Le Maroc face à son défi sportif : du loisir à la locomotive nationale... 42
Longtemps cantonné à un simple divertissement populaire ou utilisé comme un outil de communication politique, ou encore comme une occupation socialement jugée inutile, le sport marocain s’annonce désormais comme un moteur économique, social et sanitaire incontournable. Sous les projecteurs de la CAN 2025 et du Mondial 2030, le Royaume Chérifien doit embrasser pleinement ce potentiel. Plus de place pour la demi-mesure, le secteur qui pèse déjà lourd.
Le sport génère aujourd’hui 1,56% du PIB national, soit plus de 21 milliards de dirhams. Et ce n’est que le début : en franchissant la barre symbolique de 3%, potentiel estimé par la Banque Mondiale, le sport pourrait à terme rivaliser avec des poids lourds économiques comme l’agroalimentaire ou le tourisme auquel il sert déjà de booster.
Le secteur est en pleine effervescence. Le commerce d’articles sportifs bondit à 3,77 milliards de dirhams, tandis que clubs et salles de fitness affichent un chiffre d’affaires en hausse de 25%, atteignant 604 millions. Le football professionnel, qui capte 12% des emplois sportifs, pèse lui 879 millions de dirhams.
**Le sport marocain n’est plus un loisir, c’est une économie émergente à part entière**. Sur la scène mondiale, le football est une locomotive de taille : estimé à 59 milliards de dollars en 2025, la FIFA prévoit pour elle des revenus records de 11 milliards pour le cycle 2023–2026. Le Maroc a tout intérêt à s’accrocher à cette dynamique globale et il le fait très bien. Les grands chantiers, du béton à l’emploi participe à cette nouvelle manne.
La CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 ne sont pas que des compétitions sportives. Elles incarnent un formidable levier d’investissement et de transformation. Les trois pays hôtes: Maroc, Espagne, Portugal, mobiliseront entre 15 et 20 milliards de dollars, dont 50 à 60 milliards de dirhams pour le seul Maroc qui ne fait pas que rattraper son retard mais est entrain de doubler ses coéquipiers.
Stades rénovés, routes, infrastructures hôtelières et transports : ces chantiers devrait créer entre 70 000 et 120 000 emplois, directs comme indirects. À cela s’ajoute le tourisme sportif, moteur déjà puissant avec 2 milliards de dirhams générés par des événements mythiques comme, les tournoi de Golf, le Marathon des Sables, ou les trails de l’Atlas.
Mais L'activité physique et le sport ne sont pas que cela ce sont des investissements qui soignent.
Au-delà de l’économie, l’investissement dans l'activité physique est le sport est un enjeu crucial pour la santé publique. Selon l’OMS, chaque dollar investi dans l’activité physique génère trois dollars d’économies en frais médicaux. L'Europe estime que pour 10 % de pratiquants de plus on économise 0,6 % de PIB en coûts médicaux .
Au Maroc, où 59% des habitants sont en surpoids et 24% souffrant d'obésité, 48,9 % des Marocains sont touchés au moins une fois dans leur vie par un trouble mental, l'activité physique pourrait inverser la tendance sanitaire.
Elle diminue la mortalité prématurée de 30%, le diabète de type 2 de 40%, la dépression de 30%, tout en augmentant la productivité de 6 à 9%.
**L'activité physique et le sport, sont le meilleur médicament gratuit. Il guérit avant même que la maladie n’apparaisse**, Le sport n’est donc pas qu’un plaisir : il est un puissant levier de santé publique durable.
Quoi de mieux pour canaliser l'Energie débordante de La Jeunesse . Le sport est aussi l’école de la vie et de la citoyenneté. Les études montrent que les élèves sportifs obtiennent en moyenne 0,4 point de plus, gagnent 13% en concentration et perdent 20% de stress.
Pourtant, seuls 22% des jeunes Marocains pratiquent une activité physique régulière, alors que le potentiel dépasse 6 millions.
Les enfants ont tendance à remplacer le ballon par l’écran. Et le risque est très important: sans une politique forte, on prépare une génération fragile. Le Royaume investi déjà pas mal dans les activités sportives pour tous notamment par la mise à disposition des jeunes d'infrastructures gratuites de plein air, il lui reste encore beaucoup à faire.
Voici une version corrigée et améliorée de votre texte :
Le cadre législatif est manifestement en décalage avec les ambitions. La loi 30-09, qui régit le sport au Maroc, est critiquée pour sa centralisation excessive, ses lourdeurs administratives et le manque d’autonomie des clubs et des fédérations. Elle ne définit pas clairement les concepts et a créé un véritable flou juridique. Plus que jamais, il serait judicieux de s’orienter vers une nouvelle loi, qui mette en œuvre et respecte les dispositions de la constitution de 2011 ; une loi plus incitative, qui définisse clairement les concepts et, par conséquent, les responsabilités ; qui corrige l’ensemble des défauts de la précédente, et ils sont nombreux. Il serait également urgent de sortir le sport du temps politique et de le confier à une administration de mission dont les tâches, les stratégies et le rythme s’adapteraient au temps sportif, beaucoup plus long, et seraient en harmonie avec les temps sportifs à l’échelle internationale.
L'ensemble des Fédérations Royales Marocaines Sportives ne captent pas plus 350 000 licenciés pour un potentiel de 6 à 7 millions. Les clubs peinent à se professionnaliser, les investisseurs privés ne sont pas très chauds, et la pratique de masse est encore proportionnellement négligée. Pour accélérer la croissance, il faudra probablement alléger la fiscalité avec une TVA réduite sur les équipements et abonnements, alléger les charges pour les start-ups du sport, et reconnaître officiellement le sport comme activité d’utilité publique.
Le Projet de Loi de Finances 2026 prévoit justement des ajustements afin de favoriser les partenariats public-privé et booster l’investissement privé.
La prochaine décennie peut marquer un tournant historique dans le développement du pays. Le Maroc à l’horizon 2030 a choisi le sport comme pilier national. Avec des compétitions internationales prestigieuses, des infrastructures modernes et une jeunesse pleine d’énergie, le Maroc a toutes les cartes en main pour faire du sport un pilier du développement durable.
Mais tout cela nécessite un changement de paradigme : le sport n’est pas seulement un spectacle ni un outil d’image, c’est une filière économique, une culture à promouvoir, et une politique publique à construire.
Le Maroc a désormais la possibilité de faire du sport un vecteur majeur de prospérité, de santé, d’emploi et de cohésion sociale. C'est le choix qui a été fait sortir le sport du cadre du loisir et l’inscrire pleinement dans une stratégie nationale.
**Le sport, ce n’est pas un luxe. C’est un investissement collectif dans la santé, l’emploi et l’unité nationale.**
Le message est clair : en 2030, le Maroc ne devra pas seulement briller par ses équipes, mais aussi par sa vision ambitieuse du sport comme levier de développement humain et économique.