La faille sacrée
160
Si je suis ici, vivante et tangible sur cette Terre, c’est bien parce que je suis une créature, un être humain.
C’est ainsi que j’ai été façonnée, avec toute la complexité, la fragilité et la grandeur que cela implique. Comprendre ce qu’est l’être humain c’est en réalité tenter de me comprendre moi-même au plus profond. Car en chacun de nous résonne cette même nature humaine, un mélange de chair, d’âme et de conscience.
Selon les traditions religieuses, Dieu aurait créé l’homme à son image lui insufflant une essence divine. Dans le Coran, la sourate Sâd (38), versets 71-72, relate : « Je vais créer d’argile un être humain. Quand Je l’aurai bien formé et lui aurai insufflé de mon esprit, jetez-vous devant lui prosternés. »
La Bible, dans le livre de la Genèse (1:26-27), évoque aussi cette création : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. »
Et pourtant, paradoxalement, cette créature porteuse de lumière est aussi capable d’ombres terribles. Sans détailler les horreurs que l’homme peut commettre, nous savons qu’il est capable du pire. Comment un être doté de conscience, d’un souffle divin même peut-il devenir l’ombre de ce qu’il est ?
Je me tourne alors vers un verset qui me passionne. Tiré du Coran, sourate Al-Baqara (30). Avant même de créer Adam, Dieu annonce son projet aux anges, qui s’étonnent : « Vas-Tu mettre sur terre celui qui sèmera le désordre et répandra le sang alors que nous, nous te sanctifions et te glorifions ».
Les anges, créatures de lumière et d’obéissance, ne saisissent pas cette contradiction. Et pourtant, Dieu créa l’homme.
Pourquoi Dieu choisit-Il de créer un être à la fois si parfait dans son origine et si imparfait dans ses actes ? Est-ce un acte de confiance divine en sa capacité à évoluer, à apprendre, à réparer ?
Ce paradoxe, certains y voient une faille. Si Dieu est parfait, pourquoi le mal existe-t-il ? Le philosophe Épicure, déjà au IIIe siècle av. J.-C., posait la question : « Dieu veut-il empêcher le mal, mais ne le peut pas ? Alors il est impuissant. Dieu le peut-il, mais ne le veut pas ? Alors il est méchant. Dieu le peut-il et le veut-il ? Alors d’où vient le mal ? »
Mais des voix spirituelles comme celle de Rûmî nous offrent une autre lecture. Pour lui, Dieu est un artiste. Le mal tout comme le bien participe à son œuvre. « Le mal aussi vient de lui… Ce don du mal est en soi une preuve de sa perfection… Les peintures laides comme les belles témoignent de sa maîtrise. » Rûmî affirme que dans la création, il n’y a ni mal ni bien absolu. Tout participe à la révélation divine. Dieu seul en tant qu’unité transcende les opposés. Il est la coïncidence des contraires.
« Les opposés qui semblent en lutte sont en réalité unis et agissent en harmonie. »(Mathnawi)
Un autre maître spirituel, Frithjof Schuon, explique que même le mal manifeste l’infinitude du possible. Il appelle cela « la possibilité de l’impossible ». Dans cette vision, Dieu n’est pas absent du mal mais il l’encadre. Il en fait un révélateur, un contraste qui fait ressortir la lumière. Une parole mystique dit : « J’étais un trésor caché, et j’ai désiré être connu. J’ai donc créé la création afin d’être connu. »
Cela signifie que Dieu, invisible et mystérieux a voulu se révéler. L’univers, les êtres, la vie ne sont pas là pour lui, mais pour que nous puissions le découvrir, le reconnaître. À travers tout ce qui existe, Dieu se donne à voir, non pour sa propre gloire, mais pour que nous puissions grandir en connaissance de lui.
Chaque être, conscient ou non est une manifestation de Dieu. « Tous les hommes, jour et nuit, manifestent Dieu, certains en sont conscients d’autres non. » (Fîhi mâ fîhi)
Et pourtant, nombreux sont ceux qui diront le mal vient de Satan.
Le Coran décrit cet instant-clé. Dieu crée Adam d’argile, ordonne aux anges de se prosterner. Tous obéissent, sauf Iblis. Il refuse, méprise cette création : « Je suis meilleur que lui, tu m’as créé de feu, et tu l’as créé d’argile. » (Sourate Sâd)
Ce refus n’est pas qu’un acte de désobéissance. C’est un rejet de la nature humaine. Un déni de sa valeur. Satan devenu l’adversaire et se jure de prouver que l’homme ne mérite pas cet honneur. Il le tente, le détourne espérant le faire chuter.
Mais peut-être faut-il aller plus loin.
Et si l’adversaire n’était pas toujours extérieur ?
Ibn Arabi l’exprimait ainsi : « Celui qui se connaît lui-même connaît son Seigneur. »
L’homme est un miroir du divin, voilé par son ego, son nafs, cette part basse de l’âme qui l’éloigne de sa propre lumière. Rûmî, encore lui, disait que le vrai combat se joue à l’intérieur. Iblis, aveuglé par l’orgueil, n’a vu que l’argile. Il a méprisé le souffle divin. Il n’a pas cru en cette lumière capable de transcender l’instinct.
Et peut-être que le véritable piège, c’est ça : accuser Satan… alors que bien souvent, c’est notre propre cœur qui nous égare.
Il y a en nous une force capable d’un amour immense, mais aussi d’un déni glacial. Une lumière mais aussi une ombre. Il faut parfois craindre sa propre âme plus que n’importe quel démon.
Et si je me pose toutes ces questions, sans toujours trouver de réponse, c’est parce qu’au fil de ma vie bien que courte, j’ai vu des choses. J’ai croisé une humanité lumineuse, rayonnante, aimante, mais aussi sa face sombre, violence, cruauté, indifférence. Parfois, j’ai vu les deux dans un même regard, un même geste.
Je ne prétends pas toujours comprendre, ni avoir toutes les réponses. Parfois c’est dans l’acceptation du mystère que naît la paix. Mais je me demande, qu’est-ce qu’être humain au fond ?
Peut-être que c’est justement cette tension entre lumière et obscurité. Cette imperfection, ce déséquilibre constant et ces forces contraires qui cohabitent en nous. Ce paradoxe vivant.
Le combat du bien contre le mal, n’est-ce pas avant tout un combat intérieur ? Un théâtre invisible où se rejouent sans cesse les mêmes choix ?
L’homme est à la fois son propre ennemi et sa propre raison d’espérer.
C’est dans cette lutte intime cette confrontation avec soi-même, que réside peut-être la vraie nature humaine.
Alors, je m’adresse à l’univers
À cette force mystérieuse qui a tout façonné
Je lui murmure combien l’être humain m’apparaît
à la fois parfait et imparfait
un paradoxe vibrant, une faille sacrée
Je lui confie mon émerveillement
ma confusion
Et peu à peu
je comprends un peu mieux
ce que veut dire ce souffle divin
qui anime toute chose.
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La faille sacrée
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Vanité des vanités et tout est vanité
183
La nuit a beau être longue, le soleil finit toujours par se lever.
Il était une fois, Salomon, roi des sages. Roi de la droiture, de la justice, et de la richesse. Un prophète parmi les prophètes, serviteur de Dieu, fils du prophète Daoud. Il occupe une place de choix dans l’histoire des trois religions monothéistes.
Il avait des dons impressionnants, dont celui de dompter les animaux, de comprendre leur langage, et de leur parler. Il commandait sur les êtres humains, les esprits, et même le vent lui obéissait.Sa sagesse était telle que toute la nature semblait vibrer à l’unisson de sa voix.
On dit d’ailleurs, que sa sagesse pesait plus lourd que l’or.
L’histoire que je m’apprête à raconter a été associée à Salomon dans la culture hébraïque.
Pourquoi ? Parce qu’elle est empreinte d’une telle sagesse qu’il semblait naturel qu’on la rattache à l’homme de la sagesse par excellence. Elle est devenue un mythe, un récit que l’on transmet plus pour sa leçon que pour son origine réelle.
Dans l’histoire, le roi Salomon voulait donner une leçon d’humilité à son serviteur, Benaïa Ben Yehoyada. Il lui confia une mission, celle de trouver une bague qui une fois portée rendrait l’homme heureux triste, et l’homme triste heureux. Le roi était convaincu que Benaïa échouerait car à ses yeux une telle bague n’existait pas.
Benaïa chercha la bague partout, sans jamais la trouver. Une fois découragé, il s’arrêta et demanda à un marchand s’il connaissait une bague qui pourrait rendre un homme heureux triste, et un homme triste heureux.
Le marchand entra dans son échoppe et grava une inscription sur une bague en or puis la donna à Benaïa.
À la grande surprise et déception du roi Salomon, Benaïa lui présenta la bague. On y lisait l'inscription suivante: "Gam Zeh Ya’avor" ce qui signifie en français "Cela aussi passera".
Le roi en fut profondément bouleversé. Lui qui avait voulu donner une leçon d’humilité à son serviteur, se retrouva, sans l’avoir prévu, à en recevoir une. Il comprit alors que toute sa richesse, sa sagesse et son pouvoir n’étaient que temporaires.
Il dit alors : « Ce que la sagesse peine à exprimer, la simplicité l’a révélé. Que cette bague ne me quitte jamais. »
Depuis ce jour, il la porta discrètement sous son manteau, la touchant souvent quand le pouvoir ou la douleur menaçaient de l’emporter. Comme un rappel silencieux au cœur du tumulte.
Et c’est là que réside le vrai génie de cette histoire.
Salomon qui voulait offrir une leçon d’humilité à son serviteur, se retrouve lui-même bouleversé par une vérité simple gravée sur une bague.
Une simple phrase, quelques lettres, et tout un monde intérieur qui s’ouvre.
Cela aussi passera, trois mots minuscules, pour dire l’immensité du changement. Pour nous rappeler que tout est passage. Que rien ne dure, ni les douleurs les plus lourdes ni les bonheurs les plus intenses.
Ces mots sont un appel. Un appel à vivre, pas à fuir. Pas à s’accrocher non plus. Juste à vivre.
À être là, dans ce qui est. Dans le souffle, dans l’instant.
Parce que tout ce qui naît, dit Ibn Arabi, est destiné à disparaître. Et que la paix ne se trouve pas dans ce qui change, mais dans la contemplation de ce qui est. Dans l’acceptation lucide de l’impermanence. C’est peut-être ça au fond le cœur de la sagesse. Ne pas confondre le provisoire avec l’absolu et ne pas chercher à retenir ce qui s’efface.
Et moi, avec ça en tête, je n’ai plus envie de chercher à tout maîtriser. J’ai juste envie de faire de chaque jour le meilleur jusqu’à présent. Pas le plus parfait. Pas le plus productif. Juste… le plus vrai.
Parce que ça aussi, un jour, passera.
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Hermès, maître des savoirs cachés
221
Que la lumière de la connaissance éclaire notre chemin
Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut
et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas
pour réaliser les miracles d'une seule chose
Son père est le soleil, feu sacré du commencement
Sa mère est la lune, lumière de l’obscurité
le vent l’a bercé dans le secret de son ventre
et la terre l’a nourri, gardien silencieux
Sage parmi les sages, né d’un rayon ancien
il veille sur le feu sacré de la connaissance
Derrière les voiles du temps
une voix résonne, un nom s’élève
murmuré dans les temples oubliés
dans la danse des étoiles
dans le souffle des manuscrits antiques
Hermès Trismégiste
Mais qui est-il vraiment, ce gardien des secrets ?
Trois fois grand, il traverse les âges et les songes
père d’une sagesse aux visages multiples
philosophe des étoiles et de l’âme
porteur d’une lumière venue d’avant le temps
Il n’est pas seulement un homme
ni tout à fait un mythe
il est passage, il est miroir
il est souffle venu des origines
fils de Zeus et de Gaïa, enfant des mythes grecs
scribe des dieux, maître des lettres et des arcanes en Égypte
voix secrète dans les récits arabes et hébraïques
gardien d’un savoir qui défie les frontières et les âges
En terres d’Europe, au cœur du Moyen Âge
il devient l’ancêtre d’une science sacrée
celle qui mêle alchimie, magie et étoiles
un chemin où l’homme rejoint l’univers
le visible embrasse l’invisible
la matière danse avec l’éther
Au centre de cette voie
la Table d’Émeraude révèle
« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut,
et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas,
pour accomplir les miracles de l’Unité »
Ainsi se déploie l’univers
un souffle unique qui traverse chaque être
chaque étoile, chaque pierre
liant le ciel à la terre, la lumière à l’ombre
Ce souffle, c’est l’Akasha, la Lumière Astrale
le mercure sacré, lien invisible
A la fois père Soleil ardent
et mère Lune, miroir des mystères nocturnes
Hermès Trismégiste traverse les âges
gardien d’une sagesse perdue
symbole d’un savoir ancien que l’humanité porte en silence
archétype du maître, du chercheur de lumière
celui qui, même dans l’oubli, murmure encore
invite à retrouver le pont
à réveiller la vérité enfouie
Entre les lignes du temps
Hermès est cet appel
chercher, questionner, oser
pour que la connaissance sacrée
embrase à nouveau notre chemin.
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L’homme impossible
224
Quand la vie en silence dépose sur ma route une âme
Qui fait vibrer chaque cellule de mon être, je sais au fond de moi que je l'ai appelé, je l'ai rêvé, je l’ai manifesté.
Et je l’ai trouvé
Mais cet homme, je ne peux le posséder
Et si la douleur d’aimer ce qu’on ne peut avoir était en vérité un signal ?
Un murmure de la vie pour m’inviter à déverrouiller ce que je cache à moi-même
Rien dans nos désirs n’est dû au hasard
Et si cette rencontre m’avait été envoyée
non pour l’aimer, mais pour cesser de me fuir ?
Pour plonger au cœur de moi, là où l’écho de mon feu intérieur résonne encore
Et si ce que je vois en lui c’est la lumière d’une part de moi que j’avais oubliée ?
Alors je ne le perds pas, je me retrouve
Peut-être n’est-il que l’ombre de moi-même
l’ombre de mes projections
le reflet incarné de mes désirs les plus vastes
Et si en l’aimant lui, c’était mon âme que j’apprenais enfin à aimer
Alors je comprends, cette rencontre n’était pas un hasard
Il est un miroir, un passage
Il m’a poussé à me regarder enfin
au-delà des voiles, au-delà des peurs
à toucher cette conscience vive de ce que je suis
ici, maintenant.
Et si ce que j’aimais tant en lui
ce feu, cette lumière, cette intensité
n’était que le reflet d’un feu plus ancien, plus profond
celui qui dormait en moi depuis toujours ?
L’autre, m’a tendu un miroir
Il a réveillé ce que j’avais enfoui, oublié, nié
Mon propre désir
Ma force
Ma vérité
Il n’était pas le but
Mais le seuil
Le seuil d’un chemin que Jung appelle individuation
la quête vers soi-même
le retour à la totalité intérieure que j’avais éparpillée
à force de vouloir plaire, appartenir, me dissoudre
Et moi, à cet instant
j’en suis seulement à la première étape.
Je me réveille
Je vois
Je sens le manque, la brûlure
mais je comprends, ce n’est pas lui qui me manque
C’est moi.
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La vie, ce rêve éveillé
232
« Et cette vie d'ici-bas n'est qu'amusement et jeu. La demeure de l'au-delà est assurément la vraie vie, s'ils savaient ! » Coran, Sourate 29, verset 64
Je voulais commencer avec ce verset du coran qui résonne dans ma tête depuis toute petite. Cette phrase, je ne l’ai jamais oubliée. Elle revient souvent, comme un rappel doux et puissant.
La vie n’est qu’un amusement, un jeu.
Mais alors… pourquoi est-ce qu’on la prend autant au sérieux ?
Pourquoi s’y attacher à ce point, s’en faire une prison ?
Pourquoi toutes ces angoisses, ces attentes, ces luttes incessantes ?
À chaque fois que je me retrouve face à ces questions, les mots de Rumi apparaissent comme une évidence : "Try not to resist the changes that come your way. Instead, let life live through you."
Et si c’était ça, la vraie sagesse ?
Ne plus résister. Ne plus s’accrocher.
Juste laisser la vie passer à travers nous, comme un souffle sacré.
Ibn Arabi qui revient souvent en écho à Rumi tant leurs visions se complètent, dit que la réalité est un rêve, un rêve que Dieu rêve à travers nous.
Que tout ce qu’on croit sérieux, stable et solide n’est qu’un reflet passager, une projection des attributs divins et rien de plus.
"Le monde est un théâtre où l’Acteur unique prend mille formes."
Alors, si tout est jeu, rêve, théâtre.
Et si la vraie vie ce n’était pas de gagner, ni de prouver quoi que ce soit.
Mais d’aimer.
De lâcher prise.
D’habiter pleinement l’instant, sans peur de perdre.
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Dépression
279
Dépression
On es tous fatigués
Et bien souvent intrigués
On souffre d'une manière ou d'une autre
Parfois en silence
Souvent à distance
On n'est pas bien dans notre peau
Et bien souvent on manque de pot
Nous avons tant enduré
Que de fois nous avons tant pleuré
Et versé des larmes
dans nos moments de faiblesse
Finis les fêtes finis les liesses
Nous avons perdu des personnes qui donnaient du sens à notre vie
C'est dommage et c'est tant pis
Mais nous sourions malgré les revers
Et on cherche le bonheur même de travers
Nous avons tous souffert d'un amour perdu
Et du temps révolu
Grandes furent nos déceptions
Que de vaines tentations
La vie n'est parfaite pour personne
On ne sait plus pour qui le glas sonne
Et de quoi demain sera fait
Car si notre passé était imparfait,
et notre présent est compliqué,
Le future est peut-être confisqué
On souffre en silence
On se lasse de la succession des malchances
Et de la monotonie jour après jour
On ne sait plus à qui sera le prochain tour
On a perdu la voix
On a raté la voie
Malgré la foi
D'une hypothétique prochaine fois
💞🥀
Dr Fouad Bouchareb
Inspiré d'un texte de Mme Sanaa Bensmaine
Rabat le 18 Avril 2023
Tous les droits sont protégés
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Dépression
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Un philosophe, de l’acide, et une pierre
250
Un ami m’a demandé un jour d’écrire sur la pierre philosophale. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il insiste souvent avec cette phrase étrange : « Entre à l’intérieur de la Terre, et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. »
En général quand il me sort ça, je le regarde comme s’il parlait une langue morte et dans un sens, c’est presque le cas. Alors aujourd’hui, je prends un peu de temps pour essayer de comprendre ce que ce charabia veut dire.
Apparemment, ce fameux message est un acronyme ancien qu’utilisaient les alchimistes : V.I.T.R.I.O.L.
Ça veut dire : Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem, en français : « Visite l’intérieur de la Terre, et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. »
Ok… ça a toujours l’air bizarre, mais on commence à voir où ça veut aller. En gros, on te dit : « Descends dans la profondeur des choses, cherche à comprendre, à purifier… et tu trouveras quelque chose de précieux. »
Mais quoi ? Cette fameuse pierre philosophale.
Alors, petite pause : c’est quoi exactement la pierre philosophale ?
Dans les livres d’alchimie, c’est cette substance légendaire qui permettrait de transformer le plomb en or, et de fabriquer l’élixir de vie. Elle représente l’ultime but de l’alchimiste, le graal absolu. Mais soyons honnêtes, personne n’a jamais mis la main dessus, en tout cas pas physiquement. Et c’est là que le truc devient intéressant, la pierre n’est pas qu’une matière, c’est surtout un symbole.
Elle incarne la transformation totale de la matière brute vers un état pur, de l’homme ordinaire vers l’homme éveillé. Bref, c’est un aboutissement, un accomplissement autant intérieur qu’extérieur.
Mais quel est le rapport avec le Vitriol ? Parce que, quand on tape ce mot sur Internet, on tombe sur des trucs pas très spirituels : un acide corrosif, puissant, dangereux. En chimie, le Vitriol, c’est un liquide capable de dissoudre presque tout. Et là, je me demande :
Comment on passe d’un acide qui ronge tout à un symbole de lumière intérieure ?
Eh bien… c’est justement ça, le génie de l’alchimie.
Le Vitriol chimique représente la phase de destruction nécessaire dans tout processus de transformation. Il dissout, il nettoie, il casse ce qui est trop solide, trop figé. En langage symbolique, c’est la descente dans nos ombres, dans nos blocages, dans nos failles. Le Vitriol devient le symbole de la purification. On enlève les couches mortes, les masques, les illusions… pour révéler quelque chose de plus vrai.
Donc oui, l’alchimiste "utilise" le Vitriol pour faire la pierre philosophale. Mais pas comme on utilise un ingrédient dans une recette. C’est plus profond. Le Vitriol, c’est l’étape du feu intérieur, celle où on affronte, on traverse, on se transforme. Et ce n’est qu’en passant par cette phase-là, la plus inconfortable, la plus obscure qu’on peut espérer atteindre la fameuse pierre.
Et pour rendre tout ça un peu plus pop culture : Harry Potter en parle aussi. Dans le premier tome, Harry Potter à l’école des sorciers, toute l’histoire tourne autour de la pierre philosophale. Elle donne l’immortalité, transforme le métal en or, sauf qu’à la fin Nicolas Flamel accepte de la détruire. Pourquoi ?
Parce qu’il comprend que la vraie sagesse, c’est de vivre, pas de fuir la mort. C’est une très belle image en fait, la pierre est là, mais elle ne sert pas à devenir invincible, elle sert à comprendre que ce qui compte. C’est la transformation intérieure, pas le pouvoir brut.
En vrai, on est tous un peu alchimistes. On cherche à transformer nos galères en force, nos erreurs en leçons, nos ombres en lumière. Le Vitriol, ce n’est peut-être pas un liquide qu’on garde dans un flacon mais plutôt une épreuve qu’on traverse. Et la pierre philosophale, ce n’est peut-être pas un objet mais ce qu’on devient à la fin du chemin.
Et je conclus cette réflexion par une petite histoire que j’ai trouvée sur ma route. Une vieille légende hindoue que je vous livre telle quelle, parce qu’elle parle mieux que moi de cette quête de transformation intérieure :
« Il y eut un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma, le maître des dieux, décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette.
Lorsque les dieux mineurs furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci : « Enterrons la divinité de l'homme dans la terre ». Mais Brahma répondit : « Non, cela ne suffit pas, car l'homme creusera et la trouvera ».
Alors les dieux répliquèrent : « Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans ».
Mais Brahama répondit à nouveau : « Non, tôt ou tard, l'homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu'un jour il la trouvera et la remontera à la surface ».
Alors les dieux mineurs conclurent : « Nous ne savons pas où la cacher, car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d'endroit que l'homme ne puisse jamais atteindre un jour ».
Alors Brahma dit : « Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher ».
Depuis ce temps-là, conclut la légende, l'homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui ».
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Voyage au cœur de la conscience
254
« Le monde est le miroir dans lequel l’être humain se contemple, mais ce miroir est une image imaginaire ; ce n’est que par la lumière intérieure que le reflet devient réalité. »
Cette parole d’Ibn Arabī illustre parfaitement sa pensée, selon laquelle la réalité extérieure n’a pas d’existence indépendante sans la conscience qui la perçoit. Pour lui, le monde extérieur n’est pas une réalité objective, brute et autonome. La réalité que chacun perçoit est plutôt une forme d’imagination divine, une projection que nous construisons à partir de nos pensées, de nos croyances et de notre manière d’être.
Ainsi, même si nous ne contrôlons pas le monde en lui-même, nous en maîtrisons le sens, c’est-à-dire la façon dont il nous apparaît et la signification que nous lui donnons lors de notre rencontre avec lui.
Les neurosciences contemporaines confirment cette idée. Ce que nous appelons « réalité » n’est jamais un état brut et objectif. Le cerveau humain agit comme un filtre puissant qui trie, interprète et colore les informations sensorielles en fonction de nos états émotionnels, de nos expériences passées et de nos attentes.
Une étude clé dans ce domaine, Emotion and Perception: The Role of Affective States in the Modulation of Visual Processing, montre comment les émotions influencent directement la perception. La peur, l’anxiété ou d’autres sentiments modifient l’activité dans les régions visuelles du cerveau, accentuant la détection de stimuli perçus comme menaçants ou porteurs d’une charge émotionnelle intense.
Ainsi, loin d’être un simple récepteur passif, le cerveau reconstruit activement la réalité en intégrant ces émotions et expériences. Cela explique comment deux individus, confrontés simultanément à la même situation, peuvent pourtant la percevoir différemment selon leur état émotionnel ou cognitif.
Dans ce contexte, la célèbre phrase d’Ibn Arabī, « The world is imagination and you are its meaning », prend tout son sens. Le monde est une projection imaginale, et nous en sommes le sens, la signification vécue.
Rûmî, grand maître soufi, enrichit cette réflexion par sa célèbre parole : « Vous êtes l’océan, tout le reste n’est que vague, vous êtes la source, tout le reste n’est que ruisseau. » Cette métaphore signifie que la source de toute réalité, cette force créatrice ultime, réside en nous-mêmes, dans notre essence divine.
Rûmî insiste souvent sur la puissance créatrice de l’être humain, qu’il voit comme porteur d’une étincelle divine en son fond intérieur. Cette étincelle lui permet de manifester ce qui est en lui vers l’extérieur, participant ainsi à la création du monde.
Pour lui, la conscience humaine n’est pas isolée, elle est en union profonde avec Dieu, et c’est précisément cette union qui constitue le moteur fondamental de toute création.
Dans le Coran, il est dit : « Ô toi, âme apaisée ! Retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée. Entre donc parmi Mes serviteurs et entre dans Mon paradis » (Sourate Al-Fajr, 89:27-30).
Cette parole s’adresse à l’être humain qui a, au cours de sa vie, atteint un état de paix intérieure et de certitude profonde dans sa foi et son essence. L’âme apaisée n’est plus agitée par les doutes, les peurs ou les troubles du monde, elle est en harmonie avec elle-même et avec le Divin.
Atteindre ce stade de sérénité spirituelle signifie non seulement une connexion intime et sincère avec Dieu, mais aussi l’accès à un état de béatitude qui transcende le simple au-delà. Ce « paradis » évoqué ici peut être compris comme une réalité intérieure transformée, un lieu de paix et de lumière qui irradie dans la vie présente.
De nombreux commentateurs et soufis, comme Ibn Arabi ou Rûmî, interprètent cette paix de l’âme comme une victoire sur l’illusion et les tumultes du monde. Elle n’est pas seulement un repos passif, mais une force active qui modèle la perception et la réalité. L’âme apaisée transforme ainsi son rapport au monde.
En ce sens, cette étape spirituelle est un véritable pouvoir créateur, l’intérieur apaisé façonne l’extérieur, influençant la manière dont la réalité se présente et se vit.
Bouddha, qui a renoncé à sa vie royale pour chercher à comprendre les mystères de la souffrance, de la vie et de la mort, nous enseigne : « La paix vient de l’intérieur, ne la cherchez pas à l’extérieur. »
Ainsi, la véritable transformation ne peut naître que de notre monde intérieur, d’un esprit apaisé, et non des circonstances extérieures.
Combien d’entre nous s’efforcent de changer le monde, de transformer la réalité qui nous entoure ? Pourtant, le véritable changement ne commence pas à l’extérieur, mais au plus profond de soi. C’est là que réside la source essentielle de toute transformation durable.
Mais il est bien plus ardu d’oser plonger dans notre fort intérieur, d’explorer nos pensées, nos émotions, nos croyances, que de se lancer dans la course effrénée pour modifier ce qui est à l’extérieur.
Pourtant, c’est ce travail intérieur, souvent invisible et exigeant, qui façonne véritablement notre perception du monde et, par conséquent, la manière dont nous le vivons.
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Feuille de route pour la vie
298
Feuille de route pour la vie
De quoi sera fait demain ?
Peu importe puisqu’il y aura toujours des lendemains
Avec leurs lots de surprises
et d'imprévus
Avec ou sans toi l'histoire sera écrite et précise
Et sera bien lue
La vie n'a rien de spéciale alors ne te fais pas de soucis
Et dis toi bien que ton destin est écrit
Et est entre les mains de Dieu
La soif de continuer d'exister
sans penser à demain,
aux aléas et aux tracas de la vie
Et le propre de tout un chacun
Vis le présent pleinement avec enthousiasme
L'envie de répandre la joie et le bonheur n'est pas un fantasme
Vis au présent avec sourire philosophie
Affrontes les aléas de la vie avec sérénité
Ne manifestes ni tristesse ni regrets.
C'est essentiel pour la postérité
Aies la foi
et assumes tes choix
Vis au présent et sois à
l'écoute des sans abris
Compatis devant toutes ces misères et cruauté de la vie
Et dis-toi bien que la vie
t'a donné l'amour autour de toi
Et que la chance a été toujours de ton côté
Et que ru as été souvent bien loti
Alors assumes pour une fois
Et vis bien le reste de ta vie.
Dr Fouad Bouchareb
Le 20 Février 2024
Inspiré d'un texte de mon Maître Pr Hakam Tazi Moukha
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Feuille de route pour la vie
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La maison parentale
275
Il était une fois la maison parentale
La maison de mes parents est définitivement fermée.
La sonnerie reste curieusement muette. Il n'y a plus maman pour m'accueillir à bras ouverts avec son merveilleux sourire légendaire. Il n'y a plus papa pour me parler de ses nombreux voyages, me raconter ses fameuses blagues et me donner ses conseils pour mon poste et ma carrière. Il n'y a plus d'odeurs magiques émanant de la cuisine de maman qui me donnaient l'eau à la bouche en prélude d'un bon festin et de succulents plats dont elle seule avait le secret.
Mes parents étaient si fiers de faire de moi un médecin. Ils ne savaient guère qu'une fois malades j'allais veillé sur eux et leurs malheureux destins et les accompagner jusqu'à la fin de leur vie! En prenant des décisions médicales et thérapeutiques que mes frères et sœurs et le reste des membres de la famille avaient du mal à comprendre l'intérêt mais finissaient par réaliser l'intérêt.
Depuis leurs morts, il n'y a plus cette ambiance paisible qui régnait à notre maison. Il n'y a plus cette joie de vivre. Et pour ainsi dire même les aiguilles de la montre murale sont restées figées et le balançoire a cessé définitivement ses va et vient à l'infini. Plus de tic tac, point de musique en vrac quand chaque heure est pile. Il n'y a plus ces débats acharnés entre mes frères et sœurs dont seul papa avait l'art de trancher nos avis partagés avec sa légendaire sagesse et sa pédagogie. Personne n'est avantagé. Personne n'est frustré. Tout le monde avait compris et savamment appris. Il nous a appris à faire le discernement des choses, à composer de la poésie, des vers et des proses. Il épatait l'auditoire par ses drôles histoires à mourir de rire.
A présent il n'y a plus d'invités à la maison. Elle est définitivement fermée. Un silence religieux y règne tel une communion, tel un recueillement, telle une prière.
Le temps s'est brusquement arrêté une première fois le 3 Octobre 1996 après le décès de ma mère. Il s'est figé pour toujours le 5 Décembre 2018 après la mort de mon père. Après toute fois m'avoir fait la faveur et laissé le temps de fêter la veille mon anniversaire.
Dorénavant il ne me reste d'eux que les bons souvenirs et les prières
pour que leurs âmes reposent en paix
Dr Bouchareb Fouad
Rabat le 5 Décembre 2022
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La maison parentale
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Méditations premier jour du printemps
289
L'univers ?
C’est la terre,
C’est aussi le soleil,
Mais le meilleur animal
s'est donné son titre d'Homme
et oublie qu’il reste môme
convertissant expériences des sens et intellect
et aussi son affect
en histoire de l'humanité
dit-on.
Pourtant
Nous voilà
Nous voici !
Debout et assis
L'instant est éternel,
Vécu en tant que tel
Son infinité est étirée entre passé et futur
perdue entre amalgames et cultures
jamais réellement vécus
malgré des situations impromptues
Si non seulement et toujours en représentation.
Et même fruit d’imagination
Si le présent est éternel et infini,
authentique et matériel
C'est tout ce qui compte,
Le passé n’est que souvenirs
Avec ses réussites
Mais aussi ses défaites
Et le futur sera plus que parfait
Si tout le monde mettait du sien
Et œuvrait pour le bien
Il y a très peu que l'on ne puisse s'offrir à soi-même
qui serve à occuper l'instant présent,
et nous égayer pour autant
avec le bonheur qu’on sème
telle est l'ultime sensation de liberté
d’amitié et fraternité
Il y a si peu d'effets qui ne puissent résulter de causes,
Qui remplit ma vie de poésie et de proses
Au fil des saisons
Pour vivre telle est ma raison.
Et plus j'occupe par ma courte vie ce temps éternel,
Entre monde virtuel et monde réel
plus je réalise que très peu est Hasard.
Et j’en reste hagard
Que le désir des humains est de se prolonger,
Et qu’animaux et plantes se prolongent sans le désirer.
Je ne connais pas d'autres formes de vie qui ne veuillent se prolonger.
Il y en a même qui rêvent de ressusciter
J'ai appris en un instant réel
que ronfler sur l'herbe fraîche de la colline,
et respirer de plus bel
sous le gazouillis des oiseaux du printemps,
en perdant la notion du temps
Près du cœur pur à même le sol,
me réjouissant dans ce rôle
était non plus un symptôme d'obstruction nasale
au pronostic des fois fatal
Mais et surtout un signe cardinal
suffisant du syndrome du bonheur.
Dr Fouad Bouchareb
Inspiré d'un texte de Mme le Pr Mahjouba Boutarbouch
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Le 21 mars 2019
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Méditations premier jour du printemps
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Ces nouveau défenseurs des libertés et de la démocratie... Partie: 1
1721
Avec l'autorisation de mon ami Aziz Boucetta, je me permets ici de partager avec les lecteurs de Bluwr, le billet qu'il a publié dans Panorapost.com, un organe de presse qu'il dirige avec compétence et responsabilité. le titre est édifiant et la raison de sa colère évidente. Le paysage journalistique et celui des réseaux est aujourd'hui submergé, inondé pollué au point de devenir nauséabond. Il est probablement temps de se prononcer et que chacun prenne ses responsabilités mais aussi d’agir en contradicteur de l’imbécilité et de l’indécence.
Le lien de la source est au bas de la page.
Voici ici le texte tel que signé Aziz Boucetta le 29 janvier 2025.
Partie: 1
Aujourd’hui, aucune personne sensée ne peut plus mettre en doute cette vérité que nous vivons dans un monde dangereux. Instable, incertain, et donc dangereux. Dans cette planète mondialisée où l’humanité est réduite à un petit village grand ouvert, nous assistons à ce paradoxe qui voit tous les pays se fermer sur eux-mêmes, procéder à des introversions sur eux-mêmes. Les Etats se défendent désormais contre les menaces extérieures qui les affaiblissent et les attaques intérieures qui les rongent. Mais ce qu’on oublie, c’est la nécessité d’avoir un Etat fort… un Etat fort qui rende des comptes certes, qui doit les rendre, mais qui doit également être protégé et préservé.
Or, que voyons-nous, dans le monde entier, et au Maroc en particulier ? Des gens qui rappellent cette pensée d’Umberto Eco : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui avant, ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel ». Ces gens alimentent les colères rentrées des gens et les agrègent, surfent sur leurs mécontentements, profitent de leur naïveté et de leur crédulité, abondent dans leur sens, mentent au besoin, mentent souvent.
On les appelle youtoubeurs, influenceurs… ils se choisissent des noms de scène, faciles à retenir, soigneusement marketés, où ils s’affublent de titres universitaires, souvent abusifs, docteur, professeur, maître… Et ils portent et promènent leurs paroles sur les réseaux sociaux qui leur sont si favorablement ouverts, et dans lesquels ils trouvent des gens si facilement convaincables et influençables.
Un Etat fonctionne à sa manière, et c’est partout la même ; les méthodes sont universelles mais leurs déclinaisons restent nationales. Dans tous les pays, les Etats à travers leurs institutions renferment des gens douteux, procèdent à des activités pas toujours légales, entreprennent des actions parfois liberticides, se lancent dans des opérations moralement répréhensibles… Et c’est pour cela qu’il existe des contre-pouvoirs, et qu’il en faut. Jusqu’à récemment, ces contre-pouvoirs étaient institutionnels et, souvent, ils ne suffisaient pas, et ne suffisent toujours pas.
Les réseaux sociaux ont apporté une nouvelle puissance à ces contre-pouvoirs. Désormais, tout un chacun peut anonymement dénoncer un passe-droit, un abus, une irrégularité, voire un crime financier. Et c’est là où les choses peuvent déraper, c’est là qu’elles dérapent. Et c’est là qu’il faut savoir raison garder, et ramener les choses à leur endroit.
Première vérité : L’Etat n’est pas un ennemi. Il gère, légifère réglemente, contrôle, sanctionne, taxe, dépense, régule, prévoit… L’Etat est nécessaire, et l’affaiblir est dangereux. Jadis, l’Etat versait systématiquement, ou presque, dans des abus de tous ordres. Aujourd’hui, la tentation est la même, mais la prudence est devenue de mise. Tout acte répréhensible ou abusif est susceptible d’être dénoncé, rapporté à l’opinion publique, avec preuves à l’appui. Les réseaux sociaux sont là pour ça, les dirigeants le savent et agissent en conséquence.
Deuxième vérité : Tout le monde ne peut pas être « justicier » et personne ne peut prétendre détenir la vérité, même les plus bruyants, même les plus « talentueux » sur Facebook, Youtube et autres plateformes.
Troisième vérité : L’expression et l’opinion doivent être libres, cela ne fait aucun doute, mais cette liberté est encadrée, réglementée. On ne peut tout dire sous le toit de la liberté d’expression, qui glisse souvent en diffamation, en calomnie, en désinformation. La liberté d’expression, c’est aussi une obligation, on l’oublie bien souvent.
Au Maroc, comme ailleurs, ces « justiciers » sont pléthore. Certains, les « intellectuels », font des analyses, agissent de manière en apparence « rationnelle », développent leurs arguments ; ils sont sur leurs chaînes personnelles, ou agissent au nom d’ONG connues et souvent donneuses de leçons (orientées et sélectives, comme on le sait désormais depuis Gaza), à la manière des années 70 du siècle dernier, alors que le monde a changé. Ils sont connus, pour avoir exercé des responsabilités au Maroc ou pour y avoir porté des titres, mais ils sont souvent expatriés. Leur problème est que leurs logiciels de pensées sont restées figés au début des années 2000, et pour certains plus haut encore dans l’histoire, dans le cadre tracé par John Waterbury à la fin des années 60 du siècle dernier ; et alors que le Maroc est aujourd’hui tourné vers l’avenir, ils persistent à ressasser les anciennes critiques, sur la monarchie, sur la démocratie, sur les libertés, sur le monde arabe comme ensemble homogène ou l’espace maghrébin comme espace hétérogène…
A suivre en partie 2.
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Ces nouveau défenseurs des libertés et de la démocratie... Partie: 1
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Ces nouveaux défenseurs des libertés et de la démocratie.... Partie 2
1683
Avec l'autorisation de mon ami Aziz Boucetta, je me permets ici de partager avec les lecteurs de Bluwr, le billet qu'il a publié dans Panorapost.com, un organe de presse qu'il dirige avec compétence et responsabilité. le titre est édifiant et la raison de sa colère évidente. Le paysage journalistique et celui des réseaux est aujourd'hui submergé, inondé pollué au point de devenir nauséabond. Il est probablement temps de se prononcer et que chacun prenne ses responsabilités mais aussi d’agir en contradicteur de l’imbécilité et de l’indécence.
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Voici ici le texte tel que signé Aziz Boucetta le 29 janvier 2025.
Partie 2:
D’autres, de ces « justiciers », sont vulgaires et grossiers : ils braillent, insultent, menacent, s’en prennent aux institutions habituellement ciblées (monarchie, services de sécurité, justice), et promettent des révélations qui ne viennent jamais, parce qu’elles n’existent pas. Dans cette catégorie, il y a les aigris qui veulent compenser des échecs, et attaquent tout et tous, et il y a les mercantiles qui le font pour l’argent (« plus j’insulte, plus je parais prendre des risques, et plus je suis regardé et écouté, et plus j’engrange de l’argent, directement sur les plateformes ou en ‘monnayant’ mon audience »). Ils utilisent les institutions marocaines, tour à tour la monarchie, les services de sécurité, la justice, comme des produits d’appel pour attirer le chaland. Le plus souvent, ils agissent de l’étranger, forts de leurs doubles citoyennetés, et le plus souvent aussi, ils sont en délicatesse avec les justices de leurs pays d’accueil : Dounia Filali en France, Zakaria Moumni ou Jrindo au Canada, Mohamed Hajib en Allemagne. Ils sont passés des attaques contre la monarchie, (c’est toujours payant) aux accusations contre les services qui menaceraient cette même monarchie, et, ce faisant, ils se sont transformé en défenseurs de la monarchie, car c’est désormais encore plus payant !… Souvent, ils sont davantage dans l’extorsion de fonds ou la monétisation de leurs audiences, affichant de grands desseins politiques pour masquer leurs petits calculs financiers.
Enfin, une troisième catégorie est celle de ceux qui agissent directement du Maroc. Ils ont au moins la cohérence de critiquer l’environnement dans lequel ils vivent. Mais ceux-là, militants, historiens, journalistes revenants, universitaires (ils ne sont pas si nombreux) pèchent par une sorte de haine du pays et de déni de tout ce qu’il a pu construire et édifier en 50 ans. A leurs yeux, rien de ce qui se fait au Maroc n’est bon ; pour eux, la démocratie reste occidentale ou n’est pas. Pour eux, nous serions tous et toujours en danger si notre système reste le même et, bien évidemment, notre police est une Stasi du 21ème siècle et une Savak en devenir. Certains critiquent et dénoncent tout, régionalisation, industrialisation, normalisation, tout… Ils sont dans l’abus systématique et, bien heureusement, restent dans la confidentialité numérique.
L’objectif de tous ces gens ou presque est d’affaiblir l’Etat, ce en quoi ils auraient réussi si l’Etat était faible ou si leurs accusations étaient vraies, étayées et prouvées. Ce qui n’est pas le cas. Mais, pour autant, et en dépit d’une baisse vertigineuse de leurs audiences – les internautes comprenant de plus en plus leurs objectifs –, il est important de protéger et de sauvegarder l’Etat. En outre, le Maroc ne semble pas avoir besoin de ces « lanceurs d’alerte » qui font de l’attaque personnelle une vérité et de la punchline une doctrine ; cette fonction est parfaitement remplie par les journalistes, les vidéastes et surtout les jeunes, les jeunes et encore les jeunes, qui interviennent et corrigent ce qui doit l’être, dénonçant au besoin des travers ou des dysfonctionnements ; la Cour des comptes existe et elle travaille, le HCP est là pour tirer les sonnettes d’alarme, Bank al-Maghrib s’alarme et parfois s’insurge… Les institutions, les corps élus, les services, tout le monde doit pouvoir être critiqué, surveillé, mais dans les règles et dans le respect de la loi et de la justice et de ses jugements, et quand les verdicts sont abusifs, ils sont aussi dénoncés et souvent, corrigés en appel.
En effet, il est important de le rappeler, dans un monde où Trump déboule, où l’Europe se cherche mais se perd dans l’intervalle, où Chine et Russie sont de plus en plus intrusives, où la menace de pandémie guette désormais, où l’argent coule à flots et où l’argent n’a plus de limites, les Etats, dont celui du Maroc, reçoivent des coups, mais résistent. Il est important de prendre conscience que dans ce monde, les peuples ont besoin d’Etats forts, stables et visionnaires. Et c’est, bien heureusement, le cas de l’Etat marocain. Pour ceux qui pourraient être amenés à en douter, souvenons-nous de l’action résolue pendant la crise Covid et comparons aux centaines de milliers de morts en Europe et aux Etats-Unis, au nombre effarant de décès dans des pays non structurés, et à la vitesse de réaction et d’anticipation des Marocains ; constatons aussi le nombre d’attentats ici et ailleurs (cette semaine, la DGST a démantelé une cellule terroriste à Had Soualem)… Comme le disait le Nouveau modèle de développement, une société forte et un Etat fort.
Il faut le dire et s’en réjouir, puis en prendre conscience, s’en convaincre, et agir en conséquence. Une fois cela établi, il n’est aucunement question d’accorder un chèque en blanc à toutes les institutions ciblées ; elles sont suivies dans leurs actions, lesquelles actions doivent être décortiquées, soumises à l’épreuve de la loi, et le cas échéant dénoncées, critiquées, poursuivies en justice.
En définitive, ce sport national qui consiste à mettre à bas tout ce qui est institutionnel doit cesser ; il n’apporte rien au débat national et n’apporte rien à cette mouvance gauchiste qui a vécu et que ces nouveaux « militants », numériques, essaient de ressusciter. Jadis, il fallait protéger les militants dénués de moyens de communication contre un Etat censeur, brutal et liberticide ; aujourd’hui, face à tous ces coups de boutoir, inutiles et intéressés, il importe de protéger l’Etat, tout en surveillant son action, avec les moyens légaux.
Aziz Boucetta.
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Ces nouveaux défenseurs des libertés et de la démocratie.... Partie 2
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Bonne année..........Action, ça tourne
1611
le générique de fin défile sur l écran
un épisode s achève, commence un autre different
sans entracte ni pub, la saison suivante débute
résolutions , challenges et nouveaux buts
l opportunité de réimaginer son propre scenario
du stylo qui écrit son destin devenir le proprio
Réalisateur, producteur….bref chef du tournage
Mener le shooting avec determination et courage
embaucher le meilleur ingé son pour désormais se faire entendre
choisir le volume necessaire, sa vision savoir défendre
casting inédit, seconds roles et figurants
uniquement des acteurs inspirés et inspirants
bien entendu, être soi-meme la star
jouer le role de sa vie, viser l oscar
une histoire avec suspens, tension et inévitablement drame
mais un final heureux, tirant de vos spectateurs une larme
un happy end comme les américains savent faire
une dernière scene au paradis, après plusieurs passages en enfer
Terrasser ses ennemis, désarmer ses bourreaux
dans le film de son existence , être le super héros
SPREAD LE 7OB
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Bonne année..........Action, ça tourne
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La Conscience Politique et Géopolitique du Chercheur en Sciences Humaines : Une Nécessité ?
1654
La recherche en sciences humaines, englobant des disciplines telles que la sociologie, la psychologie, l'anthropologie et l'histoire, vise à comprendre les comportements humains, les cultures et les sociétés. Mais doit-elle se dérouler en vase clos, détachée des réalités politiques et géopolitiques ? La question mérite d'être posée : un chercheur en sciences humaines doit-il être conscient de la situation politique et des conflits géopolitiques ?
Tout d'abord, les phénomènes politiques et géopolitiques influencent profondément les sociétés humaines. Ils façonnent les structures sociales, les relations de pouvoir, les dynamiques culturelles et les trajectoires historiques. Un chercheur en sciences humaines qui ignore ces contextes risque de passer à côté d'éléments essentiels pour une compréhension complète et nuancée des sujets qu'il étudie. Par exemple, une étude sur l'impact des grandes compétitions sportives ne peut être pleinement pertinente sans prendre en compte les enjeux politiques et géopolitiques qui les entourent. Les Jeux Olympiques, par exemple, ne sont pas seulement un événement sportif, mais aussi un terrain de rivalités politiques, de diplomatie internationale et de promotion nationale.
Ensuite, la recherche en sciences humaines a souvent un impact sur les politiques publiques et les perceptions sociales. Les travaux des chercheurs peuvent informer et influencer les décisions politiques, les programmes éducatifs et les interventions sociales. Ainsi, être conscient des enjeux politiques et géopolitiques permet aux chercheurs de situer leur travail dans un cadre plus large et de contribuer de manière plus éclairée et responsable aux débats publics.
Par ailleurs, la prise de conscience des contextes politiques peut également protéger les chercheurs eux-mêmes. Dans certaines régions du monde, les chercheurs peuvent être exposés à des risques s'ils abordent des sujets sensibles ou controversés. Une compréhension approfondie des dynamiques en jeu permet de naviguer ces situations avec plus de prudence et de sécurité.
Enfin, il est important de souligner que la recherche en sciences humaines n'est jamais complètement neutre ou objective. Les choix méthodologiques, les questions de recherche et les interprétations des données sont souvent influencés, consciemment ou non, par les contextes politiques et les positions idéologiques des chercheurs. Prendre conscience de ces influences permet d'adopter une approche réflexive et critique, essentielle pour la rigueur scientifique.
En conclusion, la conscience des situations politiques et des conflits géopolitiques n'est pas seulement bénéfique, mais elle semble indispensable pour un chercheur en sciences humaines. Elle enrichit la compréhension des phénomènes étudiés, informe les applications pratiques des recherches, protège les chercheurs et renforce la rigueur scientifique. En somme, un chercheur en sciences humaines ne peut se permettre d'ignorer les contextes politiques et géopolitiques sans risquer de compromettre la pertinence et l'impact de son travail. Dès lors, comment les chercheurs peuvent-ils équilibrer leur objectivité tout en prenant en compte ces dimensions politiques et géopolitiques dans leurs études ?
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La langue maternelle dans l'enseignement, un impératif de développement...
1421
Je remercie chaleureusement les nombreuses personnes qui ont réagi à mes précédents articles sur la question de la langue au Maroc. Les avis continuent de diverger concernant le recours à la langue maternelle marocaine dans l'enseignement.
Certains sans le moindre argument s’y oppose avec une ferveur incommensurable.
Faux débat, disent d’autres.
Dans les faits, la quasi-totalité des enseignants recourent déjà à la Darija pour expliquer le contenu des leçons notamment dans les matières scientifiques.
Tant mieux.
Ce qui laisse perplexe, par contre, est cette logique d´opposition que certains s'évertuent à imposer entre l'arabe et la Darija.
En fait, scientifiquement, ce qui est requis dans l’enseignement notamment dans les premières années, ce qui est conseillé par l’ensemble des instances internationales concernées, ce qui est conclu par la quasi-totalité des recherches scientifiques en la matière, est un continuum linguistique, dans la complémentarité entre la langue utilisée à la maison et les autres langues, l'arabe en tête dans le cas du Maroc, puisque politiquement nous en avons fait la langue du pays.
La Darija et l’arabe se complètent parfaitement d'ailleurs.
L'avantage à apprendre dans la langue maternelle pendant les premières années de scolarité est justement de permettre un transfert vers les autres langues sans fracture ni cassure, assurant une structuration mentale normale.
L'enfant n'est pas choqué et se développe psychologiquement, normalement, dans la continuité de son bagage linguistique, génétique, historique, civilisationnel et social.
Logiquement, comme cela s'est avéré être le cas dans les pays ayant opté depuis longtemps pour l’usage de la langue maternelle dans l’enseignement, la démarche a pour effet salutaire l'assimilation aisée et assurée du savoir par les apprenants, l’adoption sans difficultés des valeurs sociales et l’intégration facilitée des valeurs civiques. L'école étant ici une composante de la vie, parfaitement intégrée à son environnement.
Procéder comme nous le faisons jusqu'à maintenant hélas est justement à l'opposé de cette logique.
Notre façon de faire favorise le dédoublement de la personnalité pour ne pas dire plus. Un enfant dès sa scolarisation va adopter un comportement pour l'école, un comportement dans sa famille et plus tard un autre comportement pour la rue et la vie au quotidien. Il développera un langage pour chacune de ces sphères.
Cela favorise de nombreuses anomalies mentales et est la principale cause du décrochage scolaire, qui enregistre au Maroc des chiffres plutôt inquiétants, sans parler des budgets colossaux dépensés, pour un rendement faible. Il y va ainsi de dépenses publiques malheureuses, de montants invraisemblables dilapidés sans vergogne depuis longtemps et sans remise en question. .
L'enfant n'ayant pas intégré convenablement l'outil qu'est la langue d'apprentissage qui lui est imposée, est tout simplement découragé et va s’éjecter de lui-même du système scolaire.
Plus tard, le jeune n'ayant pas réussi sa scolarité, va se retrouver être un sous homme et se percevoir ainsi.
Quoi qu'il acquière comme savoir professionnel plus tard, du moment qu'il n'est pas capable de l'exprimer en arabe standard ou en français, il est considéré ignorant.
Le citoyen qu'il va devenir est exclu par exemple de l'information officielle qui n'est servie que dans les deux langues plus haut citées, sinon en amazigh et en espagnol.
Petit à petit, il se déconnecte de "la vie officielle", décroche de la vie culturelle, ne va plus lire, ne va plus écrire et vite retombera dans l'illettrisme primaire.
Cet état des choses crée un divorce entre ces citoyens là, hélas fort nombreux et la Chose publique par exemple. Ils ne vont plus pouvoir, ni vouloir participer à la vie sociale et encore moins à celle politique. Ce rejet est normal car ces citoyens-là, ne se sentent plus concernés et se perçoivent vivre à la marge, le ou les langages utilisés leur étant étrangers.
Dans la logique des choses, les plus aigris vont aller jusqu'à développer un rejet puis une haine de la chose publique. Ils constitueront le terreau propice au nihilisme et pourquoi pas à l'intégrisme.
L'enfant commence par rejeter et haïr son école et transposera cet état d'âme sur tout son environnement par la suite et notamment sur les institutions. Les violences qui se développent dans notre société peuvent trouver ici une explication plausible.
Voilà en résumé la problématique du déni de la langue maternelle. Ce n'est pas une simple affaire de technique ou de linguistique mais plutôt une affaire existentielle pour une société. C'est lié de manière intime au développement humain et partant au développement tout court du pays.
Toute réflexion ici devra être menée avec intelligence, loin de toutes idéologies partisanes ou de convictions immuables.
La langue maternelle est par essence structurante et rien ne peut remplacer ni son efficacité ni sa richesse.
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La langue maternelle dans l'enseignement, un impératif de développement...
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Les marocains ont ils le droit d'utiliser leur langue maternelle...
1381
Ils seraient 10 millions d'analphabètes au Maroc selon l'Agence Nationale de Lutte contre l'Analphabétisme. ANLCA.
Un chiffre à donner des sueurs froides.
Nous sommes bien au 21ème siècle.
Nombreux spécialistes préfèrent parler d'illettrisme, l'agence parle d'analphabétisme. Ne nous attardons pas sur le vocabulaire ou la sémantique et disons simplement que ce chiffre fait peur, très peur.
Il fait peur par son importance en tant que tel, mais pas que cela.
Il fait peur surtout parce que dès l'indépendance du pays feu Mohamed V avait déjà lancé une politique et des opérations d'alphabétisation.
Depuis, tous les gouvernements qui se sont succédés, sans exception, avaient traité du phénomène, créé des structures administratives dédiées, entrepris des politiques pour améliorer la situation, mobilisé des budgets importants et bénéficiés d'aides étrangères diverses.
Tout cela en vain.
Ce chiffre veut dire hélas que depuis 1957 â nos jours, aucune de ces politiques ni démarches n'a réussi.
Le taux d’analphabétisme officiellement déclaré par l’ANLCA est de 47,5% dans le milieu rural contre 22,6% dans le milieu urbain. Ce qui représente une petite baisse de 13% en milieu rural et de 6,8% en milieu urbain en comparaison avec 2004.
Aujourd'hui c'est donc une agence dédiée qui est en charge de faire disparaître l'analphabétisme ou l'illettrisme comme vous voulez.
Elle avait dit avoir une stratégie d’éradication de l’illettrisme et l'avait appelé savamment : stratégie 2014 -2024. Le but en était d'éradiquer l'analphabétisme en une décennie.
Plus d'analphabètes donc après 2024 nous avait fait miroiter l’agence.
Ambitieux ou réaliste ce programme â eu le mérite d'exister, de faire travailler des gens sur une problématique si épineuse et surtout peut être de nous interpeller sur la philosophie et la stratégie.
Hélas l’échec est là et encore une fois on aura dilapidé des deniers publics sans réelle efficacité.
Depuis l'avènement de cette agence l'’état a botté en touche et confié la quasi-totalité des programmes à des associations. Seulement toutes réunies, elles ont encadré en 2021-2022 quelques 94.000 personnes. Chiffre bien maigre. Le Ministère des Habous lui déclare encadrer quelques 85.000 personnes pour la même période. Au total tout programme confondu seuls 189.754 citoyens sont bénéficiaires dont une, une seule personne, tenez-vous bien dans les forces auxiliaires. C'est ce qui ressort d'une publication de l'agence.
A ce rythme, il faudra combien d’années encore pour enfin déclarer l’éradication de l’illettrisme au Maroc?
Le chiffre de 10 millions d’analphabètes est quasiment constant depuis près de deux décennies.
La promesse 2024 n’aura pas été tenue et c’était prévisible, tellement l’approche n’était pas judicieuse ni encore moins la philosophie sous-jacente à la réflexion.
Il faudra bien qu'un jour, chez nous, tout de même, à l'instar de toutes les nations modernes, tous les citoyens soient â même de lire et d'écrire.
A décortiquer la question l’on ne se rend compte du déphasage entre la réalité de la vie de tous les jours et les statistiques officielles depuis des décennies, basées sur des critères au départ comportant un biais philosophique important.
Deux questions s'imposent avec insistance. Les réponses à leur apporter pourraient justement nous dégager de cette impasse où l’on s’est engouffrée depuis le recouvrement de l’indépendance.
La première est de savoir combien parmi les dix millions sont passés par le système scolaire national avec toutes les conclusions qu'il faut tirer d'une telle difformité singulière. C’est donc l’échec de l’approche que nous avons eu pour notre système d’enseignement et ses programmes qui continuent à produire des illettrés malgré la part budgétaire fort importante chaque année injectée.
La seconde est de circonscrire ce que nous entendons réellement par analphabète. Force est de constater qu'il s'agit officiellement de citoyens incapables de lire et d'écrire dans les langues de l'enseignement ou langues officielles, C’est-à-dire l’arabe de l’école et le français et c'est là le hic.
Ces mêmes citoyens, si nombreux soient-ils, s'ils disposaient simplement des rudiments de l'apprentissage ne seraient-ils pas capables de lire et d'écrire dans leur langue maternelle, celles que leur transmet leurs mères, celles que nous utilisons dans notre quotidien, dans nos familles, au travail, dans nos activités sociales ?
Si nous ne sommes pas arrivés à venir à bout de ce problème grave depuis plus de 70 ans, c'est que quelque part l'approche n'est pas bonne et reste inefficace.
Est-il intelligent de persévérer dans la même voix ?
Force est de penser alors qu'il n'y aura point de solution tant que la question de la langue d'enseignement de base ne sera pas définitivement tranchée, en faveur de la langue maternelle commune.
Si vous questionner le mécanicien marocain sur son métier et ses techniques, dans sa langue maternelle, est-il capable de répondre ou non dans sa langue maternelle ? Il en est bien capable et vous répondra au même niveau de connaissances que l’américain, le hongrois ou le russe qui eux ne sont pas considérés comme analphabètes quoique ne parlant qu'une seule langue...Celle de la maison. Le marocain lui sera considéré illettré parce qu’à l’occasion des recensements, à la question quelle langue vous parlez et écrivez, il répondra aucune parce qu’effectivement soit il n’a jamais appris les langues officielles, soit qu’il a eu le temps de les oublier depuis qu’il a quitté l’école parce que justement ne les utilise pas dans son quotidien, comme nous tous.
Il est temps de repenser la chose et de respecter tout simplement les recommandations des spécialistes et des instances internationales spécialisées qui insistent sans exception sur l'utilisation de la langue maternelle notamment dans les premières années de l'apprentissage; apprentissage de base sur lequel tout se construit par la suite. On aura moins de "hadr madrassi", on dilapidera mois d'argent et on fera disparaitre pour de bon l'illettrisme et l'analphabétisme.
Les marocains ont le droit aussi de n'utiliser que leur langue maternelle. C'est ce qu'ils font tous au quotidien mais pas officiellement.
La langue des marocains qui les unie du nord vers le sud et de l'est vers l'ouest est celle communément appelé Darija. La langue du Malhoune, La langue de plein de Dahir des sultans marocains, la langue de tous les métiers traditionnelles, la langue qui a permis de consolider toute une civilisation, la langue qui s'est construite sur des siècles et des siècles, qui évolue chaque jours parce que vivante et qu'aucune autre langue n'est arrivé à surpasser dans cette région du monde.
En fait c'est quasiment la langue de plus de 100 millions d'habitants, de l'atlantique jusqu'à la frontière ouest de l'Egypte?
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Les marocains ont ils le droit d'utiliser leur langue maternelle...
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Quand écire c'est dire vrai
1399
L’Hiver du doyen
De l’écrivain Saul Bellow, par Mustapha GUILIZ, écrivain
L’Hiver du doyen de Saul Bellow (prix Nobel de littérature 1976) raconte un épisode de la vie d’un citoyen américain, doyen de l’université de Chicago, qui fait un voyage en Roumanie. Je me permets de revenir à cette lecture qui ne date pas d’hier à la lumière des événements politico-stratégiques qui se déroulent en ce moment. Je parle de l’invasion russe de l’Ukraine. C’est un roman de l’Ouest qui relate une histoire survenue à l’Est. Ce qui précède cette invasion, c’est une longue histoire de confrontations réelles sur le terrain et il en a résulté meurtres, tueries et massacres et, une autre guerre idéologique connue sous le nom de « guerre froide », qui utilisait à tour de bras toutes les formes d’altération de la vérité et toutes les gammes de la fausseté qui vont du mensonge jusqu’au délire. Des deux côtés, Est-Ouest, ces confrontations avaient fait des citoyens prêts à manger leurs balais si on leur avait parlé de la nécessité de le faire pour l’emporter sur l’ennemi. On diabolise l’autre ; et cette mystification donne la mesure de notre insoutenable imbécillité. Le lecteur-citoyen de cette litérature est porté immanquablement à se situer du côté du bon système contre le mauvais, l’autre, même froid, il devient un enfer.
Le récit de Bellow relate l’histoire d’un homme qui accompagne sa femme dans son pays natal, la Roumanie. Ce pays de l’Est vit sous l’emprise d’un régime dictatorial. La belle-mère du doyen est hospitalisée ; elle agonise durant tout le séjour, tout l’espace du texte. Ex-militante haut placée dans la hiérarchie partisane, elle avait même occupé le poste de ministre de la santé, mais disgraciée parce qu’elle ne croyait plus aux idéaux du régime en place. Elle réussit pourtant à envoyer sa fille Minna dans un pays de l’Ouest, les U.S.A ; elle sera une éminente astrophysicienne et se marie avec le doyen, notre narrateur. En Roumanie, le couple qui doit rendre des visites à la maman hospitalisée doit militer pour arracher de telles faveurs auprès d’un colonel dont l’arbitraire échappe même à l’autorité de son ministre de tutelle. Il y a toujours anguille sous roche et l’on se doit de lanterner par prudence sous ce régime exceptionnel où tout le monde se méfie, et regarde avec intensité tout le monde. Le narrateur, qui prend constamment le pouls des situations, montre comment évoluent les personnages dans une ambiance qu’il refuse de qualifier par des mots de l’Ouest. Tout nous est rendu par une écriture méticuleuse, profondément factuelle et qui se signale par l’horreur des raccourcis. Partout, il règne une ambiance asphyxiante qui ne laisse pas de place à une confiance dans le genre humain. L’homme de ce régime, même un gardien, est soudoyé au moyen de paquets de cigarettes pour faciliter les visites familiales.
Le récit contrapontique de ce voyage s’alimente de la correspondance que le doyen entretient avec Chicago, état de l’Ouest bien entendu. Le doyen est rattrapé par ses propres affaires. Là aussi, le récit reste fidèle au réel—pour ne pas dire objectif— que le narrateur mène avec une lucidité prudente. Il y a là l’unique condition pour rendre une image authentique de la manière dont fonctionne de part et d’autre la machine infernale qu’elle soit communisme ou libérale. Le doyen jouit d’une grande capacité de pénétration et d’analyse, « Je suis né pour observer », répète-t-il assez souvent. A Chicago, il nourrit des attachements problématiques. Il adore sa sœur, une veuve dont il parle en termes sensuels, en évoquant l’estuaire de son bras charnu, son haleine fraiche et fruitée. Il supporte mal son neveu, le fils de cette sœur, à qui il s’oppose dans un procès picaresque. Le doyen est impliqué dans le procès de meurtre d’un étudiant noir. Il a même mobilisé les moyens propres à l’université pour offrir des sommes d’argent à des témoins potentiels pour les soudoyer. Il y réussit. Mais il a encore à dos un autre cousin, avocat, à qui il s’oppose dans une autre affaire d’escroquerie en sa défaveur. Le doyen de la faculté de journalisme avait écrit des articles publiés dans Harper’s traitant des problèmes raciaux de la cité. Il décrit les conditions de sous-hommes auxquelles sont soumis les Noirs. Il y a donc là aussi une machine infernale qui broie ses propres victimes. Les deux systèmes, le communiste et le libéral, sont renvoyés dos à dos quant au registre du mal qu’ils ont l’art d’infliger à leurs propres citoyens. Le doyen gagne le procès et Valéria, sa belle-mère, meurt. Mais sur fond de rivalité, le doyen est piégé par un ami, un journaliste à qui il s’était livré dans une interview qui ne dit pas son nom en parlant sincèrement de tous les problèmes de sa vie, de sa condition de doyen et de professeur dans la ville de Chicago, de ses contributions journalistiques passées et à venir. Tout est avoué dans un article que son ami écrivit avec le fiel de l’envie et l’aigreur de la maladie qui le rongeait. Pour avoir tenu de tels propos, vrais mais désobligeants, le doyen fut contraint à la démission que le doucereux recteur accepta sans trouver à redire. Si aucune comparaison n’est faite, et le narrateur ne s’y risque pas, il y a une différence de texture massive.
Et c’est là l’originalité d’un texte qui prend ses distances par rapport à toutes les mythologies qui avaient bercé notre enfance mentale, car il faut être enfant pour gober tout ce que disent les uns sur les autres, Est-Ouest. Plus, il les renvoie dos à dos dans une fiction qui montre plus qu’elle ne dit les vrais visages des régimes qui sont en réalité des systèmes qui se nourrissent du complot, de l’injustice qu’ils font subir à leurs citoyens et aux erreurs énormes qui empoisonnent l’air que les citoyens respirent. Quelle place pour la liberté humaine dans ce monde ? Le texte ne se prête pas à ce jeu infécond pour ne pas perdre de sa crédibilité. L’objectivité a un prix.
Personne n’a les moyens propres pour s’échapper à cette geôle du monde qu’est le mensonge et la démagogie. Si la liberté manque, c’est qu’elle est le point focal d’un exercice diabolique qui fournit des certitudes inébranlables sur le mal que représente l’autre dans sa différence essentielle, réelle ou fantasmée. Sur le sujet de la liberté, nous sommes condamnés à l’hiver. L’hiver du doyen est le nôtre. Nous n’aurons jamais l’âge mature pour jouir du soleil de la vérité.
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Mustapha Guiliz: La porte entrouverte...
1477
« A travers l’écriture de ce livre j’aspire à une justice qui soit plus humaine et qui tend à assurer l’égalité entre les citoyens mais aussi le droit de s’épanouir »
Cette phrase pleine de sens et de questionnement est de Si Mustapha Guiliz. Elle est tirée de l’article que le journal "L’économiste" a consacré le 3 janvier 2024 à la présentation du livre « les hommes de la nuit » paru aux éditions Orion dont le président fondateur n’est autre que Si Abdelhak Najib.
L’article est suivi d’une interview édifiante de Si Mustapha Guiliz, signataire du livre.
C'est un auteur que les lecteurs et membres de Bluwr ont eu le privilège de rencontrer et surtout d’apprécier à travers son article « L’éducation par les valeurs » paru donc dans Bluwr voilà moins d’un mois.
Si Mustapha GUILIZ est un enseignant et un écrivain à qui on doit déjà "Le Monde d’Brahim" et "Au pays des sources".
Contrairement au titre du livre, qui pourrait laisser penser que l’auteur serait un personnage terne, limite aigri, si Mustapha est un être agréable, au sourire juvénile plaisant, épanoui, indulgent et tendre.
A son contact vous mesurez le recul qu’il prend par rapport aux sujets dont il traite. Ce détachement oh combien intelligent mais pas du tout indifférent, lui permet d’aller dans la profondeur des choses avec l’objectivité qui se doit et s'impose.
Pour avoir un beau matin de novembre dernier eu une discussion de près d’une heure avec Si Mustapha, j’ai pu justement mesurer ce détachement et cette profondeur d’analyse philosophique.
"Les Hommes de mon livre sont des Hommes avec un grand H qui se sont accommodés de la vie dans l’obscurité" dit il. En fait pour Si Mustapha tous les hommes méritent un nom avec un grand H et pas que les personnages de sa fiction inspirée.
Dans un monde d’injustice, il rêve de justice. Dans un monde de souffrance de la femme, il rêve de conditions idéales pour elles toutes. Dans un monde d’abus de pouvoir, il rêve de modération et de pondération de pouvoir. Dans un univers de désespoir, il rêve d’épanouissement.
Serait-il un idéaliste venu d’une autre planète, celle où il vogue pour faire vivre et côtoyer ses personnages ?
Lui seul sait.
En tous cas cette phrase « A travers l’écriture de ce livre j’aspire à une justice qui soit plus humaine et qui tend à assurer l’égalité entre les citoyens mais aussi le droit de s’épanouir » colle parfaitement au personnage qu’il est. Nous avons besoin de tant de gens comme lui pour nous révéler notre réalité mais aussi pour entrouvrir la porte de l’espoir et pour nous pousser à la défoncer.
J’écris ses lignes pour signifier toutes mes félicitations à Si Mustapha qui par son livre commence à la perfection cette nouvelle année au service de la communauté et pour lui exprimer toute ma fierté à le connaitre et à publier des articles à ses côtés dans Bluwr ; avec l’espoir de le lire bientôt à nouveau sur la plateforme.
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Mustapha Guiliz: La porte entrouverte...
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L
1270
Marfan, libérer les mots…
La thérapie par l’écriture pour les malades porteurs du syndrome de Marfan est possible et souhaitable. Tout est dans les mots.
La maladie, souvent porteuse d'incertitude et de défis peut trouver un allié surprenant dans la simplicité des mots écrits. L'acte d'écrire se révèle être bien plus qu'une simple expression, c'est une porte vers la guérison émotionnelle et un pilier de résilience, particulièrement pour ceux qui font face aux défis, du syndrome de Marfan que je connais…
La puissance des mots est incommensurable lorsque la maladie jette son ombre sur un corps, sur un esprit, sur une âme sur une personne.
Les mots peuvent devenir des compagnons fidèles. L’écriture offre un espace où les émotions peuvent être dévoilées sans crainte de jugement, permettant ainsi une exploration intérieure et une compréhension de soi. Les mots deviennent des outils pour décrire la douleur, l’espoir et la persévérance.
Le syndrome de Marfan une trajectoire particulière.
Pour ceux qui vivent avec le syndrome de Marfan, chaque jour peut apporter son lot de défis physiques et émotionnels. L’écriture devient une voix vers l'acceptation et la gestion de ces défis uniques. En mettant des mots sur les expériences spécifiques liés au Marfan, on transforme la souffrance en récit faisant ainsi face à la maladie avec résolution.
Explorer l'inconnu.
L'écriture peut-être une boussole dans le territoire incertain souvent expliqué de la maladie.
En documentant les pensées et les sentiments, on trace une carte personnelle de l'expérience médicale, cela offre non seulement une compréhension plus profonde de soi, mais aussi une ressource précieuse pour les professionnels de la santé facilitant une communication ouverte et efficace.
Créativité comme guérison au-delà de la catharsis émotionnel, l'écriture offre un terrain fertile pour la créativité.
Les malades de Marfan peuvent trouver dans l'acte d'écriture une échappatoire vers des mondes imaginaires ou une expression artistique créant ainsi une connexion avec une part de soi souvent laissé en suspens par les défis médicaux pressants.
Communautés à travers les mots.
Pour les personnes touchées par le syndrome de Marfan, écrire devient un moyen de se connecter, de partager des conseils pratiques et de s'inspirer mutuellement.
La thérapie d'écriture s'érige comme une alliée précieuse pour les malades en général, offrant un moyen de navigation émotionnelle et de connexion humaine pour se confronter au syndrome de Marfan et l’affronter. L'écriture devient un compagnon fidèle dans le voyage vers la compréhension de soi et la construction d'une communauté résiliente.
L’écriture crée également des ponts entre les individus.
Les récits partagés de lutte et de triomphe nourrissent une communauté solidaire de frères et sœurs
Fatimezohra
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L'homme, le peuple et l'humanité...
1475
Les peuples ont toujours aspiré à la liberté et à la prospérité. Ils ont toujours voulu vivre de leur labeur. Leur plaisir est de voir leurs progénitures jouer, apprendre, prospérer. Les peuples ont toujours voulu la paix comme mode de vie. Le vivre en paix…tout un concept, une chimère.
Hélas Il n'en n'a jamais complètement été ainsi sinon à des moments brefs, précieux et rares que l'histoire ne put retenir, sauf à oublier qu’ils restent exceptionnels, qu’ils étaient brefs, voire éphémères.
Les peuples ont toujours cherché à ne pas être exploités par qui que ce soit, alors qu’ils ont toujours tendance à vouloir exploiter l’autre, parfois en le déshumanisant avec une férocité incommensurable, un sadisme nauséabond.
En fait les peuples se sont des ensembles d’humains avec des traits en commun. Les peuples se constituent dans le temps et coalisent autour d’intérêts partagés en fait les intérêts de chacun.
Pour se défendre et défendre ses intérêts, l’homme ne peut que vivre en communauté parmi un peuple. Seul il est faible et vulnérable, alors il se confond dans son peuple et s'y noie .
L’homme aspire à la liberté pour lui et à la paix pour lui, il ne regarde pas celle des autres, l’humain se dit avoir des valeurs quand cela l'arrange mais l’humanité n’en a que faire, son prisme de vue est différent. Le cours de l’histoire le démontre ainsi hélas.
Un jour l’humanité s'essaya et imagina une façon d'aspirer à cette liberté de vivre en harmonie pour tous: Elle tentera alors de faire participer tout le monde à la décision. L’homme eut l’impression qu’il est ainsi maitre de son destin…Il croira ainsi participer à la vie politique et peser sur l'avenir.
Pas mieux qu'un mot à étymologie grecque pour faire sérieux et crédible : Démocratie.
Cela sonne très bien.
Oui La démocratie est là en principe pour nous libérer et faire entendre notre parole, concrétiser nos désirs et répondre à notre besoin de vivre en paix, de vivre ensemble, de respecter l’autre dans sa dimension humaine, de nous limiter à nos droits sans empiéter sur ceux de l’autre et des autres.
La démocratie est en quelque sorte un garde-fou… pour chacun et tous, du moins c’est ainsi qu’elle fut peut-être imaginée et conçue.
Elle nous permet, en théorie j’entends, de nous exprimer de nous défendre et de faire valoir nos droits, des plus élémentaires au plus sophistiqués.
La démocratie nous est vendue comme le seul, l’unique modèle pour la prospérité des peuples et leur bien être moral et matériel.
La démocratie nous fait miroiter au loin des droits universels, des droits de l’homme là où il est, tel qu’il est, partout où il est. Il est l’HOMME, pivot de l’histoire et de l’humanité, axe central de l’existence.
Or voilà que la démocratie nous joue un sale tour celui de nous livrer les mains liées aux plus médiocres parmi nous, aux plus féroces, aux plus affamés, au plus assoiffés de sang ; à ceux qui jubilent quand se creusent des tombes, quand dégouline du sang, quand crie un enfant et pleure une femme, quand s'écrase une église, tombe une mosquée, brûle une synagogue.
Revers de la médaille.
Je suis né dans un moment de paix, l’un des rares, quelques années seulement après une guerre cruelle que l’occident appela mondiale, alors que c’était juste entre européens au début qu’ils se sont entretués. Ils y associeront de pauvres africains du nord comme du sud, pour des besoins de chair à canon, pour ensuite y entrainer asiatiques et américains.
La cruauté absolue des années durant.
Des millions d’innocents précipités sous terre.
La pause sera de courte durée. Sans perdre de temps l’humanité va connaitre la guerre de Corée, celle du Vietnam, celle de l’Iraq, celle des Malouines, plein de guéguerres en Afrique et j’en oubli…Les instigateurs et auteurs étant toujours les mêmes, le même profil: des élus de la démocratie.
A chaque fois c’est le bien contre le mal…A chaque fois la démocratie y est mêlée à tord ou à raison. Le monde démocratique contre l’autre…Un monde démocratique qui se définit lui-même dans un contentement absolu, total, intégral, avec le deux poids deux mesures comme seule alternative de « raisonnement » et de « jugement» aussi ; éliminant à volonté tous les autres de la case du bien.
Sur La case du bien ils ont écrit: Réservée en permanence.
A chaque fois, génocide, à chaque fois cruauté, à chaque fois souffrance, à chaque fois déshumanisation et ce devant l’impuissance de l’homme qui lui ne veut que vivre en paix parmi son peuple.
Quant à l’humanité a-t-elle un jour existée. Existera-t-elle un jour…
Vous l’avez compris je ne veux pas parler de Palestine, la blessure est encore vive et les criminels encore en vie.
Aziz Daouda
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L'homme, le peuple et l'humanité...
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Le style c'est l'homme.
2035
Voilà quelques années, je signais l'article ici bas dans la revue marocaine VH.
C'était à l'occasion d'une édition spéciale consacrée au Roi Mohammed VI, Roi du Maroc.
l'accueil réservé cette semaine à "Qasr Al Watan" à Abou Dhabi, à Sa Majesté le Roi Mohamed VI par Son Altesse Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, Président de l’Etat des Emirats Arabes Unis: l’entrée du Palais par le portail "Zayed", l'escorte des cavaliers, la marche jusqu'au portail "Al Hisn", la revue des troupes folkloriques, l'équipe nationale de voltige "Al Fursan" dans le ciel, les 21 coups de canons en signe de bienvenue, l'arrivée au portail "Al Hisn", et l'accolade chaleureuse ont encore une fois souligné la classe, l'élégance et l'aisance de Sa Majesté le Roi dans les grands moments protocolaires et les décorums fantastiques, exactement comme dans une grande surface, habillé d'un jean et d'un tee-shirt , un bonnet sur la tête ou encore au volant d'une voiture au milieu des foules.
Sa personnalité forte, son naturel, son pas déterminé et rythmé, sont tant d'indices de traits de caractères particuliers et donc de style.
Ces images fortes et attachantes, venues à nous des Emirats Arabies Unis, relevées et vécues avec fierté par les marocains et pas que, m'ont rappelé cet article, alors je le partage ici avec vous. Il est plus que jamais d'actualité.
**************
Aussi loin que l’on remonte dans le temps, l’emprunte particulière d’humains exceptionnels a jalonné l’histoire pour ne pas dire fait l’histoire. Plus tard au 17ème siècle, Blaise Pascal évoquera la question et l’expliquera par le respect. Il dira que le respect de la personne se fonde sur son caractère. Il résumera ses traits de caractère dans le style : Le style c’est l’homme.
Le Comte de Buffon sans doute marqué par la rigueur des sciences exactes martèlera dans un discours resté célèbre à l’académie française : Le style est l’homme lui-même. Même si Buffon ne parlait alors que de littérature et de sciences, Le style devient ainsi une constante objective de chacun de ceux qui marquent l’histoire par un lègue particulier.
Evoquant la projection de ce qu’allait être le Prince hériter une fois Roi, feu Sa Majesté Hassan II reprendra la notion de style citant justement Blaise Pascal. Il dira dans une interview restée culte : Le Style c’est l’homme. Sans doute aucun voulait il annoncer que le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI allait être différent du siens, quoi que dans la continuité logique de l’histoire.
Aujourd’hui la tendance est de confondre le style avec une notion plus moderne emprunte d’éphémère : le look.
Si le look, que va résumer une tenue vestimentaire, une coupe de cheveux, des couleurs, est circonstancié et obéit donc au code de la circonstance et du moment, le style lui est une constante de la personne et l’accompagne tout au long de sa vie.
Le style connaitra sans doute une évolution mais dans un continuum logique. Si le style force l’histoire par l’objectivité qui finit par l’imposer, Le look n’est pas forcément en symbiose avec le style car il est entaché de subjectivité. Il dépend de la perception de chacun, de l’image et de l’imaginaire. Il est marqué par l’appréciation que l’on se fait de la personne rencontrée dans une circonstance particulière, un environnement particulier. Le look est une composition subjective qui peut se modeler simplement à travers une photographie qui vous tombe entre les mains, une vidéo visionnée dans un train ou dans un avion, des images qui s’invitent dans l’intimité de soi en forçant l’écran d’un téléphone ou d’une tablette, à travers les réseaux sociaux.
Le look peut aller jusqu’à contraster avec le style. Il est l’appréciation subjective que l’on fait de la personne scrutée et sera encore plus biaisée si elle est accompagnée d’un commentaire même s’il est à l’antipode de l’objectivité. Un acteur de cinéma peut ainsi se faire coller par son look est son jeu, les traits de caractère d’un personnage, alors qu’il n’aura fait que réussir à nous les restituer le temps d’un film.
Le look est apprécié dès lors qu’il coïncide avec l’image que l’on se fait de la personne à l’instant même de la rencontre. Il dépend de la réussite de l’approche et de la réaction de la personne rencontrée. Il est conditionné par les circonstances de cette rencontre, le degré de surprise et le niveau émotionnel qu’elle suscite. Le premier coup d’œil va être ici déterminant.
Le look suscite l’admiration : chacun se fera une idée de la personne rencontrée en fonction de sa propre appréciation, de son affectif et de son état d’âme sur le moment. Le degré de sympathie dégagée ou partagée peut ainsi pousser à l’idolâtrie.
Le style lui force le respect et suscite l’amour. C’est une constante qui évolue lentement, surement, et devient marquante. Il est apprécié sur des critères plutôt objectifs et vérifiés. Le style est indélébile et est lié à l’action par l’art et la manière. Il grave à jamais une emprunte. C’est cette emprunte qui permet d’en juger et d’en définir les contours. Le juge ici c’est l’histoire.
Aziz Daouda
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Le style c'est l'homme.
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L'éducation par les valeurs
1140
L’éducation par les valeurs
Par Mustapha GUILIZ, enseignant, écrivain
Nos valeurs font notre différence par rapport aux autres cultures qui nous entourent. C’est cela qui détermine notre ancrage dans l’espace et dans le temps. Avec la mondialisation, nous étions appelés à revoir les constantes morales qui faisaient notre fierté pour adopter, même timidement, d’autres valeurs qu’on considérait naguère comme des menaces à notre mode de vie. Des raccourcis que nous commettons inconsciemment, il y a l’idée qui nous faisait croire que le sens de la modernisation signifiait occidentalisation. C’est un glissement de sens qui occasionne bien des malentendus. Sur le plan du droit de l’homme, refuser d’en admettre les principes sous prétexte de notre particularisme est une incurie des plus regrettables. Ce retard observé dans le rythme de la modernisation affecte le domaine des réalisations. Les chantres de cette option se font des ventricules d’une classe sociale héritière des richesses du pays et qui lutte mordicus afin de garder l’exclusivité des privilèges. C’est la raison pour laquelle toute voix libre qui s’élève est durement punie par une machine aux pouvoirs labiles. Pire encore, on concède à la masse populaire les changements de comportements qui ne sont que des simulacres de son émancipation, non des progrès qui découlent de l’idée d’une perfectibilité de l’homme telle qu’elle est conçue par Rousseau et Condorcet. La foi dans le progrès et la modernisation par le progrès est étrangement sélective. Elle est le résultat d’un vain changement qui se réduit au paraître : les habits, la nourriture et d’autres modes de consommations. D’où le commerce étrangement limitatif des new fashion pour lesquels une bourgeoisie typiquement consumériste constitue une piètre caricature. On omet de penser que ce genre de folklore ne fait que souligner une uniformisation qui se satisfait des apparences. Mais les signes de notre manque à gagner sur le plan culturel sont si visibles qu’ils ne trompent pas. Ce phénomène que nous vivons depuis peu de générations est dû à une gestion politique qui, en même temps qu’ils gouvernent, les responsables aux manettes du pouvoir poursuivent des plans de développement d’une efficacité faillible et douteuse. La part d’effort pour la promotion de l’homme et la dignité du citoyen ne sert pas de base à l’expression collective des idéaux à réaliser. Cette promotion des valeurs positives à l’image du goût de l’effort, de l’honnêteté intellectuelle, du civisme sont rendus à la portion congrue. Le passé nous instruit ; l’avenir se construit.
Les politiques culturelles ainsi conçues attestent d’une méconnaissance totale des bases de la culture ancienne et même moderne. C’est la raison pour laquelle une médiocrité tenace domine les pratiques culturelles. Médiocrité des programmes scolaires, médiocrité des formateurs, médiocrité de l’administration, médiocrité des politiciens, médiocrité des politiques. On nage dans une mer d’images fallacieuses, de mirages déroutants. La réalité se dérobe à nos yeux, ne laissant que simulacres, erreurs et subterfuges. On croit être ce que l’on n’est pas ou ce que l’on n’est plus.
La pédagogie par l’immoralisme est un jeu dangereux. Le citoyen dont le niveau d’attachement à son socle culturel va se dissipant à cause des comportements scandaleusement individualistes d’une classe qui reste toujours presque impunie, ce citoyen risque de ne plus compter dans un avenir hypothéqué. Mais curieusement, les dépassements avérés sont révélés par une presse de plus en plus nerveuse à l’endroit de ces abus de pouvoir. Cette presse ne cesse de payer un lourd tribu dans des parodies de procès d’un âge révolu. Les dénonciations portent toutes les marques de détournement et de recel d’un héritage qui a plus de valeurs que le bien matériel : ce sont les valeurs. On oppose à cette morale de la dérive une impunité qui désespère le citoyen dans ses convictions les plus profondes. La pédagogie qui rate parfois sa cible, en fait parfois un homme qui ne trouve pas sa place dans la société : il devient un monstre.
Les valeurs, les principes culturels n’ont de dignité que lorsqu’ils sont vécus comme les dogmes d’une croyance. Avec la différence qu’ils sont plus que cela. On n’est jamais dispensé de faire le bien en faisant abstraction des attaches qui nous définissent. Peut-être parce que les valeurs, qui ne dépendent pas du religieux, sont l’illustration de notre appartenance à la religion civique. Les vertus sont d’abord et avant tout humaines.
C’est que le retard au niveau culturel se manifeste d’abord dans le respect de l’autre, de sa différence. Dans un ordre social qui ne souffre pas la liberté, l’individu se limite à une méconnaissance totale de cet autre. Sa connaissance manque de base. Même ceux qui ont les manettes du pouvoir font montre d’un goût médiocre à tous les niveaux, en particulier de la connaissance de soi a travers l’autre. Paradoxalement, le rayonnement du passé domine un présent sacrifié sur l’autel d’un sensationnalisme de mauvais aloi. Le savoir passé, et ce qui en découle comme valeurs, portait un souci pour la culture d’une grande valeur. C’était là que prospéraient la philologie, la grammaire, l’astronomie, la philosophie et les sciences de la nature. Ceci montre combien est mince le socle les éléments fondamentaux de la culture moderne. Les sciences humaines, et grâce à leur rôle utilitaire, la psychologie-la psychanalyse et la sociologie se portent bien dans une société qui privilégie le didactisme purgé de toute idéologie, ainsi que des affirmations pleines de préjugés. La culture, les responsables des programmes culturels doivent se fixer des performances rudimentaires dans un premier temps. Les valeurs qui soutiennent les hommes dans leurs luttes pour la vie, et qui assurent une continuité d’abord de l’homme, demeurent nécessaires pour amorcer un élan sûr dans la voie du progrès via la connaissance. On peut à titre indicatif citer la nécessité de l’éveil des facultés de l’esprit, du degré de conscience. Cet homme/ cette femme, qu’on appelle de nos vœux, s’engagera à promouvoir la culture avec une fréquentation longue de l’école. Il s’agit d’agir sur les causes profondes pour entamer par des procédés efficients et tenant leur crédibilité du politique. L’éducation est un projet sociétal qui se doit d’associer toutes les énergies pour assurer la création-recréation des valeurs et leur transmission qui ne peut s’effectuer sans l’alphabétisation de toute la société d’abord, de toute la société encore et de toute la société enfin. La volonté seule y suffit.
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L'éducation par les valeurs
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Genèse...
1394
Genèse
Je me plais beaucoup à regarder par les fenêtres, n’importe quelles fenêtres. Les fenêtres m’ont toujours offert un tableau de la vie. Un tableau qui change tout le temps, un tableau que je suis le seul à voir avant qu’il ne disparaisse à jamais. C’est peut-être de là que me vient le gout de l’éphémère. C’est ma seule certitude.
Ce dont je suis certain aussi est que cela me vient du fait que bébé et jeune enfant ma maman me mettait à la fenêtre où je m’agrippais à un grillage. Une occasion d'être à la fois dedans et dehors et de la laisser vaquer à ses nombreuses responsabilités de femme au foyer. C’était un grillage traditionnel marocain, bien de chez nous. Aujourd’hui j’ai repris ce même design de grillage aux fenêtres et aux balcons de ma maison.
Je suis en fait resté l’éternel enfant de ma maman, sans doute comme nous le restons tous, mais probablement différemment, autrement, particulièrement.
La fenêtre est une échappatoire de l’exiguïté de la maison. Toutes les maisons sont exiguës en fait. La maison paradoxalement à sa petitesse est un espace de liberté, d’intimité et de sécurité. Elle est aussi un espace qui éloigne l’horizon et le rend sublime. La fenêtre me permettait de lever la tête et de regarder loin. Le plus loin que cette fenêtre me permettait de voir.
La maison cultive le rêve, la fenêtre l'arrose.
Le soir de la disparition de ma maman, je me suis mis à la fenêtre. Il me sembla réécouter sa voix me parlant de loin pour me rassurer. Ma maman m’aimait beaucoup. Elle ne le disait pas mais me le faisait sentir par le ton de sa voix, par son regard et un léger sourire du coin des lèvres. Un sourire dont elle avait le secret. Il était génétique le sourire de ma maman. Je voyais bien qu’elle le tenait de ma grand-mère. Elle avait le même sourire Cherifa Lalla Zhour.
Ma maman n’était pas expansive.
Elle a étendu son amour à mes enfants plus tard et je le ressentais. J’étais son ainé, sa première expérience de femme, ses premières douleurs, son premier accouchement, le premier cri de bébé à ses oreilles.
Je lui dois beaucoup à ma maman, la sensation du crayon à la main, la palpation de la douceur du papier avant d’y écrire, le gout de la lecture et le plaisir du travail manuel.
Ma maman a fait partie des premières classes de l’école moderne à Fès. Mon grand-père maternel Si Ahmed Ben Ali, avait eu l’intelligence de la mettre à l’école contre l’avis des gens d’alors, famille, voisins et curieux. Elle parcourait une longue distance de Saqaet El abbassyine à son école. C’était à Fès j’did, quartier de grands nationalistes, intellectuels, artistes et commis de l’état : Bahnini, Benbouchta, Moulay Ahmed El Alaoui, Ahmed Chajai et tant d’autres, C’est le fief du Wydad de Fes.
J’ai beaucoup de souvenirs merveilleux à Saqaet El Abbassyine. De temps à autre je vais marcher là, histoire de me ressourcer. Le délabrement de Bab Riafa, le passage triste par Lalla ghriba pour arriver à Saquaet El Abbasyine, la continuité par Sidi Hmama pour arriver a Qobt Assouk, m’attristent à chaque fois. Alors pour ravaler ma douleur et ma peine, je m’en vais m’attabler à Bab Boujloud pour y déguster un bon verre de thé préparé dans un samovar traditionnel, sous le fameux murier.
La magie de Fès n’a pas d’égale.
Mon père lui, c’était l’affection dans l’absolu. L’Homme exemple. L’Homme qui a forgé ma fierté et engagé ma vie au service du pays. Marocain dans l’âme, attaché à la terre de ses ancêtres. Fier d’avoir été nationaliste actif contre le protectorat. Lui qui parlait de la lutte des siens contre les militaires français. Lui qui a gardé un souvenir des plus frais des combats de Bou Gafer et de la bataille courageuse des siens. Lui qui était heureux d’avoir servi son pays mais aussi déçu de l’évolution de certaines choses. Il disait qu’on était en train de perdre notre âme avec le déclin de notre attachement à nos valeurs ancestrales ; Lui dont toutes les familles de Rabat, l’ancien, se rappellent et se souviennent encore pour avoir soigné leurs enfants, soulagé leurs douleurs. Il est parti certain que le Maroc aurait pu mieux faire.
Il est resté attaché a ses parents et les adorait, attaché à sa terre natale qu'il visita chaque année, attaché aux siens auxquels il a offert un terrain pour y étendre le cimetière de Sidi Daoud, son village de toujours, aujourd'hui englouti dans un Ouarzazate sans âme. Je ne m'en étonne point. Mon père est descendant direct de Sidi Daoud, un Cheikh Soufi et grand Alem qui a laissé de nombreuses œuvres dont le fameux: Oumahat Al wataeq, Al mountafaa bih fi Anawazil.
Mon papa adorait Rabat et sa plage. C’est là qu’il a vu la mer pour la première fois de sa vie, lui qui vient de l’autre côté du Grand Atlas que le changement climatique est en train de changer.
C’est à la plage de Rabat qu’il a appris à nager.
Aujourd’hui sa tombe surplombe cette belle plage et l’océan. Sa sépulture baigne dans l’air marin qui souffle en continu sur le haut de la colline, gîte ultime de milliers d’âmes au repos, de vies riches et moins riches et de souvenirs à jamais disparues. Le cimetière renseigne fort bien sur la place que nous réservons à nos morts et elle n’est point à notre honneur.
Je suis donc comme mes frères et sœurs: Jalil, Moughni, Rajae, Atika, Abdelmoutaleb, Elhoussein, Soumaya, une sorte d’accident de la nature. Un papa qui vient d’Ouarzazate épouser une fille de Fès ; voilà qui était rare. Nous sommes en 1950.
Elle est toujours là la maternité où mes poumons se sont remplis pour la première fois d’air et où j’ai poussé le cri qui annonçait ma venue à la vie. On était mardi 11h37 du matin, le 15 mai 1951. A chaque fois que je passe par là, quelque chose me ramène à des souvenirs que je me suis fabriqués d’après les récits de maman. Je revois sa fierté à elle et la joie de mon papa à ma venue au monde.
Le hasard a fait que sur le chemin pour enterrer ma maman, et mon papa, quelques années plus tard, on a longé la muraille des almohades. La maternité historique de Rabat est juste derrière. La boucle fut ainsi bouclée.
Ma Maman s'appelait Lalla Amina Makhloufi et mon père Ahmed Belhoucine El Ouarzazi. Le préposé à l'état civil lui a imposé le nom de Daouda, sans doute parce qu'il est né à Sidi Daoud ou simplement parce que cette personne était sous le joug d'un séjour passé en Afrique sub-saharienne...
Aziz Daouda
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