Pensez le Futur.

Aziz Daouda

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Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d'Athlétisme. Passionné du Maroc, passionné d'Afrique. Concerné par ce qui se passe, formulant mon point de vue quand j'en ai un. Humaniste, j'essaye de l'être, humain je veux l'être. Mon histoire est intimement liée à l'athlétisme marocain et mondial. J'ai eu le privilège de participer à la gloire de mon pays .
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Relation des marocains à la loi: un grand malentendu... 78

La relation entre les Marocains et la loi révèle une grande ambiguïté, nourrie par une accumulation de paradoxes et de contradictions historiques, culturelles et politiques. Elle ne s’explique pas seulement par un déficit de communication ou de pédagogie, mais par une perception profondément ancrée où la loi est vue non comme un cadre collectif à respecter par conviction, mais comme une contrainte extérieure, souvent imposée et rarement intériorisée. D’abord, il faut souligner l’ignorance, parfois volontaire, de l’existence même de nombreuses lois. Dans bien des cas, le citoyen marocain ne découvre un texte qu’au moment où celui-ci lui est opposé dans une situation conflictuelle. Ce rapport réactif, et non proactif, à la loi engendre des comportements paradoxaux : l’acceptation résignée lorsqu’elle s’impose avec force, mais aussi le recours aux excuses, aux justifications ou à l’ignorance feinte dès que son application devient contraignante. À ce déficit de connaissance s’ajoute un rapport ambivalent : la loi est respectée, non par adhésion morale, mais par crainte de la sanction. La circulation routière en est l’illustration la plus éloquente : la présence d’un agent entraîne le respect scrupuleux du code, tandis que son absence libère un comportement marqué par l’anarchie. Autrement dit, l’autorité supplée à la conviction citoyenne. Mais le problème ne réside pas seulement dans le comportement individuel. Le cadre légal lui-même souffre d’un manque d’actualisation et d’adaptation. Nombre de lois marocaines sont héritées d’une époque révolue, conçues dans un autre contexte social, et peinent à répondre aux réalités d’aujourd’hui. Le processus législatif, trop long et souvent opaque, accentue le décalage entre les textes et les aspirations citoyennes. Les débats publics sur les projets de loi sont rares, voire inexistants, et la société civile n’y trouve qu’un espace marginal. Cette carence démocratique est aggravée par la passivité chronique des partis politiques et le déclin de l’adhésion syndicale, ce qui prive la scène publique d’un véritable débat contradictoire. La situation est aussi conséquence de la langue utilisée quand débat il y a. Les projets de loi sont écrits, débattus, publiés et appliqués dans une langue qui n'est pas celle du quotidien des marocains. À cela s’ajoute le sentiment de l'inefficacité institutionnelle : un parlement marqué par un déficit de compétence et de sérieux, une élite politique parfois déconnectée, et des collectivités locales incapables de traduire les besoins des citoyens en textes et décisions efficaces. C'est ainsi que certaines lois apparaissent comme déconnectées, voire étrangères, aux réalités sociales. Elles criminalisent parfois des comportements anodins, qui ne nuisent ni à l’individu ni à la collectivité, mais qui traduisent l’imposition d’une morale conservatrice au détriment de la liberté individuelle. La morale religieuse n'est jamais trop loin. D’où la question cruciale : où s’arrête la loi et où commence la morale ? Et surtout, quelle place donner à l’éthique dans la gouvernance d’un pays en pleine mutation, un pays qui aspire au développement et à la modernité et qui fait des efforts colossaux dans ce sens. Face à ces décalages, les citoyens développent des stratégies d’adaptation, parfois de survie. La loi devient modulable, respectée ou non selon la situation, selon l’œil de l’autorité. Le respect n’est plus une conviction, mais un calcul. Mais peut-on exiger le respect d’une loi perçue comme illégitime, inutile ou injuste ? Peut-on maintenir en vigueur des textes que la majorité des citoyens contournent systématiquement, et que même les agents chargés de les appliquer transgressent à titre individuel ? Ce rapport ambigu se construit dès l’enfance, dans la transmission des normes sociales. L’enfant apprend à l’école l’interdiction de l’alcool en respect de la religion et de la loi, mais voit chez lui ou dans son entourage une consommation banalisée. On lui enseigne le respect du code de la route, mais son père brûle les feux rouges hors du regard de la police. Cette éducation contradictoire crée une confusion durable entre les valeurs proclamées et les pratiques vécues, renforçant l’idée que la loi n’est pas une règle universelle mais une contrainte contextuelle. Il y a donc ici un sentiment de peur et non de respect des lois, un sentiment qu'elles sont pour les autres et pas pour soi; une perception que la loi est imposée et n'est pas là pour la protection des droits de chacun et de tous. Les réseaux sociaux et certaines voix publiques, comme vient de le faire la youtubeuse Maysa, contribuent à révéler ces incohérences. Elle a montré dans une vidéo les multiples lois marocaines qui, bien qu’encore en vigueur, ne sont presque jamais appliquées. Ce constat illustre une permissivité implicite qui mine la crédibilité de l’État de droit. Une loi qui existe sans être appliquée devient un simple symbole, voire un instrument de sélectivité arbitraire. Elle doit être à la limité révisée. La loi n’a pas vocation à être un simple outil de contrôle, encore moins une fin en soi. Elle doit permettre l’harmonie sociale, protéger les libertés et réguler la vie collective. Elle doit évoluer avec son temps, refléter les aspirations de la société et éviter d’imposer des schémas de pensée dépassés. Aujourd’hui, les Marocains ont changé, leurs modes de vie ont évolué, mais le cadre légal et la mentalité collective restent figés dans des représentations anciennes. Beaucoup parlent ouvertement d’«hypocrisie sociale», dénonçant ce double langage entre parole et comportement en public, discours officiel et pratiques réelles. Sortir de cette ambiguïté exige une double révision des choses : d’un côté, une réforme juridique audacieuse, qui adapte les lois aux réalités sociales et aux valeurs contemporaines ; de l’autre, un travail de sensibilisation et d’éducation pour réconcilier le citoyen avec le droit. Cette transformation ne peut réussir que si les Marocains acceptent de rompre avec l’ambivalence sociale et le dédoublement de personnalité qui gangrènent les comportements quotidiens. La réflexion sur la relation entre le citoyen marocain et la loi ouvre ainsi un champ plus large : celui de l’éthique, de l’évolution sociale et de la modernisation du cadre légal. Un État de droit ne peut prospérer sans adhésion collective, et une société ne peut se construire sur des règles que tous s’emploient à contourner. Redonner à la loi sa légitimité et sa crédibilité, c’est poser les bases d’un vivre-ensemble plus cohérent, plus juste et plus respecté. A suivre les joutes autour de la moudawana et autres projets de lois, entre le ministre de la justice et certains parlementaires d'une certaine tendance politique qui se pense gardienne du temple, il s'avère difficile d'avancer à la vitesse nécessaire par les temps qui courent...

Morocco, 18th Global Power in the World Athletics Championships Thanks to a Rich History of Medals 763

The national sports memory proudly retains the very rich medal record of the country, accumulated since the advent of the World Athletics Championships in 1983. This idea was born from a visionary and innovative president of the IAAF, the Italian Primo Nebiolo. At that time, the athletics world gathered in Helsinki for an unprecedented experience. Athletics was just beginning to organize quality meetings and barely tolerating that athletes receive some monetary compensation for their performances. Until then, at the global level, athletes only competed at the Olympic Games and were not entitled to any payment or commercial contracts. While Morocco was not present at the first Olympic Games, it made its mark at this inaugural edition of the World Championships alongside two other African countries: Ethiopia, which won a silver medal, and Nigeria which, like Morocco, won a bronze. Since then, Morocco has ensured a certain continuity with very honorable results. Notably, a 5th place finish in 1999 in Seville, an edition marked by controversy: Nezha Bidouane was wrongly deprived of the gold medal in the 400m hurdles due to a judging error. Despite an appeal to the jury and clear evidence brought by the left photo-finish, the decision was not overturned. President Nebiolo had promised to repair this injustice at the first IAAF council meeting but unfortunately passed away in the meantime. He was replaced by Senegalese Lamine Diack, the jury president who refused to revise the result, likely to avoid contradicting competition officials. At this Seville edition, Morocco won five medals, including gold by Hicham El Guerrouj in the 1500m and Salah Hissou in the 5000m. Two other silver medals were won by Nezha Bidouane in the 400m hurdles and Zahra Ouaaziz in the 5000m, while Ali Ezzine took bronze in the 3000m steeplechase. These achievements, realized under intense heat and a special atmosphere, allowed Morocco to rise to fifth place in the world medals table. It is worth recalling that this success occurred at the very beginning of His Majesty King Mohammed VI's reign, who has surrounded athletes with his generous royal care. Despite a recent decrease in the number of medals, Morocco still occupies the 18th place in the global medals table at the World Athletics Championships today. It was Said Aouita who opened the way at the first edition in Helsinki in 1983 by winning bronze in the 1500 meters. With a little more experience, he could have won the race, which was dominated by the British Steve Cram in just 3 minutes 41.59 seconds, and American Steve Scott, who finished second. Morocco was truly new at this level of competition. Among individual athletes, legend Hicham El Guerrouj is today the most decorated Moroccan at the World Athletics Championships, with six medals: four golds in the 1500 meters, and two silvers in the 1500m and 5000m. Another legend, Nezha Bidouane, leads the women's medal tally with three world medals, including two gold and one silver. She remains, like Hicham El Guerrouj in the 1500m, the most decorated in the world in the 400m hurdles. An analysis of results shows that it is in the 1500m that Morocco has won the most medals, including the four golds of Hicham El Guerrouj and the silver of Adil Kaouch, former junior world champion in this distance. Adding to this are Said Aouita and Abdelati Iguider, who each hold a bronze medal over this distance. On the women's side, the most medals were won in the 400m hurdles, thanks to Nezha Bidouane. The historical record of Moroccan athletics at the World Championships is rich: twelve male and four female athletes have represented Morocco at this level in seven disciplines: 400m hurdles, 800m, 1500m, 5000m, 10,000m, 3000m steeplechase, and the marathon. Let us not forget also the long jump with Yahya Berrabah's 4th place at the 2011 World Championships in Daegu. For the 20th edition, starting on September 13 in Tokyo, Morocco is participating with about twenty athletes. Hopes rest especially on Soufiane El Bakkali, who could join Hicham El Guerrouj in the number of gold medals if victorious. Fatima Ezzahara Gardadi is also cited as a potential medalist, her 2023 feat in Budapest where she won bronze in the marathon remaining fresh in everyone's memory. Summary of Morocco's medal record at the World Athletics Championships throughout history: - 1st edition, Helsinki 1983: Said Aouita, bronze in 1500m; Morocco's ranking: 21st - 2nd edition, Rome 1987: Said Aouita, gold in 5000m; Morocco's ranking: 9th - 3rd edition, Tokyo 1991: Moulay Brahim Boutayeb, bronze in 5000m; Khalid Sekkah, bronze in 10,000m; Morocco's ranking: 28th - 4th edition, Stuttgart 1993: no medal - 5th edition, Gothenburg 1995: Hicham El Guerrouj, gold in 1500m; Khalid Sekkah, silver in 10,000m; Khalid Boulami, silver in 5000m; Zahra Ouaaziz, bronze in 5000m; Morocco's ranking: 25th - 6th edition, Athens 1997: Hicham El Guerrouj, gold in 1500m; Nezha Bidouane, gold in 400m hurdles; Khalid Boulami, silver in 5000m; Salah Hissou, bronze in 10,000m; Morocco's ranking: 6th - 7th edition, Seville 1999: Hicham El Guerrouj, gold in 1500m; Salah Hissou, gold in 5000m; Nezha Bidouane, silver in 400m hurdles; Zahra Ouaaziz, silver in 5000m; Ali Ezzine, bronze in 3000m steeplechase; Morocco's ranking: 5th - 8th edition, Edmonton 2001: Nezha Bidouane, gold in 400m hurdles; Hicham El Guerrouj, gold in 1500m; Ali Ezzine, silver in 3000m steeplechase; Morocco's ranking: 10th - 9th edition, Paris 2003: Jaouad Gharib, gold in marathon; Hicham El Guerrouj, gold in 1500m; Hicham El Guerrouj, silver in 5000m; Morocco's ranking: 9th - 10th edition, Helsinki 2005: Jaouad Gharib, gold in marathon; Hasna Benhassi, silver in 800m; Adil Kaouch, silver in 1500m; Morocco's ranking: 10th - 11th edition, Osaka 2007: Hasna Benhassi, silver in 800m; Morocco's ranking: 28th - 12th to 14th editions (Berlin 2009, Daegu 2011, Moscow 2013): no medals - 15th edition, Beijing 2015: Abdelati Iguider, bronze in 1500m; Morocco's ranking: 32nd - 16th edition, London 2017: Soufiane El Bakkali, silver in 3000m steeplechase; Morocco's ranking: 31st - 17th edition, Doha 2019: Soufiane El Bakkali, bronze in 3000m steeplechase; Morocco's ranking: 31st - 18th edition, Eugene 2022: Soufiane El Bakkali, gold in 3000m steeplechase; Morocco's ranking: 22nd - 19th edition, Budapest 2023: Soufiane El Bakkali, gold in 3000m steeplechase; Fatima Zahra Gardadi, bronze in marathon; Morocco's ranking: 15th.

Le Maroc, 18e puissance mondiale aux Championnats du Monde d’athlétisme grâce à une histoire riche en médailles... 116

La mémoire sportive nationale retient avec fierté le très riche palmarès du pays, cumulé depuis l’avènement des championnats du monde d’athlétisme en 1983. Cette idée est née d’un président de l’IAAF, visionnaire et novateur, l’Italien Primo Nebiolo. Le monde de l’athlétisme s’était alors réuni à Helsinki pour une expérience inédite. L’athlétisme commençait tout juste à organiser certains meetings de qualité et à peine à tolérer que les athlètes perçoivent un pécule pour leurs prestations. Jusqu’alors, au niveau mondial, les athlètes ne se retrouvaient que lors des Jeux Olympiques, sans droit à une rémunération ni à la conclusion de contrats commerciaux. Si le Maroc n’était pas présent lors des premiers Jeux Olympiques, il marquera cette édition inaugurale des championnats du monde en compagnie de deux autres pays africains : l’Éthiopie, qui remporta une médaille d’argent, et le Nigéria, qui, comme le Maroc, décrocha un bronze. Depuis, le Maroc a assuré une certaine continuité avec des résultats très honorables. Notamment une 5e place en 1999 à Séville, une édition marquée par une controverse : Nezha Bidouane fut privée, à tort, de la médaille d’or aux 400 m haies à cause d’une erreur de jugement. Malgré un recours auprès du jury et une preuve manifeste apportée par la photofinish de gauche, la décision ne fut pas révisée. Le président Nebiolo avait alors promis de réparer cette injustice à la première réunion du conseil de l’IAAF, hélas il décéda entre-temps. Il fut remplacé par le Sénégalais Lamine Diack, président du jury qui refusa la révision du résultat, probablement pour ne pas désavouer les officiels de la compétition. Lors de cette édition de Séville, le Maroc remporta cinq médailles, avec notamment l’or de Hicham El Guerrouj aux 1500 m et de Salxah Hissou aux 5000 m. Deux autres médailles d’argent furent décrochées par Nezha Bidouane aux 400 m haies et Zahra Ouaaziz aux 5000 m, tandis qu’Ali Ezzine obtenait le bronze aux 3000 m steeple. Ces exploits, réalisés sous une forte chaleur et dans une ambiance particulière, permirent au Maroc de se hisser à la cinquième place du classement mondial des médailles. Il convient de rappeler que ce succès s’est inscrit au tout début du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a entouré les athlètes de sa sollicitude royale généreuse. Malgré une baisse récente du nombre de médailles, le Maroc occupe aujourd’hui encore la 18e place mondiale au tableau des médailles des championnats du monde d’athlétisme. C’est Said Aouita qui avait ouvert le bal lors de la première édition à Helsinki en 1983, en remportant le bronze sur 1500 mètres. Avec un peu plus d'expérience, il aurait pu remporter la course, dominée par le Britannique Steve Cram en seulement 3 minutes 41 secondes 59, et l'Américain Steve Scott, deuxième. Le Maroc était alors vraiment nouveau à ce niveau de la compétition. Parmi les athlètes individuels, la légende Hicham El Guerrouj est aujourd’hui le marocain le plus titré aux championnats du monde d’athlétisme, avec six médailles : quatre en or aux 1500 mètres, et deux en argent aux 1500 m et 5000 m. L'autre légende, Nezha Bidouane domine le palmarès féminin avec trois médailles mondiales, dont deux en or et une en argent. Elle reste, comme Hicham El Guerrouj sur 1500 m, la plus titrée au monde sur 400 m haies. L’analyse des résultats montre que c’est sur 1500 m que le Maroc compte le plus de médailles, avec notamment les quatre or d’Hicham El Guerrouj, et l’argent d’Adil Kaouch, ancien champion du monde junior. S’ajoutent aussi Said Aouita et Abdelati Iguider, qui ont chacun une médaille de bronze sur cette distance. Chez les femmes, c’est aux 400 m haies que le pays compte le plus de médailles, grâce à Nezha Bidouane. Le bilan historique de l’athlétisme marocain aux championnats du monde est riche : douze athlètes masculins et quatre féminines ont porté le Maroc à ce niveau dans sept disciplines : 400 m haies, 800 m, 1500 m, 5000 m, 10 000 m, 3000 m steeple et marathon. On n'oublie pas non plus le saut en longueur avec la 4e place de Yahya Berrabah aux championnats du monde 2011 à Daegu. Pour la 20e édition, débutant le 13 septembre à Tokyo, le Maroc participe avec une vingtaine d’athlètes. Les espoirs reposent notamment sur Soufiane El Bakkali, qui pourrait rejoindre Hicham El Guerrouj au nombre de médailles d’or en cas de victoire. Fatima Ezzahara Gardadi est également citée comme une potentielle médaillée, son exploit en 2023 à Budapest, où elle remporta le bronze au marathon, restant dans toutes les mémoires. Résumé du palmarès marocain aux championnats du monde d’athlétisme à travers son histoire : - 1ère édition, Helsinki 1983 : Said Aouita, bronze aux 1500 m; Classement du Maroc 21e - 2e édition, Rome 1987 : Said Aouita, or aux 5000 m; Classement du Maroc 9e - 3e édition, Tokyo 1991 : Moulay Brahim Boutayeb, bronze aux 5000 m; Khalid Sekkah, bronze aux 10 000 m; Classement du Maroc 28e - 4e édition, Stuttgart 1993 : aucune médaille - 5e édition, Göteborg 1995 : Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Khalid Sekkah, argent aux 10 000 m; Khalid Boulami, argent aux 5000 m; Zahra Ouaaziz, bronze aux 5000 m; Classement du Maroc 25e - 6e édition, Athènes 1997 : Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Nezha Bidouane, or aux 400 m haies; Khalid Boulami, argent aux 5000 m; Salah Hissou, bronze aux 10 000 m; Classement du Maroc 6e - 7e édition, Séville 1999 : Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Salah Hissou, or aux 5000 m; Nezha Bidouane, argent aux 400 m haies; Zahra Ouaaziz, argent aux 5000 m; Ali Ezzine, bronze aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 5e - 8e édition, Edmonton 2001 : Nezha Bidouane, or aux 400 m haies; Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Ali Ezzine, argent aux 3000 m steeple ; Classement du Maroc 10e - 9e édition, Paris 2003 : Jaouad Gharib, or au marathon; Hicham El Guerrouj, or aux 1500 m; Hicham El Guerrouj, argent aux 5000 m; Classement du Maroc 9e - 10e édition, Helsinki 2005 : Jaouad Gharib, or au marathon; Hasna Benhassi, argent aux 800 m; Adil Kaouch, argent aux 1500 m; Classement du Maroc 10e - 11e édition, Osaka 2007 : Hasna Benhassi, argent aux 800 m; Classement du Maroc 28e - 12e à 14e éditions (Berlin 2009, Daegu 2011, Moscou 2013) : pas de médaille - 15e édition, Pékin 2015 : Abdelati Iguider, bronze aux 1500 m; Classement du Maroc 32e - 16e édition, Londres 2017 : Soufiane El Bakkali, argent aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 31e - 17e édition, Doha 2019 : Soufiane El Bakkali, bronze aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 31e - 18e édition, Eugène 2022 : Soufiane El Bakkali, or aux 3000 m steeple; Classement du Maroc 22e - 19e édition, Budapest 2023 : Soufiane El Bakkali, or aux 3000 m steeple; Fatima Zahra Gardadi, bronze au marathon; Classement du Maroc 15e.

Morocco and the Cannabis Renaissance: History, Regulation, and Current Economic Challenges... 1172

Morocco has entered a major phase in structuring its cannabis industry, with the authorization to market 67 derived products: 26 cosmetics and 41 dietary supplements, all compliant with standards and duly registered with the Moroccan Agency for Medicine and Health Products. This step is preliminary to their placement on the national market or export. The National Agency for the Regulation of Cannabis Activities, through its vigilance, reflects the country’s determination to maintain its credibility with investors and foreign partners in a rapidly expanding global market. While many citizens believe that kif was banned because it is harmful to health, a historical review clarifies what really happened and why this miraculous plant suddenly became a target in the war on drugs. Hemp has had multiple uses for millennia. As a strong textile fiber, it was used to make sails and ropes for ships. Without it, humans could not have navigated for long distances. Early printed papers and clothing in many regions were also hemp-based. Its cultivation required little labor and water, making it a formidable competitor to cotton. The prohibition of cannabis must be reconsidered in light of the Industrial Revolution and the rise of cotton from the 19th century onwards. Spinning and weaving machines designed for cotton gradually made it the dominant fiber, driving its massive growth. Moreover, the British and American colonial empires exploited vast plantations with servile labor, first through slavery, then poorly paid workers. These powerful interests put hemp at a disadvantage. The decisive turning point occurred in the 1930s in the United States, when the cotton, paper, and emerging chemical industries, notably with synthetic fibers, allied to eliminate hemp. Harry Anslinger, then head of the U.S. Federal Bureau of Narcotics, likely in collusion with large industrial interests, led a campaign deliberately conflating industrial hemp with recreational cannabis. In 1937, the Marihuana Tax Act banned hemp cultivation. Thanks to propaganda and economic interests, this policy spread worldwide. In 1961, the UN Single Convention on Narcotic Drugs classified cannabis among strictly controlled drugs, even for medical and industrial use, thus marginalizing hemp over the long term. Cotton then became the dominant fiber, favoring industrial networks. In Morocco, kif, a traditional form of cannabis often mixed with tobacco and smoked in a sebsi pipe, lies at the heart of a rich and complex history marked by social, political, and economic dynamics. For centuries, kif has been grown mainly in the north, around Chefchaouen, Ketama, and Issaguen. Far from being just an illegal plant, it was historically tolerated and seen as essential to local subsistence. Used for its social and medicinal virtues, kif was part of daily life almost everywhere. Since 1906, a company was created to ensure state control over kif. Under the Protectorate, it was officially named the Régie du Kif et des Tabacs. The reasons were mostly fiscal from 1917. Spanish authorities in the north applied more flexible rules, pragmatically dealing with local tribes. Upon independence, Morocco inherited a complex dilemma: kif was deeply rooted in society but faced growing international pressure. Under Mohammed V and then Hassan II, the country adopted gradual measures. The state monopoly was abolished in 1957–1958, and cultivation became illegal, even though tacit tolerance persisted in some historic Rif zones. The 1970s marked a crackdown under increasing pressure from the United States and Europe. The Moroccan 1974 narcotics law strictly banned cultivation, consumption, and sale of kif. Yet despite heightened repression, clandestine production exploded, driven by strong European demand. The Rif established itself as one of the world’s major cannabis resin basins. After decades of prohibition and socio-economic conflicts linked to kif, and under pressure from scientists and the public, in view of global developments, Morocco took a turning point in 2021 by enacting a law framing the legal use of cannabis for medical, pharmaceutical, and industrial purposes. Recreational consumption remains prohibited. The state is gradually integrating growers into a legal, controlled sector, reducing informality and improving local economic conditions. The history of kif in Morocco is a trajectory marked by millennia of tolerance, colonial regulations, prohibitions imposed under international pressure, before opening the way to a recent, intelligent, legal, and regulated reconversion. Today, hemp is regaining recognition almost everywhere. Less water-intensive, soil-friendly, producing seeds, oil, and natural insulating materials, it is becoming a pillar of the ecological transition. This plant, once banned to protect powerful economic interests, now seeks to reclaim its historic and natural place. This revival is particularly visible in Morocco. The area legally cultivated with hemp more than tripled in 2025 with 4,400 hectares sown, mainly with the local “baladiya” variety, a tangible sign of growth after decades of informality. It is an economic revitalization lever for Rif regions traditionally dependent on an underground economy. The 2021 legalization aims to channel a historic production into a regulated framework while creating a high-value-added industry. Beyond agriculture, a complete chain of processing, packaging, certification, and export is being set up, generating fiscal revenues and enhancing Morocco’s attractiveness to international investors. It is no longer just about cultivating cannabis, but about developing a structured industry that respects strict standards and can compete in a dynamic global market. This economic transformation is seen as a chance to reconcile a long-illegal sector with the mechanisms of a powerful economy. Challenges remain numerous, from strict regulation to combating illicit diversions, organizing cooperatives, and fiscal adaptation. But the course is clear: transform an ancient agricultural heritage into an engine of inclusive growth and sustainable economic integration.

Le Maroc et la Renaissance du Cannabis : Histoire, Régulation et Enjeux Économiques Actuels 136

Le Maroc a amorcé une phase majeure dans la structuration de son industrie du cannabis, avec l’autorisation de commercialisation de 67 produits dérivés: 26 cosmétiques et 41 compléments alimentaires, répondant aux normes et dûment enregistrés auprès de l’Agence Marocaine du Médicament et des Produits de Santé. L'étape est préalable à leur mise sur le marché national ou leur exportation. L’Agence Nationale de Régulation des Activités liées au Cannabis, par sa vigilance, quant à elle, reflète la volonté du pays de préserver sa crédibilité auprès des investisseurs et partenaires étrangers dans un marché mondial en expansion. Alors que bon nombre de citoyens, pensent que le kif avait été interdit parce que nocif pour la santé, un rappel historique permet de comprendre ce qui s’est réellement passé et pourquoi cette plante miraculeuse s’est retrouvée comme par magie dans le viseur de la lutte antidrogues. Le chanvre a connu multiples usages pendant des millénaires. Fibre textile robuste, il servait à confectionner les voiles et cordages des bateaux. Sans cela, l’humain n’aurait pu naviguer longtemps et loin. Les premiers papiers imprimés et les vêtements dans plus d'une région, étaient aussi à base de chanvre. Sa culture nécessitait peu de travail, peu d’eau, faisant d’elle une concurrente redoutable du coton. L’interdiction du cannabis doit être relue à l’aune de la révolution industrielle et de l’essor du coton à partir du XIXe siècle. Les machines à filer et tisser, conçues pour le coton, firent de celui-ci la fibre dominante, favorisant son essor massif. De plus, les empires coloniaux britannique et américain exploitaient de vastes plantations avec une main-d’œuvre servile, d’abord par l’esclavage puis par des travailleurs faiblement rémunérés. Ces puissants intérêts mirent le chanvre en difficulté. Le virage décisif remonte aux années 30 aux États-Unis, quand les industries du coton, du papier et l’industrie chimique émergente, notamment avec les fibres synthétiques, s’allient pour éliminer le chanvre. Un certain Harry Anslinger, alors chef du Bureau Fédéral Américain des Narcotiques, sans doute de connivence avec les intérêts des grands groupes industriels, mène une campagne combinant à dessein chanvre industriel et cannabis récréatif. En 1937, le Marihuana Tax Act interdit la culture du chanvre. Propagande et intérêts économiques aidant, cette politique s’exporte à travers le monde. Par une Convention unique sur les stupéfiants, en 1961, l’ONU classe le cannabis parmi les drogues à contrôle strict, marginalisant ainsi durablement le chanvre. Le coton devient alors la fibre dominante au profit des réseaux industriels. Au Maroc, le kif, forme traditionnelle de cannabis souvent mélangée au tabac et consommée dans le sebsi, est au cœur d’une histoire riche et complexe, marquée par des dynamiques sociales, politiques et économiques. Depuis des siècles, le kif est cultivé principalement au nord autour de Chefchaouen, Ketama ou Issaguen. Loin d’être seulement une plante illégale, il était historiquement toléré et perçu comme essentiel à la subsistance locale. Utilisé autant pour ses vertus sociales que médicinales, il s’inscrivait dans le quotidien des populations quasiment partout. Dès 1906, est crée une entreprise pour assurer le contrôle sur le kif. Sous le Protectorat, elle prend le nom de Régie du Kif et des Tabacs. Les motifs sont surtout fiscaux à partir de 1917. Les autorités espagnoles au nord appliquèrent des règles plus souples, par pragmatisme politique face aux tribus locales. A l’indépendance, le Maroc hérite d’un dilemme complexe: le kif est profondément enraciné dans la société mais fait face à des pressions internationales grandissantes. Sous Mohammed V puis Hassan II, le pays adopte des mesures progressives. Le monopole d’État est supprimé en 1957-1958, la culture devient illégale, même si dans certaines zones historiques du Rif une tolérance tacite a perduré. Les années 1970 marquent un durcissement sous la pression croissante des États-Unis et de l’Europe. La loi marocaine de 1974 sur les stupéfiants interdit strictement la culture, la consommation et la commercialisation du kif. Pourtant, malgré la répression accrue, la production clandestine explose, portée par une demande européenne vigoureuse. Le Rif s’affirme comme l’un des bassins mondiaux de résine de cannabis. Après des décennies de prohibition et de conflits socio-économiques liés au kif, et sous la pression de scientifiques et de la population au vu de l'évolution à travers le monde, le Maroc amorce un virage en 2021 avec une loi encadrant l’usage légal du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. La consommation récréative reste interdite. L’État s’efforce d’intégrer progressivement les cultivateurs dans une filière légale et contrôlée, réduisant l’informalité et améliorant les conditions économiques des régions concernées. L’histoire du kif au Maroc est une trajectoire jalonnée de tolérance millénaire, de régulations coloniales, d’interdictions décidées sous pression internationale, avant d’ouvrir la voie à une récente reconversion vers un usage intelligent, légal et encadré. Aujourd’hui, quasiment partout, le chanvre retrouve une nouvelle reconnaissance. Moins gourmand en eau, respectueux des sols, produisant graines, huile et matériaux isolants naturels, il s’affirme comme un pilier de la transition écologique. La plante interdite pour protéger des intérêts économiques puissants, cherche désormais à reprendre sa place historique et naturelle. Cette renaissance est particulièrement visible au Maroc. La surface cultivée en chanvre légal a plus que triplé en 2025 avec 4 400 hectares semés, principalement de la variété locale «baladiya», signe tangible d’un essor après des décennies d’informalité. C'est un levier de revitalisation économique pour les régions du Rif, traditionnellement dépendantes d’une économie souterraine. La légalisation adoptée en 2021 vise à canaliser une production historique vers un cadre réglementé, tout en créant une industrie à forte valeur ajoutée. Au-delà de la culture agricole, c’est toute une chaîne de transformation, de conditionnement, de certification et d’exportation qui se met en place, générant des recettes fiscales et améliorant l’attractivité du Maroc pour les investisseurs internationaux. Il ne s’agit plus seulement de cultiver du cannabis, mais de développer une industrie structurée, respectueuse de normes strictes, capable de s’imposer sur un marché mondial dynamique. Cette mutation économique est perçue comme une chance de réconcilier un secteur longtemps illégal avec les mécanismes d’une économie puissante. Les défis restent cependant nombreux, depuis la régulation stricte jusqu’à la lutte contre les détournements illicites, en passant par l’organisation des coopératives et l’adaptation fiscale. Mais le cap est clair: transformer un héritage agricole ancien en moteur de croissance inclusive et d’intégration économique durable.