Pensez le Futur.

Philosophie

La langue maternelle dans l'enseignement, un impératif de développement...

Je remercie chaleureusement les nombreuses personnes qui ont réagi à mes précédents articles sur la question de la langue au Maroc. Les avis continuent de diverger concernant le recours à la langue maternelle marocaine dans l'enseignement. Certains sans le moindre argument s’y oppose avec une ferveur incommensurable. Faux débat, disent d’autres. Dans les faits, la quasi-totalité des enseignants recourent déjà à la Darija pour expliquer le contenu des leçons notamment dans les matières scientifiques. Tant mieux. Ce qui laisse perplexe, par contre, est cette logique d´opposition que certains s'évertuent à imposer entre l'arabe et la Darija. En fait, scientifiquement, ce qui est requis dans l’enseignement notamment dans les premières années, ce qui est conseillé par l’ensemble des instances internationales concernées, ce qui est conclu par la quasi-totalité des recherches scientifiques en la matière, est un continuum linguistique, dans la complémentarité entre la langue utilisée à la maison et les autres langues, l'arabe en tête dans le cas du Maroc, puisque politiquement nous en avons fait la langue du pays. La Darija et l’arabe se complètent parfaitement d'ailleurs. L'avantage à apprendre dans la langue maternelle pendant les premières années de scolarité est justement de permettre un transfert vers les autres langues sans fracture ni cassure, assurant une structuration mentale normale. L'enfant n'est pas choqué et se développe psychologiquement, normalement, dans la continuité de son bagage linguistique, génétique, historique, civilisationnel et social. Logiquement, comme cela s'est avéré être le cas dans les pays ayant opté depuis longtemps pour l’usage de la langue maternelle dans l’enseignement, la démarche a pour effet salutaire l'assimilation aisée et assurée du savoir par les apprenants, l’adoption sans difficultés des valeurs sociales et l’intégration facilitée des valeurs civiques. L'école étant ici une composante de la vie, parfaitement intégrée à son environnement. Procéder comme nous le faisons jusqu'à maintenant hélas est justement à l'opposé de cette logique. Notre façon de faire favorise le dédoublement de la personnalité pour ne pas dire plus. Un enfant dès sa scolarisation va adopter un comportement pour l'école, un comportement dans sa famille et plus tard un autre comportement pour la rue et la vie au quotidien. Il développera un langage pour chacune de ces sphères. Cela favorise de nombreuses anomalies mentales et est la principale cause du décrochage scolaire, qui enregistre au Maroc des chiffres plutôt inquiétants, sans parler des budgets colossaux dépensés, pour un rendement faible. Il y va ainsi de dépenses publiques malheureuses, de montants invraisemblables dilapidés sans vergogne depuis longtemps et sans remise en question. . L'enfant n'ayant pas intégré convenablement l'outil qu'est la langue d'apprentissage qui lui est imposée, est tout simplement découragé et va s’éjecter de lui-même du système scolaire. Plus tard, le jeune n'ayant pas réussi sa scolarité, va se retrouver être un sous homme et se percevoir ainsi. Quoi qu'il acquière comme savoir professionnel plus tard, du moment qu'il n'est pas capable de l'exprimer en arabe standard ou en français, il est considéré ignorant. Le citoyen qu'il va devenir est exclu par exemple de l'information officielle qui n'est servie que dans les deux langues plus haut citées, sinon en amazigh et en espagnol. Petit à petit, il se déconnecte de "la vie officielle", décroche de la vie culturelle, ne va plus lire, ne va plus écrire et vite retombera dans l'illettrisme primaire. Cet état des choses crée un divorce entre ces citoyens là, hélas fort nombreux et la Chose publique par exemple. Ils ne vont plus pouvoir, ni vouloir participer à la vie sociale et encore moins à celle politique. Ce rejet est normal car ces citoyens-là, ne se sentent plus concernés et se perçoivent vivre à la marge, le ou les langages utilisés leur étant étrangers. Dans la logique des choses, les plus aigris vont aller jusqu'à développer un rejet puis une haine de la chose publique. Ils constitueront le terreau propice au nihilisme et pourquoi pas à l'intégrisme. L'enfant commence par rejeter et haïr son école et transposera cet état d'âme sur tout son environnement par la suite et notamment sur les institutions. Les violences qui se développent dans notre société peuvent trouver ici une explication plausible. Voilà en résumé la problématique du déni de la langue maternelle. Ce n'est pas une simple affaire de technique ou de linguistique mais plutôt une affaire existentielle pour une société. C'est lié de manière intime au développement humain et partant au développement tout court du pays. Toute réflexion ici devra être menée avec intelligence, loin de toutes idéologies partisanes ou de convictions immuables. La langue maternelle est par essence structurante et rien ne peut remplacer ni son efficacité ni sa richesse.

Les marocains ont ils le droit d'utiliser leur langue maternelle...

Ils seraient 10 millions d'analphabètes au Maroc selon l'Agence Nationale de Lutte contre l'Analphabétisme. ANLCA. Un chiffre à donner des sueurs froides. Nous sommes bien au 21ème siècle. Nombreux spécialistes préfèrent parler d'illettrisme, l'agence parle d'analphabétisme. Ne nous attardons pas sur le vocabulaire ou la sémantique et disons simplement que ce chiffre fait peur, très peur. Il fait peur par son importance en tant que tel, mais pas que cela. Il fait peur surtout parce que dès l'indépendance du pays feu Mohamed V avait déjà lancé une politique et des opérations d'alphabétisation. Depuis, tous les gouvernements qui se sont succédés, sans exception, avaient traité du phénomène, créé des structures administratives dédiées, entrepris des politiques pour améliorer la situation, mobilisé des budgets importants et bénéficiés d'aides étrangères diverses. Tout cela en vain. Ce chiffre veut dire hélas que depuis 1957 â nos jours, aucune de ces politiques ni démarches n'a réussi. Le taux d’analphabétisme officiellement déclaré par l’ANLCA est de 47,5% dans le milieu rural contre 22,6% dans le milieu urbain. Ce qui représente une petite baisse de 13% en milieu rural et de 6,8% en milieu urbain en comparaison avec 2004. Aujourd'hui c'est donc une agence dédiée qui est en charge de faire disparaître l'analphabétisme ou l'illettrisme comme vous voulez. Elle avait dit avoir une stratégie d’éradication de l’illettrisme et l'avait appelé savamment : stratégie 2014 -2024. Le but en était d'éradiquer l'analphabétisme en une décennie. Plus d'analphabètes donc après 2024 nous avait fait miroiter l’agence. Ambitieux ou réaliste ce programme â eu le mérite d'exister, de faire travailler des gens sur une problématique si épineuse et surtout peut être de nous interpeller sur la philosophie et la stratégie. Hélas l’échec est là et encore une fois on aura dilapidé des deniers publics sans réelle efficacité. Depuis l'avènement de cette agence l'’état a botté en touche et confié la quasi-totalité des programmes à des associations. Seulement toutes réunies, elles ont encadré en 2021-2022 quelques 94.000 personnes. Chiffre bien maigre. Le Ministère des Habous lui déclare encadrer quelques 85.000 personnes pour la même période. Au total tout programme confondu seuls 189.754 citoyens sont bénéficiaires dont une, une seule personne, tenez-vous bien dans les forces auxiliaires. C'est ce qui ressort d'une publication de l'agence. A ce rythme, il faudra combien d’années encore pour enfin déclarer l’éradication de l’illettrisme au Maroc? Le chiffre de 10 millions d’analphabètes est quasiment constant depuis près de deux décennies. La promesse 2024 n’aura pas été tenue et c’était prévisible, tellement l’approche n’était pas judicieuse ni encore moins la philosophie sous-jacente à la réflexion. Il faudra bien qu'un jour, chez nous, tout de même, à l'instar de toutes les nations modernes, tous les citoyens soient â même de lire et d'écrire. A décortiquer la question l’on ne se rend compte du déphasage entre la réalité de la vie de tous les jours et les statistiques officielles depuis des décennies, basées sur des critères au départ comportant un biais philosophique important. Deux questions s'imposent avec insistance. Les réponses à leur apporter pourraient justement nous dégager de cette impasse où l’on s’est engouffrée depuis le recouvrement de l’indépendance. La première est de savoir combien parmi les dix millions sont passés par le système scolaire national avec toutes les conclusions qu'il faut tirer d'une telle difformité singulière. C’est donc l’échec de l’approche que nous avons eu pour notre système d’enseignement et ses programmes qui continuent à produire des illettrés malgré la part budgétaire fort importante chaque année injectée. La seconde est de circonscrire ce que nous entendons réellement par analphabète. Force est de constater qu'il s'agit officiellement de citoyens incapables de lire et d'écrire dans les langues de l'enseignement ou langues officielles, C’est-à-dire l’arabe de l’école et le français et c'est là le hic. Ces mêmes citoyens, si nombreux soient-ils, s'ils disposaient simplement des rudiments de l'apprentissage ne seraient-ils pas capables de lire et d'écrire dans leur langue maternelle, celles que leur transmet leurs mères, celles que nous utilisons dans notre quotidien, dans nos familles, au travail, dans nos activités sociales ? Si nous ne sommes pas arrivés à venir à bout de ce problème grave depuis plus de 70 ans, c'est que quelque part l'approche n'est pas bonne et reste inefficace. Est-il intelligent de persévérer dans la même voix ? Force est de penser alors qu'il n'y aura point de solution tant que la question de la langue d'enseignement de base ne sera pas définitivement tranchée, en faveur de la langue maternelle commune. Si vous questionner le mécanicien marocain sur son métier et ses techniques, dans sa langue maternelle, est-il capable de répondre ou non dans sa langue maternelle ? Il en est bien capable et vous répondra au même niveau de connaissances que l’américain, le hongrois ou le russe qui eux ne sont pas considérés comme analphabètes quoique ne parlant qu'une seule langue...Celle de la maison. Le marocain lui sera considéré illettré parce qu’à l’occasion des recensements, à la question quelle langue vous parlez et écrivez, il répondra aucune parce qu’effectivement soit il n’a jamais appris les langues officielles, soit qu’il a eu le temps de les oublier depuis qu’il a quitté l’école parce que justement ne les utilise pas dans son quotidien, comme nous tous. Il est temps de repenser la chose et de respecter tout simplement les recommandations des spécialistes et des instances internationales spécialisées qui insistent sans exception sur l'utilisation de la langue maternelle notamment dans les premières années de l'apprentissage; apprentissage de base sur lequel tout se construit par la suite. On aura moins de "hadr madrassi", on dilapidera mois d'argent et on fera disparaitre pour de bon l'illettrisme et l'analphabétisme. Les marocains ont le droit aussi de n'utiliser que leur langue maternelle. C'est ce qu'ils font tous au quotidien mais pas officiellement. La langue des marocains qui les unie du nord vers le sud et de l'est vers l'ouest est celle communément appelé Darija. La langue du Malhoune, La langue de plein de Dahir des sultans marocains, la langue de tous les métiers traditionnelles, la langue qui a permis de consolider toute une civilisation, la langue qui s'est construite sur des siècles et des siècles, qui évolue chaque jours parce que vivante et qu'aucune autre langue n'est arrivé à surpasser dans cette région du monde. En fait c'est quasiment la langue de plus de 100 millions d'habitants, de l'atlantique jusqu'à la frontière ouest de l'Egypte?
ktbdarija.com

Quand écire c'est dire vrai

L’Hiver du doyen De l’écrivain Saul Bellow, par Mustapha GUILIZ, écrivain L’Hiver du doyen de Saul Bellow (prix Nobel de littérature 1976) raconte un épisode de la vie d’un citoyen américain, doyen de l’université de Chicago, qui fait un voyage en Roumanie. Je me permets de revenir à cette lecture qui ne date pas d’hier à la lumière des événements politico-stratégiques qui se déroulent en ce moment. Je parle de l’invasion russe de l’Ukraine. C’est un roman de l’Ouest qui relate une histoire survenue à l’Est. Ce qui précède cette invasion, c’est une longue histoire de confrontations réelles sur le terrain et il en a résulté meurtres, tueries et massacres et, une autre guerre idéologique connue sous le nom de « guerre froide », qui utilisait à tour de bras toutes les formes d’altération de la vérité et toutes les gammes de la fausseté qui vont du mensonge jusqu’au délire. Des deux côtés, Est-Ouest, ces confrontations avaient fait des citoyens prêts à manger leurs balais si on leur avait parlé de la nécessité de le faire pour l’emporter sur l’ennemi. On diabolise l’autre ; et cette mystification donne la mesure de notre insoutenable imbécillité. Le lecteur-citoyen de cette litérature est porté immanquablement à se situer du côté du bon système contre le mauvais, l’autre, même froid, il devient un enfer. Le récit de Bellow relate l’histoire d’un homme qui accompagne sa femme dans son pays natal, la Roumanie. Ce pays de l’Est vit sous l’emprise d’un régime dictatorial. La belle-mère du doyen est hospitalisée ; elle agonise durant tout le séjour, tout l’espace du texte. Ex-militante haut placée dans la hiérarchie partisane, elle avait même occupé le poste de ministre de la santé, mais disgraciée parce qu’elle ne croyait plus aux idéaux du régime en place. Elle réussit pourtant à envoyer sa fille Minna dans un pays de l’Ouest, les U.S.A ; elle sera une éminente astrophysicienne et se marie avec le doyen, notre narrateur. En Roumanie, le couple qui doit rendre des visites à la maman hospitalisée doit militer pour arracher de telles faveurs auprès d’un colonel dont l’arbitraire échappe même à l’autorité de son ministre de tutelle. Il y a toujours anguille sous roche et l’on se doit de lanterner par prudence sous ce régime exceptionnel où tout le monde se méfie, et regarde avec intensité tout le monde. Le narrateur, qui prend constamment le pouls des situations, montre comment évoluent les personnages dans une ambiance qu’il refuse de qualifier par des mots de l’Ouest. Tout nous est rendu par une écriture méticuleuse, profondément factuelle et qui se signale par l’horreur des raccourcis. Partout, il règne une ambiance asphyxiante qui ne laisse pas de place à une confiance dans le genre humain. L’homme de ce régime, même un gardien, est soudoyé au moyen de paquets de cigarettes pour faciliter les visites familiales. Le récit contrapontique de ce voyage s’alimente de la correspondance que le doyen entretient avec Chicago, état de l’Ouest bien entendu. Le doyen est rattrapé par ses propres affaires. Là aussi, le récit reste fidèle au réel—pour ne pas dire objectif— que le narrateur mène avec une lucidité prudente. Il y a là l’unique condition pour rendre une image authentique de la manière dont fonctionne de part et d’autre la machine infernale qu’elle soit communisme ou libérale. Le doyen jouit d’une grande capacité de pénétration et d’analyse, « Je suis né pour observer », répète-t-il assez souvent. A Chicago, il nourrit des attachements problématiques. Il adore sa sœur, une veuve dont il parle en termes sensuels, en évoquant l’estuaire de son bras charnu, son haleine fraiche et fruitée. Il supporte mal son neveu, le fils de cette sœur, à qui il s’oppose dans un procès picaresque. Le doyen est impliqué dans le procès de meurtre d’un étudiant noir. Il a même mobilisé les moyens propres à l’université pour offrir des sommes d’argent à des témoins potentiels pour les soudoyer. Il y réussit. Mais il a encore à dos un autre cousin, avocat, à qui il s’oppose dans une autre affaire d’escroquerie en sa défaveur. Le doyen de la faculté de journalisme avait écrit des articles publiés dans Harper’s traitant des problèmes raciaux de la cité. Il décrit les conditions de sous-hommes auxquelles sont soumis les Noirs. Il y a donc là aussi une machine infernale qui broie ses propres victimes. Les deux systèmes, le communiste et le libéral, sont renvoyés dos à dos quant au registre du mal qu’ils ont l’art d’infliger à leurs propres citoyens. Le doyen gagne le procès et Valéria, sa belle-mère, meurt. Mais sur fond de rivalité, le doyen est piégé par un ami, un journaliste à qui il s’était livré dans une interview qui ne dit pas son nom en parlant sincèrement de tous les problèmes de sa vie, de sa condition de doyen et de professeur dans la ville de Chicago, de ses contributions journalistiques passées et à venir. Tout est avoué dans un article que son ami écrivit avec le fiel de l’envie et l’aigreur de la maladie qui le rongeait. Pour avoir tenu de tels propos, vrais mais désobligeants, le doyen fut contraint à la démission que le doucereux recteur accepta sans trouver à redire. Si aucune comparaison n’est faite, et le narrateur ne s’y risque pas, il y a une différence de texture massive. Et c’est là l’originalité d’un texte qui prend ses distances par rapport à toutes les mythologies qui avaient bercé notre enfance mentale, car il faut être enfant pour gober tout ce que disent les uns sur les autres, Est-Ouest. Plus, il les renvoie dos à dos dans une fiction qui montre plus qu’elle ne dit les vrais visages des régimes qui sont en réalité des systèmes qui se nourrissent du complot, de l’injustice qu’ils font subir à leurs citoyens et aux erreurs énormes qui empoisonnent l’air que les citoyens respirent. Quelle place pour la liberté humaine dans ce monde ? Le texte ne se prête pas à ce jeu infécond pour ne pas perdre de sa crédibilité. L’objectivité a un prix. Personne n’a les moyens propres pour s’échapper à cette geôle du monde qu’est le mensonge et la démagogie. Si la liberté manque, c’est qu’elle est le point focal d’un exercice diabolique qui fournit des certitudes inébranlables sur le mal que représente l’autre dans sa différence essentielle, réelle ou fantasmée. Sur le sujet de la liberté, nous sommes condamnés à l’hiver. L’hiver du doyen est le nôtre. Nous n’aurons jamais l’âge mature pour jouir du soleil de la vérité.

Mustapha Guiliz: La porte entrouverte...

« A travers l’écriture de ce livre j’aspire à une justice qui soit plus humaine et qui tend à assurer l’égalité entre les citoyens mais aussi le droit de s’épanouir » Cette phrase pleine de sens et de questionnement est de Si Mustapha Guiliz. Elle est tirée de l’article que le journal "L’économiste" a consacré le 3 janvier 2024 à la présentation du livre « les hommes de la nuit » paru aux éditions Orion dont le président fondateur n’est autre que Si Abdelhak Najib. L’article est suivi d’une interview édifiante de Si Mustapha Guiliz, signataire du livre. C'est un auteur que les lecteurs et membres de Bluwr ont eu le privilège de rencontrer et surtout d’apprécier à travers son article « L’éducation par les valeurs » paru donc dans Bluwr voilà moins d’un mois. Si Mustapha GUILIZ est un enseignant et un écrivain à qui on doit déjà "Le Monde d’Brahim" et "Au pays des sources". Contrairement au titre du livre, qui pourrait laisser penser que l’auteur serait un personnage terne, limite aigri, si Mustapha est un être agréable, au sourire juvénile plaisant, épanoui, indulgent et tendre. A son contact vous mesurez le recul qu’il prend par rapport aux sujets dont il traite. Ce détachement oh combien intelligent mais pas du tout indifférent, lui permet d’aller dans la profondeur des choses avec l’objectivité qui se doit et s'impose. Pour avoir un beau matin de novembre dernier eu une discussion de près d’une heure avec Si Mustapha, j’ai pu justement mesurer ce détachement et cette profondeur d’analyse philosophique. "Les Hommes de mon livre sont des Hommes avec un grand H qui se sont accommodés de la vie dans l’obscurité" dit il. En fait pour Si Mustapha tous les hommes méritent un nom avec un grand H et pas que les personnages de sa fiction inspirée. Dans un monde d’injustice, il rêve de justice. Dans un monde de souffrance de la femme, il rêve de conditions idéales pour elles toutes. Dans un monde d’abus de pouvoir, il rêve de modération et de pondération de pouvoir. Dans un univers de désespoir, il rêve d’épanouissement. Serait-il un idéaliste venu d’une autre planète, celle où il vogue pour faire vivre et côtoyer ses personnages ? Lui seul sait. En tous cas cette phrase « A travers l’écriture de ce livre j’aspire à une justice qui soit plus humaine et qui tend à assurer l’égalité entre les citoyens mais aussi le droit de s’épanouir » colle parfaitement au personnage qu’il est. Nous avons besoin de tant de gens comme lui pour nous révéler notre réalité mais aussi pour entrouvrir la porte de l’espoir et pour nous pousser à la défoncer. J’écris ses lignes pour signifier toutes mes félicitations à Si Mustapha qui par son livre commence à la perfection cette nouvelle année au service de la communauté et pour lui exprimer toute ma fierté à le connaitre et à publier des articles à ses côtés dans Bluwr ; avec l’espoir de le lire bientôt à nouveau sur la plateforme.

L

Marfan, libérer les mots… La thérapie par l’écriture pour les malades porteurs du syndrome de Marfan est possible et souhaitable. Tout est dans les mots. La maladie, souvent porteuse d'incertitude et de défis peut trouver un allié surprenant dans la simplicité des mots écrits. L'acte d'écrire se révèle être bien plus qu'une simple expression, c'est une porte vers la guérison émotionnelle et un pilier de résilience, particulièrement pour ceux qui font face aux défis, du syndrome de Marfan que je connais… La puissance des mots est incommensurable lorsque la maladie jette son ombre sur un corps, sur un esprit, sur une âme sur une personne. Les mots peuvent devenir des compagnons fidèles. L’écriture offre un espace où les émotions peuvent être dévoilées sans crainte de jugement, permettant ainsi une exploration intérieure et une compréhension de soi. Les mots deviennent des outils pour décrire la douleur, l’espoir et la persévérance. Le syndrome de Marfan une trajectoire particulière. Pour ceux qui vivent avec le syndrome de Marfan, chaque jour peut apporter son lot de défis physiques et émotionnels. L’écriture devient une voix vers l'acceptation et la gestion de ces défis uniques. En mettant des mots sur les expériences spécifiques liés au Marfan, on transforme la souffrance en récit faisant ainsi face à la maladie avec résolution. Explorer l'inconnu. L'écriture peut-être une boussole dans le territoire incertain souvent expliqué de la maladie. En documentant les pensées et les sentiments, on trace une carte personnelle de l'expérience médicale, cela offre non seulement une compréhension plus profonde de soi, mais aussi une ressource précieuse pour les professionnels de la santé facilitant une communication ouverte et efficace. Créativité comme guérison au-delà de la catharsis émotionnel, l'écriture offre un terrain fertile pour la créativité. Les malades de Marfan peuvent trouver dans l'acte d'écriture une échappatoire vers des mondes imaginaires ou une expression artistique créant ainsi une connexion avec une part de soi souvent laissé en suspens par les défis médicaux pressants. Communautés à travers les mots. Pour les personnes touchées par le syndrome de Marfan, écrire devient un moyen de se connecter, de partager des conseils pratiques et de s'inspirer mutuellement. La thérapie d'écriture s'érige comme une alliée précieuse pour les malades en général, offrant un moyen de navigation émotionnelle et de connexion humaine pour se confronter au syndrome de Marfan et l’affronter. L'écriture devient un compagnon fidèle dans le voyage vers la compréhension de soi et la construction d'une communauté résiliente. L’écriture crée également des ponts entre les individus. Les récits partagés de lutte et de triomphe nourrissent une communauté solidaire de frères et sœurs Fatimezohra

L'homme, le peuple et l'humanité...

Les peuples ont toujours aspiré à la liberté et à la prospérité. Ils ont toujours voulu vivre de leur labeur. Leur plaisir est de voir leurs progénitures jouer, apprendre, prospérer. Les peuples ont toujours voulu la paix comme mode de vie. Le vivre en paix…tout un concept, une chimère. Hélas Il n'en n'a jamais complètement été ainsi sinon à des moments brefs, précieux et rares que l'histoire ne put retenir, sauf à oublier qu’ils restent exceptionnels, qu’ils étaient brefs, voire éphémères. Les peuples ont toujours cherché à ne pas être exploités par qui que ce soit, alors qu’ils ont toujours tendance à vouloir exploiter l’autre, parfois en le déshumanisant avec une férocité incommensurable, un sadisme nauséabond. En fait les peuples se sont des ensembles d’humains avec des traits en commun. Les peuples se constituent dans le temps et coalisent autour d’intérêts partagés en fait les intérêts de chacun. Pour se défendre et défendre ses intérêts, l’homme ne peut que vivre en communauté parmi un peuple. Seul il est faible et vulnérable, alors il se confond dans son peuple et s'y noie . L’homme aspire à la liberté pour lui et à la paix pour lui, il ne regarde pas celle des autres, l’humain se dit avoir des valeurs quand cela l'arrange mais l’humanité n’en a que faire, son prisme de vue est différent. Le cours de l’histoire le démontre ainsi hélas. Un jour l’humanité s'essaya et imagina une façon d'aspirer à cette liberté de vivre en harmonie pour tous: Elle tentera alors de faire participer tout le monde à la décision. L’homme eut l’impression qu’il est ainsi maitre de son destin…Il croira ainsi participer à la vie politique et peser sur l'avenir. Pas mieux qu'un mot à étymologie grecque pour faire sérieux et crédible : Démocratie. Cela sonne très bien. Oui La démocratie est là en principe pour nous libérer et faire entendre notre parole, concrétiser nos désirs et répondre à notre besoin de vivre en paix, de vivre ensemble, de respecter l’autre dans sa dimension humaine, de nous limiter à nos droits sans empiéter sur ceux de l’autre et des autres. La démocratie est en quelque sorte un garde-fou… pour chacun et tous, du moins c’est ainsi qu’elle fut peut-être imaginée et conçue. Elle nous permet, en théorie j’entends, de nous exprimer de nous défendre et de faire valoir nos droits, des plus élémentaires au plus sophistiqués. La démocratie nous est vendue comme le seul, l’unique modèle pour la prospérité des peuples et leur bien être moral et matériel. La démocratie nous fait miroiter au loin des droits universels, des droits de l’homme là où il est, tel qu’il est, partout où il est. Il est l’HOMME, pivot de l’histoire et de l’humanité, axe central de l’existence. Or voilà que la démocratie nous joue un sale tour celui de nous livrer les mains liées aux plus médiocres parmi nous, aux plus féroces, aux plus affamés, au plus assoiffés de sang ; à ceux qui jubilent quand se creusent des tombes, quand dégouline du sang, quand crie un enfant et pleure une femme, quand s'écrase une église, tombe une mosquée, brûle une synagogue. Revers de la médaille. Je suis né dans un moment de paix, l’un des rares, quelques années seulement après une guerre cruelle que l’occident appela mondiale, alors que c’était juste entre européens au début qu’ils se sont entretués. Ils y associeront de pauvres africains du nord comme du sud, pour des besoins de chair à canon, pour ensuite y entrainer asiatiques et américains. La cruauté absolue des années durant. Des millions d’innocents précipités sous terre. La pause sera de courte durée. Sans perdre de temps l’humanité va connaitre la guerre de Corée, celle du Vietnam, celle de l’Iraq, celle des Malouines, plein de guéguerres en Afrique et j’en oubli…Les instigateurs et auteurs étant toujours les mêmes, le même profil: des élus de la démocratie. A chaque fois c’est le bien contre le mal…A chaque fois la démocratie y est mêlée à tord ou à raison. Le monde démocratique contre l’autre…Un monde démocratique qui se définit lui-même dans un contentement absolu, total, intégral, avec le deux poids deux mesures comme seule alternative de « raisonnement » et de « jugement» aussi ; éliminant à volonté tous les autres de la case du bien. Sur La case du bien ils ont écrit: Réservée en permanence. A chaque fois, génocide, à chaque fois cruauté, à chaque fois souffrance, à chaque fois déshumanisation et ce devant l’impuissance de l’homme qui lui ne veut que vivre en paix parmi son peuple. Quant à l’humanité a-t-elle un jour existée. Existera-t-elle un jour… Vous l’avez compris je ne veux pas parler de Palestine, la blessure est encore vive et les criminels encore en vie. Aziz Daouda

Le style c'est l'homme.

Voilà quelques années, je signais l'article ici bas dans la revue marocaine VH. C'était à l'occasion d'une édition spéciale consacrée au Roi Mohammed VI, Roi du Maroc. l'accueil réservé cette semaine à "Qasr Al Watan" à Abou Dhabi, à Sa Majesté le Roi Mohamed VI par Son Altesse Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, Président de l’Etat des Emirats Arabes Unis: l’entrée du Palais par le portail "Zayed", l'escorte des cavaliers, la marche jusqu'au portail "Al Hisn", la revue des troupes folkloriques, l'équipe nationale de voltige "Al Fursan" dans le ciel, les 21 coups de canons en signe de bienvenue, l'arrivée au portail "Al Hisn", et l'accolade chaleureuse ont encore une fois souligné la classe, l'élégance et l'aisance de Sa Majesté le Roi dans les grands moments protocolaires et les décorums fantastiques, exactement comme dans une grande surface, habillé d'un jean et d'un tee-shirt , un bonnet sur la tête ou encore au volant d'une voiture au milieu des foules. Sa personnalité forte, son naturel, son pas déterminé et rythmé, sont tant d'indices de traits de caractères particuliers et donc de style. Ces images fortes et attachantes, venues à nous des Emirats Arabies Unis, relevées et vécues avec fierté par les marocains et pas que, m'ont rappelé cet article, alors je le partage ici avec vous. Il est plus que jamais d'actualité. ************** Aussi loin que l’on remonte dans le temps, l’emprunte particulière d’humains exceptionnels a jalonné l’histoire pour ne pas dire fait l’histoire. Plus tard au 17ème siècle, Blaise Pascal évoquera la question et l’expliquera par le respect. Il dira que le respect de la personne se fonde sur son caractère. Il résumera ses traits de caractère dans le style : Le style c’est l’homme. Le Comte de Buffon sans doute marqué par la rigueur des sciences exactes martèlera dans un discours resté célèbre à l’académie française : Le style est l’homme lui-même. Même si Buffon ne parlait alors que de littérature et de sciences, Le style devient ainsi une constante objective de chacun de ceux qui marquent l’histoire par un lègue particulier. Evoquant la projection de ce qu’allait être le Prince hériter une fois Roi, feu Sa Majesté Hassan II reprendra la notion de style citant justement Blaise Pascal. Il dira dans une interview restée culte : Le Style c’est l’homme. Sans doute aucun voulait il annoncer que le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI allait être différent du siens, quoi que dans la continuité logique de l’histoire. Aujourd’hui la tendance est de confondre le style avec une notion plus moderne emprunte d’éphémère : le look. Si le look, que va résumer une tenue vestimentaire, une coupe de cheveux, des couleurs, est circonstancié et obéit donc au code de la circonstance et du moment, le style lui est une constante de la personne et l’accompagne tout au long de sa vie. Le style connaitra sans doute une évolution mais dans un continuum logique. Si le style force l’histoire par l’objectivité qui finit par l’imposer, Le look n’est pas forcément en symbiose avec le style car il est entaché de subjectivité. Il dépend de la perception de chacun, de l’image et de l’imaginaire. Il est marqué par l’appréciation que l’on se fait de la personne rencontrée dans une circonstance particulière, un environnement particulier. Le look est une composition subjective qui peut se modeler simplement à travers une photographie qui vous tombe entre les mains, une vidéo visionnée dans un train ou dans un avion, des images qui s’invitent dans l’intimité de soi en forçant l’écran d’un téléphone ou d’une tablette, à travers les réseaux sociaux. Le look peut aller jusqu’à contraster avec le style. Il est l’appréciation subjective que l’on fait de la personne scrutée et sera encore plus biaisée si elle est accompagnée d’un commentaire même s’il est à l’antipode de l’objectivité. Un acteur de cinéma peut ainsi se faire coller par son look est son jeu, les traits de caractère d’un personnage, alors qu’il n’aura fait que réussir à nous les restituer le temps d’un film. Le look est apprécié dès lors qu’il coïncide avec l’image que l’on se fait de la personne à l’instant même de la rencontre. Il dépend de la réussite de l’approche et de la réaction de la personne rencontrée. Il est conditionné par les circonstances de cette rencontre, le degré de surprise et le niveau émotionnel qu’elle suscite. Le premier coup d’œil va être ici déterminant. Le look suscite l’admiration : chacun se fera une idée de la personne rencontrée en fonction de sa propre appréciation, de son affectif et de son état d’âme sur le moment. Le degré de sympathie dégagée ou partagée peut ainsi pousser à l’idolâtrie. Le style lui force le respect et suscite l’amour. C’est une constante qui évolue lentement, surement, et devient marquante. Il est apprécié sur des critères plutôt objectifs et vérifiés. Le style est indélébile et est lié à l’action par l’art et la manière. Il grave à jamais une emprunte. C’est cette emprunte qui permet d’en juger et d’en définir les contours. Le juge ici c’est l’histoire. Aziz Daouda

L'éducation par les valeurs

L’éducation par les valeurs Par Mustapha GUILIZ, enseignant, écrivain Nos valeurs font notre différence par rapport aux autres cultures qui nous entourent. C’est cela qui détermine notre ancrage dans l’espace et dans le temps. Avec la mondialisation, nous étions appelés à revoir les constantes morales qui faisaient notre fierté pour adopter, même timidement, d’autres valeurs qu’on considérait naguère comme des menaces à notre mode de vie. Des raccourcis que nous commettons inconsciemment, il y a l’idée qui nous faisait croire que le sens de la modernisation signifiait occidentalisation. C’est un glissement de sens qui occasionne bien des malentendus. Sur le plan du droit de l’homme, refuser d’en admettre les principes sous prétexte de notre particularisme est une incurie des plus regrettables. Ce retard observé dans le rythme de la modernisation affecte le domaine des réalisations. Les chantres de cette option se font des ventricules d’une classe sociale héritière des richesses du pays et qui lutte mordicus afin de garder l’exclusivité des privilèges. C’est la raison pour laquelle toute voix libre qui s’élève est durement punie par une machine aux pouvoirs labiles. Pire encore, on concède à la masse populaire les changements de comportements qui ne sont que des simulacres de son émancipation, non des progrès qui découlent de l’idée d’une perfectibilité de l’homme telle qu’elle est conçue par Rousseau et Condorcet. La foi dans le progrès et la modernisation par le progrès est étrangement sélective. Elle est le résultat d’un vain changement qui se réduit au paraître : les habits, la nourriture et d’autres modes de consommations. D’où le commerce étrangement limitatif des new fashion pour lesquels une bourgeoisie typiquement consumériste constitue une piètre caricature. On omet de penser que ce genre de folklore ne fait que souligner une uniformisation qui se satisfait des apparences. Mais les signes de notre manque à gagner sur le plan culturel sont si visibles qu’ils ne trompent pas. Ce phénomène que nous vivons depuis peu de générations est dû à une gestion politique qui, en même temps qu’ils gouvernent, les responsables aux manettes du pouvoir poursuivent des plans de développement d’une efficacité faillible et douteuse. La part d’effort pour la promotion de l’homme et la dignité du citoyen ne sert pas de base à l’expression collective des idéaux à réaliser. Cette promotion des valeurs positives à l’image du goût de l’effort, de l’honnêteté intellectuelle, du civisme sont rendus à la portion congrue. Le passé nous instruit ; l’avenir se construit. Les politiques culturelles ainsi conçues attestent d’une méconnaissance totale des bases de la culture ancienne et même moderne. C’est la raison pour laquelle une médiocrité tenace domine les pratiques culturelles. Médiocrité des programmes scolaires, médiocrité des formateurs, médiocrité de l’administration, médiocrité des politiciens, médiocrité des politiques. On nage dans une mer d’images fallacieuses, de mirages déroutants. La réalité se dérobe à nos yeux, ne laissant que simulacres, erreurs et subterfuges. On croit être ce que l’on n’est pas ou ce que l’on n’est plus. La pédagogie par l’immoralisme est un jeu dangereux. Le citoyen dont le niveau d’attachement à son socle culturel va se dissipant à cause des comportements scandaleusement individualistes d’une classe qui reste toujours presque impunie, ce citoyen risque de ne plus compter dans un avenir hypothéqué. Mais curieusement, les dépassements avérés sont révélés par une presse de plus en plus nerveuse à l’endroit de ces abus de pouvoir. Cette presse ne cesse de payer un lourd tribu dans des parodies de procès d’un âge révolu. Les dénonciations portent toutes les marques de détournement et de recel d’un héritage qui a plus de valeurs que le bien matériel : ce sont les valeurs. On oppose à cette morale de la dérive une impunité qui désespère le citoyen dans ses convictions les plus profondes. La pédagogie qui rate parfois sa cible, en fait parfois un homme qui ne trouve pas sa place dans la société : il devient un monstre. Les valeurs, les principes culturels n’ont de dignité que lorsqu’ils sont vécus comme les dogmes d’une croyance. Avec la différence qu’ils sont plus que cela. On n’est jamais dispensé de faire le bien en faisant abstraction des attaches qui nous définissent. Peut-être parce que les valeurs, qui ne dépendent pas du religieux, sont l’illustration de notre appartenance à la religion civique. Les vertus sont d’abord et avant tout humaines. C’est que le retard au niveau culturel se manifeste d’abord dans le respect de l’autre, de sa différence. Dans un ordre social qui ne souffre pas la liberté, l’individu se limite à une méconnaissance totale de cet autre. Sa connaissance manque de base. Même ceux qui ont les manettes du pouvoir font montre d’un goût médiocre à tous les niveaux, en particulier de la connaissance de soi a travers l’autre. Paradoxalement, le rayonnement du passé domine un présent sacrifié sur l’autel d’un sensationnalisme de mauvais aloi. Le savoir passé, et ce qui en découle comme valeurs, portait un souci pour la culture d’une grande valeur. C’était là que prospéraient la philologie, la grammaire, l’astronomie, la philosophie et les sciences de la nature. Ceci montre combien est mince le socle les éléments fondamentaux de la culture moderne. Les sciences humaines, et grâce à leur rôle utilitaire, la psychologie-la psychanalyse et la sociologie se portent bien dans une société qui privilégie le didactisme purgé de toute idéologie, ainsi que des affirmations pleines de préjugés. La culture, les responsables des programmes culturels doivent se fixer des performances rudimentaires dans un premier temps. Les valeurs qui soutiennent les hommes dans leurs luttes pour la vie, et qui assurent une continuité d’abord de l’homme, demeurent nécessaires pour amorcer un élan sûr dans la voie du progrès via la connaissance. On peut à titre indicatif citer la nécessité de l’éveil des facultés de l’esprit, du degré de conscience. Cet homme/ cette femme, qu’on appelle de nos vœux, s’engagera à promouvoir la culture avec une fréquentation longue de l’école. Il s’agit d’agir sur les causes profondes pour entamer par des procédés efficients et tenant leur crédibilité du politique. L’éducation est un projet sociétal qui se doit d’associer toutes les énergies pour assurer la création-recréation des valeurs et leur transmission qui ne peut s’effectuer sans l’alphabétisation de toute la société d’abord, de toute la société encore et de toute la société enfin. La volonté seule y suffit.

Genèse...

Genèse Je me plais beaucoup à regarder par les fenêtres, n’importe quelles fenêtres. Les fenêtres m’ont toujours offert un tableau de la vie. Un tableau qui change tout le temps, un tableau que je suis le seul à voir avant qu’il ne disparaisse à jamais. C’est peut-être de là que me vient le gout de l’éphémère. C’est ma seule certitude. Ce dont je suis certain aussi est que cela me vient du fait que bébé et jeune enfant ma maman me mettait à la fenêtre où je m’agrippais à un grillage. Une occasion d'être à la fois dedans et dehors et de la laisser vaquer à ses nombreuses responsabilités de femme au foyer. C’était un grillage traditionnel marocain, bien de chez nous. Aujourd’hui j’ai repris ce même design de grillage aux fenêtres et aux balcons de ma maison. Je suis en fait resté l’éternel enfant de ma maman, sans doute comme nous le restons tous, mais probablement différemment, autrement, particulièrement. La fenêtre est une échappatoire de l’exiguïté de la maison. Toutes les maisons sont exiguës en fait. La maison paradoxalement à sa petitesse est un espace de liberté, d’intimité et de sécurité. Elle est aussi un espace qui éloigne l’horizon et le rend sublime. La fenêtre me permettait de lever la tête et de regarder loin. Le plus loin que cette fenêtre me permettait de voir. La maison cultive le rêve, la fenêtre l'arrose. Le soir de la disparition de ma maman, je me suis mis à la fenêtre. Il me sembla réécouter sa voix me parlant de loin pour me rassurer. Ma maman m’aimait beaucoup. Elle ne le disait pas mais me le faisait sentir par le ton de sa voix, par son regard et un léger sourire du coin des lèvres. Un sourire dont elle avait le secret. Il était génétique le sourire de ma maman. Je voyais bien qu’elle le tenait de ma grand-mère. Elle avait le même sourire Cherifa Lalla Zhour. Ma maman n’était pas expansive. Elle a étendu son amour à mes enfants plus tard et je le ressentais. J’étais son ainé, sa première expérience de femme, ses premières douleurs, son premier accouchement, le premier cri de bébé à ses oreilles. Je lui dois beaucoup à ma maman, la sensation du crayon à la main, la palpation de la douceur du papier avant d’y écrire, le gout de la lecture et le plaisir du travail manuel. Ma maman a fait partie des premières classes de l’école moderne à Fès. Mon grand-père maternel Si Ahmed Ben Ali, avait eu l’intelligence de la mettre à l’école contre l’avis des gens d’alors, famille, voisins et curieux. Elle parcourait une longue distance de Saqaet El abbassyine à son école. C’était à Fès j’did, quartier de grands nationalistes, intellectuels, artistes et commis de l’état : Bahnini, Benbouchta, Moulay Ahmed El Alaoui, Ahmed Chajai et tant d’autres, C’est le fief du Wydad de Fes. J’ai beaucoup de souvenirs merveilleux à Saqaet El Abbassyine. De temps à autre je vais marcher là, histoire de me ressourcer. Le délabrement de Bab Riafa, le passage triste par Lalla ghriba pour arriver à Saquaet El Abbasyine, la continuité par Sidi Hmama pour arriver a Qobt Assouk, m’attristent à chaque fois. Alors pour ravaler ma douleur et ma peine, je m’en vais m’attabler à Bab Boujloud pour y déguster un bon verre de thé préparé dans un samovar traditionnel, sous le fameux murier. La magie de Fès n’a pas d’égale. Mon père lui, c’était l’affection dans l’absolu. L’Homme exemple. L’Homme qui a forgé ma fierté et engagé ma vie au service du pays. Marocain dans l’âme, attaché à la terre de ses ancêtres. Fier d’avoir été nationaliste actif contre le protectorat. Lui qui parlait de la lutte des siens contre les militaires français. Lui qui a gardé un souvenir des plus frais des combats de Bou Gafer et de la bataille courageuse des siens. Lui qui était heureux d’avoir servi son pays mais aussi déçu de l’évolution de certaines choses. Il disait qu’on était en train de perdre notre âme avec le déclin de notre attachement à nos valeurs ancestrales ; Lui dont toutes les familles de Rabat, l’ancien, se rappellent et se souviennent encore pour avoir soigné leurs enfants, soulagé leurs douleurs. Il est parti certain que le Maroc aurait pu mieux faire. Il est resté attaché a ses parents et les adorait, attaché à sa terre natale qu'il visita chaque année, attaché aux siens auxquels il a offert un terrain pour y étendre le cimetière de Sidi Daoud, son village de toujours, aujourd'hui englouti dans un Ouarzazate sans âme. Je ne m'en étonne point. Mon père est descendant direct de Sidi Daoud, un Cheikh Soufi et grand Alem qui a laissé de nombreuses œuvres dont le fameux: Oumahat Al wataeq, Al mountafaa bih fi Anawazil. Mon papa adorait Rabat et sa plage. C’est là qu’il a vu la mer pour la première fois de sa vie, lui qui vient de l’autre côté du Grand Atlas que le changement climatique est en train de changer. C’est à la plage de Rabat qu’il a appris à nager. Aujourd’hui sa tombe surplombe cette belle plage et l’océan. Sa sépulture baigne dans l’air marin qui souffle en continu sur le haut de la colline, gîte ultime de milliers d’âmes au repos, de vies riches et moins riches et de souvenirs à jamais disparues. Le cimetière renseigne fort bien sur la place que nous réservons à nos morts et elle n’est point à notre honneur. Je suis donc comme mes frères et sœurs: Jalil, Moughni, Rajae, Atika, Abdelmoutaleb, Elhoussein, Soumaya, une sorte d’accident de la nature. Un papa qui vient d’Ouarzazate épouser une fille de Fès ; voilà qui était rare. Nous sommes en 1950. Elle est toujours là la maternité où mes poumons se sont remplis pour la première fois d’air et où j’ai poussé le cri qui annonçait ma venue à la vie. On était mardi 11h37 du matin, le 15 mai 1951. A chaque fois que je passe par là, quelque chose me ramène à des souvenirs que je me suis fabriqués d’après les récits de maman. Je revois sa fierté à elle et la joie de mon papa à ma venue au monde. Le hasard a fait que sur le chemin pour enterrer ma maman, et mon papa, quelques années plus tard, on a longé la muraille des almohades. La maternité historique de Rabat est juste derrière. La boucle fut ainsi bouclée. Ma Maman s'appelait Lalla Amina Makhloufi et mon père Ahmed Belhoucine El Ouarzazi. Le préposé à l'état civil lui a imposé le nom de Daouda, sans doute parce qu'il est né à Sidi Daoud ou simplement parce que cette personne était sous le joug d'un séjour passé en Afrique sub-saharienne... Aziz Daouda

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