Circoncision 86
Circoncision
Je me rappelle comme si c'était hier
C'était à Fes , c'était au quartier Zyat
Un soir pas comme tous les soirs
Je m’en rappellerai encore et encore
J'avais juste six ans à peine
Tout le monde était gentil avec moi ce soir
Cela me paraissait bien bizarre
Mon père était heureux bien que pensif et hagard
Maman était bien soucieuse
Elle tournait en rond toute nerveuse
On m'habilla d'une mansouria verte
Avec des rayures noires bien faites
D'un Fez aux couleurs rouges
Je tirais avec mon joujou de pistolet sur tout ce qui bouje
On me met des babouches jaunes
J'avais l'air d'un véritable clown
J'ai été surpris et peiné
Quand on m'a mis aux mains et aux pieds du henné
Soudain des sons de tambour que quelqu'un roulait à tue-tête
Et des hymnes de flûte fusait de partout et de trompette
Les youyous de maman et de ses acolytes raisonnaient
Et la danse et les chants passionnaient
On me mis sur un cheval qui lui aussi danser la chamade
Et moi je pleurais et faisait des gestes à mes camarades
On devait faire un tour dans le quartier voire une balade
Je me sentais mal , je me voyais déjà malade
La nuit tombante on rentre à la maison
Je voulais redoré mon blason
Fatigué et intrigué je n'arrivais pas à m'endormir
Je savais qu'on manigançait quelque chose
J'étais soucieux et anxieux
Et hébété presque en overdose
Je voulais quitter les lieux et déguerpir
Mais mon jeune âge
Me força à rester sage
Longue fut ma nuit dans le noir
J’étais seul dans mon purgatoire
pour les autres elle fut bien courte
Tout le monde se leva très tôt
Des vas et viens incessants
Je me cachais sous mes draps
Maman arriva et me pris dans ses bras
Elle avait des larmes aux yeux
Et moi j'implorais le Dieu des cieux
Mais en vain ce fut un vœu pieux
Je me demandais
Je m’interrogeais
Pourquoi m'infliger ce calvaire ?
J'étais plutôt un gentil garçon
J'avais tout pour plaire
Il fallait que je fasse face
A toutes ces manigances
Et pourtant et malgré toute mes prières
Aux âmes charitables de la terre
Papa vint me chercher
Et me prit par la main pour marcher
Naïf j'ai dis : Papa ou-est ce qu'on va ?
Il balbutia :mon fils on descend en bas
Et doucement on descendit
Et affectueusement il me dit
Aujourd'hui tu ne seras plus môme
Aujourd'hui tu deviendra homme
Et moi crédule je n'ai rien compris
On rentra dans le petit salon
Et là il y avait oncle ABDELAZIZ le boucher rallant
et un autre homme qui avait l'air pas du tout galant
Oncle ABDELAZIZ me prit par le torse
Et mois peureux je criais de toute mes forces
Boucher comme il était je croyais qu'il allait m'égorger
Pour me défendre je gesticulais et dans tous les sens je bougeais
Résigné mais digne je me rendais
J'étais défait et j'ai cédé
Je regardais la scène
J'avais trop de peine
On m'écarta les cuisses
Que oncle ABDELAZIZ me neutralisa
Et tout en finesse
Sacré oncle Abdelaziz ; il en avait l’habitude
Je restais figé et crédule
L'homme que j'avais en face
Me fixa d'un air malicieux et me fit une grimace
Il me dit regarde là haut
Regarde le petit oiseau
Je l'ai cru comme un sot
Je cherchais en vain l'oiseau
Et lui d'un geste de maître me pris le zizi
Il décalotta le prépuce
Je me suis évanoui
Et d'un coup de lame
Je senti comme une flamme
Le prépuce coupé
Fut à tout le monde exhibé
Le sang gisait de partout
Une pince pour clamper
Je criais j'insultais comme un fou
Je vis pour la première fois de ma vie mon gland
J'étais à la fois heureux et mécontent
Il me mît une mèche
pour que rapidement ça sèche
J’avais le corps en sueurs
Et j’étais tout en pleurs
Mon nez qui coule
Au rythme des youyous de la foule
Leur ambiance était cool
Pour moi ce n’était pas du tout lol
Moi je me sentais tout drôle
Le tambour roula de plus belle
Au rythme de la musique de la veille
La flûte aussi avec ses airs d'antan
Anima l'ambiance par des chants
Mon père rentra dans la chambre
Et me ramena à mon lit
Fier de moi
Il me dit avec émoi
Tu étais môme
Tu es maintenant homme
et l’honneur m’échoit
Je reçus beaucoup de cadeaux :
voitures et clarinette
un piano et même une bicyclette
Argent et bombons sur un plateau
Mes parents m'embrassèrent
Et furtivement s’embrassèrent
Heureux et délivrés ils en avaient l'air
La fête dura trois jours pour les autres
Pour moi il aurait fallu plusieurs crises
Quesque voulais que je vous dise
Avant que ça ne cicatrise !!!!!!
Dr Bouchareb Fouad
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