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Politique

L’étrange médiation d’Ahmed Attaf : entre déni diplomatique et manœuvre politique... 69

La dernière déclaration d’Ahmed Attaf, vaillant ministre algérien des Affaires étrangères, a surpris jusqu’aux plus fins connaisseurs du dossier saharoui. En affirmant que l’Algérie serait «disposée à jouer l’intermédiaire entre le Maroc et le Polisario», Attaf semble s’aventurer dans une posture diplomatique qui confine à l’absurde, tant elle contredit la réalité, les textes internationaux et même les propres choix stratégiques d’Alger. Car, derrière le ton placide qu’affectionne le chef de la diplomatie algérienne, cette sortie révèle un mélange d’amnésie politique, de calcul interne et d’enfumage externe. Il a même omis d’expliquer pourquoi cette proposition revient maintenant. La première anomalie réside dans l’ignorance feinte de l'essentiel de la résolution 2797 du Conseil de sécurité. Celle ci précise explicitement que l’Algérie **est partie prenante du conflit**, et qu’à ce titre elle est appelée à **prendre part aux négociations**, sous la conduite de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, Staffan de Mistura, mais **aux États-Unis**. Autrement dit, l’Algérie ne peut en aucun cas se présenter comme un acteur extérieur, neutre ou impartial. Elle **est dans le dossier**, et n’en sortira pas par un simple effet de langage. Deuxième amnésie, plus criante encore : Attaf fait comme si **aucune main tendue** n’avait été adressée par le Maroc à l’Algérie. Or Sa Majesté le Roi Mohammed VI a, à maintes reprises, invité expressément le président Tebboune à un **dialogue franc, direct, sans conditions**, pour traiter l’ensemble des questions bilatérales, y compris les causes profondes des tensions. Il n’a jamais répondu. Pire, il a maintenu la fuite en avant diplomatique : rupture unilatérale des relations, fermeture de l’espace aérien, discours hostiles parfois dépassant l'entendement et soutien renforcé au Polisario. Dans ce contexte, la prétention d’Alger à vouloir « rapprocher » Rabat et le Polisario relève plus du théâtre diplomatique que d’un geste sincère. En présentant le conflit comme un simple malentendu entre « deux parties » que l’Algérie pourrait aider à dépasser, Attaf adopte un ton presque ingénu. Un ton naïf qui frôle le ridicule. Comme si le rôle central d’Alger dans la genèse, l’entretien et la militarisation du conflit n’était pas un fait établi, reconnu et documenté. Comment prétendre jouer le médiateur quand : * le Polisario est **hébergé à Tindouf**, sur le sol algérien, * ses dirigeants circulent avec des passeports diplomatiques algériens, * son *Président* est transporté par avion présidentiel algérien, * son armement provient en grande partie d’Alger, * sa diplomatie dépend du MAE algérien qui en dicte le contenu et la démarche. La prétention à la neutralité devient alors non seulement **anachronique**, mais **indécente** au regard de l’histoire du dossier. Cette proposition improbable pourrait, en réalité, révéler le désarroi d’Alger face à son **isolement régional et international croissant**. L’Algérie cherche peut-être à se repositionner en acteur de «paix» et de «concorde», dans un contexte où sa diplomatie est perçue comme rigide, agressive et prisonnière d’un narratif dépassé. Elle est directement accusé de favoriser le terrorisme dans la région du Sahel. Le Mali, au perchoir de l'ONU, a tenu un discours on ne peut plus direct, dans ce sens. Il s’agit aussi et en même temps, peut-être, d’une manière détournée de **réamorcer un contact** avec Rabat, sans assumer publiquement le revirement, alors que toutes les crises entre les deux pays, y compris la rupture actuelle, sont issues de décisions unilatérales algériennes. Le Royaume a toujours été l'ennemi idéal pour expliquer l'emprise de l'armée sur tous les rouages de l'état. Alger sait maintenant , finalement, que cette tension permanente lui coûtera très cher tôt ou tard, tant sur le plan stratégique qu’intérieur. La manœuvre vise sûrement à briser l’isolement et possiblement à renouer indirectement avec Rabat. Who knows? En tout cas, la déclaration est un enfumage pour masquer une cabriole spectaculaire sur la question de Sansal et de la Palestine. Sansal a quitté la prison et a été reçu à l'Elysée; puis de **peur**, voter la résolution sponsorisée par les USA qui prévoit le désarmement du Hamas est une pirouette, un reniement de la doctrine fondatrice du régime algérien. C'est alors qu'il faut convoquer la situation interne en Algérie. Le contexte domestique joue un rôle central dans les derniers revirements. La population fait face à : * des pénuries persistantes, * une situation socio-économique fragile, * la dégringolade de la valeur du dinar, * une incompréhension grandissante face aux contradictions du pouvoir. Le choc a été immense quand l’Algérie, qui se proclamait « plus palestinienne que les Palestiniens » et « plus Hamas que le Hamas », a voté **en faveur d’une résolution américaine** qui prévoit le **désarmement du Hamas** et l’installation d’une **force internationale à Gaza**. Le commun des mortels en Algérie n'est pas prêt de comprendre ce changement brutal de posture. Le vote a profondément dérouté une opinion algérienne habituée à un discours enflammé contre Washington l'impérialiste et Israël la sioniste. Le discours officiel a toujours été inconditionnellement pro-Hamas. Dans cette atmosphère tendue, la sortie d’Ahmed Attaf ressemble fort à un **contre-feu médiatique**, destiné à détourner l’attention du volte face algérien sur le dossier palestinien et sur Sansal. Finalement, la proposition d’Attaf n’est ni sérieuse, ni crédible, ni neutre. Elle révèle, en revanche : * une **crise de narration** au sein de la diplomatie algérienne, * un **isolement international** de plus en plus pesant, * une **réalité intérieure fragile** que le pouvoir tente de masquer par des artifices diplomatiques, * et une difficulté persistante à assumer la vérité du conflit : **l’Algérie est, depuis le premier jour, partie prenante**. L’ambiguïté n’est jamais loin dans les propos de M. Attaf. Ici encore, il affirme vouloir se porter médiateur, en respectant l’ensemble des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la question. Bien évidemment, il ne manque pas de remettre sur la table la condition référendaire. Il est sans doute le seul à ignorer que cela n’est plus à l’ordre du jour de l’ONU depuis 2007. La proposition d’Attaf n’est acceptable ni sur la forme, ni sur le fond, et n’apporte rien de positif. Il faut savoir que la conférence de presse était montée et non réalisée en direct. Le langage corporel ne trompe pas : l’homme est sous le contrôle de la junte, et s’exprime donc comme la simple voix de l’armée, véritable pouvoir en Algérie. *Interpréter la résolution 2797 à la sauce algérienne et l'accepter tout en la rejetant est ridicule*. Plutôt que de jouer au médiateur imaginaire, Alger serait mieux inspirée de répondre à la main tendue du Maroc et d’assumer sa place à la table des négociations, conformément au droit international et à la réalité des faits.

Mondial 2026 : l’Afrique s’impose, le Maghreb rivalise, le Maroc confirme... 83

La Coupe du Monde 2026, organisée conjointement par les **États-Unis, le Canada et le Mexique**, marque un tournant historique avec 48 équipes, un format inédit, des qualifications étalées sur plusieurs mois, dans un monde du football en pleine mutation. Au-delà des nouveautés techniques, c’est une véritable **recomposition géopolitique** qui s’opère. Le football devient, plus que jamais, un espace où s’affirment ambitions nationales, stratégies régionales et rivalités symboliques. Dans ce nouvel échiquier, l’Afrique, et plus particulièrement le **Maghreb**, occupe une place centrale. Avec 9 nations qualifiées, l’Afrique montre qu’elle s’organise, tandis que le Maghreb s’affirme comme le pôle majeur du football africain et l'un des prétendants sérieux, par le biais du Maroc, au niveau mondial. La liste des qualifiés: Maroc, Tunisie, Égypte, Algérie, Ghana, Cap-Vert, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire et Sénégal, ne réserve que peu de surprises, si ce n’est l’absence notable du Cameroun et du Nigéria. **Le Maroc** demeure la vitrine stratégique d’un soft power national et africain assumé. Qualifié sans difficulté, le Royaume confirme une dynamique enclenchée depuis plus d’une décennie : infrastructures de haut niveau, planification, politique soutenue par une gouvernance stable, projection diplomatique via le football et valorisation réussie de la diaspora comme force technique et stratégique. Le Maroc est aujourd’hui un **pivot continental**, doté d’une stratégie globale et durable : CAN 2025, candidature pour 2030, Coupe du Monde des U17 féminines, présence accrue dans les instances du football. Sa qualification pour le Mondial 2026 n’est pas un événement isolé, mais l’aboutissement d’une politique d’influence cohérente et assumée. De son côté **L’Algérie** savoure son retour, tout en ressentant douloureusement les succès répétitifs du voisin marocain. Les médias algériens, souvent maladroits, multiplient des explications contestables pour justifier leurs échecs, allant jusqu’à évoquer le complot, une domination marocaine supposée sur la CAF ou d’autres causes plus fantaisistes les unes que les autres. Après avoir manqué le Mondial 2022 dans des circonstances cruelles, l’Algérie aborde ce cycle avec urgence et fierté, cherchant à restaurer sa visibilité internationale et à sortir de l’isolement. Se qualifier représente un vrai **marqueur de crédibilité régionale**, à l’heure où la région connaît de profondes recompositions politiques. Ici, le football favorise autant la cohésion nationale, aujourd'hui fragilisée par les crises récurrentes d'approvisionnement et le déficit en crédibilité à l'international, que la compétition symbolique entre voisins. Pour ce qui est de **La Tunisie**, en proie à des difficultés politiques, elle cherche la stabilité par le football, misant sur la constance comme stratégie. Formation structurée, diaspora compétitive, gestion technique efficace ; la qualification tunisienne s’inscrit dans une logique de continuité. Le pays n’a pas la projection géopolitique du Maroc ou la dimension de l’Algérie, mais possède ce bien précieux : la **durabilité**. **L’Égypte**, quant à elle, géant démographique et historique, fait son grand retour après plusieurs absences frustrantes. Pour Le Caire, cette qualification est bien plus qu’un exploit sportif : c’est un **prestige stratégique**, crucial à l’heure où le pays cherche à restaurer son image internationale et à stabiliser sa scène interne. Forte de son poids démographique et de sa culture footballistique, l’Égypte retrouve la visibilité mondiale qu’elle considère naturelle. La présence conjointe du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte signale un **réalignement régional**. Ce bloc, fort de près de **200 millions d’habitants**, partage des réalités géopolitiques sans former pour autant un ensemble complémentaire : il s’agit plutôt d’une bataille d’influence intra-régionale. Chaque pays projette son image à travers le football : - Le Maroc à travers sa politique, ses infrastructures, son organisation, sa planification et sa diplomatie sportive puissante. - L’Algérie cultivant le prestige national et la symbolique populaire. - L’Égypte avec son poids démographique et son influence culturelle sur le monde dit arabe. - La Tunisie par sa régularité et ses compétences techniques. Tous se disputent en fait le leadership africain, le football devenant le miroir de leurs ambitions politiques : - Qui représente l’Afrique à la FIFA ? - Qui guide la transformation du football continental ? - Qui définit les standards en formation et en infrastructures ? Le Maroc semble prendre une longueur d’avance incontestable, mais l’Algérie et l’Égypte restent compétitrices dans cette lutte symbolique. Les modèles nationaux diffèrent nettement : - Maroc : centralisé, planifié, vision long terme. - Algérie : émotionnel, populaire, volatil mais puissant. - Égypte : massif, institutionnel, historique. - Tunisie : discret, stable, technique. Ensemble, ils forment désormais une **zone footballistique cohérente**, dont l’importance sur la scène mondiale est inédite. Reste à jeter un œil sur les barrages de mars, véritables théâtres d’incertitude et d’enjeux continentaux. Ils offriront les derniers billets. Leur portée dépasse le football : chaque ticket ouvre un espace de narration nationale où le sport devient miroir identitaire. Le Mondial 2026 est résolument géopolitique et le **Maghreb y pèse lourd**. Pour la première fois, la région apparaît à la fois comme bloc concret et espace de rivalités internes. Quatre nations qualifiées dans un contexte où : - l’Afrique gagne en importance. - la FIFA s’adapte au monde multipolaire dans un contexte mondial en redéfinition. - les États utilisent le football comme instrument diplomatique. - le Maghreb, dans sa diversité et sa division devient l’une des régions les plus dynamiques du ballon rond. Ce tournoi nord-américain mettra en scène bien plus que des équipes : il exposera visions, récits nationaux, rivalités historiques et stratégies régionales. Un véritable champs de bataille géopolitique. Dans ce contexte global, le **Royaume du Maroc** n’est plus un figurant : il s'impose comme un acteur central, suscitant jalousies et rivalités acerbes...

Réinventer l’école marocaine : de la transmission à l’accompagnement... 80

Les Marocains, et particulièrement les jeunes, expriment aujourd’hui un profond malaise vis-à-vis de leur système scolaire. Ils viennent de le manifester avec éclat. Cette réalité, désormais publique, se retrouve tant dans les discussions familiales que dans les diagnostics institutionnels et les débats sociétaux. Pour pallier les insuffisances d’un enseignement public jugé à bout de souffle, de plus en plus de familles, averties ou aisées, inscrivent leurs enfants dans des institutions privées, parfois étrangères. La classe moyenne, elle aussi, fait de nombreux sacrifices pour suivre ce mouvement. Ce phénomène reflète une crise de confiance et creuse la fracture sociale : l’école, promue comme moteur d’égalité, se transforme en marqueur d’inégalités. Cette dérive était déjà pressentie : dès le 1er novembre 1960, le doyen Charles André Julien alertait M. Bennani, directeur du Protocole royal, sur les risques d’une réforme mal conçue qui produirait de nouveaux problèmes. Malgré des investissements considérables, les réformes successives se sont souvent limitées à des aspects accessoires : infrastructures, uniformes, approches pédagogiques superficielles, organisation des vacances. Trop souvent, elles sont le fruit d’un mimétisme mal inspiré, confiées à des bureaux d’études peu rigoureux et à des fonctionnaires insuffisamment qualifiés. Les réformes diverses et variées n'ont pas abouti et engendre un mécontentement croissant. La déperdition scolaire et les différents classements sont là pour illustrer cette situation angoissante. Si réforme il doit y avoir, et l’urgence est réelle, elle ne doit pas concerner les bâtiments ni la tenue des élèves, ou encore le rythme des vacances, mais s’intéresser au cœur du cursus, à la philosophie éducative, et à la manière d’envisager les rôles de l’élève et de l’enseignant. L’avenir appartient à un monde dans lequel les jeunes créent leurs propres métiers ; cette tendance devient universelle. Nous vivons une période inédite de l’histoire humaine, où la jeunesse façonne ses trajectoires professionnelles et personnelles : les jeunes inventent leurs métiers, construisent leurs propres voies, imaginent de nouveaux modèles sociaux. Aujourd’hui, un adolescent marocain, diplôme ou non, peut concevoir une application, lancer un commerce, bâtir une communauté, influencer des marchés et créer de la valeur inimaginable pour les cadres traditionnels. Le modèle 1337 en est la parfaite illustration. Désormais, les jeunes n’ont plus de frontières ni de limites mentales. Ils expriment une énergie faite d’ambition, d’intuition technologique, d’ouverture culturelle et de rêves. Pendant ce temps, le système scolaire reste enfermé dans un schéma du XXᵉ siècle. Le rôle de l’école doit évoluer : il ne s’agit plus de transmettre, mais d’accompagner. L’école marocaine doit cesser d’être un lieu de récitation de connaissances désormais disponibles en ligne. L’information est à portée de main, même pour un enfant de dix ans. Ce n’est pas cela qu’ils attendent : parfois, ils somnolent en classe et retrouvent la nuit l’espace de liberté où ils imaginent le monde qu’ils veulent vivre et construisent eux-mêmes. Sur le plan technologique et dans l’apprentissage des langues, nombre d’entre eux devancent les décideurs et les enseignants. Les jeunes maitrisent l'anglais davantage que ce qui leur est proposé à l'école et disposent d'équipements technologiques que l'école est loin de pouvoir leur offrir. Les parents se saignent pour cela. Les jeunes préfèrent une connexion à un repas. Les jeunes n'aiment plus l'école telle qu'elle se présente à eux. Ils attendent avant tout  d'y trouver: - quelqu’un qui les écoute ; - quelqu’un qui croit en leur potentiel ; - quelqu’un qui les incite à rêver plus grand, à oser davantage, à créer ; - quelqu’un qui leur accorde sa confiance. L’école doit donc devenir un espace d’accompagnement, d’éveil et de construction de projets de vie ; elle doit former des citoyens capables d’imaginer, d’innover, de collaborer, de prendre des risques et pas seulement de mémoriser. Pour cela, le défi majeur de l’État est la formation de formateurs capables de s’adapter aux nouvelles réalités. Il est indispensable de passer de professeurs transmetteurs à des mentors accompagnateurs. La réforme véritable commence donc avec les enseignants. Ceux d’hier doivent adopter le rôle de mentor, de guide, de catalyseur de talents : un mentor qui pose des questions au lieu d’imposer des réponses, un accompagnant qui aide l’élève à se découvrir, un éducateur qui ouvre des portes plutôt que de dresser des murs. Former les formateurs suppose une nouvelle philosophie : intégrer la psychologie positive, le coaching éducatif, les pédagogies actives, la construction de projets, la culture numérique et la créativité. Enseigner n’est plus un métier de transmission, mais d’accompagnement, avec l’autonomie pour moteur d’avenir. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas besoin de capital financier pour commencer, mais de confiance, d’idées et de compétences. Une bonne connexion fait leur bonheur. Leur atout majeur est leur esprit. Leur frein reste souvent un manque d’encouragement, l’angoisse d’un système trop rigide, trop vertical, trop éloigné de leur vécu. Ils sont capables de tout, sauf de croire seuls en eux-mêmes. C’est là que l’école doit intervenir, en devenant ce cocon où émergent idées et projets innovants. Mais pour réussir, il faut avoir le courage politique de mener la grande réforme attendue par la jeunesse. Le Maroc a l’occasion historique de réinventer son système éducatif, non par la rénovation matérielle, mais par une transformation intellectuelle et spirituelle. L’école doit devenir le lieu de construction des rêves, d’accompagnement des ambitions, de préparation à la vie par l’innovation et la création. Elle doit former des individus capables non seulement de s’adapter à un monde en mutation, mais de le transformer, un monde qui avance plus vite que les générations précédentes ne pouvaient l'imaginer. La vraie réforme est celle de l’étincelle, pas du béton. Elle ne s’incarne pas dans les murs, mais dans les esprits. Elle se construit non dans le passé, mais dans l’avenir que nos jeunes aspirent à inventer, soutenus par notre confiance, rien de plus.

Dakhla Atlantique : quand le Maroc fait renaître le désert et ouvre les portes d’une Afrique ambitieuse... 258

Il existe des projets qui dépassent la simple infrastructure. Des projets qui deviennent des symboles, des messages adressés à l’Histoire et au monde. Le port de **Dakhla Atlantique** appartient à cette catégorie rare : celle des réalisations qui réécrivent le destin d’une nation, et parfois même d’un continent. Une catégorie incarnant l'ambition d'un souverain résolument africain, philosophiquement mondialiste, génétiquement marocain, fondamentalement humaniste. Dans l’extrême sud du Royaume de Mohammed VI, là où les cartes anciennes ne montraient qu’une bande désertique battue par les vents, autrefois occupée par une Espagne n’y voyait qu’un symbole de sa puissance coloniale, le Maroc a choisi de bâtir l’avenir en retrouvant ses racines et son ADN profond. Là où l’imaginaire colonial parlait d’un espace vide, d’une « terre sans âme », les Marocains, inspirés par leur souverain adulé, ont vu une opportunité, un horizon, un futur. Le Sahara marocain n’est pas une marge : il est une matrice. Une source d’inspiration, comme il le fut pour **Saint-Exupéry**, ce poète-pilote qui y trouva la naissance du *Petit Prince*. Aujourd’hui, ce Petit Prince a grandi. Il est devenu marocain et le revendique. Il prend vie sous les traits d’un Maroc moderne, audacieux, innovant. Il construit, il relie, il soigne. Il plante dans le sable les graines d’un futur durable. Il lui a donné un nom et un symbole : **Dakhla Atlantique, l’ambition portée par l’océan qui caresse la côte et embrasse tout un peuple toujours debout: le peuple marocain drapé de fierté et d'honneur **. En édifiant le port de Dakhla Atlantique, avec un savoir faire nationale et les bras de sa jeunesse, le Maroc affirme que son Sahara n’est pas une périphérie, mais un carrefour. Un point d’ancrage stratégique entre : - **l’Afrique de l’Ouest en pleine mutation**, - **les Amériques, du Nord au Sud**, - **et l’Europe voisine**, partenaire historique et commercial incontournable. Le Royaume ne regarde pas seulement vers le large : il tend la main vers l’intérieur du continent. Le port devient alors un outil **de désenclavement du Sahel**, un corridor logistique essentiel pour des peuples et des pays enclavés comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso ou même le Tchad. Il leur ouvre un accès à l’Atlantique, donc au monde, offrant de nouvelles voies pour l’agriculture, les mines, l'industrie, la technologie, les échanges et l’intégration économique africaine. Ce que le Maroc construit est une **grande porte continentale largement ouverte vers l'humanité**. Le Maroc s’est résolument et irrévocablement mis au service du continent, fidèle à ses racines et à sa vocation africaine ancestrale. Sous l’impulsion visionnaire de SM le Roi Mohammed VI, le Royaume ne fait pas dans la propagande. Il a fait et concrétise un choix stratégique : être un **acteur de développement africain**, pas seulement un partenaire. Dakhla Atlantique en est la traduction concrète. Le Maroc s’y positionne comme un **pays-pont**, un vecteur de stabilité et de prospérité pour toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà. À l’heure où de nombreuses nations peinent à trouver une boussole, le Maroc offre un modèle : celui d’une diplomatie apaisée, d’un développement assumé, et d’une ambition qui ne s’excuse pas et s'impose dans la paix. Mais l’ambition chérifienne ne s’arrête pas à la géopolitique. Elle touche aussi la science, l’innovation, et l’écologie. **Green Morocco : faire du désert un laboratoire du futur**. Dans ce Sahara longtemps décrit comme nu, hostile, minéral, inutile, le Maroc fait éclore un des plus grands laboratoires naturels de la planète : - **énergies solaires parmi les plus puissantes au monde**, - **énergies éoliennes ininterrompues**, - **hydrogène vert**, - **énergies bleues**, - **technologies marines**, - **gestion durable des ressources halieutiques**, - **nouveaux modèles d’agriculture du désert**. Le Maroc dit haut et fort que le Sahara n’est plus un vide. C’est une ressource. Un trésor d’avenir. Une réponse aux défis du monde. Avec ce port, le Maroc prouve qu’il est possible de respecter son environnement, de magnifier ses forces naturelles, et de bâtir un développement qui n’écrase pas, mais qui libère. C’est alors que le combat, depuis un demi-siècle, pour **le Sahara marocain** prend tout son sens et beaucoup d'amplitude. C’est une renaissance, pas une reconquête. Ce projet n’est pas un simple acte d’ingénierie. Il est un acte d’amour. Un acte de foi. Un acte de justice historique. Le Sahara marocain n’est pas un décor : il est **le cœur battant d’un Maroc qui avance**, d’un peuple qui croit, d’une nation qui rêve grand, d'une jeunesse qui exprime son talent et exulte. Le Maroc ne cherche pas à “gagner” son Sahara. Il y est pour l'éternité et l'adore. Il le fait vivre. Il le respecte. Il le valorise. Il l’honore. Et ce faisant, il libère son potentiel, mais aussi celui de millions d’Africains qui trouveront dans Dakhla Atlantique un horizon inédit. **Le Royaume du Maroc est ici l'architecte d’un futur continental**. Le port de Dakhla Atlantique n’est pas seulement un chantier titanesque. C’est un manifeste d’un Maroc qui regarde le monde droit dans les yeux. D’un Maroc qui ne s’excuse pas d’être ambitieux. D’un Maroc qui transforme le désert en avenir, l’isolement en connexion, et les rêves en infrastructures. Là où Saint-Exupéry imaginait un Petit Prince, le Maroc a fait naître un géant. Un géant pacifique, visionnaire, africain. Avec l'ambition Royale de Sa Majesté Mohammed VI : Le Sahara vit. Le Maroc avance. Et l’Afrique respire un vent nouveau. Qu'il me soit permis ici de remercier MD Sahara (Maroc Diplomatique) de m'avoir donné la chance de vivre un moment qui m'a rendu encore plus fier de ce que je suis: *un simple citoyen marocain heureux de vivre ce règne exceptionnel. * C’est ce qui a inspiré ce modeste texte que je veux comme une transcription d'une émotion forte et marquante, tel un tatouage pérenne, un témoignage d'admirations aux amitiés renouées ou nouvelles sur "les berges" du chantier colossal du port.

Les régimes militaires : promesses révolutionnaires, désillusions nationales certaines... 199

Depuis les indépendances du milieu du XXᵉ siècle, une large partie du monde en développement a été traversée par la tentation militaire. En Afrique, en Amérique latine ou en Asie, les armées, souvent les seules institutions *organisées, hiérarchisées et disciplinées*, à la suite du départ des colonisateurs, ont pris le pouvoir au nom de la stabilité, de la justice sociale ou de la révolution. Pourtant, l’histoire révèle que, derrière les slogans pompeux de « démocratique », «populaire » ou « révolutionnaire », ces régimes ont rarement laissé place à autre chose que la répression, la corruption, la stagnation et bien plus encore. Les lendemains d’indépendance ont vu certaines armées se positionner en sauveuses autoproclamées. Toutes n'ont laissé derrière elles que le KO, le sous-développement et la misère. Dans les années 1960 et 1970, l’Afrique nouvellement indépendante connaît une flambée de coups d’État militaires. Entre 1958 et 1980, plus de 60 putschs militaires sont recensés sur le continent. Certains leaders charismatiques des indépendances se sont vus dépossédés du pouvoir de la pire des façons. Au Ghana, Kwame Nkrumah, pionnier du panafricanisme, est renversé en 1966 par un coup d’État militaire. En 1968, Moussa Traoré dépose Modibo Keïta au Mali, mettant fin à un projet socialiste naissant. Ould Dadda de Mauritanie ne connaitra pas un meilleur sort. Plus tôt, c'était Patrice Lumumba qui subissait les pires atrocités. Le roi Farouk est poussé à la porte de l'Égypte. Kaddafi dépose le vieux Senoussi. Benbella subissait le dictat de Boumedienne. En Amérique latine, la même mécanique se répète : l’armée prétend « sauver la nation » du chaos. Au Brésil, le coup d’État de 1964 installe une dictature pour 21 ans sous le prétexte de combattre le communisme. Au Chili, le général Augusto Pinochet renverse en 1973 le président démocratiquement élu Salvador Allende, inaugurant un régime de terreur responsable de plusieurs milliers de morts et disparus. En Asie, la Birmanie illustre une domination militaire persistante. Depuis le coup d’État de 1962 du général Ne Win jusqu’à la junte née du putsch de février 2021, l’armée contrôle le pays, étouffant toute opposition et maintenant une pauvreté structurelle. Nombre de ces régimes militaires se sont enveloppés dans un vernis idéologique. Ils se sont dits « révolutionnaires », comme le régime de Thomas Sankara au Burkina Faso (1983-1987), ou « démocratiques et populaires », à l’image des régimes du Congo-Brazzaville ou de l’Éthiopie de Mengistu Haile Mariam (1974-1991). Mais cette promesse de transformation sociale a presque toujours débouché sur la confiscation du pouvoir. Les libertés civiles furent suspendues, les opposants emprisonnés ou éliminés, tandis que les économies nationales sombrèrent dans la gabegie et la prédation. La rhétorique des régimes « populaires, démocratiques et révolutionnaires » s'avère tout aussi mensongère qu'improductive, pour ne pas dire plus. Le Nigeria, avec ses six coups d’État entre 1966 et 1999, est emblématique de cette spirale. Les régimes successifs de Yakubu Gowon, Murtala Mohammed et Sani Abacha ont dilapidé les revenus pétroliers d’un des pays les plus riches d’Afrique. À la mort d’Abacha en 1998, le pays était exsangue : corruption généralisée, dette abyssale, répression politique. Malgré l'évidence, certains pays continuent à endurer ce genre de régime, avec une recrudescence ces derniers temps en Afrique occidentale et au Sahel. Il est difficile de porter un jugement sur ces régimes naissants. Attendons. Le temps nous dira. Ils promettent tous de remettre le pouvoir aux civiles après une période de transition. Souvent ils y gouttent au plaisir de la vie et s'y plaisent... Aujourd’hui, les États encore dominés par une junte militaire sont moins nombreux qu'avant en Afrique. L’Algérie demeure tout de même un exemple notable, vestige des régimes installés dans les années soixante. L’armée reste ici le véritable centre de pouvoir depuis l’indépendance en 1962. Officiellement dirigée par des civils, la réalité est différente, notamment depuis le coup de force de janvier 1992, qui interrompit un processus électoral et plongea le pays dans une guerre civile meurtrière. Près de 200 000 personnes y perdirent la vie, selon Amnesty International. Trente ans plus tard, malgré les apparences institutionnelles, la présidence d’Abdelmadjid Tebboune (depuis 2019) reste sous étroite influence militaire. Il est toujours flanqué du général chef des armées. Le mouvement du Hirak, né en 2019, avait dénoncé ce système opaque décrit comme un « pouvoir militaire sans uniforme ». Aujourd'hui, la situation ayant conduit au Hirak ne s'est pas améliorée : l’économie, dépendante du pétrole, s’enlise, tandis que la jeunesse s'exile massivement. Les illusions sont encore une fois perdues. Le dinar dégringole alors que le pays dépend de l'importation pour ses besoins primaires. Les régimes se prétendant « du peuple » ont souvent retourné leurs armes contre ce même peuple. Des pays riches en ressources comme le Nigeria, le Congo, le Soudan, la Libye, l'Algérie ou la Birmanie, pour ne citer que quelques exemples, sont devenus des laboratoires de la désillusion. Les massacres, abus et dilapidation des richesses laissent toujours des cicatrices profondes. La tendance mondiale, marquée par la disparition des régimes militaires, n'est pas pour plaire à tout le monde, notamment aux armées dans certaines régions, quitte à plonger le pays dans le KO. Le cas du Soudan donne des signaux très alarmants. C'est alors qu'une leçon s’impose : aucune dictature en uniforme n’a réussi à bâtir durablement la prospérité ou la paix, nul part. L’histoire des régimes militaires est celle d’une promesse trahie. Derrière le discours du redressement national, de la défense des intérêts du pays, ces pouvoirs ont produit la peur, l’appauvrissement et le désenchantement. L’armée, censée protéger la nation, l’a souvent tenue en otage. Là où elle persiste encore à s'accaparer le pouvoir, elle incarne surtout les dernières résistances d’un modèle condamné par l’histoire. À bon entendeur, salut !

Sahara Marocain : la vérité irréversible face au déni... 280

Depuis l’adoption de la résolution 2927 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, arithmétiquement, largement et logiquement favorable au Maroc, l’Algérie semble refuser d’admettre l’évidence. Malgré la clarté du texte et le large consensus international qu’il a suscité, Alger poursuit son agitation diplomatique et médiatique, multipliant les interprétations et les prises de positions contradictoires. À sa tête, le ministre Ahmed Attaf envoyé au charbon. Il mène une offensive verbale où la désinformation rivalise avec l’entêtement. Chaque mot de la résolution est disséqué, tordu, réinterprété par les officines algériennes et leurs relais médiatiques. Ici, on n'a pas peur du ridicule. On y est plein pied. Certaines déclarations internationales sont même déformées pour leur donner une coloration et un sens conforme au narratif d’Alger. Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, ou encore Massad Boulos, n’ont pas échappé à ces manipulations discursives. Seule Aljazeera prend le relais de la distorsion et ne ménage pas ses mots. Ce n'est pas étonnant: Alger y est sanctifiée pour les raisons que l'on sait. Cette stratégie, désormais habituelle, s’appuie sur l’infox et la désinformation, devenues des instruments privilégiés dans la diplomatie algérienne dès lors qu’il s’agit du dossier du Sahara. Pourtant, un fait demeure incontestable : le Maroc est bel et bien chez lui, dans son Sahara, et ne demande ni permission ni validation à quiconque pour y demeurer. Cinquante ans après le déclenchement artificiel de ce différend, l’Algérie semble n’avoir tiré aucune leçon et encre moins de prise de conscience; malgré les milliards de dollars investis qui auraient pu profiter au peuple algérien ; malgré les défaites successives militaires et diplomatiques, l'obstination reste ici maître mot. Une morbidité chronique. Depuis le cessez-le-feu de 1991, la dynamique politique et diplomatique s’est inversée de manière irréversible en faveur du Maroc. Le Royaume a réalisé une véritable *Remontada* comme se plait à le préciser Samir Bennis. L’effet de la propagande et du soutien aveugle du bloc de l'Est et de ses acolytes s’est essoufflé. Chacun est revenu à la raison, sauf quelques exceptions entretenues par des moyens d’un autre âge. La proposition marocaine d’autonomie, jugée sérieuse et crédible par la communauté internationale, est aujourd’hui l’unique base de solution reconnue par le Conseil de Sécurité. Face à cela, Alger continue de s’appuyer sur un réseau d’alliés marginaux: l’Afrique du Sud, l’Iran, qui ont tour à tour exprimé leur désarroi face à la défaite d’Alger, et le Venezuela ; tous peinent à masquer leur isolement diplomatique. Ces soutiens s’élèvent contre une résolution qui place pourtant la solution politique proposée par le Maroc au centre du processus onusien. Mais rien n’y fait : les positions américaines, françaises, britanniques, et désormais chinoises et russes, ainsi que le soutien explicite ou implicite de plus de cent trente pays, confirment que le vent de l’histoire souffle définitivement du côté du Maroc. Dans ce contexte, le Royaume affiche une posture de fermeté tranquille. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fidèle à sa politique de main tendue, a réaffirmé sa volonté d’un règlement « sans vainqueur ni vaincu ». Le ton calme de ses propos confirme à la fois sa bonne volonté, mais avertit aussi que la patience du Maroc a des limites. Le message est clair : le temps des concessions unilatérales est révolu: Il n'y a pas d'alternative au plan d'autodétermination mis sur la table. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a résumé cette position avec un sourire significatif sur la chaîne 2M : « La question est close ». Ce sourire sympathique, plus qu'un geste, traduit la confiance d’un pays sûr de ses droits, appuyé par la légitimité historique, juridique, politique et désormais onusienne. Qui peut en dire plus ? La décision du souverain marocain de décréter le 31 octobre, date du vote de la résolution 2927, comme nouvelle fête nationale n’est pas anodine. Elle marque un tournant symbolique : celui de la consolidation définitive du Sahara dans le giron national et de la reconnaissance internationale de cette réalité. Le message du Royaume est sans équivoque : le Maroc a trop attendu, trop concilié, pour continuer à subir le blocage stérile entretenu par son voisin belliqueux de l’Est. Désormais, l’heure est à l'accélération du développement, à la modernisation et à la valorisation socio-économique du Sud, devenu un moteur de croissance nationale et régionale. C’est ainsi qu’il faut interpréter cette déclaration : *Il y a un avant et un après 31 octobre 2025.* Une évolution de paradigme chez les voisins nous ferait à tous gagner plus de deux points de croissance annuellement, avec ce que cela implique pour les peuples de la région. Alger refuse pourtant, alors même que le pays est à la dérive et que sa population manque de l’essentiel pour vivre décemment. Mais les militaires d’Alger, derrière leurs galons de pacotille, n’en ont que faire. Droits dans leurs bottines, ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez... Sans doute n’ont-ils pas compris ce qu’ont subi la Syrie, la Libye et l’Irak, ni les cas similaires en Amérique latine. L’obstination dans la bêtise et le déni de la réalité ne peuvent être que contreproductifs. L’histoire le démontre amplement. Il faut cependant savoir lire cette histoire et en tirer les leçons. L’Algérie, hélas pour son peuple, persiste dans une stratégie du refus, oubliant que le monde a changé et que les équilibres diplomatiques se sont déplacés. Elle pense encre pouvoir gagner du temps et parier sur une nouvelle présidence américaine dans trois ans. Trois ans c'est long pour le président Trump... Tandis que le Maroc avance, bâtit et investit dans ses provinces du Sud, soutenu par le bon sens de ceux qui savent faire des affaires au profit de leurs peuples, Alger reste prisonnière d’un passé révolu et d’un narratif idéologique épuisé. Le Royaume chérifien, lui, regarde vers l’avenir, serein dans sa légitimité, solide dans son unité nationale, confiant dans son droit, et désormais porté par la reconnaissance internationale d’une vérité désormais indiscutable : le Sahara est marocain, et le restera.

Le Maroc, uni et indivisible : le 31 octobre, mémoire et vision d’un Royaume rassemblé... 301

Il est des dates qui cessent d’être de simples repères pour devenir des symboles forts. En instituant le **31 octobre “Fête de l’Unité”**, Sa Majesté le Roi Mohammed VI n’a pas seulement ajouté un jour au calendrier national des fêtes : il a inscrit dans la mémoire collective une certitude, celle d’un Maroc uni, fidèle à son histoire, confiant en son destin, certain de son avenir. Ce choix, placé à la veille de l’anniversaire de la Marche Verte, n’est pas une coïncidence, mais un message. Il relie deux moments : l’un de mémoire, l’autre d’espérance, pour rappeler qu’au Maroc, l’unité n’est pas une posture, mais une philosophie collective de vie, une continuité historique, une conviction chevillée à l’âme du pays et de chacun des citoyens. **L’unité séculaire du Royaume est le fil d’or de l’histoire marocaine.** Le 6 novembre 1975, trois cent cinquante mille Marocains, le Coran dans une main et le drapeau dans l’autre, faut il le rappeler, épaulé par de très nombreux ressortissants de pays amis, y compris d'un Prince et non des moindres, ont marché vers le Sud pour retrouver ce qui n’aurait jamais dû être perdu : le Sahara, matrice du Royaume. La **Marche Verte** n’était pas une conquête ; elle fut un retour, une affirmation pacifique d’une légitimité plus ancienne que les frontières tracées à la règle sur les cartes coloniales. Ce fut aussi un serment entre le Trône et le peuple, entre le passé et l’avenir. Un serment que rien, ni les manœuvres diplomatiques, ni les campagnes hostiles, ni la propagande à coup de milliards de dollars, n’ont pu ébranler. Le marocain ne plie pas. le marocain est fidèle à ses engagements. Le marocain tient parole, le marocain est conscient de la diversité de son pays mais ne le conçoit que dans l'unité et la cohésion. En décidant de faire du 31 octobre la **Fête de l’Unité**, Sa Majesté le Roi Mohammed VI réactive ce serment et le transpose dans le temps présent : l’unité du Maroc n’est pas un souvenir glorieux, mais un horizon qui se construit chaque jour, un avenir qui se forge sur le droit et la foi, la diplomatie et la constance, le développement et la prospérité partagée. Depuis un demi-siècle, la diplomatie marocaine déroule patiemment le fil d’une stratégie claire : défendre la marocanité du Sahara sans jamais céder à la provocation, faire triompher la légitimité par la raison et non par la force. Les récentes **résolutions du Conseil de sécurité** ont confirmé la justesse de cette ligne. Elles consacrent le sérieux et la crédibilité de la proposition marocaine d’autonomie, une voie réaliste, moderne, conforme aux aspirations des populations locales et de l’ensemble du peuple marocain qui y a adhéré mesurant parfaitement le sacrifice demandé. À l’inverse, l’Algérie persiste dans une posture anachronique, arc-boutée sur son soutien à un **Polisario** qui ne représente plus qu’une ombre de lui-même. Un mouvement construit sur le mensonge, l'infox et la propagande à coup de milliards de dollars. C'est sans doute la situation la plus couteuse du genre depuis que l'humain est humain. Jamais on n’a su combien de Sahraouis ont véritablement suivi le Polisario, ni combien, avec l’aide de ses parrains, il a fait venir de Mauritaniens, de Maliens, de Nigérians de Tchadiens et d’ailleurs pour renforcer ses rangs. La générosité de Kaddafi ayant beaucoup aidé, faut il l'oublier! Aujourd’hui, l’Algérie est acculée à permettre le **recensement des populations des camps** et qui dit recensement dit, en parallèle, identification. Le discours figé des séparatistes n’a plus de prise sur le réel : pendant que les camps de Tindouf s’enlisent dans l’attente, les provinces du Sud Marocain s’éveillent à la vie, au développement, à la dignité. Le contraste est saisissant : là-bas, l’immobilisme ; ici, la construction. Là-bas, l’idéologie ; ici, la réalité. La Marche Verte n’a jamais été un épisode clos, c'est un serment devenu doctrine nationale, un récit fondateur, un mythe vivant, la croyance d’une nation: **la plus ancienne nation au monde**. Elle a forgé une conscience nationale rare, faite de loyauté et de foi dans la continuité du Royaume. Dans un monde traversé par les fragmentations et les identités blessées, le Maroc a fait de son unité une boussole, non une nostalgie. À **Laâyoune**, **Dakhla**, **Smara**, **Boujdour** ou Bir Guendouz, la ferveur des célébrations du 31 octobre dit mieux que les discours la profondeur de ce lien. Ces villes, naguère marginalisées, incarnent aujourd’hui un Maroc en marche, sûr de lui, fidèle à ses racines et tourné vers son avenir. Le Sud n’est plus un bout du Royaume : il en est le cœur battant. **Le Sahara est une promesse d’avenir, un laboratoire de développement et un pôle stratégique du Royaume.** Les investissements dans les énergies renouvelables, la pêche, les infrastructures, le tourisme ou la logistique ont transformé la région en un carrefour incontournable entre l’Afrique, l’Atlantique et l'Europe. C’est là que s’expérimente, à ciel ouvert, la vision royale d’un Maroc moderne, équilibré et inclusif, un Maroc qui ne laisse aucune région à l’écart. La **Fête de l’Unité** n’est pas seulement un hommage au passé : elle est une projection vers l’avenir. La **Fête de l'Unité**dit à la jeunesse marocaine que l’unité n’est pas un héritage qu’on contemple, mais un édifice qu’on bâtit, qu’on construit jour après jour, par le travail, la fidélité et la foi en la nation, avec un inflexible respect de la mémoire des sacrifices et une croyance ferme en la promesse de continuité. Le 31 octobre, le Maroc fait la fête, mais se souvient :des soldats tombés sur les dunes, des diplomates qui ont défendu la cause nationale sur toutes les tribunes du monde, des pionniers qui ont bâti dans le sable les fondations d’un développement exemplaire. À travers eux, c’est tout un pays qui se regarde dans le miroir de son histoire, non pour s’y complaire, mais pour y puiser la force d’aller plus loin. Car au fond, **l’unité du Maroc n’est pas un acte politique ; c’est une vérité historique, un état d’esprit, une fidélité viscérale.**Le 31 octobre vient simplement lui donner un nom, une date, un souffle renouvelé. **Il n’y a pas d’unité sans mémoire, ni de mémoire sans avenir.**Le Maroc n'a jamais célébré le passé pour le passé mais toujours comme évocation pour se projeter dans l'avenir. Jamais il n'a cru en une rente mémorielle figée. Fort de son histoire et de sa souveraineté retrouvée, il avance désormais avec la sérénité de ceux qui n’ont rien à prouver, mais seulement à poursuivre. Son ADN est particulier mais jamais pour s'isoler. Au contraire, le Royaume se voit être une partie d'un monde, ouvert à la coopération, à la liberté, à la prospérité. Dans le vent du Sud, au loin, résonne toujours le même serment : **Un seul Royaume, une seule âme, un seul destin.**

Si Ahmed Attaf et la valse à mille temps... 327

La dernière sortie du vaillant Ahmed Attaf est étonnamment différente de celles à quoi il nous avait habituée. Toujours derrière son flegme machinal, cette fois-ci il laisse néanmoins transpirer un certain désarroi. L'homme est embarrassé. Il est à la fois jongleur, équilibriste, acrobate, valseur et pompier de service. Il cherche ses mots, et ses phrases lui coupent la respiration. Il étouffe des fois. Ses propos sont bourrés de contradictions et truffés de contorsions difficiles; l'archétype du diplomate à bout de souffle mais habile tout de même. Dans sa quête de soldat du feu, il cherche à rassurer en interne, voire à crier timidement, mais à crier tout de même, à la grande victoire. L'Algérie aurait fait plier le monde entier, USA en tête. En jongleur, il a avec une modestie trompeuse, voulu rassurer les grandes puissances que son pays ne leur en voulait pas, évitant ainsi de heurter leur sensibilité. Un exercice ô combien périlleux, puisque bientôt il sera convoqué à la table des négociations en tant que partie prenante. Là, il devra faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour échapper au diktat de la paix voulu par la communauté internationale et qu'il devra construire avec le Maroc. L'homme a parfaitement bien compris qu'aujourd'hui il ne peut plus naviguer qu'à visage découvert. Son pays est bien l’autre partie directement concernée. Derrière son ton mesuré et son vocabulaire feutré, sa sortie médiatique répond à une logique précise, articulée autour de trois objectifs : apaiser le front intérieur, préparer l’opinion à un retour aux négociations sur le Sahara, et préserver la ligne rouge d’Alger: pas de normalisation avec Rabat. Tel un équilibriste, il fanfaronne subtilement que la divergence avec Washington et Bruxelles est maîtrisée. Effectivement, les USA peuvent très bien comprendre la logique des deux premiers volets : apaisement interne et préparation des négociations, mais ils divergent fondamentalement d’Alger sur la question du rapprochement avec le Maroc. Pour Washington, cette normalisation est une pièce maîtresse de sa stratégie atlantique-africaine autour des métaux critiques, un enjeu clé face à la Chine. L’Union européenne partage cette vision: elle voit dans la réconciliation maroco-algérienne un préalable au redémarrage du projet euro-méditerranéen, paralysé depuis des années par la rivalité entre les deux voisins. Bruxelles comme Washington peuvent bien penser que ce désaccord stratégique reste gérable à court terme, car l’urgence commune demeure la relance des négociations sur le Sahara, perçue comme une priorité stabilisatrice pour la région. Mais tout le monde comprend que le régime militaire algérien a dépêché Attaf pour absorber le choc du *séisme de New York*. Sa première mission consistait donc à calmer les esprits après le coup dur infligé par la dernière résolution du Conseil de sécurité, qui réaffirme le plan d’autonomie marocain comme base sérieuse et crédible, et qui en fait l'aboutissement des négociations. Le succès diplomatique de Rabat a provoqué un véritable électrochoc à Alger, où le pouvoir redouterait que la défaite diplomatique ne se transforme en crise interne entre les différents cercles du régime, en particulier entre la hiérarchie militaire et la façade politique. Pour éviter une telle implosion, Attaf a tenté de réécrire la narration officielle: la résolution, a-t-il affirmé, ne serait pas un triomphe marocain mais une victoire algérienne, Alger aurait «empêché l’imposition de l’agenda marocain». Une interprétation en totale contradiction avec les déclarations du représentant algérien à l’ONU, qui avait justifié le non vote de son pays par la place centrale accordée au plan d’autonomie. Mais sur le plan médiatique, la manœuvre a porté ses fruits. Le discours d’Attaf a trouvé un écho favorable jusque dans certains cercles critiques du pouvoir. En réalité, cette opération d’apaisement arrange aussi Washington et Rabat: elle garantit la stabilité du régime algérien et maintient le calme intérieur, conditions nécessaires pour ouvrir la voie à de futures discussions sans interférences internes. Tous sont attelés à préparer le terrain des négociations. Le deuxième objectif d’Attaf était de préparer l’opinion publique, nationale et internationale, à l’idée d’un retour à la table des négociations, conformément à la pression exercée par les USA pour relancer un processus politique concret. Le ministre s’est ainsi efforcé de présenter la résolution onusienne sous un jour positif, allant jusqu’à la qualifier de «victoire pour les principes de la cause sahraouie», tout en expliquant que l’Algérie aurait voté pour, si une phrase n’avait pas mentionné «la souveraineté marocaine». Un jeu d’équilibriste ingénieux, destiné à réduire l’écart entre le discours officiel et la réalité diplomatique, et à justifier une éventuelle participation d’Alger à de nouveaux pourparlers sans apparaître en position de faiblesse. Ce repositionnement tactique reste fragile. Si la pression américaine venait à diminuer, Alger pourrait de nouveau recourir à des manœuvres dilatoires pour ralentir ou vider le processus de son contenu. Mais les américains ne sont pas dupes et ils sont pressés. Du point de vue marocain, cette évolution est loin d’être défavorable: Rabat privilégie un règlement négocié, sans vainqueur ni vaincu, tant que le principe de l’autonomie reste la finalité des discussions. Alger elle, cherche à préserver sa ligne rouge: pas de normalisation avec Rabat. Le troisième axe de la communication est qu'Attaf a cherché à éviter un danger existentiel pour le régime en place: être perçu comme cédant à une normalisation avec Rabat sous la pression de Washington. Dans un scénario de contrainte accrue, l’Algérie pourrait accepter une solution politique sur le dossier du Sahara, mais sans franchir le pas d’un rapprochement diplomatique. Pour consolider cette position, Attaf a volontairement réécrit le lexique du texte onusien. Là où la résolution parle de *parties*, de *règlement politique* et *d’autonomie*, il a préféré employer les termes de *décolonisation*, de *référendum* et de *peuple sahraoui*. Ce glissement sémantique délibéré vise à entretenir l’idée que l’Algérie reste fidèle à la logique doctrinaire, alors même que le scénario du référendum a été abandonné par les Nations unies depuis près de deux décennies. La sortie médiatique n’était donc pas une simple réaction diplomatique à une résolution onusienne, mais une opération de communication orchestrée avec soin. Elle poursuivait trois objectifs : apaiser le front intérieur, préparer l’opinion à de futures discussions et réaffirmer le refus de toute normalisation avec Rabat. Ironie du sort, ces trois axes, en cherchant à défendre la position algérienne, finissent par consolider le cadre onusien du règlement, celui-là même qui consacre le plan d’autonomie marocain comme référence principale et redessine les équilibres régionaux au bénéfice du Maroc et de ses alliés occidentaux.

Quand le plus grand match du Maroc devient son pire miroir... 507

Le *derby casablancais*, fête suprême du football marocain, censé avoir lieu au moins deux fois par saison, s’est mué en un triste miroir de nos défaillances collectives. Ce qui devait être un hymne à la passion du football est devenu une procession vers la honte, celle de ne pas respecter l'abécédaire primaire du jeu, du civisme, du respect d'autrui et des règles de Fédération et de la FIFA. La toute dernière édition en particulier nous a démontré un scénario devenu familier et répétitif hélas : fumigènes, affrontements, jets d'éléments inflammables, dégradations de biens publics et privés et match interrompu à de nombreuses reprises. Le rectangle vert, jadis sanctuaire du jeu et de la performance sportive des joueurs, est aujourd’hui pris en otage par la pyromanie des tribunes et la *complaisance forcée* vis-à-vis de comportements plus que dérangeants. Cette fois-ci, la quantité de fumigènes était tellement impressionnante qu'elle pousse à se poser moult questions : qui les vend, qui les fait exploser et comment ils sont régulièrement introduits dans les stades ? Qui a intérêt à ce que le derby casablancais devienne un champ de ruines footballistique ? Ce n’est plus un match de football, c’est une **atmosphère de guerre**, une scène impressionnante d'effets spéciaux de film, importés vers les gradins. Au nom du drapeau du club, le bon sens est supplanté. Le *Raja* et le *Wydad*, deux monuments de notre sport, se voient instrumentalisés, dépassés, doublés, prisonniers, squattés, exploités par des foules qui confondent ferveur et fureur, et qui croient défendre des couleurs, alors qu’elles piétinent l’honneur du ballon rond. Au nom de *"l'amour supposé du club"*, on se retrouve à défendre des causes obscures très loin de la cause même des clubs s'il y en avait. Une sorte *d'ultra-nationalisme des gradins*. Certains groupes se sont érigés en milices des stades. Ils contrôlent les tribunes, dictent leurs lois, imposent leur violence. Maintenant ils dictent même le rythme des matchs. On joue quand ils le désirent et on arrête quand ils le décident. On glorifie leurs tifos sans jamais oser nommer clairement leurs dérives. Pourtant, derrière les chorégraphies des fois splendides, parfois de mauvais goût, se cachent souvent des préparatifs dignes d’un champ de bataille : objets tranchants, pierres et autres, fumigènes et explosifs importés illégalement dans les stades, codes de mobilisation et appels à la confrontation avec tout ce qui représente l'ordre. Insultes des institutions, colportage de fausses informations, infox, slogans subversifs, tout s'entremêle sans ménagement ni gêne: un cocktail de revendications sociales et de militantisme politique à peine voilé. Même la politique étrangère et les positionnements du pays n'y échappent point. Tant pis pour les intérêts communs, ceux de toute une nation. Les responsables de clubs, eux, feignent la surprise ou se terrent en attendant que passe la tempête. Comme si les bus ou voitures caillassés, les grilles tordues et les fumées toxiques étaient des accidents du hasard ou tombés du ciel. Les autorités élaborent des stratégies et prennent des dispositions mais subissent des débordements des fois dangereux. Leur comportement est plus que paternaliste: C'est qu'en face il n'y a que des gamins. Les patrons et encadrants sont toujours à l'abri, loin des scènes. Pourtant certains sont visibles et descendent même sur le terrain pour haranguer les foules déchainés et les chauffer. Quant à la Fédération, elle réagit par des amendes et des huis clos, répétant le même rituel administratif qui n’effraie plus personne. Le football est-il pris en otage ? Les conséquences sont désastreuses : matchs interrompus, sanctions financières, image ternie à l’international. Le Maroc, pourtant salué pour sa ferveur populaire, offre le spectacle d’un football malade, où la passion se confond avec la déraison. Ces violences tuent le jeu, étouffent les talents, refroidissent les familles qui osaient encore venir au stade. Dans un pays où le football est presque une religion, il est consternant de voir les temples du sport transformés en **zones de non-droit**. Les enfants qui rêvaient du derby comme d’un mythe fondateur n’y voient plus qu’un désordre ritualisé, un folklore de casse. Certains y adhèrent probablement parce qu'ils n'ont pas de palliatifs pensant que ce qui se passe est juste normal. Mais pour autant, devrions-nous baisser les bras et admettre une certaine faillite du courage ? Ce n’est pas la rivalité entre les clubs qui est coupable, mais **notre incapacité collective à la civiliser**. Ce fut encore le cas il n'y a pas si longtemps. Le problème n’est pas dans les chants, mais dans ce qu’on tolère au nom de la passion. La violence des stades est d’abord le fruit d’un silence : celui des clubs qui ne veulent pas perdre leurs tribunes, celui des médias qui préfèrent glorifier l’ambiance plutôt que de dénoncer la dérive, celui des autorités obligées de maintenir l’ordre seules face à un public qu'ils n'ont fondamentalement pas à gérer, comme c'est le cas ailleurs. À force de ne pas choisir et de ne sévir qu'après coup, nous avons laissé **le charhabe** s’installer comme une sous-culture tolérée, une norme, une identité dévoyée. Le derby ne devrait pas être une épreuve de force, mais une célébration de la ville, du talent et du dépassement de soi par les joueurs sur le terrain. Le mythe du derby doit tout de même survivre, car derrière la rage, il y a une vérité : la rivalité **Wydad–Raja** est une des plus belles histoires du football africain et peut être mondial. Elle a nourri des générations, forgé des carrières, inspiré des chants et des rêves. Cette tradition ne survivra pas malheureusement si elle continue à s’enliser dans la haine et l'absurdité. Le derby mérite mieux. Casablanca mérite mieux. Le Maroc mérite un football où la passion ne se confond pas avec la déraison, où la couleur d’un maillot n’autorise pas la brutalité et les violences. Si rien ne change, le plus grand match du royaume finira par devenir son plus grand scandale : le Derby de la fumée.

Le Maroc triomphe à l’ONU mais reste humble et ouvert... l’Algérie répond par le déni... 412

Le vote du Conseil de Sécurité des Nations Unies, faut-il encore le rappeler, a marqué un tournant décisif pour la diplomatie marocaine et pour l'avenir de la région. « Il y a un avant et un après 31 octobre » a dit Sa Majesté le Roi. Par un soutien large et sans ambiguïté à la position du Royaume, la communauté internationale confirme, une fois de plus, la crédibilité de la démarche marocaine à travers le plan d’autonomie proposé depuis 2007 déjà. En fait, la communauté internationale salue ainsi la stabilité du Maroc en tant qu’acteur régional crédible et met en avant ses efforts incommensurables de mise en valeur des territoires du sud et leur développement spectaculaire au profit de ses citoyens et des populations de la région. Ce succès ne doit rien au hasard: il résulte d’une vision royale pertinente, constante, patiente, ferme et humble, privilégiant le dialogue et la coopération plutôt que la surenchère et la provocation. **Sa Majesté le Roi Mohammed VI n’a jamais cessé ses appels à la raison et à la coopération et ce depuis 26 ans.** Immédiatement après l’annonce des résultats du vote, Sa Majesté a appelé encore une fois au dialogue direct et sincère avec l’Algérie, s’adressant expressément au président Teboune. Le message s’inscrit dans une logique de paix et de responsabilité historique. Le souverain, loin d’être triomphaliste, tend une nouvelle fois la main à un voisin qui persiste à se dérober derrière des slogans dépassés et des postures archaïques. Cette main tendue contraste cruellement avec le discours de rejet, voire de haine, qui domine de l’autre côté de la frontière. Tandis que Rabat multiplie les gestes d’ouverture, Alger reste obstinément fermée à tout dialogue, préférant une posture hautaine, la confrontation stérile et contreproductive à la raison. **Un dépit chronique qui étonnement devient doctrine.** La réaction des médias algériens après le vote du Conseil de Sécurité témoigne d’un état d’esprit marqué par l'infox, la propagande, l’exécration et une animosité méchante et agressive. Certains propos tenus dans une télévision d’État ont même été jusqu’à douter de l’intégrité des États membres ayant soutenu la position du Maroc; d’autres ont évoqué, à peine quelques heures après le scrutin, la possibilité d’un *retour aux armes*, comme si la guerre pouvait pallier un échec diplomatique cuisant. Plus inquiétant encore, des insultes à l'encontre du Maroc, notamment le qualificatif de pays «à la botte des sionistes», révèlent un niveau de nervosité extrême, frisant la perte de contrôle. Le mot «makhzen», sciemment galvaudé, est jeté en pâture entre des débatteurs rivalisant dans le burlesque et la surenchère comique. Se rendent-ils compte que ce langage haineux ne fait que renforcer l’isolement d’Alger? En accusant le monde entier de complotisme, les militaires d'Alger ne savent peut être pas que la diplomatie doit être un espace de crédibilité et de confiance, et non de rancune aveugle. En même temps, le monde observe, et comprend enfin. L’Algérie ne cherche ni ne veut être un partenaire de paix et de construction. Aujourd’hui, la communauté internationale est témoin: le Maroc propose, l’Algérie bloque. Le Maroc construit, l’Algérie détruit. Le Maroc prône la coopération, l’Algérie la confrontation. De Washington à Paris, de Madrid à Dakar, de Séoul à Brasilia, De Riad à Freetown, les capitales ont saisit la différence entre une politique tournée vers l’avenir et une posture figée dans une nostalgie idéologique dépassée, risible. Le Sahara n’est plus une question de propagande régionale, mais un enjeu de stabilité globale: il touche à la sécurité du Sahel, à la lutte contre le terrorisme, et à l’équilibre de tout l’espace nord-africain. **L’obstination de l’Algérie est coûteuse**, et le monde en est lassée. En s’accrochant à un dossier dont elle se dit pourtant «non concernée», l’Algérie s’enferme dans une contradiction insoutenable, dans une attitude accablante. Jusqu’à quand cette situation insoutenable pourra-t-elle perdurer sans que la communauté internationale n'intervienne pour mettre fin à ce soutien évident à un groupe aux activités troubles? Le jour où la lassitude gagnerait un cran de plus, notamment aux États-Unis, ce qui pourrait venir rapidement, alors la tentation de qualifier le Polisario en organisation terroriste deviendrait possible et crédible. C'est tout à fait plausible compte tenu des activités militaires des séparatistes, de leurs liens régionaux avec des groupes reconnus terroriste et de leur implantation dans une zone traversée par tous les trafics aux quels ils participent copieusement. Rien ne l’empêcherait puisque déjà dans le pipe aux Congrès Américain, introduit par Joe Wilson qui cristallise énormément de soutiens. Alger se retrouverait alors dans une posture intenable, responsable d’héberger, financer et armer un groupe terroriste. Une telle dérive exposerait le régime algérien à ses propres contradictions et risques. Les insultes algériennes, responsables et presse confondus, des fois directs, des fois à peine voilées de la France, de l'Espagne, même des USA et maintenant du Conseil de Sécurité aussi et de tous ceux qui soutiennent le Royaume vont finir par faire leur effet. Pousser le Polisario à déclarer ne pas participer aux négociations est juste suicidaire pour Alger. Il ne faut jamais oublier que l’avenir appartient à ceux qui construisent, et celui qui construit, c’est le Maroc, qui a choisi la voie de l’édification d’un avenir meilleur pour lui et pour la région. Le Royaume a opté pour le partenariat et la paix. Il consolide son leadership africain, renforce ses alliances et modernise ses institutions en interne. Sa diplomatie repose sur la confiance, la cohérence et le respect mutuel, des valeurs qui, de plus en plus, distinguent Rabat sur la scène internationale. Pendant que les gouvernants algériens ressassent leurs rancunes, le Royaume trace sa route, fort de ses succès, fidèle à ses principes, ouvert au dialogue mais ferme dans la défense de ses intérêts vitaux. Le message royal est clair. le Maroc ne craint ni la confrontation, ni la désinformation, ni l'infox et préférera toujours la paix fondée sur la responsabilité plutôt que le tumulte de l’orgueil mal placé. Les manifestations joyeuses et hautement significatives des citoyens marocains, immédiatement après l’allocution royale, ont montré au monde que l’affaire du Sahara, pour les Marocains, n’est pas qu’une posture ou un jeu de puissance. Conscients de l’enjeu mondial de l’affaire, les manifestants notamment à Laayoune, Boujdour ou Dakhla comme à Tanger ou Agadir, n’ont pas omis de saluer les puissances qui ont favorisé le vote de la résolution 27-97, ce 31 octobre 2025. Loin de moquer les algériens, ils ont fêté pour eux mêmes et pour le monde libre. Ici l'affaire n'est pas passionnelle mais génétique. L'Algérie et les algériens doivent l'intégrer et sont appelés à y réfléchir. Le vent a tourné pour de bon et à jamais, ce 31 octobre.

Le Maroc, cette conviction tranquille qui doit encore se partager... 598

La maxime "One who believes in himself has no need to convince others" est communément traduite ainsi en français :«Celui qui croit en lui-même n’a pas besoin de convaincre les autres». Elle évoque *la confiance tranquille*, la force intérieure et la stabilité de celui qui avance sans démonstration ostentatoire. Cette idée trouve un écho particulier dans la réalité marocaine actuelle: un pays sûr du cap qu'il s'est fixé, fier de ses avancées multiples et diverses, convaincu de sa légitimité diplomatique, fort de ses alliances et de son enracinement international. Il est cependant confronté à un défi intérieur majeur, celui de persuader sa propre jeunesse, voire une bonne frange de sa population, du sens et de la portée de ses progrès et des avancées engrangées. Un véritable chantier que de gagner la confiance de la jeunesse et que celle ci, par ricochet gagne en confiance en elle même et en un avenir commun rayonnant et prospère. La diplomatie marocaine, un exemple de confiance affirmée, témoigne d’une résolution affichée sans complexe devant toute épreuve. Elle se caractérise par une détermination sans faille, à la fois décidée et pragmatique. A l'internationale, le Maroc affiche une sérénité stratégique reconnue. Sous l’impulsion Royale, sa diplomatie fondée sur le dialogue et la continuité, s’impose comme un modèle d’équilibre entre coopération, fermeté et confiance en soi. À l’ONU, par exemple, la proposition marocaine d’autonomie dans le dossier du Sahara est devenue une référence normative, acceptée par la quasi-totalité des partenaires internationaux. Ce succès diplomatique illustre parfaitement la maxime. Convaincu de sa justesse, le Maroc n’a pas eu besoin de recourir à des démonstrations excessives pour imposer sa position. Le pragmatisme, la patience, l'endurance et la détermination sont les maîtres mots dans ce dossier. Aujourd’hui, le ministre Bourita ou encore Omar Hilal, ambassadeur du Royaume auprès de l'ONU, sont même perçus comme des stars et sont sollicités en tant que tels à chaque apparition publique, tellement ils sont convaincants et crédibles. Mais est-ce le cas pour tous les domaines et secteurs ? Au-delà de la question du Sahara Marocain, le Royaume déploie une diplomatie économique et parlementaire active, tissant un réseau d’alliances solides en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, et progressivement en Amérique latine et en Asie. Cette stratégie fondée sur le partenariat illustre cette *conviction tranquille* qui cherche moins à convaincre qu’à consolider les acquis. Les accords renouvelés avec l’Union Européenne ou les coopérations renforcées avec la Chine, l'Inde, le Brésil, les pays africains et autres, démontrent la solidité de l'approche. Mais au-delà, le Maroc endure un paradoxe étonnant. Son défi intérieur le plus urgent est de reconquérir, peut-être même de construire, la confiance de sa jeunesse. Une confiance en elle même avant tout et celle en le pays aussi. Cette confiance affichée à l’extérieur et perçue positivement en interne, contraste avec l’impatience et le scepticisme d’une partie de la jeunesse marocaine vis-à-vis d'autres aspects de la vie. Face aux défis socio-économiques tels que le chômage, la précarité et la lenteur des réformes, telles qu’elles sont perçues, de nombreux jeunes expriment un profond doute quant à leur avenir. A côté de la faiblesse endémique de la communication, de la pauvreté de l'argumentaire, de l'apathie des médias officiels, du superflu de bons nombre parmi les autres, les jeunes subissent souvent aussi un discours nihiliste relayé par certaines voix médiatiques ou réseaux sociaux, qui mine leur confiance et alimente leur désengagement et leur fatalisme. Ce paradoxe d'un État sûr de lui-même sur la scène mondiale mais qui doit sans cesse convaincre en interne est au cœur de la situation. Malgré les efforts gouvernementaux pour améliorer l’emploi et les services publics, des manifestations individuelles ou collectives récurrentes reflètent ce malaise. le déficit en confiance civique et chronique. Comment le Maroc peut-il alors raviver la foi commune et faire évoluer ce paradigme? Il semble essentiel d’investir dans un dialogue authentique avec la jeunesse pour qu’elle ressente pleinement la portée et les bénéfices des progrès réalisés. Des initiatives comme les programmes d’éducation civique renouvelés, le soutien à l’entrepreneuriat jeune, notamment dans les zones rurales, la révision en profondeur du cursus scolaire et la participation accrue des jeunes aux instances décisionnelles sont autant d’exemples en cours ou à développer. L'allégement de certaines règlementations en matière de fiscalité, de change, de commerce électronique, de fonctionnement des entreprises et de monnaies numériques ouvriraient sans doute quelques horizons pour cette jeunesse connectée, avide de réussite. Cela augmenterait sans doute aucun ce capital confiance tant recherché, aujourd'hui crucial. Pourquoi ne pas prendre de suite les mesures que l'on va fatalement prendre dans dix ans? Alors, il sera trop tard. Les jeunes marocains veulent entreprendre et vivre au rythme du monde. La maxime *Celui qui croit en lui-même n’a pas besoin de convaincre les autres* deviendrait ainsi un appel à réinventer le lien entre l’État et la jeunesse: créer une énergie collective de confiance, non seulement manifestée à l’extérieur, mais aussi vécue et ressentie à l’intérieur, afin de bâtir un avenir partagé. C'est ce qui semble aujourd'hui entamé. Les décisions prises en conseil des ministres tout récemment pour inciter les jeunes à rejoindre les institutions, par la révision de la loi organique de la chambre des représentants en témoignent. Le rabaissement de l'âge plafond de la jeunesse de 40 à 35 ans est une grande avancée. La possibilité pour les jeunes de se présenter aux élections sans appartenance à un parti, ainsi que le soutien financier promis aux jeunes non partisans, sont autant de coups de fouet à la léthargie qui s'était durablement installée dans la vie politique marocaine. La messe est dite: ou les partis politiques s’ouvrent à la jeunesse, ou ils sont condamnés à n’occuper que des strapontins. Si les jeunes s'engagent, alors ils participeront aux changement dont ils rêvent et l'imposeront. Leur niveau de confiance ne s'en trouvera qu'augmenté. Maintenant, attendons les débats au parlement qui fixera tout cela. C’est un critère important: pour une fois, on aura une loi adoptée avec environ neuf mois d’avance avant les élections. Pourvu que personne ne mette de bâton dans la roue. Ce n’est qu’ainsi que la confiance sera construite, comme un socle transparent, inclusif, participatif, et pérenne. Une précision tout de même, la phrase "One who believes in himself has no need to convince others" est généralement attribuée à Lao Tzu (ou Laozi), le sage chinois fondateur du taoïsme. Cependant, elle n’est pas authentifiée comme un extrait du Tao Te Ching. Peu importe, la maxime prend de toute façon ici tout son sens.

La Maturité Politique Émergente de la Jeunesse Marocaine : Un Héritage de GENZ212... 537

L’essoufflement du mouvement GENZ212 ne signe pas la fin d’une génération en quête de sens. Il devrait marquer le début de la maturité politique d'une jeunesse jusqu'ici considérée hors jeu ou pas du tout intéressée. Entre frustrations légitimes, réponses institutionnelles et possibilités manifestes d'une manipulation dont elle peut ne pas être consciente, la jeunesse marocaine amorce un tournant décisif : passer de la contestation à la construction. Les récentes décisions en Conseil des ministres afin de l'inclure dans la vie politique par des encouragements, on ne peut plus substantiels, expliquent fort bien un mouvement qui s’estompe et une génération qui aujourd'hui s’interroge. La balle est bien dans son camp maintenant. Elle sait que le Maroc ne se fera pas sans elle et qu'il se fait pour elle. Né dans la sphère numérique, GENZ212 a embrasé les réseaux sociaux et mobilisé une jeunesse avide de changements. Son énergie, d’abord spontanée, naïve et sincère, bute aujourd’hui sur la réalité : absence de vision commune et claire, leadership flou et tentatives de récupération par des extrêmes opportunistes, ayant un laps de temps flairé le filon d'or et cru en l'occasion à ne pas rater. L’élan s’est vite affaibli comme dans toute contestation fondée sur des slogans creux, sans contours ou contenu précis, mais la question demeure : que reste-t-il de cette colère ? Le pays a répondu avec promptitude et sérieux. La réponse institutionnelle s’est rapidement manifestée. Le calme et la fermeté du discours royal lors de l’ouverture de la dernière législation du Parlement actuel et le projet de loi de finances 2026 quelques jours plus tard, ont redéfini les priorités autour de la santé, de l’éducation et de la cohésion sociale. Des records absolus sont battus pour l'enseignement et la santé. En intégrant ainsi les attentes de la jeunesse dans l’action publique, la crise est désamorcée. Le Maroc, comme à chaque fois, a choisi l’écoute et la réforme plutôt que la confrontation. Le piège de la manipulation s'est ainsi vite refermé sur ces promoteurs... Sur d’autres terrains, certains ont tenté de ranimer la flamme. L’appel au boycott de la Coupe d’Afrique des Nations, par exemple, en est l’illustration : présenté comme un geste de protestation, il révèle vite ses ambiguïtés et aussi une certaine frustration de non-réussite des extrémistes. La réaction de la majorité des citoyens a vite mis à l'index les promoteurs du boycott, les tournant au ridicule. De nombreux observateurs ont conclu à une tentative de récupération politique voire géopolitique. L'excès de zèle des médias algériens dans leur tentative de chauffer la scène, confirme cette suspicion et la justifie. Certains vont jusqu'à affirmer que les dernières manifestations ne sont plus un cri du cœur, mais un écho d’agendas extérieurs. C'est ainsi que plusieurs jeunes, anciens soutiens du mouvement, ont pris leurs distances. « Nous voulions le changement, pas devenir un outil entre des mains invisibles », affirment dans les réseaux sociaux des militants de la première heure. Les dernières innovations en faveur de la jeunesse pour les inciter à franchir le pas politique comme chemin vers les institutions, conjuguées avec l'importance historique des budgets alloués à la santé et ceux projetés pour l'enseignement, ont fait basculer le mindset de la majorité des jeunes de la contestation à la construction. Comme à ses habitudes, ancrées dans l'histoire, face à la dérive, l’État marocain a toujours privilégié la stabilité et le dialogue. Cette approche pragmatique est donc dans le continuum d'une tradition bien ancrée: répondre à la fronde par des politiques concrètes, non par des discours vides de sens et des promesses mielleuses. À travers son histoire moderne, le Royaume a toujours su que le véritable pouvoir de la jeunesse, c’est de construire, pas de boycotter. Le Maroc ne se défait pas par dépit, il se bâtit par engagement. GENZ212 a servi de révélateur, exprimant les aspirations d’une jeunesse qui voulait être entendue sans être manipulée, actrice sans être instrumentalisée, une jeunesse qui s'est mise en avant au nom de leurs parents et de la société dans sa globalité. Aujourd'hui, par son calme, elle révèle une conscience politique en gestation à laquelle l'État veut contribuer en l'encourageant à franchir le pas vers les institutions représentatives. Ainsi, la colère et les revendications de cette génération ne seront plus exprimées dans les rues ou sous cape, ou vite récupérées par ceux qui confondent liberté d’expression et déstabilisation. Ceci, bien entendu, en attendant que leurs enfants viennent un jour les bousculer et les sortir de leur zone de confort, à leur tour. Dans un contexte régional fragile et incertain, la cohésion nationale demeure le rempart essentiel. La jeunesse marocaine semble l'avoir vite compris et intégré. Un véritable passage vers la maturité. Le Maroc progresse, parfois lentement, mais sûrement, en conjuguant réforme et stabilité, jeunesse et responsabilité. GENZ212 n’est pas un échec, mais une étape. Celle d’une génération qui comprend que le vrai changement ne s’improvise pas sur les réseaux, mais s’inscrit dans la durée, via l’action, l’écoute et la participation. Résister aujourd’hui, c’est refuser d’être manipulé. C’est construire avec lucidité son pays, pas contre lui. Le Maroc entre ainsi dans une phase nouvelle où la jeunesse devient conscience, non plus une force de rupture, mais un moteur d’équilibre. C'est cela, finalement, la révolution tranquille, une évolution marocaine tout au long de son histoire moderne. C'est là un particularisme que seules les Marocains et Marocaines arrivent à comprendre : protester, écouter, dialoguer, répondre, conjuguer, projeter et se projeter en sont les maîtres mots. Etre marocain est une croyance. Rester unis est ici une foi. Défendre le pays est une dévotion. C'est ainsi depuis des millénaires.

Le compagnonnage, une piste oubliée pour réinsérer les jeunes NEET... 610

S'il y a une situation à laquelle il faut répondre vite, très vite même, c'est celle des NEET. Ces jeunes ne vont pas s'évaporer. Au fur et à mesure qu'ils avancent en âge, leurs problèmes, et donc les nôtres, deviendront de plus en plus difficiles à apprivoiser et à contenir. Le gouvernement se doit de trouver des solutions durables pour réinsérer ces jeunes sans emploi ni formation, les fameux NEET: Not in Employment, Education or Training. Une voie ancienne pourrait s’avérer étonnamment moderne : le compagnonnage. Héritée des traditions artisanales, cette forme d’apprentissage direct, qui a fait ses preuves tout au long de notre histoire, n'a pas été abandonnée ailleurs. Dans de nombreux pays européens, l’apprentissage en atelier est un pilier de la formation professionnelle. L'idée devrait inspirer un nouveau modèle marocain d’insertion et de transmission des savoir-faire, en redonnant sens à l’apprentissage par le contact avec les métiers. Dans un passé pas si lointain cela a été le cas même pour certains métiers modernes : coiffure, mécanique et autres. Il est temps de repenser tous cela et également de regarder ce qui se passe ailleurs dans les pays où l'enfance et ses droits sont parfaitement protégés, mais où il n'est pas interdit d'apprendre un métier en atelier, bien au contraire. En Suisse ou en Allemagne, le système dit « dual » associe enseignement théorique et pratique en entreprise. Il permet aux jeunes d’acquérir une qualification reconnue tout en participant à la vie productive du pays. C'est par exemple le pilier incontournable de l'excellence suisse en horlogerie. Ce modèle d'apprentissage valorise la transmission et la rigueur du geste, et permet de maintenir vivantes des professions manuelles et artisanales, tout en réduisant le chômage des jeunes. Or, aujourd'hui, force est de constater que bon nombre de métiers traditionnels marocains sont en perte de vitesse et risquent la disparition faute de Maâlems. Le compagnonnage met au cœur de la formation la relation entre le maître et l’apprenti, la mobilité entre ateliers, ainsi que la réalisation de chefs-d’œuvres auxquels l'apprenti participe fièrement et voit se concrétiser ses efforts, dont l'appréciation du client est l'indice unique d'évaluation. Les écoles de formation professionnelle ne peuvent offrir une telle approche émotionnelle avec les métiers. Le compagnonnage valorise la patience, l’excellence et la fierté du métier : des valeurs qui résonnent avec la culture artisanale marocaine. Au Maroc, la situation est étonnamment paradoxale. Les politiques de lutte contre le travail des enfants ont permis des avancées spectaculaires certes : le nombre de mineurs travailleurs a chuté de près de 94% en vingt ans. Mais la législation, dans son zèle protecteur, ne distingue pas clairement le travail illégal de l’apprentissage encadré. Le résultat est sans équivoque, des ateliers où se transmettaient autrefois les savoirs du bois, du cuir ou du métal ferment les uns après les autres, faute de pouvoir accueillir des apprentis sans enfreindre la loi, alors que des centaines de milliers de jeunes sont abandonnés à la rue et ses risques. Cette confusion entre «exploitation» et « formation pratique » prive aujourd’hui des centaines de jeunes d’une voie d’apprentissage réelle, et fragilise un pan entier du patrimoine artisanal national. Afin de récupérer au plus vite cette force historique pour l'absorption des NEET, un cadre juridique revisité, adapté et souple est une urgence. La leçon peut encore une fois nous venir d’Europe. Les comparaisons internationales peuvent nous offrir un éclairage précieux. En Suisse, la formation professionnelle repose sur une véritable alliance entre écoles, entreprises et collectivités locales. L’apprentissage y est valorisé comme une voie d’excellence. Les jeunes ont la possibilité et la chance d'alterner cours et pratique en atelier. Ils acquièrent une solide expérience et obtiennent un certificat fédéral reconnu. Ce système assure une insertion rapide sur le marché du travail, tout en garantissant une protection claire des mineurs et une reconnaissance institutionnelle du statut d’apprenti. Le résultat de ce pragmatisme est que les métiers manuels et artisanaux y demeurent vivants et respectés. En Allemagne, le modèle dual associe également formation théorique et apprentissage en entreprise. Il permet aux jeunes d’intégrer très tôt le monde du travail avec un statut protégé et encadré. Le système est reconnu pour sa capacité à prévenir le chômage des jeunes et à maintenir un haut niveau de compétence technique, notamment dans les métiers industriels et artisanaux. Le Maroc, en revanche, peine encore à structurer cette articulation entre apprentissage et formation. L’apprentissage artisanal y reste largement informel, soumis à une législation restrictive qui tend à confondre accompagnement formatif et travail illégal. Si la protection des mineurs est globalement forte, elle demeure floue dès qu’il s’agit de formation pratique. Cela a pour conséquence une insertion inégale des jeunes selon les secteurs, alors que de nombreux métiers traditionnels pourtant créateurs de richesse, sont aujourd’hui menacés de disparition faute de relève. La philosophie directrice de la réforme nécessaire aujourd'hui, devrait être la réhabilitation du rôle du Maalem. Le Maroc dispose heureusement encre d’un atout inestimable : son réseau d’artisans maîtres, ou Maâlems, gardiens de traditions séculaires dans la ferronnerie, la bijouterie, la menuiserie ou la poterie. Redonner une place légale et formatrice à ces maîtres serait un premier pas vers la création d’un compagnonnage marocain, adapté aux réalités locales et tourné vers la modernité. Cela impliquerait de réformer la loi sur le travail des enfants pour distinguer l’apprentissage structurant, du travail précaire, et de créer des passerelles institutionnelles entre l’artisanat traditionnel et les programmes de formation professionnelle formelle. C'est une voie d’avenir pour les jeunes NEET et ces milliers de jeunes marocains déscolarisés. Le compagnonnage pourrait devenir une porte de sortie de la précarité, voire de la délinquance menaçante. L’apprentissage auprès d’un Maalem n’est pas un retour en arrière, mais une réinvention moderne du lien entre savoir, travail et dignité. Le Maâlems est un maitre est un éducateur, un transmetteur de valeurs fortes. Et puis n'oublions pas que c'est ainsi que Fès était une ville industrielle, que Marrakech a gardé une authenticité qui lui donne son cachet particulier, que Ouarzazate est Ouarzazate ou que Chefchaouen soit Chefchaouen. Encadré par l’État, reconnu par les institutions et soutenu par des incitations locales, ce modèle pourrait contribuer à redonner espoir à une jeunesse en quête de sens, tout en préservant les métiers patrimoniaux qui font la richesse culturelle du Maroc, ce qui le distingue et ce qui fait sa force. En chaque apprenti, germe un bon citoyen, en chaque apprenti dort une PME.

Réformer, oui. Imiter, non. Le Maroc face au leurre parlementaire... 718

Partout où il a été adopté, le modèle parlementaire montre ses limites. En Europe, les crises politiques répétées et les gouvernements éphémères se multiplient, nourrissant le désenchantement citoyen. En Israël, la succession d’élections en un laps de temps restreint illustre une instabilité chronique. En Grande-Bretagne, la saga du Brexit a révélé les failles d’un système tiraillé entre légitimité électorale et fragmentation politique. Partout, la logique des coalitions fragiles et des compromis de circonstance a transformé le parlementarisme en machine à divisions et en vecteur de populisme. Là où le parlement se fragmente, c'est la crise assurée: la France est entrain de l'expérimenter amèrement. Et pourtant c'est quand le parlementarisme s’essouffle que certains interrogent l'équilibre institutionnel du pays, l'évoquant de manière anachronique en tant que modèle adéquat ! Ce constat suscite un débat récurrent; Certains milieux, séduits par un idéal importé, proposent de « parlementariser » davantage le système politique, voire de réduire encore plus le rôle institutionnel du Souverain. Une proposition affriolente en apparence, mais dangereusement déconnectée des réalités nationales, historiques, sociologiques et profondément politiques; L'équilibre institutionnel au Maroc s'étant forgé par l’histoire en cohérence avec la géographie et les données démographiques. Le Maroc n'est pas un pays comme les autres et son peuple encore moins. C'est un Etat nation d'un particularisme qui se distingue beaucoup parmi d’autres particularismes dans la région et au-delà. Depuis la Constitution de 2011, le pays avance sur une trajectoire singulière : celle d’une monarchie constitutionnelle équilibrée, conjuguant stabilité de l’État et pluralisme politique réel. Cette articulation subtile entre la légitimité historique du Trône et la légitimité démocratique des autres institutions a permis au pays d’éviter les turbulences qui ont frappé plusieurs États de la région et dont les conséquences ont été désastreuses, faut il le mentionner. Le souverain, dans ce cadre, ne se présente pas comme un acteur partisan, mais comme un arbitre institutionnel garant de la cohésion nationale et de la continuité des réformes ambitieuses entreprises. Sans cette autorité morale et politique d'une grande subtilité, le pays risquerait de sombrer dans les mêmes blocages que connaissent d’autres régimes parlementaires fracturés par les querelles d’appareils et les ambitions personnelles. Déplacer le débat autour des insuffisances et imperfections vers se sujet là, c'est s'éloigner dangereusement du véritable enjeu : revitaliser et assainir la vie politique. Les appels à un transfert accru de prérogatives vers le Parlement passent souvent à côté du vrai problème : la faiblesse du corps partisan. Le mal du système politique marocain ne vient pas d’un excès d’autorité monarchique, mais d’un déficit de crédibilité des autres acteurs politiques. La monarchie n’a jamais empêché les partis de se montrer compétents, cohérents ou audacieux. Trop souvent, ceux-ci ont préféré la rhétorique à l’action, abandonnant le terrain et la responsabilité. Le défi réside donc moins dans l’affaiblissement du pouvoir royal que dans la moralisation de la vie publique, la valorisation du contrôle parlementaire et l’exigence de compétence chez les élus. La démocratie ne se mesure pas uniquement à la répartition formelle des pouvoirs, mais à la qualité de leur exercice et à l'impact sur la vie de tous les jours et sur le cours de l'histoire. Depuis l’indépendance, la force du Maroc tient à une constante immuable : réformer sans rupture, moderniser sans renier ses fondements. Ce modèle, parfois critiqué au nom d’un idéalisme importé et d'une idéologie aujourd'hui effondrée après avoir causé bien des malheurs, demeure l’un des rares à concilier stabilité, ouverture et ambition. Céder au mimétisme institutionnel serait une erreur stratégique dans un contexte mondial où même les grandes démocraties doutent de leurs propres mécanismes. Le peuple marocain dans sa majorité le sait. Il en est même profondément convaincu. Il va même jusqu'à réclamer que tous le pouvoir soit concentré entre les mains du Roi; une façon de dire haut et fort son ras le bol du fonctionnement des institutions qu'il a lui même élues. Quel paradoxe que de voter pour des gens et d'en appeler au Roi pour nous en débarrasser! Etonnant, non? C'est tous le particularisme de cette nation. Le Maroc n’a pas besoin d’un changement de régime, mais d’un sursaut politique et moral. La monarchie, garante de la continuité, n’est pas un frein à la démocratie marocaine : elle en est la colonne vertébrale. S'unir autour, est la singularité de ce pays qui a su traverser l'histoire, fidèle à lui même. Ce modèle est unique et fait des envieux de tout genre. Comme le rappelait Hassan II, la démocratie n’a pas une seule définition. Chaque peuple doit inventer la sienne. Cette leçon reste d’une actualité saisissante : le Maroc poursuivra sa voie propre, celle d’un équilibre réfléchi entre autorité et participation, tradition et modernité, un équilibre qui fait sa force et fonde sa stabilité. Le Maroc avance, et même à grands pas. Quant aux aventuriers et apprentis sorciers de la politique: prisonniers de leurs contradictions, de leurs illusions et de leurs échecs, ils finiront par s’échouer sur les rives de l’histoire. Ils avancent masqués derrière des slogans porteurs: le communiste devient soudain un ardent défenseur des droits humains et l'islamiste se découvre une vocation démocratique. Ils oublient simplement que l'histoire les a déjà jugé et que les modèles ne manquent pas et les marocains le savent. Ils ne sont pas dupes. Il n'est pas question ici de ceux qui ont déjà fait leur mea culpa et se sont repentis bien évidemment, mais de tous les autres.

Citoyens exigeants, citoyens oublieux : l’autre crise de notre société... 726

Le citoyen face à lui-même : entre exigences et oublis Dans beaucoup de sociétés contemporaines et sans doute aucun dans la notre aussi, une étrange tendance se renforce : celle du citoyen qui exige tout de l’État, mais oublie de se demander ce qu’il lui donne en retour. Cette posture de dédouanement collectif, où les responsabilités se dissolvent dans la critique, nourrit une citoyenneté passive, souvent indignée mais rarement engagée. On reproche beaucoup de choses aux gouvernants en oubliant que c'est nous même qui avons voté pour eux et que ne pas voter est en fait un vote pour les majorités qui se forgent. Quand quelque chose ne va pas: chômage, insécurité, éducation, santé, la première réaction est souvent d’accuser l’État. On réclame davantage de prestations, plus de justice, plus de transparence. C’est légitime. Mais dans cette revendication, il est rare que chacun s’interroge sur son propre rôle : payons-nous nos impôts correctement ? Respectons-nous les lois ? Participons-nous réellement à la vie civique ou préférons-nous laisser les « autres » faire ? Un pays ne se construit pas seulement par les décisions de ceux qui gouvernent, mais par la participation consciente de ses citoyens. Le discours public met souvent l’accent sur les droits : droit à la santé, à l’éducation, au travail, à la liberté d’expression. Mais les devoirs: civils, moraux et économiques sont fréquemment oubliés. Or, revendiquer un droit sans remplir un devoir, c’est fragiliser le contrat social. L’incivisme du quotidien par exemple jeter ses déchets n’importe où, tricher sur ses impôts, contourner les règles, mine autant une société que les grandes défaillances politiques qu’on dénonce. Les droits ne se gagnent pas sans accomplissement des devoirs. Beaucoup dénoncent la corruption comme si elle venait d’en haut, comme une pluie sale tombée sur des citoyens innocents. Mais la vérité est plus dérangeante : le corrupteur et le corrompu se confondent souvent dans la même personne. Le commerçant qui fraude, l’automobiliste qui glisse un billet pour éviter une amende, le parent qui cherche un passe-droit pour son enfant: tous participent à ce même mal. Accuser le « système » sans se reconnaître comme maillon de ce système, c’est refuser de grandir. La corruption est intériorisée et ne dérange que quand on en est la victime ou quand il faut manifester se délectant du goût du populisme et du nihilisme . On se laisse paisiblement, passivement séduire par les discours simplistes des populistes. Ces derniers jouent sur la colère, la frustration et la peur. Ils fournissent des coupables tout faits : les élites, les étrangers, les institutions. Mais très peu d’auditeurs prennent le temps d’analyser, de vérifier, de raisonner. Le populisme plaît parce qu’il soulage : il transforme la réflexion en émotion. Le nihilisme, quant à lui, propose un plaisir encore plus dangereux : celui de la désespérance. Croire que tout est perdu, que tout est mensonge, que rien n’a de sens, c’est refuser l’effort de penser le réel et de participer au changement. Beaucoup ont la mémoire courte et ne voient pas les progrès réalisés, souvent parce qu’ils ne prennent pas la peine de comparer. Les générations précédentes ont connu la misère, l’absence d’école, les soins rudimentaires, la précarité permanente. Aujourd’hui, malgré les difficultés, le confort matériel, les infrastructures et les libertés sont sans commune mesure. Regarder en arrière n’est pas de la complaisance : c’est un devoir de lucidité pour mesurer le chemin parcouru. L’ère est à la contestation sans information. Notre époque est marquée par une hyper-réactivité. On conteste avant de comprendre, on commente avant de savoir. Les réseaux sociaux amplifient cette impulsion : on s’indigne plus vite qu’on ne s’informe. Mais une opinion qui ne se fonde pas sur la connaissance devient un bruit, Une nuisance et non une contribution. La critique, pour être légitime, doit être éclairée, étayée, vérifiée. Un citoyen responsable ne se contente pas de réclamer. Il agit, s’informe, s’engage et reconnaît les progrès comme les erreurs. C’est seulement à cette condition qu’une nation peut évoluer sans sombrer dans la plainte stérile. John F. Kennedy n'avait il pas dit dans son discours d'investiture le 20 janvier 1961 sa phrase célèbre, devenue une signature autant personnelles que politique: « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Cette citation avait pour but d'inciter l'Américain à se demander avant tout ce qu'il peut apporter à son pays, et non l'inverse. La phrase souligne le devoir civique et la responsabilité personnelle dans le cadre de la nation et est parfaitement transposable chez nous par les temps qui courent. Il parait que John Kennedy c'était en fait inspiré d'une phrase plus ancienne exprimée par un principal d'école, dans son enfance, et qui aurait dit à propos d'une école qui s'appelait alma mater: « The youth who loves his alma mater will always ask not 'What can she do for me?' but 'What can I do for her?' » Kennedy aurait remplacé « alma mater » par « pays » pour en faire cette maxime patriotique. A ce demander combien de directeur d'école sont capables d'un tel niveau de réflexion et d'engagement pour inspirer notre jeunesse et lui faire prendre conscience de ses devoirs avant de leur parler de leur droits. Aujourd'hui si le besoin est de formuler un pacte social nouveau pour nous retrouver tous autour du même objectif d'aller de l'avant et de rendre encore plus fort notre pays, il convient aussi de nous atteler à reformuler un pacte patriotique comme cela avait été le cas à notre indépendance ou après la glorieuse marche verte, en nous remémorant à chaque instant, à chacun de souffles, notre devise Dieu, la Patrie, Le Roi. C'est ainsi que toutes nos revendications seront entendues, que nos droits vont se réaliser, que le corruption va disparaitre et que la paix sociale sera à jamais installée.

Et si la fiscalité devenait la clé de nos solutions face à la colère des jeunes au Maroc ? 742

Fin septembre 2025, de nombreux jeunes Marocains ont manifesté partout pour réclamer justice sociale, réformes éducatives, un meilleur accès aux soins, et la lutte contre la corruption. Ce mouvement inédit, porté par la Génération Z à travers le collectif GenZ 212, a exprimé un profond mal-être face à la précarité, au chômage élevé atteignant quelque 35% chez les 15-24 ans, et à un sentiment d’injustice sociale avec les millions de NEET. Cela était prévisible : les récents taux d'inflation, la dégradation du pouvoir d'achat quasi généralisé, la pression sur les marchands ambulants qu'on a décidé d'éradiquer du jour au lendemain, certains aménagements décidés à la va-vite et mis en lien avec la CAN et la Coupe du Monde ne pouvaient pas rester sans réaction de la population, et ce sont les jeunes qui l'ont portée. Des projets qui devaient nous réunir nous ont en fait divisé. Face à cette mobilisation, tous attendions attentivement le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI le vendredi 10 octobre à l'ouverture constitutionnelle de la session parlementaire. Ce fut le dernier discours devant ces parlementaires là. Le prochain devant le parlement sera prononcé devant d'autres parlementaires de notre choix aussi...Tous étions suspendus aux mots, au ton de la parole du Souverain, à sa gestuelle. La sérénité paternelle du souverain allait, dès les premiers instants de son apparition, nous rassurer. Dans un continuum parfait avec le discours du Trône, le souverain a insisté sur la responsabilité et le dialogue au sein des institutions. Il a souligné l’importance de l'Unité, de la stabilité, de la transparence et de la justice sociale, et rappelé la nécessité de réformes urgentes autant dans la perception que structurelles, pour bâtir un Maroc uni et prospère. La ligne est tracée et le cap précisé : le Maroc doit devenir émergent et atteindre les 300 milliards USD de PIB au plus vite, en en faisant profiter l'ensemble de la population et des régions du pays. La colère est perçue intelligemment avec sérénité, et une réponse claire : sur la base des grands acquis, le Maroc entreprend une nouvelle ère dans son développement, une ère plus inclusive qui s'appuie sur les spécificités et les atouts de chaque terroir. Le discours invite en fait à un pacte patriotique avec l'engagement de toutes et de tous. Un pacte ou les projets ne se télescopent pas mais se complètent au profit des populations. La session parlementaire est donc ainsi lancée et va s'attaquer au projet de loi de finances, et c'est la responsabilité des élus que d'en débattre. Dans le contexte actuel et pour répondre aux orientations royales, les députés comme le gouvernement devront sortir des sentiers battus et débattre dans un esprit constructif, certes partisan, mais dans l'intérêt de la nation entière. Dans ce contexte, la fiscalité peut devenir un outil plus efficace et mieux adapté à la période que nous traversons et à chacune des régions. Elle ne doit plus être perçue ou ressentie comme un fardeau ou un simple outil de prélèvement, mais comme un levier stratégique capable d'accompagner les solutions économiques et sociales. Trop souvent réduite à la collecte des impôts pour financer la dépense publique, elle peut et doit devenir un moteur de croissance, d’investissement et d’emploi, en particulier pour répondre aux attentes des jeunes. Elle doit devenir un levier de développement et d’équité. Il va falloir entre autres remettre en question la réforme fiscale progressive entre 2023 et 2026 qui fait débat d'ailleurs, notamment avec la montée du taux d’impôt sur les sociétés (IS) pour les petites et moyennes entreprises (PME). Pour les PME dont le bénéfice net fiscal est inférieur ou égal à 300 000 dirhams, le taux d’IS est passé de 12,5% en 2023 à 17,5% en 2025, et atteindra 20% en 2026. Cette réforme avait pour but d'ajuster la fiscalité tout en stimulant la croissance économique, mais elle soulève des interrogations sur l’impact réel pour les PME et leur capacité à investir et créer des emplois essentiels à la jeunesse marocaine. Force est d'insister sur le fait que ce sont les PME qui créent le plus d'emplois au Maroc, juste après le secteur informel. Le gouvernement qui voulait créer des emplois a bloqué cette dynamique, entre autres par cette réforme mal venue. Au contraire, les PME qui emploient le plus devraient bénéficier d'abattements fiscaux importants pour les aider à grandir. À l’international, plusieurs pays montrent qu’une fiscalité allégée favorise la compétitivité et attire les investissements, comme l’Irlande avec un taux d’IS généralisé à 12,5%. Le cadre fiscal marocain se doit d'être réadapté pour stimuler la croissance et renforcer la justice sociale, tout en assurant des recettes publiques suffisantes. Le défi au Maroc est d’adopter une fiscalité qui soutienne la relance économique tout en répondant aux aspirations de la jeunesse pour plus d’équité. Cela demande un engagement conjoint du gouvernement et du parlement, pour concevoir une politique fiscale transparente, juste et adaptée à la réalité des PME, des entrepreneurs informels et des jeunes travailleurs. Une fiscalité qui laisse le maximum de pouvoir d'achat aux citoyens stimulant ainsi le véritable moteur de la croissance: la demande intérieure. Une TVA à 20% ne le fait pas. Intégrer les activités informelles par une fiscalité adaptée à leur taille permettrait de valoriser ces acteurs comme de véritables entrepreneurs en devenir, contribuant ainsi à la formalisation de l’économie sans écraser leurs capacités. Un marchand ambulant est en fait un porteur de projet de PME. Combien de success stories se sont forgées à partir d'une activité précaire ? Certes, il faut organiser tout cela et mettre des normes, mais en quoi un jeune qui se lance dans un petit commerce nous dérange-t-il ? L'espace appartient à tous, y compris aux jeunes qui se lancent à leur compte sans embêter personne. Les interdire c'est en faire des revanchards aigris, prêts à tous, alors qu'on est incapable de leur proposer de palliatif. En cette période de tensions sociales et d’espoirs pour un Maroc meilleur, la fiscalité peut devenir un puissant levier de transformation économique. Elle doit être repensée non pas comme un frein, mais comme un outil d’émancipation collective. Les députés et les ministres devraient lire Ibn Khaldoun à ce sujet. Faire de la fiscalité un facteur de redistribution par la prospérité, au service des citoyens et notamment de la jeunesse, est une voie à explorer pour bâtir un Maroc plus juste, plus solide, et capable de relever les défis de demain. Par ailleurs, valoriser les réussites nationales dans tous les domaines, de l’entrepreneuriat au sport en passant par la culture, est essentiel pour nourrir la fierté et l’ambition des jeunes Marocains. Les réussites exemplaires de nos compatriotes devraient être obligatoirement enseignées à l'école pour susciter la curiosité, l'admiration et servir d'exemple par le travail et la novation.

Sa Majesté le Roi Mohammed VI: Un style ancré dans la responsabilité, la justice et le développement pour tous 767

Fidèle à la ligne et à la logique qu’il a instaurées depuis le premier jour de son règne, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a encore une fois confirmé son style. « Le style, c’est l’homme même », disait Buffon dans son célèbre discours à l’Académie française en 1753. Par cette formule, Buffon voulait dire que le style reflète la personnalité, la pensée et la sensibilité de celui qui écrit ou parle. Autrement dit, la manière d’exprimer les idées vaut autant que les idées elles-mêmes, car elle trahit, au sens noble, ce qu’est réellement l’homme : son caractère, sa rigueur, son goût, son intelligence. Cette réflexion m’est venue dès les premiers pas de Sa Majesté à sa descente de voiture. Le pas est ferme et la démarche sereine. Il se dirige vers ce qui représente un symbole fort du Maroc moderne : le Parlement. Là où se retrouvent une fois par an l'institution royale, les représentants élus par le peuple et le gouvernement. Une réunion annuelle comme un symbole fort du fonctionnement et de la solidité du pays, tel que le voulurent les Marocains en 2011. Toutes les forces vives du pays sont là. Sa Majesté salue les présents tout en blanc, symbole de pureté. Ils scrutent sa gestuelle et sont suspendus à ses lèvres, le souffle bas ou haletant. Le temps est grave. Les yeux se baissent. Les oreilles tentent de capter. Les esprits sont concentrés. Dès les premiers mots prononcés, la maxime de Buffon est inversée : « L’homme, c’est le style ». L’aphorisme ouvre un autre champ d’interprétation, plus moderne peut-être : le style façonne aussi l’homme par l’éducation, la culture, l’élégance du langage et de la tenue. C’est cela qui s’offrait ainsi à nous. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a une conviction cardinale : les institutions. Tout doit se passer dans les institutions et n’arriver que par les institutions. En ce 10 octobre, il a rappelé cela sans ambiguïté et sans tournure de phrase. Les mots sont finement choisis, mais la parole est directe. Cinq mots clés vont raisonner sous la belle coupole. Ils tourbillonneront autour des têtes de nos vaillants députés et ministres pendant toute une législature. : 1. Responsabilité : Sa Majesté le Roi a insisté sur le sérieux et le sens du devoir des parlementaires et du gouvernement dans la dernière année législative, soulignant la nécessité d’agir avec intégrité et efficacité au service de la patrie. 2. Justice sociale : Une priorité réaffirmée pour combattre les inégalités et garantir des conditions de vie équitables pour tous les Marocains, en cohérence avec les projets économiques nationaux. 3. Réformes : L’appel à achever et accélérer les réformes structurelles en cours afin de consolider les acquis démocratiques et socio-économiques du Royaume. C’est un message clé du discours. 4. Unité : Le Souverain a lancé un appel à l’unité et à la mobilisation de toutes les énergies pour défendre l’intérêt supérieur de la Nation et renforcer la cohésion sociale. 5. Transparence : La promotion de la transparence et de la communication citoyenne autour des initiatives publiques est mise en avant comme un facteur clé pour la confiance et la bonne gouvernance. Le discours royal du 10 octobre 2025, prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI devant le Parlement marocain, a marqué un tournant porteur d’espoir et d’engagement pour la dernière année législative. Le Souverain a rappelé avec force l'importance du « sérieux et du sens du devoir pour les représentants de la Nation », appelant à « achever les réformes en cours, à accélérer l’exécution des projets, et à rester vigilants dans la défense des causes citoyennes, tout en gardant comme priorité l’intérêt général ». L’un des éléments clés du discours est la mise en avant de la cohérence incontournable entre les ambitions économiques et les programmes sociaux. Le Souverain a souligné qu’il ne pouvait y avoir de contradiction entre ces deux dimensions fondamentales, qui doivent impérativement « converger pour améliorer les conditions de vie de tous les Marocains et garantir un développement territorial équilibré ». Cette vision souligne l’engagement royal à construire un Maroc où croissance économique rime avec justice sociale. Sa Majesté a également insisté sur la nécessité d’une justice territoriale accrue, en appelant à des politiques intégrées ciblant les régions les plus fragiles, telles que les zones montagneuses, les oasis, ou encore les centres ruraux en expansion. Cette approche vise à « faciliter l’accès aux services et dynamiser le développement local », tout en soulignant « l’importance de la gestion durable des littoraux », rappelant ici une dimension écologique et la probable menace des industries. Ces mesures traduisent une volonté forte d'équité et de solidarité territoriale. Dans un esprit d’unité, le Souverain a lancé un vibrant appel à la mobilisation de tous les acteurs, exhortant députés et institutions à « mobiliser toutes leurs énergies dans l’intérêt supérieur de la Nation » et à promouvoir « la transparence et la communication citoyenne autour des initiatives publiques ». Face aux défis, cette unité est présentée comme une force nécessaire pour accompagner les réformes et assurer le progrès durable du pays. Le discours s’inscrit dans une logique positive de continuité institutionnelle, de rigueur et d’ambition collective, faisant du Maroc un pays « plus équitable, moderne et solidaire ». Malgré un contexte national marqué par des mouvements sociaux, le message royal reste concentré sur le dialogue constructif, la lutte contre les inégalités et la confiance dans les institutions. Ce discours est ainsi une feuille de route claire pour un Maroc qui avance avec responsabilité et justice, animé par une vision ambitieuse pour un avenir partagé par tous. Il confirme le style d'un monarque adulé par un peuple conscient que tout doit se passer au sein des institutions, en conformité avec la constitution voulue par la volonté du peuple en 2011. Fidèle à ses convictions et à sa mission suprême de commandeur des croyants, il rappelle : « Quiconque fait le poids d’un atome de bien le verra, et quiconque fait le poids d’un atome de mal le verra. » (Sourate Az-Zalzala, versets 7 et 8). Az-Zalzala veut dire « le grand tremblement ». Ces versets expriment que rien n’échappe à la justice divine : chaque acte, même minuscule, sera pris en compte au Jour du Jugement. Le choix du Souverain n’est pas fortuit. La fermeté est là. Ne fait-il pas ici une extrapolation, au-delà de la circonstance, dans le cadre le plus solennel qui soit, pour rappeler à tous l'impérative reddition des comptes et la fermeté qui attend les corrompus et les déviants ? Ce furent là les derniers mots de Sa Majesté devant ce parlement, avant de conclure, et c’est lourd, très lourd de sens. Le Monarque parle peut mais dit tout clairement sereinement. C'est son style.

Marcher pieds nus : l’urgence d’un réveil politique au Maroc... 766

Le contexte marocain actuel est d’une intensité particulière, mais pas exceptionnelle. Le Maroc en a connu d'autres. Les manifestations qui secouent plusieurs villes du Royaume, portées notamment par le collectif **GenZ 212**, ne sont pas un simple mouvement d’humeur. Elles traduisent une **colère sociale profonde**, multiforme et longtemps contenue. Inspirées sans doute par les mobilisations de jeunesse observées ailleurs, ces protestations s’enracinent dans une réalité bien marocaine : celle d’un peuple jeune, connecté, éduqué, mais désenchanté face à un système qu'il pense ne répondre plus à ses attentes. Il exprime une colère multiple et légitime sans doute aucun, au nom de toutes les générations. Les revendications s’articulent autour de thèmes récurrents mais désormais explosifs: la **lutte contre la corruption**, la **dégradation de certains services publics du quotidien: école, santé**, la **crise du chômage des jeunes diplômés**, et les **inégalités sociales** qui se creusent dangereusement. À cela s’ajoute une critique frontale des **priorités économiques du gouvernement**. Cette jeunesse, qui ne se reconnaît plus dans les discours officiels, exprime une exigence nouvelle : celle d’un **État plus juste, plus transparent, plus proche**. Elle réclame de la cohérence entre la parole politique et l’action publique. Ce n’est pas une génération dépolitisée, comme certains voudraient le croire, mais une génération qui rejette les faux-semblants et les réponses technocratiques. Elle découvre la pratique de la politique par internet sans forcément y penser. Elle parle le langage du quotidien : celui du prix du poulet, des soins, du transport, et non celui des taux d’inflation ou des indices macroéconomiques. Elle s'exprime en click, en"avatars", "emojis" ou "stickers". Elle écrit Darija en lettres latines et chiffres. Elle s'informe vite, répond instantanément et succinctement. Elle n'aime pas les discours longs qu'elle trouve fastidieux. Elle vit dans un monde globalisé mais revendique sa spécificité marocaine et en est fière. Quand un citoyen se plaint du **prix des tomates**, ce n’est pas une courbe d’indicateur ou une note du FMI qui va le rassurer. Il parle en dirhams, pas en pourcentages. Alors que faut il sinon que les décideurs se mettent à marcher de temps en temps pieds nus. Marcher pieds nus c'est le retour à la réalité. C'est ressentir le pays. Dans ce climat de tension, la **métaphore de feu Hassan II** qui invitait les architectes à «marcher pieds nus pour ressentir le pays» prend une résonance saisissante. Jadis prononcée pour rappeler l’importance de comprendre l’âme du Maroc avant de construire, elle devient aujourd’hui un **impératif politique**. Marcher pieds nus, c’est **descendre de son piédestal**, quitter les bureaux climatisés, abandonner les powerpoints et les slogans pour **écouter le terrain**. C’est accepter de sentir la poussière des routes rurales, d’entendre les cris des hôpitaux saturés, de partager le désarroi des enseignants, ou la solitude des jeunes sans emploi. Ils doivent comprendre ce que veut dire le **Maroc à deux vitesses**, dénoncé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI lui-même. Une partie du pays vit dans la modernité, connectée, optimiste, visible dans les projets d’infrastructures et les forums internationaux. L’autre, majoritaire, se débat dans la précarité ou l'angoisse de la pauvreté, l’oubli, l’injustice. Entre les deux, le fossé se creuse. Et c’est précisément ce fossé que les manifestations actuelles mettent à nu. Voilà quelques années naissait l'espoir d'un nouveau modèle de développement, demandé par Sa Majesté le Roi lui même. Qu'en est il aujourd'hui. Il est où se modèle et ses recommandations? Le **Nouveau Modèle de Développement (NMD)**, tant vanté lors de son lancement, semble aujourd’hui s’être perdu dans les méandres de la bureaucratie et de la communication. Ses ambitions étaient grandes : réduire les inégalités, renforcer la cohésion sociale, encourager l’initiative. Mais sur le terrain, les Marocains n’en voient guère les fruits. Il a tout simplement été oublié. L’impression qui domine est celle d’un **décalage croissant entre les promesses et la réalité**, entre les discours triomphalistes et la vie quotidienne des citoyens. Ce désenchantement n’est pas qu’économique, il est aussi moral : c’est la confiance qui s’effrite, la parole publique qui perd son sens. La jeunesse a de tout temps été la boussole morale des peuples. Elle dit haut ce que les autres pensent tout bas. La **mobilisation de la jeunesse** agit comme un électrochoc salutaire. Le mouvement n’est pas monolithique : il réunit des étudiants, des chômeurs, des jeunes actifs, des artistes, des enseignants. Mais tous partagent un sentiment commun: celui d’avoir été **mis à l’écart** d’un système politique et économique qui ne leur offre plus de perspectives. Cette jeunesse n’attaque pas son pays, elle veut le sauver d’une dérive qui le menace. Elle réclame **justice sociale, dignité, et respect**. Elle ne veut pas seulement qu’on parle d’elle, mais qu’on parle avec elle. C’est un **appel à la refondation du lien social et politique**, à une écoute véritable et non feinte. La plus grande erreur que pourraient commettre les responsables serait de **sous-estimer cette colère**, ou pire, de la mépriser. Dans un monde où les frustrations s’expriment en ligne avant de descendre dans la rue, ignorer la voix des jeunes, c’est préparer les conditions d’une crise plus grave. L'urgence est de retrouver l’esprit de ce pays millénaire. Marcher pieds nus, aujourd’hui, c’est **revenir à l’essentiel** : * aller dans les écoles de villages où les enfants manquent de tout, * visiter les hôpitaux où certains médecins font des miracles avec rien mais où d'autres sont absents ou se reposent après avoir intervenu ailleurs, * écouter les mères qui nourrissent difficilement leurs familles, * comprendre les jeunes qui refusent de vivre dans l’attente d’un miracle administratif. Un pays ne se gouverne pas à coups de slides PowerPoint, de rapports commandés à des cabinets étrangers, ni de promesses formatées pour les réseaux sociaux. Il se dirige **avec la conscience du réel, le sens du peuple, et la volonté de corriger ce qui blesse**. Le Maroc a souvent prouvé sa capacité à surmonter les crises en se réinventant. Aujourd’hui encore, il a les ressources humaines, culturelles et institutionnelles pour le faire. Mais cela suppose un **changement de regard**, une **réconciliation avec la vérité du terrain**, et une **humilité politique retrouvée**. Marcher pieds nus, c’est renouer avec le Maroc profond, celui qui souffre, mais aussi celui qui espère. Marcher pieds nus c'est aussi dire aux citoyens ses quatre vérités quand il faute, quand il est lui même la cause de son malheur. Marcher pieds nus c'est pousser les jeunes au travail et à l'innovation. C’est à cette condition seulement que la paix sociale, la cohésion nationale et l’avenir du pays pourront être garantis.

La lettre de la GenZ212 : une quête de reconnaissance et de protection royale. 830

Loin de moi l'idée de donner écho à la soi-disant lettre adressée par un collectif se disant représenter la GenZ212, mais il est nécessaire de reconnaître que celle-ci mérite une lecture critique et une analyse permettant d’en comprendre le contenu, tant explicite qu’implicite. **Au plan psychologique**, le recours à "l’expression d’un besoin de reconnaissance" est manifeste : le fait même d’écrire directement à Sa Majesté le Roi traduit une recherche de validation symbolique. Les auteurs cherchent en effet à se sentir entendus et à exister dans l’espace public. Le recours à un **langage de frustration** dans leurs doléances exprime une charge émotionnelle, mêlant désillusion face aux difficultés économiques, sociales et identitaires, et aspiration à un avenir meilleur. La lettre révèle une **tension entre idéal et réalité**, illustrant un clivage psychologique typique de cette génération : un haut niveau d’ambition et d’exigence, mais aussi une fragilité et un sentiment d’impuissance face aux blocages structurels. On peut y voir une *projection sur la figure paternelle* : Sa Majesté le Roi est perçu comme l’arbitre ultime, le recours suprême, témoignant d’une demande implicite de protection et de réparation, que les institutions intermédiaires n’ont pas su apporter. **Au plan sociologique**, il s’agit d’une génération en quête d’**identité collective** : le nom même *GENZ212* (212, code téléphonique du Maroc) traduit une revendication d’identification en tant que groupe, et non plus seulement comme individus isolés. Cela illustre une conscience générationnelle émergente dans un contexte de **défiance envers les structures établies**. La lettre laisse transparaître une critique de l’État, des partis politiques, des syndicats et des institutions traditionnelles, jugés déconnectés des réalités de la jeunesse. Cette jeunesse évolue dans un monde différent de celui des générations précédentes, recourant à *l’usage du numérique comme levier*. La préférence pour les canaux directs (réseaux sociaux, pétitions, lettres publiques) plutôt que la médiation classique, révèle une transformation sociologique des modes d’action collective, avec en toile de fond les **inégalités sociales et territoriales**. Le contenu des doléances met probablement en lumière les fractures en matière d’éducation, d’emploi, de logement, de mobilité sociale, d’accès à la culture et à la santé. Ces thèmes témoignent d’une société où la jeunesse ressent un blocage de l’ascenseur social. En cela elle rejoint le sentiment général et malheureusement la non perception de tous les progrès réalisés. **Au plan politique**, la lettre constitue un *acte de contestation symbolique*. L’adresser directement à Sa Majesté le Roi peut être perçu comme une critique implicite de la gouvernance et des corps intermédiaires, contournant ainsi les canaux politiques classiques. Il s’agit d’un *dilemme de la légitimité* : la GENZ212 ne parle pas au nom de l’ensemble de la jeunesse marocaine, mais se proclame représentative, soulevant la question de la représentativité et d’une possible récupération politique. C’est probablement un *signal pour les décideurs* : si les canaux de dialogue institutionnel restent fermés, la jeunesse risque de se détourner durablement des institutions et de radicaliser son discours. Le point positif est un véritable *pari sur l’avenir*. En se tournant vers Sa Majesté le Roi, elle place sa confiance dans l’autorité royale pour impulser une réforme structurelle, signe à la fois de loyauté et de constat d’échec des médiations démocratiques. La lettre suscite par ailleurs une lecture *critique du style et du ton*. Le *style est direct mais parfois naïf*. La lettre adopte un ton franc, souvent sans filtre, caractéristique des jeunes générations habituées à l’expression spontanée sur les réseaux sociaux, blogs ou vidéos. Cela confère une certaine authenticité, mais parfois au détriment de la rigueur argumentative et de la crédibilité. Le *ton revendicatif oscille entre respect et défiance*. Le texte s’adresse à Sa Majesté le Roi avec des marques de déférence, tout en exposant des critiques franches à l’encontre de la société et de l’État. Ce double registre traduit une tension et un espoir : vouloir interpeller les responsables politiques tout en restant dans le cadre de la loyauté monarchique. L’usage d’un vocabulaire collectif (« nous, les jeunes », « notre génération », « avenir du pays ») révèle une volonté de parler au nom d’une communauté. Cependant, l’excès d’emphase donne parfois l’impression d’un discours plus émotionnel que programmatique. Le langage est symbolique et identitaire, avec une *absence de hiérarchisation des doléances*. Les revendications sont listées comme un ensemble de frustrations, sans structuration claire en priorités ni propositions concrètes. Il s’agit donc davantage d’un ton plaintif que d’une démarche stratégique. Le *style est hybride mêlant militantisme et plaidoyer*, révélant une hésitation entre le ton d’un manifeste militant contestataire et celui d’une pétition adressée à l'autorité suprême de manière solennelle et respectueuse. C'est parfaitement révélateur d'une génération qui cherche encore son registre discursif, convaincue comme ses ainés que toute amélioration ne peut advenir que dans le cadre choisi et défendu par l'ensemble de la nation . Le **style et le ton** renforcent le caractère **cri du cœur** de la lettre : sincère, émotif et collectif. Toutefois, ils souffrent d’un manque de **maturité rhétorique** (structure faible, redondances, slogans plutôt que solutions). Politiquement, les propos cherchent à toucher sur le plan symbolique et à susciter le débat public. La lettre de la **GENZ212** est donc un *acte hybride*, combinant cri de détresse psychologique, revendication sociologique et geste politique. Elle met en lumière : - un **sentiment d’exclusion et de marginalisation** chez les jeunes, - un **besoin de reconnaissance et d’écoute** directe, - une **remise en cause des corps intermédiaires**, - une **attente forte vis-à-vis de la monarchie** comme garante de justice et d’un avenir rayonnant. La lettre de la GenZ212 n'est finalement qu'une quête de reconnaissance et de recherche de protection royale. Reste à dire que le phénomène n'est pas marocain et qu'il est arrivé au Maroc par **osmose** puisque présent dans plus d'une région du monde. Ces mouvements étant souvent amplifiés par l’usage des plateformes numériques, qui transforment des frustrations isolées en mobilisations collectives, malgré des différences géographiques ou culturelles, les écarts en développement et en démocratie. Il ne faut également pas omettre de relever que la manipulation et l'impact de propos nihilistes ne sont jamais très loin.

GenZ 212 ou l'impératif nouveau pacte politique et social... 868

Dans ce Maroc qui vibre au rythme des changements, un souffle inédit traverse ses rues et ses places. Imaginons un instant le regard d’un jeune qui arpente les avenues de Rabat, le cœur gonflé d’une conviction inébranlable : celui d’un pays qui doit impérativement réécrire son destin, redéfinir sa gouvernance et surtout, offrir à sa jeunesse la place qui lui revient, celle de bâtisseurs à la hauteur de leurs rêves. Ce Maroc, jadis fier de sa Constitution de 2011, fruit d’un élan contestataire et porteur d’espoir, semble aujourd’hui enlisé dans des pratiques étouffantes, celles qui nourrissent frustration et blocages. Que de promesses inscrites dans ce texte n'ont pas été respectées, que de dispositions ont été sciemment oubliées. La jeunesse exigeante, assoiffée de justice et d’inclusion l'a ressenti et l'exprime aujourd'hui. Ils le vivent comme une fracture douloureuse. Le monde accélère d’un battement de cœur effréné, implacable, et cette fracture est partout palpable : alors que près de 30% des Marocains ont moins de 30 ans. Les décisions importantes naissent dans l’ombre, loin de leurs aspirations, entre les mains de vieilles élites qui s’accrochent au pouvoir. Une élite qui manquent d'humilité et qui vit mal que des leçons viennent des plus jeunes. La fracture est aussi au sein de la jeunesse même. Que de jeunes militants passionnés, empreints d’innovations, expriment sans détour leur rejet des récents débordements. « Nous ne voulons pas être représentés par des incapables, pas par des fauteurs de troubles ni par ceux qui salissent la cause », affirment-t-ils avec force. Mais le sentiment d’exclusion brûle dans leurs paroles : « Nous sommes l’avenir, le Maroc de demain, mais on nous relègue aux marges, nos voix restent inaudibles ». Le Parlement, les conseils régionaux, les partis politiques, autant de forteresses impénétrables, verrouillent les clés du changement. Comment alors espérer une réforme sincère ? Face à cette réalité, le rêve d’une révision profonde des choses s’élève, bien au-delà d’un simple réajustement formel. Il s’agit d’un véritable saut institutionnel, pensé pour inclure pleinement la jeunesse et les territoires délaissés. Parmi leurs propositions : la réintroduction de quotas générationnels au sein des assemblées pour garantir une représentativité tangible, l’abaissement des âges d’éligibilité pour faire souffler un vent neuf dans la sphère politique, la création d’instances consultatives où la voix des jeunes ne serait pas un simple bruit de fond, mais un levier d’action concret. Ironie du sort, le Conseil de la Jeunesse, prévu par la constitution, espace censé les fédérer, espace où il devait s'exprimer, demeure et est resté lettre morte sous trois gouvernements successifs. En fait les thèmes de la santé et de l'enseignement n'ont fait que servir de détonateur. La discussion s’est vite élargit à un autre combat : celui contre l’étouffement régional. La centralisation, vestige obstiné, asphyxie le potentiel des territoires. La régionalisation promise en 2011 n’a jamais offert l’autonomie politique et financière nécessaire pour que chaque région devienne un moteur autonome de développement. Il est probablement temps que les régions commencent véritablement à décider d'elles-mêmes de leurs chemins, gèrent leurs richesses, portent leurs projets. Que chacune s'occupe de sa santé et de son enseignement. Cela n'enlèvera rien à la grande nation marocaine au contraire. Au cœur de ces débats, la souveraineté nationale s’impose comme une exigence fondamentale. Dans ce monde fragile, traversé de crises économiques, climatiques et géopolitiques, le Maroc se doit de renforcer une légitimité forgée dans l’inclusion et la confiance. N’est-ce pas Mahdi Elmandjra qui affirmait que « un pays qui ignore le potentiel de sa jeunesse n’a pas d’avenir » ? Aujourd’hui, plus que jamais, c’est un nouveau pacte social qui doit naître : fondé sur la justice, la responsabilité partagée et une participation réelle. Cette jeunesse, animée d’une énergie inédite, a retrouvé le goût du courage. Ancrée dans son histoire, fidèle à sa monarchie, elle ose envisager un Maroc tourné vers demain. La démocratie n’y est plus un luxe abstrait, mais bien la condition sine qua non pour un développement durable et une société harmonieuse, la clé pour briser à jamais le mur d’un Maroc à deux vitesses. Ce Maroc qui s’éveille appelle une révision de ses mécanismes politiques, une opportunité cruciale pour bâtir un pays plus juste, inclusif, et surtout, un pays où les jeunes deviennent maîtres de leur destin. Ils ne se reconnaissent plus dans les modèles classiques. Ils ne vivent pas simplement sur internet, ils y fondent leurs métiers, leur monde, leur culture leur vie. Leur monde s'appelle Discord, Tiktok, Instagram. On ne fait pas qu'y rigoler, on y est exposé à tout vent. On y exprime ses joies, mais aussi ses frustrations. On y est largement exposé à toutes sortes de manipulations aussi. Il est temps pour tous d’en prendre conscience : ce mouvement est irréversible. Il est tourné vers un monde en perpétuelle mutation, à une vitesse exponentielle. Il faudra s'y faire et bien intégrer ce changement profond et comprendre que Gen Z212 est tout simplement une demande d'un nouveau pacte politique et social. Ce pendant cette même Gen Z212 ne doit pas ignorer qu'aujourd'hui on vit beaucoup mieux qu'ont vécu nos parents et encore moins nos grands parents et que tous les indices de développement du pays sont au vert, avec un repli spectaculaire de tous les indices de pauvreté. Le pays est en plein surproduction des élites et il faut des investissements, des réformes et de la dynamique économique pour les absorber. C'est ce qui se fait et c'est le rôle des politiques de l'expliquer.

Football marocain : entre passion et violence, l’heure du choix décisif... 852

La violence dans les stades marocains n'est plus un épiphénomène. Chaque saison, les affrontements entre supporters, les dégradations d’infrastructures et, parfois, des drames humains rappellent que les joutes de football, censées être une fête populaire, tournent trop souvent en champ de bataille. La violence est physique, mais pas seulement. Les chants des "supporters" peuvent également être d'une violence inouïe envers les supporters adverses et de plus en plus souvent aussi envers les institutions. Le phénomène est en constante aggravation. Les comportements dangereux, bien que trop peu nombreux, du KACM et ceux de Dkheira, récemment promus en Botola, ou encore les faits perpétrés à Mansouria l'an passé, pour ne citer que quelques exemples, montrent combien la tendance est à la généralisation, même là où l'enjeu n'est pas important. La préoccupation dépasse désormais la simple gestion ponctuelle d'incidents divers : elle exige une prise de position ferme, morale, institutionnelle et médiatique pour restaurer un climat sain et sécurisé. Les incidents relevés en marge des manifestations de ce qui est désormais appelé Génération Z, montrent combien la frontière entre la violence dans les stades et dans la rue est plus que poreuse. Il s'agit des mêmes comportements d'une jeunesse désemparée, sensible aux discours nihilistes ambiants et certainement parfaitement bien manipulable. La jonction est facile. Les adeptes de la violence n'ont aucun mal à passer à l'acte, munis de slogans creux, pensant porter la bonne parole. Les clubs et la Fédération ne sont aucunement responsables dans cette situation alarmante, mais leur silence est lourd et peut engendrer des conséquences fâcheuses pour l'ensemble du pays, hors football. Les clubs de football marocains, ainsi que la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), occupent une place centrale dans le système sportif, culturel et économique national, mais leur posture peut sembler ambiguë. Leur rôle n'est pas uniquement d'organiser des rencontres et des matchs; il s'étend bien au delà des enceintes sportives. Malgré les condamnations officielles des violences, une relation parfois tacite et passive persiste entre certains groupes radicaux de supporters et les clubs souvent impuissants, peut être inconscients de la profondeur de la problématique. Ils en deviennent souvent victimes. Leur rôle d'encadrements des fans étant loin de ce qu'il est supposé être. La ferveur spectaculaire qui remplit les stades et captive les médias certes, nourrit hélas également un engrenage de violence difficilement contrôlable. Des études montrent que les supporters violents sont souvent des jeunes issus de milieux socio-économiques modestes, principalement âgés de 18 à 34 ans. Beaucoup n'ont d'exutoire que le stade et d'identité que celle du club qu'ils supportent. Ils crée à chaque occasion une atmosphère où la passion se mêle dangereusement à la transgression. Pour une lutte crédible contre ce type de violence, une rupture claire est nécessaire : le football marocain doit se désolidariser totalement des groupes violents, en refusant tout chantage symbolique ou organisationnel. La persistance d’une complicité indirecte compromet les efforts déployés et retarde la mise en place d’une véritable politique contre Achaghab. Force est de relever aussi le rôle ambivalent des médias en particulier quand ils, jouent un rôle ambivalent. Ils couvrent abondamment les manifestations "spectaculaires" dans les tribunes: fumigènes, craquages, tifos gigantesques, chorégraphies pyrotechniques, souvent présentées comme des preuves de passion et de créativité, alors que certains de ces aspects sont interdits par les lois nationales et les règlements de la FIFA. Derrière des mises en scène festives peut se cacher une réalité beaucoup plus sombre, où violence et affrontements sont inhérents à ces pratiques. Cette glorification médiatique contribue involontairement à renforcer une "culture" devenue néfaste. Une couverture responsable devrait privilégier la valorisation du jeu, des initiatives éducatives, citoyennes, et des efforts des joueurs et entraîneurs plutôt que la mise en avant d’une spirale de violence. Ce changement d’angle médiatique est indispensable pour déconstruire le mythe que la violence appartient intrinsèquement au football, Ce n'est point vrai. Les exemples ne manquent pas. Il s'agit donc de déconstruire le mythe de la passion violente. Nombreux sont ceux qui justifient la violence dans les stades comme étant le revers inévitable de la ferveur populaire. Ce fatalisme est trompeur et dangereux. De grands championnats, à travers des politiques strictes et des investissements dans la sécurité et l’éducation sportive, ont réussi à encadrer et réduire drastiquement ces comportements. Le Maroc n’y échappera pas. Tôt ou tard il va falloir changer de cap. Mieux vaut tôt que tard. La violence est un problème social qu’il faut combattre avec détermination et non l'accepter comme une fatalité. Il ne s'agit pas de promulguer des lois, mais de les mettre en application, mais surtout de les accompagner de politiques et de programmes éducatifs et de dissuasion dans le cadre d'une responsabilité collective à assumer. La lutte contre la violence dans les stades ne peut être réduite à la seule action des forces de l’ordre. Plus on évitera de mettre face à face les jeunes et les forces de l'ordre mieux ca vaudra. Elle requiert une mobilisation collective et concertée : - Les clubs et la FRMF doivent clairement rompre avec les groupes violents et s'en désolidariser, mettant en place des sanctions strictes et des mesures pour protéger les stades. - Les médias doivent cesser la valorisation esthétique des actes violents et adopter un traitement plus sensible et éducatif du football. - L’État et les collectivités territoriales doivent investir dans l’éducation civique par le sport et offrir aux jeunes des espaces d’expression et de loisirs hors des tribunes, notamment dans les quartiers défavorisés où la frustration sociale est un facteur aggravant. - Les supporters responsables doivent être encouragés et protégés pour rééquilibrer l’image du public footballistique marocain, souvent déformée par une minorité violente. C'est là un choix sociétal déterminant. La problématique dépasse largement le cadre sportif pour toucher à la vision même de la société marocaine. Si le football est un miroir de la nation, il appartient à tous, institutions et citoyens, de décider si ce miroir doit refléter la passion, la créativité et l’unité, ou la haine, la destruction et la division. Il est grand temps que le football marocain choisisse clairement son camp, en mettant fin à toute complaisance vis-à-vis de la violence et en s’engageant résolument dans la construction d’une culture sportive et sociale pacifique, saine et constructive. Ce choix déterminera l’avenir et la grandeur de ce sport extrêmement populaire dans le Royaume. Aujourd'hui on est champion du monde.

L’ombre du nihilisme dans le discours politique marocain 942

Suite à mon article précédent paru dans l’ODJ, sur le nihilisme ambiant au Maroc et ses conséquences désastreuses, un ami m’a fait remarquer que je n’avais pas suffisamment illustré comment le langage politique pouvait nourrir et entretenir une ambiance délétère, une ambiance de malaise, voire de mal être. Je viens donc ici m’exercer à combler cette lacune en proposant un exemple concret et risquer une analyse plus approfondie. Le langage politique nihiliste a une véritable histoire au Maroc. Dans les années 1960 et 1970, une gauche marocaine subversive exploitait un vocabulaire puissant pour dénoncer ce qu’elle appelait : la « corruption », la « dictature » et l'« istibdad » (الاستبداد, « tyrannie »). Ces mots cristallisaient une profonde rupture entre l’État et une partie de la population, instaurant un climat de méfiance et de rejet. L’enrichissement personnel et l’entrepreneuriat étaient alors perçus négativement, associés à l’exploitation des travailleurs. L’enrichissement était systématiquement assimilé au vol et au détournement de fonds publics devant revenir à tous. Dans les années 1990, ce discours a été remplacé sur le terrain par celui de l’islam politique. Les islamistes ont introduit une morale religieuse « stricte » qu’ils présentent habilement comme salutaire, comme nouveau standard, dénonçant la corruption et les maux sociaux par le terme générique « alfassad » (الفساد). Ce vocable vague, mais lourd de connotations négatives, est utilisé pour condamner sans nuance toute manifestation jugée déviante au sens de la morale islamiste, installant un climat général de suspicion et de peur. Ils n’hésitent pas à convoquer des mythes invérifiables sur les comportements d’ancêtres, auxquels ils accordent toutes les vertus. En réalité, ils cherchent à se positionner comme leur réincarnation. Nombreux sont les exemples contemporains de langage nihiliste dans le discours politique marocain utilisant des expressions vagues mais à très fort impact politique et social. Le regard décrypté sur le langage politique marocain contemporain montre comment certains termes et expressions contribuent à ancrer un nihilisme destructeur. Dans le débat public actuel, ce vocabulaire persiste, alimentant le fatalisme. Par exemple, certains responsables politiques insistent sur une hypothétique faiblesse structurelle du pays en utilisant un discours centré sur la « faillite » économique, la « corruption envahissante » et un « système bloqué ». Ces expressions, sans nuance, réduisent le Maroc à un échec chronique, occultant les progrès réels et les avancées plus que palpables. On retrouve ce style dans les critiques répétées concernant les services publics de santé ou l’éducation notamment, perçus comme des «catastrophes » ou des « terrains d’échec systémique », alors que les données montrent une amélioration significative malgré les faiblesses. En fait, il n’y a pas un seul exemple dans le monde où les gens sont à 100% satisfaits d’un quelconque système de santé. Un exemple est le discours populiste islamiste des années 2010-2020, qui s’est souvent présenté comme le « sauveur » moral face à la « corruption » généralisée, utilisant la peur et la stigmatisation pour mobiliser. C'est ou "nous" ou la débâcle. Ce discours, bien qu’émotionnellement fort, a fini par exacerber la crise politique en alimentant la défiance généralisée, envers toutes les institutions politiques. Le terme « alfassad » (الفساد) était omniprésent dans ce lexique, utilisé pour qualifier tout opposant ou acteur social dans des termes négatifs non spécifiques, renforçant un sentiment d’impuissance collective. En filigrane, il allait jusqu'à désigner les institutions pour responsables. Ce langage n’est pas sans conséquences. Ce type d’usage du langage politique produit un cercle vicieux. En stigmatisant sans proposer de solutions concrètes, en calant les oppositions dans des catégories morales polarisantes, il mine la confiance des citoyens dans leurs institutions. La jeunesse se désengage désemparée, tandis que l’entrepreneuriat et l’investissement pâtissent d’un climat méfiant. Est alors arrivée la Constitution de 2011 comme point de rupture avec une époque révolue. On pouvait penser et surtout espérer que le langage allait évoluer et qu’enfin on allait aussi changer de lexique. Le parti arrivé en tête des élections en 2011 a eu dix ans de gouvernement mais n’a pu se détacher de ses réflexes anciens. Le chef de gouvernement lui-même n’est pas parvenu à se dégager d’un certain langage d’opposant. L’approche radicale consistant à réduire le Maroc à un État « en faillite », à un système « corrompu jusqu’à la moelle » ou à une société « désabusée » détourne l’attention des marges de progrès et d’innovations réelles. Cela favorise la résignation et la paralysie collectives, caractéristique majeure d’un nihilisme politique qui avance masqué, derrière un vocabulaire anxiogène. Un tel langage séduit et cristallise facilement les esprits. La sortie de la génération Z est là pour responsabiliser les hommes politiques marocains. Plutôt que d’exploiter la grogne et jouer aux héros, comme tentent de le faire certains, il convient de se comporter en hommes et femmes responsables. L’urgence est d’aller vers un autre langage politique véritablement responsable et constructif. Seule une évolution vers un discours lucide mais positif peut espérer inverser cette tendance lourde. Pour dépasser ce nihilisme, il est crucial que les élites politiques abandonnent le vocabulaire de la stigmatisation et adoptent un discours plus équilibré. Ils se doivent de reconnaître les difficultés sans annihiler l’espoir, valoriser les avancées et proposer des solutions concrètes aux insuffisances, voilà le chemin pour rétablir la confiance. Le Maroc a besoin d’un langage politique responsable, constructif et mobilisateur, capable de réconcilier la population avec l’État et de stimuler l’engagement citoyen dans le cadre constitutionnel et dans le respect des institutions. C’est cela aussi l’État de droit où chacun s’acquitte de ses responsabilités, les citoyens en tête, car finalement les institutions et les partis politiques sont aussi constitués de citoyens.

Reconnaissance de l'Etat de Palestine : un geste historique… ou trop tardif... 882

La décision, cette semaine, de plusieurs puissances occidentales de reconnaître l’État palestinien aurait pu être saluée comme un moment fondateur de l’histoire contemporaine. Coordonnée, annoncée presque à l’unisson, elle semble vouloir marquer un jalon décisif dans un conflit qui déchire le Moyen-Orient depuis plus de sept décennies. Pourtant, entre portée symbolique et impuissance concrète, ce geste soulève un dilemme : s’agit-il d’un acte qui marque l’Histoire, ou d’une occasion manquée par son caractère tardif ? Une reconnaissance longtemps attendue et surtout différée pour moult motifs plus ou moins compréhensibles. Depuis la proclamation de l’État de Palestine par l’OLP en 1988 sur instance des pays arabes les plus avertis avec en tête le Maroc, marquant le passage d'une lutte armée au bord du terrorisme à une entité fiable, un interlocuteur et partenaire politique, plus de 140 pays, essentiellement du Sud global, ont franchi le pas de la reconnaissance. Ce sont les puissances occidentales, et en particulier européennes, qui ont tardé à s’aligner. Or, leur poids politique, diplomatique et financier aurait pu, dans les années 1990 ou 2000, peser sur les négociations alors menées tambour battant et donner corps à la solution à deux États, portée par les Accords d’Oslo. En choisissant d’agir aujourd’hui, dans un contexte où la perspective d’un État palestinien viable paraît plus lointaine que jamais, beaucoup de données ayant bougé sur le terrain, les puissances occidentales semblent reconnaître davantage la cause légitime d'un peuple qu’elles ne la rendent effective. Les accords d'Oslo ont été contournés et ne valent aujourd'hui plus rien. Alors reste le Le poids du symbole de la reconnaissance. Il serait toutefois réducteur de minimiser la portée de ce geste. Dans l’arène diplomatique, la reconnaissance officielle pourrait être une arme symbolique majeure : elle confèrerait une légitimité supplémentaire à la Palestine, renforcerait ses positions dans les instances internationales et créerait un précédent politique. Pour Israël, c’est un message clair : la patience de ses alliés traditionnels s’est peut être érodée face à l’impasse du statu quo et à la poursuite des implantations des colonies notamment. Mais hélas force est de constater qu'il s'agit aussi d'une action qui révèle l’impuissance occidentale. Au-delà du symbole, la réalité demeure crue : la reconnaissance ne change rien à la situation sur le terrain. Gaza reste assiégée, la Cisjordanie morcelée, et Jérusalem-Est sous tension permanente. Sans mécanismes coercitifs, sans pressions économiques ou diplomatiques, ces annonces risquent de demeurer un signal moral plus qu’un instrument de transformation. En d’autres termes, l’Occident écrit une déclaration dans l’Histoire, mais sans véritable prise sur son cours alors que ce sont les décisions de ce même occident qui sont à l'origine de la situation plus que dramatique dans la région. Alors de quoi parleront nous après que le temps aura fait ses effets. L'occident aurait il Marquer ou manquer l’Histoire ? La reconnaissance de l’État palestinien par ces puissances occidentales restera tout de même une étape diplomatique importante, mais également révélatrice d’un paradoxe : elle arrive au moment où la solution qu’elle devait consacrer semble plus éloignée que jamais. Marquer l’Histoire, c’est agir quand l’action peut changer le destin des peuples. La manquer, c’est se contenter de constater, trop tard, ce que l’Histoire a déjà décidé. L’ambiguïté est là il s'agit d'un geste lourd de symboles mais faible en effets concrets, et surtout, un rendez-vous probablement trop tardif pour avoir la portée historique qu’il aurait eue deux ou trois décennies plus tôt. Reste alors de s'adresser aux palestiniens eux mêmes: Les 36 milles factions guerrières acquises à des causes et des idéologies peu recommandables devraient cesser leur jeu néfaste et tous et toutes devraient s'aligner autour d'une ligne intelligente et réalisable. Les palestiniens devraient saisir l'occasion avec pragmatisme et surtout indépendance dans leur façon de comprendre, de voir et d'agir. C'est peut être là la condition pour que ces reconnaissances puissent peser sur le cours de l'histoire.

Le nihilisme médiatique et intellectuel : un poison pour le débat public au Maroc... 958

Depuis quelque temps, un phénomène inquiétant s’impose dans l’espace public marocain : la montée d’un discours nihiliste, parfois fataliste et par certains aspects anarchiste, relayé par des influenceurs, un certain public du football, des journalistes, certains universitaires et même par des responsables politiques. Ce discours, marqué par un rejet radical de toute perspective ou des multiples signes tangibles de progrès, traduit une dérive intellectuelle et civique préoccupante. Au lieu de stimuler la réflexion collective et l’engagement citoyen, il nourrit la défiance, la résignation et le désenchantement vis-à-vis de l’avenir du pays, de ses institutions et peut-être même de son mode de fonctionnement. L’impression qui se dégage est celle d’un piège pessimiste sans issue. Ce nihilisme s’exprime à travers une rhétorique saturée de désespoir et de défaitisme. Les thèmes de la santé et de l’éducation sont utilisés à outrance, comme s’ils étaient complètement à l’arrêt. Pourtant, des dizaines de milliers de Marocains sont soignés avec succès quotidiennement dans les hôpitaux publics, et tous les enfants vont à l’école, beaucoup réussissant de manière spectaculaire, suscitant l’admiration à l’international. Le discours réduit le Maroc à un échec chronique, prisonnier de ses blocages politiques, économiques et sociaux, condamné à ne jamais progresser. Or, un tel regard, à la fois radical et caricatural, occulte les avancées réelles qu’a connues le pays au cours des dernières décennies : infrastructures modernes, stabilité dans une région troublée, amélioration progressive, voire impressionnant, de tous les indicateurs sociaux. Certes, ces progrès restent insuffisants et parfois inégalement répartis, mais les nier purement et simplement revient à fermer les yeux sur la complexité du réel qu’est le développement, et qu'aucun modèle, qu’il soit économique, sociétal ou politique, n'arrive à résoudre à la perfection. Les propos de certains, qui font malheureusement audience, engendrent un climat délétère pour la société. S’y mêlent idéologie, négativisme malsain et souvent la religion présentée comme solution politique à tous les problèmes alors que l'expérience à l'international est là pour démonter le contraire. La diffusion de tels discours n’est pas sans conséquences. Elle alimente un climat d’impuissance collective et fragilise la confiance dans les institutions. En instillant l’idée que tout effort de réforme est voué à l’échec, elle encourage une forme de résignation sociale, sert de terreau à une colère latente, indéfinie et incommensurable. Ce contexte est particulièrement propice aux dérives démagogiques, à la surenchère médiatique et au rejet systématique de toute initiative politique. En somme, au lieu d’éveiller les consciences, ce nihilisme plonge les esprits dans une paralysie idéologique. La menace pèse d’autant plus sur la jeunesse, déjà confrontée à d’immenses défis : chômage, accès limité aux opportunités, quête de reconnaissance sociale. Elle se retrouve particulièrement exposée à ces discours déroutants. Privée de repères positifs, elle est tentée de céder au fatalisme, de perdre confiance en l’avenir et de renoncer à toute forme d’engagement citoyen. Or, une société qui désespère de sa jeunesse se condamne à l’immobilisme et au déclin. Les médias officiels, minés par leur engourdissement, leur déconnexion de la réalité ou la peur injustifiée de prendre des risques, tant de la part de leurs dirigeants que des journalistes, n’arrangent rien pour imposer, ou au moins proposer, un discours alternatif de lucidité et d’espoir. Il ne s’agit pas de nier les difficultés réelles auxquelles le Maroc fait face : corruption, inégalités sociales, incompatibilité du système éducatif avec la modernité, universités peu productive en savoir et innovation, système de santé dont sont exclues certaines régions, manque de gouvernance efficace dans plusieurs secteurs, poids excessif de l’administration, entre autres. Mais ces défis ne sauraient justifier une lecture exclusivement noire de la réalité. La responsabilité des intellectuels, des journalistes et figures médiatiques est de proposer une vision critique, certes, mais constructive. L’urgence est de réhabiliter un discours de lucidité équilibrée, qui reconnaisse les blocages tout en valorisant les marges de progrès. Un discours qui dénonce les échecs sans annihiler l’espoir. Un discours qui souligne les insuffisances mais propose aussi des solutions. Un discours qui responsabilise le citoyen, qui critique ses initiatives et comportements, qui met en lumière ses droits mais avant tout ses devoirs et obligations. Le nihilisme ambiant, qui s’installe dans certains segments du débat public marocain, est un poison lent mais dangereux. Il mine la confiance, creuse la fracture sociale et détourne la jeunesse de l’action constructive et de ses responsabilités. Le Maroc a besoin de voix critiques mais responsables, capables de nourrir un projet collectif fondé sur la confiance, l’innovation et la volonté de bâtir. À défaut, la société risque de s’enfermer dans un cercle vicieux où le cynisme étouffe l’imagination et où l’immobilisme finit par devenir une fatalité. Il y a longtemps déjà, certains, très convaincus, annonçaient la faillite du pays; ils parlaient d'une "crise cardiaque" imminente. Il n'en fut rien. Au contraire, le pays a avancé, n’a cessé de progresser, de se moderniser et de se développer. Le Maroc s’inscrit chaque jour un peu plus dans l’émergence économique et le développement social, il ne faut pas le nier.

« Paix et retour dans la dignité » : un collectif sahraoui appelle au retour volontaire vers le Maroc... 1017

Fondé en juin 2025 à Nouadhibou par des Sahraouis établis en Mauritanie, en Europe et dans les camps de Tindouf en Algérie, un collectif baptisé *« Paix et retour dans la dignité »* vise à promouvoir le retour volontaire des "réfugiés" vers le Maroc. Sous la présidence d'un dénommé **Badi Abdelaziz**, se disant ancien cadre militaire séparatiste devenu opposant au Front Polisario, ce groupe a lancé en septembre 2025 un appel aux autorités marocaines afin de faciliter le rapatriement des Sahraouis, dans des conditions sûres et dignes. Cette initiative, relayée par la presse marocaine, reste discrète dans les médias du pays voisin et de son proxy pour des raisons évidentes. Le collectif dénonce les « conditions difficiles » et « inhumaines » que subissent les populations dans les camps de Tindouf, pointant une gestion oppressante du Front Polisario et appelant à des garanties de sécurité et de dignité pour ceux qui souhaitent rentrer. Cette démarche met en lumière à la fois des préoccupations humanitaires véhiculées par plusieurs ONG d'ailleurs et des voix sahraouies internes qui cherchent à s’affranchir des structures dominantes (Front Polisario et autorités militaires algériennes). L’enjeu est donc tant humanitaire que politique. Selon **Badi Abdelaziz**, l’initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilale, qui a rappelé voilà quelque temps que le retour des réfugiés nécessite un recensement officiel, point crucial exigé depuis des années par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et qui n’a jamais été fait, empêché par la junte militaire d’Alger. Le recensement est perçu comme une condition préalable pour identifier les prétendants au retour. Les séquestrés de Tindouf ne sont pas tous originaires de la région comme chacun le sait. Le collectif cherche donc à garantir un retour transparent et respectueux des droits, tout en remettant en question la tutelle politique du Polisario sur les camps. Il faut dire que la population est lasse des conditions difficiles et se rend chaque jour un peu plus compte des mensonges propagandistes. Elle prend de plus en plus conscience de son exploitation par les séparatistes du Polisario pour des contingences très loin du discours officiel. Les agences onusiennes, dans leur **Sahrawi Refugees Response Plan 2024-2025**, estiment à près de **104 millions USD** les besoins en financement pour l’aide aux séquestrés, soulignant une dépendance totale à l’assistance internationale. Ces chiffres illustrent la gravité de la situation, qui alimente les débats diplomatiques et humanitaires autour du Sahara dit occidental, surtout que bien des rapports insistent, preuves à l'appui, sur le détournement systématique de l'aide disponible. L'appel de ce groupe est aussi à mettre dans la perspective de l'évolution géopolitique d'un dossier aux multiples ramifications régionales et internationales. La communauté internationale et les grandes puissances, en premier, sont fatiguées de la situation que l'Algérie a fomentée et entretient à des coûts exorbitants au dépens du développement de son pays, du bien-être de sa propre population et de la sécurité dans la région. **Le rôle de la Mauritanie et de l’Algérie** devient fondamental dans ce contexte. La Mauritanie, quoique plus neutre, a abrité et toléré tout de même la naissance de ce collectif à Nouadhibou, signe d’un possible repositionnement ou d’une volonté d’ouvrir un dialogue plus pragmatique. En revanche, l’Algérie, dans son obstination chronique, demeure le soutien politique et militaire majeur du Front Polisario. L'évidence aujourd'hui est que la junte militaire en Algérie, utilise ce conflit dans l'espoir de renforcer son influence régionale, de contrebalancer le poids du Maroc et surtout d'exporter ses échecs et les énormes insuffisances dont souffre le pays et sa population, malgré une richesse inouïe. **La rivalité Maroc-Algérie**, entretenue par la seule Algérie, est exacerbée par ce dossier, entravant les avancées régionales comme la réunification du Maghreb et l'intégration économique de toute la région. Le conflit freine la coopération économique, sécuritaire et migratoire, alors que la région fait face à des défis communs comme le terrorisme, la migration irrégulière ou le changement climatique. **Les acteurs internationaux** jouent également un rôle pivot et semblent vouloir aller vite dans ce dossier. Les États-Unis, La France, l'Espagne, la Grande Bretagne et d'autres pays de l’Union européenne, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine, se sont franchement engagés dans la logique de régler le conflit au plus vite en reconnaissant la marocanité des territoires en question, sur la base de données et d'arguments objectifs. La visite toute récente du Ministre Bourita à Pékin semble aller aussi dans ce sens. Officiellement tout au moins, c’est le statu quo en attendant la prochaine réunion du Conseil de Sécurité consacrée à ce dossier. Le Maroc a réussi à étoffer son réseau de soutien grâce à sa proposition d’autonomie, argumentant qu’elle constitue la solution réaliste respectant l’intégrité territoriale et l’unité nationale. Ce ci séduit les partenaires face à la chimère d’indépendance promue par le proxy d'Alger. **La dimension sécuritaire** pèse aussi lourdement. Le Sahara est un corridor stratégique pour le trafic de drogue et d’armes, ce qui alerte les puissances occidentales. La stabilité de la zone est donc cruciale non seulement pour les populations locales mais aussi pour la sécurité régionale et internationale. Le collectif «Paix et retour dans la dignité» offre ainsi une nouvelle vision interne, où une partie importante des Sahraouis refuse la prolongation du conflit au prix de sa souffrance persistante. Son soutien à l’autonomie au sein du Royaume et l’appel clair au retour volontaire sont autant de signaux à prendre en compte dans le calcul diplomatique régional. Cependant, il est difficile d’évaluer la représentativité précise de ce collectif face à d’autres factions dont l’influence et l’indépendance sont souvent difficiles à vérifier. En outre, le contexte régional, marqué par des tensions diplomatiques comme celle entre le Mali et Alger, les intérêts contradictoires et les enjeux sécuritaires majeurs, compliquent à ce jour une avancée rapide. En attendant, les séquestrés de Tindouf continuent de vivre dans des conditions précaires, d'où l'urgence d’une intervention humanitaire renforcée. Seul le cadre politique proposé par le Royaume du Maroc garantit des droits et respecte la dignité des populations concernées. L’équilibre entre règlement politique, ambitions stratégiques et urgence humanitaire reste la clé pour débloquer ce dossier épineux, dont la résolution conditionnera grandement la stabilité future de toute l'Afrique du Nord. C'est dans ce contexte que devraient s'inscrire les débats lors du prochain Conseil de Sécurité consacré à ce conflit artificiel qui n'a que trop duré.

Athlétisme mondial de Tokyo: domination américaine et déclin du Maroc 977

Les championnats du monde d’athlétisme de Tokyo 2025 ont rassemblé une participation record, avec des médailles attribuées à des athlètes issus de 53 pays différents, une progression notable par rapport aux éditions précédentes. Cela témoigne de la croissance constante de l’athlétisme au niveau mondial, qui reste ainsi le sport le plus universel. Tokyo a confirmé la domination historique des États-Unis, qui ont remporté 26 médailles (16 or, 5 argent, 5 bronze), suivis par le Kenya (7 or, 2 argent, 2 bronze) et le Canada. Le Botswana, pour le compte de l’Afrique, s’est classé 5e (2 or et 1 bronze), une place que le Maroc avait occupée à Séville en 1999 (2 or, 2 argent, 1 bronze). Les États-Unis ont donc conservé leur suprématie, notamment grâce à un collectif de sprinteurs et relayeurs particulièrement performant, avec des athlètes comme Jefferson-Wooden et Noah Lyles, ce dernier obtenant sa 10e médaille aux championnats du monde, un exploit symbolisant la longévité et la régularité au plus haut niveau. Le Kenya, fort de ses coureurs de fond et de demi-fond, s’est maintenu parmi les meilleures nations, confirmant la tradition africaine d’excellence dans ces disciplines. Le Canada, les Pays-Bas, le Botswana, la Nouvelle-Zélande et l’Espagne complètent le tableau des nations les plus médaillées, illustrant une montée en puissance diversifiée dans l’athlétisme mondial. L’Afrique a encore une fois démontré une présence significative, notamment grâce aux performances sur le demi-fond et le 3000 m steeple, épreuves phares de la région. Parmi les détenteurs de titres figurent la Kényane Beatrice Chebet: vainqueur des 5 000 m et 10 000 m, ainsi que Faith Kipyegon: victorieuse du 1500 m et médaillée d’argent au 5000 m. La victoire du Botswana au 400 m et au relais 4x400 m masculin illustre la montée en puissance du continent africain sur des épreuves dont il s'accapare petit à petit. La victoire de la Tanzanie au marathon masculin a également été l’un des moments forts de ces championnats. Très attendu sur 3000 m steeple, El Bakkali s’est distingué même s’il n’a pas conservé son titre. Assurer une telle longévité sur une épreuve aussi complexe et éprouvante n'est pas chose aisée. La compétition a aussi mis en lumière le renforcement des relais mixtes africains, avec l’équipe d’Afrique du Sud qui a réalisé le seul record continental africain, ce fut sur le 4x400 m mixte. Ce ci souligne un développement tactique et collectif intéressant sur le continent. Les performances africaines soulignent également la nécessité d’investissements ciblés dans les disciplines où le continent est traditionnellement puissant, avec un intérêt croissant pour les épreuves mixtes et collectives, gages d’une approche plus stratégique et inclusive de l’athlétisme. Ainsi, bien que la participation africaine soit solide, tant quantitativement que qualitativement, les résultats appellent à une réflexion stratégique pour les prochaines échéances afin d’accroître la compétitivité et la pérennité des succès dans un contexte mondial en constante évolution surtout tenant compte de la défaite des athlètes masculins sur 5 et 10 milles mètres. Au classement par pays, deux grandes déceptions africaines sont à signaler hélas: la chute de l’Éthiopie, qui passe de la 6e place en 2023 à la 22e, et, bien évidemment, celle du Maroc, qui descend de la 13e à la 35e place. Cette édition a donc confirmé le recul du Maroc qui, depuis plus de 20 ans, peine à renouer avec le succès hormis bien évidemment les réalisations du vaillant Soufiane. Les résultats ne peuvent même pas être considérés comme encourageants : sur les 18 athlètes engagés, seule une fille et un garçon ont pu terminer le marathon. les autres ont été contraints à l'abandon. Une seule fille, Raziki sur 800m avec un record personnel, est passée au second tour, et seulement deux garçons ont atteint la finale : El Bakkali bien sur et le jeune Salaheddine Ben Yazide, classé 5e sur 3000m sc aussi. Le Maroc, naguère acteur important, fait aujourd’hui face au défi du renouvellement pour rester compétitif face à une concurrence mondiale de plus en plus dense. La médiocrité des résultats interpelle donc à plus d’un titre et devrait inciter les responsables à tirer les conséquences de cette dégringolade, que l’opinion publique marocaine peine à digérer, comme en témoignent les nombreuses publications et échanges sur les réseaux sociaux. Le pays ne manque ni de savoir faire, ni de moyens, ni d'infrastructures, ni de cadres compétents et encore moins de volonté politique.

Participation politique au Maroc, crise de représentativité et émergence de nouvelles formes de contestations 944

Alors que le Maroc se prépare à une échéance électorale majeure en 2026, annoncée par Sa Majesté le Roi, qui la souhaite exemplaire, le paysage politique apparaît profondément bouleversé, voire déconnecté de la réalité. Un récent rapport du Centre Marocain de Conjoncture révèle que 91,5% des Marocains ne se reconnaissent pas dans les partis politiques et 94,8% ne leur font pas confiance. Ils jugent leurs performances faibles, un indicateur saisissant d’une crise de confiance et de représentativité sans précédent. S’agissant du Parlement, 89,5% des citoyens l’évaluent négativement. Ce taux d’insatisfaction est proche de celui enregistré pour le gouvernement: 87,3% en critiquent fortement le rendement, tandis que seulement 1,1% expriment une opinion positive à son égard. Plus inquiétant encore, c’est la compensation financière qui arrive en tête comme motivation pour voter pour tel ou tel, alors que l’appartenance à un courant politique ne représente que 13,7%. Constat préoccupant. Le taux de participation aux précédentes élections avait déjà constitué un indice révélateur d’un véritable décrochage politique. La situation actuelle n’est en fait qu’une expression prolongée de la défiance envers le système politique. Cette défiance, qui n’est pas nouvelle, s’est probablement considérablement accentuée. Le rejet dépasse désormais le simple désintérêt pour le vote. Il s’agit d’un "rejet global" du système partisan, perçu comme incapable de répondre aux attentes et aux besoins réels des citoyens. Ayant expérimenté diverses tendances politiques sans résultats probants, ceux-ci ont de plus en plus confiance uniquement en Sa Majesté le Roi et l'expriment haut et fort. La rupture est alimentée par des problèmes structurels : un taux de chômage des jeunes atteignant 36.7% en 2024 selon certaines sources, une précarité sociale croissante, et un sentiment d’abandon dans les zones rurales et enclavées. Ce qui est nouveau aujourd’hui, ce sont ces voix de plus en plus nombreuses qui s’élèvent hors des urnes et du calendrier politique tel que prévu par la Constitution. Le désintérêt pour les partis ne signifie pas un désengagement total. Bien au contraire, de nouvelles formes de participation politique émergent localement. À Aït Bouguemaz, dans le Haut-Atlas, comme dans de nombreux douars et hameaux, les habitants n’hésitent plus à réclamer des infrastructures essentielles et investissent la route pour se faire entendre. Partout, souvent poussée par la jeunesse, la population se mobilise pour dénoncer l’exclusion et le manque de perspectives économiques. Certains exigent le raccordement à l’eau potable, d’autres expriment un malaise diffus, une forme de ras-le-bol sans toujours lui donner une consistance claire. Le milieu urbain n’est pas en reste. À Agadir, des rassemblements ont alerté sur la crise du système de santé et les défaillances d’un hôpital qui fut naguère un fleuron de la santé publique. On rapporte même l’interdiction de manifestations devant certains autres hôpitaux dans d’autres régions. Lorsque ces actions, échappant aux cadres électoraux traditionnels, traduisent une volonté spontanée d’engagement citoyen, elles sont fort salutaires et légitimes. Mais lorsque les revendications sont teintées d’un langage idéologique, d’expressions nihilistes, voire manipulées par un populisme alimenté par quelques hommes politiques ou par des individus improvisés donneurs de leçons munis d’un téléphone ou d’un micro, la situation devient plus préoccupante. Il faut aussi souligner que les nominations hors-sol, la déconnexion d’un grand nombre de responsables avec la réalité, et l’inefficacité de programmations souvent coûteuses, n’aident guère. Face à cela, la population s’exprime à sa manière: en public, sur les réseaux sociaux, lors des rencontres de football ou de manifestations culturelles. Certains remettent même en question les choix stratégiques de l’État, dénoncent les projets de coupe du monde ou de TGV, et établissent des parallèles critiques entre leur région et les zones plus favorisées du pays. Ces revendications sont généralement perçues comme légitimes et recueillent un fort écho populaire. Le sentiment général est que l’équilibre que le Maroc a toujours cherché entre liberté et égalité ne satisfait plus. Les revendications traduisent un mal-être, un désaveu des politiques publiques, tant chez les entrepreneurs créateurs de richesse que chez ceux qui réclament davantage d’égalité, souvent dans l’idée implicite de prendre davantage à ceux qui ont pour redistribuer. Ceux qui contribuent, à juste titre d’ailleurs, estiment déjà donner beaucoup. Quant aux fonctionnaires, dont le salaire est assuré chaque fin de mois, ils sont eux aussi mécontents, leur pouvoir d’achat se dégradant année après année. Le discours politique officiel et les informations destinées à rassurer ne suffisent plus. Les citoyens demandent du concret, chez eux, dans leurs régions, dans leurs douars. Le maître mot est «tahmiche»: ce sentiment d’exclusion ressenti souvent à juste titre, bien que dans certains cas les citoyens en soient aussi responsables, que ce soit par leur vote envers des incompétents ou leur manque d’initiative. Les politiques d’assistanat jouent également ici un rôle non négligeable. Le plus préoccupant est que la jeunesse semble osciller entre désillusion devant la frustration et innovation dans ses modes d’expression. Elle projette une image d’elle-même revendiquant des droits, sans toujours envisager ses devoirs. Le rejet du système traditionnel ne signifie pas un abandon total de la sphère politique. Cette nouvelle génération, connectée et consciente des enjeux nationaux et mondiaux, privilégie des formes d’action plus directes et créatives. Cependant, cette marginalisation des institutions traditionnelles est un signal d’alerte: si aucune réforme concrète n’est engagée, le fossé entre gouvernés et gouvernants risque de se creuser davantage. Les élections de 2026 deviennent ainsi un rendez-vous crucial. Elles constituent un test majeur pour le Maroc. Face à la montée de l’abstention et de la contestation hors institutionnelle, elles pourraient soit confirmer la crise de confiance, soit amorcer un regain de participation. Pour cela, les partis et institutions doivent dépasser les discours et instaurer de véritables espaces de dialogue. Ils doivent aussi répondre aux revendications locales par des mesures concrètes, montrant que la politique peut changer le quotidien. Sans une réponse forte et crédible, ces élections risquent de n’être qu’une formalité dénuée de sens, accentuant encore le désenchantement populaire. Le Maroc se trouve à un tournant délicat où la société se réinvente politiquement en marge des partis traditionnels. L’enjeu des prochaines élections est donc bien plus qu’un simple scrutin: c’est celui de la reconquête d’une confiance et d’une représentation authentique, pour enfin engager le pays sur la voie de la confiance, de la stabilité pérenne et de la cohésion.

Athlétisme et sport au Maroc : entre déceptions et besoin de renouveau, La loi 30.09 : un cadre dépassé pour un sport en crise ... 995

Les championnats du monde d'athlétisme, qui se déroulent depuis quelques jours à Tokyo, constituent comme prévu une occasion pour l’opinion publique et la presse de souligner la faiblesse chronique et décevante d’une discipline qui, naguère, incarnait un élément de fierté nationale. Si ce n’était que le cas de l’athlétisme, on pourrait imputer ce constat uniquement à une mauvaise gestion. Mais le fait est là : y a-t-il une seule discipline sportive où les résultats soient à la hauteur des investissements et des budgets consentis ? Il n’y en a quasiment pas, à l’exception du football. Souvenons-nous des résultats et du niveau décevant de certains sportifs marocains aux Jeux olympiques de Paris, il n’y a pas si longtemps. Attention, ce constat ne cherche pas à trouver une excuse pour la médiocrité de nos résultats en athlétisme, ni à défendre les dirigeants dont la présence pèse depuis trop longtemps. Ces résultats révoltants tombent à point nommé avec la rentrée politique. Il ne serait pas inutile, dans ce contexte, de reparler du sport en général, et pourquoi pas de soulever la vraie question, celle sur laquelle peu s’attardent, celle qui détermine le cadre général de l’évolution du secteur. L’année dernière, une commission parlementaire a été créée pour examiner la question du sport, suite aux résultats de Paris. J’ai eu le privilège d’y participer et d’entendre aussi bien des députés que des acteurs du secteur, certains plus ou moins avertis. J'avais alors insisté sur la faiblesse et les incohérences du cadre juridique et réglementaire de notre sport. Mais, comme souvent avec ces commissions, rien de concret n’a suivi. Or, le sport n’est pas un simple divertissement ou une activité marginale sans impact. C’est un outil d’éducation, de cohésion sociale, de santé publique, et de rayonnement international, sans oublier ses retombées économiques certaines. Il mérite un cadre juridique à la hauteur de ces enjeux, un cadre incitatif et encourageant. Alors que bon nombre de spécialistes s’attardent sur des aspects de gestion et de gouvernance pour expliquer la dérive, rares sont ceux qui remontent plus loin, c’est-à-dire à la loi qui encadre l’activité. Promulguée en 2009, la loi 30.09 sur l’éducation physique et le sport devait incarner cette ambition pour un avenir meilleur. Il n’en fut rien. Présentée comme un tournant, elle s’est vite révélée un carcan, inadapté aux mutations démographiques rapides, aux besoins d’une jeunesse avide de reconnaissance, à ceux d’une société en métamorphose certaine, à l’évolution du sport mondial et à sa professionnalisation, aux nouvelles formes de gouvernance, à l’explosion des droits télévisés, et à la montée en puissance de l’économie sportive. À la nomination de Rachid Talbi Alami, il avait été question dès les premiers jours de réviser cette loi. Mais vite, il a été happé par la préparation et la gestion des Jeux Africains. Il n’en fut rien. À ce jour, la loi reste figée dans le temps, et le silence est total. Certains pseudo-spécialistes, éloignés des réalités du terrain sportif ou ne connaissant le sport que par le spectacle, diffusent que le problème n’est pas dans la loi, mais dans son application. Que dire de mieux, si ce n’est qu’ils sont déconnectés des réalités. Deux moments auraient dû entraîner la révision de cette fameuse loi : d’abord la lettre royale de 2008 adressée aux Assises nationales du sport. Il faut préciser que, bien que promulguée en 2009, le projet de loi lui, est antérieure aux assises qui appelaient à une refondation du sport national. Ensuite, l'occasion a été ratée à la promulgation de la Constitution de 2011 qui fait du sport un droit fondamental et une responsabilité de l’État. Aucune réforme n’a suivi. En conséquence, nous sommes en présence d’un texte dépassé, peu inspiré, peu incitatif, mal articulé avec les normes internationales; un texte qui n’a pas su définir clairement les concepts ni répartir distinctement les responsabilités entre ministères, fédérations, ligues, associations, comité olympique et paralympique. Cette immobilité arrange certains acteurs qui profitent du cadre flou, tout en laissant les autres dans l’ignorance de ses conséquences. Le texte n’encourage ni l'investissement, ni la transparence, ni la gouvernance démocratique, ni n'assure une gestion saine ou encore la protection des sportifs, notamment en matière de couverture sociale, de prévention des violences, ou encore de safeguarding. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et le résultat est accablant : à peine 350 000 licenciés toutes disciplines confondues, dans un pays de 36 millions d’habitants dont plus de la moitié a moins de 30 ans. Le potentiel est immense, mais malheureusement sous-exploité. Les performances internationales, malgré quelques réussites, restent fragiles au regard des moyens investis. Le sport marocain souffre d’un manque de structuration, freinant l’accès des jeunes et bloquant toute politique ambitieuse. C’est en fait une vision trop étroite du sport. Limiter le sport aux résultats du football professionnel ou à quelques médailles olympiques est une erreur stratégique. Le sport est aussi un enjeu de santé publique, de citoyenneté et de prévention sociale. En laissant les infrastructures se dégrader ou sous-utilisées, et en bloquant toute évolution législative, le Maroc prend le risque d’aggraver des fractures sociales et territoriales déjà profondes. Le courage politique est la seule voie si l’on souhaite sortir de cette ornière. Le Maroc ne peut plus se contenter d’une loi d’un autre âge, conçue sans inspiration ni compétences spécialisées. La réforme doit être profonde et porter sur plusieurs axes, avec une loi-cadre complète, aussi précise que possible et qui : - définit clairement les concepts de sport, de sportif, et d’activité physique, - clarifie les rôles des différents acteurs publics et privés, - renforce la gouvernance démocratique des fédérations, ligues, et clubs sportifs, - garantit une protection sociale et médicale véritable pour les sportifs, - élargit l’accès au sport, notamment pour la jeunesse et les zones rurales, - rétablit la formation des cadres de l’éducation physique avec des normes et cursus de qualité, - redonne à l’éducation physique sa véritable importance dans le milieu scolaire, y compris au primaire, - intègre les nouvelles pratiques sportives et les exigences environnementales. Seule une démarche audacieuse, inclusive et transparente permettra de libérer le potentiel sportif du Maroc et de respecter la promesse constitutionnelle : faire du sport un droit universel et un véritable levier de développement. C’est la condition sine qua non pour que, lors des prochains rendez-vous mondiaux, on ne vive plus de déconvenues, et que des millions de Marocains puissent pratiquer convenablement le sport. Quant aux résultats de l'athlétisme, pouvait-on espérer mieux ?

Sahara dit occidental : la déclaration de De Mistura, un tournant diplomatique ou une fuite en avant ? 1066

L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara dit occidental, Staffan de Mistura, a commis, dans la langue qu’il maîtrise le mieux pour exprimer ses émotions, l’italien, une déclaration d’une rare franchise. Un ton peu habituel chez les diplomates. Le langage était direct et sans ambiguïté possible. Il a dit en substance que le conflit du Sahara dit occidental n’est pas une question de « décolonisation », mais bel et bien un affrontement indirect entre le Maroc et l’Algérie. Il a ainsi brisé un tabou diplomatique et déconstruit une version entretenue pendant cinquante ans à coups de milliards de dollars par un régime militaire d’un autre temps, qui y projette ses frustrations et ses insuffisances. Pour la première fois, un émissaire onusien ose dire publiquement ce que chercheurs, diplomates et observateurs répètent en coulisses depuis près d’un demi-siècle. Depuis la Marche Verte de 1975, la question du Sahara oppose deux récits irréconciliables. **Le Maroc** considère, à juste titre, ce territoire comme partie intégrante de son intégrité territoriale. L'histoire et la géographie sont là pour le prouver. C’est désormais la position de Washington, Paris, Madrid ou encore Londres, sans parler de la quasi-totalité des pays arabes et de près de 110 autres États membres de l’ONU. Le Maroc, de bonne foi durant des décennies, n’a ménagé aucun effort pour trouver un terrain d’entente avec son voisin de l’Est. Lassé de l’animosité chronique et toxique d’Alger, il ira jusqu’à proposer en 2007 un plan d’autonomie pour la région, dans le cadre de sa souveraineté. Depuis, la quasi-totalité de la communauté internationale juge cette proposition comme la seule applicable. En réalité, c’est la seule sur la table : jamais la partie adverse n’a formulé une solution crédible, sinon la partition du Maroc. **L’Algérie**, de son côté, soutient militairement, diplomatiquement et financièrement son proxy, le Front Polisario, tout en niant son rôle direct dans le conflit. Elle continue de plaider pour un référendum d’autodétermination devenu irréaliste à mesure que les équilibres démographiques, politiques et sécuritaires ont évolué. Faut-il le rappeler, c’est cette même Algérie qui, en manipulant son proxy, avait tout fait pour faire capoter le référendum que Hassan II avait lui-même proposé. Jusqu’ici, l’ONU avait choisi de se réfugier derrière une neutralité de façade, parlant d’un « processus politique » à mener sous son égide. Mais chacun savait que, derrière les formules feutrées, il s’agissait d’un bras de fer stratégique entre Rabat et Alger. Dans ce contexte, comment comprendre les propos de De Mistura, sinon comme une sortie calculée à la veille de la réunion cruciale du Conseil de sécurité ? Cette fois-ci, elle survient après que plusieurs puissances, notamment les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont soutenu ouvertement l’initiative marocaine d’autonomie. Deux lectures sont possibles : * S'agit il d'une **pression sur Alger** : en rappelant publiquement son rôle central ?De Mistura pousse ainsi l’Algérie à assumer ses responsabilités et à sortir de la posture commode du « simple observateur » qu’elle clame à qui veut bien l’entendre; * S'agit il d'un **constat d’impuissance** : le diplomate italien reconnaissant implicitement que l’ONU a échoué à imposer une solution et que l’issue dépend désormais d’un rapport de force politique au sein du Conseil de sécurité. Dans les deux cas de figure, l’Algérie est donc plus que jamais devant ses contradictions. Depuis cinquante ans, Alger a contribué à figer ce conflit, au prix de coûts considérables : * un **blocage durable de la construction maghrébine**, qui prive l’Afrique du Nord d’une intégration économique vitale, * une **érosion des opportunités régionales** dans les secteurs de l’énergie, du commerce et de la sécurité collective, * un **fardeau pour la communauté internationale**, avec une mission onusienne (MINURSO) incapable de remplir son mandat, mais dont le financement et le cout se poursuivent indéfiniment. Cette politique a progressivement isolé l’Algérie sur certains fronts diplomatiques, tandis que Rabat engrange des soutiens croissants, notamment après la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le territoire en 2020. Va-t-on enfin vers une clarification historique ? La question centrale est désormais la suivante : le Conseil de sécurité est-il prêt à franchir un cap ? Deux options s’offrent à lui : * **entériner définitivement l’approche marocaine**, en considérant le plan d’autonomie comme la seule base sérieuse de négociation, * ou **maintenir la fiction diplomatique** d’un processus de décolonisation, au risque de prolonger un conflit qui mine la crédibilité de l’ONU et handicape la stabilité régionale. En mettant Alger face à ses responsabilités, De Mistura a changé le ton du débat. Même si son geste peut être lu aussi comme un signe d’agacement ou un dernier avertissement, il a eu le mérite de ramener la réalité politique au centre de la scène. L’avenir du Sahara dit occidental ne dépend plus de rapports techniques ni de formulations ambiguës : il exige une volonté politique claire. Et tôt ou tard, cette volonté devra mettre fin à une anomalie historique qui coûte cher au Maghreb, à l’Afrique et au monde. Elle fragilise de surcroît la crédibilité du système multilatéral. Staffan de Mistura est allé plus loin que ses prédécesseurs. Il aura mérité, à défaut d’autre chose, la médaille de la franchise. Le Conseil de Sécurité n'aura plus la même lecture de la question. Il devra changer de cap; le vent a définitivement tourné.

Relation des marocains à la loi: un grand malentendu... 1008

La relation entre les Marocains et la loi révèle une grande ambiguïté, nourrie par une accumulation de paradoxes et de contradictions historiques, culturelles et politiques. Elle ne s’explique pas seulement par un déficit de communication ou de pédagogie, mais par une perception profondément ancrée où la loi est vue non comme un cadre collectif à respecter par conviction, mais comme une contrainte extérieure, souvent imposée et rarement intériorisée. D’abord, il faut souligner l’ignorance, parfois volontaire, de l’existence même de nombreuses lois. Dans bien des cas, le citoyen marocain ne découvre un texte qu’au moment où celui-ci lui est opposé dans une situation conflictuelle. Ce rapport réactif, et non proactif, à la loi engendre des comportements paradoxaux : l’acceptation résignée lorsqu’elle s’impose avec force, mais aussi le recours aux excuses, aux justifications ou à l’ignorance feinte dès que son application devient contraignante. À ce déficit de connaissance s’ajoute un rapport ambivalent : la loi est respectée, non par adhésion morale, mais par crainte de la sanction. La circulation routière en est l’illustration la plus éloquente : la présence d’un agent entraîne le respect scrupuleux du code, tandis que son absence libère un comportement marqué par l’anarchie. Autrement dit, l’autorité supplée à la conviction citoyenne. Mais le problème ne réside pas seulement dans le comportement individuel. Le cadre légal lui-même souffre d’un manque d’actualisation et d’adaptation. Nombre de lois marocaines sont héritées d’une époque révolue, conçues dans un autre contexte social, et peinent à répondre aux réalités d’aujourd’hui. Le processus législatif, trop long et souvent opaque, accentue le décalage entre les textes et les aspirations citoyennes. Les débats publics sur les projets de loi sont rares, voire inexistants, et la société civile n’y trouve qu’un espace marginal. Cette carence démocratique est aggravée par la passivité chronique des partis politiques et le déclin de l’adhésion syndicale, ce qui prive la scène publique d’un véritable débat contradictoire. La situation est aussi conséquence de la langue utilisée quand débat il y a. Les projets de loi sont écrits, débattus, publiés et appliqués dans une langue qui n'est pas celle du quotidien des marocains. À cela s’ajoute le sentiment de l'inefficacité institutionnelle : un parlement marqué par un déficit de compétence et de sérieux, une élite politique parfois déconnectée, et des collectivités locales incapables de traduire les besoins des citoyens en textes et décisions efficaces. C'est ainsi que certaines lois apparaissent comme déconnectées, voire étrangères, aux réalités sociales. Elles criminalisent parfois des comportements anodins, qui ne nuisent ni à l’individu ni à la collectivité, mais qui traduisent l’imposition d’une morale conservatrice au détriment de la liberté individuelle. La morale religieuse n'est jamais trop loin. D’où la question cruciale : où s’arrête la loi et où commence la morale ? Et surtout, quelle place donner à l’éthique dans la gouvernance d’un pays en pleine mutation, un pays qui aspire au développement et à la modernité et qui fait des efforts colossaux dans ce sens. Face à ces décalages, les citoyens développent des stratégies d’adaptation, parfois de survie. La loi devient modulable, respectée ou non selon la situation, selon l’œil de l’autorité. Le respect n’est plus une conviction, mais un calcul. Mais peut-on exiger le respect d’une loi perçue comme illégitime, inutile ou injuste ? Peut-on maintenir en vigueur des textes que la majorité des citoyens contournent systématiquement, et que même les agents chargés de les appliquer transgressent à titre individuel ? Ce rapport ambigu se construit dès l’enfance, dans la transmission des normes sociales. L’enfant apprend à l’école l’interdiction de l’alcool en respect de la religion et de la loi, mais voit chez lui ou dans son entourage une consommation banalisée. On lui enseigne le respect du code de la route, mais son père brûle les feux rouges hors du regard de la police. Cette éducation contradictoire crée une confusion durable entre les valeurs proclamées et les pratiques vécues, renforçant l’idée que la loi n’est pas une règle universelle mais une contrainte contextuelle. Il y a donc ici un sentiment de peur et non de respect des lois, un sentiment qu'elles sont pour les autres et pas pour soi; une perception que la loi est imposée et n'est pas là pour la protection des droits de chacun et de tous. Les réseaux sociaux et certaines voix publiques, comme vient de le faire la youtubeuse Maysa, contribuent à révéler ces incohérences. Elle a montré dans une vidéo les multiples lois marocaines qui, bien qu’encore en vigueur, ne sont presque jamais appliquées. Ce constat illustre une permissivité implicite qui mine la crédibilité de l’État de droit. Une loi qui existe sans être appliquée devient un simple symbole, voire un instrument de sélectivité arbitraire. Elle doit être à la limité révisée. La loi n’a pas vocation à être un simple outil de contrôle, encore moins une fin en soi. Elle doit permettre l’harmonie sociale, protéger les libertés et réguler la vie collective. Elle doit évoluer avec son temps, refléter les aspirations de la société et éviter d’imposer des schémas de pensée dépassés. Aujourd’hui, les Marocains ont changé, leurs modes de vie ont évolué, mais le cadre légal et la mentalité collective restent figés dans des représentations anciennes. Beaucoup parlent ouvertement d’«hypocrisie sociale», dénonçant ce double langage entre parole et comportement en public, discours officiel et pratiques réelles. Sortir de cette ambiguïté exige une double révision des choses : d’un côté, une réforme juridique audacieuse, qui adapte les lois aux réalités sociales et aux valeurs contemporaines ; de l’autre, un travail de sensibilisation et d’éducation pour réconcilier le citoyen avec le droit. Cette transformation ne peut réussir que si les Marocains acceptent de rompre avec l’ambivalence sociale et le dédoublement de personnalité qui gangrènent les comportements quotidiens. La réflexion sur la relation entre le citoyen marocain et la loi ouvre ainsi un champ plus large : celui de l’éthique, de l’évolution sociale et de la modernisation du cadre légal. Un État de droit ne peut prospérer sans adhésion collective, et une société ne peut se construire sur des règles que tous s’emploient à contourner. Redonner à la loi sa légitimité et sa crédibilité, c’est poser les bases d’un vivre-ensemble plus cohérent, plus juste et plus respecté. A suivre les joutes autour de la moudawana et autres projets de lois, entre le ministre de la justice et certains parlementaires d'une certaine tendance politique qui se pense gardienne du temple, il s'avère difficile d'avancer à la vitesse nécessaire par les temps qui courent...

Le Maroc et la Renaissance du Cannabis : Histoire, Régulation et Enjeux Économiques Actuels 977

Le Maroc a amorcé une phase majeure dans la structuration de son industrie du cannabis, avec l’autorisation de commercialisation de 67 produits dérivés: 26 cosmétiques et 41 compléments alimentaires, répondant aux normes et dûment enregistrés auprès de l’Agence Marocaine du Médicament et des Produits de Santé. L'étape est préalable à leur mise sur le marché national ou leur exportation. L’Agence Nationale de Régulation des Activités liées au Cannabis, par sa vigilance, quant à elle, reflète la volonté du pays de préserver sa crédibilité auprès des investisseurs et partenaires étrangers dans un marché mondial en expansion. Alors que bon nombre de citoyens, pensent que le kif avait été interdit parce que nocif pour la santé, un rappel historique permet de comprendre ce qui s’est réellement passé et pourquoi cette plante miraculeuse s’est retrouvée comme par magie dans le viseur de la lutte antidrogues. Le chanvre a connu multiples usages pendant des millénaires. Fibre textile robuste, il servait à confectionner les voiles et cordages des bateaux. Sans cela, l’humain n’aurait pu naviguer longtemps et loin. Les premiers papiers imprimés et les vêtements dans plus d'une région, étaient aussi à base de chanvre. Sa culture nécessitait peu de travail, peu d’eau, faisant d’elle une concurrente redoutable du coton. L’interdiction du cannabis doit être relue à l’aune de la révolution industrielle et de l’essor du coton à partir du XIXe siècle. Les machines à filer et tisser, conçues pour le coton, firent de celui-ci la fibre dominante, favorisant son essor massif. De plus, les empires coloniaux britannique et américain exploitaient de vastes plantations avec une main-d’œuvre servile, d’abord par l’esclavage puis par des travailleurs faiblement rémunérés. Ces puissants intérêts mirent le chanvre en difficulté. Le virage décisif remonte aux années 30 aux États-Unis, quand les industries du coton, du papier et l’industrie chimique émergente, notamment avec les fibres synthétiques, s’allient pour éliminer le chanvre. Un certain Harry Anslinger, alors chef du Bureau Fédéral Américain des Narcotiques, sans doute de connivence avec les intérêts des grands groupes industriels, mène une campagne combinant à dessein chanvre industriel et cannabis récréatif. En 1937, le Marihuana Tax Act interdit la culture du chanvre. Propagande et intérêts économiques aidant, cette politique s’exporte à travers le monde. Par une Convention unique sur les stupéfiants, en 1961, l’ONU classe le cannabis parmi les drogues à contrôle strict, marginalisant ainsi durablement le chanvre. Le coton devient alors la fibre dominante au profit des réseaux industriels. Au Maroc, le kif, forme traditionnelle de cannabis souvent mélangée au tabac et consommée dans le sebsi, est au cœur d’une histoire riche et complexe, marquée par des dynamiques sociales, politiques et économiques. Depuis des siècles, le kif est cultivé principalement au nord autour de Chefchaouen, Ketama ou Issaguen. Loin d’être seulement une plante illégale, il était historiquement toléré et perçu comme essentiel à la subsistance locale. Utilisé autant pour ses vertus sociales que médicinales, il s’inscrivait dans le quotidien des populations quasiment partout. Dès 1906, est crée une entreprise pour assurer le contrôle sur le kif. Sous le Protectorat, elle prend le nom de Régie du Kif et des Tabacs. Les motifs sont surtout fiscaux à partir de 1917. Les autorités espagnoles au nord appliquèrent des règles plus souples, par pragmatisme politique face aux tribus locales. A l’indépendance, le Maroc hérite d’un dilemme complexe: le kif est profondément enraciné dans la société mais fait face à des pressions internationales grandissantes. Sous Mohammed V puis Hassan II, le pays adopte des mesures progressives. Le monopole d’État est supprimé en 1957-1958, la culture devient illégale, même si dans certaines zones historiques du Rif une tolérance tacite a perduré. Les années 1970 marquent un durcissement sous la pression croissante des États-Unis et de l’Europe. La loi marocaine de 1974 sur les stupéfiants interdit strictement la culture, la consommation et la commercialisation du kif. Pourtant, malgré la répression accrue, la production clandestine explose, portée par une demande européenne vigoureuse. Le Rif s’affirme comme l’un des bassins mondiaux de résine de cannabis. Après des décennies de prohibition et de conflits socio-économiques liés au kif, et sous la pression de scientifiques et de la population au vu de l'évolution à travers le monde, le Maroc amorce un virage en 2021 avec une loi encadrant l’usage légal du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. La consommation récréative reste interdite. L’État s’efforce d’intégrer progressivement les cultivateurs dans une filière légale et contrôlée, réduisant l’informalité et améliorant les conditions économiques des régions concernées. L’histoire du kif au Maroc est une trajectoire jalonnée de tolérance millénaire, de régulations coloniales, d’interdictions décidées sous pression internationale, avant d’ouvrir la voie à une récente reconversion vers un usage intelligent, légal et encadré. Aujourd’hui, quasiment partout, le chanvre retrouve une nouvelle reconnaissance. Moins gourmand en eau, respectueux des sols, produisant graines, huile et matériaux isolants naturels, il s’affirme comme un pilier de la transition écologique. La plante interdite pour protéger des intérêts économiques puissants, cherche désormais à reprendre sa place historique et naturelle. Cette renaissance est particulièrement visible au Maroc. La surface cultivée en chanvre légal a plus que triplé en 2025 avec 4 400 hectares semés, principalement de la variété locale «baladiya», signe tangible d’un essor après des décennies d’informalité. C'est un levier de revitalisation économique pour les régions du Rif, traditionnellement dépendantes d’une économie souterraine. La légalisation adoptée en 2021 vise à canaliser une production historique vers un cadre réglementé, tout en créant une industrie à forte valeur ajoutée. Au-delà de la culture agricole, c’est toute une chaîne de transformation, de conditionnement, de certification et d’exportation qui se met en place, générant des recettes fiscales et améliorant l’attractivité du Maroc pour les investisseurs internationaux. Il ne s’agit plus seulement de cultiver du cannabis, mais de développer une industrie structurée, respectueuse de normes strictes, capable de s’imposer sur un marché mondial dynamique. Cette mutation économique est perçue comme une chance de réconcilier un secteur longtemps illégal avec les mécanismes d’une économie puissante. Les défis restent cependant nombreux, depuis la régulation stricte jusqu’à la lutte contre les détournements illicites, en passant par l’organisation des coopératives et l’adaptation fiscale. Mais le cap est clair: transformer un héritage agricole ancien en moteur de croissance inclusive et d’intégration économique durable.

Stade Moulay Abdallah prouesse architecturale et défi d’un stade moderne face aux réalités sociales 1029

L’inauguration du stade du Complexe sportif Moulay Abdallah de Rabat, entièrement rénové, a marqué un moment fort d’émotion et de fierté nationale. Cadres, ingénieurs, ouvriers, artisans et techniciens ayant contribué à ce vaste chantier ont réservé un accueil chaleureux et empreint de reconnaissance à Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan. Par leurs applaudissements et leurs regards enthousiastes, ils célébraient à la fois l’aboutissement d’un projet d’envergure et leur attachement profond à une monarchie séculaire. Conçu et réalisé exclusivement par des compétences marocaines, le nouveau stade illustre une véritable prouesse en matière de modernisme, de technologie et de rapidité d’exécution, puisque sa reconstruction n’a nécessité que quelques mois. Avec son architecture audacieuse et ses équipements de pointe, l’enceinte a tout pour devenir bien plus qu’un simple lieu de football. La question de la rentabilisation d’infrastructures sportives d’une telle ampleur reste pourtant au cœur du débat. Certains redoutent qu’elles se transforment en « éléphants blancs », rappelant les critiques formulées à l’époque contre l’autoroute Rabat–Casablanca ou, plus récemment, le TGV Tanger–Casablanca. Des projets qui, après avoir été décriés, sont aujourd’hui plébiscités par la majorité de leurs anciens détracteurs. À l’international, de nombreux exemples démontrent qu’un stade peut être un moteur économique et culturel lorsqu’il est pensé comme une plateforme multifonctionnelle. Aux États-Unis, le MetLife Stadium (New Jersey) ou encore le Levi’s Stadium (Californie) accueillent aussi bien des matchs de NFL que des concerts, salons et événements d’entreprise. Le Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta, inauguré en 2017, est devenu une référence mondiale grâce à sa modularité et à son gigantesque écran circulaire. En Europe, le Tottenham Hotspur Stadium de Londres a intégré la NFL à son calendrier, en plus des concerts et manifestations diverses. Le Parc Olympique Lyonnais a été pensé comme un véritable village comprenant hôtels, commerces et espaces polyvalents. À Madrid, le Santiago Bernabéu rénové illustre la transformation d’un stade en hub économique et culturel, accueillant spectacles immersifs, expositions et événements d’envergure. Pour qu’un stade vive au quotidien, il doit s’ouvrir à des usages multiples : concerts et festivals, expositions et salons, événements d’entreprise, sports diversifiés, mais aussi tourisme grâce aux visites guidées ou aux musées. Le Complexe sportif Moulay Abdallah possède toutes les caractéristiques pour s’inscrire dans cette logique. Au-delà des grandes compétitions footballistiques prévues après 2030, cette enceinte pourrait devenir un centre névralgique de la capitale, accueillant spectacles, événements culturels et activités touristiques. Sa gestion devra être innovante, ouverte à la diversité des usages et inspirée des meilleures pratiques internationales. Ce défi n’est pas seulement celui d’un stade, mais celui de l’avenir des infrastructures sportives marocaines : les transformer en lieux de vie, génératrices de richesse et de culture, au service de la société. Le Complexe Sportif Prince Moulay Abdallah, joyau d’architecture et de savoir-faire national, a désormais entre ses murs toutes les clés pour prouver que les grands projets marocains ne sont pas des rêves coûteux, mais des leviers de modernité et de développement. Mais il y a plus urgent, et sans doute plus inquiétant. Le lendemain de l’inauguration historique, l’équipe nationale marocaine recevait au complexe son homologue du Niger. Et déjà, les premiers problèmes sont apparus. À l’issue du match, la pelouse a été envahie par une horde de spectateurs mal inspirés. L’incident, largement commenté sur les réseaux sociaux, a suscité l’indignation des citoyens. Beaucoup dénoncent ce comportement jugé irresponsable et exigent des sanctions exemplaires contre les fauteurs de trouble. Cet épisode soulève une question de fond : la conception des nouveaux stades, qui laisse un accès plus direct entre tribunes et pelouse, n’est-elle pas un pari risqué dans un contexte où la ferveur du public peut rapidement tourner à la violence ? Au Maroc, où chaque match mobilise déjà un dispositif policier conséquent, l’absence de barrières infranchissables pourrait s’avérer une erreur architecturale aux conséquences lourdes. Car si les supporters de l’équipe nationale sont généralement considérés comme dociles, qu’en sera-t-il lorsque ces enceintes accueilleront les grands clubs du Royaume, connus pour l’extrême passion souvent débordante de leurs publics ? À cela s’ajoutent des incivilités relevées et décriées en ligne : des spectateurs se ruant sur le buffet avant la mi-temps, d’autres se bousculant aux sorties mal organisées, sans compter les gradins laissés dans un état déplorable, jonchés de détritus. De quoi gâcher la fête par ceux-là mêmes qui devaient l’honorer. Ainsi, le défi à relever est double : il concerne à la fois l’excellence architecturale et technologique de l’infrastructure, mais aussi la gestion humaine et sociale qui doit l’accompagner pour que cet écrin devienne un véritable lieu de rassemblement convivial et sécurisé. La réussite du Complexe sportif Moulay Abdallah ne se mesurera pas uniquement à la qualité de ses gradins ou de sa pelouse, mais aussi à sa capacité à incarner une passion responsable, un exemple de civisme et un catalyseur d’unité nationale autour des valeurs du sport. En ce sens, ce stade ne peut être qu’un tremplin vers une nouvelle ère pour le sport marocain, une ère où modernité rime avec responsabilité, où infrastructure rime avec inclusion, et où la fête sportive toujours rester un moment de joie partagée et d’honneur collectif. **La réussite architecturale du stade Moulay Abdallah est indéniable. Mais son avenir se jouera moins dans la beauté de ses lignes que dans la discipline de ses publics et la rigueur de sa gestion. Un stade peut être un joyau national ; il ne doit jamais devenir un miroir de nos dérives collectives.** .