien.

Lutte contre la violence dans les stades marocains : Le rôle oublié de l’école, de l’EPS et du sport scolaire .partie 3/3 224

B. Former les enseignants et encadrants au rôle éducatif du sport La mise en œuvre d’une telle approche repose sur des enseignants formés et outillés. Il est donc essentiel d’intégrer, dans la formation initiale et continue des enseignants d’EPS, des modules sur la gestion des comportements, la prévention de la violence, l’éducation à la citoyenneté par le sport. De même, les encadrants des associations sportives scolaires ou des clubs doivent être sensibilisés à leur rôle éducatif, au-delà de la simple performance. Le développement d’outils pédagogiques (guides, grilles d’observation, fiches pratiques) faciliterait cette transition vers un sport plus formateur que compétitif. C. Créer des passerelles entre école, clubs et collectivités Enfin, pour que l’action éducative soit cohérente et efficace, elle doit s’inscrire dans un partenariat local élargi. Les clubs sportifs, les collectivités territoriales, les associations de parents et les services de jeunesse peuvent être mobilisés autour de projets communs : tournois citoyens, rencontres inter-établissements, campagnes de sensibilisation dans les stades. L’objectif est de construire une communauté éducative élargie, où les jeunes retrouvent les mêmes valeurs dans l’école, sur le terrain, dans les gradins et dans la rue. Ce maillage social et éducatif est la condition pour espérer une transformation en profondeur de la culture sportive au Maroc. Une collaboration étroite entre les établissements scolaires, les clubs sportifs, et les collectivités locales peut favoriser la mise en place de projets communs visant à promouvoir les valeurs du sport et à prévenir la violence. Des initiatives telles que des tournois inter-écoles, des ateliers de sensibilisation, et des campagnes de communication peuvent renforcer cette synergie. Conclusion Face à la persistance des actes de violence dans les stades marocains, il devient évident que les réponses purement sécuritaires ou répressives, bien que nécessaires, demeurent insuffisantes. Ce phénomène, profondément enraciné dans des logiques sociales, identitaires et émotionnelles, appelle une approche plus globale, centrée sur la formation du citoyen dès le plus jeune âge. L’Éducation Physique et Sportive (EPS), ainsi que le sport scolaire à travers l’Association Sportive Scolaire (ASS), apparaissent comme des leviers puissants mais sous-exploités dans cette lutte. En transmettant des valeurs de respect, de coopération, de maîtrise de soi et de vivre-ensemble, ils peuvent jouer un rôle structurant dans la construction d’une culture sportive pacifique. Encore faut-il que cette dimension éducative soit pleinement assumée, valorisée et intégrée dans les politiques publiques. Ce travail appelle ainsi à une mobilisation conjointe de l’école, des acteurs sportifs, des collectivités et des familles, dans une logique de prévention durable. Plutôt que de sanctionner après coup, il s’agit de former en amont, d’éduquer à la citoyenneté sportive, et de réconcilier les jeunes avec une pratique du sport porteuse de sens, de lien et de paix sociale. En somme, la violence dans les stades marocains est un symptôme de dysfonctionnements sociaux et éducatifs. L'éducation physique scolaire, en tant que discipline formative, peut jouer un rôle central dans la promotion du civisme et la prévention de la violence sportive. Une stratégie éducative intégrée, impliquant les institutions publiques, les clubs sportifs, les associations et les médias, est essentielle pour construire une société plus pacifique et respectueuse des valeurs du sport. Résumé La violence dans les stades marocains constitue un enjeu social majeur, souvent abordé sous l’angle sécuritaire et répressif. Cet article propose de déplacer le regard vers la dimension éducative, en interrogeant le rôle de l’Éducation Physique et Sportive (EPS) et du sport scolaire dans la prévention de ces comportements violents. À partir d’une analyse sociologique du phénomène, il met en lumière le potentiel de l’EPS et de l’Association Sportive Scolaire (ASS) comme espaces d’apprentissage des valeurs civiques, du respect des règles et du vivre-ensemble. Enfin, il propose une stratégie intégrée reposant sur une formation renforcée des enseignants, l’intégration explicite de la prévention dans les curricula, et la coopération entre école, clubs et collectivités. Cette approche éducative vise à construire une culture sportive pacifique et durable au Maroc. « La passion peut unir… ou diviser » 1. Fnh: fnh.ma/article/actualite-economique/la-violence-dans-les-stades-revele-les-maux-de-notre-societe? 2.revuechercheur.com:www.revuechercheur.com/index.php/home/article/view/1179?utm_ 3. Médias24: medias24.com/2023/05/16/une-etude-marocaine-revele-les-facteurs-influencant-les-comportements-violents-dans-les-stades/?

Lutte contre la violence dans les stades marocains : Le rôle oublié de l’école, de l’EPS et du sport scolaire .partie 2/3 215

II. L’éducation physique scolaire : un levier éducatif sous-estimé Dans le contexte de la lutte contre la violence sportive, l’Éducation Physique et Sportive (EPS) constitue un champ d’action encore trop peu mobilisé, malgré son fort potentiel en matière de formation citoyenne. Elle ne se limite pas à l’enseignement des habiletés motrices, mais représente un espace éducatif complet, dans lequel les jeunes peuvent expérimenter des valeurs fondamentales du vivre-ensemble. L'EPS au Maroc est définie par les orientations pédagogiques de 2007 et 2009 comme une discipline visant à développer les capacités sensori-motrices, les connaissances relatives à la santé et les attitudes liées à l'esprit sportif, à la compétition loyale, à l'autonomie et à la responsabilité [2]. Cependant, l'EPS est souvent reléguée au second plan dans le système éducatif, malgré son potentiel pour inculquer des valeurs de respect des règles, de coopération et de gestion des conflits. Les caractéristiques des adolescents du cycle secondaire collégial (12 à 15 ans), telles que la recherche d'appartenance au groupe et le désir d'indépendance, rendent cette tranche d'âge particulièrement réceptive à une éducation civique par le sport [2]. A. L’EPS : un espace d’apprentissage du respect et des règles L'Éducation Physique et Sportive (EPS) offre un cadre structuré où les élèves peuvent apprendre des valeurs essentielles telles que le respect des règles, la coopération et la gestion des conflits. Ces compétences sont transférables à d'autres contextes sociaux, y compris les environnements sportifs en dehors de l'école. L’EPS est par essence une discipline de la règle : règles du jeu, respect des consignes, gestion des conflits dans des situations de coopération ou d’opposition. Ces apprentissages, souvent implicites, peuvent être mobilisés explicitement pour développer chez l’élève des compétences sociales et émotionnelles durables. Le respect des règles n’y est pas imposé, mais expérimenté, compris et intériorisé à travers la pratique. En développant une posture éducative basée sur l’écoute, la régulation non violente et la valorisation du respect mutuel, l’enseignant devient un acteur-clé dans la prévention des conduites violentes. B. Le rôle des enseignants d’EPS comme éducateurs sociaux Les enseignants d'EPS jouent un rôle crucial dans la transmission de valeurs civiques. En adoptant une posture éducative axée sur la médiation et la gestion des émotions, ils peuvent aider les élèves à développer des comportements prosociaux et à comprendre les conséquences de la violence. Malheureusement, cette fonction éducative est souvent secondaire dans la formation initiale des enseignants d’EPS au Maroc, ce qui limite leur capacité à agir pleinement dans ce sens. Des formations continues pour les enseignants et les encadrants sportifs sont nécessaires pour renforcer leurs compétences en matière de prévention de la violence. Ces formations devraient inclure des techniques de médiation, de communication non violente, et de gestion de groupe. L’enseignant d’EPS n’est pas seulement un transmetteur de savoirs techniques ; il est aussi un médiateur social. À travers la manière dont il gère la classe, organise les groupes, arbitre les conflits, il transmet un modèle de relation respectueuse et équitable. Ce rôle est essentiel dans un contexte où de nombreux jeunes n’ont que peu de repères stables en dehors de l’école. C. Le sport scolaire (ASS) comme école de la citoyenneté active L’Association Sportive Scolaire (ASS), souvent reléguée au second plan dans les établissements, représente pourtant un cadre idéal pour prolonger le travail éducatif entamé en EPS. Elle permet à l’élève de s’impliquer volontairement, de s’identifier positivement à un groupe, de vivre la compétition dans un cadre régulé et bienveillant. Contrairement aux tribunes, où la passion sportive peut être instrumentalisée à des fins d’exclusion ou de violence, l’ASS repose sur des valeurs d’engagement, d’effort, de solidarité et de respect de l’autre. C’est dans ce cadre que peut se construire une "culture sportive citoyenne", alternative à celle qui glorifie l’opposition, la provocation ou la domination. Les Associations Sportives Scolaires (ASS) permettent aux élèves de s'engager dans des activités sportives encadrées, favorisant l'esprit d'équipe, la responsabilité, et le respect des autres. Ces expériences peuvent renforcer le sentiment d'appartenance à une communauté et réduire les comportements violents en offrant des alternatives positives à l'expression de la frustration III. Pour une stratégie éducative intégrée de lutte contre la violence sportive La prévention durable de la violence dans les stades marocains ne peut se limiter aux interventions policières ou aux campagnes de sensibilisation ponctuelles. Elle nécessite une stratégie éducative transversale, ancrée dans les institutions scolaires, sportives et locales. L’école, et notamment l’EPS et le sport scolaire, doit être pensée comme le socle d’une culture sportive pacifique, construite dès le plus jeune âge. Une approche globale est nécessaire pour prévenir la violence dans les stades, impliquant : • Le ministère de l'Éducation nationale : renforcer l'EPS en tant que vecteur de valeurs civiques, former les enseignants à la gestion des conflits et à l'éducation à la citoyenneté. • Les clubs sportifs et les associations : organiser des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes et de leurs familles, promouvoir des valeurs de respect, de tolérance et de fair-play. • Les collectivités locales : développer des infrastructures sportives accessibles, en particulier dans les quartiers défavorisés, pour offrir des alternatives aux jeunes. • Les médias : diffuser des messages positifs sur le sport et le civisme, éviter la glorification de la violence. A. Intégrer la prévention de la violence dans les curricula scolaires L’EPS peut devenir un terrain privilégié d’apprentissage de la non-violence, à condition que cette finalité soit intégrée de manière explicite dans les programmes, les objectifs pédagogiques et les pratiques d’enseignement. Des séquences d’apprentissage peuvent être construites autour de thèmes comme : gérer un conflit en jeu, accepter la défaite, écouter et respecter un arbitre, coopérer dans un groupe hétérogène, etc. Au lieu de se limiter à la performance ou à la technique, l’approche pédagogique pourrait mettre l’accent sur les compétences sociales et civiques. Ces contenus doivent également être évalués et valorisés, pour éviter qu’ils soient perçus comme secondaires. Il est essentiel d'inclure des modules spécifiques sur la prévention de la violence dans les programmes scolaires, notamment en EPS. Ces modules devraient aborder des thématiques telles que la gestion des émotions, la résolution de conflits, et la promotion de la tolérance

Lutte contre la violence dans les stades marocains : Le rôle oublié de l’école, de l’EPS et du sport scolaire .partie 1/3 222

La violence dans les stades marocains est devenue, ces dernières années, un phénomène social préoccupant, affectant aussi bien les clubs amateurs que les rencontres de haut niveau. Cette violence se manifeste sous diverses formes : affrontements entre supporters, dégradations matérielles, slogans haineux, et agressions physiques. En dépit des dispositifs juridiques et sécuritaires mis en place par l'État marocain (renforcement de la législation, interdictions de stade, caméras de surveillance, interventions policières), les résultats demeurent limités. Ce constat interroge l'efficacité d'une approche strictement répressive et souligne la nécessité d'un traitement plus profond, notamment sur le plan éducatif. Dans ce contexte, l'école — et plus spécifiquement l'Éducation Physique et Sportive (EPS) ainsi que l'Association Sportive Scolaire (ASS) — émerge comme un levier stratégique encore sous-exploité. En tant que discipline axée sur le corps, le respect des règles, le vivre-ensemble et la gestion de soi, l'EPS peut jouer un rôle central dans la prévention des comportements violents. Elle permet d'inculquer dès le plus jeune âge des valeurs telles que le respect, la tolérance, la coopération et la maîtrise des émotions, indispensables à une culture sportive saine. Dès lors, une question centrale se pose : comment l'EPS et le sport scolaire peuvent-ils participer concrètement à la lutte contre la violence dans les stades marocains ? Autrement dit, l'école peut-elle être envisagée non seulement comme un espace d'instruction, mais aussi comme un acteur actif dans la formation du citoyen sportif ? Cette réflexion s'inscrit dans une approche sociologique et éducative, visant à analyser les liens entre les pratiques sportives scolaires et les comportements sociaux, dans une perspective de prévention. Problématique et Hypothèses La recrudescence de la violence dans les stades marocains soulève des inquiétudes quant à la cohésion sociale et à l'image du pays, notamment en perspective de l'organisation de la Coupe du Monde 2030. Face à ce phénomène persistant malgré les efforts sécuritaires et juridiques, cet article interroge le rôle du système éducatif, notamment à travers l'Éducation Physique et Sportive (EPS) et le sport scolaire, comme levier de prévention. Problématiques: • Comment l'éducation physique scolaire peut-elle être mobilisée pour promouvoir le civisme et prévenir la violence sportive ? • Comment le système éducatif, à travers l’EPS et le sport scolaire, peut-il contribuer à la prévention de ce phénomène en agissant sur les comportements, les valeurs et les représentations des jeunes dès l’école ? Hypotheses: 1. La violence dans les stades est le reflet de tensions sociales profondes, exacerbées par des facteurs socio-économiques et éducatifs. 2. L'éducation physique scolaire, bien que sous-estimée, possède un potentiel significatif pour inculquer des valeurs de respect, de tolérance et de vivre-ensemble. 3. Une stratégie éducative intégrée, impliquant les différents acteurs institutionnels (intégration explicite de valeurs civiques, coopératives et émotionnelles dans les apprentissages de l’EPS et dans les projets de l’Association Sportive Scolaire), constitue une stratégie éducative efficace pour prévenir la violence chez les jeunes et promouvoir une culture sportive pacifique. I. La violence dans les stades marocains : un phénomène sociétal complexe A. Formes et manifestations de la violence sportive Au Maroc, la violence dans les stades se manifeste de diverses manières : affrontements physiques entre supporters, dégradations de biens publics, insultes, et comportements agressifs envers les forces de l'ordre. Ces actes sont souvent perpétrés par de jeunes individus en quête de reconnaissance sociale, utilisant le stade comme un espace d'expression de frustrations accumulées [1]. Les formes de violence varient : comportements agressifs sans violence physique (plus de 50 % des cas), actes de vandalisme (21 %), affrontements entre supporters (15 %), agressions contre les forces de l’ordre (9 %) et intrusions sur le terrain (4 %) [1]. B. Facteurs sociologiques sous-jacents Plusieurs études ont identifié des facteurs contribuant à cette violence : • Appartenance à des groupes ultras : Ces groupes offrent un sentiment d'identité et de solidarité, mais peuvent également encourager des comportements violents pour défendre leur territoire ou leur réputation [2]. • Conditions socio-économiques : Le chômage, la pauvreté et l'exclusion sociale sont des facteurs majeurs. Les jeunes issus de milieux défavorisés peuvent voir dans la violence un moyen d'exprimer leur mécontentement [3]. • Influence des drogues : La consommation de substances psychoactives est également liée à une augmentation des comportements violents dans les stades [3]. Une étude menée entre 2019 et 2023 révèle que 686 mineurs ont été poursuivis pour des actes liés au hooliganisme, dont 113 placés en détention provisoire. Ces jeunes, majoritairement âgés de 10 à 20 ans, sont souvent issus de milieux socio-économiques modestes et présentent un faible niveau d'éducation [1]. Les causes identifiées incluent la mauvaise gestion des clubs, le manque d’infrastructures sportives adaptées, le chômage, l’absence d’activités de loisirs accessibles et la consommation de drogues [1]. C. Dispositifs juridiques et sécuritaires déployés au Maroc Le Maroc a mis en place plusieurs mesures pour lutter contre la violence dans les stades : • Renforcement de la législation : Des lois spécifiques ont été adoptées pour sanctionner les actes de violence liés au sport. • Mesures sécuritaires : Installation de caméras de surveillance, augmentation de la présence policière et interdictions de stade pour les individus violents. Cependant, ces approches répressives ont montré leurs limites. Elles ne s'attaquent pas aux causes profondes du problème et peuvent parfois exacerber le sentiment d'exclusion chez les jeunes [1]